Le commerce équitable



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Transcription:

Le commerce équitable Le commerce équitable vise à introduire, au cœur du commerce international, le principe de plus juste répartition des revenus marchands, afin d assurer aux producteurs issus des pays en développement un niveau de rémunération leur donnant capacité pour localement: - Etablir des processus de développement économique (mise en place de filières de production, organisation des branches d activités ) - Constituer des processus de développement humain (création de structures sanitaires, éducatives ) - Initier des processus de gestion de l environnement (préservation des réserves de biodiversité, optimisation de la consommation des matières fossiles ) Le mécanisme de formation des prix constitue la clé de voûte du commerce équitable. Un prix équitable répond aux objectifs présentés ci-dessus, et atteste de la qualité sociale et environnementale des conditions de production de la marchandise. Un prix équitable est négocié et non imposé par les multinationales. Le commerce équitable promeut transparence, bonne gouvernance, et responsabilité. A ce titre il contribue activement au développement durable. L UIDD et le commerce équitable Le commerce équitable, tel que le soutiendra l UIDD, doit résulter non seulement d une dynamique occidentale associant producteurs, négociateurs, et consommateurs au sein d un circuit économique plus redistributif, mais doit également procéder d un engagement fort des pays en difficultés pour encourager ces pratiques. Il devra à l avenir ne pas dépendre du seul bon vouloir occidental, mais recouvrir un processus de négociation où chaque partie prenante possède les moyens d agir, de choisir et de contraindre son interlocuteur. Si actuellement, l impulsion de démarches «commerce équitable» provient principalement des pays développés, l UIDD s emploiera à favoriser le 1

portage par les producteurs du Sud de tels projets. De la sorte, le commerce équitable s affirmera comme le référentiel partagé du commerce international gageant d un rééquilibrage des rapports commerciaux. Le commerce équitable ne se limite pas à la constitution d une activité économique plus juste, il implique en filigrane l adhésion morale aux engagements des Nations Unies et de l UIDD en faveur des droits de l homme, de l environnement, et plus largement du développement durable. Quarante ans pour obtenir un écho international Le commerce équitable procède de la prise de conscience des dégâts sociaux et environnementaux causés par les filières d importation des pays industrialisés. En 1964 la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) dénonce l inégalité des termes de l échange et alerte la communauté internationale de l insoutenabilité humaine et sociale des règles régissant jusqu alors le commerce international. A la fin des années 60, le commerce équitable se formalise au Pays-Bas pour se répandre progressivement en Europe, Amérique du Nord et en Asie. Les premiers points de vente de produits issus du commerce équitable apparaissent au milieu des années 70. Dix ans plus tard émergent des organisations internationales structurant, formalisant, et donnant voix aux initiatives disséminées dans les pays industrialisés. Successivement sont crées l IFAT en 1988, Fédération Internationale du Commerce Equitable, puis l EFTA en 1990, European Fair Trade Organisation, le Réseau Européen des Magasins du monde NEWS, puis la FLO, Fair trade Labelling Organisation en 1997 réunissant divers labels de commerce équitable (Max Havelaar, Fairtrade, Transfair). En l espace de quarante ans, le commerce équitable a obtenu un écho international, et doit désormais convaincre de sa pertinence et de son efficacité. Pour ce faire, la contrainte politique ne suffit pas, un processus de renouvellement des schémas classiques de rentabilité économique doit parallèlement s amorcer. Ces derniers fondés jusqu à présent sur l existence d un différentiel maximum des coûts de production, sclérosent les rapports 2

