LA NUTRITION et les Objectifs de Développement Durable de l après-2015

Documents pareils
S engager pour la survie de l enfant: Une promesse renouvelée

Vers la cohérence des politiques au service d un développement durable

Deuxième Conférence internationale sur la nutrition. Rome, novembre Document final de la Conférence: Déclaration de Rome sur la nutrition

RÉUNION DES MINISTRES DE L'ALIMENTATION, DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE DES PAYS MEMBRES DU CIHEAM 9ÈME DECLARATION FINALE

Food and Agriculture Organization of the United Nations. Cent trente-huitième session. Rome, mars 2011

CONSEIL DE COORDIN AT I O N DU PROGRAM M E DE L ONUSID A

United Nations, World Population Prospects, CD ROM; The 2008 Revision.

Une banque peut-elle être engagée et responsable?

Document de réflexion : Précisions et orientations sur les formes inappropriées de promotion des aliments pour nourrissons et jeunes enfants

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD

Repenser notre façon d aborder les problèmes de poids : s inspirer d un nouveau paradigme. Fannie Dagenais, Dt.P., M.Sc.

UNE MEILLEURE CROISSANCE, UN MEILLEUR CLIMAT

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

PLACE DE L ASSURANCE PRIVEE DANS LA MISE EN ŒUVRE D UNE ASSURANCE MALADIE DITE UNIVERSELLE

L'Obésité : une épidémie?

La gouvernance foncière Agissons pour sa mise en œuvre!

La question sociale globale et les migrations. Présentation de Jean Michel Severino aux semaines sociales, 28 Novembre 2010

Le développement durable 2010

Les économies de l Afrique de l Ouest : un portrait statistique

Programme du Forum National sur la Nutrition et l Alimentation à l Hôtel KEMPINSKI N Djamena avril 2015

Nouvelle stratégie européenne d action pour la jeunesse «Investir en faveur de la jeunesse et la mobiliser»

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Lettre de mission. Services de consultant pour une évaluation à mi-parcours de la Stratégie de l UIP

Prof. PhD Mathias J. Rossi

résumé un développement riche en emplois

Cent huitième session. Rome, octobre 2011 FINANCEMENT DES ÉVALUATIONS - MISE EN ŒUVRE DES DÉCISIONS DU CONSEIL

Qu est-ce que l adaptation au changement climatique?

Une vision d avenir. Il était deux petits navires. Mise en contexte. Rapport Perrault. Forum des générations (2004) En bref...

Négociation ministérielle pour un prêt de la Banque mondiale

Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé

REPUBLIQUE TOGOLAISE. Travail Liberate Patria MINISTERE DE L AGRICULTURE, DE L ELEVAGE ET DE LA PECHE -PNIASA - PLAN D ACTION DU VOLET NUTRITION

Conception et mise en œuvre de l Alerte Précoce par FEWS NET

Tableau récapitulatif de l analyse fréquentielle

Titre : La Mutuelle Communautaire de Santé de Yaoundé : Un mécanisme solidaire de financement collectif d accès aux soins de santé de qualité.

E-monitoring : intégrer l émotionnel dans votre «balanced scorecard»

Introduction. Le Canada est un pays qui donne son plein rendement.

Programme d entraide à l allaitement maternel : une stratégie efficace pour rejoindre et soutenir les populations ayant de faibles taux d allaitement

Entreprises Citoyennes: Sécurité et Risques Industriels. Journées Annuelles du Pétrole. Christiane Muller, Air Liquide. Les Hydrocarbures de l extrême

Ateliers du Bureau des dossiers professionnels et sociaux ***

Synthèse des réponses reçues du sondage du 8 février 2013

Un contrôle citoyen avec les entreprises

L assurance qualité N 4. Décembre 2014

DONNER NAISSANCE NE DOIT PAS ÊTRE UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT

Résumé du Cadre stratégique anti-pauvreté des TNO

CONTRAT D ACCUEIL. Parents Assistant(e)s Maternel(le)s. Proposé par les Relais Assistantes Maternelles du Haut-Rhin

22 avril l investissement responsable de la maif

SECTION VI OUTILS DE GESTION DU RENDEMENT POUR DES FAMILLES D EMPLOIS COMMUNES POUR LES COMPÉTENCES COMPORTEMENTALES


Renforcement de la Nutrition (SUN) Stratégie du mouvement [ ]

ENSEMBLE REVITALISONS NOS ORGANISATIONS. Par nos relations, nos perceptions, nos actions

SANTE ECOLE ENSEIGNANTS

Le fonds de dotation. Titre.

