Présentation de l avis de l Anses relatif à l'analyse de l étude de Séralini et al. (2012) Long term toxicity of a ROUNDUP

Documents pareils
Enterprise Europe Network, CCI de Lyon Contact : Catherine Jamon-Servel Tél : Mail : jamon@lyon.cci.fr

AVIS. de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l alimentation, de l environnement et du travail

L étude du professeur Séralini sur le maïs OGM va être évaluée

L évaluation des biocides à l Anses

Journal officiel des Communautés européennes. (Actes dont la publication est une condition de leur applicabilité)

La réglementation Mardi de la DGPR. sur les produits biocides 05/04/2011

Les débouchés des diplômés de L LMD Sciences de la Nature et de la Vie

Afssa Saisine n 2007-SA-0028

Document d information 1. Principaux aspects de la proposition de la Commission COM (2000) 716 du point de vue de l alimentation animale

Maîtrise universitaire d études avancées en Microbiologie

MASTER (LMD) PARCOURS MICROORGANISMES, HÔTES, ENVIRONNEMENTS (MHE)

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Toxicité à long-terme d un herbicide Roundup et d un maïs modifié génétiquement pour tolérer le Roundup

NOTE D ORIENTATION 2015

Les Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) délivrées au titre du Règlement (UE) n 528/2012 (dit BPR)

Contenu attendu des guides nationaux de bonnes pratiques d hygiène GBPH

Annexe 1. Glossaire Annexe 2. Éléments de gestion de la PFQ de produit GM dans le grain... 22

JEUNE CONSEIL DE MONTRÉAL

Modalités de Contrôle des Connaissances A partir de septembre 2014

Proposition de la Commission sur les allégations nutritionnelles et de santé en vue de mieux informer les consommateurs et d'harmoniser le marché

BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR ÉPREUVE DE MANAGEMENT DES ENTREPRISES BOITIER PHARMA

AVIS 1 / 6. Afssa Saisine n 2008-SA-0319 Saisine liée n 2005-SA Maisons-Alfort, le 18 août Rappel de la saisine

Les articles traités : les nouvelles exigences du règlement n 528/2012

CE QU IL FAUT SAVOIR PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT

LOI du 4 FEVRIER 2000 relative à la création de l'agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (Mon. 18.II.2000) (1)

MINISTÈRE CHARGÉ DE LA RECHERCHE

Le Règlement «Biocides» UE 528/2012

CERTIFICATION CERTIPHYTO

PLAN BIO MIDI-PYRENEES , UN PLAN SANS AMBITION

FICHE PRATIQUE. CLP : Classification, étiquetage et emballage des produits chimiques. Contexte : classifier et identifier les substances chimiques

Décrets, arrêtés, circulaires

2 Service de Pharmacologie médicale et toxicologie 191, avenue du doyen Gaston Giraud Montpellier cedex 5

Objet : Critères microbiologiques applicables aux auto-contrôles sur les carcasses d'animaux de boucherie. Destinataires d'exécution

Article 1 er. Code de la santé publique Texte précédent. Nouveau texte. 28/11/2012 Evelyne Pierron Consultants. Article R

Les cantons, vu les art. 15, 16 et 34 de la loi fédérale sur les loteries et les paris professionnels du 8 juin , arrêtent:

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE CONVENTION SUR LA PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL SUBAQUATIQUE

Procédures d enregistrement des médicaments

Systèmes de transport public guidés urbains de personnes

Annexe - document CA 118/9. Termes de référence. Audit fonctionnel et organisationnel de l OTIF

COMMISSIONS DE SECURITE ET D'ACCESSIBILITE DANS LES ETABLISSEMENTS RECEVANT DU PUBLIC

M.S - Direction de la réglementation et du contentieux - BASE DE DONNEES. REFERENCE : B O N 5070 du 2 janvier 2003

DOSSIER DE PRESSE. Organisateur. Contact. Carolina Cardoso life.eu Chargée de communication + 32 (0)

Investissements d avenir. Action : «Projets agricoles et agroalimentaires d avenir (P3A)»

D où viennent nos semences. Visite virtuelle d un site de production de semences de maïs Monsanto

I- Echanges ou ventes pour une «exploitation non commerciale» :

«Cette femme réduit le grain en farine grâce à une pierre à moudre (metate) et un broyeur cylindrique (mano)». 1 LA PROBLEMATIQUE

