Rencontre Allez les filles! 2015

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Rencontre Allez les filles! 2015 Synthèse de la journée de rencontre des porteurs de projet du 28 janvier 2015 Depuis 10 ans, la Fondation de France soutient des projets visant à développer la pratique d activités physiques et sportive des jeunes filles dans les quartiers populaires et dans les zones rurales isolées. Portés par des acteurs aussi divers que des clubs sportifs, des centres sociaux, des clubs de prévention ou des associations de quartier, ces projets visent un impact plus large que le simple bénéfice physique, et s appuient sur le sport pour développer divers aspects de la vie de ces jeunes filles. Pour la seconde année, la Fondation de France a réuni 10 porteurs de projets, en leur proposant d associer à cette rencontre des éducateurs, des jeunes filles bénéficiaires de ces projets, et des parents. L objectif était de confronter les points de vue sur la place occupée par le sport dans un parcours de vie et dans un parcours éducatif, pour en repérer les points forts et envisager de nouvelles pistes d intervention. 77 participants ont pris part à cette journée de capitalisation et d échanges. Parmi eux : 25 jeunes filles 5 parents 16 éducateurs socio-sportifs et porteurs de projets 21 représentants de la Fondation de France (membres du comité, salariés, instructeurs.). La journée était co-animée par Mr. Denys Cordonnier et Mlle. Gory Diop. Fanny Wagner, responsable du programme de mécénat et Claire Boulanger en prestation d accompagnement du programme ont complété l équipe en charge de la rencontre. 10 projets Allez les filles! étaient représentés : 1. Association Sportive du Collège Claude Debussy (Aulnay sous-bois, 93) 2. Rue et Cité (Montreuil, 93) 3. Centre Social et Culturel d Etouvie (80) 4. Fédération Sportive et Gymnique du Travail (Pantin, 93) 5. Tremblay Boxing Club (93) 6. CGCS Jacques Prévert (Gagny, 93) 7. Centre Animation Jeunesse / Promosport (Paris) 8. EPDH (Villiers le Bel, 93) 9. AFEV (Paris) 10. AS Collège Jean-Pierre Timbaud (Aubervilliers, 93) Cette synthèse présente les principaux enseignements de cette journée. Elle s articule autour des points de consensus dans un premier temps et des éléments de divergences dans un second temps. Une troisième partie reviendra sur les pistes à explorer pour le programme.

Quelle est la place du sport dans le parcours éducatif des jeunes filles? Si l ensemble des participants s accorde à reconnaître les bénéfices d une pratique sportive régulière dans la vie des jeunes filles, c est à dire également dans un parcours de croissance et un parcours éducatif, ils ne leur accordent pas tous la même valeur. Certains de ces bénéfices font consensus entre les jeunes filles, les parents, et les éducateurs socio-sportifs. DES BENEFICES UNANIMEMENT RECONNUS Bien-être physique et moral Pour les adolescentes, la pratique sportive apporte en tout premier lieu une meilleure forme physique et morale. «On fait du sport pour le bien être : plus on fait, plus ça s améliore, et ça nous fait maigrir». Un mot clé : le défoulement. «Ça permet de se défouler, de penser à autre chose, de se vider la tête et de décompresser parce que dans la vie il n y a pas que des bons moments. Ça permet de s extérioriser par rapport à la vie quotidienne». Les bénéfices sur la santé physique et mentale sont également une priorité pour les parents : «Le sport permet de se dépenser et d ouvrir leur esprit en toute liberté, pour les rendre heureuses». «Un esprit sain dans un corps sain. Le sport c est la santé, contre la malbouffe : les Mc Do, les Grecs et les chips font grossir». Les éducateurs socio-sportifs parlent d hygiène de vie, de bien-être et de santé, en insistant eux aussi sur le besoin de se défouler, s extérioriser, se dépenser, rappelant que le sport permet aux adolescentes de sortir de leur quotidien, se développer et s épanouir. Enfin, les acteurs de la Fondation de France soulignent le lien entre pratique sportive et meilleure habitudes alimentaires comment un des principaux bénéfices pour la santé. La force du groupe La possibilité de créer des liens d amitié à travers le sport, mais aussi la force du groupe comme espace de solidarité et d apprentissages, sont reconnues par l ensemble des participants comme un moteur et un apport essentiel de la pratique sportive. Pour les adolescentes, le groupe évoque collectivité, amis, partage, et la possibilité de faire de nouvelles rencontres. «Ca nous réunit, ça rassemble! Ça permet de s ouvrir aux autres et de partager sa passion». «Ca rassemble. Elle est de Marseille, je suis Parisienne. Elle est Algérienne je suis Marocaine. Tout nous oppose. C est le Double Dutch qui crée du lien entre nous». Les parents valorisent la possibilité d interagir avec les autres à travers le sport : le sport favoriser l esprit d équipe et profite aux adolescentes «moins nerveuses, elles ne se referment pas sur elles-mêmes».

