SCHEMA DE COHERENCE CLIMAT DU MORVAN



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Transcription:

Philippe DEVIS Territoires, énergie, environnement, stratégies durables Conseil et accompagnement de projets et politiques territoriales www.strategie-durable.fr SCHEMA DE COHERENCE CLIMAT DU MORVAN Diagnostic des émissions de gaz à effet de serre Vulnérabilités et potentialités du territoire face au changement climatique

TABLE DES MATIERES 1. SYNTHESE 8 2. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE 11 2.1. Le changement climatique 11 2.2. A l'échelle planétaire 12 2.3. A l'échelle nationale 12 2.4. A l'échelle régionale 13 2.5. Dans le Morvan 13 2.6. Des tendances qui s'accentuent. 13 2.7. Une prise de conscience politique progressive qui se décline désormais au niveau local 15 3. LE DIAGNOSTIC DES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE 18 3.1. Méthodologie 18 3.2. Résultats 21 3.2.1. Synthèse des résultats consolidés 21 3.2.2. Identification de 4 typologies de territoires 26 3.2.3. Présentation des émissions directes par secteur 29 3.2.3.1. Agriculture 29 3.2.3.2. Transports 34 3.2.3.3. Habitat 37 3.2.3.4. Construction et voirie 44 3.2.3.5. Industrie 47 3.2.3.6. Tertiaire 52 3.2.3.7. Traitement des déchets 57 3.2.3.8. Production d énergie 59 3.2.3.9. Deux études spécifiques : l alimentation et la production de sapins de Noël 62 2 / 130 Philippe DEVIS et

4. LA QUESTION DE L'ADAPTATION : POTENTIALITES ET VULNERABILITES DU MORVAN FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE. 65 4.1. La question de l'adaptation aux changements climatiques 65 4.2. Le travail des ateliers 66 4.3. Les potentialités et vulnérabilités du Morvan face aux changements climatiques 69 4.3.1. Potentialités et vulnérabilités des activités agricoles 69 4.3.2. Potentialités et vulnérabilités du tourisme 74 4.3.3. Potentialités et vulnérabilités pour la vie quotidienne 78 4.3.4. Potentialités et vulnérabilités de la forêt 83 4.3.5. Une question transversale : l'eau 88 5. LE STOCKAGE DE CARBONE PAR LA FORET, LES SOLS ET LES PRAIRIES 97 5.1. L'évolution de la végétation forestière 97 5.2. Les pratiques agricoles et les changements d'affectation des sols 97 5.3. L'activité des prairies 98 Carte des stocks de carbone dans les sols de Bourgogne. 99 Un enjeu : la conservation des zones humides et des tourbières 100 6. REMERCIEMENTS 103 7. ANNEXES DU BILAN DES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE 105 7.1. Annexe 1 : tableaux de synthèse des résultats par territoire 105 7.1.1. Agriculture 105 7.1.2. Transports 107 7.1.3. Habitat 108 7.1.4. Industrie 111 7.1.5. Tertiaire 113 7.1.6. Construction et voirie 115 7.1.7. Traitement des déchets 117 7.1.8. Production d énergie 121 3 / 130 Philippe DEVIS et

7.2. Annexe 2 : précisions méthodologiques 124 7.2.1. Agriculture 124 7.2.2. Transports 125 7.2.3. Habitat 127 7.2.4. industrie 129 7.2.5. Tertiaire 129 7.2.6. Construction et voirie 130 7.2.7. Traitement des déchets 130 7.2.8. Production d énergie 130 4 / 130 Philippe DEVIS et

TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1 : évolution des concentrations de gaz à effet de serre dans l atmosphère à partir de relevés sur les carottes glaciaires (GIEC 2007)... 11 Figure 2 : évolution de la température moyenne annuelle à Autun à l horizon 2100 (source ONERC) 14 Figure 3 : évolution des températures estivales maximales à Autun à l horizon 2100 (ONERC)... 14 Figure 4 : synthèse des engagements politiques et réglementaires de réduction des gaz à effet de serre... 15 Figure 5 : répartition des émissions directes par poste... 23 Figure 6 : répartition des émissions de l'agriculture par origine... 30 Figure 7 : répartition des émissions par mode de transports... 35 Figure 8 : répartition des émissions voyageurs-marchandises... 35 Figure 9 : répartition des logements par année de construction pour le Parc et pour la France... 37 Figure 10 : répartition des logements par typologie pour le Parc et pour la France... 38 Figure 11 : répartition du Parc de logements par énergie de chauffage dans le Morvan et en France 38 Figure 12 : répartition du Parc de logements et des émissions de gaz à effet de serre par énergie de chauffage... 39 Figure 13 : classification des émissions par type de résidence principale (en teqco2 par logement). 40 Figure 14 : répartition des émissions liées à la construction par type d'activité... 44 Figure 15 : Surface construite en 2007 par secteur sur le territoire (en m²)... 45 Figure 16 : répartition de l'emploi industriel par secteur d'activité... 47 Figure 17 : répartition des émissions d origine énergétique par branche d'activité... 49 Figure 18 : Intensité en termes de GES des différentes branches d'activité de l'industrie... 49 Figure 19 : répartition de l emploi tertiaire par activité... 52 Figure 20 : répartition des émissions liées aux consommations d'énergie par secteur... 53 Figure 21 : Intensité en termes de GES en fonction des branches d'activité... 54 Figure 22 : répartition des émissions liées au traitement des déchets par mode... 57 Figure 23 : les émissions liées à la production d énergie électrique sur le territoire... 61 Figure 24 : les principaux résultats de l'étude "des GES dans nos assiettes"... 62 5 / 130 Philippe DEVIS et

TABLE DES TABLEAUX Tableau 1 : Pouvoir de Réchauffement Global par type de gaz 19 Tableau 2 : répartition des émissions globales ramenées à l'hectare 25 Tableau 3: caractérisation des émissions de gaz à effet de serre en fonction de la typologie du territoire 26 Tableau 4 : les émissions par hectare de l agriculture 31 Tableau 5 : répartition par type d arbre de la forêt du Morvan, en ha 59 Tableau 6 : les émissions liées à l alimentation par Pays(en teqco2) 62 Tableau 7 : Cumul des degrés jours inférieurs à 18 C pour le territoire du Morvan 128 Tableau 8 : Part de marché des énergies de chauffage des locaux tertiaires en région Bourgogne en 2002 (Source CEREN) 130 6 / 130 Philippe DEVIS et

TABLE DES CARTES Carte 1 : répartition des émissions directes par secteur et par Pays 24 Carte 2 : identification de typologie de territoire sur le périmètre d'étude 28 Carte 3 : représentation des systèmes de production agricole dominant dans le Morvan (source Agreste) 29 Carte 4 : répartition des émissions de l'agriculture par Pays et par bassin de production dominant pour le Parc Naturel Régional 31 Carte 5 : répartition des émissions liées à l'agriculture par bassin agricole 32 Carte 6 : répartition des émissions liées à l'agriculture par EPCI 33 Carte 7 : réseau de transports sur le périmètre des 4 Pays 34 Carte 8 : répartition des émissions des transports par territoire et par origine 36 Carte 9 : Pourcentage de maisons chauffées au fioul et construites avant 1975 sur le territoire 41 Carte 10 : Emission unitaire par logement pour chaque Pays et pour le Parc Naturel Régional du Morvan 42 Carte 11 : répartition des émissions de l'habitat par EPCI 43 Carte 12 : répartition des émissions liées à la construction par Pays et par activité 46 Carte 13 : répartition de l'emploi industriel par branche et par territoire 48 Carte 14 : répartition des émissions de l industrie par activité et par Pays 50 Carte 15 : répartition des émissions de l'industrie par activité et par EPCI 51 Carte 16 : répartition de l emploi tertiaire sur le territoire 53 Carte 17 : répartition des émissions du tertiaire par Pays et par emploi 55 Carte 18 : répartition des émissions liées aux traitements des déchets par mode de traitement et par Pays 58 Carte 19 : la forêt dans le Morvan 60 7 / 130 Philippe DEVIS et

1. Synthèse La terre se réchauffe. Les activités humaines sont à l'origine de l'augmentation de la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre. Cette augmentation est responsable des évolutions climatiques que l'on commence à observer depuis quelques décennies, et qui s'accentueront au cours du XXIème siècle. Réduire les émissions de gaz à effet de serre est une nécessité pour atténuer l'ampleur et la vitesse du changement climatique. Mais ce changement est inévitable, et il est indispensable de s'y préparer. Ce rapport présente les travaux réalisés dans le cadre de la préparation du Schéma de cohérence climat du Morvan : le bilan des émissions de gaz à effet de serre d'une part, l'analyse des vulnérabilités et potentialités du territoire face au changement climatique d'autre part ; il est complété par des données concernant le stockage de carbone par la forêt, les sols et les prairies, à partir principalement du travail réalisé par Alterre Bourgogne sur ce sujet. Le périmètre du Schéma de cohérence climat du Morvan est celui des quatre Pays morvandiaux : Les émissions annuelles 1 de gaz à effet de serre sur l'ensemble de ces quatre Pays sont estimées à 3 240 kilos tonnes équivalent CO2 (kteqco2). Leurs origines se répartissent de la façon suivante : 24% 17% 16% 15% 18% 9% 2% élevage cultures activités économiques non agricoles transports habitat déchets émissions indirectes Le bilan de ces émissions est détaillé dans la première partie de ce rapport, pages 11 à 130. 1 Années de référence : 2007 8 / 130 Philippe DEVIS et

Les conséquences du changement climatique peuvent être négatives on parle alors de vulnérabilités ou positives on parle alors de potentialités. Le travail réalisé au sein des ateliers organisés de juin à septembre 2009 a permis d'identifier quelles peuvent en être les conséquences pour le Morvan. Cette réflexion sur les conséquences des changements climatiques a recoupé à de nombreuses reprises des questions liées à la transition énergétique, c'est-à-dire à la nécessité à laquelle il faut parallèlement se préparer au passage à un système énergétique très différent de celui que nous connaissons aujourd'hui, en raison de l'épuisement des ressources d'énergie fossiles et fissiles. Les principaux enjeux auxquels doit ainsi se préparer le Morvan sont résumés de façon synthétique dans le schéma qui figure sur la page suivante au regard de ces deux facteurs, le changement climatique et la transition énergétique. Ces enjeux sont présentés de façon détaillée dans la seconde partie du rapport, pages 65 à 96. La forêt, les sols et les prairies jouent un rôle majeur dans le cycle du carbone, dont ils stockent des quantités très importantes - ce rôle est abordé dans la troisième partie de ce rapport, pages 97 à 102 -, mais également dans le cycle de l'eau dont la régulation représente un enjeu de première importance, comme cela est expliqué pages 88 à 96. La gestion des massifs forestiers, des terres agricoles et des milieux naturels associés constitue ainsi un levier déterminant au regard des émissions de gaz à effet de serre mais aussi de la capacité du territoire à s'adapter à des changements dont ni l'ampleur ni les conséquences ne sont totalement prévisibles. 9 / 130 Philippe DEVIS et

EN JEU : l'équilibre économique de l'élevage les capacités de stockage de carbone des sols Changements climatiques agriculture élevage Augmentation des températures et modification du régime des précipitations Accentuation des aléas climatiques EN JEU : la vulnérabilité énergétique sanitaire économique des personnes habitat la qualité de la vie et l'attractivité EN JEU : L'eau eau modes de vie déplacements Les paysages La "résilience" des milieux naturels Le stockage de carbone par les sols et la végétation Les capacités de production agricole et forestière milieux naturels, agricoles et forestiers paysages Transition énergétique EN JEU : activités économiques attractivité touristique compétitivité énergétique 10 / 130 Philippe DEVIS et

2. Le changement climatique 2.1. Le changement climatique L'effet de serre est un phénomène naturel dû à la présence de certains gaz dans l'atmosphère. A l état naturel, les principaux de ces gaz sont la vapeur d eau (H 2 O), le gaz carbonique (CO 2 ) et le méthane (CH 4 ). Grâce à l effet de serre, la température moyenne à la surface du globe est de 15 C. Sans ce phénomène, elle serait de 18 C, voire 100 C à plus long terme avec le gel progressif des surfaces océaniques et le refroidissement consécutif de l atmosphère. Sous l'influence des activités humaines, la concentration de ces gaz dans l'atmosphère a fortement augmenté depuis la révolution industrielle Cette évolution est liée pour une large part aux rejets de CO 2 liés à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), mais aussi aux émissions dues à la déforestation et aux incendies de forêt, aux activités agricoles, aux procédés industriels, etc.) Figure 1 : évolution des concentrations de gaz à effet de serre dans l atmosphère à partir de relevés sur les carottes glaciaires (GIEC 2007) Le GIEC (Groupe d experts Intergouvernemental sur l Evolution du Climat) a récemment réalisé de nouvelles projections sur l évolution des concentrations de gaz à effet de serre d ici les 100 prochaines années. Différents scenarios ont été élaborés en tenant compte d hypothèses notamment sur le changement de nos comportements et les politiques de maîtrise de l énergie. Tous les scenarios envisagés conduisent inexorablement à une augmentation brutale de la concentration atmosphérique de CO 2, plus ou moins rapidement selon nos comportements à venir. Or, les recherches scientifiques ont montré que l augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l atmosphère avait un impact significatif sur le climat. En effet, ces fortes concentrations viennent perturber le phénomène naturel de l effet de serre en capturant davantage les rayons infrarouges, réchauffant ainsi l atmosphère. Le réchauffement, souvent perçu comme un changement à venir, est ainsi en réalité un processus d'ores et déjà en cours. 11 / 130 Philippe DEVIS et

2.2. A l'échelle planétaire La température moyenne à la surface de la terre a augmenté d'environ 0,7 C au XXème siècle 1 : Ecarts à la moyenne des températures annuelles 2.3. A l'échelle nationale En France, ce réchauffement est particulièrement marqué depuis une trentaine d'années 2 : 12 / 130 Philippe DEVIS et

2.4. A l'échelle régionale Les mêmes tendances sont observées en Bourgogne. A Dijon, la température annuelle moyenne a augmenté de 0.8 C au cours du XXème siècle 3. Ce réchauffement est particulièrement marqué à partir de la seconde moitié des années 80. 2.5. Dans le Morvan Dans le Morvan, l'analyse par Nicolas Blasquiet 4 des données des principales stations météorologiques 5 confirme ces tendances et souligne des particularités : une augmentation des températures minimales plus marquée en hiver et au printemps, une augmentation des températures maximales en hiver, en été, mais surtout au printemps. En outre, et comme sur l'ensemble de la Bourgogne, les températures maximales augmentent davantage que les températures minimales, ce qui se signifie une augmentation des amplitudes thermiques. 2.6. Des tendances qui s'accentuent. Les projections du GIEC montrent que la température moyenne annuelle à la surface de la Terre pourrait croître de 1,8 C à 4 C voire 6 C d ici 2100, selon les différents scenarii envisagés. A l échelle du Morvan, les projections de l ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique) indiquent une évolution significative des températures. Ainsi, la température moyenne annuelle, de l ordre de 11 C actuellement, serait de 14 C à 15 C environ en 2100, soit une augmentation de la température de l ordre de 30%. 13 / 130 Philippe DEVIS et

Figure 2 : évolution de la température moyenne annuelle à Autun à l horizon 2100 (source ONERC) + 3 C La hausse de température engendrée par le changement climatique pourrait être particulièrement soutenue lors de la période estivale et se traduirait ainsi par deux phénomènes : l augmentation de la fréquence des phénomènes caniculaires. Une canicule plus importante que celle observée en 2003 en France interviendrait ainsi en moyenne tous les sept ans environ d ici 2100 (avec une aggravation du phénomène en fin de période) ; la croissance de l intensité des épisodes caniculaires. Ainsi, les températures des mois de juin, juillet et août pourraient augmenter de plus 5 C sur le territoire pour atteindre une moyenne supérieure à 30 C en été (contre une moyenne actuelle de l ordre de 24 C). Figure 3 : évolution des températures estivales maximales à Autun à l horizon 2100 (ONERC) + 5 C Canicule 2003 14 / 130 Philippe DEVIS et

