PUITS DE CARBONE PEUGEOT-ONF Signature de la mise en Réserve Privée du Patrimoine Naturel avec l Etat du Mato-Grosso 10ème anniversaire du Puits de Carbone Forestier Peugeot-ONF Signature avec l Etat du Mato-Grosso d une mise en Réserve Privée du Patrimoine Naturel (RPPN) La genèse du projet Il y a aujourd hui dix ans, Peugeot, constructeur automobile leader en Europe sur les véhicules à basses émissions de CO2 et l Office National des Forêts, gestionnaire des forêts publiques françaises depuis des décennies, ont décidé de s associer, en un partenariat novateur et fécond, pour lancer le projet Puits de Carbone en Amazonie, une vaste action de mécénat programmée sur quarante ans. A l époque, Peugeot et le groupe PSA viennent de présenter un moteur en rupture technologique, le moteur Diesel Common Rail HDi qui vise une baisse des consommations et des émissions de CO2 de 20%, des émissions de polluants réglementés de 50% à la source et qui deviendra rapidement le moteur diesel de technologie avancée le plus produit et commercialisé au monde, et promettent, pour dans un an, le filtre à particules. Cette promesse sera tenue avec la présentation l année suivante de la technologie FAPtm en première mondiale. Peugeot affirme ainsi leur volonté de se positionner comme leader des véhicules à basses émissions de CO2, et de la maîtrise de l empreinte environnementale de l objet automobile. L Office National des Forêts, gestionnaire de plus de 11 millions d hectares de forêts publiques en métropole et dans les départements d Outre-Mer, milite depuis déjà plusieurs années pour que soient davantage reconnus le rôle et la contribution que peuvent apporter les forêts à la lutte contre le réchauffement climatique, fondant cette conviction sur sa connaissance des écosystèmes forestiers, enrichie des partenariats qu il a noués avec des instituts de recherche spécialisés dans ce domaine. C est de cette rencontre féconde d un industriel de l automobile conscient de ses responsabilités environnementales et décidé à jouer pleinement son rôle dans ce domaine et de l un des plus importants gestionnaires de forêts publiques au monde que sont nés ce projet et l aventure humaine du Puits de Carbone Forestier Peugeot/ONF en Amazonie. Situé au nord de l Etat du Mato Grosso, dans la partie sud-est de l Amazonie, et positionné sur le «front pionnier agricole», qui marque la progression de l agriculture au détriment de la forêt amazonienne, le projet Puits de Carbone de la fazenda São Nicolau s inscrit avant tout dans une dynamique expérimentale et de démonstration : c est véritablement un projet «pilote» destiné, dans la mesure du possible, à faire école. Dix ans après, le projet de Puits de Carbone Peugeot / ONF en Amazonie est un succès avec plus de 2 millions d arbres plantés, accompagné d un programme scientifique pluridisciplinaire de haut niveau, qui fédère, à la Fazenda São Nicolau, lieu d implantation du projet, les efforts d équipes brésiliennes et françaises.
Il a démontré qu il était possible de réaliser des projets de reforestation dans le monde, en s assurant qu ils prennent en compte une préoccupation de préservation de la biodiversité, par le choix des essences plantées et une dimension sociale, par le respect et l implication des populations et des acteurs socioéconomiques locaux. Grâce à l important retour d expérience de ce projet pionnier et à l implication d avant-garde de Peugeot, l ONF est devenu un acteur important des puits de carbone forestiers dans le monde, via sa filiale ONF-International. Aujourd hui, le projet au tournant de ses dix ans prend une nouvelle dimension avec la Signature avec l Etat du Mato Grosso d une mise en Réserve Privée du Patrimoine Naturel (RPPN) d une partie de la forêt naturelle du projet à des fins scientifiques et pédagogiques Valoriser le patrimoine naturel local en plantant de nombreuses essences native Le projet a fait le choix de valoriser le patrimoine naturel local, ce qui se traduit par un recours massif à des essences natives pour la plantation. Ce fut un choix exigeant et audacieux. Ces essences se développent habituellement sous couvert forestier, et donc en milieu ombragé et humide. Elles n ont jusqu alors pas ou peu été utilisées en reboisement, au Brésil ou ailleurs. Il faut donc tester pour la première fois les «itinéraires techniques» qui sont propres à chaque essence. Plus d une cinquantaine d essences locales seront testées lors des campagnes de plantation, un record pour ce type de projets. On peut donc parler de véritable reconstitution de la biodiversité, la forêt primaire de la fazenda renfermant près de 250 essences différentes.
