Les dispositifs d écoute de la souffrance psychique des jeunes. Etat des lieux des ressources en région Rhône- Alpes



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Les dispositifs d écoute de la souffrance psychique des jeunes Etat des lieux des ressources en région Rhône- Alpes

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SOMMAIRE Positionnement de l'étude réalisée par le CRAES CRIPS sur les points écoute 4 Introduction 5 La souffrance psychique des jeunes, une problématique d actualité 5 De la reconnaissance du problème à la décision politique 6 L objet de cette étude, une photographie des services d écoute 7 I. Synthèse 9 II. Repères quant aux enjeux du dispositif «Point Ecoute» 12 Repères généraux 12 Repères plus spécifiques aux points écoute jeunes 13 III. Enquête : méthodologie et résultats 15 Objectifs et contenu de l enquête 15 Les structures enquêtées 15 Typologie des répondants 17 Historique 19 Le public des services écoute 23 Une prise en compte particulière de la souffrance des jeunes25 Les problématiques identifiées par les acteurs interrogés 31 Bibliographie 35 Annexes 36 Annexe 1 Table des figures 37 Annexe 2 Plan d actions pour le développement de la psychiatrie et la promotion de la santé mentale 38 Annexe 3 Les points d accueil et d écoute, origines et nécessités 39 Annexe 4 Questionnaire 44 Annexe 5 Fiches structures 53 ANNEXE 5. Cantons où la présence de dispositifs d écoute est identifiée par les acteurs interrogés 65 3

Préambule Positionnement de l'étude réalisée par le CRAES CRIPS sur les points écoute Cette étude est un état des lieux sur un dispositif spécifique : son origine, son organisation, ses rattachements institutionnels, son fonctionnement, les attentes des équipes. Elle n'en constitue pas l'analyse approfondie qui serait nécessaire à une approche évaluative. La complexité d'une telle analyse dépassait la commande. Deux dimensions essentielles du dispositif -point écoute- n'ont, en particulier, pas été étudiées : - l'analyse approfondie de son articulation aux autres structures intervenant dans la problématique de l'adolescence (la dynamique partenariale locale, la complémentarité des réponses, les réseaux de prise en charge des jeunes en difficultés) - le type de relations établies avec les personnes reçues par le dispositif (les pratiques des intervenants, cliniques, psychosociales, éducatives...).. Il s'agit donc d'une photographie du dispositif en Rhône alpes que nous avons voulu la plus exhaustive possible et non de son évaluation. 4

Introduction La souffrance psychique des jeunes est reconnue comme un problème de santé publique important. Dans son rapport sur la souffrance psychique des adolescents et jeunes adultes 1, le Haut Comité de la Santé Publique (HCSP) montre combien cette période de vie, particulièrement riche pour la construction de l individu, se révèle être une période de grande fragilité, pleine de paradoxe. Dans le cadre de sa politique de promotion de la santé en faveur des jeunes, la Région Rhône-Alpes a souhaité mieux connaître l ensemble des structures participant à la prise en compte de ce besoin. L enquête présentée s inscrit dans cet axe. Avant d en présenter les résultats, nous proposons à la fois de revenir sur le contexte de création de ces supports d écoute et de situer le cadre de cette étude. La souffrance psychique des jeunes, une problématique d actualité Les données de mortalité et de morbidité, au travers d indicateurs divers (dépressions, tentatives de suicide, violences subies et agies, accidents, usages de substances psychoactives,..) soulignent la prédominance des troubles psychosociaux des jeunes. Egalement, les adultes, professionnels (médicaux, sociaux, éducatifs) ou non, pointent le «mal-être» des jeunes à l école, dans la famille, en société et soulignent les difficultés des politiques à l œuvre, notamment d insertion. La prévention de la souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes est soulignée dans des travaux d experts et des circulaires : Le Haut Comité de la Santé Publique (HCSP) conclu ainsi son rapport «Face à la souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes, nul n est prophète. Aucun professionnel n est compétent tout seul. Dans ce domaine, le savoir ne vient plus comme autrefois «d en haut», mais des échanges, des rencontres et des concertations entre les intéressés : les professionnels de toutes disciplines, les familles et les adolescents, jeunes adultes euxmêmes.» ; Xavier Pommereau 2 précise également qu «à l adolescence, l expression d un mal-être peut se manifester par des plaintes somatiques ou des troubles des conduites susceptibles de mobiliser de nombreux acteurs du champ sanitaire, social, éducatif ou judiciaire. La pluralité et l hétérogénéité de ces manifestations sont des facteurs de dispersion et de cumul des réponses apportées.» ; 1 La souffrance psychique des adolescents et des jeunes adultes. HCSP, Février 2000, 116 p. 2 X.Pommereau.- Rapport «Santé des jeunes», avril 2002., pp.11-13. 5

