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Transcription:

This work was carried out with the financial support of the «ANR- Agence Nationale de la Recherche - The French National Research Agency» under the «Programme Agriculture et Développement Durable», project «ANR- 05-PADD-004, BemisiaRisk». UMR INRA SADAPT Identification de la gestion du problème Bemisia/TYLCV en Catalogne Espagnole : Travail exploratoire Maria Camila Rebolledo avec la collaboration de Giovanni Prete et Marc Barbier Rapport établi à partir du mémoire de stage de M1 présenté par Maria Camila Rebolledo pour le Master Sciences et Technologies du Vivant Mention SAGEP Spécialité de recherche Agronomie Enseignant responsable du stage : Thierry Doré Maître de stage : Marc Barbier (Unité SADAPT INRA) Paris, Avril 2007

Résumé Ce rapport met en évidence le travail réalisé pour le projet BemisiaRisk au sein de l équipe de l unité SADAPT (Sciences et action pour le développement Activités produits et territoires). Ce projet vise à étudier les différentes dimensions de la gestion d un risque phytosanitaire présenté comme emblématique dans un contexte de réchauffement planétaire et de développement durable. L étude repose sur une analyse comparative des systèmes de gestion du risque entre la France (Roussillon) et l Espagne (Catalogne espagnole). Il a une double ambition. D une part il vise à faire un état des lieux des différentes dimensions qui se posent aux acteurs de la filière de la tomate face au problème Bemisia/virus et a poser une réflexion d un point de vue agronomique sur les différentes pistes de travail qui pourraient être envisagées ou qui existent. D autre part, et de manière plus originale, il participe à une réflexion sur l articulation entre savoirs «biotechniques» et sciences humaines et sur l interdisciplinarité. Dans la mesure où il rend compte d une expérience de travail d un biologiste dans un projet de recherche sociologique. Plus précisément il met en évidence les démarches, difficultés et des découvertes, occasionnées par la menée d une mini-enquête sociologique. C est un travail exploratoire, qui demanderait à être poursuivi mais qui montre en tout cas l intérêt d étudier et décrire les interactions entre les acteurs pour rendre compte de la différence de gestion de ce pathosystème dans les deux bassins de référence. Abstract This report highlights the work that has been done inside the BemisiaRisk project. I participate inside the team SADAPT (Sciences et action pour le développement Activités produits et territoires). The aim of this project is to study the management of a plant health risk like Bemisia/Virus in a context of global warming and sustainable development. This study shows the beginning of a comparative analysis about management risks systems between France (Roussillon) and Spain (Catalonia). It has a double purpose. On the one hand it aims to describe different aspects mentioned by the actors concerned by the risk which could guide our study. Moreover we exposed from an agronomic point of view, various points that exists or could be considered when we are trying to find interactions inside a management system. On the other hand this report shows an attempt to describe the interaction between biological and social science knowledge. In fact it gives an account of the experience of a biologist in a sociological field. More precisely it highlights the steps, difficulties and discoveries, found in a sociological miniresearch. Finally, this work only has exploratory goals. This means that furthers studies will be required to make a good description of the differences between both management systems. However we managed to show the interest of studying those interactions and we provide some information of the operational system in Catalonia. 2

Sommaire Introduction...5 II. Description du problème phytosanitaire...7 1. Un aperçu tiré d un travail bibliométrique...7 2. Présentation de Bemisia tabaci...7 3. Bemisia : vecteur du TYLCV...8 4. La protection phytosanitaire contre le pathosystème Bemisia/TYLCV dans les cultures sous serre....9 4.1. La lutte chimique...10 4.2. La Lutte Biologique...10 4.3. La prophylaxie...10 4.4. La protection biologique intégrée (PBI)...11 III. Méthodologie de l étude...12 1. Définition de la problématique...12 2. Préparation des enquêtes...12 3. Réalisation du travail d enquête...13 4. Présentation du terrain...13 4.1. Différences entre les deux bassins de référence...13 4.2. Identification du travail en Catalogne...14 4.3. Difficultés et limites...14 IV. Résultat de l étude en Catalogne...15 1. La préparation...15 1.1. Prise de rendez vous...15 1.2. Réalisation de la grille d entretien...15 1.3. Organisation pratique des entretiens...16 2. Résultats de l étude...16 2.1. Description des acteurs du réseau catalan...16 2.2. Le contexte des bassins de référence justifierait en partie la différence de gestion...19 2.3. L arrivé du pathosystème n incite pas à la création d un réseau spécifique...20 2.4. Promotion de la lutte biologique comme méthode de lutte...21 Conclusion...22 3

ANNEXES...24 Annexe 1 Exemple de traitements de donnés par le logiciel résolu...25 Annexe 2 Méthodologie pour l évaluation de entretiens...33 Annexe 3 Exemple de grille d entretien pour un chercheur : Etude en Catalogne Espagnole...34 Annexe 4 Résultats du travail final...37 Annexe 5 Organisation des acteurs catalans selon la documentation officielle (Source page Web http://www.gencat.net)...38 Annexe 6 : Organisation de la documentation recueillie dans un document dynamique en PowerPoint...40 4