Les TIC (Open Source Software) dans l'agriculture

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD

Utilisation des médicaments au niveau des soins primaires dans les pays en développement et en transition

biocides : définitions d et frontières res réglementaires

Dossier de presse. L Anses lance son nouveau site Internet

NORME INTERNATIONALE D AUDIT 260 COMMUNICATION DES QUESTIONS SOULEVÉES À L OCCASION DE L AUDIT AUX PERSONNES CONSTITUANT LE GOUVERNEMENT D'ENTREPRISE

LA VERSION ELECTRONIQUE FAIT FOI

TITRE III SANTÉ DES SPORTIFS ET LUTTE CONTRE LE DOPAGE. Chapitre II. Lutte contre le dopage. Section 3. Agissements interdits et contrôles

Conclusions du Conseil sur l'innovation dans l'intérêt des patients

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

Uniterres. Rapprocher l aide alimentaire et les producteurs locaux

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

Développement rural Document d orientation

LIBRE CIRCULATION DES MARCHANDISES

CONVENTION ENTRE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ET LE ROYAUME DU MAROC RELATIVE AU STATUT DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE ET A LA COOPERATION JUDICIAIRE

Alerte regulatory Le dispositif de gouvernance et de contrôle interne des établissements bancaires Novembre 2014

Annexe sur la maîtrise de la qualité

Formation des formateurs relais 3RB. Paris, 2 et 3 avril 2009

Exemples et tutoriels Version 7.5. Tutoriel de l'exemple Recrutement de personnel pour IBM Process Designer

Exemple d exercice de groupe

Spécialisation 3A AgroSup Dijon IAA Microbiologie Industrielle et Biotechnologie (MIB)

Baccalauréat technologique

Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire

Charte d audit du groupe Dexia

CoordinationNationaleInfirmière

données à caractère personnel (ci-après la "LVP"), en particulier l'article 29 ;

Série sur les Principes de Bonnes Pratiques de Laboratoire et Vérification du Respect de ces Principes Numéro 4 (version révisée)

Journée scientifique 21 novembre «Base de données e-prpv Etat des lieux et perspectives Bernard Reynaud, Henri Brouchoud, Bruno Hostachy»

Guide pour le dépôt des dossiers relatifs aux demandes d autorisation transitoire de mise à disposition sur le marché de certains produits biocides

Traité établissant une Constitution pour l'europe

Hygiène alimentaire. Introduction

MODE D'EMPLOI DE LA CALCULATRICE POUR LES COURTS SÉJOURS DANS L'ESPACE SCHENGEN

DOCUMENT DE TRAVAIL DES SERVICES DE LA COMMISSION RÉSUMÉ DE L ANALYSE D IMPACT. accompagnant la

FORMATION RESPONSABLE COMMERCIAL EN AGROBUSINESS TITRE DE NIVEAU II contenu des modules de formation

Premières estimations pour 2014 Le revenu agricole réel par actif en baisse de 1,7% dans l UE28

MINISTÈRE CHARGÉ DE LA RECHERCHE NOTICE

AVERTISSEMENT. Par ailleurs, ce texte consolidé ne peut en aucun cas être considéré comme contenant la liste exhaustive des dispositions applicables.

Exigences en matière de bien-être animal Renée Bergeron, Ph.D., agr. Symposium sur les perspectives de l industrie laitière 2013

PROGRAMME RÉGIONAL DE RÉADAPTATION POUR LA PERSONNE ATTEINTE DE MALADIES CHRONIQUES. Sommaire de la démarche de réorganisation

ISO/CEI NORME INTERNATIONALE. Technologies de l'information Techniques de sécurité Gestion des risques liés à la sécurité de l'information

AVIS D APPEL A CANDIDATURE POUR LE RECRUTEMENT DES MEMBRES DU COMITE SCIENTIFIQUE DE L AGENCE BENINOISE DE SECURITE SANITAIRE DES ALIMENTS (ABSSA)

Le contrôle et la certification en agriculture biologique

L hygiène en restauration collective. Formation aux ouvriers de l épicerie Sociale des Capucines Morgane DANIEL-diététicienne RSD

Les entreprises pouvant être concernées : - Jardineries, - Magasins de bricolage, - GMS, - Libre service agricole,

L ACTIVITE DU SENAT SESSION

Participaient à la séance : Olivier CHALLAN BELVAL, Hélène GASSIN, Jean-Pierre SOTURA et Michel THIOLLIERE, commissaires.