L INSERM 3, dans son rapport sur la santé des enfants et des adolescents identifie la promotion de la santé mentale comme une des quatre pistes d actions retenues. Dans ce cadre, les objectifs de formation de la communauté éducative à la promotion de la santé mentale et la mise en œuvre de programme de développement des compétences psychosociales sont identifiés ; Plusieurs circulaires 4 préconisent la création de lieux d accueil et d écoute pour les jeunes et leurs parents. Ces lieux, pensés comme des structures légères, de proximité, ont une fonction préventive d accueil, d écoute et d orientation et ne doivent pas se substituer au dispositif de droit commun. Des Points Ecoute sont également financés dans le cadre de la politique de la ville, dans le cadre de la politique de promotion de la santé des jeunes ; Le plan national «Santé mentale : l usager au centre d un dispositif à rénover» présenté en novembre 2001 par B.Kouchner présentait huit axes d action dont sept avec un impact direct sur les jeunes ; La circulaire de l Education Nationale 2003-210 du 1 er décembre 2003, qui définit un programme quinquennal de prévention et d éducation autour de la santé des élèves, identifie comme un des quatre objectifs celui de «mieux connaître, de mieux repérer et prendre en compte les signes de souffrances psychiques des enfants et des adolescents» ; La définition d un plan d actions en psychiatrie et santé mentale annoncé en Conseil des Ministres en juin 2003 a donné naissance au rapport Clery Melin 5 qui propose quatre axes d intervention dont un spécifiquement consacré au renforcement du dispositif de pédopsychiatrie et au développement de la prévention primaire et secondaire De la reconnaissance du problème à la décision politique Cette problématique mal définie, à composante multiple, est repérée au travers de différents symptômes, situations de malaises, dans les missions locales, les établissements scolaires, les quartiers, les centres sociaux. Un problème difficile à prendre en compte Dans l ensemble de ces lieux, qui accueillent, forment, accompagnent les jeunes, l interrogation porte sur les modalités d intervention pour prendre en compte ce mal-être. Comment aider chacun de ces jeunes «à prendre soin de soi»? Comment permettre d améliorer leur bienêtre physique, psychique, voire social? Comment prévenir ces situations de souffrance tout en évitant de médicaliser la sphère du social? 3 INSERM. - Santé des enfants et des adolescents : Propositions pour la préserver. - Paris : INSERM, 2003, 206p. - Coll. "Expertise collective opérationelle. De l'expertise à l'action". 4 Circulaire n 96/378 du 14 juin 1996 relative à la mise en place de points d accueil pour les jeunes âgés de 10 à 25 ans ; circulaire n 97/280 du 10 avril 1997 relative à la mise en place de points d écoute pour les jeunes et/ou les parents ; circulaire n 2002/145 du 12 mars 2002 relative à la mise en œuvre d un dispositif unifié des points d accueil et d écoute jeunes 5 Plan d action pour le développement de la psychiatrie et de la promotion de la santé mentale ( 2003) Philippe Clery-Melin, Viviane Kovess, Jean- Charles Pascal. Rapport d étape de la mission Clery-Melin remis au ministère de la Santé, de la Famille et des personnes handicapées, 15-09-2003 6