Introduction En France l aleurode Bemisia tabaci (Gennadius) crée en 2003 les conditions d une crise phytosanitaire majeure dans les cultures de tomate du sud, dont les variétés cultivées sont sensibles aux bégomovirus transmis par cet insecte. Parmi ces virus on trouve le Tomato Yellow Leaf Curl Virus (TYLCV) qui a été identitifié dans le sud de la France et qui, malgré les campagnes d éradication, semble alors pouvoir s installer progressivement. Il y a eu alors en France le besoin, pour gérer le problème phytosanitaire, de mettre en place un dispositif pour identifier les risques encourus et les mesures à prendre dans le but d éradiquer le problème. Ce dispositif étudié par Prete (2004) se compose de 3 groupes d acteurs sociaux : ceux du : «monde professionnel agricole» fédérés autour des activités de commercialisation et qui gère du mieux la dimension économique du risque, «les représentants professionnels politiques et techniques» partagés entre la prise en compte des dimensions économiques, politiques (pour les animateurs syndicats) et sanitaire (pour les techniciens), et enfin «les pouvoirs publics» qui s attachent au respect de la réglementaire des organismes pathogènes de quarantaine. La relation entre ces 3 acteurs reposent sur acteurs intermédiaires qui concrétisent des liens : (techniciens, Organisation de Producteurs, techniciens de Chambre d Agriculture, Protection des Végétaux et son responsable local, le relais administratif politique locaux, le directeur de la station INRA. En suivant ce même objectif de mise à plat en termes de systèmes d acteurs on cherchera avec ce mémoire à voir si on peut identifier un système semblable en catalogne espagnole et surtout si des relations se sont constituées de façon équivalente par rapport à Bemisia viroses. Le programme Bemisiarisk (intitulé «Crises phytosanitaires liées aux bioinvasions : cas emblématique du risque Bemisia virus en cultures sous abri en zone méditerranéenne») au sein duquel s inscrit mon stage, a vu le jour car il était craint une remise en cause des progrès réalisés en matière de protection intégré des cultures légumières du fait de la présence de biotypes de Bemisia Tabaci qui transmet des phytovirus. Ainsi dans le but de développer des stratégies de lutte il a été juger intéressant de créer un projet multidisciplinaire dont un volet suppose une dimension comparative entre les bassins de deux pays (France-Espagne) touchés par la présence de Bemisia Tabaci et de phytovirus de 5

quarantaine. En effet ces deux bassins de référence semblent dessiner deux grandes orientations, qui seraient définies en fonction du contexte socio-économique de la production. Ainsi dans le cadre de la recherche qui porte sur les dispositifs et les logiques de l action organisée en matière de sécurité végétale, il sera nécessaire d analyser l existence des deux systèmes de Protection Biologique Intégré pour la culture de tomate et la différence de la réglementation entre les deux bassins. Dans ce travail exploratoire, l objectif était de produire des données sur les modalités de gestion du bioagresseur en catalogne espagnole en fonction du contexte agronomique et réglementaire. Ceci doit permettre par la suite de faire une comparaison approfondie, un travail par une étude plus lourde étant prévue à la suite. Delà ressort une question générale qui a guidé le travail pour ce rapport : Comment est géré le problème Bemisia/TYLCV en catalogne? Un début de réponse est fourni dans ce document et il est accompagné d un ensemble de données permettant d identifier les acteurs et les événements importants d une gestion agronomique-technique, politique et réglementaire du problème 1. 1 Documentation comme : Des textes réglementaires existants et concernés, des acteurs impliqués dans les différents groupes distingués (mission, mode d action relations), des dispositifs sanitaires publics (veille, surveillance, contrôle) et marchand (standards de produits, outils filières, prescription consommation finale). 6

II. Description du problème phytosanitaire 1. Un aperçu tiré d un travail bibliométrique Pour commencer à construire la base de données, identifier les domaines et acteurs impliqués dans la gestion du risque on a utilisé deux bases de donnée en ligne1.plusieurs formules de fouille ont été crées, les plus générales ont été utilisés pour réaliser des cartes avec le logiciel ReseauLu et identifier les différents groupes d auteurs inscrits. Une fois les groupes identifiés on les a classifiés par pays et on a cherché à détailler les journaux de publication, les mots clés ou thématiques qui les identifiaient ainsi que les instituts où ils travaillaient. Par ailleurs un autre type d analyse a été réalisé en utilisant les bases de données, avec un traitement des résultats sous Excel. L annexe 1 compulse les principaux résultats de cette tâche préliminaire. 2. Présentation de Bemisia tabaci Bemisia tabaci est un héminoptère du genre Genadius (Homoptera : Aleyrodidae). Cet aleurode très polyphage a été rencontré pour la première fois en Israël vers la fin de 1930 et des dégâts sur les cultures sont apparus dans le début des années 1960 (Cohen et al. cité par E.Moriones et al 2000). En Espagne il a été mise en évidence en 1943, mais ce n est à partir des années 80 qu il a commencé à faire des dégâts dans les cultures intensives (Carnero et al,1990 cité par Callejas et al 2005). En France le premier signalement officiel date de 1988 (P.Reynaud, 2000). Actuellement il coexiste sur beaucoup de plants de légumes et de plantes d ornements avec une autre mouche blanche Trialeurodes vaporarium, l aleurode des serres. Image 1 : Bemisia tabaci adulte. (Rubio et al 2002) Les cultures de tomate sous serre on été affectées par l arrivé de Bemisia tabaci, aussi appelé la mouche blanche du tabac. Cette espèce est d origine subtropicale à adaptation secondaire au climat tempéré chaud. C est donc au niveau des serres qu elle trouve un espace idéal pour son développement. En effet grâce à la présence de plantes hôtes attrayantes et présentes une grande partie de l année, des conditions climatiques favorables (Température, humidité, ensoleillement, composition gazeuse de l air, irrigation et fertilisation), et à sa résistance face à les produits phytosanitaires, elle parvient à se développer en permanence. En fait la température minimale assurant un développement complet est estimée à 16 C (Bosco et al cité par P.Reynaud, 2000), les serres chaudes sont ainsi un refuge hivernal, et constituent une zone «artificielle» de relais ce qui permet le développement de l aleurode, et sa présence dans d autres 1 Serveurs disponibles sur la plateforme INRA et spécialisés sur les domaines agronomiques et scientifiques : CAB et World of Science. 7