La cohésion du groupe comme lieu d épanouissement et d apprentissage pour les adolescentes a été très largement discutée par les éducateurs socio-sportifs, qui y voient un autre système de socialisation. Y sont valorisés les liens, le partage, la communication, l échange et l ouverture vers les autres. A travers la pratique sportive mais aussi les opportunités qu elle offre (déplacements, voyages), c est le lien social qui se trouve renforcé, avec la possibilité pour les adolescentes de sortir de chez elles, et d être moins isolées. Le groupe permet également de développer l affirmation, l opposition, le respect de l autre, et l émulation autour d un objectif commun. Enfin, dans la période sensible de l adolescence, les éducateurs soulignent que le groupe permet d aborder d autres sujets que celui du sport, et qu il permet de développer de la solidarité plutôt que de la rivalité entre femmes. Les acteurs de la Fondation de France pointent l importance de l environnement autour de la pratique sportive, dans la mesure où il constitue un espace de liberté, d échange, de communication et de solidarité. Le groupe apporte coopération, liens, expériences de travail en équipe et de vivre ensemble. La question de la mixité du groupe a été discutée : le choix de la non-mixité est prépondérant dans les projets, qu il relève de la volonté des jeunes et/ou de la stratégie des éducateurs. Si l intérêt d être «entre-elles» est indéniable lorsqu il s agit d aborder des thématiques sur l intime ou bien s il a pour but de rassembler et mettre en cohésion des individualités, cette mixité peut toutefois avoir un effet cloisonnant sur le long-terme. Le développement de qualités personnelles et relationnelles Confiance et estime de soi. Les adolescentes reconnaissent et valorisent la possibilité de développer des qualités personnelles à travers la pratique sportive. La confiance et l estime de soi sont reconnues et mises en avant par l ensemble des participantes comme les deux grands bénéfices d une pratique physique et sportive régulière. «J ai gagné confiance en moi à travers des compétitions, des rencontres, des challenges.» «La danse me permet de m exprimer et d apprendre à être moins timide». Les jeunes filles soulignent en outre qu elles découvrent l endurance, la sérénité, et la liberté. «La danse, ça m a apporté du plaisir, d être en liberté, d exprimer des émotions, et me permet d être en contact avec d autres personnes. C est génial le sport!» Mieux se connaître. Si la question des qualités personnelles a été peu ou pas évoquée par les parents, les éducateurs et les représentants de la Fondation de France s accordent sur l importance pour les adolescentes d accéder à une meilleure connaissance de soi. «Pendant la période charnière de l adolescence, le sport apporte confiance en soi et assurance. Il permet aux adolescentes de se libérer, dans une phase de leur vie qui peut être difficile». La pratique sportive redonne aux filles valeurs, confiance et fierté. Elle renforce et affirme l image de soi. Enfin elle permet de développer le sens de l effort et la créativité, lorsqu elle comporte une dimension artistique. Savoir être avec d autres. Le développement de qualités sociales et relationnelles est également perçu comme le résultat possible d une pratique physique et sportive régulière. Les adolescentes évoquent ainsi l apprentissage du fair-play et du respect. Les éducateurs et les représentants de la Fondation de France mettent en avant prioritairement l autonomie, et la responsabilisation que procure une pratique régulière, qui permet en outre de développer l assiduité, la ponctualité et le sens de l organisation.