C.Demetriades, dans un rapport sur la prise en compte de la souffrance psychique dans les missions locales 6, souligne ainsi «la «souffrance sociale», souffrance liée au contexte actuel de fragilisation du lien social et de «massification» de l exclusion fait appel à des réponses complexes. Le travail d insertion oblige à prendre en compte à la fois la question de la souffrance du sujet et celle du lien social. S il ne s agit ni de «psychiatriser le social», ni de rendre aux psy une fonction de «super assistants sociaux», force est de constater qu il n est plus possible de répondre seul au mal-être de la population.» Depuis le «rapport Lazarus» 7, né de cette plainte exprimée par les «intervenants de terrain», la prise en compte d un besoin d écoute, de soutien pour les usagers et d un besoin d appui et d échange pour les professionnels d accueil de première ligne est reconnue. L un des objectifs est de favoriser la création «d espaces-temps» permettant de : Le rapport Lazarus, la reconnaissance d une souffrance en miroir dans une société centrée sur l individu Apporter une réponse de proximité ; Soutenir le jeune dans son parcours d insertion et l aider à rétablir un lien social et interpersonnel, de l aider à avoir ce souci de soi et des autres Dépasser le traitement dans l urgence ; Faciliter l orientation vers les structures adaptées pour les jeunes relevant de soins. L intervention du psychologue ne peut alors apparaître que comme un des points d appui à l élaboration de réponses «sociales», à un accompagnement porteur de sens et situé dans une perspective globale. Le questionnement s ouvre alors sur plusieurs dimensions croisées autour de la politique de santé mentale et de la politique de la jeunesse, des moyens définis et du cadre de commandement minimal, cohérent permettant aux acteurs de s engager dans une démarche de projet global 8. L objet de cette étude, une photographie des services d écoute La problématique de la prise en compte de la souffrance des jeunes apparaît comme une dimension complexe qui dépasse le cadre des services écoute, notamment identifiés dans le cadre des circulaires PEJ, PAEJ 9. La connaissance du cadre institutionnel de ces services peut cependant être utile à la construction de ce dispositif et ce, même si des questions demeurent. L une des caractéristiques de ces «services d écoute» est de s organiser à partir des besoins observés sur le terrain. Les réponses données, les collaborations proposées apparaissent ainsi très 6 Réseau des missions locales jeunes/paio de la région Rhône-Alpes.- La prise en compte de la souffrance des jeunes dans les missions locales et PAIO. Juin 98 7 Lazarus.A ; Strohl.H, & al.- Une souffrance qu on ne peut plus cacher. Rapport du groupe de travail «ville, santé mentale, précarité et exclusion sociale».- DIV, Février 95.- 59 p. 8 A.Lazarus.- Nécessité et limites des politiques de prévention et de promotion de la santé.- in Santé des jeunes. Le rôle et la contribution des missions locales, Octobre 2001. 9 Cf. note en infra, p.4 7

Une photographie sur la région Rhône-Alpes des services écoute repérés diversifiées. Il apparaît ainsi difficile de disposer d une réelle lisibilité de ce qui est engagé et de ce qui resterait à poursuivre, à développer. L étude réalisée propose ainsi une photographie sur la région Rhône- Alpes 10 d une des modalités de réponse possible formalisée sous la forme de «Point Ecoute», de permanences de psychologues, dans les quartiers, les missions locales, les établissements scolaires, etc 11. Les Points Ecoute : le matin d un nouveau dispositif ou l inscription dans une politique d avenir? Le rapport du CESR identifiait les Points Ecoute comme l une des réponses possibles à développer pour prévenir les conduites à risque chez les jeunes 12.. Aujourd hui, l état des lieux fait d abord apparaître une pluralité de réponses, formulées par des structures différentes. Ce document présente d abord une synthèse des principaux éléments recueillis dans le cadre de l enquête réalisée auprès des acteurs identifiés en région Rhône-Alpes. A la suite de cette description, des repères autour des enjeux de ce dispositif sont proposés comme cadre de lecture complémentaire, issu de rencontres mais également de l expérience du CRAES-CRIPS autour de la santé publique, de l éducation pour la santé en particulier. Une dernière partie présente les détails de l étude quantitative réalisée. 10 Des études sur les Points Ecoute de la région Rhône-Alpes ont été également réalisées par le Réseau des Missions Locales, l ORS Rhône-Alpes, le CAREPS, RESSCOM. L ensemble de ces sources sont disponibles en bibliographie. 11 A partir d un questionnaire, l ambition est de proposer un bilan centré d abord autour d une perspective organisationnelle et moins autour d une réflexion sur les pratiques. Les études réalisées par le réseau des missions locales et l article de P.Deseze inséré en annexe illustrent des pratiques possibles. 12 Rapport du Conseil Economique et Social Régional sur la prévention des comportements à risques chez les jeunes 1999/04. Il est ainsi écrit «renforcer, généraliser (sans oublier le territoire rural) les points écoute jeunes : favoriser une écoute de proximité dans les lieux publics et associatifs fréquentés par les jeunes (établissements scolaires, missions locales et équipements de quartier) ; offrir aux jeunes des lieux neutres où ils pourraient «déposer leur parole» auprès de professionnels (psychologues) aptes à capter les signaux d appel des jeunes en dépression et leur permettre de mettre en mots leur mal-être, et à assurer un suivi de ceux qui sortis du système hospitalier (suicidants).» (p.47) 8

