Library of Congress - National Audiovisual Conservation Center. - Rapport de mission -

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Transcription:

Library of Congress - National Audiovisual Conservation Center - Rapport de mission - Pierre-Etienne LETRUN Joseph MOURADIAN Département Hygiène Sécurité Environnement CNC Direction du Patrimoine Cinématographique Juin 2011

Sommaire Introduction...1 1. Présentation générale de l établissement...2 2. Conservation...4 1. Films nitrate...4 2. Films safety...6 3. Logistique des collections...11 3. Laboratoire Restauration...11 1. Pôle argentique...11 2. Pôle numérique...22 4. Hygiène, Sécurité et Environnement...23 5. Maintenance...27 6. Propositions et projets d amélioration...34 Conclusion...36

Introduction Nous avons découvert les installations du Packard Campus for Audio-Visual Conservation à la fin de l année 2010 par l intermédiaire d Eric le Roy, chef du service SAVEC. Revenant d un voyage aux Etats-Unis pour le compte de la FIAF, il nous présenta les photos qu il avait prises de ce site. Dès lors, devant l apparente modernité des installations et dans la perspective des chantiers techniques à mettre en œuvre aux Archives françaises du film : rénovation de la station de neutralisation et des locaux de stockage des produits chimiques, rénovation des installations de génie climatique et de GTB, restructuration du laboratoire en vue du développement du pôle numérique, il nous a paru intéressant de prendre contact avec les responsables de cette archive. Ainsi dans cette perspective, nous avons correspondu pendant plusieurs mois avec les responsables du Packard Campus pour collecter les éléments préliminaires et présenter le principe de notre projet. Au fil des échanges, il nous a paru nécessaire d organiser une visite professionnelle sur place. Afin de préparer les entretiens et rendre cette visite utile au plus grand nombre, nous avons collecté les demandes de nos collègues. Nous sommes donc partis fin juin 2011 pour Culpeper en Virginie. Cette opportunité permet de mener un travail d échange d informations sur les pratiques professionnelles, sur les installations et équipements nécessaires au bon fonctionnement technique d une archive de films. De plus, l instauration de ce dialogue permet d établir une collaboration mutuellement bénéfique aux deux entités qui sont nécessairement confrontées aux mêmes problématiques, de par leurs activités similaires. Ce rapport est le fruit des informations - le plus fidèlement retranscrites - que nous avons pu recueillir dans le temps imparti à notre mission. Tout au long de notre visite, nous avons essayé d aborder la majorité des domaines techniques relatif à une archive de films. Nous évoquerons donc successivement les activités de conservation-logistique, de laboratoire, d hygiène, sécurité, et environnement, et de maintenance du Packard Campus. Enfin, précisons que nous avons effectué un travail plus descriptif qu analytique afin de ne pas être tenté d imposer un point de vu trop personnel. De cette façon, les services et agents intéressés par cette mission pourront se faire leur propre opinion sur les aspects transposables d un site à l autre. Ainsi, l objectif final de ce compte rendu est de permettre une réflexion collective sur les axes d amélioration possibles aux Archives françaises du film. 1

1. Présentation générale de l établissement Le centre national de conservation des archives audiovisuelles de la «Library of Congress» est installé depuis 2007 au Packard Campus à Culpeper, petite ville de Virginie, située à une centaine de kilomètres Washington DC. Le site actuel est un ancien abri antiatomique de la Réserve Fédérale américaine. Il devait servir à protéger physiquement les réserves d or et d argent des Etats-Unis durant la guerre froide en cas de guerre nucléaire. Réserve Fédérale de Culpeper 1992 Avant l inauguration du Packard Campus en 2007, les activités de conservation et de restauration furent successivement localisées au Jefferson Building - l un des trois bâtiments composant la Bibliothèque du Congrès à Washington DC -, puis dans un laboratoire dédié, situé à Dayton dans l Ohio. Environ 170 personnes travaillent au Packard Campus. Le Packard Campus for Audio-Visual Conservation exerce des activités à la croisée de celles des Archives françaises du film, de l Institut national de l audiovisuel et d une cinémathèque, puisqu en plus d être un lieu de conservation et de restauration du patrimoine cinématographique et audio-visuel. 2