LIVRET 3 (LDSS-4148C-FR)

Communiqué de la Conférence des Ministres européens chargés de l Enseignement Supérieur, Londres, Mai 2007

Comprehensive Africa Agriculture Development Programme (CAADP) CAADP Nutrition Capacity Development Workshop for the Southern Africa Region

Secrétariat permanent de la Plateforme 7 mai 2014 Martin Boekstiegel

Normes de mise en œuvre des programmes et applications concrètes. En vigueur à compter du 1 er janvier 2014

Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

Profits et pauvreté: la dimension économique du travail forcé

Comité des produits Discours du Directeur général. 29 mai DISCOURS D OUVERTURE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL AU COMITÉ DES PRODUITS.

S engager à agir pour le développement durable dans une période de changement

Technologie numérique : effets en cascade des améliorations à la productivité

Gestion de crise: quand les réseaux sociaux sortent les entreprises de leur tour d ivoire... Présenté par Nadia Seraiocco

Assurer l intégrité environnementale du système québécois de plafonnement et d échange pour les émissions de gaz à effet de serre

Reseaux d Action Globaux (RAG)

Cas de la Plateforme du Niger

Titre : POLITIQUE AFIN DE CONTRER LE HARCÈLEMENT PSYCHOLOGIQUE OU TOUTE AUTRE FORME DE VIOLENCE EN MILIEU DE TRAVAIL

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

Le jeu «Si le monde était un village» Source : Afric Impact

Plan d action de développement durable Le développement durable, une question de culture

Projet Fish & Catering Sector (Mise à jour du 13/10/08)

Burundi. Rapport national intermédiaire du suivi de la mise en oeuvre du Cadre d'action de Hyogo. Nom du point focal : Mr SERVILIEN Nitunga

POURQUOI LE GABON A-T-IL BESOIN DE STATISTIQUES FIABLES?

DEUXIÈME CONFÉRENCE DES MINISTRES AFRICAINS CHARGÉS DE L ENREGISTREMENT DES FAITS D ÉTAT CIVIL

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE SERVICES

Les critères d identification des pays les moins avancés

Dossier de demande d'entraide sociale CSM R

QUELLE REFORME DE L ASSURANCE-MALADIE AUX ETATS-UNIS? 1

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

demain Aujourd hui ACDIC A. PRESENTATION DE L ACDIC B. 10 ANS D ACTIONS. Des actes concrets, des effets, des impacts C. DES ACQUIS ET ATOUTS CERTAINS

UNIVERSAL HEALTH COVERAGE DAY JOURNEE MONDIALE DE LA COUVERTURE SANTE UNIVERSELLE 12 décembre 2014 Abidjan, INADES-Formation, Côte d Ivoire

L AIDE AU DÉVELOPPEMENT FRANÇAISE

La plateforme de micro-dons du CCFD-Terre solidaire

Accès aux soins des migrants à statut précaire: quelques enjeux et défis pour les intervenants

Pourquoi la responsabilité sociétale est-elle importante?

Foire aux Savoirs CONSOLIDER LA RESILIENCE A L INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L OUEST

INNOVATION & SUPPLY CHAIN Quelques problématiques sur lesquelles la supply chain peut et doit innover et être créatrice de valeur

Harmonisation pour la santé en Afrique (HHA) Cadre d action

PROGRAMME INTERNATIONAL POUR LE SUIVI DES ACQUIS DES ÉLÈVES QUESTIONS ET RÉPONSES DE L ÉVALUATION PISA 2012 DE LA CULTURE FINANCIÈRE

Résultats des Comptes de la Santé 2012 en RD Congo

Inclusion bancaire et financière, quelles nouvelles?