Il est important de rappeler que le réchauffement, s'il est à l'origine des changements climatiques, n'en est pas le seul aspect. L'évolution du régime des précipitations en est, parmi d'autres, une manifestation au moins tout aussi importante. Cette évolution peut être suivie de façon fine. On retiendra essentiellement, pour le Morvan comme pour l'ensemble de la région, qu'elle se caractérise par une augmentation des précipitations l'hiver, et par une diminution l'été. En résumé : les hivers deviennent plus humides et plus doux, les étés plus chauds et plus secs. 2.7. Une prise de conscience politique progressive qui se décline désormais Contexte climatique au et niveau local énergétique Cadre réglementaire Diagnostic Figure 4 : synthèse des engagements politiques et réglementaires de réduction des gaz à effet de serre Action Monde Europe Sommet de la Terre (Rio) Stabilisation en 2000 des émissions à leur niveau de 1990 Protocole de Kyoto : Réduction globale de 5,2 % des émissions d ici à 2012 Protocole de Kyoto : UE : réduction de 8 % des émissions d ici à 2012 Conférence de Copenhague????? Paquet climat : 3x20 Réduction de 20 % des émissions d ici à 2020 1992 1997 2000 2003 2004 2005 2007 2008 2009 France PNLCC Respect des objectifs liés au protocole de Kyoto Plan Climat national Réduction de 54 Mt CO2 en 2010 Facteur 4 d ici 2050 Loi POPE Facteur 4 d ici 2050 Grenelle de l environnement Grenelle I Grenelle II Local Source : Explicit Bilan GES Grenoble Programme Privilèges Chalon-sur-Saône Plan Climat Local : CA Grenoble Plan Climat Territorial : Nantes Métropole Convention des Maires Label Cit ergie 15 / 130 Philippe DEVIS et

Sur le plan international, le Sommet de la Terre qui s est déroulé à Rio en 1992 a marqué la prise de conscience internationale des risques liés au changement climatique. En conséquence, les Etats les plus riches y avaient pris l engagement de stabiliser leurs émissions à leur niveau constaté en 1990. Après plusieurs années de négociations, un groupe de Pays industrialisés a ratifié le protocole de Kyoto en décembre 1997. Globalement, ces Etats se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d au moins 5 % par rapport a leurs niveaux de 1990 durant la période 2008-2012. Les Etats membres de l Union européenne se sont quant à eux engagés collectivement sur une réduction de 8 % entre 2008 et 2012. En décembre 2008, l Union européenne a adopté le «paquet climat» constitué de deux règlements et de trois directives qui reprend notamment l objectif des «3 x 20». A horizon 2020, l Union européenne s est ainsi engagée à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux d émissions constatés en 1990 (et même de 30 % en cas d accord international sur la réduction des émissions). Au niveau national, les pouvoirs publics se sont engagés sur le respect des objectifs liés au protocole de Kyoto en 2000 via le Plan National de Lutte contre le Changement Climatique (PNLCC). Ils se sont ensuite engagés en 2004 dans un Plan Climat national qui a notamment fixé l objectif du Facteur 4 (qui se traduit par une diminution de 3 % par an en moyenne des émissions de gaz à effet de serre jusqu à horizon 2050), un objectif repris par la Loi Programme d Orientation de la Politique Energétique (également appelée loi POPE) votée en 2005. Enfin, les discussions engagées dans le cadre du Grenelle de l Environnement ont permis l émergence de deux textes majeurs. La loi de programme relative à la mise en œuvre du Grenelle de l Environnement (dite Grenelle I) «fixe les objectifs, définit le cadre d action, organise la gouvernance à long terme et énonce les instruments de la politique mise en œuvre pour lutter contre le changement climatique». Définitivement adopté le 3 août 2009, le Grenelle I fixe notamment les objectifs suivants : confirmation de l engagement du Facteur 4 à horizon 2050 ; 23 % d énergies renouvelables dans la consommation finale d énergie en 2020 réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre dans les transports pour les ramener à leur niveau de 1990 bâtiments neufs : - consommation maximale de 50 kwh/m²/an en 2013 pour l ensemble des bâtiments et dès 2011 pour les bâtiments publics et tertiaires - norme «énergie positive» en 2020 bâtiments existants : - baisse d au moins 38 % des consommations d énergie du Parc des bâtiments existants d ici à 2020 L avant-projet de loi d engagement national pour l environnement (dit Grenelle II) a pour but de donner les moyens juridiques, économiques et réglementaires permettant d atteindre les objectifs fixés dans le Grenelle I. Il est actuellement en cours de lecture au Parlement. 16 / 130 Philippe DEVIS et

Le renforcement actuel (et programmé) de la réglementation européenne et nationale traduit ainsi des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de maîtrise de la demande d énergie, de développement des énergies renouvelables, etc. A la suite de la définition d objectifs au niveau national, il place également les acteurs territoriaux (et ce, quel que soit leur niveau d intervention) au cœur de ce processus. Dans cette optique, certaines collectivités ont pris la voie d engagements volontaires. Par exemple, en octobre 2009, 67 EPCI (communes, Communautés de communes, Communautés d agglomération et Communautés urbaines) français ont signé la Convention des Maires, rejoignant une dynamique engagée au niveau international. Concrètement, ces entités se sont ainsi engagées à réduire de plus de 20 % leurs émissions de CO2 d ici à 2020. Autre exemple, des collectivités ont adhéré au label Cit ergie, déclinaison française du label European Energy Award (EAA) mis en œuvre dans dix Pays européens. Ce label repose sur : - un catalogue standardisé de 87 actions dans 6 domaines ; - un référentiel d aide à l évaluation (reposant sur un système de points) ; - un audit externe validant la note attribuée à la collectivité. Concrètement, cette labellisation se décline en trois niveaux : - Cap Cit ergie qui reconnaît l engagement dans la démarche ; - Label Cit ergie lorsque au minimum 50 % des actions du programme ont été mises en œuvre ; - Eea Gold quand au minimum 75 % des actions du programme ont été engagées. 1 Source: Climatic Research Unit, Royaume-Uni. 2 Evolution de la température moyenne en France depuis 50 ans. (Source: Météo France). Le zéro est la moyenne 1971-2000. 3 Source : La Bourgogne face aux changements climatiques, OREB 2005, intervention de Denis THEVENIN, données de la station météorologique de Dijon. 4 "Changement climatique dans le Parc du Morvan : les enjeux des espaces naturels et cultivés", rapport de stage, Nicolas Blasquiet, PNR du Morvan, août 2008. 5 Avallon, Saulieu, Château-Chinon et Larochemillay. 17 / 130 Philippe DEVIS et

3. Le diagnostic des émissions de gaz à effet de serre 3.1. Méthodologie Les émissions de gaz à effet de serre prises en compte dans le cadre de ce diagnostic peuvent être différenciées entre émissions directes et indirectes d'une part, émissions liées à des consommations d'énergie et émissions d'origine non énergétiques d'autre part : Emissions directes et indirectes : les émissions directes : il s agit de rejets polluants qui sont directement émis par une activité. Par exemple : - la circulation d une voiture rejette des gaz polluants en sortie de pot d échappement ; - la combustion des déchets en usine d incinération génère des émissions de gaz à effet de serre. les émissions indirectes : ce sont des rejets qui sont émis à l issue d un processus de transformation ou de production. Par exemple : - la consommation d électricité n émet pas en soit de gaz polluants. En revanche la production de cette électricité, réalisée en partie par la combustion de produits énergétiques fossiles, dégage dans l atmosphère des gaz à effet de serre ; - la consommation de produits alimentaires (légumes frais, gâteaux industriels, boîtes de conserve ) engendre indirectement des émissions de gaz à effet de serre liées notamment aux processus agricoles de production et aux énergies mises en œuvre pour transformer et transporter ces produits Emissions d'origine énergétique ou non énergétique : les émissions énergétiques : il s agit de rejets atmosphériques issus de la combustion ou de l utilisation de produits énergétiques. Par exemple : - la combustion de gaz naturel pour le chauffage des logements ; - la consommation d électricité pour l éclairage public. les émissions non énergétiques : ce sont des émissions de gaz à effet de serre qui ont pour origine des sources non énergétiques. Par exemple : - les engrais utilisés en agriculture subissent une dégradation physicochimique dans le sol qui est à l origine d émanations de gaz à effet de serre ; - la mise en décharge des déchets émet des gaz à effet de serre par la décomposition des matières qui sont enfouies ; - les animaux d élevage sont responsables de l'émission de grandes quantités de gaz à effet de serre du fait du métabolisme des animaux. Ainsi, toutes les émissions générées par les activités présentes sur le territoire sont prises en compte. Les gaz à effet de serre pris en compte dans le cadre de ce diagnostic sont : - les gaz définis par le protocole de Kyoto, à savoir : - le dioxyde de carbone (CO2) ; - le méthane (CH4) ; - le protoxyde d azote (N2O) ; - l hexafluorure de soufre (SF6) ; - les hydro fluorocarbures (HFC) ; - les hydro chlorofluorocarbures (HCFC). 18 / 130 Philippe DEVIS et

Les gaz suivants - qui contribuent directement ou indirectement au réchauffement climatique ont également été pris en compte : - les oxydes d azote (NOx) sont des précurseurs d ozone, or l ozone est un gaz à effet de serre présent naturellement dans l atmosphère mais qui a une influence sur le réchauffement climatique si sa concentration est trop élevée ; - les chlorofluocarbures (CFC) ne sont pas pris en compte dans le Protocole de Kyoto car leur élimination est prévue par le Protocole de Montréal (protection de la couche d ozone). Les différents gaz ne contribuent pas tous à la même hauteur à l'effet de serre. En effet, certains ont un pouvoir de réchauffement plus important que d'autres et/ou une durée de vie plus longue. La contribution à l'effet de serre de chaque gaz se mesure grâce à son pouvoir de réchauffement global (PRG). Le pouvoir de réchauffement global d'un gaz se définit comme le forçage radiatif (c'est à dire la puissance radiative que le gaz à effet de serre renvoie vers le sol), cumulé sur une durée de 100 ans. Cette valeur se mesure relativement au CO2, gaz de référence. Les résultats du diagnostic sont exprimés en tonnes équivalent CO2 (teqco2), et tiennent compte du Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) de chacun des gaz considérés. Ainsi, la prise en compte du PRG permet de disposer d une unité de comparaison des gaz à effet de serre, et indique l impact cumulé de chaque gaz sur le climat. Tableau 1 : Pouvoir de Réchauffement Global par type de gaz Type de gaz à effet de serre PRG (en kg CO2 / kg) Dioxyde de carbone (CO2) 1 Méthane (CH4) 21 Oxydes d azote (NOx) 40 Protoxyde d azote (N2O) 310 Tétrafluoroéthane (R134a) 1 300 Hydrofluorocarbures (HFC) 1 629 (de 140 à 11 700) Hydro chlorofluorocarbures (HCFC) 1 947 Perfluorocarbures (PFC) 7 178 (de 6 500 à 9 200) Hexafluorure de soufre (SF6) 23 900 Sources : CITEPA, RARE-ADEME, ADEME Bilan Carbone Le diagnostic des émissions de gaz à effet de serre du Parc Naturel Régional du Morvan a été réalisé pour l année de référence 2007. Philippe DEVIS et 19 / 130

Les émissions de gaz à effet de serre ont été regroupées autour des huit postes suivants : - agriculture ; - transports de personnes et de marchandises ; - habitat ; - industrie ; - tertiaire ; - activités de construction ; - gestion des déchets ; - production d énergie. Enfin, ce diagnostic a été réalisé à l échelle du territoire composé des quatre Pays. Des extractions ont également été effectuées à l échelle du Parc Naturel Régional du Morvan (PNRM) et de chacun des quatre Pays : Pays de l Autunois-Morvan, Pays de l Auxois, Pays de l Avallonnais et Pays du Nivernais-Morvan. 20 / 130 Philippe DEVIS et

3.2. Résultats 3.2.1. Synthèse des résultats consolidés Les émissions de gaz à effet de serre du territoire sont estimées pour l année 2007 à 3 240 kilos tonnes équivalent CO2 (kteqco2). Les émissions directes représentent 82% du bilan des émissions. Les émissions directes font l objet d une analyse détaillée dans ce rapport, qu elles soient d origine énergétique ou non énergétique. Les émissions indirectes proviennent majoritairement des émissions liées à la fabrication des biens qui deviendront des futurs déchets. Dans une moindre mesure, elles regroupent également les émissions liées aux processus d extraction et de transports des énergies fossiles, ainsi qu aux pertes en ligne de l électricité. 2 657 kteqco2 Emissions directes 82% Emissions indirectes 18% Activités de Tertiaire construction et 6% voirie 7% Traitement des déchets 2% Agriculture 11% Transports 8% Industrie 7% Habitat 6% Habitat 11% Transports 18% Agriculture 49% Fabrication de biens qui deviendront déchets 70% Industrie 2% Tertiaire 3% Philippe DEVIS et 21 / 130

Les émissions directes peuvent ainsi être divisées en deux groupes, les émissions d origine non énergétique (52 %) et les émissions liées aux consommations d énergie (48 % des émissions directes du territoire). Les émissions d origine non énergétique proviennent en grande majorité du secteur de l agriculture (émissions liées au cheptel et à l'utilisation de fertilisants). 1 380 kteqco2 Emissions non énergétiques 52% Emissions énergétiques 48% 1 277 kteqco2 Industrie 5% Traitement des déchets 4% Tertiaire 1% Industrie 9% Agriculture 5% Agriculture 90% Tertiaire 11% Transports 37% Activités de construction 15% Habitat 23% 22 / 130 Philippe DEVIS et

L agriculture contribue à hauteur de la moitié (49 %) des émissions directes du territoire, loin devant le secteur des transports (18 %) et de l habitat (11 %). Ensemble, ces trois secteurs concentrent ainsi près de 80 % des émissions directes du Parc. L agriculture est ainsi le premier secteur émetteur du territoire. La surface agricole utile représente la moitié de la superficie du périmètre. Ces émissions quasi-exclusivement d origine non énergétique sont liées à l'élevage et à la culture des sols. Les transports représentent 18% du bilan des émissions directes. Ces émissions résultent en totalité de la combustion de produits pétroliers. La voiture particulière représente 50% des émissions des transports. L habitat est quant à lui responsable de 11% des émissions directes du territoire. Elles sont elles aussi dues exclusivement à des consommations d énergie. Le parc de logements, relativement ancien et principalement chauffé au fioul, est ainsi fortement émissif. Les autres secteurs, construction, industrie, tertiaire et déchets représentent 22% des émissions. Figure 5 : répartition des émissions directes par poste 1 400 1 308 kteqco2 1 200 1 000 800 600 400 200-470 295 192 Agriculture Transports Habitat Activités de construction et de voirie 178 161 53 Industrie Tertiaire Déchets Philippe DEVIS et 23 / 130

A l échelle du territoire, les émissions directes sont estimées à 15,3 tonnes équivalent CO2 par habitant vi. Le Pays du Nivernais-Morvan possède les émissions par habitant les plus élevées (16,5 teqco2 par habitant) en grande partie expliquées par une forte présence de l agriculture sur ce territoire. Carte 1 : répartition des émissions directes par secteur et par Pays 24 / 130 Philippe DEVIS et

Ramenées à l hectare, les émissions de gaz à effet de serre sont estimées à 3,25 teqco2 pour l ensemble du territoire. Le Parc Naturel Régional du Morvan émet par hectare 3,8 teqco2. Il existe également des différences notables entre les Pays : le Pays du Nivernais Morvan émet 2,30 teqco2 par hectare contre 4,25 pour le Pays de l Autunois Morvan. Tableau 2 : répartition des émissions globales ramenées à l'hectare Territoire Parc Naturel Régional du Morvan Superficie (ha) Emissions par hectare (en teqco2) 288 900 3,80 Pays du Nivernais Morvan 274 900 2,30 Pays de l Auxois Morvan 256 800 3,20 Pays de l Autunois Morvan 146 200 4,25 Pays de l Avallonnais 140 200 3,85 Total «4 pays» 818 100 3,25 vi La population du territoire est estimée à 172 810 habitants. Philippe DEVIS et 25 / 130

