42. KITAGATA 35 26 01 N - 136 41 04 E SANAA - Tokyo - Japon 2000
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LE RUBAN ABSTRAIT Dans la banlieue nord de Tokyo, la préfecture de Gifu, en collaboration avec A. Isozaki, a planifié un nouveau quartier pour du logement dense et social. Le masterplan propose de disposer quatre unités d habitation sur le pourtour de la parcelle afin que l espace central puisse profiter à tout le monde. Le contexte urbain est très peu dense, il est essentiellement constitué de logement individuel ainsi que de petits entrepôts industriels. Tous ces édifices sont bas, ils ne dépassent pas les trois niveaux. Cet ilot éclaté rompt totalement avec la ville traditionnelle, en contradiction avec le tissu de cette préfecture éloignée du centre ville. - épaisseur fragile - Au Japon, les logements sociaux forment de grands volumes monolithiques et se caractérisent par l accumulation de petits éléments. K. Sejima prend une direction opposée à cette tendance en proposant une barre continue. Afin de diminuer la massivité de sa barre, l architecte prit le parti de réduire la profondeur et de faire plus de niveaux que les trois autres bâtiments. La barre devient alors très verticale, elle parait très élancé à cause de sa faible épaisseur et par ce biais assez fragile. Ce sentiment est accentué par les percements aléatoires qui laissent percevoir le paysage au travers de son épaisseur alors visible. La barre est montée sur pilotis, elle libère le rez de chaussée et semble alors flotter. Le rez de chaussée sert de parking à vélo et offre une grande liberté d accès à l édifice, il n est plus une frontière, il est totalement perméable aux circulations. I
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- envelopper la forme - La définition de la typologie est la base de la réflexion de cette barre. A partir d un système simple de cases, l architecte a pu composer une série de logements très différents. La cellule élémentaire de l appartement donne le rythme pour la structure du bâtiment, depuis le sol, on a l impression que cette barre est un immense casier dans lequel on a réparti différentes pièces pour composer des appartements. C est à partir de la typologie que la réflexion se fait, l ensemble n est que la conséquence de cette base. La typologie standard est imaginée pour correspondre à différents types de locataires. Des variations sont additionnées à cette base, ce qui apporte une unicité à chaque logement qui a alors une coupe différente de celle de son voisin. Ces variations à partir du même type permettent le développement de différents styles de vie. Non seulement l appartement est unique mais son usage l est aussi, chaque chambre est potentiellement accessible par une porte depuis la galerie qui rend la maison flexible et capable d absorber les structures familiales les plus diverses. La forme et la taille de chaque appartement restent indéchiffrables depuis l extérieur sur la façade urbaine au nord. Seuls les escaliers la rythment, ils découpent cette barre obliquement, les trous ne donnent aucun indice non plus. La tôle déployée joue comme le rôle d un tissu qui homogénéise la forme. Le second plan est blanc et quelques portes le rythment de manière très subtil. Au contraire, coté sud, les logements sont clairement reconnaissables. La lecture des fenêtres est plus facile, la barre de logement s exprime en tant que tel. Cette façade est aussi très homogène mais les contre-cœur blancs donnent la lecture de chaque appartement comme un mince bandeau les entourant. II
III
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- brouiller les pistes - Chaque logement est composé au minimum d une terrasse, d une cuisine, d une pièce traditionnelle avec un tatami ainsi que de deux chambres. Ces espaces sont connectés entre eux et s ouvrent sur la galerie intérieure au sud - l engawa. C est un espace de transition entre l intérieur du logement et le paysage extérieur. A cette cellule de base viennent s additionner d autres unités. Ainsi, chaque appartement devient unique et a une spatialité propre et individuelle. Dans cette maille de cases, les silhouettes des habitants sont visibles comme sur un écran. Cette visibilité depuis l extérieur ne gène en rien la privacité des logements car tous se projettent sur l extérieur. La combinaison des logements, comme un Tetris, brouille la lecture sur le début et la fin des logements. Ce jeu entre les étages marque une distanciation entre l espace public de la coursive et l espace privé, indépendamment de la contiguïté physique. IV
V VI
- seul dans la barre La relation entre l appartement et l espace public est complexe. Dans les bâtiments de grande hauteur, la porte d accès au niveau de la rue est le seul point de relation entre l appartement et l espace extérieur. Mais ici, K. Sejima a voulu expérimenter en réfléchissant sur le fait que les logements collectifs devraient avoir la possibilité d établir des relations nouvelles et plus variées entre l intérieur et le sol. Ainsi, chaque logement dispose d au moins trois accès à la coursive publique. Un depuis la cuisine, un autre depuis la pièce traditionnelle et un autre depuis la terrasse. Cette multiplicité de portes apporte une signification différente pour chacune d entre elles et pour chacun des utilisateurs. La porte de la cuisine peut devenir la porte de service, celle du jardin le porche etc. La terrasse, du fait de la distance avec le sol, est l espace qui offre la possibilité de jouir de l air extérieur. Située de manière aléatoire dans l ordre des pièces, elle prend différentes fonctions, elle peut être zone de jeux entre deux chambres, salle à manger d été à coté de la cuisine. Elle est réellement conçue pour être une pièce extérieur au cœur de l appartement. VII
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VIII IX
X Cette barre de logement n use d aucun élément du langage monumental traditionnel. Elle en est presque le contraire. Elle reste humble mais tout de même représentative. Cette représentativité est marquée par les plis, l extrême finesse mais aussi par cette idée d abstraction collective. Même si la réflexion est partie d une cellule de base, le traitement homogène qui unifie le tout crée une masse. Les escaliers qui longent la façade en une seule diagonale donne clairement la lecture des étages, on prend alors la mesure des neufs étages en lévitation sur ces pilotis-lames. Cette barre est comme un ruban abstrait qui vole au dessus des piétons et des vélos.
- Bibliographie - Y. Hasegawa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa SANAA, Electa, 2005 A. Ferré & T. Sakamoto Kazuyo Sejima en Gifu, Actar, 2001 - Illustrations - I Vue terrasse - http://3.bp.blogspot.com/-ppjtppr1zzi/ucxdpallhxi/aaaaaaaaacs/ ubnbtrnfmjc/s640/sanaa_gifu_02.jpg II Vue escalier - Y. Hasegawa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa SANAA, Electa, 2005 III Vue façade - Y. Hasegawa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa SANAA, Electa, 2005 IV Vue façade - http://2.bp.blogspot.com/-fyad7nymexg/tut_eynm0xi/aaaaaaaaldi/ hcapxlqzr14/s1600/sanaa+.+gifu+kitagata+apartment+building+%25281%2529.jpg V Vue façade - http://2.bp.blogspot.com/-ghxwoifan0y/tut_bocfgki/aaaaaaaale0/ SaLdZl7yXeA/s1600/SANAA+.+Gifu+Kitagata+Apartment+Building+%25289%2529.jpg VI Vue coursive - http://2.bp.blogspot.com/-3txsurzillu/tut_g4ronei/aaaaaaaaldg/ Q9A3cjNwPnk/s1600/SANAA+.+Gifu+Kitagata+Apartment+Building+%25284%2529.jpg VII Vue intérieure - Y. Hasegawa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa SANAA, Electa, 2005 VIII Vue intérieure - http://1.bp.blogspot.com/-rjulu4syw-o/ucxdgwnsuhi/aaaaaaaaaei/ wqizkmugthm/s640/sanaa_gifu_14.jpg IX Vue engawa - Y. Hasegawa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa SANAA, Electa, 2005 X Vue terrasse - Y. Hasegawa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa SANAA, Electa, 2005