Title: OED Précis no Gestion de la production animale au Botswana: les précieuses leçons des expériences précédentes Job number: 98F0708

Étude de cas : création d une section nationale de GOPAC

Les dépenses et la dette des ménages

En Afrique, les opportunités d emploi offertes aux femmes proviennent à 92 % de l économie informelle (estimation). JORGEN SCHYTTE/Still Pictures

Compétences, qualifications et anticipation des changements dans le secteur de l électricité en Europe

4 e SONDAGE SUR LA RESPONSABILITÉ MUTUELLE NATIONALE EN PRÉPARATION DU FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT 2016

Transcription:

La NUTRITION et les Objectifs de Développement Durable de l après-2015 Note d orientation LA NUTRITION et les Objectifs de Développement Durable de l après-2015 Une attention spéciale doit être portée à la nutrition alors que le monde cherche à accélérer et maintenir les progrès récemment accomplis en matière de développement, et à les accroître de sorte à englober les lieux et les personnes qui ont été laissés pour compte. Il y a urgence à agir, et à conférer un rôle plus important à la nutrition dans le cadre des Objectifs de développement durable. La nutrition est aussi, notamment, un droit fondamental pour tous. Sans une bonne nutrition, le corps et l esprit ne peuvent fonctionner correctement, ce qui sape les fondements de la vie économique, sociale et culturelle. Patrick Webb 2014 1

UNITED NATIONS SYSTEM - STANDING COMMITTEE ON NUTRITION La nutrition doit être considérée à la fois comme une composante et un produit des ODD. La malnutrition est due non seulement à un manque de nourriture, mais aussi à différentes interactions entre la santé, les soins, l éducation, l assainissement et l hygiène, l accès aux ressources, l autonomisation des femmes, etc. Les choix faits par les individus quant aux aliments à produire et à commercialiser, le régime alimentaire de leur famille, et les soins prodigués aux personnes vulnérables sur le plan nutritionnel (en particulier les mères et les nourrissons) ont tous une incidence directe sur les résultats nutritionnels. Une bonne nutrition conduit à une amélioration des revenus et de l acuité mentale, ce qui, à son tour, favorise la croissance macroéconomique et sociale. Une mauvaise nutrition (qui inclut plusieurs formes de sous-nutrition ainsi que le surpoids et l obésité) compromet la productivité, ce qui ralentit la croissance nationale. Faute d investissements appropriés, la qualité de la nutrition ne peut être améliorée, un phénomène qui contribue à la charge mondiale de morbidité et à une altération de la qualité de vie. C est dans ce sens que la malnutrition constitue un obstacle pernicieux, souvent invisible, à la réalisation de tous les ODD. À ce titre, les intervenants en nutrition, et leurs alliés naturels de la sécurité alimentaire, de l agriculture, de l EAH (eau, assainissement et hygiène), des questions homme-femme et de la santé, font campagne pour la nutrition dans le cadre des ODD. En définitive, le développement durable en dépendra. World Vision Patrick Webb LA FINALITÉ DE CETTE NOTE D ORIENTATION est de décrire les voies qui permettront à la nutrition de jouer un rôle essentiel dans l atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD), et la manière dont la réalisation des ODD peut également profiter à la nutrition. Une attention spéciale doit être portée à la nutrition alors que le monde cherche à accélérer et maintenir les progrès récemment accomplis en la matière, et à accroître ces derniers de sorte à englober les lieux et les personnes qui ont été laissés pour compte. Il y a urgence à agir, et à conférer un rôle plus important à la nutrition dans le cadre des ODD. Cette note facilite le dialogue sur la façon d appliquer les meilleures pratiques à grande échelle afin de résoudre rapidement les problèmes nutritionnels dans le monde, et sur la façon de s assurer que tous les ODD bénéficient des gains apportés par une bonne nutrition pour tous. 2