Packard Campus pendant la construction Le Packard Campus organise également des projections publiques 3 fois par semaine afin de valoriser au mieux ses collections. Il dispose à cet effet d une grande salle de cinéma d environ 250 places ; et le public qui vient essentiellement des environs semble au rendezvous grâce à une programmation éclectique, allant de courts métrages des débuts du cinéma à des films ou séries ayant fortement imprégnés la culture populaire comme Star Trek ou James Bond. 3

Salle de projection du Parckard Campus 2. Conservation Le Packard Campus conserve, comme les Archives françaises du film, des films sur support nitrate et sur support safety. En revanche, il est constitué d un seul grand bâtiment. Il n y a pas de réelle séparation entre les zones de stockage des films et les bureaux administratifs, les locaux techniques et le laboratoire, comme c est le cas, ici, en France. Néanmoins les voûtes nitrate et acétate se trouvent chacune dans une aile du bâtiment, et à des étages différents. Le RDC est dédié aux voûtes safety, le 1 er étage aux voûtes nitrate. De plus, ce sont des zones à accès réglementé. Elles sont séparées physiquement du reste des locaux par des dispositifs de contrôle d accès stricts : sas avec portes blindées dont l ouverture se fait par badge ou par des clefs spéciales à retirer dans une armoire à clefs blindée munie d un code, caméra contrôlant les entrées et sorties etc. Réglementation des accès Dispositif de contrôle des clés Caméra et détecteur de mouvements Toutes les règles incendie liées au stockage des films nitrate et safety sont définies par la National Fire Protection Association. 1. Films nitrate Les films nitrate sont stockés dans 124 voûtes pour un total de 145 248 bobines. Une température approximative de 4 C et une hygrométrie de 30% constituent les paramètres de stockage. 4

Chaque voûte contient environ 1200 boîtes. Voûtes «nitrate» La structure est en béton armée, coupe feu 2h, avec une seule porte d accès, elle-même coupe feu. A l intérieur des étagères métalliques ont été scellées dans le béton de part et d autre de l allée centrale. Les films sont rangés sur ces étagères dans des petits casiers indépendants les uns des autres, à raison de deux bobines par casier. Ces derniers rendent théoriquement impossible l ouverture des boites en cas de décomposition thermique des films (films en décomposition + boîte = phénomène de surpression similaire à une cocotte minute : sous la pression des gaz libérés lors de la décomposition, le couvercle peut s ouvrir violemment avec projection de la bobine). Rayonnage de stockage «nitrate» 5

Chaque voûte est équipée d éclairages antidéflagrants, d une détection incendie (détecteurs de fumées et alarme sonore avec flash), d un système d extinction automatique à eau, de clapets coupe feu ainsi que d une cheminée avec une trappe de décompression à ouverture automatique en cas d incendie. De plus des sondes mesurent en continu la température, l hygrométrie et la pression dans la voûte. Tous ces paramètres sont gérés et contrôlés par informatique. Il n y a pas de relevés de mesures visibles depuis l extérieur de la voûte. Eclairages, système d extinction automatique à eau à l intérieur de la cellule et alarme sonore avec flash à l extérieur Il est à noter que le Packard Campus possède également des armoires blindées ignifugées pour le stockage temporaire des films nitrate. Ces armoires sont munies d une cheminée d extraction pour les fumées et d un système d extinction automatique (ou sprinklage). Armoire de stockage temporaire équipé de sprinklage et de cheminée d évacuation des fumées 2. Films safety Les 650 000 bobines safety sont stockées dans 18 voûtes. Les paramètres de stockage appliqués sont une température approximative de 2 C et une hygrométrie de 35% pour les matrices (5 voûtes) ou une température approximative de 10 C et une hygrométrie de 35% pour les copies d exploitation (13 voûtes). 6

Accès stockage «acétate» Les voûtes sont construites sur le modèle de chambres froides. L accès se fait par un sas de sécurité qui est muni d une alarme sonore et visuelle extérieure avec rappel des consignes de sécurité incendie (impossibilité d entrer dans la voûte en cas de fonctionnement du système d extinction automatique à gaz voute appauvrie en oxygène). A l intérieur, chaque voûte est équipée d une détection incendie (détecteurs de fumée et alarme sonore avec flash), d un système d extinction automatique à gaz (utilisation notamment de heptafluoropropane /FM200/HFC-227 ea) permettant d appauvrir en oxygène le local, de clapets coupe feu et de BAES. Dispositifs d évacuation et d alarme visuelle et sonore 7

