L adolescent et le patrimoine



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Intervention de Jean-Claude QUENTEL dans le cadre de la journée Coup de jeune sur la patrimoine organisée le vendredi 15 novembre 2013 aux Champs Libres, à Rennes, par le Conseil régional de Bretagne. Psychologue clinicien, Professeur en Sciences du Langage à l Université Rennes 2, Jean-Claude Quentel a notamment publié L enfant. Problème de genèse et d histoire et Le parent. Responsabilité et culpabilité en question. D abord psychologue clinicien, j ai travaillé comme psychologue durant vingt ans auprès d enfants et d ados dits à problèmes, c est-à-dire ayant de grosses difficultés. Puis je suis devenu Professeur d Université à Rennes 2, pas en Psychologie mais en Sciences du langage. Une rencontre a été décisive pour moi, celle de Jean Gagnepain, grand Professeur qui a fait toute sa carrière à Rennes et qui a marqué, au-delà de moi, des générations d étudiants. Je voudrais développer deux thèmes essentiels, deux thèmes liés. D abord le thème de l adolescent et de sa spécificité, notamment par rapport à l enfant. Ensuite, de manière plus précise, j aborderai le thème de la transmission à propos de l ado et de la jeunesse. A chaque fois, je viserai à expliquer, c est-à-dire à faire émerger des processus, un fonctionnement en oeuvre chez l adolescent ou le jeune. Ce qui veut dire que je ne me contenterai pas de décrire, je ferai ressortir les enjeux profonds. Pour des raisons de clarté et de temps, mon propos sera scandé à chaque fois en quatre points, trois fois quatre points pour chacun des deux thèmes. I - L adolescent et sa spécificité Je vais résumer ici une problématique qui mériterait un plus long développement. Au sujet de l adolescent 1.1 - Adolescence et physiologie Il ne faut pas confondre l adolescence et la puberté. L adolescence n est pas un phénomène naturel mais une construction sociale. L adolescence est une réalité proprement humaine, à la fois physiologique et sociale. La puberté conditionne physiologiquement l adolescence mais l adolescence n est pas explicable en termes de physiologie. Elle suppose un fonctionnement dont les lois échappent à la physiologie. 1.2 - L invention de l adolescence L adolescence n est pas un phénomène universel, contrairement à la puberté. C est une création de nos sociétés occidentales. On ne le sait pas assez. C est lié à l évolution, à la complexification de nos sociétés, tout simplement, et notamment au recul de l âge de la fin de la scolarité obligatoire. Chez nous, elle date du vingtième siècle, et même surtout de l après-guerre 39-45. C est là qu on a assisté à un phénomène de démocratisation, si l on peut dire, de l adolescence. 1.3 - La sortie de l enfance Sous l adolescence se fait jour un aspect qui, lui, est général et qu on retrouve partout, que toutes les sociétés rencontrent et qui est la question de la sortie de l enfance. Ça, c est le problème essentiel. Dans d autres sociétés, vous le savez peut-être, ça se marque par des rites initiatiques, je ne vais pas insister sur ce point-là. 1.4 - La découverte de l autre L adolescence est également marquée par une poussée pulsionnelle particulière, la possibilité nouvelle qui est donnée à l adolescent de procréer, ce qu on appelle la génitalité. C est, du coup, la vraie découverte de l autre. La découverte, la rencontre de l autre sexué. Coup de jeune sur la patrimoine / Conseil Régional de Bretagne - Jean-Claude Quentel - 1