La NUTRITION et les Objectifs de Développement Durable de l après-2015 EXEMPLES DE L INTERACTION ENTRE LA NUTRITION ET LES ODD ODD1 : éliminer la pauvreté sous toutes ses formes Patrick Webb Les pertes de productivité des individus souffrant de sous-nutrition ont été estimées à plus de 10 % des revenus de toute leur vie, tandis que les pertes de productivité nationale attribuées chaque année à la seule malnutrition atteignent au moins 11 % du produit intérieur brut en Afrique et en Asie. En revanche, les bénéfices tirés des investissements visant à lutter contre la malnutrition offrent un ratio avantages/coûts moyen de 15 ; ainsi, même dans les hypothèses les plus prudentes, en investissant 1 USD dans un ensemble d interventions nutritionnelles fondées sur des bases factuelles, on obtient un rendement moyen de 15 USD. L AMPLEUR DU PROBLÈME EST CONSIDÉRABLE Aujourd hui, 161 millions d enfants de moins de 5 ans présentent un retard de croissance (sont trop petits pour leur âge), au moins 51 millions sont atteints d émaciation modérée ou sévère (ne pèsent pas assez pour leur taille), tandis que 42 autres millions sont en surpoids ou obèses. En outre, plusieurs milliards d adultes et d enfants sont carencés en vitamines ou minéraux, ce qui peut entraîner une anémie, la cécité, des troubles cognitifs, une plus grande sensibilité à de nombreuses maladies, d où une augmentation de la mortalité. Les pertes de productivité nationale liées à ces pathologies peuvent atteindre 3 % de la production totale annuelle. ODD2 : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable Les gouvernements accordent plus d attention à l importance de relier les politiques et les investissements qui intègrent l agriculture dans l amélioration de la santé et de la nutrition. Les interventions agricoles contribuant à la nutrition peuvent avoir des impacts nutritionnels positifs en améliorant la qualité et la disponibilité des produits agricoles, ainsi que la qualité des aliments en termes de diversité, de valeur nutritive et de sécurité. En revanche, la malnutrition nuit à la productivité des personnes qui travaillent dans l agriculture et les systèmes alimentaires. Pour que la population soit en permanence bien nourrie, des efforts sont nécessaires pour favoriser l accès à une alimentation saine, à une meilleure connaissance des choix alimentaires, à une plus grande résilience des systèmes alimentaires aux chocs économiques, climatiques et humains, et aux mesures destinées à remédier aux menaces d origine alimentaire pesant sur les consommateurs. Comme l a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, la réalisation de tous ces objectifs réduirait la faim à zéro (défi Faim zéro) et «serait propre à renforcer la croissance économique, à lutter contre la pauvreté et à sauvegarder l environnement» (Nations Unies, 2012). En garantissant toute l année l accès à une alimentation suffisante, saine, diversifiée et riche en nutriments pour tous, on promeut des régimes alimentaires sains et des systèmes alimentaires sains. Cette stratégie repose sur une double approche : adopter une vision à long terme pour remédier aux difficultés sous-jacentes, et répondre aussi d urgence aux besoins immédiats. Marzella Wüstefeld 3

UNITED NATIONS SYSTEM - STANDING COMMITTEE ON NUTRITION ODD3 : assurer une vie saine Les synergies sont très fortes entre la santé et la nutrition ; une bonne santé passe par une bonne nutrition. La malnutrition reste l un des principaux déterminants de la charge mondiale de morbidité, avec 45 % de la mortalité infantile due à la sousnutrition. Entre 1990 et 2010, la charge mondiale de morbidité imputable au surpoids et à l obésité est passée de 52 millions à 94 millions d AVCI (années de vie corrigées du facteur invalidité). Des investissements appropriés au cours des 1000 premiers jours de vie (de la conception jusqu au deuxième anniversaire de l enfant), notamment dans les domaines de la prévention de l insuffisance pondérale à la naissance, de l initiation précoce à la pratique de l allaitement et de la promotion de l allaitement exclusif, auront des retombées non seulement sur la vie de ces enfants, mais aussi sur celle des générations futures. Le coût de mise en œuvre des interventions nutritionnelles fondées sur des bases factuelles s élève à 370 USD par année de vie sauvée. Les bénéfices pour la santé mondiale seraient bien plus grands. Marzella Wüstefeld ODD4 : assurer une éducation et un apprentissage de qualité Les enfants qui souffrent de retard de croissance à un âge précoce obtiennent de plus mauvais résultats aux évaluations cognitives et ont des niveaux d activité plus faibles. Un enfant ayant un retard de croissance à 6 ans risque de perdre 4 années de scolarisation en termes d altération de ses performances associée au déficit de son développement cognitif. Plus de 2 milliards de personnes dans le monde, dont environ 240 millions d enfants, seraient carencées en iode, et ce manque d iode est corrélé à une réduction (jusqu à 15 points) du quotient intellectuel de la population. Aucun pays ne peut se permettre de gâcher à ce point les capacités latentes de ses citoyens. L éducation des filles, notamment, s est révélée avoir des liens directs avec l amélioration de la nutrition de leurs enfants, et des autres. Patrick Webb ODD5 : assurer l égalité des sexes et l autonomisation des femmes 4 L égalité des sexes et l autonomisation des femmes (notamment des filles, des femmes adultes et des populations vulnérables et marginalisées) sont des éléments essentiels pour une bonne nutrition. Les lois et politiques sur l égalité et l autonomisation des femmes contribuent grandement à garantir une bonne nutrition pour tous. Les filles et les femmes dénutries sont souvent les moins à même de bénéficier du microcrédit, de la scolarisation ou d emplois rémunérés parce que leur capacité de travail est moindre, leur santé est altérée ou parce qu elles ne parviennent pas à utiliser les ressources à leur avantage.

