Citoyenneté et E.P.S.



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Transcription:

IUFM de l Académie de Montpellier Centre de Perpignan PACOUIL Céline Citoyenneté et E.P.S. au cycle III. Comment l utilisation des A.P.S.A. en E.P.S. participent à former des élèves citoyens? MEMOIRE PROFESSIONNEL EN E.P.S. Cycle III Ecole de Los Masos CM2 Ecole Jean Zay à Perpignan TUTEUR : J. PERRIN ASSESSEUR : J.L. CANAL Année universitaire : 2002-2003 - 1 -

Résumé : Les Activités Physiques, Sportives et Artistiques peuvent être un moyen d éducation à la citoyenneté des enfants. Pour cela, l enseignant doit proposer des situations où les élèves pourront mettre en pratique des attitudes citoyennes. Il est préférable que les activités n imposent pas des règles mais plutôt que ce soit aux élèves de les construire : ils percevront mieux leur utilité et les respecteront plus facilement. Summary : For many people, the athletic and artistic activities seem to help young children to become future citizen. Furthermore, the teacher should suggest situations which let the children using citizen attitudes. It s better if the activities don t lay down rules and if they let the student create them by themselves. They will perceive their utility and so respect them more easily. Mots-clefs: Vivre la citoyenneté, éducation physique et sportive, respect, règle, socialisation. - 2 -

Mention et opinion motivée du jury - 3 -

Sommaire Sommaire 4 Introduction 4 La citoyenneté d un point de vue théorique 6 1. Définition de la citoyenneté : 6 2. Qu est-ce que la citoyenneté à l école? 6 3. Pourquoi utiliser l E.P.S. pour aborder la citoyenneté à l école? 7 4. La citoyenneté et les Instructions Officielles : 10 Mises en pratique de la citoyenneté 12 1. Activité rugby 12 2. Activité acrosport 19 Bilan 22 1. Avantages 22 2. Inconvénients et limites 24 Conclusion 27 Bibliographie 29 Sommaire des annexes 30 Introduction - 4 -

J ai effectué mon premier stage dans une école rurale, où il n y a que trois classes. Ces classes sont réparties suivant les cycles de l école primaire et j ai travaillé avec celle du cycle 3. Lors de mon arrivée dans l école, j ai observé que la plupart des garçons du cycle 3 jouaient avec un ballon de rugby sur un terrain en contrebas de la cour, tandis que les autres ainsi que les filles (pas très nombreuses) restaient à l écart. Je leur ai demandé pourquoi elles ne jouaient pas avec les garçons et elles m ont répondu qu ils jouaient comme des «brutes» et que même entre eux ils arrivaient à se faire mal. Et effectivement, à la récréation suivante, une crise de larmes a confirmé leurs dire. De ces faits, je me suis interrogée sur les jeux dans la cour de récréation, sur l acceptation de l autre et sur le respect de ses activités. Ces problèmes relèvent à mon sens de la notion de citoyenneté. J ai décidé de les régler en travaillant la citoyenneté avec ces élèves. Mais je ne voulais pas que ce soit purement théorique et que les élèves n y voient pas de sens. J ai donc cherché une activité où les élèves pourraient vivre la citoyenneté et quoi de plus vivant que les séances d E.P.S.. J ai alors pensé mettre en place une séquence autour de l Activité Physique Sportive support rugby, qui faisait tant peur aux filles, où les élèves verraient la nécessité du respect des règles et apprendraient ce qu est l esprit d équipe. - 5 -

La citoyenneté d un point de vue théorique 1. Définition de la citoyenneté : Selon le Larousse, la citoyenneté définit «l appartenance à un Etat». Elle donne à l individu un statut juridique, auquel sont attachés des droits et des devoirs particuliers. Ce statut dépend des lois propres à chaque Etat et l on peut dire qu il y a autant de types de citoyens que de types d Etats. C est pourquoi il est important que le sujet soit préalablement informé des règles qui définissent l Etat dans lequel il se situe, afin de pouvoir se les approprier, d avoir la possibilité de les discuter, de les élaborer et d apprendre progressivement à les appliquer pour acquérir peu à peu une conduite citoyenne. Eduquer à la citoyenneté comprend deux aspects correspondant aux deux niveaux dans lesquels le citoyen peut exercer ses droits et ses devoirs : - la conformisation : par la connaissance et le respect de ses droits et devoirs, le citoyen s intègre à la société à laquelle il appartient et se met au service des autres. - la responsabilisation : le citoyen est responsable de ses choix et actes, il a un esprit critique vis à vis de ses droits et devoirs, mais aussi à l égard du fonctionnement de la société en général. Par la connaissance de sa propre personnalité, de ses moyens et capacités, il est productif, créatif, pour faire évoluer la société. 2. Qu est-ce que la citoyenneté à l école? On parle souvent de communauté scolaire alors que l école est en fait une minisociété où les élèves ne choisissent pas et poursuivent des buts personnels juxtaposés. L école est un lieu où chacun est obligé d apprendre à travailler et à vivre avec l autre. - 6 -