périodes de l année en plein champs. Par ailleurs les serres froides des zones à hiver doux, peuvent aussi être des refuges «artificiels». La durée du développement, et donc la rapidité avec laquelle les populations grandissent, est marqué essentiellement par la plante hôte (27,3 jours pour la tomate contre 20,6 pour le concombre, IRTA) et l effet de la température (plus la température augmente plus la durée de développement diminue pour un optimum de 30 C) (Brochure informative IRTA). Lorsque les populations sont élevées une nuisibilité directe est liée à la production de miellat, et de fumagine suite à une absorption importante de la sève élaborée. Néanmoins les dégâts plus importants sont dûs à la transmission de maladies virales comme celui des feuilles en cuillère de la tomate (TYLCV) qui peuvent provoquer des pertes de production même quand les populations sont peu nombreuses. Par ailleurs en raison de sa forte variabilité génétique, et plasticité écologique, Bemisia désigne un complexe d espèces. Des populations de Bemisia ayant des caractères biologiques ou comportementaux différents ont été dénommés biotypes. Ces biotypes sont caractérisés par une gamme de plantes hôtes, et un potentiel à transmettre des virus différents. En Europe 2 biotypes ont été identifiés : le biotype Q et le biotype B. 3. Bemisia : vecteur du TYLCV Image 3. Cultures de tomates touchées par le TYLCV. [ 1] Copyright 2002-2006 Departament d'agricultura, Ramaderia i Pesca Le virus des feuilles jaunes en cuillère ou Tomato yellow leaf curl virus (TYLCV) est un Bégomovirus transmis par Bemisia tabaci qui affecte principalement la tomate (Lycopersicon esculentum Mill) et peut provoquer une perte totale de la production. Des dégâts ont étés répertoriés en Extrême et Moyen Orient, Afrique, Europe, Caraïbes, et Amérique Centrale. Plus récemment il a été répertorié au Japon, Mexique, la Floride et la Georgie aux Etats-Unis. (Moriones et al,2000). Il a été montré que les mâles sont des vecteurs moins efficients que les femelles et que les nymphes sont aussi efficientes que les adultes lors de l acquisition du virus (Cohen et al, 1996 cité par Moriones et al, 2000). Au stade adulte, après le passage par 3 stades larvaires, l aleurode propage le virus par ses piqûres des plantes malades aux plantes saines, et peut transmettre le virus à sa 8

descendance. Cependant il y a une diminution de l efficience de transmission avec l âge (Czosnek et al, 1997 cité par Moriones et al, 2000). Les symptômes apparaissent sur la tomate 15 à 3 semaines après l inoculation du virus, et en cas d infection précoce les pertes peuvent atteindre 100%. Certaines adventices (morelle noire, datura, mauves) et autres espèces cultivés (piment, haricot, tabac, lysianthus, arachide, coton ) peuvent aussi exprimer les symptômes et jouer un rôle de réservoir (A.Dalmon et al, 2000). Les plantes atteintes ont des feuilles à taille réduite et présentent un jaunissement et/ou enroulement en forme de «cuillère» (image 3), et un retard ou perte de la floraison. En conséquence, si l infection est précoce les plantes seront naines et ne produiront plus de fruits d où une perte totale de la production. (Moriones et al, 2000). Jusqu à aujourd hui la proportion du vecteur nécessaire pour provoquer une forte contamination par les virus reste inconnue, mais il semblerait qu une très faible densité de B.tabaci puisse être suffisante pour provoquer des pertes élevées par transmission du virus. Image 2 Feuilles de tomate malades (Rubio et al 2002) 4. La protection phytosanitaire contre le pathosystème Bemisia/TYLCV dans les cultures sous serre. Ce virus est listé dans la directive 2000/29/CE comme un Organisme de Quarantaine (OQ) lorsqu il est présent sur des végétaux destinés à la plantation. A ce titre son introduction et sa dissémination doivent être interdites. Bemisia est aussi un OQ il est donc interdit à l exportation intracommunautaire vers des zones protégées et à l importation des pays tiers. La lutte contre ce pathosystème peut sous certaines conditions devenir obligatoire. Dans les serres la protection contre les ravageurs et un défit sanitaire à relever. Il dépend des autres défis (JM Benezet et al 2004) : Environnementaux : Maîtrise des apports (irrigation, fertilisants), récupération... Main d œuvre : Attirer les salariés, amélioration des conditions de travail Amélioration de l image de production face aux citoyens, consommateurs, clients Maîtrise des coûts : choix des outils, amélioration de la performance (chauffage, travail), de la production (qualité, volume). 9

4.1. La lutte chimique Souvent la lutte est basée sur des traitements chimiques, cependant ce type de traitement reste inefficace à cause de la faible proportion d aleurodes nécessaire pour voir des cultures «tylqués» et au développement de populations de Bemisia résistantes (Moriones et al, 2000). De plus, avec une restriction réglementaire pour l utilisation de pesticides qui est de plus en plus stricte, les producteurs cherchent des solutions alternatives en utilisant la Lutte Biologique (LB) et des systèmes prophylactiques dans des systèmes de protection intégrée en cultures sous serre. 4.2. La Lutte Biologique La LB consiste à apporter des auxiliaires en grande quantité (apports inondatifs) ou sous forme de petits apports limités et peu répétitifs (technique d inoculation). Les serres en France qui utilisaient cette technique ont augmenté régulièrement jusqu en 1989 quand le thrips et l aleurode B.tabaci sont apparu. A partir de là plusieurs maraîchers ont préféré de revenir à la lutte chimique plutôt que prendre le risque de voir apparaître ces ravageurs dans les serres (JC Maisonneuve et al, 2005). En fait un coût inférieur ou égal à la lutte chimique, une efficacité supérieure, l inexistante de phénomènes de résistance chez les ravageurs, une facilité d emploi, un respect de la législation sur les pesticides, une réponse aux aspirations des consommateurs, entre autres, sont des arguments qui justifient le développement de cette méthode. Cependant une réflexion sur la gestion des populations des auxiliaires comme Macrolophus caliginosus naturelles comme introduites artificiellement dans la serre est à mener (Y.Trottin- Cauda et al, 2003). De plus, on voit qu il reste encore des recherches à conduire sur le comportement des différents ravageurs et auxiliaires, ainsi que sur leur interaction avec l environnement pour rendre ce type de lutte plus fiable. Un travail entrepris par l équipe Catalane du projet Bemisiarisk sous la responsabilité de R.Garbara. 4.3. La prophylaxie Les mesures prophylactiques comme l utilisation de filets anti insectes (insect proof), visent à protéger les cultures sous serre et à empêcher l entrée du ravageur en modifiant la conduite des cultures. Les filets anti- insectes cherchent à diminuer la densité de Bemisia, cependant : Il est nécessaire de faire de gros investissements (10 /m 2 de serre), Ils ne peuvent être utilisés que dans des serres chaudes, Ils ne résultent pas efficaces à 100% pour contrôler le TYLCV puisque aucun fournisseur ne peut garantir une étanchéité totale à B.tabaci Ils conduisent à une faible ventilation et à un réchauffement des structures fermées (Moriones et al, 2000). D autres mesures comme le vide sanitaire peuvent elles faire aussi partie intégrante du plan de prophylaxie, et semblent donner de bien meilleurs résultats. Mais souvent celles-ci sont difficiles à 10