I. Synthèse Cette synthèse présente les grandes conclusions des éléments disponibles au travers de cette enquête, centrée sur une photographie des 52 services écoute repérés, en particulier de leurs dimensions organisationnelles. Les éléments présentés sont tour à tour : - L origine structurelle des services écoute - La date de création de ces services - Le cadre institutionnel des services écoute - Les modalités de prise en compte de la souffrance des jeunes - Le public accueilli - L accessibilité des services - Les problématiques identifiées par les acteurs La prise en compte de la souffrance psychique des jeunes en région Rhône-Alpes est portée par une diversité de structures. L enquête réalisée identifie 52 «services écoute». Les services identifiés sont en majorité portés par des missions locales (34,6% d entre eux), des Points Ecoute (30,8 d entre eux). On recense également des services écoute portés par des collectivités territoriales (11,5% d entre eux), des établissements scolaires (9,6% d entre eux). Ces services écoute sont répartis sur l ensemble du territoire régional. La majorité des services écoute repérés sont de création récente, créés après 1995. En effet, 60, 5% d entre eux sont des nouvelles structures, de nouveaux services. Le caractère récent de ces services est tout particulièrement observé pour les missions locales : dans ces structures, les services écoute ont été en majorité créés après l année 2000. Des services écoute portés par différentes structures Des services de création récente Les projets décrits s inscrivent en majorité dans le cadre institutionnel de la Politique de la Ville. Sont également citées les politiques de prévention de la délinquance, les politiques de prévention spécialisée et la politique de santé publique (PRS, PRAPS). Les collectivités territoriales et l Etat apparaissent comme les principaux financeurs. Près de 70% des projets sont financés par la collectivités territoriales. L Etat participe au financement des services écoute dans le cadre des circulaires, de la Politique de la ville, de la Politique de santé publique. L Etat et les collectivités territoriales impliquées De nombreux partenaires sont associés aux projets nés en majorité d un besoin exprimé par les professionnels, par la population mais aussi du constat de réponses insuffisantes à proximité. Les collectivités territoriales évoquent également la prévention des conduites à risque et les situation de crise, de violence urbaine. Pour prendre en compte la souffrance des jeunes, les structures interrogées affirment leur caractère de structure passerelle, animée par des professionnels de l écoute (82,2% des répondants), en particulier des psychologues. 9

L accent mis sur la prévention sous la forme d entretiens individuels et d actions collectives Des services d abord situés en centre-ville et utilisés par des jeunes adressés par l Education Nationale, les structures d insertion Une réponse aux jeunes définie comme un support qui ne vient pas se suppléer à d autres réponses Une couverture territoriale différenciée L écoute est une activité parmi d autres. Les structures remplissent avant tout une fonction d accueil, d insertion, d orientation des jeunes. L ambition déclarée de ces services écoute est d exercer une fonction préventive d accueil, d écoute, de soutien, de sensibilisation et de médiation et ce, dans une dynamique de proximité. L écoute réalisée se situe d abord dans une perspective de prise en compte du mal être et de prévention des conduites à risques des jeunes. Sous la forme essentiellement d entretiens, d une durée moyenne de 45 minutes, leur fonction est de permettre aux jeunes de poser leurs problèmes et de rétablir des perspectives d accès. Au-delà de cet accueil individuel, des actions de prévention peuvent être réalisées en milieu scolaire, dans les missions locales. La formation et la sensibilisation des professionnels en contact avec les jeunes est une dimension développée par 45,5 % des services repérés. Les services sont surtout situés en centre-ville. Les structures d insertion et l Education Nationale apparaissent comme les principales structures qui adressent le public accueilli. En terme de relais, les services écoute orientent de façon privilégiée vers les professionnels de santé mentale, les professionnels de santé et les intervenants en toxicomanie. Près de 10 000 personnes ont été accueillies dans ces services lors de l année 2002, dont 62 % de jeunes. Ces jeunes sont d abord des adolescents et jeunes adultes. Les jeunes filles consultent davantage que les garçons. On constate également que des services accueillent les parents et réalisent un travail de sensibilisation, d appui aux professionnels. Les jeunes accueillis sont repérés comme des adolescents en situation de souffrance psychique, en rupture. Les psychologues apportent à ces jeunes en mal-être une réponse qui est d abord définie comme un soutien, un étayage. Le travail réalisé ne se supplée en aucune façon à l écoute des autres professionnels de la structure, des professionnels du secteur et a davantage fonction de support. En moyenne, les services d écoute reçoivent moins de 150 personnes par an. Le nombre de jeunes accueillis est à mettre en relation avec le nombre d Equivalent Temps Plein affecté à cette mission (en moyenne moins de 1 ETP) et l amplitude horaire du service. Le service est en majorité accessible une à deux fois par semaine (49,1% des services). Ce sont les Points Ecoute qui offrent la gamme d ouverture la plus étendue. Leur territoire d intervention privilégié est situé en milieu urbain, en centre-ville. Un certain décalage entre les besoins et réponses apportées est observé dans l agglomération lyonnaise et sur la «côtière» de l Ain. Au-delà d une relative rareté des services disponibles, le milieu rural présente des freins en terme d accessibilité géographique (faiblesses des transports en commun, autonomie des jeunes pour se déplacer) mais aussi d anonymat dans des «bourgades» où «tout le monde se connaît». 10