Plan de Maîtrise Sanitaire ALPA CONSULT NORD REPRODUCTION INTERDITE

Liste des matières enseignées

1 - Les conditions légales et réglementaires

LES ETUDES CLINIQUES EN 20 QUESTIONS

Charte de l'audit informatique du Groupe

Etablissement et dépôt des comptes consolidés et du rapport de gestion consolidé

Désherbage maïs. Synthèse Présentation des essais. Le protocole

Transcription:

Dossier de presse Présentation de l avis de l Anses relatif à l'analyse de l étude de Séralini et al. (2012) Long term toxicity of a ROUNDUP herbicide and a ROUNDUP-tolerant genetically modified maize 22 octobre 2012

Maisons-Alfort, le 22 octobre 2012 Communiqué de presse L Anses pointe les faiblesses de l étude de Séralini et al. mais demande de nouvelles recherches sur les effets à long terme des OGM L Anses a été saisie par le Gouvernement afin d examiner la publication de Séralini et al. parue le 19 septembre 2012. L expertise menée par l Agence conclut que les résultats de ce travail de recherche ne permettent pas de remettre en cause les évaluations réglementaires précédentes sur le maïs NK603 et le Round-up. L Anses souligne en revanche le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d une consommation d OGM associés à des pesticides. Elle recommande, dans ce cadre, d engager des travaux sur ces questions. Au-delà, l Agence appelle à la mobilisation de financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d études et de recherches d envergure visant à consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés. Suite à la publication le 19 septembre, d une étude de Séralini et al., portant sur la toxicité à long terme du produit phytopharmaceutique Round-up et du maïs OGM NK603 tolérant au glyphosate, l Anses a été saisie par les ministres chargés de la Santé, de l Ecologie, de l Agriculture et de la Consommation pour examiner cette publication. L expertise menée par l Agence conclut que les résultats de ce travail de recherche ne permettent pas de remettre en cause les évaluations précédentes du maïs OGM NK603 et du Round-up. En effet, au-delà des critiques déjà émises par d autres instances sur le plan méthodologique, et sur la base de l expertise approfondie qu elle a menée, l Anses considère que la faiblesse centrale de l étude réside dans le fait que les conclusions avancées par les auteurs sont insuffisamment soutenues par les données de cette publication. Celles-ci ne permettent pas d établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées, ni d étayer les conclusions et les mécanismes d action avancés par les auteurs. L Anses note néanmoins l originalité de cette étude qui aborde un sujet jusqu ici peu étudié : celui des effets à long terme des OGM associés aux préparations phytopharmaceutiques. Ce questionnement rejoint l attention que porte l Anses à contribuer à faire évoluer, lorsque nécessaire, l évaluation réglementaire des risques afin de l adapter à l évolution constante des connaissances scientifiques et des technologies. ~ 1 ~

Ainsi, l Agence a déjà produit en 2011 un avis visant à renforcer les conditions de réalisation des études requises dans le cadre des demandes d autorisation des OGM, en proposant une méthodologie d analyse des données offrant un haut niveau d exigence. Un projet de règlement européen intégrant les préconisations de l Anses est en cours de finalisation et a été soumis aux Etats membres au printemps 2012. S agissant des produits phytopharmaceutiques, l Anses s est investie pour que les lignes directrices européennes prennent mieux en compte les effets cumulés entre substances actives. Ces évolutions sont en cours d introduction dans les référentiels d évaluation européens. Elles ont vocation à être étendues à la question des effets cumulés entre substances actives et co-formulants. Au-delà du renforcement en cours du cadre réglementaire, la revue bibliographique et le travail d expertise n ont mis en évidence qu un nombre limité de travaux sur des effets potentiels à long terme d une consommation d OGM associés à des pesticides. Ainsi, l Agence n a pu identifier que deux autres études portant sur la vie entière des animaux. Dans ce cadre, l Anses recommande d engager des études et recherches sur la question des effets à long terme des OGM associés aux préparations phytopharmaceutiques. Ces travaux devraient être menés dans le cadre de financements publics et sur la base de protocoles d investigation précis. L Anses est prête, en association avec d autres partenaires et notamment d autres agences sanitaires européennes, à travailler à l établissement des principes généraux de tels protocoles d étude. Cette question du financement public d études et recherches s inscrit dans un paysage scientifique constitué de publications d origines diverses : d'un côté des études réglementaires financées par les industriels et de l'autre des travaux de recherche publique, aux moyens plus limités, et dont les orientations prioritaires de recherche ne visent pas nécessairement à investiguer des effets sanitaires potentiels peu documentés à ce jour. Cette situation n'est pas spécifique aux OGM, d autres domaines étant également marqués par un manque de connaissances scientifiques et une attente sociétale particulièrement aiguë en matière de recherche publique indépendante. Pour répondre à ce besoin, l Anses appelle à la mobilisation de financements publics, nationaux ou européens, dédiés à la réalisation d études et de recherches d envergure, visant à mieux consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés, à l image du dispositif mis en place aux Etats-Unis sous le nom de «National Toxicology Program». Contact presse : Elena Séité 01 49 77 27 80 elena.seite@anses.fr ~ 2 ~