L acquisition de compétences transférables Plusieurs adolescentes soulignent que le sport est une occasion d apprentissage et de progrès, et aussi l occasion de comprendre le sens de l effort : «La danse apporte un talent de plus dans ma vie. Elle m a donné le courage de faire d autres sports». «L évolution de mes compétences, notamment la communication et la capacité à évoluer dans le monde futur de l argent». «On s amuse tout en progressant, ça me fait grandir, ça m apporte le plaisir d apprendre de nouvelles choses». Les éducateurs et les représentants de la Fondation de France mettent en avant le développement de compétences qui peuvent s appliquer à d autres domaines, notamment professionnels : «Se repérer dans le temps et dans l espace, se responsabiliser, expérimenter l effort, l engagement, la maîtrise de soi et la réussite». Les participants remarquent qu il existe souvent un lien entre résultats scolaires et pratique sportive, entre le développement de l autonomie et le fait que les jeunes soient acteurs du projet. «Le sport permet d aborder la vie plus facilement, notamment sur des rendezvous comme bac, le permis de conduire...». Certains témoignages soulignent le lien entre cette confiance en soi développée à travers le sport et le fait d oser démarcher pour des emplois. Le sport constitue donc une occasion de se construire, de se dépasser, et de développer ses points forts. MAIS DES PRIORITES QUI PEUVENT VARIER SELON LES GROUPES Le plaisir dans le sport : un moteur très fort pour les adolescentes Le lien entre plaisir et loisir revient très fréquemment parmi les adolescentes, et constitue à la fois un bénéfice et un ressort de la pratique sportive. «C est pour nous faire plaisir à nous-mêmes, et cela nous permet de donner une bonne énergie à notre corps». «Le sport m apporte du plaisir, c est du loisir, ça permet de se défouler, de s amuser» «Comme ça pour passer le temps. Ca occupe, c est cool, c est plus notre genre». Pour les parents, le sport permet de mieux accompagner leur enfant Pour un équilibre global de vie : «C est indispensable pour l équilibre de ma fille, et très important dans la vie d un enfant». «C est un équilibre entre l école et la maison». «Je pense que le sport fait partie du bien-être au quotidien et participe à l épanouissement d une vie à condition qu on en ait envie». Pour protéger : à plusieurs reprises, les parents évoquent le fait que le sport prévient certaines dérives et occupe «une place très importante afin de ne pas traîner, de ne pas devenir un délinquant». Ou plus simplement : «C est très bien de les occuper, comme ça ils ne sont pas toujours sur leurs téléphones, les chats, et à tourner dans le quartier». Pour renforcer le lien parent / enfant : à travers l accompagnement dans la pratique sportive, c est toute la relation parents / enfants qui se trouvent renforcée, y compris sur d autres aspects de la vie (tels que la santé). «Mon rôle est de l encourager très fort. C est un rôle d accompagnement, de soutien, de consolidation des liens». «Ça laisse de bons souvenirs et on peut le transmettre à ses enfants. Ca nous prend notre énergie et notre temps avec plaisir».

L éducation à la citoyenneté : un enjeu important pour les éducateurs Sortir du cadre habituel. Pour les éducateurs, le sport permet de dépasser les frontières (territoire, famille, école) qui enferment les filles dans un rôle et dans une image. Les rencontres sportives sont l occasion de sortir du cadre habituel, de créer d autres liens, mais aussi de «voir qu on n est pas si différents les uns des autres». Trouver sa place dans la société. Le sport conduit les adolescentes à exister autrement, à s imposer dans un milieu qui peut être considéré comme exclusivement masculin. Se trouvant parfois dans un rapport de pouvoir quant à l occupation de l espace public, elles apprennent à s opposer, à s affirmer. «Je suis frappé par la volonté des filles dans les sports de combat. Ils permettent de comprendre la notion d opposition, d enseigner le dialogue, et de travailler la rivalité. L idée que les femmes doivent se battre pour être intégrées à certains sports développe une grande volonté. Elles doivent en faire plus pour arriver au même endroit». S investir localement. Prenant des responsabilités au sein des activités ou associations sportives, prenant conscience de leur place et du changement de leur image, expérimentant l opposition et les rapports de pouvoir, les adolescentes apprennent à occuper leur place de citoyennes. «Liberté», «égalité», «liberté d expression» ont été des termes fréquemment utilisés par les éducateurs. Toutefois certains d entre eux relèvent que les filles s orientent souvent vers des activités physiques et sportives sans gagnant / sans perdant. Dans la mesure où elles pratiquent les sports collectifs moins systématiquement que les garçons, elles montrent parfois plus de difficultés à appréhender les règles et les codes dans le monde du travail. La pratique physique et sportive peut donc participer à leur construction, existence et intégration dans un monde masculin. Pour les acteurs de la Fondation