Quand il ne veut pas dormir le soir, nous avons vite fait d accuser la sieste Trop facile et totalement injuste! Car ce petit somme de l après-midi est au contraire le garant d une nuit réussie Les bonnes siestes font les bonnes nuits! Il a trop dormi cet après-midi et maintenant, il n a plus sommeil. Déduction logique et pourtant trop rapide. Sommeil de jour, sommeil de nuit entretiennent des rapports beaucoup moins conflictuels que nous le croyons et la sieste est l alliée d une bonne nuit à certaines conditions : Elle aide à s endormir le soir : Dormir pendant la journée permet tout d abord à votre enfant de se reposer, de se détendre. La sieste met quasiment l enfant hors de portée de l insomnie, dit Pierre Fluchaire, spécialiste du sommeil, car grâce à elle, il va cesser d accumuler la fatigue nerveuse si préjudiciable à l endormissement. Cette tranche de sommeil diurne est une nécessité biologique. Un enfant qui ne dort pas pendant la journée alterne des phases de surexcitation et d abattement. Il est tellement fatigué qu il ne peut trouver le repos et en particulier le sommeil. En faisant la sieste, votre petit va d abord adopter une position horizontale pleine de vertus. Le simple fait de s allonger lui permet de mettre au repos la partie de son cerveau mobilisée pour maintenir son corps en équilibre vertical, d accorder du répit à certains de ses muscles contractés en permanence pour 1
que sa colonne tienne droite, de soulager ses vertèbres tassées par la station debout ou même assise, de libérer sa circulation sanguine moins aisée à la verticale qu à l horizontale. Et surtout, votre petit dormeur va fermer les yeux, ces caméras qui captent à elles seules 80% des informations environnantes. Son cerveau a besoin de lâcher prise dans la journée, au moins le temps d un ou deux cycles de sommeil. SI vous la proposez à la bonne heure! Grâce à une bonne sieste, votre enfant devrait donc aborder la soirée calme et bien reposé, frais et dispos pour aller se coucher de bonne grâce, sans cris ni caprices et se laisser gagner par le sommeil sans lutter. Ce break se fait à un moment de son rythme biologique où votre enfant montre une baisse de rendement. Le plus tôt possible après le repas du midi est donc le mieux. L origine latine du mot sieste est «sexta hora», la sixième heure après le lever du soleil ce qui nous amène aux environs de 13 h. Selon une étude menée à Besançon par le professeur Hubert Montagner, spécialiste du comportement du jeune enfant, les petits de moins de trois ans manifestent clairement leur besoin de dormir vers midi : succion du pouce, somnolence, frottement des yeux avec la main, Après 3 ans, cette phase d assoupissement se décale vers 13.30. A vous d observer votre enfant et d adapter l heure de son déjeuner pour qu il termine celui-ci au moment des signes annonciateurs de la sieste. Elle aide à bien dormir toute la nuit! Après avoir facilité l endormissement du soir, la sieste est également en mesure d assurer un sommeil de bonne qualité tout au long de la nuit. S effectuant en sommeil lent profond, elle permet de ne pas avoir de déficit dans ce type de sommeil éminemment réparateur des forces physiques mais peu de la fatigue cérébrale Lors d une carence en sommeil, c est toujours le sommeil lent profond qui se récupère en premier, au détriment du sommeil paradoxal ( celui des rêves ). Or, beaucoup de sommeil lent profond en début de nuit perturbe l alternance normale des cycles sommeil lent/sommeil paradoxal, ce qui est la cause directe 2
des terreurs nocturnes, explique Marie-Josèphe Challamel, responsable d une consultation et d une unité d exploration du sommeil de l enfant à Lyon. Le petit enfant qui manque de sommeil sombre, dans la première partie de sa nuit, dans un sommeil trop profond, sans parvenir à l alléger pour accéder à celui des rêves. Et c est au cours de ce sommeil de plomb que les terreurs nocturnes ont toutes les chances de faire leur apparition. A la différence des cauchemars qui réveillent l enfant, les terreurs n interrompent pas la nuit ( même s il se débat, hurle, pleure, ) et elles sont très éprouvantes pour les parents car on ne peut rien pour rassurer l enfant qui ne nous voit ni ne nous entend. Pour prévenir l apparition de tels désagréments, veillez à ce qu il ait bien son compte de sommeil Si vous ne la faites pas durer toute l après-midi! Des études américaines ont montré que le sommeil de nuit ne pouvait être stable que lorsque l enfant a été suffisamment éveillé durant la journée. A partir de 2 ans, un enfant qui fait une sieste trop longue a de grandes chances d avoir un sommeil de nuit fragmenté, de mauvaise qualité : il a «mangé» trop de sommeil lent ce qui va gêner le déroulement de la première partie de la nuit, elle aussi consacrée au sommeil lent. Ne laissez donc pas votre petite marmotte dormir trop longtemps et n hésitez pas à la réveiller si vous voyez que sa sieste dure trop longtemps. Entre 2 et 6 ans, la durée moyenne tourne autour de 2 heures. Cela signifie que l enfant enchaîne deux cycles de sommeil successifs. Veillez à ce qu il ne s embarque par pour un troisième! Quand après 2 h de sieste vous l entendez bouger, se retourner dans son lit, faites un peu de bruit et ouvrez la porte de la chambre. A cheval entre deux cycles, il se réveillera facilement et devrait même être de bonne humeur! L erreur serait de le réveiller en plein milieu d un cycle, vous vous retrouveriez à coup sûr face à un inconsolable grognon. 3
Elle aide à aimer dormir le jour et la nuit La sieste donne le «goût» de dormir car elle autorise un temps de régression infantile en pleine journée. Elle offre à l enfant un espace de sommeil apaisant, assure Hélène de Leersnyder, pédiatre et responsable d une consultation sur les troubles du sommeil à l hôpital St Vincent de Paul à Paris. De plus, le sommeil de la sieste ne connaît pas vraiment de troubles. Comme elle se fait exclusivement en sommeil lent, elle n est en principe dérangée par aucun rêve, encore moins par des cauchemars. Le petit peut donc s y abandonner en toute quiétude! Une autre bonne raison d apprécier ou de se réconcilier avec le sommeil : l inquiétude de la séparation ne se manifeste pas ou très peu. L enfant sait que sa mère ou la personne qui le garde est dans la pièce voisine ou dans la salle de sieste à l école : il n est pas séparé psychiquement par le sommeil de l autre, poursuit le Dr de Leersnyder. Vers 2 ans, l enfant peut être tenté d utiliser la sieste pour affirmer sa nouvelle autonomie. Faisant une mini crise d adolescence, il ne veut plus rien de sa vie antérieure de bébé et refuse tout en bloc, y compris la sieste. Dites-lui qu il n est pas obligé de dormir mais que vous tenez à ce qu il s allonge un moment après le déjeuner il s endormira dans les minutes qui suivent. Isabelle Gravillon Pour en savoir plus : - Les secrets du sommeil de votre enfant Pierre Fluchaire éd. Albin Michel - Le sommeil, le rêve et l enfant Marie-Josèphe Challamel éd. Albon Michel - L enfant et son sommeil Hélène de Leersnyder éd. Robert Laffont 4
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