Tout ce que vous souhaitez savoir sur la maladie d Alzheimer Carol Hudon, Ph.D. 10 avril 2015
Vos questions Comment détecter les signes et symptômes de la maladie? Facteurs héréditaires. Différence entre démence sénile et maladie d'alzheimer. Différence entre pertes de mémoire occasionnelles normales et celles symptomatiques de la maladie. Étapes de l'évolution de la maladie. Au début de la maladie, la personne est-elle consciente de ses difficultés? Conséquences sur le vécu de la personne et sur son entourage. Peut-on prévenir la maladie?
MALADIE D ALZHEIMER Notions générales
La maladie d Alzheimer (MA) Démence dégénérative la plus commune (Soc.Alz., 2009). Dégradation progressive des fonctions cognitives et de l autonomie, développement de symptômes psychologiques et comportementaux. En 2015 Plus de 500 000 Canadiens ont la MA ou une affection connexe. D ici 2038 Ce nombre doublera pour atteindre 1,1 million de Canadiens.
Source : http://www.santenews.eu
Gracieuseté de Simon Duchesne
Reconnaître la démence Déficits cognitifs multiples résultant d'une atteinte physiologique. Absence de délirium ou autres conditions médicales ayant un impact sur la cognition. Atteinte de la mémoire + atteinte d'au moins une autre sphère cognitive (ex., langage, praxies, gnosies, fonctions exécutives, mémoire sémantique, attention, jugement). Atteinte suffisamment importante pour altérer significativement le fonctionnement professionnel ou social ou qui représente un déclin par rapport au niveau antérieur de fonctionnement.
Diagnostic Principes généraux Équipe multidisciplinaire : médecin, neuropsychologue, orthophoniste, ergothérapeute, infirmière, Évaluation basée sur : histoire de la maladie et histoire familiale tests cliniques (psychiatrie, neuropsychologie, orthophonie, ergothérapie, etc.) tests radiodiagnostiques (IRM, CT-scan) tests neurologiques tests de laboratoire (hématologie, microbiologie, ) observations et entrevue avec un proche
évaluations cliniques Algorithme décisionnel (d'après Nestor & Hodges, 2001) Réévaluation ultérieure problème? peut-être oui non traitement problème psychiatrique? état de santé normal oui delirium? non Profil clinique + imagerie compatibles avec démence? Diapositive gracieuseté de Joël Macoir non oui oui non identifier cause du delirium - DTA - Démence vasculaire - DCL - DFT - autres - tumeur - maladie inflammatoire - troubles du métabolisme
Facteurs héréditaires Plusieurs personnes à risque de maladie d Alzheimer sont porteuses de l allèle 4 sur le gène ApoE (Petersen et al., 1995). L ApoE participe à l entretien des membranes neuronales (cellules du cerveau). Les porteurs homozygotes 4/ 4 sont les plus à risque de maladie d Alzheimer. MAIS, cette caractéristique ne signifie pas nécessairement qu une personne aura la maladie d Alzheimer. Les porteurs homozygotes 2/ 2 sont les moins à risque de maladie d Alzheimer. Les gènes APP, PS-1 et PS-2 sont des indicateurs de la forme familiale de la MA (5-10% des cas). Généralement, début hâtif de la maladie.
Démence sénile vs maladie d Alzheimer Sénilité : affaiblissement intellectuel lié l âge ou la vieillesse. Donc, la démence sénile est un terme générique pour définir toute altération des fonctions mentales chez une personne âgée. Maladie d Alzheimer : un type (parmi d autres) de démence. Les chercheurs et les cliniciens ne réfèrent presque plus à l expression démence sénile. On s intéresse plus spécifiquement aux différentes formes de démence (Alzheimer, vasculaire, frontotemporale, corps de Lewy, etc.)
PERTES DE MÉMOIRE OCCASIONNELLES VS. MALADIE D ALZHEIMER Oublis bénins Oublis anormaux
Oublis bénins Lorsque la personne perçoit que ses oublis sont comparables aux personnes de même âge. Lorsque les détails d événements oubliés reviennent spontanément. Lorsque l oubli n englobe pas des événements entiers. Lorsque la personne est consciente de ses oublis. Lorsque la personne peut donner des exemples concrets d oublis. Lorsque la personne a une bonne orientation temporelle (date, année, heure approximative). Lorsque les oublis n ont pas d impact majeur sur les activités de la vie quotidienne. Nuance importante: Parmi ces caractéristiques, plusieurs peuvent être observées au début de la maladie d Alzheimer.
