Insurance & Liabilities



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NEWSLETTER ON BELGIAN AND LUXEMBOURG INSURANCE LAW LETTRE D INFORMATIONS EN DROIT BELGE ET LUXEMBOURGEOIS DES ASSURANCES NIEUWSBRIEF OVER BELGISCH EN LUXEMBURGS VERZEKERINGSRECHT 2011 2010 2009 2008 Best Belgian Law firm of the Year (2009 and 2011) Best Banking & Finance firm (2008 and 2010) Best Litigation & Arbitration firm (2011) Interact with us on Linked Share your opinion on Philippe & Partners forum: www.philippelaw.com/forum Editorial Chers lecteurs, Ces derniers temps, les assurances ont été plus que jamais à la une de l actualité. Dans le monde entier, l importance des dégâts subis par le Japon suite à ses derniers tremblements de terre et tsunami ont provoqué stupeur et tremblements, et les photos comparant les dommages actuels à ceux subis par Hiroshima en 1945 étaient saisissantes. Mais en même temps, la presse annonçait les montants énormes que rapatriaient les assureurs japonais pour faire face aux indemnisations dues, et les évaluations de leurs interventions par les grands groupes d assurance. Les promesses de nouveau départ, que contenaient ces annonces, se sont rapidement traduites par une remontée de la bourse de Tokyo! L assurance est sans doute parfois source de contentieux, mais elle sauve. Dans nos petits pays, l assurance vie a aussi provoqué bien des commentaires, à la suite de l arrêt du 1 er mars de la Cour de justice des communautés européennes, qui a fait droit à la procédure menée par Test Achats et a déclaré discriminatoire (pour faire bref) le fait d établir des tarifs de primes inférieurs pour les femmes à ceux pratiqués pour les hommes. La surprise est de taille et, en principe, les effets ne seront vraiment pas favorables aux consommateurs, à tout le moins aux consommatrices. Ce dernier sujet nous a paru assez important pour justifier deux commentaires. Nous vous entretiendrons aussi des projets de réforme de la loi de 1992 concernant la modification des contrats, de diverses décisions récentes intéressant les assurances de responsabilité et les assurances de personnes, de certaines évolutions législatives au Luxembourg et en droit européen. Nous vous souhaitons une agréable et intéressante lecture et une heureuse fête de Pâques! Hélène de RODE hderode@philippe-law.eu Verzekeringen in het algemeen Wetontwerp - wijziging van de overeenkomst / van de premie Pagina 2 Insurance in general (Luxembourg) Changes in the anti-money laundering legislation Page 4 Assurances de responsabilité - RC auto Compétence - Pénalités dues en application de l article 14 de la loi du 21/11/1989 Page 6 Assurances de responsabilité Responsabilité de l entrepreneur: vices cachés Page 7 Assurances de personnes / Personenverzekeringen Discrimination hommes/femmes / Gelijkheid tussen vrouwen en mannen La CJUE rend un arrêt historique Page 8 Commentaar - W. Robyns, Assuralia Pagina 10 Life insurance (EU tax) Follow up on tax information exchange : EU Directive proposal on administrative cooperation Page 11 Assurance vie Désignation des héritiers légaux comme bénéficiaires Page 13 Assurance vie Article 124: Nouvel arrêt de la Cour constitutionnelle Page 14 Assurance vie Homicide volontaire: cause de déchéance Page 15 Varia - Conférences - Publication Page 16 1

Verzekeringen in het algemeen Advies van de Commissie voor Verzekeringen over het ontwerp van wet wat de wijziging van de overeenkomst of de premie betreft (DOC C/2010/3) Inleiding De Commissie voor Verzekeringen bespreekt al sinds 2004 de wijziging van voorwaarden en premie van een verzekeringsovereenkomst. In een advies van begin 2008 (DOC-2004-1) heeft de Commissie deze problematiek in kaart gebracht en tevens een voorstel van tekst geformuleerd tot wijziging van artikel 30 van de wet van 25 juni 1992 op de landverzekeringsovereenkomst (hierna genoemd WLVO ) en tot invoering van een artikel 30bis WLVO. Dit voorstel werd besproken in de Commissie en deze werkzaamheden resulteerden in een tweede advies (DOC-C-2009-4) over de wijziging van verzekeringovereenkomsten als gevolg van een wetswijziging. Bij dit advies zijn een voorstel van wetsontwerp en een memorie van toelichting gevoegd. Binnen de Commissie was er een akkoord met betrekking tot de basisprincipes en de krachtlijnen van het door de Werkgroep opgestelde voorstel. Het ontwerp van wet tot wijziging van de wet van 25 juni 1992 op de landverzekeringsovereenkomst wat de wijziging van de overeenkomst of de premie betreft, waarover het advies handelt, wijkt inhoudelijk sterk af van de compromistekst voorgesteld door de Commissie. De Commissie betreurt dat het ontwerp, zonder enige motivering, dusdanig afwijkt van de door haar voorgestelde teksten, die uitvoerig besproken zijn en waarover een akkoord bestond tussen de verschillende delegaties. Bemerkingen Principiële bemerkingen bij het ontwerp De Commissie is van oordeel dat er rechtszekerheid moet zijn over de informatieplicht in hoofde van de verzekeraar en de kennisneming en aanvaarding van alle contractsvoorwaarden (inclusief premie) door de verzekeringnemer, zowel bij het sluiten van de overeenkomst, als in geval van wijziging in de loop van de overeenkomst ingevolge een wetswijziging of op initiatief van de verzekeraar. De huidige praktijk toont aan dat deze rechtszekerheid niet altijd gegarandeerd is. Het ontwerp van wet biedt in haar huidige versie niet de gewilde rechtszekerheid. Technische bemerkingen bij het ontwerp De belangrijkste