Depuis les quinze dernières années, la notion de citoyenneté revêt une importance croissante dans les textes relatifs au système éducatif. La mission d éducation attribuée aux enseignants paraît devenir de plus en plus prioritaire. Par conséquent, il ne suffit pas seulement d instruire en énonçant les règles, mais aussi d éduquer pour confronter les élèves aux valeurs, aux règles constitutives de notre société. C est pourquoi, à l école, il devient important d informer les élèves des règles de comportement social, des lois et de leurs responsabilités. Mais aussi et surtout de montrer aux élèves l utilité de ses différentes règles afin que ceux-ci soient en mesure de les respecter, d apprendre à les discuter et à les élaborer pour la mini société qu est la classe ou l école. Et ainsi mieux les préparer à leur future vie de citoyen adulte car l école est le premier lieu de vie sociale! Cela se fait en éducation civique, on apprend à respecter les autres et leurs différences, à refuser le recours à la violence, on instaure des règles de vie de classe, on met en place des débats. On fait vivre la citoyenneté au quotidien. Mais comme il s agit d une attitude, d un comportement à avoir, elle doit pouvoir être transposable dans les autres disciplines. Et on doit faire en sorte que toutes les disciplines, et l E.P.S. en particulier concourent à la promotion d un certain nombre de valeurs. 3. Pourquoi utiliser l E.P.S. pour aborder la citoyenneté à l école? L Education Physique et Sportive est une discipline où l élève est plus facilement acteur de ses apprentissages car il s engage plus facilement dans des activités ludiques. A charge pour l enseignant de le rendre capable d un retour réflexif sur ses actions. De plus, on a la chance de disposer de nombreux domaines de compétences (différentes A.P.S.A., différents rôles à tenir ) qui peuvent permettre des négociations, des changements de règles, des évolutions. En E.P.S., l élève est engagé physiquement, ce qui donne un sens particulier aux rapports qu il établit avec la règle et qu il vit concrètement. Cette discipline développe une formation «en acte» de la citoyenneté. L élève sera en situation de vivre la règle et sera donc plus dans l agir que dans le subir. - 7 -

En E.P.S., l élève est, plus qu ailleurs, en contact avec les autres. Les élèves sont souvent par équipe ou par atelier ce qui favorise le dialogue, les partage des idées et des émotions. Par conséquent, se connaissant mieux les élèves sont plus aptes à coopérer, à solliciter ou à proposer de l aide à leurs camarades. En E.P.S., les différences entre les élèves sont visibles, on ne peut pas les cacher. Le professeur a l obligation d en tenir compte afin de créer des groupes homogènes qui puissent «s affronter» sur un même pied d égalité. Cela permet aussi de faire évoluer la représentation que les élèves ont des autres. Les enfants prennent conscience que tel «handicap» de poids, de taille peut se transformer en un avantage. Ils révisent alors par eux-mêmes leurs préjugés sans qu on les ait contraints à le faire, reconnaissent l autre et ses différences et l acceptent. Autant de conditions riches d apprentissage de la citoyenneté. En E.P.S., qu est-ce qu être citoyen? Pour répondre à cette question, nous pouvons dégager quelques grands objectifs : - Etre citoyen c est : être concerné, participer, apporter sa contribution (à l opposé de jouer individuellement, de ne pas se mêler aux autres, de se sentir exclu). Il s agit ici de renforcer le sentiment d appartenance en mettant en avant la notion d équipe, y compris dans les sports individuels car faire partie d une équipe, c est appartenir à un groupe, comme c est le cas en acrosport. C est la notion d appartenance à une équipe et la participation à un projet collectif qui vont conduire l élève à changer ses comportements et à devenir citoyen. - Etre citoyen c est : être en bonne santé physique, mentale et sociale. Le rôle de l E.P.S. est de préparer des individus sains, équilibrés et bien dans leur peau, des citoyens capables de jouer un rôle dans la société. - Etre citoyen c est : prendre des responsabilités, savoir faire des choix (et non pas consommer, ne pas s impliquer dans la vie de la classe, ne pas aider, ne pas voter). - 8 -

On apprend mieux lorsque l on est acteur, lorsque l on joue un rôle. C est pourquoi l enseignant doit progressivement favoriser la prise de responsabilité. L enfant se retrouvera dans différentes situations, ce qui mettra en valeur ses possibilités, les compétences et ses talents, mais surtout lui permettra d être conscient des maillons qu il représente, de jouer un rôle dans la société, d y avoir sa place et d accéder ainsi à la reconnaissance sociale. - Etre citoyen c est : être informé, acquérir des connaissances, apprendre, savoir. Nous devons apporter à l enfant une certaine culture sportive pour lui permettre de s épanouir et de s enrichir grâce aux activités physiques, sportives et artistiques. L E.P.S. est utilisé comme un moyen pour transmettre un certain nombre de compétences et connaissances approfondies sur les activités mais aussi des valeurs : le savoir être (maîtrise de soi, loyauté, non violence, tolérance). L apprentissage de ses valeurs conduira l enfant à se perfectionner dans l activité mais aussi à se comporter dans la vie comme sur le terrain. - Etre citoyen c est : être capable de sens critique, de jugement personnel. L enseignant doit former le jugement personnel de ses élèves, les éveiller au sens critique et les former au goût. - Etre citoyen c est : adhérer à un contrat, respecter la loi (contrairement à l absentéisme, le refus des obligations). Faire de l E.P.S., c est bien être acteur dans une équipe, autrement dit avoir des moments d échange, de partage et d émotions. Mais c est aussi accepter la défaite, respecter la règle commune qui permet de considérer l adversaire comme un partenaire sans lequel rien n est possible. Connaître et respecter le règlement, connaître ses droits et ses devoirs, maîtriser ses émotions se feront grâce au travail d équipe, par l exercice réel de la vie en groupe, par le dialogue, l écoute. - Etre citoyen c est : respecter les autres, savoir être, connaître ses droits et ses devoirs. «Ils sont différents mais je dois vivre avec» : cet apprentissage de la tolérance, du respect d autrui consistera à mettre l enfant dans des situations variées qui l obligeront à s éprouver lui-même dans sa contribution au groupe, à reconstruire des règles personnelles - 9 -

