En mai 2010, quelques élèves du club Lecture ont eu la chance de rencontrer l auteur de Littérature Jeunesse Xavier-Laurent PETIT au collège Emmanuel de Martonne à Laval. Plusieurs clubs Lecture de la Mayenne étaient présents
Pendant la séance de dédicace
Xavier-Laurent PETIT nous a dit : «A l école, c était la catastrophe jusqu en 4 ème. Après avoir redoublé cette classe, je suis devenu un bon voir un très bon élève, tout m intéressait, sauf le sport. Ma mère, professeur de Philosophie était quelqu un pour qui les livres comptaient, j ai grandi parmi les livres grâce à elle, elle a su nous communiquer sa passion à moi et à mes frères et sœurs. J ai commencé à écrire il y a 20 ans environ, j avais 33 ans. Mes auteurs favoris sont Jules Verne, Jack London et Michel Tournier. (Je continue à les lire). Un des livres que je préfère est Voyage au centre de la terre de Jules Verne. Enfant, j ai toujours été fasciné par les cartes géographiques, j aimais voyager avec le doigt. J ai toujours eu le goût de l ailleurs. Intrigué par des noms insolites, je rêve d aller découvrir par moi-même des endroits mystérieux. La passion des livres, le goût des voyages ont fait que je suis devenu écrivain. Grâce aux livres, on peut vivre plein d existences dans une seule. On ne peut pas faire comme si on n était pas né en France. J aime oublier qui je suis pour devenir quelqu un d autre, sans aller dans un hôpital psychiatrique.
Je ne connais pas la fin de mon histoire quand je commence à écrire. Je connais certains éléments de l histoire, je les relie les uns aux autres, un peu comme dans un puzzle. A fin, il faut que l ensemble soit cohérent, et il faut parfois rectifier certaines parties. Je ne sais pas exactement où je vais. Par exemple, dans Mon petit cœur imbécile, j avais prévu que l héroïne serait légèrement blessée par un scorpion. A cette période, mon fils, en voyage au Laos, a été piqué par cet animal. La gravité de sa blessure m a entraîné à dramatiser l évènement dans mon roman. Cette manière d écrire est un peu risquée. Il existe une autre manière d écrire : certains auteurs ont toute l histoire en tête du début à la fin. Mes deux éditeurs sont : L Ecole des loisirs et Flammarion. Qu est-ce que l inspiration? En langage bande dessinée, cela correspond à la petite ampoule allumée, c est avoir une idée. Mais une idée ne suffit pas pour écrire un roman! Il faut beaucoup se documenter, travailler. En se documentant sur un sujet, on trouve d autres idées Pour ma part, je lis régulièrement le Courrier international. Les articles reflètent une vision du monde unique. J aime bien les histoires qui pourraient arriver. Le fantastique, cela me gave, je n en lis pas. Quand vous avez fini de lire un de mes livres, j aimerais que vous vous demandiez : c est vrai que cela existe? J ai eu l idée d écrire Mon petit cœur imbécile en lisant un article qui parlait d une femme africaine, qui participait à une course afin de pouvoir financer les études de ses enfants. J ai voulu dramatiser ce fait réel. Dans Mon petit cœur imbécile, une mère court pour fiancer l opération médicale de sa fille atteinte d une grave maladie du cœur. J ai aussi été influencé par le témoignage de mon beau-frère qui m a parlé d une association qui s appelle «Avions sans frontières». Dans certains pays, il y a effectivement des coupures d électricité dans les hôpitaux.
Ecrire c est un métier, il faut s imposer des horaires, il faut s obliger à la régularité. Pour moi cela marche mieux le matin. Par exemple, il m a fallu un été pour écrire Fils de guerre, je me levais presque tous les jours à 5h30 du matin. Le lever du jour est un moment privilégié, les lumières sont magnifiques, on n est pas dérangé par ses enfants, ou le téléphone! C est très difficile de ne pas faire de fautes dans un manuscrit. L éditeur fait ensuite une maquette qui est lue par le correcteur (il corrige les fautes de français et de typographie) et l auteur peut faire de légères modifications (un mot qui ne plaît pas, un paragraphe en trop). J écris sur un grand cahier, c est «ma boîte à outils». Je note une expression intéressante, des noms de personnages Quand tu as une bonne idée, ce n est pas la peine de l écrire, on s en souvient, une bonne phrase, il faut l écrire, sinon tu l oublieras. Ensuite, j écris directement sur l ordinateur. J écris pour vous alors je mets dans mes romans des personnages de vos âges : le je du livre, ça va être toi. Je ne décris presque jamais mes personnages, il ne faut pas tout mettre, garder l essentiel, pas de description sans intérêt. C est l éditeur qui choisit les illustrations des pages de couverture de mes romans. Si je choisis d écrire dans un livre notre rencontre de cet après-midi, je ne vais pas décrire les élèves les uns après les autres, cela n offre aucun intérêt. Le lecteur fera fonctionner son imagination. Si je réalise un film, on verra les enfants, celui qui le regarde n aura pas le choix : il n aura pas à faire preuve d imagination. Pour écrire mon roman Miée, je me suis inspiré de ma grand-mère. Les personnes âgées ont à nous transmettre un monde qui va disparaître. Si nous sommes ce que nous sommes aujourd hui, c est que nous sommes les héritiers de notre père de notre grand-père de notre arrière grand-père, du père du père du père du père du père du père etc de
notre père. On est le résultat de tout ces gens (même quand il y a eu des disputes ou des ruptures dans les familles). Je m appelle «Petit», je ne suis pas grand, ce n est pas un hasard! J écris beaucoup sur la guerre car c est un thème dramatique par excellence, un brassage de gens fascinants. Par exemple, j ai écris l Oasis suite à la rencontre avec une jeune fille de 3 ème yougoslave qui avait vécu la guerre au quotidien. J aime écrire sur les pays froids J aime le froid, la Laponie, le Groenland. J aime aller dans des coins où l humain est en trop, où les conditions de vie sont très dures : tout ce qui est simple ici devient très compliqué là-bas et pourtant il y a bien des gens qui habitent dans ces endroits, qui s en sortent, et même qui n ont aucune envie d en partir! Je n écrirai pas de suites de mes romans Je n aime pas les suites. J aime décrire les moments où la vie des gens bascule, quand quelque chose se passe qu ils n auraient jamais pu imaginer. Dans une histoire, il faut laisser du mystère Est-ce que l antilope de Mon petit cœur imbécile existe vraiment? On ne sait pas C est bien de ne pas tout savoir et de ne pas tout comprendre!»