mettre en place car elles ne s intègrent pas au cycle de culture de la tomate sous serre chaude en flux tendu quand les producteurs sont en contrat avec la grande distribution. Par ailleurs le fait que Bemisia soit retrouvé dans les serres après un vide sanitaire, suggère qu il existe d autres réservoirs. En effet des études ont montré que les plantes adventices des serres, ou les plantes des serres voisines pouvaient être un. En plus des variétés résistantes de tomate n existent pas encore, seulement quelques variétés tolérantes au TYLCV sont commercialisées. Mais souvent elles ne correspondent pas au standard commercial attendu par le marché de la filière tomate ou elles ne sont pas conseillées puisqu elles constituent un réservoir pour le virus. 4.4. La protection biologique intégrée (PBI) La PBI en France privilégie la LB, réalisant un apport sur les cultures d organismes d auxiliaires vivants, un usage limité de produits phytosanitaires compatibles avec ces auxiliaires, et l intégration de mesures prophylactiques et agronomiques (JC maisonneuve, 2005). Sachant que pour une protection durable contre B.tabaci la protection chimique raisonnée reste insuffisante, aujourd hui la protection intégrée contre ce pathosystème doit être conçue comme une combinaison de méthodes (Y.Trottin- Cauda et al, 2003). En fait le plus souvent dans les serres chaudes on cherche à mettre en place des filets anti-insectes, réaliser un vide sanitaire en période hivernale, et introduire des auxiliaires comme macrolophus caliginosus capables de contrôler les populations de Bemisia. Le type de lutte choisie ne sera efficace que si elle est bien intégrée dans l environnement cultural, mais elle peut mener a des échecs si elle n est décidée qu en suivant des critères exclusivement agronomiques. En effet il est nécessaire de prendre en compte la dynamique du couple ravageur/auxiliaire et les conditions culturales pour décider les pratiques de lutte. Par exemple on a montré qu une baisse du chauffage de 1,5 C de moyenne pouvait modifier complètement la dynamique d installation des auxiliaires, (Gilles Ridray, entretient Alénya, 20.03.07). On voit donc que le serriste pour diminuer les coûts d énergie ou pour modifier la vigueur des plantes mettra en place des pratiques qui joueront aussi sur l équilibre biologique. 11

III. Méthodologie de l étude 1. Définition de la problématique La première nécessité a été d identifier les différents acteurs et leurs activités autour du problème Bemisia/TYLCV. En fait en cherchant comment ces acteurs s engagent et le sens qu ils donnent à ces engagements on cherche à mettre en place le système d action concret sur lequel s établit le dispositif de gestion et de contrôle face au risque de TYLC 1. Des questions simples se posent de prime abord : en Catalogne la présence du pathosystème est-elle aussi une problématique? Qu est ce que cela implique en termes de gestion? Comment sont produites et échangés les connaissances scientifiques et techniques sur ce pathosystème et notamment celles permettant la gestion des bioinvsaions. 2. Préparation des enquêtes Au cours d une activité préparatoire d identification à distance, grâce à une recherche bibliographique, on a pu développer une approche globale sur le plan technique, biologique, et réglementaire du problème. Pour être sûr de toucher les domaines d intérêt dans chaque bassin de référence on a défini trois thèmes de travail : Techniques utilisées (fonctionnement du système de culture de la tomate sous serre, méthodes de lutte utilisées, pratiques culturales) Le pathosystème Bemisia/TYLCV (développement, effets sur les plantes) Les politiques et actions phytosanitaires mises en place ou déjà existantes qui ont permis de gérer ce risque. Ces mêmes thèmes serviront pour faire la grille des entretiens, qui avait pour objectif d assurer une cohérence entre les différents entretiens. Ainsi la grille ne change pas en fonction des acteurs mais elle subit des modifications ad-hoc suivant les contextes d entretiens. Cette grille est livrée dans l annexe 3. Une première sortie de terrain faite à Alenya et Montpellier, du 20/02 au 23/02, a permis de tester cette grille et de préparer la sortie en Catalogne qui a été réalisé la semaine du 20 mars. Par ailleurs, l étude bibliographique et les information recueillies pendant la première sortie de terrain à Alenya ont permis de confronter, en catalogne, les premiers éléments recueillis, notamment en demandant à l interviewé s il a la même vision des choses que certains homologues, ou la même vision que celle qui pouvait avoir été dégagé à la suite d entretiens précédents. Cette technique vise 1 Dans la monographie de Giovanni Prète il propose un regard sociologique sur la structuration de la problématique d une action collective vis-à-vis le risque émergent de Bemisia/viroses en Roussillon. 12

