Familles actives pour le climat Synthèse du bilan des visites à domicile auprès des 93 familles Mars 2012
Dans le cadre de la mise en place de leur Plan Climat Energie Territorial (PCET), la Ville de Besançon et le Grand Besançon ont souhaité mettre en œuvre des actions de sensibilisation auprès des ménages, responsables pour près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. En 2009 la Ville de Besançon et le Grand Besançon ont initié l'opération «Familles Actives pour le Climat». Actuellement, 141 familles se sont portées volontaires pour participer à cette opération. L'objectif est de proposer des actions et des outils aux familles inscrites à l'opération de façon à leur permettre de réduire de 10 % leurs émissions de gaz à effet de serre, leurs dépenses et consommations d'énergie. La démarche est organisée en différents temps forts : La visite d un expert d Hélianthe au sein des familles : sur les 141 familles concernées, 93 ont souhaité cette visite soit près des 2/3 des familles. Les familles pouvaient bénéficier de plusieurs expertises : l expertise ENERGIE (obligatoire), l expertise DECHET (optionnelle) et l expertise TRANSPORT (optionnelle). Les réunions collectives qui ont pour objectif de restituer les résultats des visites et de faire témoigner les familles afin d avoir un retour d expérience et de créer une dynamique. Enfin, le mini-forum de professionnels, programmé à l automne, qui sera un lieu d échange privilégié pour les familles souhaitant entrer dans une phase plus opérationnelle. Les visites ont pour objectifs : Dans un premier temps de dresser un état des lieux des consommations d énergie dans l habitat, des pratiques de gestion des déchets et des habitudes de déplacement des familles. Dans un second temps d établir des préconisations afin de réduire les consommations d énergie, les émissions de gaz à effet de serre, la facture énergétique des familles ainsi que les charges liées à la gestion des déchets de 10%. Les familles ont ensuite le choix de s engager ou non sur ces préconisations. Au terme de chaque visite, un compte-rendu a été remis à chaque famille, suivi de l envoi d une note de synthèse. Page 2
1 Situation actuelle des familles 1.1 Energie dans l habitat Consommation moyenne sur la période 2008-2010 des logements visités Consommation moyenne actuelle Ratio (kwh /m²/an) classe Besançon - Maison individuelle 189 Grand Besançon (hors Besançon) - Maison individuelle 164 Besançon - Habitat collectif 140 Grand Besançon (hors Besançon) - Habitat collectif Ce tableau présente le niveau de consommation énergétique des logements des familles visitées (basé sur les factures de 2008 à 2010). La moyenne des logements correspond à la classe énergétique D. Les familles visitées dépensent en moyenne 1 490 en énergie par an toutes consommations confondues (chauffage, eau chaude sanitaire, électricité spécifique), ce qui correspond à une dépense moyenne par habitant de 600. Ce chiffre est comparable à la moyenne nationale qui est de 590 par an et par habitant. 158 1.2 Déplacements Modes de transport régulièrement utilisés Page 3
L utilisation des transports en commun est plus courante pour les familles de Besançon (67% des personnes en activité et 100% des retraités) que les familles hors Besançon (30% des personnes en activité et 33% des retraités). Ceci s explique par une offre en transports en commun plus importante à Besançon que sur les autres communes de l Agglomération. Le même constat peut être établi pour l utilisation des modes doux : 58% des personnes en activité et 100% des retraités habitant Besançon, contre 30% des personnes en activité et 33% des retraités habitant en dehors de Besançon. Le covoiturage n est pas ou peu pratiqué. 1.3 Déchets Production moyenne de déchets résiduels et de déchets triés en kg par personne à Besançon et hors Besançon La production annuelle moyenne de déchets résiduels est de l ordre de 172 kg / personne. Ce chiffre est à comparer à la production nationale annuelle de déchets moyenne en France qui est de 316 kg de déchets résiduels / habitant (chiffre 2007). Ce chiffre traduit une forte sensibilisation et une grande implication des personnes dans le tri de leurs déchets, et reflète bien l engagement des familles. Pratiques de compostage selon la localisation géographique Ce graphique montre que le compostage n est pas pratiqué par seulement 4% des familles hors Besançon contre 32% des familles habitant à Besançon. Ceci s explique par la typologie de l habitat : hors Besançon, l ensemble des familles visitées habite en maison individuelle avec du terrain tandis qu à Besançon, une part des familles habite en logement collectif. Cette dernière donnée illustre la marge de progrès en terme de réduction des volumes de déchets en collectif, sous réserve de Page 4