Les processus essentiels de l adolescence 2.1 - Une rupture avec l enfance L adolescent rompt avec l enfance, il rompt avec l enfant qu il était. Mais il ne rompt pas une fois pour toute avec l enfance. Il la gardera même en lui jusqu à la fin de sa vie. Nous la gardons tous en nous, notre enfance. 2.2 - Vers une indépendance Rompant avec l enfance, il quitte un état qui était marqué par une dépendance foncière vis-à-vis d autrui. C est dit un peu rapidement, mais l enfant ne peut être, du point de vue des processus, ni autonome, ni responsable. C est d ailleurs pour ça qu on agit pour qu il le devienne, quand il en sera capable. 2.3 - La découverte d un nouveau monde L adolescent, en rompant avec l enfance, meurt à l enfance en lui. Ça, c est la formule employée depuis très longtemps. Il se trouve, en quelque sorte, divisé vis-à-vis de lui-même. Il ne se reconnaît plus lui-même. Il ne maîtrise pas ce qui se passe en lui, d une certaine manière. Ce qu il vit est pour lui inquiétant, c est source d angoisse possible, mais c est aussi à la fois fabuleux, parce que c est un monde nouveau qui s ouvre à lui. Ce qui n était pas le cas de l enfance. 2.4 - Une vision du monde Plus exactement, l adolescent voit le monde différemment. Et c est ça qui nous importe ici. Se vivant comme différent de ce qu il était, et en même temps des autres auxquels il a affaire, il éprouve sa singularité. La singularité que nous éprouvons tous aussi, d ailleurs. Et il la met à l épreuve. C est là, véritablement, la source de sa nouvelle créativité. Conclusion sur l adolescent avant de passer au point suivant : l adolescent vit en lui un processus totalement nouveau, qu il découvre en sortant de l état d enfance. Conclusions à propos de l adolescent 3.1 - De nouvelles perspectives L adolescent vit en lui un processus totalement nouveau, qu il découvre en sortant de l état d enfance. D une certaine manière, c est ça qu il faut comprendre aussi de l adolescence, c est que ça le dépasse. L adolescent ne comprend pas bien ce qui lui arrive mais en même temps ça lui ouvre de toutes autres perspectives que lorsqu il était enfant. 3.2 - L émergence d un point de vue Enfant, il était déjà créatif mais autrement, pas dans le même registre. L adolescent se découvre capable d affirmer un point de vue, un point de vue qu il est capable de soutenir et qu il oppose aux autres. Il devient, on peut le dire, auteur de ses propos et de ses créations, au sens où il les marque de son empreinte et il les assume en personne. Ce qui n était pas le cas de l enfant. 3.3 - L affirmation de sa singularité C est donc ce que nous retiendrons d abord et avant tout : l adolescent fait jouer sa singularité et ça se voit. Vous le savez bien, l adolescent, c est celui qui prend des positions originales dans quasiment tous les domaines. Il affirme, tout simplement, sa singularité et sa créativité. 3.4 - Différence entre adolescence et jeunesse Je n ai parlé que de l adolescent jusque-là. Est-ce qu il y a une différence entre le jeune et l adolescent? Ça c est une question très controversée, y compris chez les spécialistes. La jeunesse, vous le savez, elle irait chez nous jusqu à trente ans. Donc on est jeune très tardivement. L adolescence est un état d irresponsabilité imposé par la société. On fait de l adolescent un enfant, on fait comme s il en était toujours un. Vous savez, les droits de l enfant vont jusqu à dix-huit ans, etc. On parle de jeunesse, aujourd hui, pour celui qui n a pas encore pris toutes ses responsabilités, toutes les responsabilités qu on appelle un état d adulte, un état très relatif. Coup de jeune sur la patrimoine / Conseil Régional de Bretagne - Jean-Claude Quentel - 2

Voilà pour l adolescent et le jeune, je passe maintenant à la question de la transmission. II - La transmission La question de la transmission est en lien étroit avec le premier point. Je vais également aborder ce thème en trois fois quatre points. Imprégnation 1.1- Accumulation Confronté à du nouveau, l enfant, lui, apprend. Toutefois, l enfant ne peut pas véritablement transformer ce qu on lui donne à apprendre. Il modifie son stock, il stocke, il cumule des usages. Mais on ne trouve pas chez l enfant d écarts notables par rapport au modèle. L adulte constitue pour lui un modèle identificatoire. Vous connaissez tous l expression, même si vous n avez pas fait psycho. 1.2 - Conformation au modèle Confronté à une situation nouvelle, l adulte - et l ado, du coup - opère de même, la plupart du temps. Il apprend comme l enfant, en faisant jouer les mêmes processus. Du moins, en un premier temps, il essaie de se conformer au modèle, il tente de reproduire ce qui est devant lui. 1.3 - Reproduction On peut alors parler de reproduction, au sens d une répétition. Une reproduction sans modification foncière. Le modèle peut être plus ou moins bien imité, mais il n est pas fondamentalement transformé. Le but, c est de reproduire, si possible à l identique. 1.4 - Imprégnation Jean Gagnepain, que j évoquais tout-à-l heure, a proposé de parler ici d'imprégnation. On s imprègne. L enfant ne peut pas faire autre chose que cela, il s imprègne des usages, il s imprègne de la Loi, comme disait Jean Gagnepain. L enfant essaie simplement de se conformer, de se conformer aux usages. Je ne vais pas donner trop dans la littérature, mais un auteur comme Bourdieu parle également d habitus, c est à peu près la même chose. Appropriation 2.1 - Appropriation Là où l enfant ne peut faire que s imprégner, l adolescent va faire preuve d une autre capacité. Lui, il va faire sien ce dont il s est imprégné. Et il va le transformer. Il va le mettre, comme on le dit vulgairement, à sa sauce. Il va s approprier et ne pas s en tenir simplement à la reproduction. 2.2 - Altération S approprier, c est transformer, c est déformer, c est altérer le modèle dont on s inspire. Vous savez, étymologiquement altérer vient du latin. Ça fait sérieux, n est-ce-pas... Alter, c est l autre en latin. Altérer, c est rendre autre. Il s agit pour lui de faire fructifier, à sa façon, l héritage en en faisant son affaire. S approprier, ça n est donc pas rester fidèle au modèle au sens d une reproduction en l état. 2.3 - Historicisation En revanche, s approprier c est transmettre. C est transmettre, au sens de faire vivre. S'approprier, c est inscrire ce dont on hérite dans sa propre histoire. C est faire vivre dans son histoire, donc dans de l histoire. C'est donc historiciser. C est mettre au goût du jour, si je puis dire, ce qui nous vient d autrui, et notamment de la génération précédente. 2.4 - Inscription du patrimoine dans l histoire L adolescent, et le jeune plus généralement, vient prendre place dans la suite des générations. Il le fait en s appropriant ce qu on a mis à sa disposition, ce dont on l a nourrit. Il fait vivre le patrimoine au sens où il ne l a pas fossilisé. C est un grand débat parmi les spécialistes du patrimoine : Coup de jeune sur la patrimoine / Conseil Régional de Bretagne - Jean-Claude Quentel - 3