Système d extinction automatique à gaz inerte Désignation du gaz et interdiction de pénétrer en cas d extinction De plus des sondes mesurent en continu la température et l hygrométrie dans la voûte. Tous ces paramètres sont gérés et contrôlés par informatique. L hygrométrie est également reportée à l extérieur de la voûte sur un graphique. 8

Graphiques de relevés de température et d hygrométrie 9

Système de contrôle de la température Les films sont rangés dans des casiers sur des étagères fixes (une bobine par casier) ou sont posés à même sur les étagères de rayonnages mobiles. Rayonnage de stockage acétate Dans certaines voûtes de stockage des films acétate, on peut sentir une forte odeur de vinaigre. Les équipes du Packard Campus en charge de la conservation sont donc également confrontés au syndrome du vinaigre et à la difficulté d une conservation durable du patrimoine cinématographique ; et ce malgré des installations de génie climatiquetraitement de l air récentes et des températures et taux d hygrométrie bas. La climatisation des voûtes et du reste des locaux fait l objet de deux réseaux distincts. 10

3. Logistique des collections Les films sont identifiés par une étiquette comportant quelques informations (format, titre ) et un numéro qui permettent le classement des stocks et le suivi des mouvements. Le Packard Campus ne dispose pas d un logiciel de suivi des mouvements de stocks avec trackers comme il en existe aux AFF. De même, leur base de données est actuellement limitée. Peu d informations sont recueillies. Un code barre est attribué à chaque film mais il contient uniquement des informations sur l origine du film (le producteur). 3. Laboratoire Restauration Le laboratoire du Packard Campus est composé d un pôle argentique et d un pôle numérique. Dix-neuf agents y travaillent. Les équipements (essuyeuse, tireuse, développeuse, scanner ) du laboratoire sont tous de marques américaines appartenant au groupe RTI (Research Technology International) : BHP Inc. (essuyeuse-tireuse) / Lipsner Smith (essuyeuse-tireuse) / Treise (développeuse) / Calder (développeuse) / RTI Imagica (imageur) 1. Pôle argentique Equipements de tirage-essuyage La section photochimique du laboratoire possède : 3 tireuses continues par contact de marque BHP = tirage en immersion des films noir et blanc. 1 tireuse optique image par image de marque ACME = tirage en immersion ou à sec des films couleurs. 1 tireuse optique image par image de marque Oxberry model 1500 = tirage en immersion ou à sec des films couleurs 2 essuyeuses Lipsner/Smith model CF8200P 1 essuyeuse Lipsner/Smith Excel model 1100. Essuyeuse Lipsner/Smith model CF8200P avec sa gaine d'extraction 11

Tireuse continue par contact Tireuse optique image par image Tireuse reliée à un fût de perchloroéthylène Ces tireuses et essuyeuses fonctionnent au perchloroéthylène, à l exception de l essuyeuse Lipsner/Smith Excel model 1100 qui fonctionnent à l alcool isopropylique (propan-2-ol). Si nos collègues américains essayent de trouver un produit de substitution pour le tirage en immersion et l essuyage des films safety, aucune solution de remplacement n est en vue pour les films nitrate. Il y a de toute façon une plus grande tolérance qu en Europe dans l utilisation du perchloroéthylène aux Etats-Unis, surtout dans l industrie cinématographique car les volumes en jeux restent faibles. Tous les équipements fonctionnant au perchloroéthylène sont raccordés à un réseau d extraction équipés de filtre au charbon actif. Ce réseau est distinct du réseau général pour les autres locaux non chimiques. Le laboratoire du Packard Campus ne dispose pas de laveuse, et il n utilise pas de produits spécifiques contre les microorganismes comme les bactéries, les champignons etc 12