pouvoir mettre en place des systèmes de compostage en pied d immeuble performants et pérennes. 2 Préconisations et engagements des familles 2.1 Énergie dans l habitat Consommation moyenne après engagements des logements visités Consommation moyenne après mise en pratique des engagements Ratio (kwh/m²/an) classe moyenne Gain en 2015 Besançon - Maison individuelle 130 31% Grand Besançon (hors Besançon) - Maison individuelle 115 30% Besançon - Habitat collectif 104 26% Grand Besançon (hors Besançon) - Habitat collectif 95 40% Ce tableau résume le gain global qui peut être atteint si chaque famille respecte ses engagements. Les engagements pris par les familles permettraient une baisse de la consommation dans le logement et des émissions de gaz à effet de serre de 30 % en moyenne pour les familles étudiées d ici 2015 (temps estimé de mise en œuvre des engagements). Les engagements les plus courants pris par les familles dans l habitat sont les suivants : - L isolation de la toiture et des murs, le remplacement des menuiseries - L amélioration du système de ventilation - L optimisation du mode de chauffage (programmation et régulation, désembouage) - L installation de panneaux solaires thermiques - La mise en place d appareils hydro-économes Page 5
2.2 Transports Répartition des engagements et préconisations Sur les déplacements, il existe un décalage important entre les préconisations et les engagements. Les actions ayant recueilli le taux d engagement le plus important sont celles ne demandant pas de modification de l organisation habituelle de la famille telles que l achat d un véhicule économe ou l adoption d une conduite économique. Page 6
2.3 Déchets Répartition des engagements et des préconisations Les engagements les plus courants pris par les familles sur les déchets sont la mise en place d un autocollant STOP PUB sur la boîte aux lettre ainsi que le choix de produits éco-labellisés. Page 7
3 Conclusions Les actions menées par le Grand Besançon et la Ville de Besançon dans le cadre de l opération Familles Actives pour le Climat génèrent des premiers résultats significatifs en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les phases de sensibilisation puis de diagnostic conseil réalisées au domicile des familles sont à l origine de ces premiers résultats. 6 mois après le passage de l expert chez les familles, sur 81 familles ayant répondu, 79 % ont mis en œuvre une ou plusieurs actions et 26 % des familles interrogées sont en train d'en réaliser un ou plusieurs. Une quarantaine de familles ont engagées des travaux ou actions significatives, générant 30 640 kg eqco2/an de réduction d émission de gaz à effet de serre dans les années à venir et une économie financière de 9 784,50 TTC. L offre globale proposée entre 2010 et 2011 aux familles par les deux collectivités : sensibilisation, diagnostic, réunions d échange de pratiques et forum de rencontre avec les professionnels locaux de la performance énergétique, des déchets et des déplacements; a favorisé l implication et le passage à l acte des familles participantes dans l adoption de gestes simples ou la réalisation de travaux lourds dans leur habitation. Le changement progressif de comportement des familles vis-à-vis des différentes problématiques abordées et la réalisation de travaux dans les logements nécessitent encore un accompagnement des familles engagées dans l opération de la part des collectivités. 64 familles ont mis des actions en œuvre suite au passage de l expert, ce qui représente 68 % des familles. L accompagnement proposé par les collectivités pour la suite de l opération pourrait porter sur deux volets : Un accompagnement méthodologique et technique personnalisé dans la mise en œuvre d actions (comportement, travaux, réunion collectives sur des problématiques communes ) Un accompagnement financier (en compléments des dispositifs nationaux et locaux pré existant) Suite à cette première vague de familles accompagnées, il semble essentiel d adopter une méthodologie différente avec les locataires, qui favorise avant tout le passage à l acte sur des questions de changement de comportement. Ces derniers ne pouvant faire exécuter des travaux d amélioration de leurs logements. Plusieurs freins au passage à l acte ont été identifiés lors des visites chez les familles. Certains de ces freins peuvent être levés par la mise en place ou le renforcement d actions de la part de la collectivité. Dans l habitat, plusieurs pistes peuvent être étudiées : Négocier des tarifs d achat auprès de fournisseurs. L objectif est d obtenir des prix plus avantageux sur un certain nombre de produits (par exemple pour du matériel hydro-économe). Page 8
