entreprises Plus des deux-tiers des nouvelles entreprises existent toujours trois ans après leur création Maryse Aguer Le Limousin se place au deuxième rang des régions françaises pour le taux de survie à trois ans des entreprises créées au premier semestre 1994. Les créateurs quadragénaires, bénéficiant d une expérience professionnelle, et possédant des investissements initiaux conséquents, ont été plus nombreux à faire aboutir leur projet. Le bilan de ces trois premières années d existence est positif pour l emploi, surtout pour l'emploi salarié. Sur trois entreprises créées en Limousin au 1 er semestre 1994, plus de deux sont toujours en activité en septembre 1997. La région se classe ainsi au deuxième rang des régions françaises, avec un taux de survie de 67,2 %, derrière la Bretagne (avec 1,3 points de plus). L Auvergne et l Alsace suivent de près avec respectivement 0,6 et 0,9 point de moins. Devant la moyenne française valant 58,8 %. Ainsi, près d une nouvelle entreprise limousine sur trois a cessé son activité avant son troisième anniversaire. Les disparitions dès la première année d existence sont plus nombreuses (13 %) que celles qui surviennent la deuxième ou la troisième année (8 %). Dans la région comme en France, les chances de réussite sont très variables et très inégales selon l origine : création pure ou reprise. Les créations par reprise sont avantagées avec un taux de survie à trois ans supérieur de quinze points aux créations pures. Particulièrement les transformations du statut juridique, avec un taux de survie supérieur à 85 %. Mais ce 8 r insee limousin
type de création ne représente que 7 % du total régional. Les héritages et les reprises au conjoint ont un taux de survie de deux points plus bas. Les créations par rachat, représentant près d une entreprise créée sur cinq, ont un taux de survie de 82 %. L entourage entrepreneurial familial a donc une influence pour la survie de l entreprise. Le chef d entreprise de la plupart des entreprises créées par héritage ou reprise au conjoint a dans son entourage familial des personnes à son compte. Près de sept entreprises sur dix sont encore en activité au bout de trois ans lorsque le créateur ou repreneur est aidé par son entourage familial. Sinon, le taux de survie se situe cinq points plus bas. La principale raison de la création a aussi son importance. En effet, 92 % des entreprises créées sont «survivantes» trois ans plus tard lorsque le créateur a dans son entourage des exemples réussis d entrepreneurs. Ce taux descend à 70 % lorsqu une opportunité s est présentée. Parmi les entreprises créées par héritage ou reprise au conjoint, 81 % des entrepreneurs considèrent que cela a été leur principale motivation. Le taux de survie baisse encore de trois points si le goût d entreprendre ou l indépendance a été la motivation principale. Enfin, si une entreprise a été créée en raison d une idée nouvelle de produit ou de marché, ou par le fait de ne pas retrouver d emploi, seulement 58 % sont toujours en activité trois ans plus tard. Les créations pures, qui totalisent plus de six créations sur dix en Limousin, n ont préservé que 62 % de leur contingent entre 1994 et 1997. Il est sans doute plus difficile d assurer la survie d une entreprise créée de toutes pièces que la continuité d une affaire qui a été reprise. Ces nouvelles entreprises rencontrent des difficultés qui leur sont propres : recherche de clients, problèmes de financement... La région au deuxième rang Le Limousin se classe à la deuxième place des régions françaises, aussi bien pour le taux de survie des créations pures que celui des créations par reprise. Ces taux sont supérieurs aux moyennes françaises, de 6,3 points pour le premier, de 5 points pour le insee limousin rr 99
second. L activité exercée conditionne assez fortement le taux de survie. Les transports, les industries agricoles et alimentaires et la construction détiennent les niveaux les plus élevés (plus de 80 %). Les services aux entreprises et les hôtels, cafés, restaurants les plus faibles : 54 et 57 %. Le reste de l industrie, le commerce et les autres services ont une position intermédiaire, en ayant préservé entre 66 et 69 % des entreprises entre 1994 et 1997. Les taux de survie calculés pour chaque catégorie socioprofessionnelle permettent de dégager quatre groupes : les employés, les artisanscommerçants, les agents de maîtrise avec des taux supérieurs à 70 %, les ouvriers, les étudiants, (68,5 et 65 %), les cadres et les professions intermédiaires (63 et 61 %), et enfin les inactifs et les chefs d entreprise (respectivement 54 et 53 %). Un actif a plus de chances de réussite Les créateurs qui étaient en activité ont des taux de survie de 72 %. Pour les chômeurs depuis moins d un an, ils sont cinq points plus bas. Les taux de survie tombent à 59 % pour les inactifs et les chômeurs de plus d un an. Le niveau de diplôme est également un facteur discriminant pour les taux de survie. Les créateurs dont le niveau de diplôme est au moins le baccalauréat ont un taux de survie supérieur à 70 %. Il n est que de 62 à 67 % chez les créateurs sans diplôme ou ayant CAP, BEP, ou BEPC. L âge du créateur a une importance relative. Plus de 75 entreprises survivantes sur 100 ont un créateur âgé de plus de 40 ans. Le taux de survie est inférieur de quatre points quand le créateur avait 25 à 29 ans. Il est encore dix points plus bas lorsque l entrepreneur avait la trentaine au démarrage de l entreprise. Pour les plus jeunes créateurs de moins de 25 ans, moins d une entreprise sur deux est encore en activité trois ans plus tard. Ainsi, le créateur qui a acquis antérieurement des compétences dans l activité où il s installe a un taux de survie de 74 %. Lorsque l activité est 10 r insee limousin