grâce à l expérience collective. L enseignant ne devra donc pas oublier les notions fondamentales de respect des adversaires, de l arbitre et des partenaires sans lesquelles les activités peuvent vite dégénérer. - Etre citoyen c est : être citoyen du monde, respect de l environnement, être solidaire. C est l éducation au respect des différences entre les hommes, du matériel, des transports, etc. L enfant doit se sentir concerné, s approprier l environnement comme un bien propre et prendre conscience qu y porter atteinte nuit aux autres et à lui-même. L éducation à la solidarité fait partie de nos missions : regarder, comprendre, écouter les autres, leurs difficultés ; permettra à l enfant de se transformer et de développer ses capacités relationnelles. Si l enseignant a cette volonté permanente de faire participer ses élèves, de les impliquer dans différentes tâches, de les rendre acteurs, de leur faire vivre par eux-mêmes les différentes facettes de la vie en communauté, alors il obtiendra peut-être une modification des comportements. C est à ce prix que le professeur participera à transformer ses élèves en adultes responsables, bien dans leur peau, sachant vivre dans la société, bref : des citoyens. 4. La citoyenneté et les Instructions Officielles : Dans le chapitre Education Civique, se trouve le paragraphe «Participer pleinement à la vie de son école» qui développe les notions : Ecouter l autre ; Respecter les différences ; Respecter les règles élémentaires ; Comprendre les contraintes de la vie collective. En ce sens, les programmes pour l école élémentaire proposent aux enseignants de mettre en place une éducation civique dans leurs classes car «c est à partir de la vie en classe que l enfant découvre les règles de la vie en société, les valeurs qui la fondent et fait l apprentissage de sa propre responsabilité». L éducation civique intervient auprès de l élève comme un véritable apprentissage de la vie d adulte. - 10 -

En ce qui concerne les Instructions Officielles relatives à l E.P.S., elles indiquent que l enfant doit être capable «d organiser ses actions en fonction de règles de communiquer avec les autres d agir en fonction des autres selon des règles, et de tenir divers rôles dans une équipe d acquérir des règles de l action motrice individuelle et collective, de dominer ses appréhensions». Les programmes soulignent que l Education Physique et Sportive «favorise le comportement corporel, physique et social». Dans le chapitre Education Physique et Sportive, un des objectifs principaux est la contribution «à la formation du citoyen, en éduquant à la responsabilité et à l autonomie. Elle offre la possibilité de jouer avec la règle, de mieux la comprendre, de la faire vivre et d accéder ainsi aux valeurs sociales et morales.» On indique aussi, que l E.P.S. permet d acquérir des attitudes, des méthodes, des démarches favorables aux apprentissages, dans la pratique de l activité mais également dans la vie sociale. Les élèves apprennent à mieux se connaître,à mieux connaître les autres, à comprendre et à mettre en œuvre des règles. Le travail en équipe permet de réfléchir avec les autres sur la meilleure façon d agir, de pouvoir aider un camarade ou de se faire aider par une parade ou un conseil. A travers l E.P.S. l élève peut construire des principes de vie collective c est-àdire se conduire dans le groupe en fonction de règles, de codes. Il apprend à écouter et respecter les autres, à coopérer. - 11 -

Mises en pratique de la citoyenneté L E.P.S. étant une discipline qui utilise différentes A.P.S.A., j ai préféré m intéresser plus particulièrement à des activités qui privilégient trois aspects fondamentaux de la citoyenneté : le respect de l autre, le respect de la règle et la sécurité des élèves. 1. Activité rugby Pourquoi le rugby? Tout d abord, la pratique du rugby dans la cour est à l origine du problème. De plus, l activité rugby est une activité de conquête de territoire qui nécessite des oppositions et des coopérations. Ce qui me paraît essentiel pour travailler la notion de citoyenneté (notions de partenaires et d adversaires). Un des problèmes fondamentaux de cette activité est la compréhension et l intégration des règles. Ce qui a pu être travaillé dans des situations de jeu par des phases d arrêt sur image et lors de la construction des règles de jeu Les principaux enjeux éducatifs de cette activité sont l intégration dans un projet collectif de gagne-terrain et le maintien de son intégrité physique (notion de partenaire et de sécurité). Durant le cycle rugby (6 séances) que j ai mis en place, j ai surtout cherché dans un premier temps à travailler la compréhension des règles (principalement de sécurité), puis le respect de l arbitre et des adversaires et enfin je me suis intéressée à la notion de partenaires. - 12 -

Mes choix pour la composition des équipes : Ayant une classe de cycle 3 avec 5 CE2, 8 CM1 et 7 CM2, j ai fait quatre équipes homogènes entre elles 2 à 2. C est à dire que durant tout le cycle rugby, les équipes sont restées fixes et les élèves ont toujours été confrontés à la même équipe, afin que les CM2 ne rencontrent pas les CE2. Par conséquent les élèves ont été regroupés sans affinité particulière. C est un choix qui me semble important pour éduquer à la citoyenneté. En effet, des élèves qui s apprécient n auront aucun mal à se respecter alors qu ils ont tout à apprendre s ils n ont pas l habitude d être ensemble ou même s ils ne s aiment pas. Toutefois, trop de facteurs négatifs réunis compromettent une bonne entente et une réussite du groupe. Ainsi, est-il préférable dans certains cas de privilégier les affinités, ou plutôt d éviter les associations négatives. C est ce que j ai fait en séparant les bons camarades et en séparant également les individualités fortes. Mes choix quant à l élaboration des règles : Voulant que ce soit les élèves qui élaborent les règles, j ai décidé pour la première séance de «découverte» de l activité de ne donner que les règles minimales du rugby. C est à dire : Les limites du terrain. (ce qui correspond en termes techniques à l espace de jeu des joueurs) Ne pas se faire mal. (ce qui correspond aux droits et devoirs des joueurs) Marquer derrière la ligne. (ce qui correspond à l espace de marque) J ai donc confronté deux équipes alors que les deux autres, qui ne jouaient pas, devaient observer pour expliquer ensuite aux autres le pourquoi d une nouvelle règle. A chaque séance, j ai trouvé nécessaire d orienter les recherches des observateurs afin qu ils ne se dispersent pas trop, qu ils ne regardent pas toujours la même chose et qu ils s en lassent. Pour la première séance, la consigne était centrée sur les difficultés rencontrées par les joueurs. - 13 -