3.2.2. Identification de 4 typologies de territoires Tableau 3: caractérisation des émissions de gaz à effet de serre en fonction de la typologie du territoire Territoire identifié Aménagement du territoire Economie du territoire Occupation des sols Emissions de GES Exemples Territoire urbain Agglomération Zone urbanisée où la part de logements collectifs est supérieure à celle des logements individuels Présence de transports en communs urbains Présence ou possibilité de réseaux énergétiques Activité économique à dominante tertiaire avec présence de zones d activités et d activités tertiaires dans le centre (notamment services publics) Tissu urbain Niveau d émission global important dû à une forte présence de population mais un niveau d émission par habitant faible Emissions exclusivement liées aux consommations d énergie Commune d Autun (60% de logements collectifs) Commune d Avallon (55% de logements collectifs) Commune de Montbard (53% de logements collectifs, 5 597 habitants et plus de 1 000 emplois industriels, gare TGV) Zone périurbaine ou périphérique Zone mixte où l on retrouve à la fois des maisons individuelles et des logements collectifs Bonne desserte par les transports en commun Présence ou possibilité de réseaux énergétiques Activité économique mixte avec présence d industries en zone périphérique Tissu urbain Niveau d émission par habitant élevé dû à la fois au Parc de logement, à la nécessité de transports mais également à la présence d industrie Emissions à la fois d origine énergétique et non énergétique Communauté de communes du Pays d Alésia et de la Seine 26 / 130 Philippe DEVIS et

Territoire identifié Aménagement du territoire Economie du territoire Occupation des sols Emissions de GES Exemples semi- Zone rurale Zone principalement constituée de logements individuels Faible offre de transport en commun Absence de réseaux énergétiques Activités industrielles et tertiaires faibles Tissu dominante agricole à Le secteur des transports est le principal émetteur de gaz à effet de serre L absence de réseau d énergie entraine des solutions individuelles de chauffage tel que le fioul ou le bois Commune de Saulieu La surface agricole utile représente 43% de la surface de la commune Zone agricole Densité très faible, avec très peu de logements, un réseau routier uniquement emprunté par des véhicules particuliers Absence de réseaux énergétiques Absence d activités industrielles et tertiaires Surface agricole dédiée à l agriculture et à l élevage Emissions élevées principalement en lien avec les activités agricoles (quasi exclusivement d origine non énergétique) L absence de réseau d énergie entraine des solutions individuelles de chauffage tel que le fioul ou le bois Commune de Joux La Ville SAU : 4 267 hectares Superficie : 4 380 hectares La surface agricole utile représente 97% de la superficie de la commune Philippe DEVIS et 27 / 130

Les 4 typologies de territoire identifiées sur le périmètre d étude sont représentées sur la carte suivante : A : la commune d Autun où l on retrouve un habitat dense, un réseau de transports en commun, et une activité économique à la fois tertiaire et industrielle ; B : la Communauté de commune du Pays d Alesia et de la Seine qui comporte notamment une zone d activités et une densité urbaine discontinue ; C : la commune de Saulieu, où la part du tissu urbain est supérieure à la surface agricole, mais qui ne possède pas une forte activité économique ; D : la commune de Joux La ville, à activité agricole dominante. Carte 2 : identification de typologie de territoire sur le périmètre d'étude D B C A 28 / 130 Philippe DEVIS et

3.2.3. Présentation des émissions directes par secteur 3.2.3.1. Agriculture Territoire (4 Pays) : 1 310 kteqco2 Pays de l Auxois-Morvan : 392 kteqco2 (30%) Pays de l Avallonnais : 376 kteqco2 (29%) Pays de l Autunois-Morvan : 279 kteqco2 (21%) Pays du Nivernais-Morvan : 262 kteqco2 (20%) Parc Naturel Régional du Morvan : 433 kteqco2 (33%) Un élevage bovin prédominant sur le territoire La surface agricole utile représente 52 % de la surface du territoire (429 000 hectares pour un territoire total de 818 000 hectares). En France et en Bourgogne, les surfaces agricoles utiles représentent respectivement 54% et 58% de la surface totale du territoire. Carte 3 : représentation des systèmes de production agricole dominant dans le Morvan (source Agreste) La carte ci-dessus représente les systèmes de production agricole dominant par commune. Ce sont en effet les caractéristiques agricoles de chaque commune qui ont permis d établir le bilan des émissions de gaz à effet de serre. L élevage de bovins demeure le système de production majoritaire sur le territoire et quasi-exclusif dans le Parc Naturel Régional du Morvan. Philippe DEVIS et 29 / 130

Les émissions d origine non énergétiques sont responsables de 95% des émissions L agriculture représente la moitié des émissions directes de l ensemble du territoire à plus de 1 300 kilos tonnes équivalent CO2 soit près de 8 tonnes équivalent CO2 par habitant vii, contre 3 tonnes équivalent CO2 au niveau régional : l agriculture en Bourgogne représente 29% du bilan des émissions de gaz à effet de serre de la Région. Le bilan des émissions de gaz à effet de serre de l agriculture est caractérisé par la prédominance des émissions de gaz à effet de serre d origine non énergétique. Elles représentent 95% du bilan et sont liées à la culture des sols (utilisation d engrais ) et à la gestion du bétail (fermentation entérique, déjections, etc.). A l inverse, les émissions d origine énergétique sont directement liées aux consommations d énergie induites par le chauffage des locaux et l utilisation d engins agricoles, elles représentent les 5% restants du bilan des émissions de gaz à effet de serre de l agriculture. Figure 6 : répartition des émissions de l'agriculture par origine Emissions d'origine énergétique 5% Repos de NH3 Usage de 3% fertilisants 11% Emissions d'origine énergétique 5% Emissions liées à la culture des sols 38% Emissions liées à l'élevage 57% Résidus de culture 24% Fermentation entérique 44% Gestion du fumier 2% Excretion d'azote 11% Les émissions liées à l élevage (fermentation entérique et déjections) représentent 57% du bilan des émissions de l agriculture, contre 38% pour les émissions liées à la culture des sols. Représentation cartographique des émissions à l échelle des quatre Pays Les émissions de l agriculture sur le territoire du Parc Naturel Régional du Morvan représentent 32% des émissions de l'ensemble des quatre Pays. Des spécificités apparaissent entre les différents Pays. Le Pays de l Avallonnais possède une agriculture majoritairement basée sur la culture des sols (70 % des émissions du secteur agricole du Pays). A contrario, pour chacun des trois autres Pays, les émissions liées à l élevage sont majoritaires : dans le Pays du Nivernais-Morvan elles représentent ainsi 78% du bilan des émissions de l agriculture. 30 / 130 Philippe DEVIS et

Carte 4 : répartition des émissions de l'agriculture par Pays et par bassin de production dominant pour le Parc Naturel Régional Ramené à l hectare, les émissions de gaz à effet de serre sont estimées à 1,6 teqco2 pour l ensemble du territoire. Le Parc Naturel Régional du Morvan émet par hectare 1,5 teqco2. Il existe également des différences notables entre les Pays : le Pays du Nivernais Morvan émet 1,35 teqco2 par hectare contre 1,91 pour le Pays de l Autunois Morvan. Tableau 4 : les émissions par hectare de l agriculture Territoire Superficie (ha) Emission par hectare (en teqco2) Parc Naturel Régional du Morvan 288 900 1,5 Pays du Nivernais Morvan 274 900 1,35 Pays de l Auxois Morvan 256 800 1,52 Pays de l Autunois Morvan 146 200 1,91 Pays de l Avallonnais 140 200 1,86 Total «4 pays» 818 100 1,6 Philippe DEVIS et 31 / 130

Sur le périmètre d étude il est possible d identifier 5 grands bassins de production agricoles : - un bassin majoritaire lié à l élevage de la viande bovine qui regroupe le Parc et la partie sudest du territoire ; - un bassin lié à la culture de céréales au nord du territoire ; - un bassin mixte où l on retrouve la culture de céréales, de la polyculture et de l élevage bovin et qui regroupe une grande partie du Pays de l Auxois-Morvan ; - un bassin mixte polyculture et élevage à l ouest du territoire ; - un bassin lié à la viticulture, minoritaire et coupé en 2, présent à la fois au nord-ouest et au sud-est du territoire. Le bassin lié à l élevage est responsable de l émission de 550 000 tonnes équivalent CO2 et représente 40% des émissions de gaz à effet de serre de l agriculture sur le territoire. Le bassin mixte culture-élevage représente également une part importante des émissions avec 430 000 tonnes équivalent CO2 ce qui correspond à 31% des émissions agricoles. Carte 5 : répartition des émissions liées à l'agriculture par bassin agricole 32 / 130 Philippe DEVIS et

à l échelle de l EPCI Des différences significatives apparaissent également au niveau intercommunal en termes d émissions par habitant. Elles s'expliquent à la fois par le type d occupation du sol à l échelle de la commune (commune urbanisée ou commune rurale par exemple) et par les densités de populations spécifiques à chaque territoire. C est ainsi que les Communautés de l Avallonnais et de l Autunois présentent respectivement un ratio par habitant de 2,4 et de 2,9 teqco2 : il s agit de territoires urbanisés avec de fortes densités. Au contraire de la Communauté de communes du Val du Beuvron qui comptabilise 2 300 habitants pour 21 communes, qui est un territoire fortement ruralisé et qui affiche un ratio d émissions par habitant de 24 teqco2. Carte 6 : répartition des émissions liées à l'agriculture par EPCI vii La population du territoire en 2006 est estimée à 172 810 habitants. Philippe DEVIS et 33 / 130

3.2.3.2. Transports Territoire (4 Pays) : 470 kteqco2 Pays de l Autunois-Morvan : 137 kteqco2 (29%) Pays de l Auxois-Morvan : 120 kteqco2 (26%) Pays du Nivernais-Morvan : 112 kteqco2 (24%) Pays de l Avallonnais : 101 kteqco2 (21%) Parc Naturel Régional du Morvan : 253 kteqco2 (54%) Un réseau essentiellement routier Le périmètre d étude comporte différents modes de transports pour les voyageurs et les marchandises, à l exception du transport aérien. Le principal mode de transports représenté est la route. Le territoire comporte tous les échelons en termes de transport routier, à savoir la présence d autoroutes, de nationales, de départementales et de routes communales. En annexe sont présentées l ensemble des données relatives au transport routier. Le réseau ferroviaire est également présent sur le territoire ainsi que les voies navigables. Chacun de ces modes de transports sert à la fois aux transports de personnes et de marchandises. La carte ci-dessous donne un aperçu du réseau de transports utilisé pour l élaboration du bilan des émissions de gaz à effet de serre du territoire. Carte 7 : réseau de transports sur le périmètre des 4 Pays 34 / 130 Philippe DEVIS et

La voiture particulière est responsable de 50% des émissions de gaz à effet de serre Le secteur des transports est responsable de l émission de 470 000 tonnes équivalent CO2, soit 18% du total des émissions. Les émissions par habitant sur le territoire s élèvent à 2,7 teqco2 contre 3,1 teqco2 à l échelle de la Région : les transports représentent en effet 32% du bilan des émissions de gaz à effet de serre de la Bourgogne. La route, à elle seule, est responsable de 95% des émissions de gaz à effet de serre du secteur pour deux raisons : c est le principal mode de déplacements des personnes sur le territoire et les produits pétroliers (essence et diesel) y sont utilisés de manière quasi exclusive. Or, ces combustibles possèdent un fort pouvoir émetteur en gaz à effet de serre. A l inverse, le mode ferroviaire représente environ 5% du bilan, tandis que les voies navigables sont à peine responsables de 1% du bilan des émissions des transports. Figure 7 : répartition des émissions par mode de transports Voie Ferrée 5% Voie Fluviale < 1% Route 95% Le transport de voyageurs représente 52% du bilan des émissions de gaz à effet de serre des transports : la voiture individuelle est responsable à elle seule de 50% des émissions des transports, soit 9% des émissions globales. Le transport de marchandises par la route représente 45% des émissions, les poids lourds sont responsables de 36% des émissions contre 9% pour les véhicules utilitaires. Figure 8 : répartition des émissions voyageurs-marchandises Transports de voyageurs_train 2% Transports de marchandises_train 3% Transports de voyageurs_routes 50% Transports de marchandises_routes 45% Philippe DEVIS et 35 / 130

L importance des émissions du secteur des transports s explique par l utilisation quasi-exclusive des produits pétroliers. Seul le mode ferroviaire utilise, pour partie, l électricité. En effet, les poids lourds et la voiture particulière sont responsables à eux seuls de 86 % des émissions de gaz à effet de serre des transports. Représentation cartographique des émissions Logiquement, les territoires où les émissions sont les plus importantes sont ceux possédant des infrastructures de transports à fort trafic de véhicules particuliers et de poids lourds. Carte 8 : répartition des émissions des transports par territoire et par origine 36 / 130 Philippe DEVIS et

3.2.3.3. Habitat Territoire (4 Pays) : 295 kteqco2 Pays de l Auxois-Morvan : 103 kteqco2 (35%) Pays du Nivernais-Morvan : 69 kteqco2 (23%) Pays de l Autunois-Morvan : 68 kteqco2 (23%) Pays de l Avallonnais : 55 kteqco2 (19%) Parc Naturel Régional du Morvan : 93 kteqco2 (31%) Le Parc de logements du territoire est ancien et surtout à très forte dominante individuelle - La période de construction des logements Les deux-tiers des logements du territoire ont été construits avant 1949. Plus largement, 79 % des logements ont été bâtis avant 1975 (date de la première réglementation thermique), contre 66 % au niveau national. A titre de comparaison, les logements construits avant 1975 représentent 67% du Parc de logement dans le Parc Naturel Régional du Périgord Limousin. Le Parc de logements du PNR du Morvan est donc ancien. Figure 9 : répartition des logements par année de construction pour le Parc et pour la France 1949-1975 13% De 1990 à 1999 10% 1975-1990 13% De 1982 à 1989 11% Avant 1949 66% 1990-1999 4% Après 1999 4% De 1975 à 1981 13% Avant 1975 66% - La typologie de logements Les logements individuels représentent 84% des habitations. Cette répartition diffère cependant nettement selon le territoire considéré : ils représentent ainsi 82% des logements dans le Pays de l Auxois-Morvan et 92% dans le Pays du Nivernais-Morvan. En France, les logements individuels représentent 56% des logements. Le caractère «individuel» du Parc de logements tend, toutes choses égales par ailleurs, à engendrer des émissions de gaz à effet de serre par logement élevées. Toujours à titre de comparaison, le Parc Naturel Régional du Périgord Limousin possède 95% de logements individuels. Philippe DEVIS et 37 / 130

Figure 10 : répartition des logements par typologie pour le Parc et pour la France Autres 1% Logements collectifs 15% Autres 3% Maisons infividuelles 84% Maisons infividuelles 56% Logements collectifs 41% - Les parts de marché des énergies de chauffage L énergie principale de chauffage des logements est un élément déterminant dans le bilan des émissions de gaz à effet de serre de l habitat. Sur le périmètre d étude, un tiers des logements sont chauffés au fioul, produit pétrolier fortement émissif en gaz à effet de serre. La part du bois est également significative : le bois représente 32% des énergies de chauffage alors qu au niveau national cette part atteint seulement 2%. Cette part importante du bois a un impact positif sur le bilan des émissions de gaz à effet de serre de l habitat, car le bois est considéré comme neutre en termes d émissions de gaz à effet de serre. Figure 11 : répartition du Parc de logements par énergie de chauffage dans le Morvan et en France Gaz de ville ou de réseau 12% Gaz en bouteille 5% Electricité 18% Chauffage Urbain 2% Fioul 32% Chauffage Urbain 3% Gaz en bouteille 2% Autres 16% Fioul 19% Electricité 24% Bois 2% Bois 31% Gaz de ville ou de réseau 34% Le fioul est responsable de 33% des émissions de gaz à effet de serre Les émissions de gaz à effet de serre de l habitat sont estimées à 295 500 tonnes équivalent CO2 pour l année 2007, soit 11% des émissions totales de gaz à effet de serre du territoire. Elles sont uniquement liées aux consommations d énergie. Elles représentent 1,7 teqco2 par habitant contre 1,2 à l échelle de la Région. 38 / 130 Philippe DEVIS et