Autour de l offre proposée sur les territoires, des questions demeurent au regard des réponses possibles. Ainsi, : - Comment diversifier l espace d écoute et développer la sensibilisation de l ensemble des professionnels en contact avec les jeunes, tout en prévenant le risque d émiettement du dispositif? - Quelles réponses peuvent elles être proposées pour étendre la couverture territoriale, aller au-devant des jeunes, tout en préservant une compétence et des moyens suffisants? L une des suggestions est de développer des permanences et de s appuyer sur les Points Ecoute actuels. Le partenariat apparaît comme un axe de travail qui reste à poursuivre, en particulier dans le cadre des relations développées avec le secteur psychiatrique. L un des premiers enjeux formulés par les acteurs est de permettre que la prise en compte de la souffrance psychique des jeunes s inscrive dans une dynamique partenariale, de proximité. Plusieurs raisons sont invoquées par les acteurs. Un enjeu fort, l inscription dans une dynamique partenariale Il s agit de : Prendre en compte le jeune dans toute sa globalité et de se référer à trois mots clé «proximité», «rapidité», «confiance» ; De s inscrire dans un réel travail concret avec l ensemble des partenaires. Ceci permet d une part de faciliter l adresse des jeunes au lieu d écoute mais aussi aux dimensions affectives et relationnelles de prendre toute leur place dans les actions de santé proposées localement ; D éviter l écueil d un service réservé aux «malades psy» et/ou d une certaine stigmatisation de la jeunesse «les jeunes vont mal..». Le développement de rencontres régulières entre intervenants d un même réseau (ex : les psychologues des missions locales et PAIO de la région Rhône-Alpes), d un même territoire (Points Ecoute agglomération lyonnaise animé par le CNDT, Points Ecoute département de Savoie animé par le Conseil Général) apparaissent comme des rencontres indispensables pour «harmoniser les pratiques, s assurer du respect de la déontologie et élaborer le travail». Dans cette perspective, des acteurs proposent de développer une «Charte Qualité» à laquelle les organismes pourraient adhérer. Au-delà, des acteurs suggèrent une meilleure lisibilité des actions et missions proposées par les différents services écoute. Un journal des «Points Ecoute Accueil Jeunes» est notamment conseillé. Comme le soulignait L.Mathieu 13, si le fonctionnement en réseau des acteurs autour de la souffrance psychique des jeunes est validé, les modalités pratiques de construction d un dispositif d abord basé sur la confiance et l existence d un langage commun sont à poursuivre. 13 L.Mathieu. Conceptions et pratiques du travail en réseau, en prévention de la souffrance psychique des adolescents.- CRAES-CRIPS, URCAM 11

II. Repères quant aux enjeux du dispositif «Point Ecoute» Ces repères sont issus de lectures et de rencontres réalisées à l'occasion de ce travail, comme de notre expérience en santé publique et en éducation pour la santé. Ils ne constituent pas la conclusion de l'étude mais une réflexion complémentaire. Repères généraux 1/ Une demande croissante d accompagnement psychologique La prévalence des problèmes psychologiques, des troubles comportementaux, des comportements à risque est croissante dans notre société du fait de l individualisme croissant, de l atomisation des personnes, de la mise en cause des cadres collectifs, familiaux, sociétaux. C est en particulier vrai pour les adolescents pour qui se conjuguent la vulnérabilité de cette période de la vie, son allongement, l insécurité économique fréquente. 2/ Une remise en cause des catégories traditionnelles Cette évolution a progressivement remis en cause la catégorisation traditionnelle entre maladies mentales, relevant du sanitaire, problèmes psychosociaux relevant du médicosocial et problèmes éducatifs relevant de l école. La complexité, la multifactorialité des problèmes sont devenus la règle, exigeant des professionnels une meilleure connaissance réciproque, un fonctionnement en réseau, en complémentarité. 3/ De nouvelles politiques Les pouvoirs publics ont engagé les grandes institutions dans un ensemble d évolutions, pour prendre en compte ces besoins : plus grande proximité par rapport aux populations dans le sanitaire: sectorisation psychiatrique, inter secteurs en psychiatrie infantojuvénile renforcement encore insuffisant des types et capacités d accueils adaptés aux adolescents), CMP, CMPP, CATTP, hôpitaux de jour enrichissement des pratiques interinstitutionnelles : - nouveaux dispositifs dans l éducatif : développement du repérage et des prises en charges de jeunes à problèmes ; renforcement des liens entre les équipes médicosociales scolaires et les équipes psychiatriques - volonté croissante de ne pas se renvoyer les problèmes, les personnes (le syndrome de la patate chaude) mais de les partager : réseaux, comités locaux de santé mentale. L enjeu de plates-formes de coopération des acteurs est croissant impliquant de plus en plus les collectivités territoriales. 12