technische bemerkingen bij het ontwerp zijn de volgende: - Artikel 2 van het ontwerp (tot wijziging van artikel 10 WLVO): uit het ontwerp zou kunnen worden afgeleid dat een verzekeraar kan beslissen dat de informatieverstrekking enkel nog via elektronische weg gebeurt. Meerdere Commissieleden zijn van oordeel dat het bewijs door een geschrift op een papieren drager als basisregel moet blijven gelden. Een andere duurzame drager kan pas gebruikt worden wanneer de verzekeringnemer hiermee zijn akkoord betuigd heeft. Sommige vertegenwoordigers van de verbruikers wensen deze mogelijkheid bovendien te beperken tot overeenkomsten afgesloten op afstand. Zij benadrukken dat de loutere publicatie van de contractsvoorwaarden en de wijzigingen ervan op de algemene website van de verzekeraar niet kan volstaan als bewijsmiddel. Voorts stelt het voorgestelde 3 van artikel 10 dat op elk moment in de loop van de contactuele relatie of zolang de verjaringstermijn niet is verlopen, de verzekeringnemer het recht heeft om de voorwaarden van de overeenkomst en de premie op een papieren drager kosteloos te ontvangen. Deze bepaling zou echter geïnterpreteerd kunnen worden in de zin dat de verzekeringsovereenkomst geldig kan worden gesloten zonder dat de voorwaarden aan de verzekeringnemer voorafgaandelijk zouden moeten worden meegedeeld. Een dergelijke regeling houdt een volledige afwijking in van het basisbeginsel van het gemeen verbintenissenrecht op grond waarvan contractuele verbintenissen slechts kunnen tot stand komen na voorafgaande kennisneming van de voorwaarden die van toepassing zullen zijn op de relatie en mits akkoord met deze voorwaarden. - Artikel 4 van het ontwerp (tot invoering van artikel 15bis WLVO): het voorgestelde artikel 15bis, 1 WLVO bepaalt dat de betaling van de premie wordt vermoed te gelden als aanvaarding van de kennisgeving van de verzekeraar met inbegrip van de wijzigingen van de overeenkomst en/of de premie. In haar advies benadrukt de Commissie dat deze bepaling op verschillende vlakken onduidelijk is: betreft het een weerlegbaar of een onweerlegbaar vermoeden; door wie moet de 2

premie betaald zijn; wat is de inhoud van de kennisgeving, door wie en op welke wijze moet dit gebeuren? Aangezien niet aangegeven wordt waar de gewijzigde voorwaarden op objectieve manier kunnen worden geconsulteerd, is het bovendien onduidelijk hoe een verzekeraar zal kunnen aantonen welke de toepasselijke voorwaarden zijn (de oorspronkelijke of de gewijzigde). Het is eveneens onduidelijk hoe artikel 15bis moet worden toegepast in de gevallen dat een verzekeringnemer zijn premies maandelijks betaalt. - Artikel 5 van het ontwerp (tot invoering van een nieuw artikel 26bis WLVO): dit nieuwe artikel kent, met uitzondering van ziekte- en levensverzekeringsovereenkomsten, aan de verzekeraar een opzegrecht toe wanneer hij bewijst dat de wetswijziging leidt tot een verzwaring van risico s dat hij in geen geval zou hebben verzekerd. De Commissie stelt vast dat de Nederlandse tekst niet ondubbelzinnig aangeeft dat de verzwaring het gevolg dient te zijn van de nieuwe wettelijke of reglementaire bepaling, noch dat dit een recht is in hoofde van de verzekeraar (en geen verplichting). De vraag rijst tevens of de aanvangsdatum van de opzegging niet beter verwijst naar het ogenblik van de toepassing van de nieuwe wetsbepaling op de lopende overeenkomst in plaats van naar het ogenblik van de inwerkingtreding van de nieuwe wetsbepaling. De Commissie stelt bovendien voor deze opzegmogelijkheid van de verzekeraar te beperken tot overeenkomsten, andere dan ziekte en levensverzekeringsovereenkomsten, van meer dan één jaar. - Artikel 6 van het ontwerp (tot invoering van artikel 28quinquies WLVO): het voorgestelde artikel 28quinquies, 1 verplicht de verzekeraar de laatste versie van de algemene voorwaarden op zijn website te plaatsen. Deze verplichting geldt alleen voor de nietlevensverzekeringsovereenkomsten gesloten met consumenten, en het betreft alleen de algemene voorwaarden en niet de speciale voorwaarden. De Commissie stelt dat het niet duidelijk is waarom deze publicatieplicht niet geldt voor levensverzekeringsovereenkomsten. Voorts meent zij dat de publicatie op de eigen website van de verzekeraar (in tegenstelling tot de archivering bij een derde onafhankelijke instelling) geen enkele waarborg op duurzaamheid en onveranderbaarheid van de informatie geeft, tenzij de nodige garanties en kwaliteitsnormen worden opgelegd in verband met e-archivering. Bovendien biedt de verplichting om de laatste algemene voorwaarden te publiceren niet de nodige rechtszekerheid voor de verzekeringnemers die de voor hen toepasselijke voorwaarden wensen te kennen. Hiervoor zouden alle versies, en dus niet alleen de laatst geldende, op onbetwistbare wijze moeten worden gearchiveerd. - Artikel 6 van het ontwerp (tot invoering van artikel 28septies WLVO): het voorgestelde artikel voorziet dat de verzekeringnemer binnen de drie maanden na de kennisgeving van de wijzigingen, de overeenkomst kan opzeggen indien de nieuwe wettelijke bepaling aan de verzekeraar enige keuze laat of aanleiding geeft tot verhoging van de premie. De vertegenwoordigers van de verbruikers benadrukken in het advies dat het noodzakelijk is dat de verzekeringnemers in alle gevallen van wijziging van voorwaarden en/of premie een opzeggingsrecht hebben. Conclusies In het advies van de Commissie voor Verzekeringen vindt men zowel principiële als technische bemerkingen