à saturer progressivement l exploration des points de vue et à s assurer, via des confrontations entre points de vue, s il y a ou non un ensemble cohérent de positions faisant système. 3. Réalisation du travail d enquête 1 Pour mener le travail d enquête on a utilisé une méthodologie classique de sociologie qualitative inductive, à savoir que l on ne visait ni à l exhaustivité ni à une étude statistiquement représentative du problème de la gestion du risque de Bemisia/Viroses, mais on a cherché à conduire des entretiens qui puissent nous donner le plus d information sur la situation telle que vécue par les acteurs. On la qualifie d inductive puisque les hypothèses ne seront établies que lorsqu on aura mené à terme le travail exploratoire grâce aux éléments recueillis lors des entretiens, observations, et de l étude de documents officiels et privés. Les connaissances agronomiques du sujet obtenues à travers une étude bibliographique ont été d un appui certain pour poser des questions plus précises et dégager d autres enjeux. Une fois l entretien terminé il est nécessaire de faire un recul pour ramener la conduite de l entretien à l objectif du travail. Ce travail a consisté à décrire, identifier, les étonnements qui ressortent de l approche inductive et à faire état des questions qui restent en suspend pour progresser dans la lecture sociologique du problème. 4. Présentation du terrain 4.1. Différences entre les deux bassins de référence Quelques différences entre les deux bassins de référence ont été citées par les acteurs et semblent conditionner, selon les acteurs interviewés, tout intérêt de production de connaissances et des interactions entre les actants. En effet il semblait essentiel d aller découvrir plus en détail la coévolution de la réglementation et des techniques de production. En fait il apparaissait qu une réglementation différente (cycles culturaux, marchés, coûts et exigences de production, méthodes de lutte contre le pathosystème) soit la cause de la différence de gestion entre le système Français et Espagnol. D ailleurs cette phase exploratoire a permis de mettre en évidence que, bien que le pathosystème présent en France et en Espagne soit le même et qu il soit soumis à une même réglementation européenne (OQ), ils sont l objet d activités différenciées dans chacun des pays. Par exemple en France prédomine une stratégie autour d une protection phytosanitaire fondée sur la prophylaxie et sur une visée d éradication des pathogènes de quarantaine. Tandis qu en Catalogne espagnole, dans une contexte de production tout à fait différent, constitué d abris simples dans lequel le confinement 1 Voir annexe 2 sur la méthodologie utilisée pour l évaluation des entretiens, et pour la réalisation du document projet avec les résultats. 13

est irréalisable, la stratégie semble être fondée sur une approche écologique favorisant les échanges entre la culture sous abri et l extérieur, de façon à optimiser le rôle des auxiliaires naturels. Ces différences semblent être aussi la conséquence d une réglementation différente, dans le premier cas, en France, elle vise à l éradication du pathosystème par arrachage total de la culture dès que 1/1000 est contaminé. La deuxième vise à contrôler la maladie, et non pas à l éradiquer, en n arrachant que les plantes contaminées. 4.2. Identification du travail en Catalogne Sachant qu en Roussillon le problème de la gestion du risque Bemisia/Viroses avait mené à une situation de crise, suivie d une recherche de restructuration du dispositif de gestion (création de la cellule de veille), on a trouvé nécessaire d aller chercher en Catalogne si l arrivé de ce risque avait incité la création d un réseau d acteurs spécifiques. En effet l irruption d un risque semble être un révélateur du fonctionnement politique, économique et social des mondes qui doivent y faire face parce qu elle pousse les acteurs à agir et à réagir (G. Prete 2004). On définit 3 contextes dans lesquels semblent être inscrits les acteurs : Le contexte de recherche scientifique et technique (description des dynamiques du pathosystème, création de modèles pour aide à la prise de décision ) Le contexte de création de normatives et des mesures obligatoires de lutte (participation à la mise en place des mesures, paramètres prises en compte ) Le contexte des pratiques (dispositifs de conseil, appréhension des normatives, connaissances disponibles ) On voit l intérêt de décrire le dispositif de coordination des acteurs pour expliquer la différence de gestion. En fait on a cherché à répondre à la question «d où vient la différence du système de gestion du même problème phytosanitaire entre les deux bassins de référence» On a posé ainsi l hypothèse que cette différence venait de la différence dans l organisation des collectivités. 4.3. Difficultés et limites La grille qui se divisait dans les mêmes trois parties désignées pour l étude du travail bibliographique, a permis d avoir des informations plutôt techniques, et des descriptions de la situation actuelle, mais elle n a pas toujours pu permettre de qualifier la relation entre les acteurs. Par ailleurs les questions pouvaient paraître parfois trop générales pour les praticiens, et elles ne permettaient pas toujours de décrire des réseaux en allant au delà de leur définition formelle et institutionnelle. Par ailleurs lorsque les entretiens se faisaient dans le milieu de travail de l acteur (dans les serres pour les techniciens, dans le bureau pour les chercheurs) les interviewés étaient plus à l aise, et l information recueillie était de plus grande qualité. 14

IV. Résultat de l étude en Catalogne 1. La préparation 1.1. Prise de rendez vous Dans un premier temps elle a été réalisée en envoyant des courriers adressés par le projet BemisiaRisk aux acteurs identifiés 1. Cependant, le taux de retour a été quasi nul. De là, dans un deuxième temps, la décision a été prise d utiliser un intermédiaire qui participait au projet (chercheuse à l IRTA de Cabrils 2 ), pour prendre les premiers contacts. Le fait d être introduits par elle, nous a permis de n avoir aucun refus. Cependant on était conscients du biais que cela allait créer un biais dans le choix des acteurs interrogés, mais avec ces premiers interviewés on pouvait déjà découvrir le dispositif et définir les acteurs pertinents pour la suite de l enquête. Finalement on a réussi à rencontrer que des acteurs qui étaient dans le réseau identifié par notre intermédiaire, la description des autres, comme les agriculteurs qui n étaient pas organisés, n a été qu indirecte. 1.2. Réalisation de la grille d entretien Etant donné les difficultés rencontrées pour mener les entretiens et pour dégager des informations sur le dispositif d action collective pendant le terrain au sud de la France, il a été essentiel de redéfinir la grille d entretien (annexe 3). De plus, les objectifs des entretiens en catalogne visaient à dégager des informations sur les acteurs concernées et la gestion du risque en catalogne espagnole et pas seulement de faire un briefing dans les 3 domaines différenciés (étude du pathosystème, des techniques de production, de la réglementation). Cette redéfinition a été réalisée avec après une discussion avec G. Prete et M.Barbier, et à la suite d une analyse documentaire approfondie 3. Ainsi pour permettre la saisie des opportunités qui se présentent, la grille devait se présenter aussi comme un aide-mémoire résumant les différents thèmes à aborder lors des entretiens. Les thèmes définis ont été : 1/Environnement de la production de tomate 2/Voir quand et comment apparaît la problématique de Bemisia/TYLCV dans le parcours de l acteur. 3/Demander de qualifier la relation avec les autres acteurs et déterminer les conséquences de son travail sur la gestion 4/Changements crées dans ces relations avec l arrivée du problème. 1 Identification faite par l étude bibliographique ou par l information recueillie dans les entretiens. Annexe 1 2 L IRTA (centre de recherche agronomique catalan) souvent assimilé à la station expérimentale d Alenya, notamment par le type de recherche, est le participant du projet Bemisiarisk qui est en charge de l étude du bassin de référence Catalan Espagnol. 3 Utilisation du «Vadémecum du guide d entretien» utilisé dans la pre-phase d identification des cas disponibles du projet innovation ICTA-ACTA. 15

