UNE(PETITE) EXPERIENCE DE MASSEUR-KINESITHERAPEUTE EN SOINS PALLIATIFS Rôle du Masseur Kinésithérapeute : Massage DLM Mobilisations passives Travail actif Kinésithérapie respiratoire (désencombrement bronchique ou à visée relaxante) La marche La cryothérapie et l électrothérapie. Le lien avec les autres soignants : Installation, mobilisation au lit Les transferts Massage partagé avec les infirmières des soins palliatifs. Relation avec la famille et l entourage
UNE (PETITE) EXPERIENCE DE MK EN SOINS PALLIATIFS J interviens à la demande des différents médecins du service d hémato-oncologie, mais aussi dans d autres services du Centre Hospitalier de Valence (par exemple en pédiatrie). Il faut noter qu heureusement en hémato oncologie les demandes kinés ne sont pas toutes pour du palliatif et je ne suis pas la seule kiné à intervenir puisqu au Centre Hospitalier de Valence nous sommes polyvalents. Le masseur kinésithérapeute avec ses spécificités intervient en lien avec d autres professionnels pour accompagner au jour le jour le patient selon son souhait et toujours dans le respect de la non douleur. Mon intervention sera différente selon le stade de la fin de vie puisque le patient pourra être encore actif ou déjà très diminué physiquement. Cependant quelque soit le stade, on ne doit pas oublier d être non douloureux et on ne doit pas oublier que l on intervient aussi pour des soins de confort pour le patient. Je vous ai listé les actes plus ou moins techniques que je peux être amenée à faire, mais mon intervention sera toujours assez globale. Le rôle du Masseur Kinésithérapeute Le patient peut donc être en fin de vie encore «actif» et sa demande sera très souvent de pouvoir encore bouger, faire ses transferts et même marcher ou alors ses capacités physiques étant très diminuées sa demande sera plus tournée vers les conforts de son installation au lit ou au fauteuil et du massage. Le travail actif Le patient souhaite souvent avoir des conseils, des «listes» d exercices qu il pourra faire seul à différents moments de la journée afin de sauvegarder les capacités physiques qui lui restent.
Le plus souvent, je l incite à faire ce que j appelle : Les exercices de dérouillage matinal (cheville triple flexion extension du membre inférieur). Le quadriceps en statique et/ou dynamique couché et assis bord du lit ou au fauteuil. Exercices plus dynamiques si le patient le peut (monter sur la pointe des pieds en se tenant au pied du lit par exemple). Je le fais toujours travailler en associant la respiration (j en reparlerai plus loin), surtout s il existe un problème d essoufflement. Ces petits exercices sont répétés régulièrement avec moi car beaucoup de personnes veulent s assurer qu ils sont bien faits. Les transferts et la marche En fonction des douleurs, on essaie ensemble d adapter les transferts : passage couché assis debout ; important si problème de douleurs de dos par exemple. Si un projet de retour à domicile est là, il est important de montrer au patient qu il peut encore se verticaliser et faire quelques pas, voir plus. Ils sont souvent très choqués de se voir si amaigri, «je n ai plus de muscles» mon rôle sera alors de leur montrer qu on peut «faire des choses». Certains ont très peur de tomber et il faut leur redonner confiance. Les 1ers levers se font toujours avec deux personnes pour les aider. On peut, pour les personnes plus âgées, proposer l aide d un déambulateur (qui est plus délicat à proposer à une personne encore jeune mais cela peut l aider à garder encore un peu d autonomie). Il est évident que l on doit faire avec le matériel divers : perfusions, pousse seringues, etc. qui peut limiter l autonomie.
