Mise en place d'un chantier de bois de chauffage Le bois énergie constitue un débouché important de la filière bois. Il permet en effet de valoriser facilement des bois ne présentant pas les caractéristiques nécessaires à un autre usage (menuiserie, charpente...). Sa production peut-être maîtrisée par le propriétaire agricole-forestier de la plantation de l'arbre jusqu'à la vente. Cette fiche a pour but de donner les premiers éléments permettant au propriétaire forestier d'aborder la problématique de la production et la vente de bois énergie. 1. Le bois énergie, une diversité de produits : - Le bois bûche : Le bois bûche se présente sous la forme d'un quartier de bois ou d'un rondin d'une longueur et d'un diamètre variable. L'unité employée pour la quantification du bois bûche est la stère (1 m 3 = 1mx1mx1m apparent de bois-bûche d'une longueur de 1m). Les essences les plus recherchées sont le chêne, le hêtre et le charme désignées sous le terme de bois dur. Elles offrent une longue durée de combustion et une plus grande facilité de conservation que les autres essences à bois tendre. Il constitue le produit bois énergie dont la fabrication est la plus simple. L'usage en est encore très répandu dans les habitations individuelles ce qui en fait un produit facilement commercialisable - La plaquette forestière : La plaquette forestière est constituée de bois déchiqueté de petite taille (3cm*2cm*1cm). L'unité employée pour quantifier les plaquettes est le mètre cube apparent de plaquette (MAP). Toutefois, l'achat des plaquettes peut également se faire en fonction de son pouvoir calorifique, il sera fait référence à une unité énergétique : le Kilowatt/heure (Kwh). La plaquette forestière est essentiellement caractérisée par son taux d'humidité et sa granulométrie. Toutes les essences peuvent être employées aussi bien feuillues que résineuses même si certains mélanges sont privilégiés. L'alimentation de chaudières privées, utilisées pour chauffer ses propres installations à moindre coût ; ou la mise en place de l'approvisionnement régulier d'une chaudière (client régulier et stable) constituent actuellement les principaux atouts et débouchés de la plaquette forestière. La plaquette forestière, que ce soit pour le stockage ou le sèchage, doit être maintenue dans un endroit sec et protégé des intempéries. Elle peut, par exemple, être stockée à l'abri d'un hangar avec une dalle en béton.
- Les produits compressés : le pellet et la briquette Ces produits sont constitués de sciure de bois compressé sous forme de brique (briquette) ou de petit cylindre (pellet). Les briquettes peuvent être employées dans une chaudière à bûche classique avec un fort rendement tandis que le pellet sera employé pour des chaudières spécifiques. Ces produits étant réalisés à partir de sciure, le producteur forestier ne peut être immédiatement intéressé par leur production. De plus, leur fabrication nécessite un matériel spécialisé couteux. Pour ces différentes raisons, la mise en place d'une telle filière ne sera pas développée dans la suite du document. 2. Production et vente du bois bûche Suivant le temps et le matériel dont dispose le propriétaire agricole-forestier, différentes possibilités s'offrent à lui. Ces différentes perspectives sont évoquées dans les paragraphes qui suivent. - La vente de bois sur pied Le propriétaire agricole-forestier n'a que peu de temps disponible à la gestion de ses bois et ne souhaite pas s'impliquer d'avantage. Toutefois, il décide d'y réaliser des travaux pour l'améliorer et la valoriser. Opérations à mener : Le propriétaire cherche le professionnel ou le particulier qui réalisera l'intervention chez lui. Il pourra se tourner vers une coopérative forestière, un entrepreneur de travaux forestiers, un exploitant ou un particulier. Cette démarche est valable pour toutes les qualités de bois (bois énergie, bois d œuvre, bois d'industrie...). Remarque (1) : la potentialité de ses bois Avant de réaliser une opération sylvicole, le propriétaire forestier doit avant tout évaluer le potentiel de ses bois. Cette opération a pour but de déterminer quelles sont les interventions à mener dans le peuplement : coupe rase, coupe par bande, éclaircie, élagage, plantation... Elle permettra également d'identifier quelles sont les potentialités en terme de qualité que peut fournir le peuplement (bois d'oeuvre, bois énergie...). Remarque (2): la levée de présomption de salariat Il est important de prévenir de toute présomption de salariat par rapport à la personne qui exploite les bois. Concernant le bois de chauffage, un contrat de vente des bois entre le propriétaire et la personne exploitant les bois est nécessaire. S'il n'effectue pas ce préalable, le propriétaire forestier est considéré comme employeur avec toutes les conséquences que cela peut avoir (responsabilité en cas d'accident, travail non déclaré...). Attention : La cession d une coupe au tier ou au demi ne lève pas la présomption de salariat. Il convient de rédiger un contrat de vente en bonne et due forme définissant clairement les règles de la vente. La vente du bois doit se faire avec une réelle contrepartie financière facilement contrôlable (exemple : le chèque). Remarque (3) : le regroupement de petits propriétaires de bois L'intervention d'un exploitant forestier ne peut être déclenchée pour l'exploitation de petits volumes de bois (coût de mobilisation de moyens matériels et humains important). Il est donc conseillé pour le propriétaire de petites surfaces de bois de se regrouper avec d'autres propriétaires forestiers pour une telle opération.