Le bilan carbone du projet après dix ans Le stockage de CO2 sur le projet fait l objet d un suivi annuel selon une méthodologie reconnue internationalement (méthodologie AR/AMS006 du GIEC/IPCC). Le «bilan carbone» du projet permet d estimer la quantité de CO2 réellement stockée par le projet. C est la différence entre la quantité de carbone stockée sous «scénario projet» et la quantité stockée sous un «scénario de référence» correspondant à l absence de projet. Dans les deux scénarios, le bilan prend en compte le stockage de CO2 dans différents compartiments (biomasse mais aussi sol, racines, litière, bois mort ), et les émissions de CO2 (bétail, décomposition de la litière, feux, etc.). On considère enfin les «fuites» éventuelles dans le cas où le projet génère des «déplacements d émissions», c est-à-dire si par exemple le déplacement du bétail qui occupait l aire du projet génère de nouveaux brûlis sur des terrains extérieurs. 1 En prenant en compte le scénario de référence Après dix ans d existence, le projet a bien rempli son rôle de «réservoir à carbone» : 111 000 tonnes nettes de CO2 ont été séquestrées seulement au niveau de la biomasse sur les 1800 hectares de plantations (auxquels s ajoutent 1 200 hectares de cappoeira, forêt dégradée en régénération naturelle) soit 8 tonnes de CO2 par ha et par an en moyenne. La séquestration varie de 3 à 14 t CO2/ha/an d une parcelle à l autre, selon le mode de plantation (espacement) et les essences plantées. Le CO2 est absorbé par les surfaces foliaires et stocké dans les feuilles, les branches, le fût et les racines par le mécanisme de la photosynthèse. La capacité de séquestration de CO2 varie d une essence à l autre. Elle est essentiellement liée au taux de survie des plants et à la croissance annuelle en diamètre ; mais également à certains paramètres (forme du fût, densité du bois) synthétisés dans les «équations allométriques». Sur les cinquante essences locales plantées, en plus du teck, dans un but de restauration de la biodiversité, une dizaine d essences ont donné des résultats plus qu intéressants. Les mesures effectuées sur la croissance et le stockage de carbone de ces essences constituent une première dans le bassin amazonien, apportant ainsi à la communauté scientifique et aux futurs projets de reforestation, un très précieux retour d expérience sur une plantation plurispécifique. Schémas (au choix)
Attention garder les noms d essence bresiliens faux-poivrier - aroeira prunier mombin - caja figuier blanc - figueira branca (ficus sp.) figuier blanc à fruit tendre - figueira branca molle figuier rose - figueira rosa épicéa - freijo jamelongue - amelão typha - paineira (chorisia speciosa) Un laboratoire scientifique grandeur nature Initié en 2000, le programme de recherche est destiné à favoriser l utilisation du Puits de Carbone Forestier Peugeot/ONF comme laboratoire de terrain, au service de la recherche sur le rôle des boisements dans la lutte contre l effet de serre. L aire de la fazenda, et en particulier ses 7 000 ha de forêt naturelle conservée, offre également des opportunités d études très intéressantes dans des domaines variés pour le monde scientifique et universitaire.