Certains programmes nationaux et régionaux de santé publique sont allés dans le même sens : semaine de la santé mentale, plan de prévention du suicide, de la violence, plan triennal de lutte contre les toxicomanies, plan d appuis à la parentalité. En pointant la complémentarité nécessaire des pratiques, le partage des responsabilités, en proposant et en soutenant des partenariats, des formations, des méthodologies pour répondre plus efficacement aux besoins, en accompagnant la création de dispositifs complémentaires. 4/ Des freins et résistances Cette politique a rencontré des freins de différents types : - la résistance des cultures professionnelles et institutionnelles - le bornage artificiel des compétences (pédopsychiatrie jusqu à 16ans) - la logique de conservation de moyens - l étanchéité des financements mais aussi la tendance à l asphyxie liée à la croissance des demandes individuelles qui vient réduire les possibilités d engagement partenarial même si elle en fait croître le besoin. 5/ L enjeu de nouveaux services aux publics Les pouvoirs publics ont donc favorisé la création de dispositifs intermédiaires, de dispositifs passerelles marqués par la souplesse, la capacité à se relier aux autres dispositifs institutionnels, la réactivité par rapport aux «nouveaux besoins» (souffrance psychique, conduites à risques, décrochages scolaires et sociaux, crises familiales..). dont les points écoutes, les points accueils jeunes Repères plus spécifiques aux points écoute jeunes 1/ L atout d un positionnement intermédiaire, proche des lieux de vie en terme d image moins centré sur la médicalisation, la pathologie moins identifié «pathologie mentale», donc moins stigmatisante pas de prestation trop spécialisée, donc ouverture sans conditions préalables contact possible avec des populations difficiles à atteindre en terme de potentiel d action portage possible d une approche plus globale des problèmes : association de plusieurs problématiques (ados, parents..), de plusieurs méthodes (cliniques, éducatives ) développement du travail de soutien préventif (renforcement des compétences) articulation avec les ressources de proximité capacité de se relier aux intervenants et aux politiques locales : jeunesse, école, insertion, loisirs et culture, prévention 13

2/ Une efficacité sous condition Un complément des autres structures d appui et pas une alternative - nécessité des autres politiques (animation, insertion, santé mentale..) ; - reconnaissance de sa place par les autres dispositifs : importance du travail préalable sur les besoins, les responsabilités, les partenariats. Une place à évaluer en continu : structure de première ligne de conseil et de soutien pour une population large, une dynamique qui associe de plus en plus adolescents et parents Des qualités à protéger : accueil et ouverture Une qualité des pratiques à promouvoir collectivement (échanges de pratiques, supervisions, évaluation..) sur la double mission : - accompagnement des difficultés gérables localement - détection de troubles plus importants et orientation correspondantes 14