La mise en place des règles avec les élèves : Le fait que ce soient les élèves-observateurs qui déterminent les comportements à risque et que ce soit dans une situation de jeu, les enfants prennent directement conscience du risque encouru. Et par la même, la nécessité d une règle qui interdise de tels comportements. De plus, lorsque c est l enseignant qui dit que ça ne va pas, tous les élèves écoutent sans rien dire. Pour eux, il s agit d un référent, d une personne ressource qui sait tout. Par conséquent, ils acceptent sans discuter. Tandis que si leurs pairs dénoncent les problèmes, il va pouvoir y avoir un débat à ce sujet. Les élèves vont chercher à comprendre pourquoi et les moyens d y remédier. Par conséquent, la règle est plus facilement acceptée et donc appliquée sans difficulté puisqu elle a été élaborée avec la participation de tous. Mes objectifs pour les deux premières séances étaient:?? Faire prendre conscience de la nécessité des règles et de l arbitrage pour le bon déroulement d un match de rugby.?? Aborder les différentes règles de cette A.P.S.A.et les adapter à notre pratique.?? Voir les difficultés des élèves pour mettre en place des apprentissages appropriés. Dès la première phase de jeu, un élève a bousculé une élève qui est tombée. D où une crise de larmes. Nous avons alors discuté du problème et nous avons décidé d une nouvelle règle : «Ne pas se bousculer» Les deux autres équipes ont alors pris place sur le terrain et les joueurs ont pris la place des observateurs ( le temps de se calmer les esprits!). Devant un regroupement systématique des joueurs autour du ballon (phénomène de la grappe!), nous avons arrêté le jeu pour faire observer aux joueurs tout l espace qui restait disponible et qui n était occupé par aucun d entre eux. Nous avons ajouté une nouvelle règle (même si elle ne fait pas parti des règles du rugby, elle nous a paru essentielle pour ne pas se faire mal) : «Il faut écarter le jeu» (Ce qui correspond à la règle du tenu : il faut libérer la balle lorsque l on est au sol ou lorsque l on est bloqué.) - 14 -

Dans ces deux équipes, il y avait de «gros gabarits», qui n hésitaient pas à soulever leurs camarades. Je suis alors intervenue pour ajouter une règle : «Ne pas porter» Les rôles ont été de nouveau échangés et un élève qui n arrivait pas à arrêter la progression de son adversaire, a eu la «bonne idée» de le plaquer au cou. D où la protestation des observateurs et de l élève plaqué. Ce qui a valu une nouvelle règle : «Il faut ceinturer en dessous de la ceinture» Avec explication du mot ceinturer qui n était pas connu par tous. Ces phases de verbalisation m ont semblé être une réussite, dans le sens où ce sont les élèves qui ont : Construit eux-mêmes les règles à respecter pour assurer la sécurité de tous. Expliqué pourquoi ces règles semblaient nécessaires à leurs yeux. La mise en pratique des règles établies et introduction de l arbitrage: Jusqu alors il n y avait aucun arbitrage, les règles du jeu étant élaborées au coup par coup et les problèmes observés entraînaient systématiquement la protestation des observateurs. Par contre durant la seconde séance, les élèves se sont aperçus de la nécessité d un arbitre pour faire respecter les règles établies. J ai refusé d être l arbitre afin de pouvoir orienter les observateurs sur les problèmes de jeu. Par contre le fait qu un élève soit arbitre a posé le problème du respect de l arbitrage. En effet, lorsque l enseignant arbitre, les élèves respectent plus facilement son jugement puisqu il est à leurs yeux un référent. Tandis que s il s agit d un camarade, on peut plus facilement mettre sa parole en doute. Ce qui nous a permis de travailler sur le respect des décisions de l arbitre. Lors de la première séance d arbitrage, nous avons repéré des arbitres qui n étaient pas respectés, des arbitres qui ne connaissaient pas les règles, des arbitres qui sifflaient tout doucement au cas où ils se seraient trompés. Du coup, les joueurs n ont pas écouté les arbitres de la même manière ni respecté leurs décisions. De retour en classe, nous avons déterminé quel était le rôle d un arbitre. Nous avons établi qu un arbitre doit : - 15 -

Etre impartial, c est à dire qu il ne doit pas aider ses copains et désavantager les autres. Connaître les règles du jeu. Etre sûr de lui et ne pas douter de ses décisions. Lors des phases de jeu, à chaque fois que je choisissais un arbitre, je lui demandais s il avait toutes ces qualités et les autres devaient être d accord. Par contre, en six séances, il est évident que tous les élèves n ont pas pu arbitrer. Puis nous avons établi ce que devaient faire les joueurs face aux décisions de l arbitre et nous avons décidé que, celui qui ne les respecteraient pas, sortirait immédiatement du terrain. J ai trouvé important que ce soit des élèves qui arbitrent car cela a permis de développer des compétences du point de vue de la citoyenneté. Les arbitres ont développé des compétences de confiance en soi, ils ont pris des responsabilités, ils étaient les garants du bon déroulement du match. Les joueurs ont appris à respecter le jugement d un pair (et donc son avis), à appliquer des règles de jeu (qui correspondent à des règles de vie). A l issue de ces deux premières séances, nous avons donc établi des règles du jeu et introduit le rôle de l arbitre ainsi que le respect de son jugement. Apprentissage du respect des autres : Durant ces séances, j ai observé la crainte de certains élèves à aller au contact de l autre tandis que les plus débrouillés gardaient la balle alors qu une passe aurait été préférable pour faire avancer le jeu. Pour la séance suivante, mes objectifs étaient : l acceptation du contact avec l autre le respect des règles établies Nous avons conservé les équipes de cinq et nous avons fait un jeu de 5 contre 5 où une équipe doit essayer de conserver le ballon tandis qu une autre doit se l approprier. Une - 16 -