bij het ontwerp van wet tot wijziging van de wet van 25 juni 1992 op de landverzekeringsovereenkomst wat de wijziging van de overeenkomst of de premie betreft. De Commissie vindt het spijtig dat het ontwerp van wet zo sterk afwijkt van de door haar voorgestelde teksten, waarover een akkoord bestaat binnen de sector. Om die reden heeft de meerderheid van de leden en van de vertegenwoordigers van alle delegaties zich akkoord verklaard om de werkzaamheden binnen de Commissie verder te zetten en dit ten einde een alternatief voorstel uit te werken voor een wettelijke regeling van de procedure van wijziging van verzekeringsvoorwaarden (inclusief premie) na wetswijziging en/of op initiatief van de verzekeraar. Het compromisvoorstel uitgewerkt in het advies DOC-C- 2009-4 vormt de basis van deze besprekingen. Naomi Glibert nglibert@philippe-law.eu 3

Insurance in general (Luxembourg) Changes in the anti-money laundering and in the supervision legislation The law dd. October 27 th, 2010 (Memorial n 193, November 3 rd, 2010) brought several innovations in respect of anti-money laundering regulations in Luxembourg and modified the law dd. December 6 th, 1991 on the insurance sector. The aim of this article is not to give an extensive overview of the existing anti-money laundering legislation, but to give a short outline of the major changes. Scope Definition of a residual category of professionals Foreign service providers - Insurance companies and insurance intermediaries are obviously part of the scope of the anti-money laundering legislation of November 12 th 2004, however only for their activities in the life insurance business (insurers: all branches of annex II to the law of December 6 th 1991; intermediaries: life insurance and other services related to investments ). Enhanced anti-money laundering obligations for insurance companies - Extension of the scope of the regulations - New coercive powers for the Commissariat aux Assurances. The October 27 th, 2010 law introduces a new, very broad, residual category of professionals subject to the anti-money laundering regulations (new point 7 of article 2(1)): other professionals than those specifically enumerated and which deliver to their clients, on a commercial basis, at least one type of those professional services listed in the appendix to the law. This list is quite long and includes generic operations such as transfer of money or assets, loans, operations on stock markets, wealth management, etc. All professionals of the insurance sector, even if not dealing with life insurance, might thus now also be subject to the anti-money laundering regulations, provided they deliver this kind of services to their clients. - The 2004 law was already applicable to Luxemburgish establishments of foreign professionals. It is now also applicable to such professionals delivering services in Luxembourg without having an establishment in the country (FOS). Risk analysis Written report Each professional within the scope of the legislation has to perform a risk analysis with regard to money laundering in its specific business. The results of this analysis now have to be recorded in a written report (new article 3(3)). Simplified alertness obligation Whereas formerly life insurance contracts with an annual premium not exceeding 1.000 (or a single premium not exceeding 2.500 ) and pension products were exempted from anti-money laundering obligations, the insurance professionals are now only allowed to reduce their vigilance obligation with regard to such contracts, but not to totally exclude them from their surveillance measures. The law now also defines the minimum requirements of this simplified alertness obligation and imposes a follow-up of the client relationship in order to make sure that the conditions for the simplified obligations are met also in the future (article 3-1 (3) and (4)). Enhancement of the cooperation obligations and of the supervision powers The already existing Cellule de Renseignement Financier is now recognised as a separate body within the Public Prosecutor s office and article 5 of the 2004 law (cooperation and denunciation obligations) is modified in order to implement this change and to strengthen these obligations. Furthermore, with regard to insurance professionals, the new articles 46(5) and 111(4) of the law dd. December 6 th, 1991 empower the Commissariat aux Assurances to impose sanctions on insurance professionals if they do not comply with the anti-money laundering regulations. The law of October 27 th 2010 also enhances the Commissariat aux Assurances powers in several other areas: - ensure the correct application of the law in the relations between insurance companies and clients and between insurance intermediaries and clients; - new investigation powers: right to require access to all information and documents; to visit the profes- 4