Oublis normaux et anormaux Vieillissement normal Oublier des détails d un événement qui a eu lieu il y a un an. Oublier le nom d une connaissance. Oublier des choses ou des événements occasionnellement. Difficultés occasionnelles à trouver ses mots. Maladie d Alzheimer Oublier des détails d événements récents. Ne pas reconnaître ou oublier le nom d un membre de la famille. Oublier des choses ou des événements fréquemment. Pauses fréquentes et substitutions quand on cherche un mot. Inquiétude par rapport à sa mémoire, Les proches s inquiètent et la personne mais on la perçoit comparable à celle atteinte ne perçoit pas de difficulté. de personnes de même âge. * Ce tableau n est pas un outil diagnostique.
ÉVOLUTION DE LA MALADIE 2 conceptions 4 phases
Première conception 1. Stade préclinique (asymptomatique) en 3 sous-phases A. Aucun symptôme, mais identification possible de biomarqueurs de la maladie (amyloïdose cérébrale); B. Aucun symptôme, mais identification possible des premiers dommages neuronaux à l examen IRM; C. La personne perçoit un déclin de sa mémoire, mais aucun trouble n est détectable aux tests. 2. Stade prodromique (trouble cognitif léger) 3. Stade de démence
Première conception Traduit et adapté de Sperling et al. (2011)
Deuxième conception S applique principalement au stade de démence. 1. Stade discutable (critères de démence pas tous rencontrés) 2. Stade léger 3. Stade modéré 4. Stade sévère
Stade «discutable» Légers oublis réguliers; souvenir partiel d événements; oublis pouvant être qualifiés bénins. Bonne orientation, mais léger problème avec les relations temporelles. Légère détérioration pour la résolution de problèmes et la perception de similarités/différences. Légère détérioration au niveau des activités hors de chez soi. Légère détérioration pour les activités à la maison et les passe-temps. Aucune difficulté pour la prise en charge personnelle.
Stade léger Perte modérée de la mémoire, plus marquée pour les événements récents, qui interfère avec les activités quotidiennes. Difficultés modérées en ce qui concerne les relations temporelles. Mais bonne orientation spatiale. Difficultés modérées pour la résolution de problèmes et la perception de similarités/différences. Mais le jugement au plan social reste bon en général. Incapacité de pratiquer de façon autonome des activités hors de chez soi. Détérioration légère, mais réelle, des activités à la maison et dans les passe-temps. Besoin de supervision pour la prise en charge personnelle.
Stade modéré Perte sévère de la mémoire, se souvient seulement des choses acquises de longue date et ne retient pas les nouvelles informations. Difficultés sévères pour les relations temporelles et pour se situer dans l espace. Difficultés sévères pour la résolution de problèmes et la perception de similarités/différences. Sur le plan social, le jugement est affaibli. Aucune indépendance hors du domicile, mais capable d assister à certaines activités. À la maison, seules des tâches simples peuvent être effectuées. Besoin d aide pour s habiller et pour l hygiène personnelle.
Stade sévère Perte sévère de la mémoire ; seuls des fragments demeurent. Peut seulement se repérer vis-à-vis de sa propre personne. Incapable d émettre un jugement ou de résoudre des problèmes. Aucune indépendance hors du domicile. Semble trop atteint pour assister à certaines activités en dehors du domicile. Dépendance pour les tâches à la maison et pour les passetemps. Besoin de beaucoup d aide pour prendre soin de lui/elle; incontinence fréquente.
CONSCIENCE DES DIFFICULTÉS Anosognosie
Conscience variable selon les stades Dans le stade «asymptomatique», très bonne conscience des difficultés qui s installent. Les personnes perçoivent un déclin anormal et s en s inquiètent. Dans le stade discutable ou prodromique, la nonconscience des difficultés apparaît chez quelques personnes. La non-conscience des difficultés est d autant plus fréquente et importante que la maladie progresse. N.B.: Jusqu au stade modéré, une personne avec la maladie d Alzheimer peut montrer des épisodes où elle est consciente de ses difficultés.
CONSÉQUENCES SUR LE VÉCU DE LA PERSONNE ET SUR SON ENTOURAGE
Conséquences Personnelles - Détresse psychologique (au début surtout) - En plus des troubles cognitifs, plusieurs autres problèmes psychologiques/comportementaux - Diminution de l autonomie - Implications légales (p.ex., mandat en cas d inaptitude) - Implications financières (p.ex., perte d emploi, dépenses pour les soins) -Etc. Entourage - Détresse psychologique - Fardeau accru (plus de responsabilités, moins de loisirs) - Implications financières (soins, absences au travail, etc.)
PEUT-ON PRÉVENIR LA MALADIE D ALZHEIMER? État actuel des connaissances
Mangialasche et al (2010) Mangialasche et al. (2010)
APPROCHES NON PHARMACOLOGIQUES Promotion des facteurs de protection et réduction des facteurs de risque
Scolarité Scolarité élevée : > 12 ans (Farmer et al., 1995) Réserve cognitive ou cérébrale
Exercice physique 3+ fois par semaine (Laurin et al., 2001) Effet maximal des activités modérées Marche rapide, nage, arts martiaux, yoga, vélo (Geda et al., 2010). Pas d effet significatif des activités légères (ex., quilles, stretching, etc.) ou vigoureuses (ex., jogging, tennis en simple, etc.) (Geda et al., 2010).