équipe est regroupée autour du ballon tandis qu une autre doit s emparer du ballon pour l emmener hors des limites du terrain. Durant cette activité, les élèves qui restaient jusqu alors en retrait dans des situations de jeu global, ont été beaucoup plus actifs. Même si le fait d avoir les 20 élèves sur le terrain demande à l enseignant beaucoup d attention, le terrain permettant que tous les élèves puissent jouer et ne voyant pas l intérêt d une observation pour cette activité, les quatre équipes ont fait cette activité en même temps. Une deuxième situation a permis aux élèves de rattacher cette activité à l A.P.S. rugby. Durant celle-ci, les élèves devaient amener 5 ballons derrière la ligne d embut en traversant deux zones (la première avec 2 défenseurs, la seconde avec 3). Les élèves avaient le choix des solutions et tandis que certains choisissaient de franchir seul la zone des défenseurs, d autres s organisaient pour coopérer. Cette situation a été très intéressante car les élèves ont choisi des solutions qui fonctionnaient dans certains cas mais pas dans d autres. Les élèves observateurs ont alors pu indiquer aux joueurs si elles étaient pertinentes ou non. Après ces deux situations nous sommes revenus à une situation de jeu global. Nous avons pu observer que les élèves qui, dès qu ils avaient un adversaire en face lâchaient le ballon, acceptaient plus le contact. De plus, ils faisaient réellement des passes, ce n était plus du «lâcher de ballon». Par contre les élèves débrouillés (ceux qui faisaient déjà du rugby en club) ne se faisaient des passes qu entre eux, oubliant leurs partenaires. Ces situations ont aidé à la construction de la citoyenneté par le fait que les élèves ont dû prendre en compte l autre, faire attention à sa sécurité et ne pas la mettre en danger. Construction de la notion de partenaires : Les deux séances suivantes avaient pour objectifs la coopération et le respect des partenaires. Dans le but de faire observer aux élèves que tous les partenaires ne touchaient pas la balle de la même manière, j ai donné comme consigne aux observateurs de compter le nombre de fois où chacun avait la balle. Ils se sont aperçus que certains avaient constamment la balle, d autres très peu et quelques uns jamais. - 17 -

Pour pénaliser les élèves qui jouaient «perso» j ai dénaturé l activité en attribuant à chaque élève un nombre de points allant de 1 à 5 (5 points pour celui qui touchait le moins la balle, 1 pour celui qui l avait le plus souvent). Les élèves se sont donc organisés pour marquer le plus de points et donc pour que celui qui marque soit l élève qui apportait le plus de points. A partir de cette activité, les élèves observateurs, mais aussi les joueurs ont vu que si certains élèves touchaient rarement la balle cela venait de leur position par rapport au ballon. En effet, leurs partenaires ne pouvaient pas leurs faire la passe puisqu ils se situaient hors jeu par rapport au ballon. De ce fait, nous avons discuté de la manière dont on devait se positionner pour que l on puisse nous faire la passe. Cette situation s inscrit dans la construction de la citoyenneté par le fait que les élèves ont eu à faire des choix, à prendre des décisions au sein d une équipe, à accepter les partenaires en tant que joueurs à part entière. Ainsi, les élèves se sont rendus compte de l importance de jouer avec leurs coéquipiers et que seuls, ils ne pouvaient pas conquérir le territoire adverse. Evaluation du point de vue de la citoyenneté (sécurité, respect des règles, respect de l arbitre, des partenaires et adversaires) : La dernière séance a été une séance d évaluation où les observateurs notaient si tous les critères que nous avions établis étaient respectés ou non en situation de match. Chaque élève a pu ensuite dire ce qu il pensait des observations de son camarade. Nous avons ensuite repris toutes les fiches une par une et discuté des divergences et mis une note. Les critères retenus portaient sur les comportements par rapport aux règles établis, à l arbitre, aux partenaires et adversaires. Ces critères avaient été énoncés lors des phases de jeu et des observations, nous les avions revus en classe juste avant de partir sur le terrain. J en ai juste ajouté une qui consistait à savoir si les élèves avaient pris plaisir à jouer (cf annexe1). - 18 -

Cette séquence rugby ne comportant que six séances du fait de la durée du stage, il m a paru essentiel de suivre une classe afin d étayer mes recherches. J ai donc suivi une classe de CM2 d une école classée Z.E.P. où l enseignante menait une séquence acrosport. 2. Activité acrosport Problèmes de mise en route de l activité : Cette classe de C.M.2 a un public majoritairement magrébin avec une culture qui ne met pas sur un même pied d égalité les hommes et les femmes. C est pourquoi un premier travail sur l acceptation de l autre était très important. Durant les premières séances, l enseignante a surtout travaillé le contact avec les autres. En effet, les élèves ont du mal à accepter de toucher un camarade, de lui monter dessus pour effectuer une figure. D ailleurs, certains garçons refusaient de donner la main à une fille au début de la séquence. Ce premier travail touche tout particulièrement l éducation à la citoyenneté puisqu il s agit ici d accepter l autre en tant qu individu, d accepter ses différences (ici de sexe) et de le reconnaître en tant que partenaire. Et plus spécifiquement à l E.P.S., accepter le contact avec l autre. Travail par équipe : Ce projet a pour finalité une rencontre U.S.E.P. durant laquelle les élèves ont, par équipe, une fiche contrat à réaliser. (cf annexe 2) Cette fiche contrat comporte les figures imposées à réaliser pour lesquelles les élèves vont devoir se mettre d accord par équipe puisqu il y a des duos, des trios et des quatuors à réaliser. Ces équipes sont constituées de quatre ou cinq élèves. Pour cela, les élèves ont dû être critiques au sein même du groupe puisqu il a fallu choisir ceux qui réalisaient le mieux chaque figure. Ce moment a été particulièrement important : les élèves n ont pas forcément le tact pour dire les choses et accepter la critique n est pas toujours facile. Il y a donc eu des discussions très animées qui ont tout de même abouties. Et c est le plus important car même dans la vie d adulte, il n est pas toujours facile de se mettre d accord. - 19 -