Sommaire 1- La méthode de travail utilisée par l Anses 4 2- Comment les OGM sont-ils réglementés? 5 3- Comment les produits phytopharmaceutiques sont-ils réglementés? 7 ~ 3 ~

La méthode de travail utilisée par l Anses Pour répondre à cette saisine, l Anses a constitué un groupe d expertise collective d urgence (GECU) composée d experts multidisciplinaires regroupant une dizaine de scientifiques issus de plusieurs collectifs d experts de l Anses, récemment renouvelés. Ce GECU réunit des compétences variées portant à la fois sur les biotechnologies, la toxicologie, le métabolisme des plantes, les bio-statistiques, et les substances phytopharmaceutiques. L étude examinée par l Agence, à travers cette saisine, est conduite dans un cadre de recherche expérimentale et n a donc pas vocation à être comparée strictement aux études conduites réglementairement pour l autorisation d un produit ou d une substance. Dans son analyse, l Anses s est attachée à replacer cette publication et les résultats avancés par les auteurs dans un contexte plus large. Elle a ainsi cherché à identifier, dans la littérature scientifique, d autres études similaires menées dans le but d identifier d éventuels effets à long terme de plantes génétiquement modifiées, présentant le même type de modifications génétiques que la plante considérée. Ces publications ont été analysées en parallèle de l étude de Séralini et al. Par ailleurs, pour les besoins de son travail, l Agence a auditionné M. Séralini et certains de ses co-auteurs afin qu ils présentent leurs travaux et apportent à l Agence des éléments d éclairage nécessaires à son analyse. L Agence a également auditionné l Association Générations Futures et a reçu une contribution écrite de la société Monsanto. A la suite de son audition, M. Séralini a transmis à l Anses des données brutes relatives aux mortalités des animaux et à l apparition des tumeurs non régressives, sans distinction de la nature des tumeurs. En parallèle de son travail bibliographique, l Anses a également procédé à une analyse statistique de ces données. ~ 4 ~

Comment les OGM sont-ils encadrés? Les OGM font l'objet d'un cadre réglementaire européen. Deux principaux textes encadrent ces produits : - La directive 2001/18/CE relative à la dissémination volontaire d'ogm dans l'environnement s'applique à deux types d'activités : la dissémination expérimentale d'ogm dans l'environnement (par exemple pour des essais en champ); la mise sur le marché d'ogm, par exemple la culture, l'importation ou la transformation d'ogm en produits industriels. - Le règlement (CE) n 1829/2003 qui encadre spécifiquement les OGM destinés à l'alimentation ou pouvant entrer dans la composition des produits alimentaires. Ce texte encadre l'autorisation de mise sur le marché pour l'alimentation humaine et animale de tous les produits à base d'ogm. Ce texte détermine les modalités d'évaluation, d'autorisation et d'étiquetage de ces produits. Les OGM Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont définis comme des organismes (animaux, végétaux) ou des microorganismes dont le matériel génétique, l'adn, a été transformé d'une manière qui ne s'effectue pas par multiplication ou recombinaison naturelle. Grace à des techniques de génie génétique, il est possible de transférer des gènes sélectionnés d'un organisme à un autre, parfois entre espèces différentes. Cette technique offre ainsi potentiellement la possibilité d'introduire dans le patrimoine génétique d'un organisme, un ou plusieurs gènes apportant une caractéristique nouvelle. Les gènes introduits peuvent provenir de n'importe quel type d'organisme du fait de l'universalité du code génétique. Cette technique peut être appliquée aux microorganismes, aux végétaux et aux animaux. Une évaluation européenne Avant de pouvoir être mis sur le marché, les OGM font l'objet d'une évaluation visant, pour le volet sanitaire, à démontrer la sécurité sanitaire de l'ogm en comparaison avec un produit conventionnel. Selon la législation européenne, les industriels doivent soumettre une demande d'autorisation de mise sur le marché fournissant les éléments nécessaires à une évaluation scientifique des risques pour estimer la sécurité de l'ogm et des denrées alimentaires ou aliments pour animaux qui en sont dérivés. Une fois cette évaluation réalisée, les OGM sont autorisés, le cas échéant, après un vote des 27 Etats membres, par la Commission européenne par décision publiée au Journal Officiel de la CE. Conformément au règlement (CE) n 1829/2003, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est chargée de procéder à l'évaluation des dossiers de demande d'autorisation de mise sur le marché des OGM. Toute demande d'autorisation de mise sur le marché qu'un industriel soumet (exactement comme pour les médicaments), doit être accompagnée d'éléments scientifiques permettant de caractériser le produit et de prouver qu'il répond aux exigences de la réglementation européenne. ~ 5 ~