de France : un support d éducation, mais à certaines conditions La dimension éducative du sport comporte plusieurs facettes. Les acteurs de la Fondation de France estiment que le sport est encore trop peu considéré comment faisant entièrement partie de l éducation. Il permet aux pratiquantes, aux parents et aux éducateurs d échanger autour d un projet commun. Il permet de travailler sur les règles, sur le vivre ensemble, sur l amélioration des méthodes d apprentissage. S ils considèrent que le sport peut être facteur de changement, et ce plus encore pour les filles que pour les garçons, les acteurs de la Fondation de France recommandent toutefois de tempérer les attentes qui peuvent être très fortes quant aux vertus transformatives du sport sur d autres domaines de la vie des adolescentes. Utiliser la compétition à bon escient. La compétition permet de se confronter d abord à soi-même, puis aux autres. Toutefois elle peut constituer une entrée traumatisante vers la pratique sportive, et soit être entourée de précautions à travers une vigilance sur la formation et sur les portes de sortie. Il est important que les éducateurs soient des pédagogues de la compétition : «il ne s agit pas de tuer l autre, mais de faire de la compétition une fête qui agrandisse l espace de vie». La qualité de l encadrement. Pour aller plus loin que «juste le sport», l accompagnement et l encadrement sont déterminants. La qualité du cadre doit être travaillée. L éducateur doit être exemplaire et impliqué. Toutefois cette transmission doit être faite en souplesse.

Aborder les mixités : un sujet qui fait débat Déconstruction des stéréotypes liés au genre. Cette question a été largement débattue par les éducateurs et les acteurs de la Fondation de France, autour des évolutions à mettre en œuvre pour une mixité de genre qui permette une meilleure connaissance les uns des autres, pour renforcer la visibilité des filles et leur réappropriation de l espace public, et pour ne pas accentuer les stigmates. L enjeu consiste à «sortir les filles de l image qu on attend d elle dans le sport et au-delà, dans le type de sport, dans les activités annexes (nutrition ), dans l être (sentir mauvais, transpirer, s épiler pour la piscine ). Ces stéréotypes créent beaucoup d obstacles au sport des filles». Certains estiment qu il est important de ne pas différencier filles et garçons face au sport : «le fait de poser la question inclut la différence». Les participants considèrent pourtant que la différence entre filles et garçons face à la pratique sportive commence souvent au sein de la famille, où les filles sont souvent plus sollicitées que les garçons pour des tâches domestiques. Par ailleurs, l offre sportive reste plus diversifiée et accessible pour les garçons que pour les filles. La formation des éducateurs, mais également des parents, aux questions liées au genre, reste un facteur clé de changement. Il est intéressant de noter que les jeunes femmes et les parents ne se sont pas emparés de cette question sur l ensemble de la Rencontre alors même que les animateurs l ont proposé à plusieurs reprises ; de manière consensuelle, on peut exprimer un regret : on n observe pas vraiment de transformations sur les stéréotypes. «La pratique sportive ne semble pas avoir modifié les rapports avec les garçons». Les travaux de déconstruction nécessitent donc bien une phase initiale plus didactique et pédagogique auprès des jeunes mais aussi de leur entourage familial Au-delà du genre : mixité sociale et diversité des expériences de vie. Les acteurs de la Fondation de France expriment le vœu que l appel à projets soit également capable de «présenter des sports censés concerner les catégories aisées de la société - ex. le golf». Les parents de leur côté ne considèrent pas comme un enjeu la différence filles / garçons : «Ce n est pas une question de différence, c est une question de volonté. Il faut que chacun trouve sa place». Dans le groupe des parents, la question de la différence s est traduite par une question sur l intégration du handicap dans la pratique sportive «Le sport est un plaisir dans lequel chacun doit trouver sa place à sa manière, dans le volume d activité qui lui convient, valide ou non valide. Ce n est pas la quantité qui compte, ni la qualité, mais c est avant tout de le faire». «Malgré le handicap, malgré les problèmes de santé, le sport peut donner des moyens pour s exprimer». QUELLES PISTES EXPLORER? a) Comment et grâce à quoi renforce-t-on les liens interculturels, et avec les plus «éloignés du sport»? C est l ambiance et le groupe qui créent du plaisir Il s agit d une question clé pour attirer et fidéliser des adolescentes dans une pratique sportive. «Le sport pour le sport n est pas suffisant. Le lien qu il crée est plus important». Le plaisir de la pratique sportive est étroitement lié à l atmosphère d amitié, d échange et de convivialité qui règne au sein d un groupe. Les sorties (visites, matches, etc.) peuvent être autant d occasion de cimenter le groupe. «Quand l environnement est trop sérieux, il n y a pas de lien et les jeunes filles s en vont».