Depuis 2000, une quarantaine d initiatives de recherche ont été accueillies par la fazenda, dans les domaines suivants : Sylviculture et foresterie Cycle du carbone/climatologie Ecologie Mammalogie, herpétologie, entomologie Sciences du sol Sciences sociales Les programmes de suivi de la biodiversité sont extrêmement importants dans le cadre du projet. Ils permettent tout d abord d évaluer les richesses biologiques, faunistiques et floristiques de la fazenda São Nicolau, insérée dans l écosystème amazonien, et notamment de son aire de forêt naturelle Ils permettent également de disposer de données «témoin» pour le suivi de la biodiversité au niveau des reboisements, l objectif étant de vérifier l impact du projet sur la récupération de l écosystème naturel. Les collections biologiques (ichtyofaune, herpétofaune, entomofaune, petits mammifères) collectées sur la fazenda sont destinées à être valorisées dans des muséums d Histoire Naturelle tels que celui de Rio. Un accompagnement scientifique de premier plan Afin de guider Peugeot et l ONF qui pilotent le projet via un Comité paritaire, un Conseil Scientifique consultatif a été fondé et se réunira cette année à Brasilia pour la dixième fois. Constitué de scientifiques brésiliens et français, ce groupe de chercheurs pluridisciplinaire permet au projet de rester à la pointe de l actualité scientifique et garantit l application des meilleures pratiques scientifiques, économiques et sociales. Les scientifiques qui le constituent agissent à titre bénévole, ce qui garantit leur indépendance ; et certains d entre eux suivent le projet depuis dix ans. Partenaires Le partenaire privilégié du projet en termes de recherche est l Université Fédérale du Mato Grosso (UFMT), basée à Cuiaba et à Sinop. Le projet Puits de Carbone représenté par son gestionnaire ONF-Brasil, et l UFMT ont signé en 2001 un accord de partenariat «parapluie» destiné à encadrer l ensemble des activités de recherche menées par les chercheurs et étudiants de l UFMT sur la fazenda. Le projet travaille également avec l UNEMAT (Universidade do Estado de Mato Grosso), l Institut National de Recherche sur l Amazonie (INPA-Manaus), l Université de Sao Paulo (USP-CENA, laboratoire des sols), l Institut de Recherche pour le Développement (IRD, France), l Université Nationale de Brasilia. Le projet est également partenaire du PNUD dans le cadre de son projet de Conservation et d Usage Durable de la Biodiversité des forêts de frontière dans le Nord-Est du Mato Grosso.
Programme d éducation environnementale et plateforme d étude pour le cycle supérieur Le projet veut montrer que protection des écosystèmes et développement local ne sont pas incompatibles. Cette démonstration passe à la fois par l expérimentation concrète de modes de gestion de la forêt qui bénéficient aux populations et par des actions de sensibilisation du public. Depuis 2001, le projet a développé un programme d éducation environnementale à destination des élèves de primaire des écoles de Juruena et Cotriguaçu. Chaque année, environ 400 élèves de ces écoles viennent passer, par groupes, une semaine sur la fazenda, accompagnés de leurs professeurs et d éducateurs environnementaux spécialement mobilisés par le projet. Promenades éducatives en forêt, travaux manuels, pièces de théâtre : autant de moyens pour éduquer les enfants à la nature, pour leur apprendre à voir la forêt autrement que comme un milieu hostile, qui ne serait bon qu à fournir de la terre et du bois! Les enfants étant d importants prescripteurs auprès de leurs parents, des centaines de familles sont ainsi sensibilisées. Des thèses de haut niveau en France et au Brésil Le projet, au cours d e ses dix années d existence, a accueilli et colllaboré avec de nombreux doctorants. C est ainsi que plusieurs thèses de doctorat dans différents domaines scientifiques (foresterie, cycle du carbone, étude des sols, etc ) ont été réalisées, le projet contribuant ainsi à la délivrance de diplômes d état, tant au niveau des institutions brésiliennes (UFMT, INPA, USP ) qu en France au sein de l ENGREF (Ecole Nationale Supérieure du Génie Rural, des Eaux et Forêts, école d application de l X). La création d une Réserve Privée du Patrimoine Naturel : un point d orgue pour un projet exemplaire La fazenda, située sur les rives du fleuve Juruena, comprend une aire de ripisylve à haute valeur de conservation (richesse en biodiversité et fonction de préservation du cours d eau). Or au Brésil, la possibilité est offerte aux particuliers et aux entreprises de créer des zones de conservation enregistrées au niveau national, appelées «Réserves Privées du Patrimoine Naturel» (RPPN). Il existe dans l Etat du Mato Grosso un réseau d une vingtaine de réserves, dont la moitié de plus de mille hectares. A l heure où la zone du projet est soumise à une forte pression de son environnement, préserver une surface de forêt naturelle représentative des écosystèmes locaux, dans le cadre d un schéma de conservation officiel, est une avancée stratégique qui a séduit Peugeot et l ONF, encouragés en ce sens par le Comité Scientifique.