La NUTRITION et les Objectifs de Développement Durable de l après-2015 ODD6 : assurer un approvisionnement en eau et un assainissement durables Environ 14 % de la diminution globale du retard de croissance enregistrée entre 1970 et 2010 découle d un meilleur assainissement. À mesure que la nutrition s améliore, avec, pour avantage, la demande d aliments de meilleure qualité, l éducation, la recherche de soins préventifs, et la participation au développement, les habitudes de lavage des mains, l hygiène personnelle et l assainissement s améliorent. Marzella Wüstefeld ODD12 : instaurer des modes de consommation et de production durables Des mesures appropriées doivent être prises dans l ensemble du système alimentaire, et ce, en s appuyant sur une bonne compréhension de la nature du contexte alimentaire local dans lequel les choix alimentaires s inscrivent. Une bonne nutrition est à la fois une composante et un produit de ces choix. Toutes les formes de sous-nutrition ainsi que le surpoids et l obésité reflètent (au moins en partie) la nature facilitatrice ou inhibitrice du contexte alimentaire local en ce qui concerne le choix approprié. De meilleures chaînes d approvisionnement alimentaire peuvent profiter à la nutrition par le biais de la réduction ou de la stabilisation des prix des aliments, de l allongement de la disponibilité saisonnière des aliments riches en nutriments, de l amélioration des flux d information, ou de l application de normes de sécurité sanitaire des aliments. Lorsque ces systèmes sont défaillants, comme en cas d urgence ou de grande volatilité des prix des aliments, des filets de sécurité sont indispensables pour protéger la consommation alimentaire et la nutrition des populations les plus vulnérables de la planète. Patrick Webb ODD17 : revitaliser le partenariat mondial Il est nécessaire de revitaliser le partenariat mondial au service du développement, et la nutrition montre la voie. En l espace de seulement cinq ans, le Mouvement pour le renforcement de la nutrition (SUN) est passé d une idée à un réseau mondial de partenaires informels travaillant en collaboration à la recherche d un consensus sur la meilleure façon de renforcer les interventions nutritionnelles. Par ailleurs, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et d autres initiatives mondiales, dont la CIN2, offrent une plate-forme pour catalyser les priorités politiques et les mesures urgentes. Les dirigeants des secteurs public et privé commencent à considérer la nutrition comme un investissement dans le développement économique et social pour renforcer leur pays. Les ODD offrent donc la possibilité de promouvoir le partenariat mondial dans un nouvel esprit de solidarité, de coopération et de responsabilité mutuelle. Des efforts concertés doivent être déployés pour promouvoir les meilleures pratiques du système alimentaire axées sur les besoins des personnes les plus vulnérables sur le plan nutritionnel. Il faut que cette démarche englobe toutes les parties prenantes et soit source de progrès pour les générations futures. Les ODD peuvent être atteints si l on place la nutrition au cœur de la problématique du développement durable et qu on la relie à tous les nouveaux objectifs ambitieux. 5