Mise en place d ateliers d auto construction afin de former et accompagner les personnes souhaitant réaliser elles-mêmes leurs travaux. Faire connaître le programme EFFILOGIS afin que les porteurs de projets aient connaissance des aides mobilisables. Travailler avec les copropriétés, les visites réalisées nous ont permis de constater la méconnaissance des copropriétaires relative à leur consommation de chauffage, ou d eau chaude sanitaire lorsque les moyens de production sont collectifs. Il existe plusieurs outils tels que le diagnostic énergétique ou la thermographie. Des actions de sensibilisation à destination des syndics et des conseils syndicaux seraient à prévoir, dans le but de créer un réseau local de copropriétés exemplaires. Sur la thématique de la ventilation, et notamment de la ventilation double flux, il serait intéressant de développer des ateliers avec les professionnels, en s appuyant sur le Pôle Energie et des réseaux de type CAPEB, FFBTP, et chambres consulaires, afin de former les professionnels et d offrir une réponse de qualité aux demandes des particuliers. Sur les déplacements, les actions à même de faire évoluer les comportements sont les suivantes : Sur les transports en commun, une amélioration de la desserte des quartiers et villages actuellement peu ou pas desservis permettrait aux familles concernées de réduire l utilisation de leur voiture. L augmentation du cadencement des bus permettrait d avoir plus de choix dans les horaires et ainsi de rendre ce mode de déplacement moins contraignant pour les utilisateurs, notamment pour les familles habitant en dehors de Besançon. Sur les déplacements doux, la poursuite de la politique de sécurisation des déplacements à vélo (nouvelles pistes cyclables, traitement des points critiques) facilitera l utilisation du vélo dans les déplacements quotidiens. La mise en place d abris à vélo aux arrêts de bus permettrait également de faciliter l intermodalité entre modes de déplacements. D autres actions peuvent susciter un intérêt chez certaines familles : Prêt de vélo électrique : le prêt de vélo électrique sur une ou deux journées permettrait de tester ce matériel afin de s assurer qu il est adapté aux besoins avant de passer à l achat. Formation à l éco-conduite : cette action permettrait aux familles ne pouvant pas se passer de leur voiture d évaluer leur «niveau» d écoconduite et d identifier les marges de progrès. Page 9
Sur les déchets : Les familles manquent de connaissance et d information sur les labels de type NF Environnement ou Eco Label, et une confusion demeure par rapport aux «labels» des fabricants qui verdissent leurs produits («green washing») et entretiennent cette méconnaissance. Une action complémentaire aux expertises pourrait être de sensibiliser sur ces labels par des articles dans les journaux des collectivités ou dans le cadre de newsletter, et mettre en avant les filières locales de production (circuits courts ou AMAP). En matière de compostage, la marge de progrès la plus importante concerne les familles en logement collectif, pour lesquelles les actions suivantes pourraient être entreprises : mise en place de composteurs en pied d immeuble (réflexion déjà en cours par le SYBERT), mise en place de réunion de formation à la conduite d un composteur, en complément des fiches papier disponibles. En parallèle de ces actions, il faut continuer à motiver les familles par des réunions régulières et des évènements ponctuels, dans le but de créer une réelle émulation entre elles. Ces réunions pourraient être prises en charges par des familles référentes qui seraient nommées parrains pour un ensemble de familles avec pour objectif de faire le point régulier sur les consommations d énergie et la production de déchets de chaque famille et d échanger afin d analyser les causes de baisse ou au contraire de hausse. En parallèle la collectivité pourrait envoyer aux parrains des newsletters comportant des astuces et gestes économes et autres informations pour aider et accompagner les familles. Page 10