sional s premises and to take copies of documents, books, accounts, etc.; to interview managers and employees; to collect information from other governmental, public or judicial bodies; - right to publish sanctions imposed on insurers or intermediaries; - penalties in case an insurance professional does not comply with the Commissariat s injunctions; - analysis of the brokers shareholder structure. New non-disclosure obligation The professionals subject to the anti-money laundering legislation were always subject to a non-disclosure (towards their clients) obligation in case of denunciation or in case of public prosecution related to money laundering or financing of terrorism. Criminal fines from 1.250 to 1.250.000 are foreseen in case of non-compliance with this confidentiality obligation. As the law refers to credit institutes and the preparatory works to banks, one has to consider that insurance companies and insurance intermediaries are not within the scope of this new non-disclosure obligation. The new non-disclosure obligations have to be considered as not applicable to insurance professionals. Marc Gouden mgouden@philippe-law.eu A second law dd. October 27 th, 2010 (Memorial n 194 dd. November 3 rd, 2010) implementing the European convention on judicial cooperation in criminal matters and modifying the Luxembourg law of August 8 th 2000 on judicial cooperation, introduced a new article 7 in the latter legislation imposing an additional nondisclosure obligation on credit institutes (and their managers and employees) with regard to any seizure of documents or communication of information regarding a client within the framework of an international judicial cooperation. 5

Insurance & Liabilities Assurances de responsabilité - RC auto La compétence du tribunal de première instance et les pénalités dues en application de l article 14 de la loi du 21 novembre 1989 Le tribunal de police de Verviers a eu récemment à se prononcer sur la question de savoir si un litige portant sur l application de l article 14 de la loi du 21 novembre 1989 relevait ou non de sa compétence. Les articles 13 et 14 de la loi du 21 novembre 1989 résultent de la transposition en droit belge de la IVème directive auto. Ces dispositions, en vigueur depuis 2003, imposent à l assureur de prendre position sur la demande d indemnisation que la victime lui soumet endéans un délai de trois mois. L article 14 vise l hypothèse où l assureur conteste les responsabilités ou le dommage de la victime. Si l assureur n a pas pris position endéans le délai légal, il est de plein droit tenu au paiement d une pénalité forfaitaire de 250 par jour : «Cette somme est due à partir de celui des deux jours suivants qui viendra à échéance en premier lieu : 1 le jour où la personne lésée a rappelé, par lettre recommandée ou par tout autre moyen équivalent, à l assureur l échéance du délai visé au 1er. 2 le jour où l assureur a été averti par Les contestations relatives à l o- le Fonds commun de bligation de faire offre de l assu- Garantie en applicareur et les pénalités qui en dé- tion de l article 19bis-13 1er, alicoulent relèvent de la compé- néa 2, 1. tence du Tribunal de première instance même si un accident de la circulation en est à l origine. Cette somme cesse d être due le jour suivant celui de la réception de la réponse motivée ou de l offre motivée d indemnisation par la personne lésée.» Les conséquences financières résultant d une absence de prise de position rapide peuvent être importantes pour les compagnies d assurance. La réclamation de la victime fondée sur l article 14 puise son origine dans un accident de la circulation de sorte qu il semblerait logique que la victime porte sa demande devant le tribunal de police. En effet, la volonté du législateur n est-elle pas de déférer au tribunal de police tout le contentieux direct ou indirect résultant de cet accident? 6 Néanmoins le contentieux qui porte sur l application des articles 13 et 14 de la loi de 1989 concerne aussi les manquements à la procédure à respecter pour organiser la réparation d un accident de la circulation, à savoir une réponse motivée de l assureur, dans un délai déterminé, sur une demande d'indemnisation. Cette question d ordre procédural peut être abordée distinctement de celle de l indemnisation de l accident de la circulation. Dans cette hypothèse, si la demande en paiement de pénalités en application de ces dispositions légales constitue l objet principal de la demande en justice, elle doit dès lors être portée devant le tribunal de première instance même si un accident de la circulation est à l origine de la réclamation. Le tribunal de police ne sera donc pas matériellement compétent. La victime qui introduirait sa demande devant cette juridiction se verrait opposer un déclinatoire de compétence soit d office par le tribunal soit de l initiative du défendeur. Par contre, si la demande de pénalités est accessoire à une demande principale fondée sur la réparation d un accident de roulage, le tribunal de police pourra alors trancher cette question pour autant qu un lien de connexité juridique unisse les deux demandes. C est en ce sens que le tribunal de police de Verviers s est prononcé dans le jugement commenté : «( ) en l espèce, au vu du libellé de la citation, il apparaît clairement que l obligation de paiement résulte des dispositions vantées à savoir la quatrième directive transposée en droit belge par les articles 13 et 14 de la loi du 21/11/1989 pour absence de prise de position de la défenderesse dans le délai prescrit. Le demandeur vise donc expressément une cause juridique propre, et ce, même si à l origine de la situation entraînant cette demande de pénalité se trouve dans un accident de circulation et un dommage corrélatif indemnisable par ailleurs. ( ) En l absence d intervention législative, le tribunal de police dispose d une compétence exclusive, dérogatoire du droit commun, qui doit s interpréter de manière stricte par référence à la notion «de réparation d un dommage résultant d un accident de la circulation».