5/Dispositif utilisé pour la mise en place des méthodes de lutte. 6/Vision des échanges réalisés avec la France sur des problèmes des pathosystèmes. 7/Vision du développement durable. A l intérieur des chaque thème, une question générale était posé dans un premier temps, pour voir s il y avait un domaine ou acteur auquel on n avait pas pensé, et des relances qui visaient plus l objectif de chaque thème. On a pu établir deux ordres des thèmes, qui variaient selon le type d acteur rencontré, pour ainsi insister plus sur le mode de production et de transfert des connaissances scientifiques d un coté et d un autre coté sur le dispositif d action mis en place suite à l apparition du problème : 2/3/6/4/5/7 Pour les acteurs dans domaine de la recherche scientifique et technique. 1/2/3/4/5/6/7 Pour les acteurs dans domaine de la pratique et le domaine politique 1.3. Organisation pratique des entretiens Les entretiens ont été réalisés en binôme avec G.Prete. Etant donné mon aptitude dans la langue espagnole, il avait été décidé que je mènerais les entretiens en présentant, dans un premier temps, l objectif de l interview elle-même (Connaître l histoire, les différents acteurs, les techniques, les réglementations qui gèrent le risque du pathosystème Bemisia/TYLCV) et en insistant sur le caractère exploratoire de l étude avec des phrases du style «on ne connais rien sur la catalogne espagnole mais un travail semblable a été déjà réalisé en Roussillon». Par ailleurs G.prète pouvait intervenir pour faire des relances ou les suggérer, ainsi que pour guider l entretien. 2. Résultats de l étude D une part une base de données a été organisée dans un document avec des liens hypertexte (voir l annexe 6). Elle cherchait à fournir toute la documentation obtenue dans les deux mois, qui a été trié selon le type d acteur concerné et met en évidence les trois domaines de production de connaissances obtenus suite à l évaluation des entretiens. D autre part un document final de projet met en évidence toutes les découvertes, les analyses, et les hypothèses fournies pour fonder l étude qui suit (annexe 4) 2.1. Description des acteurs du réseau catalan On a établi une description «institutionnelle» grâce aux documents disponibles sur la page web de la mairie de catalogne (annexe 5). Cependant notre objectif était de réaliser une présentation de chacun des acteurs enquêtés avec des apports complémentaires de regards croisés, pour ainsi amorcer l étude des coopérations où des désaccords entre eux. On peut différencier 3 domaines de production de connaissances, le scientifique-technique, le politique- réglementaire et le domaine de pratiques. Au sein de ces 3 domaines on peut différencier 16

des acteurs publics et privés. Ces acteurs interviennent surtout dans le domaine régional cependant des relations avec les autres états ou avec le gouvernement central permettent le transfert des connaissances hors la communauté autonome. Le service de la protection des végétaux et la direction du département d agriculture On découvre 2 contextes : l Etat et la Région. L étude de leurs interactions semble être importante lorsqu on cherche à voir l organisation des différents acteurs autour du risque Bemisia /Viroses en Catalogne espagnole. En fait, la «normative nationale» 1 responsabilise l administration pour déclarer les problèmes phytosanitaires et le service de protection des végétaux (SSV) pour les gérer. Suivant cette loi, la réglementation régionale catalane, qui établit les mesures de gestion spécifiques, définit les missions de la DARP (Direction d agriculture élevage et innovation) pour faire la déclaration officielle, et du SSV pour contrôler le problème. Les acteurs du SSV, seraient donc entre l état et la région, et présents dans les 3 domaines. Cette position leur permettrait d avoir accès aux connaissances et aux réglementations nationales. De plus ils peuvent développer au niveau régional des projets de recherche avec les Universités. D ailleurs le SSV de Lleida et l université de Lleida se trouvent dans le même campus, mais aussi avec des centres de recherche et expérimentation comme l IRTA. En plus des collaborations maintenues avec les Associations pour la Défense des Végétaux (ADV) leur permet de rentrer dans le domaine de la pratique. Les acteurs du conseil Les ADV sont des associations privées crées par le DARP en 1983. On n a pas réussi à obtenir la réglementation qui met en évidence ceci. Cependant on a eu des témoignages faits par des fonctionnaires des SSV qui ont vécu de près la création de ces associations et par les techniciens de ces associations. Elles sont constituées d agriculteurs qui peuvent avoir différentes pratiques agricoles, liens avec des coopératives. Le Département a transféré les missions techniques à ces entités spécialisées, privées, sans objectif lucratif et dont la mission est d apporter un conseil technique dans les 4 provinces de catalogne. Pour recevoir la subvention de la région elles doivent lutter collectivement contre les maladies des végétaux, promouvoir la protection intégrée, disposer au minimum d un technicien pour lequel ils reçoivent une aide de 6000 par an. L ADV est un acteur qui a des relations avec le SSV, l IRTA et les agriculteurs, ce qui lui permet de disposer de connaissances scientifiques, d aides financières tout en étant proche des agriculteurs. Au même temps le caractère «privé» lui permet de disposer d une indépendance, qui lui 1 La «Ley real del servicio de sanidad vegetal» vise déjà des mesures phytosanitaires minimales à mettre en place, mais aussi envisage quelques aides pour la gestion des problèmes phytosanitaires en géneral. 17