Un logement moyen émet chaque année sur le territoire 2,65 tonnes équivalent CO2. Une résidence principale 3,60 tonnes équivalent CO2 par an. A titre de comparaison, pour le Parc Naturel Régional du Périgord Limousin, une résidence principale émet chaque année 3,4 tonnes équivalent CO2. Les logements individuels sont responsables de 87% des émissions du territoire. Un logement individuel émet en moyenne 2,8 tonnes équivalent CO2 par an soit 40% de plus qu un logement collectif qui émet 2 tonnes équivalent CO2. Les logements construits avant 1975 ont émis au total 235 000 tonnes équivalent CO2. Sur le territoire, une résidence principale construite avant 1975 émet ainsi 3,8 tonnes équivalent CO2 contre 3 pour une résidence principale construite après 1975. La répartition par énergie de chauffage a également un impact en termes d émissions de gaz à effet de serre : en effet le fioul qui représentait un tiers des énergies de chauffage représente 56% des émissions de l habitat. Figure 12 : répartition du Parc de logements et des émissions de gaz à effet de serre par énergie de chauffage Gaz en bouteille 5% Chauffage Urbain 1% Gaz en bouteille 6% Gaz de ville ou de réseau 10% Electricité 19% Fioul 33% Gaz de ville ou de réseau 15% Electricité 22% Fioul 56% Bois 32% Bois 1% Parc de logements Emissions de GES Un logement chauffé au fioul émet plus de 4,5 tonnes équivalent CO2 chaque année sur le territoire, au contraire d un logement chauffé au bois qui aura un impact nul. Philippe DEVIS et 39 / 130

Figure 13 : classification des émissions par type de résidence principale (en teqco2 par logement) 7,0 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 - Logement collectif Logement construit après 1975 Logement Pays de l'autunois Morvan Logement Pays de l'avalonnais Logement Pays du Nivernais Morvan Logement moyen Logement construit avant 1975 Logement Pays de l'auxois Morvan Logement individuel Logement chauffée au fioul Logement chauffé au fioul et construit avant 1975 Logement individuel chauffé au fioul et construit avant 1975, Une cible prioritaire se dégage pour le territoire : il s agit des maisons individuelles chauffées au fioul et construites avant 1975. Ce type de logement émet individuellement en moyenne 6,3 tonnes équivalent CO2, donnée à mettre en exergue avec l émission annuelle d une résidence principale moyenne sur le territoire estimée à 3,6 tonnes équivalent CO2. Les maisons individuelles chauffées au fioul et construites avant 1975 représentent 25% du Parc de logement mais 44% des émissions de gaz à effet de serre de l habitat. Plusieurs communes possèdent plus de 50% de maisons construites avant 1975 et chauffées au fioul sur leur territoire : des villes comme Corpoyer-La-Chapelle, Gissey-Sous-Flavigny ou Cisery en possèdent même plus de 60%. La carte suivante identifie les communes ayant plus d un tiers de leur Parc constitué de maisons individuelles construites avant 1975 et chauffées au fioul. 40 / 130 Philippe DEVIS et

Carte 9 : Pourcentage de maisons chauffées au fioul et construites avant 1975 sur le territoire Philippe DEVIS et 41 / 130

Répartition géographique des émissions à l échelle des quatre Pays Les émissions de gaz à effet de serre diffèrent selon le territoire considéré. Dans le Pays de l Auxois Morvan, un logement émet en moyenne 3 tonnes équivalent CO2 par an alors que dans le Pays du Nivernais Morvan un logement émet en moyenne 2,2 tonnes équivalent CO2. Cette disparité géographique en termes d émission s explique essentiellement par la structure du parc de logements propre à chaque territoire. Carte 10 : Emission unitaire par logement pour chaque Pays et pour le Parc Naturel Régional du Morvan L énergie de chauffage joue un rôle important dans le bilan des émissions de gaz à effet de serre : en effet dans le Pays de l Auxois Morvan le fioul représente 38% des énergies de chauffage au contraire du Nivernais-Morvan où 41% des logements sont chauffés au bois. Cette disparité du mix énergétique explique les différences entre les Pays. à l échelle de l EPCI Nous retrouvons les mêmes caractéristiques au niveau de l intercommunalité qu au niveau du Pays. Par exemple, les Communautés de communes présentes dans le Pays de l Auxois Morvan affichent les ratios d émissions par logement les plus importants. Si l on observe la carte présente page 35, nous pouvons remarquer que les communes affichant un pourcentage de maisons individuelles construites avant 1975 et chauffées au fioul supérieur à 35% y sont majoritaires, et en nombre plus important que dans les autres Pays du territoire. En effet, ces maisons représentent 50% du parc dans le Pays de l Auxois Morvan contre respectivement 16%, 24% et 30% dans les Pays de l Autunois, 42 / 130 Philippe DEVIS et

de l Avallonnais, et du Nivernais-Morvan. Cette caractéristique explique un ratio d émission par logement supérieur dans les intercommunalités du Pays de l Auxois Morvan. Carte 11 : répartition des émissions de l'habitat par EPCI Philippe DEVIS et 43 / 130

3.2.3.4. Construction et voirie Construction : Territoire (4 Pays) : 152 kteqco2 Pays de l Auxois-Morvan : 66 kteqco2 (43%) Pays de l Autunois-Morvan : 35 kteqco2 (23%) Pays du Nivernais-Morvan : 34 kteqco2 (22%) Pays de l Avallonnais : 18 kteqco2 (12%) Parc Naturel Régional du Morvan : 23 kteqco2 (31%) 1 - La construction de bâtiments Les émissions liées aux activités de construction sur le territoire sont estimées à 152 335 tonnes équivalent CO2, soit 7 % du total des émissions. La construction de bâtiments agricoles représente 54% du bilan des émissions du secteur, dont 47% pour les constructions en béton et 7% pour les constructions en métal. La construction de bâtiments résidentiels contribue à hauteur de 20% à ces émissions. Cette différence par destination des bâtiments s explique à la fois par un effet «volume» mais également par les types de matériaux utilisés (béton ou métal), dont les facteurs d émission diffèrent. Figure 14 : répartition des émissions liées à la construction par type d'activité commerces 7% garages 1% enseignement 1% bât industriels métal 1% bât industriels béton 6% Bâtiments agricoles métal 7% santé 1% loisirs 4% Autres 5% Logements 20% Bâtiments agricoles béton 47% Les bâtiments agricoles représentent 52% des constructions en 2007 44 / 130 Philippe DEVIS et

Les données utilisées pour la réalisation du bilan des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités de construction sont les surfaces construites par type de bâtiment et de matériau. Les bâtiments agricoles représentent 52% des constructions en 2007. Figure 15 : Surface construite en 2007 par secteur sur le territoire (en m²) 180000 160000 156068 140000 120000 100000 80000 69390 * 60000 40000 20000 19680 16592 16188 12392 2747 2283 1675 783 0 Répartition géographique des émissions On observe sur le territoire des émissions plus importantes dans le Pays de l Auxois Morvan liées à une activité de construction plus importante. Il existe également une différence en termes de nature de construction sur le territoire. Par exemple, les bâtiments agricoles représentent 30% des émissions dans le Pays de l Avalonnais contre 75% dans le Pays du Nivernais Morvan. Philippe DEVIS et 45 / 130

à l échelle des quatre Pays Carte 12 : répartition des émissions liées à la construction par Pays et par activité 2 - La voirie Les émissions liées à la construction de voiries ont été calculées à partir des kilomètres de routes présents sur le territoire. Afin d obtenir des émissions de gaz à effet de serre annuelles, une durée d amortissement de 50 ans a été utilisée. Pour un linéaire de route égal à 1 800 kilomètres, les émissions liées à la construction de voirie sont estimées à 40 233 tonnes équivalent CO2. Les émissions totales liées à la construction de bâtiments et de voirie sont donc estimées à 192 568 tonnes équivalent CO2. 46 / 130 Philippe DEVIS et

3.2.3.5. Industrie Territoire (4 Pays) : 178 kteqco2 Pays de l Auxois-Morvan : 92 kteqco2 (52%) Pays de l Autunois-Morvan : 41 kteqco2 (23%) Pays de l Avallonnais : 28 kteqco2 (16%) Pays du Nivernais-Morvan : 17 kteqco2 (9%) Parc Naturel Régional du Morvan : 37 kteqco2 (21%) L industrie se concentre dans le Pays de l Auxois Morvan Le secteur de l industrie compte 10 380 emplois à l échelle des 4 Pays, soit quatre fois moins d emploi que le secteur tertiaire. Par ailleurs, et à l inverse du secteur tertiaire, on observe des disparités sectorielle et géographique importante de l emploi en fonction du territoire concerné. Figure 16 : répartition de l'emploi industriel par secteur d'activité Pharmacie, parfumerie et entretien 1% Chimie, caoutchouc, plastiques 12% Industries des produits minéraux 4% Métallurgie et transformation des métaux 18% Edition, imprimerie, reproduction - Industries des équipements au foyer - Industries du bois et du papier 14% Industries des équipements mécaniques 13% Habillement, cuir & Industrie textile 19% Industries des équipements électriques et électroniques - Industries des composants électriques et électroniques 8% Industries agricoles et alimentaires 11% Avec 4 631 emplois, le Pays de l Auxois-Morvan concentre à lui seul 45% des emplois industriels du territoire. Plus précisément, la ville de Montbard compte à elle seule 1 060 emplois, (10% de l emploi industriel). De même, la répartition par branche d activité diffère selon les territoires : la métallurgie est l industrie prédominante dans le Pays de l Auxois Morvan tandis que dans le Pays de l Avallonnais c est le secteur de la chimie qui emploie le plus. Cette disparité sectorielle a un impact significatif sur le bilan des émissions de gaz à effet de serre de l industrie car chaque branche possède une intensité en termes d émissions de gaz à effet de serre par emploi différente. Philippe DEVIS et 47 / 130

Carte 13 : répartition de l'emploi industriel par branche et par territoire Trois villes sur le territoire possèdent plus de 500 employés : Autun (1 110 emplois industriels), Montbard (1 060 emplois industriels) et Avallon (729 emplois industriels). L industrie de la métallurgie est responsable de 37% des émissions de gaz à effet de serre Les émissions de gaz à effet de serre de l industrie sont estimées à 178 000 tonnes équivalent CO2 et représentent 6% du bilan des émissions directes. Le périmètre des quatre Pays émet par emploi industriel et par an en moyenne 17,3 tonnes équivalent CO2. Les émissions de l industrie représentent 1 teqco2 par habitant, niveau similaire à celui de la Région. Les émissions de gaz à effet de serre liées aux consommations d énergie représentent 62% du bilan des émissions et sont reparties comme suit. 48 / 130 Philippe DEVIS et

Figure 17 : répartition des émissions d origine énergétique par branche d'activité Pharmacie, parfumerie et entretien 1% Chimie, caoutchouc, plastiq ues 12% Edition, imprimerie, reprodu ction - industrie du bois 11% Métallurgie et transformation des métaux 37% Industries agricoles et alimentaires 9% Habillement, cuir & Industrie textile 4% Industries des produits minéraux 18% Industries des équipements électriques et électroniques 4% Industries des équipements mécaniques 4% La métallurgie concentre 37% des émissions de gaz à effet de serre de l industrie. Viennent ensuite l industrie des produits minéraux et l industrie de la chimie qui représentent respectivement 18% et 12% des émissions d origine énergétique. Les émissions d origine non énergétique représentent 38% du bilan et sont dues aux différents process industriels présents dans l industrie. Les émissions de gaz à effet de serre d origine énergétique sont plus ou moins importantes en fonction de la branche industrielle : l industrie présente donc une intensité en termes de gaz à effet de serre différente en fonction des branches. Sur le territoire l industrie des produits minéraux et la métallurgie sont les deux branches les plus émettrices avec respectivement 45 teqco2 par emploi et 21 teqco2 par emploi. Figure 18 : Intensité en termes de GES des différentes branches d'activité de l'industrie Industrie textile Industries des équipements mécaniques Industrie automobile Industries des équipements électriques Pharmacie, Industries agricoles et alimentaires Edition, imprimerie, reproduction Chimie Métallurgie Industries des produits minéraux 2 3 4 5 8 9 9 11 21 45-5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Philippe DEVIS et 49 / 130

Répartition géographique des émissions Les émissions du Pays de l Auxois Morvan représentent 50% des émissions industrielles des quatre Pays. Ces émissions sont réparties de manière différente en fonction des secteurs. Ainsi la métallurgie est le premier poste émetteur dans le Pays de l Auxois Morvan tandis que la chimie domine les émissions du Pays de l Avallonnais. à l échelle des quatre Pays Carte 14 : répartition des émissions de l industrie par activité et par Pays 50 / 130 Philippe DEVIS et

à l échelle de l EPCI A l échelle de l EPCI, les disparités sectorielles sont encore plus marquées qu à l échelle des Pays. Certaines intercommunalités comme la Communauté de communes de la Vallée de la Drée ou la Communauté de communes du Sinemurien affichent des ratios d émissions par emploi de 5 teqco2. Ces Communautés de communes sont caractérisées par la présence d industries faiblement émettrices comme l industrie du textile pour la Communauté de communes du Sinemurien ou encore l industrie des équipements mécaniques pour la Communauté de communes de la Vallée de la Drée. Au contraire des intercommunalités comme la Communauté de communes de Beuvray-Val d Arroux ou la Communauté de communes de la Haute-Vallée du Serein, qui regroupent 50% de leurs emplois industriels dans l industrie des produits minéraux présentent des ratios d émissions par emploi de l ordre de 25 teqco2 par emploi. Carte 15 : répartition des émissions de l'industrie par activité et par EPCI Philippe DEVIS et 51 / 130

3.2.3.6. Tertiaire Territoire (4 Pays) : 161 kteqco2 Pays de l Avallonnais : 48 kteqco2 (29%) Pays de l Autunois-Morvan : 42 kteqco2 (26%) Pays de l Auxois-Morvan : 41 kteqco2 (25%) Pays du Nivernais-Morvan : 31 kteqco2 (20%) Parc Naturel Régional du Morvan : 43 kteqco2 (26%) Les activités de bureaux concentrent un tiers des emplois tertiaires Le secteur tertiaire comptabilise 39 411 emplois sur les quatre Pays. Il compte donc quatre fois plus d emplois que le secteur industriel. Au niveau global, le secteur des bureaux et le secteur de la santé représentent 55% des emplois tertiaires. Figure 19 : répartition de l emploi tertiaire par activité Sport-Loisirs- Culture 2% Transports 6% Santé 24% Bureaux 31% Enseignement 11% Commerce 19% Cafés-Hôtels- Restaurants 7% Il existe sur le territoire une homogénéité de la répartition des emplois aussi bien d un point de vue sectoriel que géographique. Le Pays de l Avallonnais et le Pays de l Autunois-Morvan sont les deux Pays qui possèdent le plus d emplois tertiaires avec respectivement 11 043 et 10 373 emplois. Par ailleurs, les seules villes d Avallon (4 578 emplois) et d Autun (6 367 emplois) concentrent 27% des emplois tertiaires. 52 / 130 Philippe DEVIS et