Tel n est pas le cas en l espèce de la demande principale, c est à bon droit que la défenderesse sollicite le renvoi devant le tribunal de première instance de Verviers.» Cette décision fait écho à un jugement du tribunal d arrondissement de Bruxelles du 4 juin 2007 (R.G.A.R., 2008, n 14.342). Peu de décisions de jurisprudence existant sur cette question, il nous a semblé intéressant de commenter ce jugement de police. Jean Acolty jacolty@philippe-law.eu Assurances de responsabilité Responsabilité de l entrepreneur: l action en garantie des vices cachés Une décision très intéressante a été prononcée récemment par la cour d appel de Liège, dans un litige qui opposait une entreprise industrielle, qui avait acheté des machines réalisées spécialement pour elle, lesquelles avaient subi un très grave sinistre deux ans après leur réception provisoire. L acheteur avait lancé citation contre l entrepreneur seize mois plus tard et ce dernier avait mis à la cause ses divers sous-traitants. La cour a examiné d abord si l action avait été introduite dans un délai utile et estime que tel était le cas. Le juge du fond doit apprécier en fait si le comportement du Maître d ouvrage est susceptible de s interpréter comme impliquant une volonté tacite de renoncer au recours. En l espèce, après une première contestation, l entrepreneur avait laissé entrevoir la possibilité d un arrangement amiable. Quand par la suite de nouvelles contestations ont été émises, par l expert consulté par l entrepreneur et son assureur, les arguments de cet expert ont été systématiquement contestés. Il n y a eu donc aucune intention de renoncer au recours. L entrepreneur invoquait ensuite l absence de preuve véritable d un vice et il réclamait une expertise judiciaire, plus de neuf ans après les faits. La cour a écarté la demande d expertise judiciaire, en observant qu après le sinistre, l entrepreneur avait acquiescé aux conclusions de l analyse technique confiée à un organisme de contrôle et avait approuvé la réparation préconisée. Hélène de Rode hderode@philippelaw.eu Pour vérifier si l action en garantie a été introduite dans un délai utile, le juge doit vérifier si le comportement du maître d ouvrage a impliqué une volonté tacite de renoncer à son recours, selon la cour d appel de Liège. 7

Assurances de personnes - Discrimination hommes/femmes La CJUE rend un arrêt «historique» L arrêt du 1 er mars 2011 de la Cour de Justice de l Union européenne (ci-après «CJUE») était pour le moins attendu, voire redouté par le secteur de l assurance, a fortiori depuis les conclusions déposées par l avocat général Kokott le 30 septembre 2010. Nous n entrerons pas ici dans le détail de l analyse de l arrêt du 1 er mars 2011 de la Cour de justice de l Union Européenne, mais en tracerons les contours. Nous y consacrons un article plus approfondi dans une prochaine livraison de la Revue Générale des Assurances et des Responsabilités (RGAR). Contexte de l arrêt du 1 er mars 2011 En date du 13 décembre 2004, le Conseil de l Union européenne arrêtait la directive 2004/113/CE mettant en œuvre le principe de l égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans l accès à des biens et services et la fourniture de biens et services (J.O., L 373 du 21.12.2004, p. 37). Comme son intitulé l indique, la directive pose en principe le respect de l égalité entre hommes et femmes, ce qui signifie qu il ne peut y avoir ni La CJUE invalide l autorisation des différences en matière de primes et de prestations pour les assurés lorsque le sexe est un facteur déterminant dans l évaluation des risques. discrimination directe, y compris un traitement moins favorable de la femme en raison de la grossesse et de la maternité, ni discrimination indirecte fondées sur le sexe (art. 4 de la directive). À l attention spécifique du secteur des assurances et des services financiers connexes, sous un article 5 intitulé «Facteurs actuariels», la directive prévoit que les États membres veillent à ce que, dans tous les nouveaux contrats conclus après le 21 décembre 2007 au plus tard, l utilisation du sexe comme facteur dans le calcul des primes et des prestations n entraîne pas, pour les assurés, de différences en matière de primes et de prestations (art. 5.1 de la directive). Nonobstant ce principe posé, l article 5.2 de la directive prévoit une «dérogation» (considérant 19 de la directive) aux termes de laquelle les États membres peuvent décider avant le 21 décembre 2007 d autoriser des différences proportionnelles en matière de primes et de prestations pour les assurés lorsque le sexe est un facteur déterminant dans l évaluation des risques, sur la base de données actuarielles et statistiques pertinentes et précises. Les États membres concernés en informent la Commission européenne et veillent à ce que des données précises concernant l utilisation du sexe en tant que facteur actuariel déterminant soient collectées, publiées et régulièrement mises à jour. Ces États membres réexaminent leur décision pour le 21 décembre 2012. La directive 2004/113/CE s est vue transposée en droit belge par la loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes (M.B. 30.05.2007, entrée en vigueur le 09.07.2007) tandis que c est par la loi du 21 décembre 2007 que le législateur belge décida d intégrer à la loi du 10 mai 2007 la dérogation visée à l art. 5.2 de la directive (M.B. 