totalement différente pour lui, mais familière pour l un des associés du projet, il se situe à neuf points plus bas. Il baisse encore lorsque l activité est différente pour tous. Les caractéristiques des créateurs ne sont pas les seuls facteurs qui interviennent dans la vie d une entreprise. Les spécialités de l entreprise créée jouent également un rôle non négligeable. Comme on l a déjà vu, le type de création influence fortement sur le taux de survie : il est plus élevé de quinze points dans les reprises que dans les créations pures. Investir pour durer Les entreprises qui ont bénéficié d aides financières publiques ont un taux de survie de 63 % contre 72 % pour celles qui n en ont pas obtenu au moment de l enquête. Celles qui attendent une réponse pour cette aide ont un taux de survie de 57 %. Les créations ont des taux de survie très différents selon le montant des investissements initiaux. S ils sont compris entre 25 000 et 50 000 F, le taux de survie est le plus faible : 59 %. Il croît à plus de 80 % si les moyens mis en oeuvre pour démarrer sont supérieurs à 250 000 F, et même à 91 % lorsqu on investit entre 500 000 et un million de francs. Comme on peut le remarquer, un investissement conséquent entraîne une certaine pérennité de l entreprise. La présence de salariés dans l entreprise influe positivement sur sa durée de vie. Pour les entreprises ayant employé au moins six salariés au démarrage, plus de 90 % sont toujours actives fin 1997. Ce n est le cas que de 62 entreprises sur 100 pour celles qui démarrent sans salarié. À remarquer que les entreprises issues d une création pure ayant investi plus de un million de francs ont démarré avec au moins dix salariés. Les entreprises pérennes en 1997 comprenaient globalement au démarrage de leur activité 1 500 emplois répartis à peu prés également entre création pure et reprise. Lors de la deuxième enquête en 1997, dans les entreprises toujours actives, prés de 1 800 emplois ont été recensés, dont plus de 900 dans les entreprises issues d une création nouvelle. insee limousin r 11
Méthodologie La notion de création d entreprise englobe les créations ex nihilo et les reprises. La création ex nihilo résulte de la création d un établissement jusqu alors inexistant. La reprise se produit lorsqu une unité reprend, partiellement ou totalement, l activité d un établissement d une autre unité. Le système d information sur les nouvelles entreprises (SINE), mis en place en collaboration entre l INSEE et l Agence Nationale pour la Création d Entreprise, a pour objectif de suivre durant leurs cinq premières années d existence une génération d entreprises nouvellement créées. La première phase de ce dispositif a consisté à interroger en septembre 1994 un échantillon d entreprises créées au 1 er semestre 1994. En septembre 1997, une deuxième enquête a été réalisée auprès des mêmes entreprises toujours en activité, ce qui a permis de repérer celles qui avaient cessé. Le taux de survie à trois ans est le rapport des entreprises toujours en activité en 1997 sur les entreprises initialement présentes en 1994. Une troisième interrogation s est déroulée fin 1999 et permettra de calculer les taux de survie à cinq ans. Ces 300 emplois nouveaux ont été créés dans les entreprises survivantes au bénéfice quasiexclusif de l emploi salarié. Progression de l emploi salarié Au total, l emploi non salarié se maintient et l emploi salarié progresse de plus d un quart. Les entreprises survivantes créées de toutes pièces représentaient au démarrage un effectif global de 720 personnes dont 66 % de salariés. Trois ans plus tard, elles totalisent plus de 900 emplois. Cette progression de près de 26 % profite à l emploi salarié. L emploi non salarié s est maintenu alors que la croissance de l emploi salarié à été supérieure à un tiers. Pour les entreprises survivantes ayant fait l objet d une reprise, le bilan est également positif mais la progression des effectifs est de moindre ampleur. L emploi non salarié se maintient, l emploi salarié a progressé de près de 15 %. Les entreprises survivantes et les entreprises disparues forment la totalité des entreprises observées. Trois ans après leur création, on y retrouve à peine plus de salariés. Par contre, le nombre de non-salariés a diminué d'un tiers. L'emploi salarié progresse de 6 % cependant que l'emploi non-salarié diminue de 44 % pour les entreprises observées créées de toutes pièces. Pour celles ayant fait l'objet d'une reprise, le bilan est stable pour les salariés alors que les effectifs des non-salariés ont diminué de 30 %. Mais le développement économique d une entreprise ne se mesure pas seulement au nombre de ses salariés. D autres éléments comme l évolution du chiffre d affaires sont également à prendre en compte. 44 % des chefs d entreprises créées début 1994 ont indiqué que leur chiffre d affaires avait augmenté entre 1995 et 1997. 11 % d entre eux considèrent même qu il a beaucoup augmenté. Inversement, ils sont 18 % à avoir déclaré un chiffre d affaires en baisse et 28 % à avoir indiqué une stabilité. Finalement, la plupart des créateurs de 1994 dont l entreprise est encore en activité en 1997 ne semblent pas regretter leur choix. 45 % d entre eux se déclarent beaucoup ou totalement satisfaits de la création de leur entreprise. 35 % se déclarent «un peu» satisfaits et seulement 20 % ont une opinion négative. Pour en savoir plus : - «Le créateur d entreprise en Limousin» - Insee/MRCTE - 1997 - en vente 40 F. - Des créations d entreprises solides - Insee Limousin «Résultats statistiques n 7/99». - Des réussites inégales - Insee Limousin «Résultats statistiques n 8/99». - Nouvelles entreprises : les créations dynamisent l emploi salarié - Insee première n 628 - janvier 1999 - en vente 15 F. 12 r insee limousin