Carte 16 : répartition de l emploi tertiaire sur le territoire Un quart des émissions est le fait des cafés hôtels restaurants Les émissions du secteur tertiaire représentent 161 000 tonnes équivalent CO2 sur l ensemble du territoire, soit 6% du bilan des émissions de gaz à effet de serre. Les émissions liées aux consommations d énergie sont estimées à 145 000 tonnes équivalent CO2. Elles représentent 90% du bilan des émissions. Les bureaux et la santé qui représentent pourtant 55% des emplois à eux deux ne contribuent qu à hauteur de 27% au bilan des émissions du secteur tertiaire. A l inverse, le secteur des cafés, hôtels, restaurants qui regroupe 7% des emplois représente 24% des émissions. Cette différence entre les effectifs et les émissions s expliquent en grande partie par un mix énergétique différents en fonction des secteurs liées à des usages différents (climatisation et électricité spécifique pour les bureaux et cuisson pour les cafés, hôtels, restaurants, par exemple). Cette différence de mix énergétique est à l origine d intensités en termes de gaz à effet de serre différentes en fonction des secteurs. Figure 20 : répartition des émissions liées aux consommations d'énergie par secteur Sport-Loisirs- Culture 6% Transports 13% Bureaux 11% Santé 16% Cafés-Hôtels- Restaurants 24% Enseignement 13% Commerce 17% Philippe DEVIS et 53 / 130

Les émissions d origine énergétique qui représentent 10% du bilan sont exclusivement liées à l utilisation de la climatisation (fuites de fluide frigorigène pendant le fonctionnement et la fin de vie des climatiseurs). Répartition géographique des émissions à l échelle des quatre Pays On observe une répartition relativement homogène des émissions du secteur tertiaire par Pays. Pour autant, des différences apparaissent en termes d intensité de gaz à effet de serre par emploi. La branche des cafés, hôtels et restaurants affiche par exemple un ratio d émission par emploi de l ordre de 12,5 teqco2 au contraire des activités de bureaux qui ont un ratio par emploi égal à 1,3 teqco2. Figure 21 : Intensité en termes de GES en fonction des branches d'activité Bureaux 1,3 Santé 2,3 Commerce 3,4 Enseignement 4,5 Transports 8,4 Sport-Loisirs-Culture 9,8 Cafés-Hôtels-Restaurants 12,5-2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 A ce titre, le Pays de l Avallonnais présente un ratio de plus de 4 teqco2 par emploi supérieur à l ensemble des autres Pays essentiellement dû à un nombre de cafés, hôtels et restaurants plus important que dans les autres Pays (le nombre d emploi lié à cette activité dans le Pays de l Avallonnais est de l ordre de 10% des emplois totaux du tertiaire contre 7% sur l ensemble du territoire). 54 / 130 Philippe DEVIS et

Carte 17 : répartition des émissions du tertiaire par Pays et par emploi Philippe DEVIS et 55 / 130

à l échelle de l EPCI Comme pour les Pays, nous retrouvons des différences peu marquées à l échelle des intercommunalités. Pour autant la Communauté de communes de la Haute-Vallée du Serein qui compte 46% de ces emplois dans les activités de bureaux affiche un ratio par emploi inférieur à 3 teqco2 tandis que la Communauté de communes de Terre-Pleine, avec 29% de ces emplois dans les cafés, hôtels et restaurants présente un ratio de presque 6 teqco2 par emploi. 56 / 130 Philippe DEVIS et

3.2.3.7. Traitement des déchets Territoire (4 Pays) : 53 kteqco2 Pays de l Avallonnais : 29 kteqco2 (55%) Pays de l Autunois-Morvan : 18 kteqco2 (34%) Pays de l Auxois-Morvan : 3 kteqco2 (6%) Pays du Nivernais-Morvan : 2 kteqco2 (6%) Parc Naturel Régional du Morvan : 3 kteqco2 (4%) Deux centres d enfouissement technique des déchets sont présents sur le territoire Les émissions liées estimées pour ce poste sont liées aux déchets produits et traités uniquement sur le périmètre d étude : seules les émissions liées aux activités d incinération et de déchetterie des déchets du territoire ont donc été prises en compte. Les volumes de déchets produits sur le territoire mais traités hors périmètre et des déchets produits hors périmètre mais traités sur le territoire sont présentés en annexe. A titre d exemple, les déchets produits sur le territoire mais incinérés à Dijon n ont pas été pris en compte. Le territoire d étude compte deux unités de traitement des déchets : - le centre d enfouissement technique d Autun (10 176 tonnes traitées en 2007) ; - le centre d enfouissement technique de Sauvigny-sous-Bois (18 041 tonnes traitées en 2007). Le volume de déchets traité en centre d enfouissement technique sur le territoire pour l année 2007 atteint ainsi 28 217 tonnes. et représentent 83% des émissions liées aux traitements des déchets Les émissions liées au traitement des déchets sur le territoire sont estimées pour l année 2007 à 53 000 tonnes équivalent CO2, soit 2% du bilan global des émissions de gaz à effet de serre. Les émissions liées au traitement des déchets par enfouissement sont responsables de 83% du bilan. Elles représentent 3 teqco2 par habitant, niveau identique à la Région Bourgogne. Figure 22 : répartition des émissions liées au traitement des déchets par mode Epandage Epandages des boues des boues 4 % 4% Eaux usées 13% Centre d'enfouissement technique 83% Philippe DEVIS et 57 / 130

Le traitement des eaux usées et l épandage des boues sont respectivement responsables de 13% et de 4% des émissions liées aux traitements des déchets. Répartition géographique des émissions à l échelle des quatre Pays A l échelle des Pays il existe à la fois un effet volume, où pour un grand nombre de déchets traités on observe des émissions plus importantes (c est le cas du Pays de l Avalonnais et du Pays de l Autunois- Morvan) et un effet sectoriel. Carte 18 : répartition des émissions liées aux traitements des déchets par mode de traitement et par Pays 58 / 130 Philippe DEVIS et

3.2.3.8. Production d énergie La production d énergie sur le territoire est exclusivement d origine renouvelable Les données utilisées pour la réalisation du bilan des émissions de gaz à effet de serre concernent les principales sources d énergies renouvelables : il n existe en effet sur le territoire aucune installation de production d énergie d origine fossile. Recensement de l ensemble des unités de production : Les données détaillées des unités de production sont présentées en annexe de ce rapport. - l électricité d origine hydraulique : le périmètre d étude a une puissance installée de 2 623 kw pour une capacité totale de production estimée à 6 180 MWh par an. La principale unité de production se situe dans le Pays de l Autunois Morvan ; - le solaire photovoltaïque : la puissance totale installée pour l ensemble des 4 Pays est de 1 570 kw, ce qui équivaut à une capacité de production annuelle de 1 950 MWh. Le Pays de l Avalonnais regroupe 40% de la production du territoire ; - le solaire thermique : il existe différents types d installations solaire thermique sur le territoire, les chauffe-eaux solaires individuels, les chauffe-eaux solaires collectifs et les systèmes combinés. La surface de capteurs solaires thermiques installée sur le territoire est de 2 170 m² ce qui équivaut à une production annuelle de 1 200 MWh. En effet d après l outil CalSol 8, pour la ville de Dijon, l énergie solaire thermique produite par unité de surface de capteurs par an est de 553 kwh. Le Pays de l Auxois Morvan regroupe 55% des surfaces installées. - l électricité d origine éolienne : le territoire ne comporte aucun Parc éolien. La ressource en bois : le territoire possède une surface en foret de près de 330 000 hectares 9, soit 40% du territoire. Les forets de feuillus représentent 77% de la surface forestière. Tableau 5 : répartition par type d arbre de la forêt du Morvan, en ha Territoire Foret de feuillus Forets de conifères Forets mélangées Total Pays de l Auxois 69 120 8 129 5 045 82 294 Pays du Nivernais Morvan 92 406 20 435 9 498 122 339 Pays de l Autunois 39 519 14 564 8 077 62 160 Pays de l Avallonnais 51 794 5 368 4 083 61 246 PNR Morvan 105 485 27 942 14 800 148 228 Total 252 839 48 496 26 704 328 039 Philippe DEVIS et 59 / 130

Carte 19 : la forêt dans le Morvan Le territoire comptabilise à la fois des chaufferies collectives et des chaufferies industrielles. La puissance installée pour les chaufferies collectives au bois est de 12,5 MW pour une production annuelle de 46 640 MWh. Le Pays de l Autunois produit 85% de la chaleur bois du territoire. Concernant les chaufferies industrielles, la puissance installée est de 7,4 MW pour une production de chaleur annuelle de 16 726 MWh. Les émissions liées à la production d énergie électrique La production d énergie électrique d origine renouvelable est assurée sur le territoire à la fois par les installations solaires photovoltaïques et par des unités de production hydraulique. Les émissions liées à la production d énergie électrique sont estimées à 0,057 kteqco2. Elles correspondent à la différence entre les émissions liées aux processus de fabrication et au transport du matériel et les émissions évitées par ces unités de production d énergie d origine renouvelable. 60 / 130 Philippe DEVIS et

Figure 23 : les émissions liées à la production d énergie électrique sur le territoire 60 40 44 36 20 22 12 6 - -20-40 Avallonnais Auxois Nivernais PNR Autunois -3-7 -9-12 -19-19 -23-33 Emissions indirectes Emissions évitées Emissions "négatives" -60-80 -67-56 Les émissions liées à la production d énergie thermique La production d énergie thermique d origine renouvelable sur le territoire est assurée par des installations solaires thermiques et les chaufferies bois. Il n existe actuellement aucun facteur d émissions lié aux processus de fabrication et de transport des panneaux solaires thermiques. Concernant la ressource en bois, les émissions liées aux chaufferies bois ont été prises en compte dans les différents secteurs, habitat, tertiaire et industrie. C est pourquoi les émissions liées à la production d énergie thermique ne sont pas prises en compte dans ce paragraphe. 8 http://ines.solaire.free.fr 9 Corine Land Cover Philippe DEVIS et 61 / 130

L alimentation 3.2.3.9. Deux études spécifiques : l alimentation et la production de sapins de Noël Les émissions de gaz à effet de serre liées à l alimentation se retrouvent dans les émissions d un certain nombre de secteurs tels que l agriculture, l industrie et les transports. C est pourquoi il n est pas possible de consolider les résultats du diagnostic avec ces émissions qui sont donc présentées dans un chapitre à part. L ADEME a publié, dans une étude intitulée «Des Gaz à Effet de Serre dans nos assiettes», le contenu type de repas en gaz à effet de serre. Figure 24 : les principaux résultats de l'étude "des GES dans nos assiettes" «Des GES dans nos assiettes» Menu 1 : 1 litre d eau de ville 1 cuisse de poulet 200g d haricots verts frais ¼ d ananas (en bateau) 0,6 kgeqco2 Hypothèse Menu moyen 3,1 kgeqco2 Menu 2 : 1 litre d eau minérale 150 g de bœuf 200g d haricots verts surgelés ¼ d ananas (en avion) 5,6 kgeqco2 En considérant que les habitants 10 du Morvan prennent deux repas par jour les émissions liées à l alimentation sont ainsi estimées pour le territoire. Tableau 6 : les émissions liées à l alimentation par Pays(en teqco2) Emissions annuelles Périmètre d étude Parc Naturel Régional du Morvan Pays de l Autunois Pays de Morvan Pays du l Auxois- Nivernais- Morvan Pays de l Avalonnais Menu 1 75 690 22 850 18 775 25 790 16 216 14 911 Menu 2 706 450 213 260 175 220 240 700 151 350 139 172 Menu moyen 391 100 118 050 97 000 133 245 83 783 77 041 Les émissions liées à l alimentation pour un menu moyen sont estimées à 391 000 tonnes équivalent CO2 pour le territoire. 62 / 130 Philippe DEVIS et

La production de sapins de Noël La région du Morvan est la première région productrice de sapins de Noël en France. Elle produit un quart de la production nationale, ce qui équivaut à 1,2 million d arbres par an. Une étude réalisée par un bureau d études québécois, intitulée : "Analyse du Cycle de Vie comparative entre l arbre de noël naturel et l arbre de noël artificiel» a permis de déterminer les émissions annuelles liées à l activité de production d un sapin de Noël. Les principales hypothèses retenues pour ce calcul sont : - une distance de 150 km entre le lieu de production et le lieu de vente du sapin de Noël ; - une distance entre le lieu d achat et le lieu de résidence de 5 km ; - les sapins de noël ont une hauteur d environ 2 mètres et leur temps de production est de 15 ans. Sur une année, les émissions liées au cycle de vie d un arbre de noël naturel sont ainsi estimées à 3,1 kgeqco2. En utilisant les résultats de cette étude, les émissions liées à la production de sapins de Noël sur le territoire sont estimées 3 720 tonnes équivalent CO2. Philippe DEVIS et 63 / 130

10 La population du territoire est estimée à 172 810 habitants 64 / 130 Philippe DEVIS et

4. La question de l'adaptation : potentialités et vulnérabilités du Morvan face au changement climatique. 4.1. La question de l'adaptation aux changements climatiques Dans son troisième rapport d évaluation, publié en 2001, le GIEC 11 définit l adaptation comme «l ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d atténuer les effets néfastes ou d exploiter des opportunités bénéfiques». En 2007, le Livre Vert sur l' «Adaptation au changement climatique en Europe : les possibilités d action de l Union européenne» explique que «l'adaptation vise à réduire les risques et les dommages liés aux incidences négatives actuelles et futures de manière économiquement efficace et, le cas échéant, à tirer parti des avantages possibles». Se préparer aux adaptations nécessaires, c'est par conséquent anticiper, dans la mesure du possible, les changements attendus. Ces changements peuvent avoir des conséquences négatives on parle alors de vulnérabilités ou positives on parle alors de potentialités. La question de l'adaptation aux changements climatiques reste aujourd'hui encore très mal appréhendée. Il y a sans doute plusieurs raisons à cela : - C'est une question multiforme, qui ne se résume pas facilement, ni dans la façon dont elle peut être posée, ni dans les réponses qui peuvent lui être apportées. - Elle comporte des incertitudes importantes : si les changements climatiques ne font aucun doute, leurs impacts sur un territoire donné sont plus difficiles à préciser. - Afficher la nécessité de s'adapter, c'est reconnaître le caractère inéluctable des changements climatiques. Une crainte persiste alors : que la reconnaissance du caractère inéluctable de ces changements dissuade de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la relègue au second plan. Cette crainte n'est pourtant pas fondée. L'expérience montre bien au contraire qu'aborder la question des conséquences des changements climatiques à une échelle locale permet de mieux s'approprier la problématique de ces changements, qui apparaissent sinon bien souvent comme une préoccupation "à cent lieues au dessus de la tête des gens". Cela renforce la prise de conscience que si les changements climatiques sont inéluctables, il est crucial d'en contenir autant que faire se peut l'ampleur et la vitesse - afin justement de pouvoir s'y adapter. Les participants aux ateliers ont ainsi bien identifié et souligné à de nombreuses reprises comment les possibilités de s'adapter dépendaient avant tout de cette ampleur et de cette vitesse. On ne dispose par conséquent actuellement que de très peu de repères et de références pour aborder cette question sur un territoire donné. Les travaux menés à l'échelon national ou sur d'autres territoires en France restent pour l'instant peu nombreux et peu étoffés 12. Il est pourtant très important de la prendre en compte : "L adaptation est nécessaire à court et à long terme pour gérer les impacts du réchauffement qui se produiraient même pour les scénarios de stabilisation [des émissions de gaz à effet de serre] les plus bas évalués" 13 14. 65 / 130 Philippe DEVIS et