III. Enquête : méthodologie et résultats Objectifs et contenu de l enquête L objectif principal de cette enquête est de mieux connaître l ensemble des ressources qui contribuent à la prévention de la souffrance psychique des jeunes sur l ensemble de la région Rhône-Alpes. Plusieurs objectifs secondaires sont recensés : Identifier le cadre institutionnel de ce dispositif ; Situer les territoires plus ou moins bien couverts ; Repérer les modalités de fonctionnement ; Identifier les attentes et axes de travail à poursuivre Pour répondre à cet objectif, un questionnaire a été établi et testé auprès de plusieurs professionnels 14. Ce questionnaire est décliné en six grandes rubriques : Pourquoi ce dispositif? Quel dispositif? Quel public? Quelles modalités d intervention? Quel partenariat? Quel territoire d intervention? Les structures enquêtées Dans un souci d exhaustivité, nous avons choisi de retenir à la fois les structures spécialisées dans le champ de l écoute des jeunes mais aussi des structures ayant des missions autres, dans le registre éducatif, social,.., et dont une dimension de l activité concerne l écoute. Par contre, l ensemble des CMP, qui ont à la fois une dimension de prévention et de soin, n ont pas été ciblés. Ils ressortent d un dispositif différent, le secteur psychiatrique. Plusieurs sources d information ont été mobilisées pour dresser la liste des structures ciblées par cette enquête : Les «Points Ecoute» financés dans le cadre des Circulaires. La liste de ces structures a été obtenue auprès des DDASS ; Les permanences de psychologues réalisées dans les Missions Locales. Ces structures ont été repérées sur la base des études antérieures réalisées par le Réseau des Missions Locales ; Les «Points Ecoute» identifiés et nommés comme tels et financés dans le cadre de la Politique de la ville, d appels à projets portés par les collectivités territoriales. Ces structures ont pu être repérées à la fois sur la base d études ultérieures sur la prise en compte de la souffrance psychique (Etude RESSCOM, Etude ORS sur 14 Ce questionnaire, disponible en annexe, a ainsi été testé auprès de «services écoute» portés par une association, une commune, une mission locale. 15

la prévention du suicide en Rhône-Alpes) et à partir de listing disponibles sous internet ; Les dispositifs d écoute présents dans les établissements scolaires. Ce recensement a été réalisé en Savoie ; Les associations, institutions de proximité portant un service écoute. Nous en avons recensé 6. Au total, ce sont 65 structures qui ont été repérées comme porteuses d un service écoute. Ces structures sont réparties sur l ensemble du territoire régional (Carte 1). Figure 1 Statut des structures interrogées Permanence Etablissements Scolaires 8% (5) Point Ecoute 26% (17) Autre 8% (5) Collectivité territoriale 9% (6) Ecole des Parents et des Educateurs 5% (3) Mission Locale 44% (29) Si leur statut est différencié, on perçoit la place importante que prennent les Missions Locales et les Points Ecoute (Figure 1). Ce sont souvent des structures légères intégrées dans les structures de premier accueil (Figure 2). Près des 2/3 d entre elles sont situées dans l environnement d une structure de soin, d insertion, dans un établissement scolaire. Figure 2 Environnement des «services écoute» 66,0% 63,1% 49,5% 33,0% 33,4% 33,4% 29,7% 16,5% 0,0% Situé dans l'environnement d'une structure Totalement autonome Situé dans un espace Situé dans un espace partagé avec d'autres dédié à la santé partenaires Il apparaît ainsi difficile de pouvoir identifier ceux-ci en dehors des intervenants de proximité et des premiers concernés, les jeunes et leur 16

famille. Dans le questionnaire, il était suggéré aux structures interrogées de lister ces dispositifs sous la forme d une question «boule de neige». 32 structures non identifiées au préalable ont été identifiées par ce moyen 15. Carte 1 Répartition géographique des structures interrogées Typologie des répondants Le questionnaire a été envoyé début septembre et une relance a été réalisée fin septembre. Avant la relance, 28 des structures avaient répondu soit 43,7 % des interrogés. Au terme de cette relance, 43 questionnaires ont été saisis (66,1%) et une information minimale a pu être recueillie auprès de 9 autres structures. Nous disposons donc d éléments sur 80 % des structures repérées. L analyse porte d abord sur les «services écoute» portés par les missions locales et les points écoute. Qui a répondu? Figure 3 : Statut des répondants STATUT EFFECTIFS % Mission Locale 18 34,6 Point Ecoute 16 30,8 Permanence Ecoute Etablissement Scolaire 5 9,6 Collectivité territoriale 6 11,5 Ecole Parents et Educateurs 3 5,8 Autre 4 7,7 15 Quelles sont ces structures? Ce sont d abord des établissements scolaires (12). Des Point écoute sont également identifiés, des collectivités locales. Les structures interrogées ont également identifié des CDPA, des CHRS. 17

Où se trouvent ces structures? Ces structures sont réparties sur l ensemble du territoire régional. Figure 4 - Structures par département Département Effectif % Ain 3 5,9 Ardèche 4 7,8 Drôme 4 7,8 Isère 8 15,7 Loire 4 7,8 Savoie 10 19,6 Haute Savoie 6 11,8 Rhône 13 25,5 Total 52 Haute Savoie 12% Rhône 24% Savoie 19% Ain 6% Ardèche 8% Loire 8% Drôme 8% Deux départements sont particulièrement présents (Figure 3): le Rhône et la Savoie où le «Réseau des lieux d accueil et d écoute des jeunes en Savoie», animé par le Conseil Général, a permis de lister l ensemble des structures prenant en compte la souffrance des jeunes. Carte 2 - Répartition géographique des services et poids numérique des jeunes par département Isère 15% Cette carte présente à la fois la distribution des services repérés et le poids numérique des jeunes âgés de 10 à 25 ans dans chacun des départements. On remarque une distribution des services plus ou moins centralisée. Ainsi, dans le Rhône, l essentiel des services se concentre sur l agglomération lyonnaise. A contrario, on perçoit une certaine distribution des services dans les départements de l Isère, de la Haute Savoie, de la Savoie, de la Drôme. 18