31.12.2007). En adoptant le régime d opting-out au terme d âpres discussions et contre l avis de l ASBL «Association Belge des Consommateurs Tests-Achats» (ci-après «Tests-Achats»), le législateur suivait la thèse des représentants du secteur belge de l assurance. Suite à l adoption de la loi du 21 décembre 2007, l article 10, 1 er, de la loi du 10 mai 2007 se voyait libellé comme suit : «Par dérogation à l'article 8, une distinction directe proportionnelle peut être établie sur la base de l'appartenance sexuelle pour la fixation des primes et des prestations d'assurance, lorsque le sexe est un facteur déterminant dans l'évaluation des risques sur la base de données actuarielles et statistiques pertinentes et précises. Cette dérogation ne s'applique qu'aux contrats d'assurances sur la vie au sens de l'article 97 de la loi du 25 juin 1992 sur le contrat d'assurance terrestre.» Recours en annulation devant la Cour constitutionnelle belge Par requête du 26 juin 2008, Tests-Achats, ainsi que deux particuliers, ont introduit un recours en annulation contre la loi du 21 décembre 2007 devant la Cour constitutionnelle. Tests-Achats estime que cette loi est contraire au principe de l égalité entre les femmes et les hommes. 8

Devant la Cour constitutionnelle, Tests-Achats soutient que la loi du 21 décembre 2007 viole «les articles 10, 11 et 11bis de la Constitution combinés avec l'article 13 du Traité CE, la directive 2004/113/CE du Conseil du 13 décembre 2004 mettant en œuvre le principe de l'égalité de traitement entre les hommes et les femmes dans l'accès à des biens et services et la fourniture des biens et services, les articles 20, 21 et 23 de la Charte des droits fondamentaux de l'union européenne, l'article 14 de la Convention européenne des droits de l'homme, l'article 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes». Aux termes de son arrêt du 28 juin 2009 (point B.5.1), la Cour constitutionnelle décide que, dès lors que la loi attaquée fait usage de la faculté offerte par l article 5.2 de la directive du 13 décembre 2004 et que les critiques formulées par Test-Achats à l encontre de la loi belge valent dans la même mesure pour cet article 5.2, il est nécessaire, pour statuer sur le recours, de trancher préalablement la question de la validité de cette disposition de la directive précitée. C est l objet de la question préjudicielle posée par notre Cour constitutionnelle sur la base de l article 234 du Traité instituant la Communauté européenne L arrêt de la CJUE du 1 er mars 2011 Les conclusions de l avocat général Juliane Kokott, requérant de voir la CJUE invalider l art. 5.2, n amenaient pas le secteur de l assurance à l optimisme. C est en ce sens que fut rendu l arrêt du 1 er mars 2011. En voici les extraits pertinents : Dérogeant à la règle générale des primes et des prestations unisexes instituée par cet article 5, paragraphe 1, le paragraphe 2 du même article a, pour sa part, accordé aux États membres, dont le droit national n appliquait pas déjà cette règle au moment de l adoption de la directive 2004/113, la faculté de décider avant le 21 décembre 2007 d autoriser des différences proportionnelles en matière de primes et de prestations pour les assurés lorsque le sexe est un facteur déterminant dans l évaluation des risques, sur la base des données actuarielles et des statistiques pertinentes et précises. Cette faculté, selon ce même paragraphe, sera réexaminée cinq ans après le 21 décembre 2007, en tenant compte d un rapport de la Commission, mais, en l absence, dans la directive 2004/113, d une disposition sur la durée d application de ces différences, les États membres ayant fait usage de ladite faculté sont autorisés à permettre aux assureurs d appliquer ce traitement inégal sans limitation dans le temps. ( ) Il est constant que le but poursuivi par la directive 2004/113 dans le secteur des services d assurance est, ainsi que le reflète son article 5 paragraphe 1, l application de la règle des primes et des prestations unisexes. Le dix-huitième considérant de cette directive énonce explicitement que, afin de garantir l égalité de traitement entre les femmes et les hommes, l utilisation du sexe en tant que facteur actuariel ne devrait pas entraîner pour les assurés de différence en matière de primes et de prestations. Le dix-neuvième considérant de ladite directive désigne la faculté accordée aux États membres de ne pas appliquer la règle des primes et des prestations unisexes comme une L avenir nous le dira, mais nous ne sommes pas convaincus que l impact de cet arrêt soit favorable aux consommateurs. «dérogation». Ainsi, la directive 2004/113 est fondée sur la prémisse selon laquelle, aux fins de l application du principe d égalité de traitement des femmes et des hommes consacré aux articles 21 et 23 de la charte [NDLR : des droits fondamentaux de l Union européenne], les situations respectives des femmes et des hommes à l égard des primes et des prestations d assurances contractées par eux sont comparables. Dans ces circonstances, il existe un risque que la dérogation à l égalité de traitement entre les femmes et les hommes prévue à l article 5, paragraphe 2, de la directive 2004/113 soit indéfiniment permise par le droit de l Union. Une telle disposition, qui permet aux États membres concernés de maintenir sans limitation dans le temps une dérogation à la règle des primes et des prestations unisexes, est contraire à la réalisation de l objectif d égalité de traitement entre les femmes et les hommes que poursuit la directive 2004/113 et incompatible avec les articles 21 et 23 de la charte. Par conséquent, cette disposition doit être considérée comme invalide à l expiration d une période de transition adéquate. La cour invalide l article 5.2 avec effet au 21 décembre 2012. 9