Depuis 2003, l'autorité européenne de sécurité des aliments chargée de ce dossier, offre la possibilité aux Etats membres de transmettre leurs commentaires sur ces dossiers. Le rôle de l Anses L'Anses, à la demande des ministères continue à apporter son expertise notamment afin d'éclairer la décision gouvernementale lors du vote des Etats membres pour autoriser ou non la mise sur le marché européen d'un OGM pour une utilisation en alimentation humaine et animale. Les avis de l'agence concernent uniquement les OGM et leurs produits destinés à être utilisés en tant que denrée alimentaire ou aliment pour animaux. L'autorisation concernant la mise en culture étant quant à elle, évaluée par le Haut conseil des biotechnologies. Sur la base de l'avis rendu par l'agence, la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) transmet à l'efsa les commentaires de la France sur les dossiers. L'EFSA analyse les commentaires de tous les Etats membres, pour rendre son avis. Comme d'autres agences européennes et en collaboration avec l'efsa, l'anses contribue à l'établissement et à l'évolution de documents guide destinés aux industriels. Dès qu'une nouvelle étude scientifique apparaît dans la littérature, l'agence l'identifie et l'étudie afin de déterminer si cette nouvelle information doit être prise en compte dans l'évolution continue des modalités d'évaluation des OGM. Pour 55% des OGM étudiés, l'agence estime dans son avis que les données fournies par l'industriel ne sont pas suffisantes pour conclure sur la sécurité sanitaire liée à la consommation de l'ogm. L Anses moteur de l évolution des modalités d évaluation des OGM Dès 2002, l'agence a fortement contribué à renforcer les exigences (en matière de données et d'essais) auxquelles doivent répondre les industriels en identifiant les points sensibles de l'évaluation des risques sanitaires liées à la consommation d'ogm. Elle a été la première à révéler l'existence de mélanges fortuits de semences conventionnelles avec des OGM, ouvrant ainsi la réflexion aux niveaux national et européen sur ce point sensible. L'Agence a été la première en Europe à s'intéresser à l'adaptation aux plantes OGM du protocole de l'étude de toxicité subchronique par administration orale pendant 90 jours. De plus, l'agence a rendu un avis sur les modalités d'analyse statistique des données de cette étude se traduisant par des recommandations dans la mise en œuvre des protocoles et les méthodes d'analyse à utiliser pour garantir la fiabilité des résultats. Anses et HCB, quels périmètres? En juin 2008, la loi 2008-595 relative aux organismes génétiquement modifiés a crée le Haut Conseil des biotechnologies. La mission de cette structure est "d'éclairer le Gouvernement sur toutes questions intéressant les organismes génétiquement modifiés ou toute autre biotechnologie et de formuler des avis en matière d'évaluation des risques pour l'environnement et la santé publique que peuvent présenter l'utilisation confinée ou la dissémination volontaire des organismes génétiquement modifiés, ainsi qu'en matière de surveillance biologique du territoire". Ces dispositions s'appliquent sans préjudice des compétences exercées par l'agence. ~ 6 ~