Massage et DLM Le massage est quasiment toujours utilisé quelque soit l état dans lequel se trouve le patient, car c est un moment qui est en principe toujours apprécié. C est aussi un moment privilégié d échanges pendant lequel on peut bavarder de choses banales ou au contraire de choses plus importantes sur ce que vit le patient. Le massage peut aussi être un moyen d amener à bouger une personne qui ne pense pas pouvoir le faire ; car tout en massant je commence à mobiliser chevilles, orteils, genoux et peu à peu j entraine le patient à le faire avec moi. Le massage, de très léger et enveloppant, devient plus directif et dynamique. Le massage va aussi contribuer à redonner au patient, qui se sent parfois morcelé, une sensation d unité. Le massage peut être aussi simplement ressenti comme une main apaisante. Le massage a toute sa place dans la lutte conte la douleur. Dans certaines pathologies (après mammectomie) on fera du DLM. Il faut noter qu à des stades très évolués où tout le système lymphatique est quasiment bouché, on peut utiliser le DLM même de façon «anarchique» (sans respecter le sens de circulation du réseau) car sur une peau indurée, cartonnée les patients nous disent toujours ressentir un grand soulagement après la séance et d ailleurs beaucoup d entre elles s endorment pendant le drainage (éventuellement je peux reproposer une indication de contention). La kinésithérapie respiratoire Elle est pratiquée bien sûr pour des pathologies purement pulmonaires avec encombrement qui nécessitent que l on aide le patient à expectorer. Mais j utilise aussi très fréquemment, le souffle pendant la séance en dehors de toute pathologie pulmonaire. J apprends simplement aux patients à souffler «vider vos poumons» et leur conseille de le faire régulièrement dans la journée en particulier entre 2 types d exercices «actifs». Cet apprentissage du souffle sera plus à visée relaxante chez des personnes très angoissées. J essaie de les amener à se détendre en leur suggérant de conduire ce souffle dans les bras, les jambes, la tête.
Chez les personnes très essoufflées, on essaie ensemble de trouver un rythme respiratoire régulier qui leur convient et les aide lors des transferts ou de la marche car, certaines obnubilées par le «tuyau à oxygène», n ose plus bouger ou panique à l idée de bouger. La mobilisation passive Elle suit quasiment toujours le massage chez la personne en fin de vie qui me dit souvent éprouver du plaisir de voir et sentir ses jambes ou ses bras bouger ; elle est particulièrement appréciée au niveau des membres inférieurs chez les paraplégiques. Elle se fait toujours dans le respect de la non douleur. La cryothérapie (froid-chaud) et l électrothérapie Je les utilise peu en hémato-oncologie car les infirmières des soins palliatifs utilisent un tens et pour les compresses chaudes ou les packs froids nous y avons rarement recours (problème d hygiène car il faudrait dans le service un micro onde affecté à cet usage). J ai suivi une fois une patiente en gastrologie où le service avait eu l idée de mettre au micro-onde une poche de perfusion de glucose pour essayer de lutter contre des douleurs cervicales. Il m est arrivé de proposer dans certains services ce petit moyen (en pédiatrie en particulier). Toutes ces techniques citées font partie des moyens utilisés dans la lutte contre la douleur. Le lien avec les autres soignants La relation avec les autres soignants est primordiale. C est toute une équipe qui travaille autour d un patient dans le but de rendre son quotidien le moins difficile possible. Je suis souvent sollicitée pour donner des conseils de mobilisation au lit (en particulier si problème de dos ou après une fracture pathologique de fémur) et aussi d installation au lit.
Mais, moi aussi, je sollicite souvent les aides soignantes pour savoir ce qu elles pensent du patient (au niveau capacités motrices en particulier). L équipe de kinésithérapeutes intervient souvent aussi pour donner des conseils pour certains transferts (ex : paraplégique). Depuis quelques temps, je m entends aussi avec les infirmières des soins palliatifs qui, dans leur prise en charge, peuvent utiliser le massage ; ainsi si l une d entre nous est absente, l autre pourra ce jour là être plus disponible pour tel patient. Relation avec la famille et l entourage Je suis certains patients longtemps soit parce qu ils restent hospitalisés sur une longue période ; soit parce qu ils reviennent régulièrement jusqu à la fin. Je suis donc amenée à voir la famille avec laquelle je vais pouvoir évaluer ce qui peut être mis en place comme différentes aides techniques pour un retour à domicile par exemple, mais aussi je peux avec la famille discuter des petits moyens qu ils peuvent utiliser pour aider au confort de la personne ; à son installation au lit, à ses transferts. Je peux aussi leur donner des conseils pour les aider eux aussi (ex : comment faire un transfert en protégeant son dos, comment tenir un patient que l on aide à marcher etc.). Souvent ils me demandent des conseils également pour les masser le soir ou le week end. Et si, arrivé au «bout du bout», je ne fais parfois plus rien avec le patient, il reste toujours ce petit bonjour que je partage avec la famille que je connais. CONCLUSION Vous l avez compris, mon expérience a été vraiment acquise «sur le tas» (avec cependant différentes formations faites au Centre Hospitalier sur le deuil, l accompagnement en fin de vie, la douleur où j ai quasiment toujours été la seule kinésithérapeute), mais grâce aussi à tout le travail d équipe que l on peut avoir avec les médecins, infirmières, aides soignantes, psychologues. J essaie de répondre aux besoins du moment présent du patient en respectant au maximum la non douleur.