Après consultation du Comité Scientifique en novembre 2007, le projet a donc pris la décision de principe de créer, avec l appui du Secrétariat à l Environnement du Mato Grosso et du PNUD, une RPPN de 1 800 hectares sur les rives du fleuve Juruena. Cette réserve comporte une surface d environ 500 hectares de ripisylve à très haute valeur biologique et 1 300 hectares de forêt de terre ferme. Une RPPN dédiée à la recherche La RPPN est une entité de conservation à l intérieur de laquelle toute activité de coupe ou de collecte est interdite et a fortiori la chasse et la pêche. Le plan de gestion validé par l administration définit les usages de la Réserve, parmi lesquels l accueil du public ou la réalisation d activités de recherche. Le plan de gestion de la Réserve sera rédigé en 2010-2011. Peugeot et l ONF souhaitent en faire un outil d étude grandeur nature à la disposition de la communauté scientifique brésilienne et internationale. Cette aire conservée s inscrira ainsi dans le couloir écologique nord-sud le long du Rio Juruena, voulu par le PNUD- GEF en partenariat avec la SEMA, et destiné à maintenir une connectivité entre des écosystèmes riches en biodiversité et importants en tant qu habitats pour la faune projet GEF de «Conservation et d Usage Durable de la Biodiversité des forêts de frontière dans le Nord-Est du Mato Grosso».
Quelques Chiffres Une contribution conséquente sur le long terme 10 millions d euros : le budget global de la Fazenda, financé à 100% par Peugeot 180 000 euros: le budget annuel complémentaire de recherche, co-financé par Peugeot et l ONF (depuis 2005) 40 ans : la durée du projet (de 1998 à 2038) La Fazenda Sao Nicolau en chiffres 1999: la date d acquisition de la propriété 10 000 ha: sa superficie globale, dont 7 000 ha de forêts, 2 000 ha d anciens pâturages et 1 000 ha de ripisylves dégradées. 1 800 ha: la superficie des reboisements 50 000 plants: la capacité actuelle de la pépinière intégrée. 80 à 100 personnes: la capacité d accueil de la fazenda (personnel, chercheurs, visiteurs, élèves ) Un reboisement d envergure et une grande diversité d essences 1 800 ha de surface reboisée sur quatre ans. 2 millions de plants mis en terre 70% de taux de réussite pour les plantations réalisées en 1999, 90% à partir de 2001 50 espèces plantées dont 49 natives et 1 exotique (le teck, Tectona grandis). Les essences natives les plus performantes sont le figueira branca (Ficus sp.), l aroeira (Astronium sp.), la paneira (Chorysia speciosa). Suivi du gain carbone 8 tco 2/ha/an depuis 1998, soit 110 000 tco2 au total 10 à 15 tco2/ha/an, en moyenne, projetés sur la période 1998-2038 : 720 000 tco2 stockés au total en fin de projet. 5 ans : la périodicité du bilan carbone exhaustif de la fazenda. Suivi de la biodiversité 500 espèces de faune (vertébrés supérieurs) identifiés et suivis depuis 2000, dont une vingtaine d espèces menacées d extinction (ex : guépard). 10 classes d insectes dont les populations ont été estimées et suivies depuis 2001. Intégration locale 2 300 élèves accueillis à la Fazenda de 2001 à 2008 dans le cadre du programme d éducation environnementale. 10 tonnes de noix du Brésil récoltées en 2008 au bénéfice des communautés locales, en partenariat avec le PNUD Plus de 120 étudiants accueillis sur la fazenda pour des travaux de recherche individuels ou collectifs, une dizaine d institutions différentes représentées Une quarantaine de projets de recherche ou d études techniques réalisées sur la fazenda.