Le développement photochimique Le process de développement (préparation des bains + fonctionnement des développeuses) est assuré par 3 agents. Tout est regroupé dans la même zone : production des eaux de process, préparation des bains, développeuses et neutralisation des effluents photochimiques sont contigües. Les développeuses La section photochimique possède également 6 développeuses de marque Treise pour le développement noir et blanc des films positifs et négatifs en format 16/35mm. Pour l instant, nos collègues américains ne font que du développement en noir et blanc, mais ils souhaitent faire du développement couleur dans un futur proche. Ils disposent déjà de développeuses pour cela. C est le traitement des effluents photochimiques qui les freinent car c e st un process assez lourd et complexe à mettre en place. Ils n ont pas encore trouvé une solution technique et économique satisfaisante. On peut noter qu une attention particulière a été portée à la sécurité électrique des équipements : mise en marche et arrêt des développeuses via des interrupteurs et non des disjoncteurs, développeuses équipées de transformateur propre pour être dissociés du circuit électrique général. Développeuse de marque Treise avec son interrupteur de marche-arrêt 13

Tableau de contrôle des paramètres de développement et racks de développement Transformateurs électriques des développeuses Les produits chimiques mis en œuvre Pour le développement, le laboratoire se réfère aux standards Kodak D-96 et D-97 pour le révélateur, F-5 pour le fixage et CB-7 pour le mouillant. Ainsi, ils utilisent globalement les mêmes produits chimiques pour la préparation des bains de développement qu aux AFF : hydroquinone, borax, sulfite de soude, carbonate de soude, hydroxyde de sodium etc Il est à noter que d une manière générale les équipes du Packard Campus doivent déclarer à l OSHA 1 tous les produits chimiques qu ils utilisent ainsi que les quantités mises en œuvre. La production d eau adoucie La production d eau adoucie en amont du process (eau servant au développement photochimique) est très poussée. En plus de la présence d adoucisseurs et de ballon d eau 1 Organisme de contrôle fédéral (voir chapitre 4). 14

chaude (de marque P-K Compact et State Patriot), l eau de ville utilisée subit quatre traitements : Filtration par osmose inverse. Filtration au charbon actif (filtres de marque Cleaver-Brooks et Ecodyne). filtre d une taille de 1 micron pour capter toutes les impuretés, microorganismes et pollution. UV pour tuer les bactéries (de marque Aquafine). Ballons d'eau chaude de marque State Patriot et P-K Compact Filtration par osmose inverse et filtres au charbon actif de marque Ecodyne 15

Filtres de 1 Micron Traitement UV de marque Aquafine 16

L eau produite est ensuite stockée dans deux réservoirs d un peu plus de 50 m 3 chacun. Réservoirs de stockage de l'eau de laboratoire La préparation des bains La préparation des bains est réalisée conformément aux standards de développement KODAK. Les agents manuten tionnent les produits chimiques et remplissent manuellement 3 cuves mères (fixage, révélateur et mouillant). Puis, celles-ci vont alimenter des cuves de réserve (une cuve de réserve associée à un type de bain : révélateur positif, fixage positif etc ) qui vont alimenter ensuite les développeuses. Ces transvasements se font automatiquement via des pompes de transferts. Les développeuses fonctionnent en circuit fermé ; d un développement à l autre elles réutilisent le même bain jusqu à ce qu il perde ses qualités. Les bains usés sont ensuite stockés dans des cuves de stockage pour traitement. Malgré un process assez proche, les conditions de travail des agents et le mode opératoire de préparation des bains semblent plus sécurisés au Packard Campus qu aux AFF. Tout d abord le local est vraiment fonctionnel. Il a été pensé dans un souci d ergonomie : zones en hauteur équipées de passerelles, cuves à hauteur d homme et peu hautes, séparation du local en différents espaces de travail bien distincts (remplissage cuves, zones de stockage des produits chimiques, paillasse avec évier, balance pour échantillonnage et ajouts fins ). Vue d'ensemble du local de préparation des bains 17

Vue d'ensemble du local de préparation des bains De même les principaux équipements et organes de sécurités sont présents : hotte aspirante au dessus de chaque cuve pour une capture à la source des émanations, douche de sécurité et rince œil, kit anti-pollution etc ). Les modes opératoires, FDS 2 et informations de sécurité sont affichés ou disponibles dans le local même. Douche de sécurité et rince-œil, hotte aspirante, kit anti-pollution (absorbant) Les produits chimiques sont conditionnés dans des bacs fermés ou dans des armoires spécifiques. De plus ils sont commandés en petits contenants pour une manutention plus aisée. 2 FDS : fiche de données de sécurité. 18