Les élèves ont alors travaillé des compétences comme être à l écoute de l autre en prenant en compte ses propositions sans rejet systématique, avoir un esprit critique pour ne pas tout accepter mais aussi savoir argumenter pour convaincre ses camarades. De plus, le fait d avoir un contrat à respecter demande aux élèves de connaître et de respecter un code commun, de connaître et de respecter les exigences minimales de l enchaînement à réaliser. Pour ce qui est des figures libres, les élèves ont choisi ensemble des figures réalisables par tous, où au moins chacun avait un rôle. Cette activité permet de développer l esprit d équipe par la réalisation d un projet collectif. Les élèves ont un objectif commun qui les réunit et les fait avancer ensemble. Du coup, les élèves ont été amenés à s organiser, s entraider et définir des rôles au sein des groupes. Les figures en acrosport sont plus ou moins difficiles et comportent parfois des risques. C est pourquoi le rôle des pareurs était très important. Il a donc fallu faire prendre conscience des risques aux élèves afin qu ils soient attentifs à leur propre sécurité mais aussi à celle de leurs camarades. Les élèves devaient alors connaître et respecter les règles de sécurité individuelles et collectives. Mais aussi apprendre à protéger son partenaire lors de la montée et de la descente de la figure. Enchaînement musical : Cet enchaînement se fait avec toute la classe en musique. Il est nécessaire de se mettre d accord sur la musique. Pour cela, l enseignante a amené quelques extraits musicaux et a demandé aux élèves de choisir sur lequel ils voulaient évoluer. Devant la difficulté de se mettre d accord, pour départager les élèves, l enseignante a proposé de voter. Puis, il a fallu mettre en place les différentes figures et leur enchaînement. Pour cela, les élèves ont déjà vu et travaillé plusieurs figures lors de la préparation par équipe. Mais ils ont dû ensemble les choisir et déterminer les rôles de chacun. - 20 -

Pour la réalisation de l enchaînement, j ai pu observer des comportements très différents de ceux que j ai vu en classe. Comme la représentation était collective, si un enfant n arrivait pas à réaliser les figures, les autres seraient aussi pénalisés. Il y a donc eu un intérêt encore plus important pour observer les autres mais aussi pour venir en aide aux autres. Représentation et évaluation : Le jour de la représentation, les élèves sont par équipes autour d un tapis. Il y a quatre équipes par tapis et à tour de rôle les équipes vont évaluer celle qui passe. Ainsi chaque équipe va tenir les rôles d acteur, de spectateur mais aussi d évaluateur aidé par les barèmes (cf annexes 3-4-5). Un enseignant se trouve avec l équipe qui évalue pour faire expliciter les jugements et faire en sorte que l équipe se mette d accord sur les critères. De plus, il vérifie l impartialité de l équipe et régule son jugement s il est trop sévère car certains élèves ont déjà l esprit de compétition et sont de mauvaise foi. On apprend ainsi aux élèves à avoir un esprit critique et à argumenter leur point de vue. Cette séquence a demandé aux élèves d assumer différents statuts/ rôles : porteur (assurer la stabilité de la figure et la réception du voltigeur), voltigeur (gainer son corps pour être plus léger, anticiper la montée et la descente de la figure), pareur (protéger, aider, sécuriser le porteur et/ ou le voltigeur), observateur/ juge (donner un avis sur la prestation des autres groupes, repérer les mouvements parasites, identifier les figures de l enchaînement des autres). En plus des différentes compétences du point de vue de la citoyenneté qu il a permis de développer, ce projet avait également un but socialisant puisque le but final était une représentation, c est-à-dire la transmission d un message, d une impression, d une émotion aux spectateurs. - 21 -

Bilan 1. Avantages L enseignement en E.P.S. tout comme celui de l éducation civique doit éviter la répétition de l enseignement des «bonnes conduites» à avoir et doit, au contraire, amener l élève à les comprendre, à leur donner du sens, à les respecter, à les utiliser et aussi, à juger du respect des autres (arbitrage). Ainsi, l E.P.S. contribue à l éducation à la citoyenneté dans le sens du développement de l autonomie, du respect des règles, du respect d autrui, du jugement personnel et de la prise en compte de sa sécurité et de celle des autres. Les apprentissages ont pu être possibles en dépassant la simple présentation orale des règles. En effet, l élève, placé dans une situation active de recherche, où les règles à observer sont peu nombreuses, est susceptible de mieux accepter la règle et de mieux en saisir le sens que si elle avait été imposée par l enseignant. Dans l activité rugby, les règles ont été construites avec les enfants pendant les phases de jeu, de ce fait ils en voient concrètement l utilité. De plus, les élèves ont eu à prendre des responsabilités : les élèves qui observaient, ont arrêté les actions pour dénoncer les problèmes et la classe a alors dû se mettre d accord afin de résoudre ces problèmes. De même en acrosport, les élèves ont été mis dans des situations d échanger des propositions pour créer des figures. La nécessité de s accorder pour aboutir à un projet commun amène les élèves à s écouter, à se tolérer. Les règles de vie n ont pas été énoncées au départ et l enseignante n est intervenue que pour régler des litiges. Toutefois, une approche purement instructive et directive aurait pu aussi bien fonctionner. Si cela semble indiscutable pour les «bons élèves», il est malgré tout primordial de donner du sens à la règle pour permettre sa réelle intégration chez des élèves plus difficiles, en manque de repères, sans cadre de référence. Dans l activité acrosport, les élèves ont eu réellement le sentiment d appartenir à une équipe (tout particulièrement pour l enchaînement musical). Puisqu il s agit d une représentation, les élèves sont encore plus investis dans le projet. Ils font plus attention aux - 22 -