Ne pas anticiper les effets des changements climatiques, c'est prendre le risque d'en subir les effets ou d'être amené à prendre, pour s'en protéger ou y remédier, des mesures qui peuvent rentrer en contradiction avec les objectifs d'atténuation 15. (Plusieurs exemples de ces contradictions possibles sont ressortis des ateliers : intensification de la production printanière de fourrages entraînant une augmentation du machinisme, des consommations d'énergie et des intrants, recours à la climatisation des hébergements touristiques, etc.). La question de l'adaptation, en dégageant les effets du changement climatique sur le territoire, constitue un moyen de rendre plus sensibles des enjeux sinon souvent perçus comme lointain, dans le temps ou dans l'espace. L'impact du changement climatique sur la vie quotidienne et les activités économiques constitue une clé d'entrée efficace pour rendre lisibles des problématiques qui demeurent mal appréhendées. La question de l'adaptation donne ainsi un sens concret à la problématique du changement climatique 16. 4.2. Le travail des ateliers Le parti adopté dans le cadre de la préparation du SCC Morvan est empirique : réunir des acteurs du territoire pour réfléchir ensemble aux conséquences envisageables des changements climatiques sans prétention scientifique, mais en se fondant sur la capacité des participants à envisager ces conséquences à partir de leur expérience. Il avait été prévu d'organiser quatre ateliers, autour de quatre thématiques, chacun d'entre eux se tenant à l'invitation de l'un des quatre Pays : Atelier Vie quotidienne (habitat, santé, espaces publics, rythmes de vie, services et déplacements). Activités et milieux agricoles Pays Auxois - Morvan Nivernais - Morvan Activités et milieux forestiers Autunois Tourisme Avallonnais Les trois premiers de ces ateliers se sont réunis à deux reprises : La première réunion était consacrée à un inventaire des conséquences envisageables des changements climatiques. Introduite par une présentation du SCC, de ses objectifs et des étapes de sa préparation, elle s'appuyait sur une présentation de ce que l'on sait aujourd'hui, grâce aux travaux de Météo France et des climatologues, des changements climatiques en Bourgogne. La seconde réunion permettait de hiérarchiser ces conséquences selon deux critères : la probabilité (certain/probable/possible/improbable) estimée par les participants que ces conséquences se produisent, l'importance (déterminant/important/secondaire /négligeable) qu'elles peuvent avoir pour le territoire, les activités économiques, la vie quotidienne L'atelier sur les activités et les milieux forestiers s'est réuni une première fois au mois de juin, mais la seconde réunion a été reportée. 66 / 130 Philippe DEVIS et

La réflexion des ateliers a été alimentée et complétée par les travaux menés en 2004 et 2005 par l'oreb (aujourd'hui Alterre Bourgogne) sur les enseignements de la sécheresse et de la canicule de 2003 d'une part, et sur les potentialités et vulnérabilités de la Bourgogne face aux changements climatiques d'autre part. La question de l'eau et de sa disponibilité est une question qui, sans surprise, a été évoquée à de nombreuses reprises. On a l'habitude de dire du Morvan qu'il est le château d'eau de la Bourgogne. Force est de constater que cette expression ne correspond pas à une réalité. Le Morvan constitue bien un nœud orographique et il reçoit, surtout dans sa partie centrale, des précipitations relativement abondantes. Mais si l'on tient à conserver l'image d'un château d'eau, on est obligé de reconnaître qu'il est bien percé, et que ses caractéristiques géologiques en font une passoire plus qu'une éponge. Cette problématique de l'eau, inévitablement accentuée dans un contexte climatique qui est celui des évolutions attendues pour les décennies à venir, nous a parallèlement amenés à établir une cartographie sur les vulnérabilités des ressources en eau. Trois observations sur le travail des ateliers : Certains participants se sont prêtés au "jeu" qui leur était proposé, d'autres ont eu davantage de difficultés à y entrer. Ils ont en outre été à chaque fois moins nombreux à la seconde réunion qu'à la première, ce qui est inévitable pour des raisons de disponibilité et compte tenu du fait que seuls les participants à la première réunion étaient invités à la seconde 17. Mais les professionnels et les élus qui ont eu la possibilité de participer aux deux réunions ont tous fait part de l'intérêt qu'ils y avaient trouvé. La répartition initialement prévue des différentes thématiques entre les quatre ateliers embrassait la plupart des activités et problématiques qui méritaient d'être pris en compte. En pratique, les ateliers se sont logiquement focalisés sur les thématiques portées par les participants. Tous les champs envisagés au départ n'ont donc pas été abordés. C'est le cas par exemple et notamment de la production d'électricité et des activités agricoles de diversification. Le travail mené ne prétend donc pas couvrir de façon exhaustive tous les aspects qui auraient pu être pris en compte. Mais les principaux l'ont été : - Les activités touristiques, - Les activités agricoles (en dehors des productions dites "de diversification") - Les aspects de la vie quotidienne impactés par les changements climatiques - La forêt. Le travail réalisé dans les ateliers était un travail de réflexion prospective. Cette réflexion a conduit à émettre des hypothèses. Un exercice complet de prospective aurait conduit à travailler sur ces hypothèses, et celles-ci pourraient servir de point de départ à un travail plus approfondi. Ce n'était pas l'objectif poursuivi ici. De façon délibérément empirique, avec les limites de la méthode mais aussi la richesse qu'elle a permise, ces ateliers ont dégagé une première réflexion sur les évolutions auxquelles le Morvan doit se préparer pour s'adapter aux changements climatiques 67 / 130 Philippe DEVIS et

Notes 11 Groupe Intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques. 12 La France a adopté une stratégie nationale d'adaptation, approuvée par le Comité interministériel pour le développement durable du 13 novembre 2006 (Stratégie Nationale d Adaptation au Changement Climatique, 2007, téléchargeable sur le site de l ONERC : http://www.ecologie.gouv.fr/adaptation-auchangement.html). Ce document n'a pas eu grand écho. Peut-être parce que son contenu reste très général, ce que ses auteurs reconnaissent eux-mêmes : "Quelques pistes d action sont proposées, comme préalables à l élaboration future d un plan national d adaptation, qui déclinera un ensemble de mesures précises à prendre aux différents niveaux de décision". Plus récemment, la loi de programmation du 3 août 2009, relative à la mise en oeuvre du Grenelle Environnement, prévoit pour 2001 un Plan national d adaptation. 13 Synthèse finale du rapport 2007 du GIEC. 14 l ONERC dresse un panorama se ces impacts pour la France dans son troisième rapport sur le «changement climatique : coûts des impacts et pistes d adaptation» (novembre 2009). 15 Le Protocole de Kyoto n'a laissé dans les mémoires que la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il relevait pourtant également, bien que plus timidement, la nécessité de l'adaptation aux changements climatiques. Il demandait notamment que toutes les parties «élaborent, appliquent, publient et mettent à jour des programmes nationaux et, là où il y a lieu, régionaux, contenant des mesures destinées à atténuer les changements climatiques et des mesures destinées à faciliter une adaptation appropriée à ces changements» (article 10.b). 16 Ce que des participants aux ateliers ont relevé eux-mêmes : "Même si j'avais une certaine vision des changements climatiques probables, cette démarche m'a ouvert à une autre façon de raisonner. Le sujet en est devenu d'autant plus intéressant et plus vaste" (un participant à l'atelier tourisme) ; "cet atelier a permis de mieux évaluer les conséquences du changement climatique sur notre région et d'appréhender ces phénomènes" (un participant à l'atelier agriculture). 17 Exception faite de l'atelier sur la forêt. 68 / 130 Philippe DEVIS et

4.3. Les potentialités et vulnérabilités du Morvan face aux changements climatiques Ces potentialités et vulnérabilités ont été examinées au cours des quatre ateliers consacrés respectivement aux activités agricoles, au tourisme, à la forêt et à la vie quotidienne. 4.3.1. Potentialités et vulnérabilités des activités agricoles L'ensemble des conséquences identifiées du changement climatique pour les activités agricoles sont résumées dans le tableau de la page suivante. Principales conclusions L'analyse des hypothèses relatives aux conséquences des changements climatiques pour les activités agricoles et la hiérarchisation qui en a été faite permettent de dégager les principales conséquences identifiées comme étant celles auxquelles l'agriculture Morvandelle doit se préparer 18 : Celles qui apparaissent les plus certaines et les plus déterminantes concernent l'alimentation du bétail. Les besoins de fourrages deviendront plus importants, d'une part parce que les animaux sortiront plus tardivement dans les champs à la sortie de l'hiver si les précipitations hivernales rendent les sols moins praticables, d'autre part parce que les sécheresses estivales réduisent la croissance de l'herbe et rendent nécessaire un complément fourrager apporté aux animaux 19. Il est possible d'espérer une production printanière de fourrages plus importante (la production de printemps assure déjà actuellement les deux tiers environ de la récolte annuelle 20 ), tandis que la production d'été se réduira, et pourra même disparaître certaines années. Ces évolutions entraînent pour les agriculteurs, et principalement bien sûr les éleveurs, une modification à la fois de leur calendrier et de la gestion des prairies, afin de valoriser au maximum l'herbe à l'époque où elle pousse le plus, c'est-à-dire au printemps 21. On peut ainsi s'attendre à une augmentation de la part fourragère de l'alimentation des animaux et à la nécessité de mieux valoriser l'herbe de printemps (gestion du pâturage pour à la fois mieux consommer l'herbe et conserver des surfaces de fauche plus étendues). Celles qui viennent ensuite concernent la vulnérabilité des cultures et des animaux avec : - Le développement de parasites (tiques, moustiques ), maladies et ravageurs (dont les cycles vitaux sont accélérés) 22 favorisés par des hivers et des printemps plus doux et plus humides 23. Les enjeux sont bien sûr agricoles et sanitaires, dans la mesure où les exploitants peuvent être amenés à développer la prévention et les traitements, mais ils peuvent du même coup devenir également environnementaux. - L'exposition des cultures à des aléas plus fréquents liés à la température et à ses variations (échaudages (croissance de la végétation stoppée par un coup de chaleur), gels tardifs). Une troisième catégorie de conséquences est liée aux difficultés de pénétrer l'hiver ou au début du printemps sur des terrains rendus trop humides par des précipitations abondantes. 69 / 130 Philippe DEVIS et

Schéma de cohérence climat du Morvan Schéma des hypothèses relatives aux conséquences de l'évolution du contexte climatique pour les activités agricoles Températures plus élevées Sécheresse estivale Précipitations hivernales plus importantes Hivers plus doux Canicules Épisodes pluvieux plus violents Les vecteurs de parasites (tiques, moustiques ) se développent davantage Des maladies comme la FCO se développent Cycles plus rapides des ravageurs Augmentation du coût des aliments pour bétail Moins d'herbe l'été Alimentation qualitativement moins bonne Moins de maladies des céréales Besoins de fourrages plus importants Besoins en eau plus importants (bétail) Période d'hivernage des animaux prolongée Sols détrempés Ruissellement plus important des fumiers Gel moins important Portance réduite des sols Exposition aux gels tardifs Printemps plus précoce Fourrages de printemps plus précoces et plus abondants Apport d'azote plus précoce en saison Cultures d'hiver et céréales de printemps défavorisées, protéagineux favorisés Diminution des rendements Formation d'ozone plus importante Echaudage Coups de chaleur Variations brusques de température Diminution de la consommation de viande Transport des animaux plus délicat Cultures endommagées Augmentation des coûts d'alimentation du bétail Travaux d'hiver plus difficiles dans les champs Calendrier céréalier avancé Facteurs climatiques coccidiose (volailles, lapins) Conséquences identifiées comme les principales auxquelles l'agriculture devra s'adapter 70 / 130 Philippe DEVIS et

L'atelier a également relevé des incidences indirectes de ces évolutions, qui pourraient contribuer à augmenter les émissions de gaz à effet de serre : - l'herbe de prairies desséchées ne pousse pas et ne fixe par conséquent pas le CO2. - Les éleveurs pourront être amenés à développer les prairies artificielles pour produire au printemps des fourrages en quantités suffisantes pour toute l'année, ce qui conduira à des modes d'exploitation plus intensifs, plus consommateurs d'intrants et d'énergie ou auront recours à des fourrages "importés", qu'il aura fallu transporter. Mais il est également envisageable qu'ils s'orientent au contraire vers une extensification pour parvenir à produire les fourrages nécessaires sur davantage de surfaces. Nous ajoutons à ces conclusions un aspect qui n'a pas été évoqué lors de l'atelier, mais qui ressort de l'analyse réalisée par l'oreb des conséquences en Bourgogne de la sécheresse et de la canicule 2003 : "Durant la période estivale un grand nombre de jours et de nombreux endroits atteignent des niveaux d ozone pénalisants pour la végétation 24. Les niveaux les plus élevés se trouvent dans les zones rurales." Stations de mesure Pasteur Tamier Typologie 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Urbaine dense Urbaine dense 16 29 21 3 29 24 34 79 34 30 32 40 91 82 Daix Périurbaine 123 125 121 120 122 147 176 Morvan Rurale 142 4 91 73 150 71 / 130 Philippe DEVIS et

Notes 18 Les principales conséquences identifiées lors de l'atelier sont celles de l'augmentation des températures et des épisodes de sécheresse ; ce sont les mêmes qui ont été identifiées au niveau national :"Les principales vulnérabilités du secteur agricole identifiées par le groupe tiennent aux sécheresses et aux canicules, qui ont des effets sur les productions végétales et animales". ("Impacts du changement climatique, adaptation et coûts associés en France", document d étape, juin 2008 ; Groupe interministériel Impacts du changement climatique, adaptation et coûts associés en France, Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, Direction des Etudes Economiques et de l Evaluation Environnementale du MEEDDAT). 19 La diminution de la production de fourrages liée aux épisodes de sécheresse est relevée par l'onerc comme une conséquence majeure du changement climatique pour les activités agricoles, et notamment pour les élevages : " Le retour d expérience de la canicule de 2003 fournit des indications intéressantes sur la vulnérabilité du secteur au changement climatique : le secteur de l élevage est notamment apparu comme particulièrement vulnérable, avec au niveau national, une perte de production fourragère estimée entre 20 et 30% et un affaiblissement des espèces prairiales pérennes. La dépendance à la production fourragère pour l alimentation des troupeaux peut ainsi être considérée comme un point spécifique de vulnérabilité de l activité au changement climatique". En Bourgogne, l'oreb relevait, dans son analyse des conséquences de la sécheresse et de la canicule 2003, que "la production de fourrage pour l'alimentation du bétail a été très inférieure aux moyennes quinquennales et surtout aux besoins. Cette situation a eu des conséquences d une part sur la gestion du pâturage pendant la période estivale et d autre part sur la constitution des stocks fourragers nécessaires à la période hivernale. Ceci a contraint les agriculteurs à s adapter en limitant l utilisation de la paille comme litière, en achetant des aliments, des fourrages et des litières à l extérieur, mais aussi en prolongeant la saison des pâturages"("sécheresse et canicule 2003 en Bourgogne, OREB, 2004). 20 "Une prairie produit 65 % de sa production annuelle au cours du premier cycle de croissance des graminées, c'est-à-dire avant juin: c'est le pic de production pour constituer les réserves hivernales (foin ou ensilage). Les repousses d'été et d'automne ne représentent donc que 35 % environ de la production annuelle. Ainsi [en 2003], la sécheresse de printemps a entraîné une réduction de 50 % des récoltes pour stockage. La sécheresse d'été, aggravée par la canicule, n'a pas permis de repousses avant octobre. Il peut ainsi manquer au total les 2/3 de la production habituelle, et cela a justifié les achats de paille et la distribution au pâturage et pour reconstituer le stock hivernal manquant. Les deux modes de production (pâturages et stockage de fourrage) ont été affectés." ("Sécheresse et canicule 2003 en Bourgogne, OREB, 2004) 21 "Concernant les prairies, les rares études hexagonales estiment la hausse des rendements à environ 20%, si l augmentation de températures est limitée à 2-3 C (Soussana et al., 2002). Ceci concerne sans doute les situations avec des précipitations peu limitantes. Une étude est en cours sur financement ACTA associant Institut Elevage Arvalis INRA et Météo-France pour évaluer l'incidence du changement climatique sur les systèmes d'élevage et de culture. Elle s'appuie notamment sur des simulations avec le logiciel STICS, paramétré pour prairies et luzerne et capable de prendre en compte les conséquences de l'augmentation du taux de CO 2 sur l'efficacité de la photosynthèse. 34 sites répartis sur le territoire national permettront de couvrir la diversité des formes que prendra le changement climatique. D'après les premiers travaux, cette hausse de rendement de 20% ne pourra pas être soutenue en tous lieux et se limitera souvent au printemps, un déficit hydrique estival souvent plus précoce venant contrarier l'espoir de rendement permis par la hausse de température et du taux de CO 2. La hausse des températures en sortie d'hiver permettrait cependant d'envisager des mises à l'herbe plus précoces de 2 à 3 semaines d'ici la fin du siècle alors qu'on a déjà gagné 1 semaine sur ces 30 dernières années. Cette même hausse des températures en fin d'automne permettra une production d'herbe dans les zones les mieux arrosées jusque très tard en hiver".("impacts du changement climatique, adaptation et coûts associés en France", document d étape, juin 2008 ; Groupe interministériel Impacts du changement climatique, adaptation et coûts associés en France, Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, Direction des Etudes Economiques et de l Evaluation Environnementale du MEEDDAT). 72 / 130 Philippe DEVIS et