de domination entre pays du Nord et pays du Sud, et freinent toute évolution volontariste provenant de ces derniers. Le commerce équitable aujourd hui : des mécanismes rôdés à généraliser Le commerce équitable s appuie aujourd hui sur deux mécanismes : d une part la juste négociation des prix en amont dans les pays exportateurs, et d autre part l achat responsable dans les pays importateurs. Si l acte d achat par les consommateurs des pays riches constitue le levier choisi par les organisations de commerce équitable (OCE) pour faire pression sur les multinationales, il n en constitue nullement une fin. Les OCE se posent pour objectifs : à court terme de contribuer à l amélioration de la situation des petits producteurs dans les pays du sud, et à plus long terme de proposer une éthique audacieuse, altruiste, et innovatrice aux acteurs du commerce international. En aucune manière utopie des décennies avenir, le commerce équitable entend concilier les objectifs de rentabilité poursuivis par les entreprises et la recherche de qualité et de responsabilité nourrie par les consommateurs. Le commerce équitable est au point charnière de son développement. En voie de professionnalisation, il s affirme comme une activité marchande à potentiel compétitif. Sa pénétration au sein des filières de grande distribution atteste de sa vitalité 1, et au regard de l intérêt croissant des consommateurs pour ce phénomène il promet de beaux lendemains aux entrepreneurs et multinationales les moins frileux. Par ailleurs les filières se dotent d organismes évaluateurs indépendants garantissant la transparence des circuits, et le respect de la bonne allocation des «surprix» issus du commerce. L organisme PricewaterhouseCoopers évalue à cet effet, via une série de questions posées en amont de la filière du produit, les performances économiques, environnementales et sociales des produits équitables. Ce procédé est enregistré sous la terminologie de Fair Trade Audit 200. Emerge également l idée d une normalisation ISO afin de protéger le commerce équitable d un effet marketing. Enfin aux échelles européennes et nationales se dessine une volonté politique pour favoriser ces pratiques. 1 Lancement par Max Havelaar, dans la grande distribution du label commerce équitable avec 13 produits mis à la vente en France 3

Parfaire les filières «commerce équitable» : pour une certification et la mise en synergie des activités durables Dans le respect de la bonne gouvernance s élaborent des filières «commerce équitable», comment fonctionnent-elles? - Les producteurs ménagent des conditions de travail décentes (au minimum en respect avec les normes émises par le Bureau International du travail, si les lois nationales n y suppléent), établissent des procédures décisionnelles démocratiques, et réinjectent localement les rémunérations supplémentaires. - Les importateurs négocient les marchandises à des prix avantageux pour les producteurs et répondant aux impératifs pré-cités. Ils s engagent également au préfinancement partiel de la production quand la dotation technologique ou l achat de matière première ne peuvent être assurés localement. Enfin ils assurent des filières les plus directes possibles, en diminuant au maximum les intermédiaires. - Les labellisateurs certifient les filières d importation. - Les consommateurs, préalablement sensibilisés, achètent les produits labellisés à des coûts équivalents, mais dont les marges pour le distributeur ont été réduites au profit du producteur. Les pertes de revenus pour les distributeurs induites par cette pratique sont compensables par des économies de budget marketing, et par des gains d image. - Les politiques incitent au développement de ces pratiques par l imposition de normes sociales et environnementales dans le négoce international. Si le fonctionnement des filières est aujourd hui rôdé, les produits labellisés souffrent plus que tout autre des caprices de la conjoncture internationale. En effet les produits concernés par des circuits équitables demeurent majoritairement des matières premières dont la faiblesse du cours sur les marchés internationaux empêche les pays, pour lesquels ils représentent la première source de revenus, d enclencher des dynamiques économique et sociale répondant aux besoins primaires de leur population. Parallèlement ces produits essuient frontalement les aléas des cours flottants des monnaies, et résistent à grand 4

peine aux politiques préférentielles conduites par les gouvernements du Nord au profit des productions nationales des mêmes matières premières. Ainsi, facilement déstabilisées, ces filières demeurent fragiles. En vue de les consolider les gouvernements sont invités à adopter des mesures facilitant la pénétration de ces produits sur les marchés nationaux, à soutenir les cours des matières premières (café, cacao, banane ), et à s engager politiquement pour favoriser les échanges équitables. Des initiatives se font jour, telle la réforme du code des achats publics en France, ou la modification du SPG européen (système de préférences généralisées), qui favorisent les productions répondant à des normes sociales et environnementales. Pour aller plus loin est avancée l idée d un «label social» permettant d éclairer le consommateur sur les conditions de production de la marchandise. Toutefois seule la mise en synergie des initiatives durables, agriculture, tourisme, gestion territoriale et commerce équitable gagera de la poursuite efficace des objectifs du développement durable. C est cette optique transversale que l UIDD entend développer au travers des expériences de recherche action et des modules de formation qui en seront extraits. 5