permettrait d être accepté plus facilement par les agriculteurs puisqu il n est pas vu comme un organe de l administration par ses partenaires. Selon des donnés [1] de 2003, les ADV font le conseil agricole dans 50% de la superficie catalane. Ceci montre qu il serait important de tenir en compte des agriculteurs qui ne font pas partie de ces institutions. En effet selon les techniciens des ADV, ces acteurs n intègrent pas leurs associations «par ignorance, ils croient que les ADV sont des inspecteurs, alors que nous on ne les oblige à rien, mais c est juste parce qu on collabore avec le SSV. Ils pensent qu on est l administration mais on ne l est pas moi je travaille pour les agriculteurs.montse Matas». Ces acteurs pourraient aussi faire partie du dispositif d action collectif. Par ailleurs on n a pas interviewé des membres des syndicats mais on a essayé d obtenir des informations par le SSV et les ADV. Dans la région catalane il y 3 syndicats : La Union de Pagesos, El Instituto Catala de San Isidro, et La Asociacion de Jovenes Agricultores. Dans le domaine horticole il paraît qu ils n ont pas un rôle spécifique, selon les ADV les techniciens des syndicats ne font pas du conseil technique mais plutôt un travail administratif. De plus, on pourrait supposer que l importance économique et de production de la tomate pourrait influencer sur le poids que les revendications des syndicats, à propos des lois de lutte contre Bemisia/ viroses, peuvent avoir au sein du département. L Institut de Recherche Agronomique Catalan L IRTA en tant qu institut de la DARP crée en 1985, doit coopérer avec les autres organes pour la définition et la mise en place de projets de recherche et l expérimentation avec des objectifs finalisés, ainsi que pour la communication des avancées sur la production agricole. D un lien qui serait plutôt technique avec les ADV et politique avec le SSV on pourrait dire que l IRTA est un organisme hybride qui permettrait de rapprocher ses deux contextes. Par des raisons de temps on n a pas réussit à interviewer notre intermédiaire, ceci étant indispensable non seulement pour décrire l acteur, et voir son rôle dans la gestion du problème en Catalogne mais aussi pour déterminer l intérêt d intégrer un projet de recherche français. Cependant en croissant les descriptions réalisés par les autres acteurs, on voit que les domaines de recherche développées par l IRTA ne sont pas toujours en accord avec les finalités cherchées par les autres acteurs. Ainsi, il semblerait que le type de financement obtenu (public, international, privé ) aurait un poids très important sur cette définition. Entre les ADV et IRTA il semblerait qu il y a des partenariats, notamment pour la recherche de nouveaux auxiliaires. Comme on a pris un intermédiaire de l IRTA, on n a rencontré que les ADV qui avaient des liens avec l IRTA. Il faudrait voir s il y a d autres ADV qui conseillent des 18

agriculteurs pour la production de tomate, et déterminer sur quels bases scientifiques ce basent t ils pour déterminer les techniques de lutte contre le problème de Bemisia/Viroses. De là on pose comme hypothèse qu étant donné que les textes de lois qui déterminent les droits et devoirs de chaque acteur différent entre les deux bassins de référence, ils dessinent une organisation collective différente. Cependant il reste à démontrer si l organisation collective différente est la cause d une gestion différente du risque Bemisia TYLCV. 2.2. Le contexte des bassins de référence justifierait en partie la différence de gestion. Contexte réglementaire Le statut d autonomie de la région Catalane, justifie la mise en place de techniques de contrôle différentes entre le Sud de l Espagne et la Catalogne. Du fait d une «normative nationale» préexistante à l émergence de Bemisia/TYLCV, les acteurs catalans étaient déjà informés sur le risque et les méthodes de lutte à développer. Cela aurait permis en catalogne de passer d une situation de risque à une situation de gestion sans passer par la crise, comme cela est décrit pour le Roussillon par Prete (2004). C est là un point très important de l étude. Ainsi il sera important de tenir en compte le poids de la réglementation nationale, et de voir comment celle-ci peut être adaptée à chaque contexte régional. En effet ceci peut viser à développer une méthode de lutte au profit de l autre suivant les aides financières du département, la rigidité des normes, le poids économique de la production en danger, entre autres. Contexte de production Il est probable qu une faible proportion des cultures de tomate (sous serre chaude et froide) jouerait sur l intérêt que la région puisse donner au problème de Bemisia/viroses. En effet ceci peut être mis en évidence en étudiant : le nombre de techniciens investis pour les prospections, le nombre d ADV touchés par ce problème, les financements donnés par la région pour l éradication, pour le contrôle, et pour la recherche. Ces conditions de production pourraient justifier le fait que : Pour les chercheurs de l IRTA, dans le domaine de la lutte intégré, il est intéressant de faire de la recherche surtout sur la biologie des différents ravageurs et sur leur adaptation dans les serres type tunnel plutôt que sur les serres chauffées comme en France. Pour les SSV le problème du TYLCV reste un problème mineur qui ne fait pas des dégâts comme la flavescence dorée des vignes, ou autres maladies des espèces fruitières qui sont elles plus abondantes : 14.4% de la SAU de catalogne avec des espèces fruitières contre 1,8% des espèces horticoles en 2003 (DARP, 2005) Pour les ADV ce contexte est un enjeu très important car ce type de culture nécessite un conseil plus centré et des connaissances techniques très détaillées. De plus on constate un faible poids de la concurrence européenne. La concurrence nationale semble exister mais elle serait subie par les producteurs catalans sans aucun problème. Il y aurait une 19