22 Ces aspects restent encore mal connus et peu documentés ; le Groupe interministériel "Impacts du changement climatique, adaptation et coûts associés en France" n'y consacre par exemple que quelques lignes, qui font avant tout référence à la nécessité d'améliorer les connaissances dans ce domaine ("Il s agirait d étudier les variations de rendement liées aux pestes et maladies dont l occurrence pourrait être affectée par l augmentation des températures et du CO2 (par exemple évolution et émergence de microorganismes nuisibles, sélection [5.4.1. L impact du changement climatique sur les parasites])." 23 Les céréales sont semble-t-il moins exposées aux maladies durant les épisodes de sécheresses estivales, mais elles le sont davantage lors de printemps plus doux et humides. 24 Ozone at elevated concentrations can cause damage to agricultural crops. The mechanism is probably as follows: ozone penetrates the leaves and needles of vegetation by way of the stomata (openings in the leaves, which allow the exchange of carbon dioxide and water vapor between the inside of the leaves and the outside ambient atmosphere); ozone is then deposited on the water layer on the cells inside the leaves and forms free radicals and ions (e.g., HO 2, HO +, OH, and O 2 ), which affect the cells. Some agricultural crops, such as tobacco and spinach, are very sensitive to damage by ozone, while others are more resistant. Ecosystems, such as forests, are damaged by the same mechanism. http://www.eoearth.org/article/impact_of_ozone_on_health_and_vegetation#effects_of_ozone_on_veg etation 73 / 130 Philippe DEVIS et

4.3.2. Potentialités et vulnérabilités du tourisme L'ensemble des conséquences identifiées du changement climatique pour le tourisme sont résumées dans le tableau de la page suivante. Principales conclusions Il est évidemment difficile de prévoir l'évolution des activités et d'une économie touristique influencées par de multiples facteurs dont beaucoup sont extérieurs au Morvan 25. Le sentiment qui domine à l'issue de l'atelier peut se résumer en deux points : Le changement climatique modifiera la donne touristique et le Morvan devra s'adapter à cette nouvelle donne. Le Morvan pourrait profiter de la "redistribution des cartes" de la demande touristique que le changement climatique mais aussi la transition énergétique est susceptible de provoquer (ou, en tout cas, de favoriser). Cette évolution de la demande pourrait profiter au tourisme rural davantage qu'au tourisme urbain, et renforcer la tendance que l'on peut déjà observer d'une demande plus diversifiée et moins systématiquement orientée vers les destinations littorales et montagnardes. Dans un contexte climatique caractérisé notamment par des étés plus chauds, des zones rurales offrant une relative fraîcheur pourraient, comme on l'a vu en 2003, devenir plus recherchées 26. Parmi les évolutions envisageables, certaines sont apparues à la fois plus probables et plus déterminantes : Les transformations des paysages compteront parmi les conséquences les plus importantes. Les changements climatiques vont entraîner des modifications de la végétation, des cultures et, pour une part, des bâtiments. Les paysages qu'offrira le Morvan évolueront forcément sans qu'il soit pour autant possible d'en déduire dans quelle mesure et dans quel sens cela pourra influencer la fréquentation touristique. Les ambiances visuelles, sonores, olfactives ne seront plus les mêmes et l'offre touristique, largement fondée sur la qualité des sites, devra nécessairement s'adapter. Car ce sont justement des ambiances, la nature, une authenticité, que les touristes viennent chercher en venant dans le Morvan - l'étude d'image réalisée auprès d'eux au cours de l'été 2009 le montre clairement -, bien avant les possibilités d'activités sportives ou culturelles. La présence de l'eau constituera dans ce nouveau contexte un atout plus déterminant encore qu'aujourd'hui 27. La demande touristique évoluera. De nombreux facteurs sont susceptibles d'influencer cette évolution de la demande. Certains aspects de cette évolution sont déjà perceptibles aujourd'hui. Ils ne sont pas imputables aux changements climatiques, mais ces changements les renforceront très vraisemblablement. On observe en particulier une évolution du calendrier touristique. La fréquentation s'étend davantage sur les demi-saisons, automne et printemps 28. Cette tendance ne peut être que favorisée par un climat plus chaud. Les chaleurs estivales suscitent une recherche de fraîcheur. Cela rejaillit notamment sur les horaires d'activités, les hébergements, les déplacements. 74 / 130 Philippe DEVIS et

Schéma de cohérence climat du Morvan Schéma des hypothèses relatives aux conséquences de l'évolution du contexte climatique et énergétique pour les activités touristiques Étés plus secs Énergie plus chère Étés plus chauds Difficulté d entretenir des jardins paysagers Atout de la présence de l'eau Transports plus coûteux Évolution des modes de chauffage des hébergements Demandes d'activités diversifiées sur un périmètre limité Zones rurales plus hospitalières Recherche de fraîcheur Dommages sur les enrobés et les enduits routiers Développement d'un tourisme de proximité favorisant le Morvan (proximité des agglomérations parisienne et lyonnaise) Valorisation des approvisionnements alimentaires locaux Valorisation des matériaux locaux Qualité thermique des hébergements Demande d'hébergements "frais" Modification des horaires des activités Inversion du sens des migrations touristiques? (N-S S-N) Évolutions du cadre bâti Demande d'équipements pour les ½ saison Modification du calendrier touristique Modification des horaires des services et commerces Incidence sur les choix de lieu de vie? Impact sur le prix du foncier? Evolution de la chasse Transformation visuelle, sonore, olfactive - des paysages du fait de l'évolution de la végétation, des cultures, du bâti Demande touristique de ½ saison (printempsautomne) Évolution de la répartition géographique des espèces vivantes Hivers moins froids Légende Évolution du contexte climatique et énergétique Évolution de la demande touristique Évolution de l'offre touristique 75 / 130 Philippe DEVIS et

L'offre doit par conséquent s'adapter. Les équipements 29 doivent pouvoir fonctionner en dehors de la seule période estivale. Les hébergements doivent protéger des chaleurs estivales 30 et offrir un confort thermique satisfaisant en demi-saisons. Des activités diversifiées doivent pouvoir être proposées dans des périmètres limitant les déplacements 31. Ces activités, mais aussi les services et les commerces, devront adapter leurs horaires durant les périodes de fortes chaleurs. Les hébergements seront en outre de plus en plus amenés à prendre en compte un contexte énergétique et climatique qui les conduira à valoriser davantage les ressources locales, que ce soit pour les matériaux (construction, ameublement ) ou pour la restauration 32. D'autres évolutions sont également apparues très probables, mais moins déterminantes pour l'économie touristique : L'augmentation du coût des énergies, et donc des transports, favorise un tourisme de proximité dont peut bénéficier le Morvan, proche des agglomérations lyonnaise et parisienne (cette évolution a été jugée moins déterminante dans la mesure où cette proximité exerce déjà son influence). L'évolution des milieux naturels liée au réchauffement climatique aura vraisemblablement un impact sur les espèces chassables, et donc sur les pratiques cynégétiques. Les jardins paysagers 33 attirent un public important. Leur entretien et le maintien de leur spécificité pourraient devenir plus difficiles. Les enrobés et enduits routiers peuvent être endommagés par de fortes chaleurs. Enfin, la possibilité d'une augmentation de la fréquentation touristique hivernale a été évoquée. Encouragée par des hivers plus doux mais handicapée par des précipitations plus importantes, elle a été jugée peu probable et sans incidence importante. Les participants à l'atelier ont également envisagé deux hypothèses : Celle d'une "inversion" du sens dominant des migrations touristiques provoquée par un réchauffement climatique important qui favoriserait les destinations septentrionales a été évoquée. Plus modestement, une réorientation des flux touristiques apparaît très plausible. Influencée par de multiples facteurs (coût de l'énergie ou pouvoir d'achat par exemple, mais aussi, plus positivement, développement d'une demande profitant aux zones rurales intermédiaires), cette réorientation est déjà observable. Celle d'un Morvan qui attirerait une population plus nombreuse, attirée par des conditions comparativement plus favorables dans un contexte climatique plus chaud. Cela aurait des conséquences importantes, sur le prix du foncier par exemple, bien au-delà des seules conséquences pour le tourisme. Ces hypothèses n'ont cependant pas été retenues, leur exploration aurait dépassé le cadre de l'atelier. 76 / 130 Philippe DEVIS et

Notes 25 «Le changement climatique devrait influer à la fois sur la compétitivité des territoires touristiques, sur leurs facteurs de production (ressources en eau), sur l activité des entreprises et sur l économie induite Si des mutations importantes sont à attendre pour le tourisme en tant que marché, sa fonction sociale devrait être également modifiée Enfin, l appréhension des conséquences du changement climatique est très complexe en raison de la volatilité et de la complexité de la demande touristique, composée de très nombreux paramètres non météorologiques» (In ONERC «Stratégie Nationale d Adaptation au Changement Climatique» - Eclairage sectoriel tourisme, 2007) L attractivité d une destination touristique est le résultat de nombreux facteurs. Patrimoine, paysage, agriculture, accessibilité, convivialité et sociabilité, ancienneté et qualité de l offre touristique dessinent la spécificité de chaque destination. Ces composantes qui entrent dans la constitution de l offre touristique sont souvent largement liées au climat, qu il s agisse de la présence de neige en hiver en moyenne montagne, des types de production agricoles pour le tourisme de terroir, de la quantité d eau présente dans les cours d eau ou de sa qualité dont dépendent les activités sportives ou le tourisme fluvial, des espèces et des espaces naturels susceptibles de contribuer au développement d un tourisme de nature, ou encore, plus largement, de l aspect des paysages dans les différentes saisons. (ONERC, 2008, p. 182). 26 "D'une façon générale, les conditions météorologiques particulières de l'été 2003 ont contribué à une baisse de l'activité touristique. Cela était particulièrement vrai pour les visites de villes et de monuments (- 40 % à Beaune), pour les activités sportives (randonnée), la fréquentation des terrasses de cafés et de restaurants. Certains secteurs ont en revanche enregistré de bons résultats. Les conditions climatiques de l'été 2003 ont par exemple favorisé le Morvan, qui a réalisé une bonne saison touristique et, d'une façon générale, les campings et les gîtes ruraux.* + La Bourgogne est une région dont les motivations de séjour (découverte des vins et de la gastronomie, visite de sites culturels et de villes ) sont peu compatibles avec les records de températures enregistrés cet été, les prestataires ont vu la clientèle s'éloigner de leurs établissements vers des contrées moins caniculaires, notamment les régions de l'ouest. D'ailleurs, les espaces bourguignons les plus frais, tels le Morvan des lacs, ont semble t-il à cet égard bénéficié cet été d'un avantage substantiel; de même pour les activités rurales, comme les gîtes ruraux et les activités de plein air." Le nombre de nuitées en hôtels a diminué en Bourgogne (de 4.4 % sur l'année et 5.2 % sur les mois de mai à septembre) en 2003 par rapport à 2002. En revanche les campings ont connu une hausse de 2.4 % sur la saison du nombre de nuitées. * + La canicule a bénéficié au Morvan, qui a enregistré une baisse du nombre de nuitées dans les hôtels de seulement 1.4 % sur les mois de mai à septembre, et en revanche, une augmentation nette de 19 % de la fréquentation dans les campings entre 2002 (261 949 nuitées en camping) et 2003 (311 647 nuitées en camping)." ("Sécheresse et canicule 2003", OREB, 2004) 27 Certaines activités sont directement liées à l'eau. La pratique du canoé-kayak est par exemple tributaire des pluies d'hiver (le calendrier des descentes estivales est établi en fonction des lâchers d'eau des barrages, qui se remplissent l'hiver) et ne paraît par conséquent pas être compromise par les changements climatiques. L'arrosage des terrains de golf peut en revanche soulever des difficultés. 28 Le groupe de travail a relevé que les hébergements sont déjà ponctuellement saturés en demi-saison. 29 Les piscines ont été citées. 30 Sans nécessiter un recours à la climatisation qui, outre ses effets négatifs en termes de consommation énergétique et d'émissions de gaz à effet de serre, ne satisfait pas nécessairement une clientèle qui recherche une authenticité avec laquelle la climatisation s'accorde mal. 31 La chaleur réduit l'envie de bouger, mais pas celle de pratiquer des activités. 32 L'évolution du label des gîtes Panda est symptomatique de cette évolution. Ils intègrent désormais la gestion de l'énergie, de l'eau, le choix des matériaux, l'utilisation des énergies renouvelables Il y a actuellement une douzaine de gîtes Panda sur le périmètre du Parc du Morvan. Les dispositifs d'aides publiques aux hébergements s'orientent également de plus en plus dans cette direction (appels à projets de l'ademe, des Conseils généraux de Saône-et-Loire et de la Nièvre ). 33 Alligny-en-Morvan, Larochemillay, Autun, Epinac, Sully, La Tagnière, Vézelay 77 / 130 Philippe DEVIS et

4.3.3. Potentialités et vulnérabilités pour la vie quotidienne L'ensemble des conséquences identifiées du changement climatique pour la vie quotidienne sont résumées dans le tableau de la page suivante. Les conséquences pour la vie quotidienne qui ont été jugées les plus probables et les plus déterminantes ont trait à la santé, aux rythmes de vie, aux usages de l'eau et à l'augmentation de certains risques. Sur la santé Leurs effets sont directs (température et sécheresse de l'air) et indirects (formation d'ozone, développement des allergènes, etc.). Les personnes les plus fragiles personnes âgées 34, très jeunes enfants, personnes malades ou allergiques y sont bien sûr les plus exposées. En outre, la sécheresse et la pollution de l'air, l'été, mais l'humidité également en hiver, favorisent les affections respiratoires, qui touchent en premier lieu ces mêmes personnes. Plus largement, deux autres conséquences ont été soulignées : Le développement possible de nouvelles pathologies, lié à l'évolution de l'aire de répartition d'agents infectieux et d'insectes vecteurs ; La fatigue provoquée par les fortes chaleurs, et qui peut toucher l'ensemble de la population, avec des répercussions sur tous les aspects de la vie : le travail (et par conséquent l'activité économique), la santé, les relations sociales et affectives même si les réactions personnelles de chacun peuvent toutefois atténuer ces conséquences et si l'on peut imaginer que l'on s'habitue, en partie, à supporter des températures plus élevées. et sur les rythmes de vie. Une réponse à ces situations pourrait passer par une adaptation, durant ces périodes, des comportements et des rythmes de vie (horaires de travail, sieste, habitudes vestimentaires, ), entraînant notamment une modification des horaires de travail, des activités de loisirs, des services et des commerces. Il peut cependant y avoir des freins à ces adaptations (habitudes, organisation des entreprises, etc.), surtout si les épisodes de fortes chaleurs ne représentent pas nécessairement des périodes très longues. Le développement de la climatisation fait aussi partie des réponses possibles 35. Elle se généralise déjà depuis plusieurs années dans les voitures. Elle pourrait aussi se banaliser dans les logements, mais c'est moins sûr dans la mesure où l'on s'efforce de construire ou de réhabiliter des bâtiments mieux conçus thermiquement, ce qui permet de réduire les besoins de chauffage, mais également de rafraîchissement. Il a été souligné que le bâti ancien protège généralement mieux des chaleurs et que les nouvelles constructions sont, ou devraient être thermiquement bien conçues. Ce sont les constructions de la seconde moitié du XXème siècle qui posent le plus de problèmes. 78 / 130 Philippe DEVIS et