- La vente de bois bord de route Le propriétaire forestier a du temps à consacrer à sa forêt. Il possède l'expérience et le matériel nécessaire à l'exploitation des bois. Opérations à mener : Les opérations à mener sont différentes suivant le type de peuplement : Coupe rase : le peuplement ne présente pas de possibilité d'amélioration. L'ensemble des arbres du peuplement sont exploités, aucun marquage préalable n'est nécessaire. Coupe par bande : le peuplement ne présente pas de possibilité d'amélioration. Le propriétaire ne souhaite pas couper l'ensemble de la parcelle. Il est nécessaire de réaliser le marquage des bandes avant l'exploitation (en général les bandes ont une largeur égale à la moitie de la hauteur du peuplement Coupe d'éclaircie : le peuplement est améliorable. Il est tout d'abord nécessaire de sélectionner et marquer les arbres d'avenir puis de couper les arbres qui empêchent leur bonne croissance. Le propriétaire forestier empile ensuite le bois en bord de route et invite les clients qu'il aura préalablement contacté à venir chercher le bois sur place. Remarque (1) : le prix de vente du bois Le prix de vente du bois de chauffage peut-être variable. Il est ainsi possible de constater une grande différence entre les essences, les dimensions, la livraison. La vente de bois bord de route est une pratique plutôt rare. En effet, le propriétaire agricole-forestier préférera une vente à domicile de ses bois ce qui lui permettra un meilleur contrôle. Remarque (2): la sécurité Les risques liés à l'exploitation sont réels. Il est donc conseillé, avant d'effectuer des coupes, de suivre une formation sur la sécurité et les techniques d'abbatage en forêt. Remarque (3) : les bornes des parcelles La limite des parcelles forestières ne sont pas aisées à définir. Il est donc nécessaire, avant toute exploitation, d'établir les limites des parcelles à exploiter avec les propriétaires voisins. Il est conseillé de faire usage de tous les moyens à la disposition du propriétaire pour retrouver ces limites (cadastre, borne, cormier, fossé, GPS...). Temps de travail (à titre indicatif) : Temps de travail bûcheronnage+débardage : 2h/stère Temps de transport jusqu'à plateforme de vente (domicile du propriétaire) : variable (fonction du matériel et de la distance). La vente de bois bûche livré Le propriétaire souhaite s'engager sur toutes les opérations liées à la production de bois de chauffage. Il possède le temps, les connaissances et le matériel nécessaire à toutes les opérations.