Zone de stockage des produits chimiques pour la préparation des bains Armoire à solvants et armoire à acides Tous les tuyaux (PVC), flexibles et raccords sont biens identifiés avec un code couleur. Les cuves et bacs de produits chimiques sont étiquetés. Enfin la plupart des équipements du process sont facilement accessibles pour permettre une maintenance plus aisée. Tuyauteries avec affichage des codes couleurs correspondants 19

Le traitement des effluents photochimiques En matière de traitement des effluents photochimiques, les principaux seuils réglementaires à respecter portent sur les rejets d argent, de cuivre et de bore. Le laboratoire tient compte des seuils imposés par l état de Virginie car ils sont plus restrictifs que ceux définis par le gouvernent fédéral. Ainsi, les rejets d argent, de cuivre et de bore sont limités respectivement à 0,2mg/L, 0,09mg/L et 5mg/L. Pour les autres charges polluantes présentes dans les effluents, leurs limites sont définies directement par l usine publique de traitement des eaux usées de la ville de Culpeper. Le laboratoire ne dispose pas en interne d une station de traitement des effluents à proprement parler. Il y a seulement un système d électrolyses (CPAC - SilvPAC LM BF 55) pour capter l argent et d autre s dispositifs pour réduire les teneurs en bore et en cuivre. Le laboratoire utilise également de l acide chlorhydrique et de la soude caustique pour équilibrer le ph. Ils n ont aucun dispositif de traitement particulier pour les sels. En cas de conformité aux seuils réglementaires, ils peuvent rejeter leurs effluents photochimiques dans le réseau d eaux usées. Mais alors, ils doivent fournir régulièrement des échantillonnages de tous leurs rejets à la station publique de traitement des eaux usées de la ville de Culpeper pour contrôle de leur conformité. Actuellement, ils font tout pomper et traiter dans une usine spécialisée car ils ont souvent des dépassements pour l argent, le cuivre et le bore. Mais une étude technique est en cours pour essayer de trouver une solution plus rentable. L un des enjeux de cette étude tient notamment à l opportunité de se doter d installations de traitements plus perfectionnées. Les postes de travail dédiées à la restauration Un effort important a été porté sur la sécurité et l ergonomie dès la conception des locaux pour les postes de travail dédiés aux tâches de restauration (montage etc..). Ainsi, chaque poste est constitué d un petit box qui se compose d un bureau et d une table de travail (avec enrouleuse) élévatrice pour s adapter à la taille de l opérateur. Ces tables de travail sont également dotées de deux aspirations : une en partie haute (bras articulé pour être placé au plus près de la source d émission) et une en partie basse sous la table pour les particules plus lourdes (petite grille d aspiration). Ces deux aspirations sont reliées à un système d extraction avec filtres au charbon actif. Ce réseau est distinct du réseau d extraction-ventilation général. De même les FDS (support mural pour classeur) des produits utilisés, les EPI nécessaires et les organes de sécurité comme les douche, les rince œil, les paillasse avec point d eau sont toujours à proximité directe des postes de travail sensibles. Et tous les produits chimiques sont stockés dans des armoires spécifiques, type armoires à solvants. Postes de travail dédiés à la restauration argentique 20

Aspiration en partie haute et en partie basse du poste de travail D une manière générale, on retrouve le même type de configuration pour tous les postes de travail où sont utilisés ou manipulés des produits et substances chimiques, comme ceux dédiés à l inventaire et au catalogage des collections et des nouveaux dépôts : poste de travail avec aspiration à la source, FDS, douche de sécurité et rince œil, paillasse avec point d eau, EPI 3, armoires pour produits chimiques etc ). Postes de travail dédiés à l'inventaire et au catalogage FDS affichées aux postes de travail 3 EPI : équipement de protection individuelle. 21