Bref commentaire Remarquons que la date du 21 décembre 2012 implique une période de transition inférieure à ce que l avocat général Kokott avait proposé, à savoir trois ans à dater du prononcé de l arrêt. Même si la CJUE ne motive pas la raison pour laquelle elle retient la date du 21 décembre 2012 comme fin de la période de transition, l on peut déduire de la logique de sa décision que cette date correspond en réalité à la date ultime fixée par le texte de la directive en vue de permettre aux Etats membres d évaluer l impact de la dérogation qu ils auraient adoptée en vertu de l art. 5.2. Les Etats membres n auront pas à faire cette évaluation, devenue sans objet et court-circuitée par l arrêt du 1 er mars 2011. Par contre, c est bien le secteur de l assurance qui doit maintenant repenser les bases de son métier puisque, en imposant le recours aux primes et prestations unisexes, la CJUE pousse les assureurs à revoir leurs critères d évaluation de la prime. Tenir compte d une différence objective est-il forcément discriminer? Il n est pas impossible que l on se rende compte un jour que les défenseurs du principe de la totale égalité en assurance se soient trompés de moyen pour concilier, d une part, le principe de vie en société incontournable qu est l égalité des citoyens, et, d autre part, la nécessaire évaluation d un risque pour une juste tarification. Pierre Moreau pmoreau@philippe-law.eu Personenverzekeringen - Gelijkheid tussen vrouwen en mannen Ook in verzekeringen "Summum ius "? (Wauthier Robyns, Assuralia) Het arrest waarin het Europees Hof van Justitie het onderscheid dat de verzekeraars traditioneel maken tussen vrouwen en mannen als ongeoorloofd bestempelt, diende diametraal tegengestelde meningen te beoordelen. Oordeel zelf: enerzijds het principe van de gelijkheid, alom gehuldigd sinds de Franse Revolutie van 1789, anderzijds dat van de actuariële billijkheid. Of de botsing van die ideeën het licht heeft laten schijnen, is nog maar zeer de vraag. Als hoedster van de Verdragen is de Europese Commissie weleer - op basis van de bevoegdheden die de grondteksten van de Europese Unie haar verleent - begonnen met het bestrijden van elke vorm van discriminatie. De geest van de wetten schuilt er in deze in dat vrouwen lange tijd als tweederangsburgers beschouwd zijn, die nog niet zo lang geleden geen bankrekening konden openen zonder het akkoord van hun echtgenoot. Over de maatregelen om het voor de vrouwen op te nemen inzake arbeidsvoorwaarden, was er weinig commotie. De initiatieven van de Commissie voor de gelijke behandeling op het vlak van goederen- en dienstenhandel deden meer stof opwaaien. Vrij snel bleek dat het geslacht voor de verzekeraars, die zich beroepen op statistieken en er van uitgaan dat verzekeringsvoorwaarden variëren volgens het risico, een toonaangevende tariferingsfactor was. Zo profiteerden vrouwen van hun betere cijfers als jonge bestuursters, als personen met minder gezondheidszorgen dan mannen eens de vijftig voorbij, en als personen die minder vaak jong overlijden sinds ze niet meer in het kraambed sterven. Sommige verzekeraars gingen zich zelfs expliciet op die doelgroep richten zoals de Compagnie des Femmes in Frankrijk of Sheila's Wheels in het Verenigd Koninkrijk. Dat verzekeraars een dergelijk beleid voeren heeft niets te maken met voorrechten, afkeer of hoffelijkheid, maar alles met objectieve waarnemingen en met de wetten van de concurrentie, die tot transparantie leiden. En daarom betekenen die praktijken geen immorele vorm van discriminatie. De richtlijn van 2004 liet de mogelijkheid ten minste tijdelijk een verschil in behandeling te behouden, hetgeen zich vertaalde in premies die zo scherp mogelijk berekend werden in overeenstemming met het verzekerde profiel. Sinds eind 2007 had België zich echter onderscheiden door een verbod op onderscheid in de autoverzekering en de ziekteverzekering. Het gevolg daarvan was dat premies voor jonge be- 10

stuurders lichtjes daalden (met 3 à 4 %). De premies voor jonge vrouwelijke bestuurders stegen echter nadrukkelijk (met 7 à 15 %). Een unisekstarief kost immers meer dan het rekenkundige gemiddelde van "geslachtsgebonden" tarieven. Een verzekeraar moet namelijk toezien op het noodzakelijke evenwicht in zijn portefeuille en zal dan ook een premie aanrekenen die altijd voldoet, zelfs in het ergste geval. Gelijkheid staat hier haaks op economische efficiëntie. De verzekeraar die erin slaagt een clientèle aan te trekken uit de groep met het laagste risicogehalte, boekt dan immers een marge die groter is dan nodig is. Natuurlijk volgen verzekeraars ook andere factoren. Vrouwen die voor een Toyota IQ kiezen, niet meer dan 10.000 km per jaar rijden, beroepen uitoefenen die een laag risicogehalte inhouden, en minder ongevallen veroorzaken, zullen in fine minder betalen dan de gemiddelde verzekerde. In België houdt alleen de levensverzekering nog rekening met het geslacht. Tijdelijke verzekeringen zoals