L importance du cadre «On vient là pour apprendre et pour grandir mais si on n est pas bien accueillies, on ne peut pas se détendre et on ne revient pas». Les participants donnent l exemple d une salle de boxe dont l éducateur a changé au profit d un nouvel éducateur «trop compétitif». L école constitue un bon cadre pour faire découvrir le sport. Il faut savoir donner envie aux autres par l explication (ou des informations), les encouragements, la démonstration, en rassurant. Le lien se crée à travers des processus de transmission. «Notre fierté : voir les jeunes filles aimer transmettre à des plus jeunes. Les filles qui s occupent de cette activité ne sont pas habituées à s impliquer dans ces associations. Moi ça m a donné envie de m impliquer dans des projets pour les femmes dans le domaine sportif» Sortir des schémas habituels Le sport est important pour réunir des gens de cultures et de pays différents, pour gommer les stéréotypes. «Cela a permis une mixité entre les différents quartiers. Les problèmes culturels interviennent surtout autour sorties à l extérieur du quartier». Le sport constitue une ouverture à travers la possibilité de nouvelles rencontres. La question du handicap a été abordée en lien avec celle des mixités / diversités. «Aller vers» : la question de l accessibilité L accessibilité de la pratique sportive reste déterminante pour créer le contact avec les adolescentes les plus éloignées du sport. Pour les participants à cette journée, «aller vers» se décline en trois mots clé : ouverture, accompagnement, donner envie. b) Comment et grâce à quoi le sport permet-il des transformations? Des bénéfices de bien-être physique et mental qui s étendent à d autres sphères de la vie A travers une meilleure santé et une meilleure hygiène de vie A travers un meilleur équilibre psychique A travers une plus grande estime de soi A travers la capacité de s affirmer La transformation passe aussi par le changement du rapport que l on peut avoir avec soi même

Impacts du sport sur la vie scolaire, professionnelle et sociale : portées et limites Sport et éducation. Le sport est un outil comme les autres ou presque : sa spécificité tient à l occupation physique et symbolique de l espace ; par ailleurs il peut être utilisé pour aborder d autres questions (nutrition, questions familiales, etc.) Sport et réussite scolaire. L association sportive d un lycée professionnel est présentée : elle fonctionne bien, et les enseignants observent un réel impact, année après année, sur la réussite scolaire. «Plus les jeunes sont investis dans l association sportive, moins ils sont absents, plus leurs notes progressent. Les statistiques montrent qu on a des réussites de plus en plus belles au bac. Le sport a un réel impact sur la réussite des jeunes». Sport et vie professionnelle. «L entreprise ressemble au sport collectif : équipe, coach Les hommes sont mieux préparés, ils comprennent que c est de l ordre du jeu. Les femmes sont moins bien préparées au monde du travail, elles n ont pas forcément les règles du jeu et les codes du sport collectif». Apprendre à progresser En se fixant des objectifs. «On peut commencer petit, et avancer de jour en jour, grâce à l encouragement et avec soutien des éducateurs». Les progrès sont gratifiants. La difficulté renforce la personne et permet de grandir devant l obstacle. Grâce aux règles, au cadre. «On est plus à l écoute». A travers l expérience de la solidarité : être à l écoute des autres, se soutenir les unes les autres, faire l expérience de la solidarité comme possibilité de progrès. Du modèle à la transmission Etre visible. Le sport permet aux adolescentes de prendre conscience de l image d elles-mêmes qu elles donnent à voir aux autres. «Les jeunes filles montrent qu elles sont capables, qu elles n ont pas de complexes». Aller voir des joueuses professionnelles ou des matches de haut niveau. «La participation à des matches professionnels est très positive, c est beaucoup mieux que la télé, cela donne des idées». Transmettre autrement que par des méthodes d enseignement classiques. «Le sport nous sert aussi à avoir une notion de partage, transmettre ce qu on sait faire. A travers le sport, on peut faire passer des émotions». «Le sport est quelque chose que je peux transmettre sans avoir besoin de passer par les mots. C est quelque chose que j aime et que je pratique». A travers les échanges intergénérationnels. L accompagnement de la pratique sportive par les parents procure des occasions de partage et d échanges supplémentaires : trajets, échanges sur un projet partagé... Cela impact parfois la vie de famille : «adaptation, et soutien de l ensemble».