Activités intellectuelles
Nutrition Omega-3 (Morris et al., 2005) 2+ repas de poisson par semaine Régime méditerranéen (Féart et al., 2009; Orgogozo et a., 1997) Légumes, fruits, légumineuses, pain, pâtes, riz, poisson, viande, produits laitiers, alcool - 1-4 ( ) et 7-14 ( ) consommations par semaine. Polyphénols Vin rouge (Orgogozo et al., 1997) 3-4 verres/jour Petits fruits (Krikorian et al., 2010) Thé vert, gingembre, poivre, brocoli, etc.
Autres facteurs du style de vie Interactions sociales et loisirs (Zunzunegui et al., 2002)
FACTEURS DE RISQUE
Facteurs de risque non modifiables Âge Génétique Sexe (femmes légèrement plus à risque) Traumatismes crâniens
Facteurs de risque modifiables Inactivité intellectuelle ou faible niveau de scolarité Inactivité physique Dépression Diabète Hypertension Obésité Tabagisme Entre le tiers et la moitié des cas de maladie d Alzheimer seraient dus à ces facteurs de risque (Barnes & Yaffe, 2011).
Autres facteurs de risque Apathie (surtout la perte d intérêt; Stepaniuk et al., 2010) Anxiété (Sinoff et al., 2003; mais résultats relativement peu robustes) Difficultés de sommeil (Potvin et al., 2012; durée > 9h chez les femmes et < 5h chez les hommes ; somnolence diurne) Perception d un déclin de la mémoire comparativement à un fonctionnement antérieur normal Risque accru si cette perception s accompagne d une inquiétude (Jessen et al., 2011)
PRÉVENTION DU DÉCLIN COGNITIF Approches fondées sur des modifications du style de vie
INTERVENTIONS COGNITIVES
Programmes commerciaux Effets bénéfiques non démontrés Bénéfices possibles, mais probablement peu généralisables
Entraînement cognitif Vieillissement normal Efficacité démontrée pour la vitesse de traitement de l information (87% des participants), le raisonnement (74% des participants) et la mémoire (26% des participants) (Cf. étude ACTIVE chez 2802 Américains âgés). Effets équivalents à une réduction de 7-14 ans du vieillissement cognitif normal (Ball et al., 2002). Effet positif observé jusqu à 5 ans après l entraînement (Willis et al., 2006).
Programme MEMO Trouble cognitif léger Efficacité démontrée pour la mémoire (presque tous les participants) (Belleville et al., 2006). Effets très importants (d 0.7) et visibles à l oeil nu Effets généralisables (Belleville et al).
Méthode des lieux
Associations nom-visage Sylvie Belleville Mme Pépin
Associations nom-visage Sylvie Belleville Mme Pépin
Effet de l intervention dans le cerveau Augmentation de l activité cérébrale dans certaines régions.
MEMO dans la communauté MEMO disponible pour les résidents de Lévis Centre d éducation aux adultes des Navigateurs 418-838-8566 Inscriptions 3 fois par année
AUTRES APPROCHES
Approches psychothérapeutiques Thérapie cognitive-comportementale pour traiter la dépression, gérer le stress et l anxiété reliés aux pertes de mémoire ou pour favoriser une bonne hygiène de sommeil. Psychoéducation Entraînement centrée sur les solutions Restructuration cognitive Respiration abdominale Activation comportementale Gestion de la colère Résolution de problème
Approches contemplatives Méditation pleine conscience Effets bénéfiques sur le cerveau (fonctionnement et volume), la cognition, la dépression, le stress, l inflammation, l oxydation des neurones, etc.
Activité physique Meilleure oxygénation des cellules du cerveau. Réduction du stress oxidatif (donc, réduction de la mort neuronale). Gain de volume cérébral. Amélioration du fonctionnement cognitif. Effet protecteur possible contre le déclin cognitif (hypothèse à confirmer). Impact sur d autres facteurs de risque Hypertension Obésité Diabète
Nutrition Polyphénols
Nutrition Omega-3
Arrêt du tabagisme Impact sur la santé en générale Meilleure oxygénation du cerveau Impact sur d autres facteurs de risque de déclin cognitif Hypertension
SYNTHÈSE ET CONCLUSION
Recommandations Activité physique (modérée et 3+ par semaine) Activités sociales Activités intellectuelles (scrabble, échecs, mots croisés, musée, etc.) Alimentation Éviter les situation de stress et porter une attention aux symptômes prédicteurs de la maladie (ex., oublis fréquents, dépression, somnolence diurne, etc.) En somme, privilégier une bonne hygiène de vie. Il n est jamais trop tard pour commencer!
MERCI DE VOTRE ATTENTION!