Comment les produits phytopharmaceutiques sont-ils encadrés? L évaluation des préparations phytopharmaceutiques et des substances actives entrant dans leur composition est strictement encadrée et harmonisée au niveau européen 1. Cette évaluation se déroule en deux phases : la première phase d évaluation, réalisée de façon collective entre Etats membres de l Union européenne, porte sur l identification des dangers des substances actives et sur l évaluation des risques liés à une préparation de référence, en vue de statuer sur l approbation ou non de ces substances en Europe. la seconde étape vise, pour les substances actives approuvées, à évaluer les bénéfices agronomiques et les risques liés aux préparations commerciales. Les produits phytopharmaceutiques Les produits phytopharmaceutiques sont des préparations destinées à protéger les végétaux et les produits de culture. Ils font partie des pesticides, qui regroupent également les biocides et les antiparasitaires à usage humain et vétérinaire. L'utilisation des produits phytopharmaceutiques est destinée à protéger les végétaux contre tous les organismes nuisibles, ou à prévenir leur action ; exercer une action sur les processus vitaux des végétaux (dans la mesure où il ne s'agit pas de substances nutritives), assurer la conservation des produits végétaux ; détruire les végétaux indésirables ; détruire des parties de végétaux, freiner ou prévenir une croissance indésirable des végétaux. Chaque préparation se compose d'une ou plusieurs substances actives, responsables des propriétés du produit phytopharmaceutique et de substances appelées co-formulants. Ces dernières permettent de donner à la préparation une forme appropriée à son application. Il s'agit par exemple d'anti-mousse, de diluant ou d'agent mouillant. Cette évaluation est réalisée de façon distincte au niveau de trois zones géographiques (Nord, Centre et Sud), afin de tenir compte des spécificités de chaque zone, notamment en termes de types de cultures, ou de climat. La France appartient à la zone Sud, ainsi que la Bulgarie, la Grèce, l Espagne, l Italie, Chypre, Malte et le Portugal. Au sein d une même zone, les industriels souhaitant demander l autorisation d une préparation phytopharmaceutique peuvent déposer leur dossier auprès de n importe quel État membre de la zone. L évaluation réalisée par l État membre sollicité s applique ensuite aux autres pays de la zone. La procédure d évaluation En France, les industriels déposent un dossier de demande d AMM 2 auprès de la direction des produits réglementés de l Anses. L instruction du dossier comprend : - L examen des données fournies et la vérification de leur validité scientifique ainsi que de leur conformité aux exigences réglementaires ; - L évaluation des risques et bénéfices agronomiques liés à l utilisation de la préparation. 1 par le règlement (CE) n 1107/2009 1, qui a remplacé la directive 91/414/CEE 1, en vigueur jusqu en juin 2011 2 AMM : autorisation de mise sur le marché. ~ 7 ~

Au terme de cette instruction, menée selon les principes de l évaluation collective appliqués à l Anses, les conclusions de l évaluation, accompagnées dans certains cas de recommandations de mesures de gestion, sont présentées dans un avis. Les conclusions relatives à l acceptabilité du risque se réfèrent aux critères indiqués dans le règlement (UE) n 546/2011 3. Elles sont formulées en termes d "acceptable" ou "inacceptable" en référence à ces critères. C est sur cet avis de l Anses que la Direction Générale de l Alimentation (DGAl) s appuie pour délivrer ou non une AMM ou toute modification d une AMM en vigueur. Cette AMM est délivrée lorsque, dans des conditions normales d utilisation associées aux bonnes pratiques agricoles, la préparation est jugée efficace et exempte d effet inacceptable pour la santé humaine, la santé animale et l environnement. La décision d AMM précise notamment : - la(les) culture(s) visée(s) pour le traitement, - le(s) ravageur(s), maladie(s) ou adventice(s) visé(s), - la dose d utilisation, la période et la fréquence d application de la préparation, les autres pratiques agricoles associées au traitement, - les restrictions portant sur les conditions d emploi et les mesures de gestion. Il est à noter que les substances actives et les préparations associées font l objet d une réévaluation systématique selon une périodicité définie par le règlement (CE) n 1107/2009. 3 Règlement (UE) n 546/2011 de la Commission du 10 juin 2011 portant application du règlement (CE) n 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne les principes uniformes d évaluation et d autorisation des produits phytopharmaceutiques. ~ 8 ~