Comment ne pas fossiliser le patrimoine? L adolescent, précisément, ne le fait pas. Il ne le fossilise pas, il l inscrit à travers lui, à partir de lui, dans de l histoire. J en viens à conclure, avec une conclusion en quatre points également. Conclusions à propos de la transmission 3.1 - Nécessité de la transformation Il existe deux façons de transmettre, non exclusives l une de l autre. Ça c est important. Les deux sont nécessaires. Pas seulement la première. Se contenter de répéter en l état serait en définitive tout simplement mortifère. Il faut transmettre. Il n est pas possible de ne pas transmettre. Nous connaissons actuellement un débat, notamment à propos du rôle de l école - même si c est un débat un peu plus large - qui voit certains fustiger la transmission, qu ils assimilent à la stricte répétition. C est très réducteur comme manière de poser les choses. Tout nous vient toujours d autrui, que vous le vouliez ou non. On ne créé jamais rien ex-nihilo. C est du latin, là encore, ça veut simplement dire : à partir de rien. On ne créé jamais ex-nihilo, donc tout nous vient d autrui, mais nous transformons. Nous ne sommes pas des espèces de relais, au sens de relais hertziens : nous sommes tous des héritiers et nous avons à notre tour la responsabilité d inscrire cet héritage dans de l histoire. 3.2 - Faire avec le patrimoine Cela, c est vrai pour l ensemble du patrimoine, quel qu en soit le contenu. Comme nous sommes toujours de quelque part, même si nous avons des origines multiples, nous sommes de quelque part. Nous faisons nécessairement - il n est pas possible de faire autrement - avec un patrimoine, c est-à-dire finalement des usages, des traces humaines tout simplement, dont nous héritons et que nous prenons en charge toujours à notre façon. 3.3 - Le rapport des jeunes au patrimoine L adolescent, et le jeune, peut donner l illusion premier qu il n entre pas du tout dans ce type de processus. C est important, ça. C est un peu particulier le rapport du jeune au patrimoine, comme dirait le sociologue. Le patrimoine est un terme qui ne fait pas partie encore de leur bagage linguistique. J allais dire de leur patrimoine... C est toutefois une illusion. C est une illusion qui se nourrit du fait que l adolescent s oppose d abord et avant tout. Vous connaissez tous la formule : Il se pose en s'opposant, c est-à-dire qu il vient marquer sa singularité. C est pour lui la première façon de marquer sa différence. L adolescent se cherche. Il ne s est pas encore trouvé. D ailleurs, quand est-ce qu on se trouve véritablement? A mon âge, peut-être? Mais c est pas encore sûr, n est-cepas... En somme, l adolescent et le jeune n ont pas encore conscience des enjeux dans lesquels ils se trouvent nécessairement pris... et qui l a, cette conscience? Après tout, il faudrait voir... 3.4 - Faire confiance à la jeunesse Il faut, et c est un appel, faire confiance à la jeunesse. Même s il faut l aider... et il faut l aider de ce point de vue-là, il faut l aider et lui fournir les points de repère. Ce qui se joue, du point de vue de la transmission, à l adolescence, et durant la jeunesse, est tout-à-fait exemplaire. Exemplaire parce que c est vraiment le point de départ de toute transmission. C est là que ça démarre. C est là que se mettent en oeuvre les processus qui vont faire vivre l héritage. En définitive, et je conclus véritablement là-dessus, il faut la laisser créer, cette jeunesse à laquelle nous avons affaire. Je vous remercie de votre attention. Jean-Claude Quentel, Rennes, 15 novembre 2013 [Transcription : Thierry Lefort] Eléments de bibliographie Ouvrages Jean-Claude Quentel, L enfant. Problèmes de genèse et d histoire, collection Raisonnances, éditions De Boeck Université, Bruxelles, 1993, 2ème édition 1997. Coup de jeune sur la patrimoine / Conseil Régional de Bretagne - Jean-Claude Quentel - 4

Jean-Claude Quentel, Le parent. Responsabilité et culpabilité en question, collection Raisonnances, éditions De Boeck Université, Bruxelles, 2001. Jean-Claude Quentel, Les fondements des sciences humaines, éditions Erès, 2007. Opuscules Jean-Claude Quentel, L enfant n est pas une personne, édition numérique Yapaka, Belgique. Téléchargement (format PDF ou epub) : http://www.yapaka.be/professionnels/livre/lenfant-nest-pas-une-personne Jean-Claude Quentel, L'adolescence aux marges du social, édition numérique Yapaka, Belgique. Téléchargement (format PDF ou epub) ; http://www.yapaka.be/livre/ladolescence-aux-marges-du-social Site web http://www.jc.quentel.com/ Coup de jeune sur la patrimoine / Conseil Régional de Bretagne - Jean-Claude Quentel - 5