concurrence plutôt régionale, et des exigences de qualité plus faibles que celles fixées par la GMS en France. Ceci ce refléterait dans la façon dont les autorités abordent la présence de bemisia (ils acceptent la mise en place de règles pas trop strictes) et dans les dispositifs de conseil (ils conseillent avec des résultats qui ne sont pas 100% efficaces à court terme). De plus, ce faible poids de la concurrence internationale et nationale pour la production catalane de tomates expliquerait en partie les faibles investissements du gouvernement dans la gestion du problème et la souplesse dans la réglementation n obligeant qu a l arrachage sélectif des plantes infectées. Finalement on voit que les acteurs du contexte politique, scientifique et pratique n exigent pas des solutions à court terme «type isolement» mais favorisent la mise en place des solutions à long terme comme la lutte biologique. De plus les agriculteurs ne sont pas intéressés pour mettre des filets anti insectes même s il y a un financement prévu, en effet la dimension du problème ne justifie pas les changements que ce type de lutte peut provoquer dans les systèmes de production. D ailleurs pour les agriculteurs catalans si le problème n est pas très grave, alors ils n investissent pas. On dirait donc que pour la tomate il n y a pas peur d avoir quelques pertes dans la production et en raison d une faible concurrence, les exigences de qualité et les rendements attendus ne sont pas très forts. Finalement le poids de cette production justifierait le faible degré de problématisation de l arrivée du pathosystème Bemisia/TYLCV. Tout ceci contraste avec la situation française, où les exigences de qualité et de rendement de cette production sont assez strictes. De là les solutions envisagés visent une élimination rapide du vecteur en isolant la culture du milieu extérieur et en obligeant un arrachage total de la culture si celle si est contaminée. 2.3. L arrivé du pathosystème n incite pas à la création d un réseau spécifique. Pour faire face au risque Bemisia/TYLCV on a découvert qu il n y a pas un dispositif type cellule de veille ni une action collective particulière, de là on s intéresse à savoir comment ils gèrent. Le dispositif de conseil semble être concentré sur les ADV. Cependant entre celles-ci les façons de travailler, et les collaborations restent assez contrastées. Ceci est favorisé par le fait que la réglementation ne précise pas les limites de lintervention «il n est inscrit nulle part ce que doit faire une ADV. Montse Matas», sauf pour les collaborations avec le SSV. Les collaborations vont dépendre principalement des relations entretenues avec les agriculteurs membres de l ADV «on a des relations avec l union de pagesos mais parce que plusieurs de nos agriculteurs font aussi partie des syndicats, en plus on partage le même bureau, les connections entre les techniciens des syndicats et nous n est que par coïncidence et pas parce qu il est hiérarchisé de cette manière là. Montse matas». Elles dépendent aussi des infrastructures disponibles (techniciens, moyens de transport) pour satisfaire les besoins des partenaires. En fait les 20

limites géographiques d intervention semblent dépendre de cette dernière condition, mais aussi d un certain «respect» entre les ADV. En France, pour la filière fruits et légumes le conseil est assuré surtout par des techniciens privés des OP ce qui permet aux agriculteurs d avoir un conseil de plus en plus spécialisé. Aujourd hui la communauté européenne souhaient qu ils prennent de plus en plus d importance (entretien avec B.Jeannequin). Le conseil donné par les OP est ainsi plus important que celui réalisé par les chambres d agriculture. Les serristes, qui sont dans un monde plus «professionnalisé», comptent de plus en plus sur ce réseau d expertise, ce qui fait qu ils peuvent avoir tendance à moins s intéresser à des enjeux plus collectifs et notamment sanitaires comme Prète (2004) l a montré notamment à partir de l étude de la cellule de veille. Il semblerai que pour le problème de Bemisia/viroses c est l existence de ce type de réseau, dans le domaine pratique, qui permettent gérer le risque grâce a une interaction plus ou moins étroite (selon le contexte) avec les autres domaines. Cependant ils nous manquent, pour fonder quelques relations, des objets qui témoignent de leur formalisation. Par ailleurs, une réglementation «souple» sur le dispositif d action collectif permettrait que: Les techniciens des ADV puissent transférer l information sur l incidence de Bemisia/TYLCV sans avoir aucun problème avec les agriculteurs. Les agriculteurs laissent aux techniciens du SSV de rentrer dans ses parcelles pour vérifier la présence de TYLCV (lorsque ceci n avait pas été fait par une ADV) et les méthodes de lutte obligatoires (arrachage, vide sanitaire) Les ADV, SSV, et l IRTA puissent promouvoir les méthodes de Lutte intégrée L ADV puisse avoir accès aux avancées de l IRTA, ceci semble être un dialogue plutôt informel. Ainsi la réglementation faciliterait les communications entre les acteurs, mais aussi le développement des pratiques comme la lutte biologique même si celles-ci sont à l épreuve lors de l arrivée d un nouvel ravageur. 2.4. Promotion de la lutte biologique comme méthode de lutte On peut poser l hypothèse que les institutions ont vu que la gestion du problème serait moins chère et moins difficile s ils soutenaient au même temps la mise en place des méthodes de contrôle qui ne visaient pas l éradication totale de la culture et des actions réglementaires qui visaient à développer la Lutte Biologique. En plus cette solution semble arriver dans un moment où la réglementation des pesticides est de plus en plus forte et remise en question par les agriculteurs. D un autre coté les agriculteurs ont accepté cette méthode de lutte, puisqu il s adaptait à leurs pratiques culturales et ils ne risquaient pas d avoir des pertes ou de faire des investissements importants. Par ailleurs il est clair que la réglementation permet le développement de la LB en catalogne. De plus un organisme «le conseil catalan de la protection intégré» qui existe depuis 2002 est en charge de réguler la protection intégrée. Ainsi il s intéresse aux mesures de lutte qui sont proposés dans le département et il intervient dans l élaboration des normes techniques pour la protection intégrée. Ce 21