2. Pôle numérique Equipements de numérisation La section numérique du laboratoire possède plusieurs types de scanners pour la numérisation des films : scanners avec immersion au perchloroéthylène et scanners sans immersion au format 2K, 4K, et télécinéma HD. Scanner Oxberry Cinescan Scanner avec immersion au perchloroéthylène Le projet de numérisation Le laboratoire du Packard Campus a commencé récemment la numérisation de ses collections. Les équipes sont elles-aussi confrontées au coût financier conséquent de ce projet, et au manque de recul sur la conservation dans le temps des fichiers numériques. De plus la numérisation porte à la fois sur les films, que sur les vidéos, les vinyles et les bandes sons. Le laboratoire dispose actue llement de 3 serveurs numériques de marque Sun Microsystems pour une capacité de stockage de 4 millions de gigabytes. Ils souhaitent aller rapidement vers 12 millions de gigabytes de données stockées. Toutes les archives numérisées sont actuellement consultables sur le site du Packard Campus et à la Library of Congress à Washington. Dans le futur, nos collègues américains ont pour projet d élargir la mise en réseau de ses données afin de permettre une plus grande consultation de leurs archives. Pour finir, il est important de préciser que leur politique de numérisation ne remet aucunement en cause leur politique de stockage et conservation des supports physiques, notamment des films nitrate. Tous les originaux sont conservés après numérisation. Salle propre des serveurs numériques 22

4. Hygiène, Sécurité et Environnement La Bibliothèque du Congrès possède un service HSE transversal à l ensemble de ses sites. Il est basé à Washington DC, et ses missions portent sur la sécurité au travail, la sécurité incendie, la protection de l environnement, l hygiène industrielle et l ergonomie au poste de travail. Une ingénieure est détachée la moitié de son temps sur Culpeper pour assurer les fonctions de veille, conseil et plus généralement la mise en place et le suivi des actions HSE définies par le service. Les chefs de service du Packard Campus sont ensuite les relais et acteurs quotidiens de la politique HSE de la Bibliothèque du Congrès. Ils travaillent donc en étroite collaboration avec cette ingénieure et les autres services qui ont un impact sur la protection des agents, des visiteurs et des biens : le service de santé au travail, le service de la sûreté et les services généraux. La réglementation HSE aux USA Aux USA la réglementation sur les questions d hygiène, sécurité et environnement fait intervenir quatre acteurs principaux au niveau fédéral. United States Environmental Protection Agency (EPA) : agence fédérale qui a en charge la protection de l environnement. Elle s occupe notamment des pollutions liées aux activités industrielles et de la gestion des déchets industriels = missions et rôle de police qui se rapprochent de ceux des DRIEE/DREAL en France. Occupational Health and Safety Administration (OSHA) : agence fédérale qui a charge la sécurité et la protection de la santé des travailleurs. Elle s occupe notamment du contrôle des produits chimiques mis en œuvre dans le milieu professionnel = missions et rôle de police qui se rapprochent de ceux de l inspection du travail en France. US Department of Transportation : ministère qui a en charge la politique de transport aux USA. Dans le cadre industriel, elle encadre réglementairement le transport de marchandises dangereuses dont notamment les déchets industriels dangereux = équivalant du ministère des transports en France. National Fire Protection Association : association professionnelle liée au milieu des assurances qui définit les bonnes pratiques et normes en matière de prévention et protection du risque incendie en milieu professionnel = missions et rôle de conseil, d expertise et de prescriptions normatives similaires à ceux du CNPP 4 en France. Au niveau de l Etat de la Virginie et de la municipalité de Culpeper, deux autres acteurs jouent un rôle sur les questions environnementales. State of Virginia s Departement of Environmental Quality (VDEQ) : autorité de l Etat de Virginie ayant en charge la protection de l environnement. Ses missions équivalent à celle de l EPA au niveau de l Etat de Virginie (prescription de règles en matière de protection de l environnement et vérification de leurs bonnes applications). Publically Owned Treatment Works (POTW) : station publique de traitement des eaux dépendant de la municipalité de Culpeper. Elle a en charge la production d eau 4 CNPP : Centre national de prévention et protection. 23