Chaleurs estivales Schéma de cohérence climat du Morvan Schéma des hypothèses relatives aux conséquences de l'évolution du contexte climatique et énergétique pour les activités quotidiennes Consommation des véhicules plus élevée Développement de la climatisation Fatigue des organismes, sommeil plus difficile, activité diminuée Vulnérabilité des personnes âgées, des jeunes enfants Modification des horaires de travail, des activités de loisirs, des services et des commerces Les animaux domestiques peuvent aussi souffrir de la chaleur Augmentation des consommations d'eau, notamment pour l'hygiène du corps Modification des activités de loisirs, recherche de l'eau Augmentation de la température des cours d'eau Gêne du fonctionnement de certains équipements (ordinateurs ) Augmentation des consommations d'énergie et des émissions de GES Développement de l'eutrophisation Régression des espèces de poissons sensibles à la chaleur Perturbation des systèmes d'assainissement Recrudescence des maladies respiratoires Nouvelles pathologies Évolutions dans la conduite des jardins et des vergers Modification des habitudes alimentaires Développement des modes de communication à distance Dommages aux bâtiments et aux ouvrages Concurrences d'usages Augmentation du prix de l'eau Sécheresse et pollution de l'air l'été, humidité hivernale Evolution des destinations et pratiques touristiques (ex : sports d'hiver) Modification des migrations de la faune sauvage Évolution de l'aire de répartition d'agents infectieux et d'insectes vecteurs Végétation plus précoce Possibilités de production locale de nouvelles variétés (fruits et légumes) Augmentation des coûts de transport Vulnérabilité énergétique des ménages Réduction des déplacements Risques d'inondation accrus l'hiver Rétractation des argiles Risques de pénuries d'eau l'été Changement climatique Énergie plus chère Augmentation des précipitations hivernales Sécheresses 79 / 130 Philippe DEVIS et

Sur l'approvisionnement et les usages de l'eau. Les situations de pénuries estivales liées à l'évolution du régime des précipitations risquent de devenir récurrentes et de soulever de nombreuses questions de concurrences d'usage, de mobilisation de la ressource et d'augmentation du prix de l'eau (en raison des mesures qui devront être prises pour garantir les approvisionnements (interconnexion des réseaux ou mobilisation de ressources plus éloignées par exemple) ou des traitements nécessaires (pour utiliser des ressources de moins bonne qualité). Il est parallèlement possible, mais pas certain, que la demande domestique d'eau augmente. Certains usages augmentent lorsqu'il fait chaud (boisson, douches) mais des postes de consommations diminuent par ailleurs (appareils électroménagers plus économes, machines à laver par exemple). En outre, la récupération et la réutilisation des eaux pourraient se développer. Au bilan, les consommations strictement domestiques n'augmenteront pas nécessairement. On peut en revanche imaginer une augmentation des consommations pour les jardins, les piscines Sur l'augmentation de certains risques : Risques d'inondation accrus l'hiver, en raison d'épisodes pluvieux plus intenses. Il a été souligné que l'exposition aux risques liés à ces inondations est largement accentuée par la façon dont l'homme a modifié la circulation de l'eau (imperméabilisation des surfaces, disparition des zones humides, drainages, travaux connexes aux remembrements ). Dommages aux bâtiments et aux ouvrages : fissuration des enduits lors des fortes chaleurs, mouvements de terrain liés au retrait et gonflement des argiles, conséquences des tempêtes sur les réseaux électriques,. Le réchauffement climatique a un impact sur les cours d'eau et la vie aquatique : augmentation de la température des cours d'eau, développement de l'eutrophisation, régression des espèces de poissons sensibles à la chaleur. Ces impacts ont été jugés secondaires lorsqu'ils sont considérés d'un point de vue immédiat et "domestique", mais importants lorsqu'on prend en compte les déséquilibres qu'ils peuvent entraîner des écosystèmes. De façon similaire, la modification des dates de migration de la faune sauvage apparaît sans impact sur la vie quotidienne, mais elle est perçue comme la manifestation d'évolutions par ailleurs très importantes. D'autres conséquences sont apparues très importantes pour la vie quotidienne, mais plus difficiles à appréhender. Les déplacements et les moyens de communication apparaissent comme une question à la fois très importante et complexe. La réduction des déplacements a été envisagée, non pas comme une conséquence du changement climatique, mais de l'augmentation du prix des énergies. La plupart des déplacements sont toutefois des déplacements contraints et non des déplacements choisis : les ménages n'ont guère le choix de les réduire. En revanche, des contraintes financières les amènent parfois à diminuer leurs déplacements pour leurs vacances ou leurs loisirs, mais cela constitue alors davantage un "choix obligé" qu'une décision volontaire. Par ailleurs, les obligations liées au travail, à l'éloignement des services, etc., augurent mal d'une réduction des déplacements. Davantage qu'une diminution des déplacements, c'est plutôt une évolution dans les façons de se déplacer qu'il faut imaginer. La voiture peut être utilisée autrement (covoiturage) ou moins (notamment 80 / 130 Philippe DEVIS et

sur les courtes distances : école, commerces ). Cela peut résulter de choix individuels, mais cela dépend aussi de choix collectifs (transports en commun ). On peut également assister à un "déplacement des déplacements", avec des services ou des achats apportés aux personnes et évitant à celles-ci d'avoir à se déplacer. Mais la faiblesse de la densité démographique du Morvan reste dans tous les cas un handicap pour le développement des alternatives à l'utilisation de la voiture. L'augmentation du coût des énergies devrait mécaniquement entraîner celle du coût de transports, mais celle-ci pourrait être en partie atténuée : réduction des consommations unitaires des véhicules, décisions politiques pour en atténuer l'ampleur, développement de transports en commun accessibles (le prix du billet unique à 1,50 sur le réseau Transco, en Côte-d'Or, a été cité comme une illustration de cette possibilité). Le développement des modes de communication à distance apparaît comme un mouvement déjà engagé, mais qui n'a jusqu'à présent pas freiné celui des déplacements. On peut toutefois penser qu'il pourra favoriser davantage l'accès à distance à des services de plus en plus nombreux, ou permettre d'éviter certains déplacements (avec par exemple l'organisation de réunions à distance). La vulnérabilité énergétique des ménages résulte de l'augmentation du prix des énergies, pas du changement climatique. Cette augmentation touche évidemment d'abord les ménages les plus modestes. Elle pourrait toutefois être atténuée par l'amélioration des performances thermiques des logements, par des modifications de comportement, mais aussi par le réchauffement climatique, qui pourrait réduire les dépenses de chauffage. Une troisième série de conséquences sont apparues très probables, mais ont été jugées plus secondaires. Une évolution des conditions climatiques rendra nécessaire des adaptations dans la conduite des jardins et des vergers : modification des calendriers (végétation plus précoce), gestion de l'eau, travail du sol Elle peut également ouvrir des possibilités de produire localement des variétés de fruits et légumes qui ne pouvaient jusqu'à présent pas, ou difficilement, pousser ici, mais aussi inciter à revenir à des variétés anciennes, plus adaptées et résistantes à des conditions climatiques plus difficiles. Une évolution des habitudes alimentaires a été jugée comme très probable : des températures plus élevées incitent à manger moins gras, plus frais, plus épicé, et davantage de fruits et légumes. Il pourra en outre devenir plus facile de trouver des variétés qui jusqu'alors n'étaient pas produites dans la région. Les activités de loisirs peuvent elles aussi être influencées par le climat. La chaleur influence très directement la pratique des activités extérieures, et même parfois d'intérieur. Mais, indépendamment des périodes chaudes, des températures plus clémentes peuvent par ailleurs favoriser un étalement dans l'année des activités. Des appréciations assez différentes ont été portées sur l'importance de cette modification des activités de loisirs. Pour les uns, elles restent secondaires au regard de bien d'autres priorités. Pour d'autres, elles ne doivent pas être négligées car elles tendent à prendre une place croissante et touchent un côté sensible et personnel de la vie de chacun. 81 / 130 Philippe DEVIS et

Une remarque générale : Il a été estimé que des adaptations reposant sur des initiatives individuelles pourront se concrétiser plus facilement et plus rapidement même lorsqu'elles modifient des habitudes très culturelles, comme l'alimentation -, que des adaptations nécessitant des modifications de systèmes ou d'organisations plus collectifs même si les deux vont nécessairement de pair dans de nombreux cas (pour ce qui est par exemple des transports). 34 Près de 4 habitants sur 10 ont plus de 60 ans (Atelier PSDR «Agriculture en Morvan», Rapport de fin de première phase, (2003-2005), Bernadette RISOUD. 35 Mais, outre les consommations d'énergie qu'elle engendre, il a été relevé qu'elle favorise les affections respiratoires. 82 / 130 Philippe DEVIS et

4.3.4. Potentialités et vulnérabilités de la forêt Les changements climatiques et la transition énergétique modifient le contexte dans lequel évolue la forêt Morvandelle : Changements climatiques Conséquences sur les forêts Évolution des rôles dévolus à la forêt Transition énergétique Évolution de la gestion forestière Changements climatiques : Un réchauffement marqué à toutes les saisons, notamment en été. Moins d épisodes froids, davantage de vagues de chaleur et de sécheresses. Accroissement hivernal et déficit estival des précipitations. Des aléas tempêtes, coups de vent pas nécessairement plus fréquents, mais potentiellement plus sévères. Transition énergétique Développement des énergies renouvelables Réduction des émissions de gaz à effet de serre Evolution des rôles dévolus à la forêt Fixation de carbone Fourniture de bois-énergie Rôle de régulation des eaux accru avec les changements climatiques Conséquences pour les arbres et la forêt Les changements climatiques modifient les conditions de vie des espèces animales et végétales (cf. schéma p. 86) ; la diversité des espèces et les équilibres écologiques évoluent. "La plupart des essences forestières auront des difficultés à migrer assez rapidement car le climat évolue à un rythme sans précédent et les obstacles aux migrations sont importants. Or la productivité des peuplements maintenus hors de leur aire de répartition potentielle est plus faible et leur vulnérabilité aux chocs (incendies, maladies, etc.) est plus élevée" (ONERC). La façon dont les principales essences du Morvan pourraient évoluer est résumée dans le tableau présenté p. Erreur! Signet non défini.. Des teneurs en CO2 plus élevées favorisent la photosynthèse et par conséquent une croissance plus rapide des arbres. Cette conséquence a priori favorable peut avoir des inconvénients : - Une sensibilité aux aléas plus forte, pour des forêts dont la croissance en hauteur est forte ; - Une modification du régime hydrique se traduisant par une augmentation des besoins en eau pour des espèces à forte croissance, et entraînant une sensibilité plus 83 / 130 Philippe DEVIS et

forte des peuplements à des épisodes chauds et secs en situation les plus sèches et sur sols superficiels ; - Une série de déséquilibres nutritionnels liés à une croissance plus soutenue et aux effets des apports atmosphériques 36. La végétation en sous-bois pourrait prendre plus d importance Les risques d'incendie vont augmenter Les aléas climatiques fragilisent les arbres face à des maladies ou des parasites dont le développement peut par ailleurs être favorisé. Évolutions de la gestion forestière L'industrie de la transformation du bois est adaptée à une valorisation des petits bois. Le souci de valoriser la forêt dans son rôle de stockage du CO2 conduit à privilégier les arbres en forte croissance, c'est-à-dire les jeunes arbres. De fortes précipitations hivernales obligent à modifier le calendrier des interventions, sauf à faire pénétrer des engins en forêt à des moments où l'humidité des sols les rend plus sensibles au tassement, qu'il faut éviter. Les chaleurs estivales incitent à développer le machinisme pour effectuer les travaux plus rapidement et à climatiser les postes de conduite des engins, ce qui augmente les consommations d'énergie. Les moyens qui devront être mobilisés pour la DFCI 37 contribueront à modifier le modèle économique de la forêt, dont la rentabilité se trouvera affectée ; le risque de friches forestières, abandonnées parce que non rentables, a été évoqué. En 2003, année particulièrement sèche et chaude, "40 % des plantations ont enregistré des dégâts contre 15 % des massifs à régénération naturelle" (Pierre-Olivier DREGE, directeur général de l'office national des forêts). L'économie des activités forestières et de la filière bois doit être repensée dans un contexte de relocalisation des activités économiques dont celles de la transformation du bois et dans la perspective d'une valorisation "régionale" de la production. Ces évolutions de la gestion forestière appellent des commentaires : L'accélération des rotations présente des inconvénients : - Appauvrissement des sols forestiers (le cas échéant compensé par une fertilisation qui soulève elle même des questions) ; - Une croissance plus rapide des arbres fournit un bois moins dense, et par conséquent de moins bonne qualité comme bois d'œuvre (une croissance plus importante l hiver et moins l été a par ailleurs également un impact sur la qualité des bois). Des peuplements mono spécifiques sont plus vulnérables aux maladies et parasites. Le choix d'essences forestières adaptées est un aspect majeur d'une stratégie d'adaptation. Des cycles raccourcis réduisent la durée d'exposition des arbres aux aléas climatiques (coups de vent, sécheresses, canicules). 84 / 130 Philippe DEVIS et

Du «Morvan noir» au «Morvan Cévenol»? Les changements climatiques modifient la façon de «penser» une forêt dont les équilibres écologiques comme le modèle économique vont être transformés. Le temps long qui est celui de la gestion forestière amène à prendre des décisions dont les conséquences s'inscrivent dans un horizon trop lointain pour être prévisible. Les déséquilibres qui peuvent résulter de la brutalité de ces changements incitent à conforter dans toute la mesure du possible les facteurs de résilience de la forêt Morvandelle. Il est dans cette perspective nécessaire d'en prendre en compte l'ensemble des fonctions, avec pour principal objectif de la rendre moins vulnérable à des évolutions dont on ne peut pas prévoir à l avance toutes les conséquences. Notes 36 La Bourgogne face aux changements climatiques, OREB 2005 37 DFCI : Défense de la Forêt Contre les Incendies 85 / 130 Philippe DEVIS et

Les changements climatiques modifient les conditions de vie des espèces animales et végétales 38 Augmentation du taux de CO2 Augmentation des températures d'automne, hiver et printemps Augmentation de la photosynthèse Augmentation de la photosynthèse hivernale Allongement de la durée de la saison de végétation Augmentation de l'activité des mycorhizes Augmentation des gelées d'automne et de printemps Augmentation du gel hivernal Progression de certains ravageurs Augmentation de la dessication hivernale Gain de productivité Difficulté de régénération Stress Sensibilité aux ravageurs Mortalité Augmentation de la respiration Augmentation de la transpiration et du stress hydrique Augmentation des dégâts dus à la chaleur Augmentation des incendies Augmentation des tempêtes Augmentation des températures estivales et des phases de sécheresse 38 D'après Philippe RIOU-NIVERT (Ingénieur à l Institut pour le Développement Forestier) lors de la table ronde organisée à Dijon le 19 mai 2005 par l'oreb sur "La Bourgogne face aux changements climatiques : préparer les adaptations nécessaires" : Principales conséquences sur les écosystèmes forestiers engendrées par les augmentations prévisibles des températures hivernales et estivales, de l augmentation de la teneur en CO2 dans l atmosphère et dans l hypothèse d une augmentation de la fréquence des phénomènes de tempêtes. 86 / 130 Philippe DEVIS et

L'évolution probable des principales essences forestières du Morvan Tableau extrait de Nicolas Blasquiet 2008, PNRM 87 / 130 Philippe DEVIS et

4.3.5. Une question transversale : l'eau Les changements climatiques sont souvent associés au seul réchauffement. L'augmentation des températures, si elle en est la manifestation la plus directement sensible, n'en est pourtant pas forcément la conséquence la plus importante. Les modifications qu'elle entraîne du cycle de l'eau et de la répartition des précipitations tout au long de l'année peuvent avoir des répercussions au moins tout aussi importantes et accentuer les problèmes de disponibilité d'une ressource déjà peu abondante. Le Morvan bénéficie d'un volume appréciable de précipitations annuelles. Moyenne annuelle des précipitations en Bourgogne (1971-2000) 39 88 / 130 Philippe DEVIS et