Le changement de cadre, facteur de transformation personnelle Sortir de ce que l on connaît et en tout premier lieu du cadre familial. Les participants soulignent l importance de «partir du connu, sortir du lien traditionnel, découvrir d autres modes d expression pour assumer ses désirs personnels». Montrer qu on est capable. C est la pratique et l expérience qui permettent de faire évoluer les stéréotypes, et de dépasser les idées reçues. Evoluer dans un monde masculin, sortir du quartier, sont autant d occasions de favoriser l échange interculturel et la mixité hommes / femmes. Evoluer en milieu hétérogène : «on se transforme en apprenant des autres». Les participants soulignent que la transformation n est possible que si les adolescentes ont la volonté de faire le premier pas. «Ça ne va pas de soi pour une fille, c est dur de franchir le premier pas. A l origine, il y a très souvent une rencontre». c) Comment peut-on faire progresser la qualité des projets et de la pratique? Miser sur la qualité de l encadrement et de l accueil La qualité des projets passe en premier lieu par la qualité de l éducateur : il doit être capable d écouter et de comprendre, d aider l adolescente à avancer, d entendre ses problèmes y compris familiaux, en sachant qu elle sera aidée et non jugée. «L éducateur social doit apaiser les tensions, aider le jeune à se construire, audelà de l activité sportive». «L éducateur doit être capable donner un cadre solide, sérieux, pour que ça ne parte pas dans tous les sens». Promouvoir une approche globale. Prise en charge globale et capacité à poser un cadre et à donner un modèle, création d outils pédagogiques, et de formations qui permettent la vie en collectivité et éventuellement la rupture avec le cadre de vie habituel (ex : en internat), mise en place des processus longs pour accompagner le changement des jeunes filles, accompagnement à la prise de responsabilité des jeunes filles. «La qualité va aussi arriver parce qu on va donner confiance, Donner du pouvoir, donner des responsabilités». La formation des éducateurs et animatrices est un déterminant fondamental de la qualité : former à la dynamique de groupe, apprendre à travailler avec différents acteurs, former aux enjeux des mixités, notamment de genre, savoir passer d un projet de sport à un projet de développement. Travailler en réseau Réseau de compétences. Idéalement, les projets devraient articuler les compétences de deux éducateurs diplômés : un éducateur sportif et un éducateur social, compétent et connaissant le terrain Ce type de binôme apparaît aux participants comme sécurisant et gage de qualité. Réseau local, rassemblant ce qui compose l environnement des adolescentes : familles, enseignants, etc. La mobilisation du réseau local est la condition d un travail de confiance pour permettre de lever les aprioris, de favoriser le suivi et de sécuriser les jeunes. Elle permet notamment de désamorcer les conflits en recoupant les informations.

Réseau professionnel. Les participants soulignent l importance de rencontres professionnelles qui permettent d échanger des informations, mais également d échanger sur les problèmes rencontrés en confrontant les réponses possibles et les bonnes pratiques, d organiser des formations professionnelles, d échanger des informations de tous ordres. Ainsi au cours de la journée de Rencontre, des contacts ont été pris pour permettre à des groupes de se rencontrer et d échanger sur leurs pratiques. Mixité et qualité de la pratique sportive : une question qui reste ouverte La question de la mixité n appelle pas de conclusion définitive. Certains participants suggèrent que la mixité de la pratique sportive permettrait de se retrouver par niveau, et non par genre. Par ailleurs il semblerait que la pratique mixte puisse favoriser l émulation chez les filles. Il reste nécessaire de faire évoluer les pratiques, notamment en améliorant la visibilité des sections sportives féminines et en permettant plus de liens entre la pratique sportive des filles et des garçons (ce que ne permettent pas toujours les pratiques des fédérations sportives). Parmi les pistes supplémentaires à explorer : L accès au sport à faible coût pour les filles (pour la découverte de certaines disciplines sportives). Pallier le manque de structure d accueil pour des activités dites «masculines». Etre attentifs à la gestion politique des infrastructures sportives au profit d activités «masculines». Faciliter l affiliation des filles à certains sports, pas de possibilité d accès à certains sports (athlétisme, foot ). Favoriser les mixités : sociales, culturelles, de pratiques sportives, développer la culture sportive.