potable et la gestion des eaux usées et des égouts sur la ville de Culpeper (contrôle des rejets d eaux usées des industries présentes à Culpeper). De manière générale, la loi fédérale fait office de norme supérieure. Les prescriptions édictées par le gouvernement fédéral font autorité partout aux USA, sauf si les lois d un état sont plus contraignantes. Elles deviennent alors normes supérieures (exemple des normes de rejet pour l argent, le cuivre et le bore citées plus haut). Les missions de police (contrôle du respect des lois et normes) sont exercées par des agences/administrations fédérales et locales. Déchets La gestion des déchets industriels aux USA est assez proche de celle pratiquée en France. Le Packard Campus regroupe et fait traiter ces déchets en différenciant ceux qui relèvent des déchets industriels banaux (papiers, cartons ) et ceux qui relèvent des déchets industriels dangereux (emballages et produits de laboratoires souillés par des produits chimiques, films en décomposition ). Ils font un tri à la source sur le site puis des prestataires se chargent de la collecte et de l élimination selon la filière appropriée. Tri sélectif du papier Tri sélectif cannettes aluminium, verre et plastique 24

Les films nitrate en décomposition sont éliminés de la même manière qu aux AFF. Le Packard Campus suit les recommandations du document technique Kodak H-182, qui recommande de mettre les films nitrate dans des fûts remplis d eau pour sécuriser le transport puis d incinérer le tout. En revanche il existe une différence de traitement pour les films acétate en décomposition. Aux AFF, ceux-ci sont considérés comme déchets dangereux alors qu au Packard Campus ils sont regroupés et éliminés en tant que déchet industriel banal. Ils sont redirigés vers une filière de traitement spécifique uniquement s ils contiennent des résidus d argent. Films nitrate en décomposition EPI Sous le contrôle de l ingénieur HSE, un programme de formation continu à l utilisation des masques respiratoires a été mis en place. Régulièrement des exercices pratiques ont lieu avec des mises en situation pour rappeler aux agents les bonnes pratiques en matière d utilisation de masque respiratoire. Sûreté La politique de sûreté du Packard Campus est très poussée. Elle est essentiellement assurée par des moyens techniques. A l entrée du site un poste d accueil filtre les entrées et sorties. Tous les visiteurs se voient remettre un badge d entrée après avoir émargés et remplies un certain nombre d information dans un classeur dédié (nom, prénom, date, objet de la visite ). Tous les agents disposent d un badge nominatif qui leur permet de circuler à l intérieur du site en fonction des droits d accès dont ils disposent. En effet, les différentes zones de travail sont séparés les unes des autres par des sas à accès réglementé (porte automatique qui s ouvre grâce à un badge disposant du droit d accès ou par des clefs spéciales à retirer dans un coffre-fort à code). Ainsi les locaux les plus sensibles (cellule de stockage, locaux chimiques du laboratoire) ne sont accessibles qu à un nombre restreint d agents. D autre part, des caméras de surveillance ont également été installées dans certains espaces de circulation ou locaux de travail pour prévenir les intrusions et les vols. On retrouve le même type de dispositif dans la zone de livraison du Packard Campus située à l arrière du bâtiment. Celle-ci est constituée d un quai de chargement/déchargement avec 25

rambardes de sécurité. Ce quai est séparé de l intérieur du bâtiment par des volets automatiques et une porte blindée à code et équipée d une alarme anti intrusion. Enfin, tous les visiteurs et agents (directeur compris) se font systématiquement fouillés leurs sacs au poste d accueil lorsqu ils quittent le Packard Campus. Sécurité incendie En matière de sécurité incendie, le Packard Campus respecte les normes techniques de la NFPA. Le site est ainsi équipé : d une détection incendie (de marque TYCO) qui couvre l ensemble des zones de travail avec détecteur de fumée, DMA 5 et alarme sonore et visuelle (de marque SIEMENS) ; de systèmes d extinction automatique à eau ou à gaz (de marque Chemetron) selon la nature des combustibles présents dans les locaux ; d extincteurs (type poudre ABC pour la plupart) vérifiés tous les mois (avec étiquette de vérification apparente) et dont le nombre et l implantation sont conformes aux recommandations de la NFPA ; des RIA et des colonnes sèches avec étiquette de vérification apparente. Il est à noter que tous les matériels et hydrants pour l incendie sont identifiés par des plaques signalétiques et codes couleurs normalisés. Les câbles de détection incendie sont eux-aussi normalisés (couleur orange). Enfin des plans d évacuation et des BAES balisent les cheminements d évacuation. Déclencheur manuel d'alarme incendie et bloc autonome d'éclairage de sécurité 5 DMA : déclencheur manuel d alarme. Plan d'évacuation et alarme sonore 26