UNITED NATIONS SYSTEM - STANDING COMMITTEE ON NUTRITION MESSAGES CLÉS 1 La nutrition doit être mise à l ordre du jour dans le cadre des ODD. Les causes de la malnutrition sont bien comprises, tout comme les solutions fondées sur des bases factuelles. Des mesures doivent et peuvent être prises immédiatement. 2 Des indicateurs nutritionnels devraient être intégrés dans différents ODD. Les indicateurs clés de la qualité du régime alimentaire, de la sécurité alimentaire, de la nutrition maternelle (à part entière) et de la nutrition des groupes vulnérables souvent négligés (comme les personnes âgées, les adultes obèses, les populations déplacées, et les personnes handicapées physiques ou mentales) devraient être des éléments essentiels des ODD et de leur cadre d action. Les six objectifs de l Assemblée mondiale de la Santé, assortis d indicateurs pertinents, devraient être inclus dans le cadre des ODD. 3 La nutrition soutient le développement durable. Tous les ODD doivent être explicites quant à leur relation avec la nutrition. Il ne suffit pas de décrire le problème, il faut des objectifs concrets et responsables pour améliorer la nutrition. 4 Les interventions nutritionnelles mises en œuvre dans le cadre des ODD doivent être fondées sur des bases factuelles et promues à grande échelle. Pour appuyer les ODD, la nutrition doit bénéficier de ressources appropriées. Certaines interventions doivent cibler des individus précis, alors que d autres exigent la mise en place de politiques ou programmes au niveau de la population ou du système alimentaire. La définition de l ambitieux programme nécessaire à la mise en pratique de ces initiatives essentielles doit être une première étape rapide - à durée déterminée et limitée dans le temps- de la réalisation des ODD. 5 Les informations sur la nutrition doivent être bien documentées et diffusées. Il reste bien des choses à comprendre sur les raisons pour lesquelles certains pays sont sur le point d atteindre des objectifs spécifiques et d autres non. Compte tenu de la complexité des liens de causalité de la malnutrition, des mesures en matière de politiques et de programmes seront combinées pour faire progresser la nutrition, et les gouvernements devraient essayer l ensemble approprié de mesures qui génère des gains durables. 6 Les progrès nutritionnels doivent être bien mesurés. De nombreux pays gravement touchés par la malnutrition collectent des données nutritionnelles inadéquates. Il convient d améliorer notablement la qualité et la couverture des données désagrégées, de façon à appuyer les décisions en matière de politiques et de programmes. 7 Les priorités en matière de nutrition doivent reconnaître et intégrer la complexité. Les programmes simples et cloisonnés, ciblant un nutriment à la fois, qui financent des projets individuels de façon isolée peuvent nuire aux progrès. Il existe de nombreux liens multidirectionnels entre la nutrition et les ODD. Des messages transparents, plutôt que simplifiés à l extrême, sur ces liens essentiels sont indispensables pour établir des priorités à tous les niveaux de gouvernement. 8 La gouvernance de la nutrition doit être non seulement autonome, mais aussi responsable. Diverses parties prenantes doivent être impliquées dans l agenda nutritionnel défini dans le cadre des ODD, mais la responsabilité des actions et des résultats doit être transparente. Le leadership dans ce domaine devrait être promu et récompensé. Les gouvernements devraient attribuer plus de ressources au suivi de leurs propres engagements, et des mécanismes de responsabilisation innovants devraient être testés et adoptés. 9 Les ODD sont une occasion à saisir pour la nutrition. Le moment est venu pour les gouvernements d enfin tenir leurs engagements en matière d amélioration de la nutrition. 10 Des mesures bien financées doivent être immédiatement mises en place à grande échelle pour atteindre l objectif d une bonne nutrition pour tous. Atteindre cet objectif implique de mettre la durabilité nutritionnelle au cœur de la problématique du développement humain. 6

La NUTRITION et les Objectifs de Développement Durable de l après-2015 Ressources Le rapport technique complet rédigé par Patrick Webb, professeur à la Friedman School of Nutrition Science and Policy à la Tufts University (Boston, États-Unis), sur la nutrition et les Objectifs de développement durable est disponible sur le site de l UNSCN : http://unscn.org/en/publications/ nutrition-and-post-2015-agenda/ L intitulé actuel de chaque ODD est donné à l adresse suivante : http://sustainabledevelopment. un.org/focussdgs.html. En novembre 2014, le nombre d objectifs, leur intitulé, et les métriques d évaluation de la réussite sont encore à l examen. Marzella Wüstefeld 7

UNITED NATIONS SYSTEM - STANDING COMMITTEE ON NUTRITION Novembre 2014 United Nations System Standing Committee on Nutrition The United Nations System Standing Committee on Nutrition (UNSCN) is the food and nutrition policy harmonization forum of the United Nations. Its vision is a world free from hunger and malnutrition, where there are no longer impediments to human development. UNSCN Secretariat c/o World Health Organization 20 Avenu Appia CH 1211 Geneva 27 Switzerland Telephone: +41 22 791 04 56 Email: scn@who.int Web: www.unscn.org Suivez-nous sur : https://twitter.com/unscn Remerciements L auteur de cette note d orientation est Patrick Webb PhD, professeur à la Friedman School of Nutrition Science and Policy à la Tufts University (Boston, États-Unis). Le projet est géré par Marzella Wüstefeld PhD, membre du secrétariat de l UNSCN. Nous exprimons notre profonde reconnaissance pour son soutien financier au Gouvernement de la République fédérale d Allemagne. 8