autres et cherchent par tous les moyens à ce que leurs camarades réussissent les figures. En effet, une élève qui perturbait souvent la classe en se moquant des autres, est allée proposer son aide à deux de ses camarades. Elle leur a expliqué ce qui leur posait problème puis elle leur a montré comment faire. Dans l activité rugby, les élèves ont appris à respecter l autre, en tant que coéquipier, mais aussi en tant qu adversaire et arbitre. Au début de la séquence, les «bons» joueurs prenaient le ballon et allaient en direction de la ligne d embut. Mais une fois bloqués, ils ne passaient jamais le ballon. Lors d une discussion sur le pourquoi de tels comportements, ils m ont répondu que les autres étaient «nuls» et qu ils faisaient perdre l équipe. En fin de séquence, ces mêmes élèves avouaient qu avec leurs coéquipiers ils arrivaient mieux à marquer que tout seul. Les élèves ont également acquis des connaissances culturelles sur les A.P.S.A. utilisées. En rugby, les élèves ont construit des règles qui correspondent pour la plupart à des règles officielles. De plus, le fait que ce soient les enfants qui les aient construites, elles ont été mieux retenues et plus facilement utilisées. Pour l acrosport, la plupart des élèves ne connaissaient pas cette activité. Ils ont appris que le langage du corps permet de transmettre des émotions au public, mais ont aussi appris que toutes les figures ne peuvent pas être réalisées si on est seul et que parfois on a besoin d une parade pour être sûr de ne pas se faire mal. Il s agit là d une notion de solidarité, on apprend à demander de l aide et on offre son aide aux autres. En associant les élèves à l arbitrage, on développe leur sens critique. En effet, ils apprennent à juger, à remettre en cause et doivent également justifier leur point de vue. Les enfants apprennent ainsi à ne pas tout accepter et à demander des explications si des choses ne leur conviennent pas. En acrosport, les équipes doivent respecter des fiches contrat qui leur impose des figures. Cela correspond, dans la vie d adulte, aux obligations auxquelles nous sommes tous confrontés. Les enfants sont ainsi obligés de respecter des contraintes. - 23 -

Pour ce qui est de l activité rugby, les élèves ont, pour une grande majorité, tous très bien réussi l évaluation. Dans la cour de récréation, les fille acceptaient de jouer avec les garçons et il y avait moins de crises de larmes. 2. Inconvénients et limites Par rapport au stage : La citoyenneté est une compétence transversale. Elle s acquiert sur du long terme et ce n est pas lors d un stage de trois semaines que j ai pu concrètement observer son évolution. Le fait de n avoir eu que six séances n a pas permis que tous les élèves puissent acquérir les différentes règles, les mettre réellement en pratique, ni que chacun passe à l arbitrage. De ce fait, il n est pas vraiment facile d observer l évolution de leurs comportements. En utilisant un dispositif avec des règles à établir, j espérais qu un éventuel transfert se ferait dans la cour de récréation ou même à l extérieur de l école. Malheureusement, je pense qu avec six séances, je ne peux avoir la prétention de tant pouvoir faire évoluer les comportements des élèves. De plus, même si changement il y a eu, rien ne m assure qu il durera et que l enfant ne changera pas de comportement une fois sorti de l école. Par rapport à l E.P.S. Au cours des séances d E.P.S. je pense que les notions de respect de la règle ont été acquises : les élèves ont pu donner du sens aux règles et donc en trouver l utilité. Lors des situations de jeu, les élèves connaissaient parfaitement les règles et les appliquaient. Par contre, je ne peux pas affirmer que dans la cour de récréation les comportements ont réellement changé. - 24 -

Pendant le cycle rugby, le fait d avoir une équipe d observateurs et une équipe de joueurs n a pas permis que tous les élèves puissent jouer en même temps et les temps d observation n étaient pas des temps de grande réjouissance et qu ils auraient sûrement préféré être sur le terrain. Quoi de plus difficile pour des élèves que de voir les autres s amuser alors que eux attendent leur tour. Le fait d avoir dans cette classe trois niveaux différents m a obligée à tenir compte des gabarit et donc à faire des équipes fixes de cinq joueurs. Cela pose un double problème : celui de la coopération. En effet, peut-on réellement parler de coopération dans une équipe de cinq joueurs? Je ne le pense pas. Même si les élèves doivent arriver à jouer ensemble, il est plus facile de se mettre d accord à cinq qu à dix. De plus, les équipes étant fixes durant les six séances, cela n a pas permis aux enfants de jouer avec d autres. Cela aurait permis de créer de nouvelles situations de mise en pratique de la collaboration au sein d une équipe. Par rapport à la citoyenneté : S il paraît tout à fait clair que la plupart des élèves ont pris goût à la prise d initiatives, cela ne veut pas dire que plus tard, ou dans un autre contexte, ils sauront le faire. Former des êtres responsables ne se fait pas en trois semaines, ni dans une seule discipline, ni même dans le seul milieu scolaire, mais cela demande un lourd investissement de la part des professeurs et même des familles sur plusieurs années. Ce constat nous amène à présent à nous interroger sur les limites de notre action dans l éducation à la citoyenneté. La citoyenneté n est pas une compétence quantifiable, il s agit plus de comportement à adopter que de règles à connaître. Car lorsque l on interroge les élèves sur leurs droits et leurs devoirs, on s aperçoit vite que la plupart les connaissent. Par contre, de là à les appliquer Combien de fois demande-t-on à un élève : «As-tu le droit de faire ça?» Et il nous répond : «non» alors qu il vient d être pris en flagrant délit! Dans ces activités, nous avons établi ou observé les règles puis nous avons appris à les respecter. Dans la vie de tous les jours, les règles à respecter sont sous-jacentes mais pas très explicites pour des enfants. Lorsque l on dit que «la liberté s arrête là où commence celle des autres» à des élèves, il faut avant tout se demander s ils sont capables de - 25 -