Historique Pour la majorité des structures interrogées, le service constitué est une création. Figure 5 - Des services créés MODALITES EFFECTIF % Une nouvelle structure, un nouveau service (création) 26 60,5 Un prolongement, une reprise d'activité d'une expérience du même 6 14,0 type Le pôle écoute santé d'une structure déjà existante 8 18,6 La majorité de ces services a été créé entre 1995 et 2000 puis après l année 2000. Les services écoute aujourd hui identifiés sont donc des services de création récente, en particulier dans les missions locales comme le montre le deuxième graphique. A quelle date ont-elles été créées? Figure 6 - Date de création des services d écoute DATES EFFECTIFS % Avant 1980 2 5,3 de 1980 à avant 1990 4 10,5 de 1990 à avant 1995 4 10,5 de 1995 à avant 2000 15 39,5 2000 et plus 13 34,2 9 8 7 6 Nombre de structures 5 4 3 2 1 0 1 9 6 5 1 9 7 0 1 9 7 5 1 9 8 0 1 9 8 5 1 9 9 0 1 9 9 5 2 0 0 0 2 0 0 5 Figure 7 - Date de création des services d écoute croisée avec le statut 9 2000 et plus 2 1 de 1995 à avant 2000 de 1990 à avant 1995 4 1 6 1 1 3 1 1 de 1980 à avant 1990 Avant1980 1 Mission Locale Point Ecoute 2 1 Permanence Ecoute Etablissement Scolaire Collectivité territoriale 1 Ecole Parents et Educateurs Lecture Ce graphique croise le statut de la structure et la date de création. Pour exemple, si peu de Points Ecoute ont été créés après l année 2000, la place des missions locales y est importante. 19

Quels évènements locaux à l origine de la création? A l origine du projet, on remarque à la fois une souffrance repérée par les professionnels et un besoin d écoute formulé par la population accueillie et/ou la population de l environnement local. D autres soulignent également le déficit apparent de structures adaptées à proximité. Figure 8 L origine du projet DIMENSIONS EFFECTIF % Souffrance repérée par professionnels 15 34,9 Besoin d'écoute exprimé par public ciblé 13 30,2 Offre préalable de structures, réponses insuffisante 12 27,9 Prévention conduites à risques 6 14,0 Travail partenarial acteurs locaux 5 11,6 Commission santé ville 4 9,3 Situations de crise/violences urbaines 4 9,3 NR 5 11,6 Origine du projet et statut des structures Les partenaires Que remarque t-on si l on croise ces dimensions avec le statut des structures? De façon schématique, lorsqu on est une «mission locale», une «collectivité territoriale», quels sont les constats premiers à l origine du projet? Les collectivités territoriales évoquent trois dimensions en priorité : le repérage de besoins par la Commission Santé Ville, la prévention des conduites à risque et les situations de crise, de violences urbaines. Les missions locales mettent d abord en avant les professionnels qui ont pu repérer cette souffrance. Les Points Ecoute soulignent le travail partenarial avec les acteurs locaux et l insuffisance de réponses de proximité. Dans le champ de l Education Nationale (établissements scolaires et école des parents et des éducateurs), les projets sont d abord nés d un besoin exprimé par les jeunes eux-mêmes. Le projet a été porté soit par un acteur (40,4% des projets), soit par plusieurs acteurs (35 % des projets). L Etat, les communes, le milieu associatif et le Conseil Général apparaissent comme les principaux partenaires. La protection sociale est également identifiée. On remarquera également la présence d organismes professionnels et du secteur privé. Figure 9 Principaux partenaires PARTENAIRES EFFECTIFS (GLOBAL) Etat 21 48,8 Communes 17 39,5 Milieu associatif 16 37,2 Conseil Général 14 32,6 Protection sociale 11 25,6 Conseil Régional 10 23,3 Organisme professionnel 8 18,6 Secteur privé 6 14,0 CESC (Education nationale) 5 11,6 % 20