Opérations à mener : En plus des opérations d'abbatage et de débardage des bois, le propriétaire réalisera (en fonction des conditions de vente et de la demande du client) une remise à dimension des bûche ainsi que la livraison des bois. Les dimensions de recoupe les plus communes sont 0,5m, 0,33m et 0,25m. Une stère de bois (bois d'un mètre de long) présentera un volume apparent moindre lorsqu'il sera recoupé en 0,5m ou 0,33m. Remarque (1) : les ruptures de charge Le transport de la marchandise peut représenter un coût important pour le vendeur. Ainsi, à chaque chargement-déchargement, le vendeur doit intégrer une baisse de revenu. Il est donc important de les limiter pour permettre un meilleur rendement en temps et en argent. Temps de travail (à titre indicatif) : Temps de travail bûcheronnage+débardage : 2h/stère Temps de travail remise à dimension-livraison : variable (fonction du matériel et de la distance) 3. Production et vente de plaquette forestière Le propriétaire agricole forestier souhaite diversifier ses revenus ou mettre en place une chaudière à plaquette pour chauffer sa propriété qu'il pourra alimenter lui même. Opérations à mener : La ressource en bois servant à la réalisation de la plaquette peut avoir plusieurs origine : rémanents de coupe, fonds de coupe (bois abandonné sur la parcelle) ou entretien des haies. Le prix de vente ne permet pas de déclencher une coupe (coupe d'éclaircie ou coupe rase) pour la production exclusive de la plaquette : la plaquette forestière reste un produit secondaire de l'exploitation. Le temps de travail varie en fonction de plusieurs paramètres. En effet, pour l'obtention d'un nombre de MAP égal, broyer de petites sections sera plus long que d'employer de plus grosses sections de bois. Le matériel a également un impact, plus la déchiqueteuse sera importante, plus elle aura un rendement élevé et plus la ressource nécessaire à son alimentation devra être importante. Il est nécessaire de dimensionner la déchiqueteuse à la ressource en bois. Il n'est pas utile d'investir dans un modèle très puissant s'il n'est mobilisé qu'un tiers de l'année. Une fois la ressource définie, il s'agit de l'exploiter (si ce n'est pas déjà fait) et surtout de la broyer. Pour l'agriculteur, la solution la plus simple consiste à adhérer à une CUMA qui possède un broyeur. Ce dernier sera mis à disposition de l'agriculteur qui pourra l'employer à déchiqueter de la plaquette moyennant le prix de la location. Elle devra ensuite être séchée quelques mois dans un hangar afin d'en diminuer l'humidité. La plaquette forestière ainsi séchée pourra ensuite être livrée. Remarques (1) : La production de plaquette forestière ne rémunère à l'heure actuelle que très peu le bois. Le principal intérêt d'une telle production réside essentiellement dans la possibilité d'alimenter soit même sa chaudière bois et de pouvoir ainsi chauffer sa propre installation. Toutefois, le développement du marché de la plaquette forestière pourrait représenter une opportunité pour le propriétaire qui souhaite se positionner sur ce marché, il pourrait ainsi développer une activité annexe à son activité principale.
Remarques (2) : L'utilisation des rémanents de coupe peut impacter sur la fertilité de la parcelle. En effet, les branches contiennent une quantité importante d'éléments minéraux qui par leur dégradation naturelle, permet un enrichissement des sols après exploitation. Si ces éléments sont employés pour la production de plaquette forestière, une partie des éléments minéraux qui devrait retourner au sol ne le pourront pas ce qui impliquera une baisse de la fertilité des sols. 4. La fiscalité forestière - L'impôt sur le revenu L'impôt sur le revenu est basé sur la valeur forfaitaire du revenu cadastral et non sur les ventes de bois effectuées. Cette valeur forfaitaire est à déclarer tous les ans. Outre cette valeur, le propriétaire forestier n'a pas à déclarer d'autres sommes - La TVA Le propriétaire forestier est assujeti à la TVA en fonction de son statut (agriculteur ou non) et en fonction de l'état de transformation des bois. Pour plus d'informations, veuillez consulter le site de l'ofme : Règles sociales et fiscales pour un agriculteur travaillant dans son propre bois : http://www.ofme.org/crpf/documents/fiches/635811.pdf Règles sociales et fiscales pour un propriétaire forestier non agriculteur : http://www.ofme.org/crpf/documents/fiches/635812.pdf - La CVO La Contribution Volontaire Obligatoire est une cotisation demandée aux propriétaires forestiers pour financer des actions d'intérêt collectif (promotion de la filière, suivi de l'activité et des marchés, développement technique...). Elle représente les proportions suivantes sur le montant des ventes hors-taxe : bois sur pied : 0,50% bois bord de route : 0,33% bois rendus usine : 0,25% Elle peut être payé par le propriétaire agricole-forestier directement ou dans certains cas l'acheteur (démarche mise en place par les coopératives forestières par exemple) qui la déduira du prix d'achat des bois. 5. Conclusion La production et vente de bois énergie présentent des intérêts non négligeables pour le propriétaire. Il convient toutefois d'adapter ces productions à ses besoins et se poser les bonnes questions : De quel ressource bois je dispose? De quel temps je dispose? Quel est le matériel dont je dispose? Quel est l'investissement que je peux faire? Quel est le matériel que je peux acquérir ou louer?
Quelles sont mes connaissances sur l'exploitation? Sur la forêt? En répondant à ces différentes questions, il est possible d'esquisser le projet qui vous sera le plus adapté. Quelques conseils et recherches supplémentaires vous permettront de mettre au point votre projet. Il ne restera plus qu'à le mettre en œuvre.