comprendre. Dans le monde d aujourd hui, les enfants ont de moins en moins de repères. Les foyers monoparentaux leur autorisent de plus en plus de liberté et souvent les notions de citoyenneté que leur enseigne leurs professeurs sont en décalage avec celles de leurs parents. - 26 -

Conclusion La citoyenneté est une notion qui ne s enseigne pas mais qui se construit. En effet, il n est pas possible d imaginer un enseignant qui énoncerait toutes les règles de savoir être à ses élèves et leur demanderait de les connaître par cœur. Les enfant doivent vivre des moments où ils peuvent trouver l utilité de règles et comprendre la notion de respect. L école est le lieu où ils vivent le plus grand nombre de situations de vie en collectivité. Combien de conflits éclatent dans la cour de récréation et sont réglés en classe! Ce n est pas seulement en vivant collectivement que les élèves en tirent un enseignement. Il faut également un retour réflexif sur les événements qui, avec l aide de l enseignant, va leur permettre de prendre conscience qu il faut instaurer un code commun qui permette d éviter les conflits. Devenir citoyen est une tâche difficile qui demande à l enfant de prendre en compte les autres et son environnement. C est pourquoi le rôle de son entourage est primordial et plus particulièrement celui de l enseignant : à lui d utiliser les activités de classe comme situations d apprentissage. L Education Physique et Sportive est une discipline où l élève est plus naturellement acteur de ses apprentissages car il s engage spontanément dans les activités qui lui sont proposées. De plus, toutes ces Activités Physiques Sportives et Artistiques le confrontent à des règles qu il doit respecter. Ainsi, je peux dire que durant mon stage les enfants ont compris la nécessité d un règlement pour jouer au rugby. Le fait de l avoir établi ensemble, a permis de le mettre en pratique plus facilement. Par contre, si le respect des autres et des règles a été existant lors des phases de jeu, il l a été moins dans la cour de récréation : même si les filles jouaient avec les - 27 -

garçons, on a pu observer de grandes bousculades et des exclusions de certains enfants qui n étaient, soit disant, «pas bons». C est pourquoi, je pense que la citoyenneté ne se construit pas en trois semaines. Ma contribution aura peut-être permis aux élèves de prendre conscience qu il faut respecter les autres et les règles. Mais je ne suis pas sûre qu aujourd hui ils s en souviennent encore. De plus, si c est le cas, mettent-ils en pratique ce qu ils ont appris? Mais je ne m arrêterai pas sur une vision pessimiste des choses. L enfant apprend tout au long de sa scolarité à devenir citoyen. C est pourquoi lui apprendre à observer la nécessité de règles, à en créer et à les mettre en pratique m a semblé et me semble plus que jamais essentiel pour son éducation à la citoyenneté. - 28 -

Bibliographie Ouvrages : A.HEBRARD L E.P.S., Réflexions et perspectives. P. PARLEBAS Jeux, sports et sociètés. (INSEP 1999) SENERS La leçon d E.P.S..(collection sport + enseignement 1993) Articles de périodiques : C. CREMIEUX La citoyenneté et l école. Aeeps de Grenoble janvier 1999. Revue Hyper E.P.S. n 209. C.R.U.I.S.E. A quoi sert l éducation physique et sportive? Dossiers E.P.S. N 29. J.M. DEROUEN Education civique Education physique. Revue E.P.S.1 n 71 (1995). Equipe pédagogique du collège E.Galois E.P.S. et Education à la citoyenneté. Revue E.P.S. (1997) C. GELLENS-VINCENT La règle, de la frustration au besoin, un exemple en E.P.S. Aeeps de Grenoble 2002. Revue hyper E.P.S. n 219. A.M. HAVAGE ET J.L. BEQUIGNON Pour une contribution de l E.P.S. à l éducation à la citoyenneté. Revue E.P.S. n 278 (1999) C. LELIEVRE A propos de l école française. Revue E.P.S.1 n 93 (1999) V. LORIUS E.P.S. et compétences transversales. Revue E.P.S.1 n 95 (1999) Interventions de M. VOLODAT ET DE J.A. MEARD En quoi l éducation physique et sportive dans l école contribue-t-elle à la formation du citoyen? Congrès Aeeps d octobre 2000. Revue Hyper E.P.S n 206. Documents du ministère : Qu apprend-on à l école élémentaire? Programmes du 14 février 2002. - 29 -

Sommaire des annexes Annexe 1 1 Annexe 2 2-30 -

Annexe 1 Evaluation rugby Ne fait pas mal Ceinture en dessous de la ceinture Ecarte le jeu Ne porte pas Ne bouscule pas Ne joue pas personnel Respecte l arbitre Ecoute l arbitre Respecte ses partenaires Fait des passes adaptées Respecte ses adversaires Fait la passe en arrière Se place par rapport au ballon Lâche le ballon lorsqu il est à terre Ne sort pas du terrain Aplatit le ballon pour marquer S amuse Observateur Ce que pense le joueur observé Nom de l élève : Nom de l observateur : Note sur 20 : - 1 -

Annexe 2-2 -