schuldsaldoverzekeringen zijn minder duur voor vrouwen, heel wat minder duur zelfs. Inzake renten hebben verzekeraars altijd gedacht dat, op basis van de levensverwachting, twintig uitkeringen van 5.000 euro beloven aan een man in grote mate overeenkomt met vijfentwintig keer 4.000 euro voor een vrouw. Dit alles zal vanaf 21 december 2012 moeten veranderen. Zullen verzekeraars, zoals Test-Aankoop en de advocaat-generaal van het Hof aangeven, meer belang gaan hechten aan individuele gedragingen, zoals een verzekeraar die nu al kortingen toekent voor wie zich aansluit bij een sportclub, of een ander die korting toekent voor een gunstige Body Mass Index? Het arrest roept vragen op. Zal het gemene recht nog mogen vergoeden op basis van tabellen die verschillen naargelang het geslacht? Maar ook: welke weg zal Europa inslaan wanneer het de andere criteria moet regelen waarvoor het een Een unisekstarief kost immers meer dan het rekenkundige gemiddelde van "geslachtsgebonden" tarieven. eind wil maken aan discriminatie? En dan doelen we in de eerste plaats op de leeftijd. Het lijkt absurd blind te zijn voor de leeftijd bij het sluiten van een overlijdenspolis: het kan toch niet zijn dat er dan, gelet op de levensverwachting, geen onderscheid mag zijn tussen een twintigjarige en een tachtigjarige. Is het dan echt de bedoeling de levensverzekering definitief op te doeken? Zal de burger dan beter beschermd zijn? Dan zal blijken hoe geloofwaardig de verdediging van de belangen van de consument wel is... Wauthier Robyns Life insurance - Follow up on tax information exchange EU Directive proposal on administrative cooperation in the field of taxation 11 We reported in our Newsletters 2009/02 and n 2009/03 on the new OECD standards with regard to information exchange in tax matters (and their national implementation measures in Luxembourg) and on the revision of the Savings Directive. Apparently there has not been much progress over the last months with regard to the revision of the Savings Directive and especially the inclusion, in its scope, of some life insurance products. However on December 7 th 2010 the Council of the European Union reached a political agreement on a Proposal for a Council Directive on administrative cooperation in the field of taxation. This new directive proposal is justified, amongst others, by the fact that a completely new approach must be taken by creating a new text to give Member States the powers to efficiently cooperate at international level to overcome the negative effects of an ever increasing globalisation on the internal market (recital 3). It shall establish, especially as regards exchange of information, a wider scope of administrative cooperation between Member States. Adoption of the OECD standards: Information exchange on request... The directive proposal adopts the same standards as on OECD level (cf. our Newsletters 2009/02 and 2009/03): information exchange on request, limited to what is foreseeably relevant (no fishing

expeditions ) and with the obligation of the requested Member State to make the necessary enquiries to obtain such information. The situations in which information exchanges might be refused will be clearly defined and limited (certain private and public interests) and a requested Member State shall never refuse to transmit information because it has no domestic interest or because the information is held by a bank, other financial institutions, nominees or persons acting in an agency or a fiduciary capacity or because it relates to ownership interests in a person.... but also automatic information exchange... However, the proposal also states that mandatory automatic exchange of information without preconditions is the most effective means of enhancing correct assessment of taxes in cross-border situations and of fighting fraud. To this end, a step by step approach should If life insurance products are, in the end, not included in the revised Savings Directive, they will be covered by the information exchange on request of this new directive as of 2013 and even be subject to automatic information exchange as of tax year 2014. therefore be followed starting with automatic exchange of available information on five categories and reviewing the relevant provisions after a report by t h e C o m m i s - sion (recital 10). This means that for taxable periods as from January 1 st, 2014 Member States should automatically exchange information concerning residents of other Member States on the following specific categories of income and capital: - income from employment; - director's fees; - life insurance products not covered by other Community legal instruments on exchange of information and other similar measures; - pensions; - ownership of and income from immovable property.... and spontaneous information exchange! Furthermore, each Member State shall communicate tax information to any other Member State concerned, in any of the following circumstances: - there are grounds for supposing that there may be a loss of tax in the other Member State; - a person liable to tax obtains a reduction in or an exemption from tax in the one Member State which would give rise to an increase in tax or to liability to tax in the other Member State; - business dealings between a person liable to tax in a Member State and a person liable to tax in another Member State are conducted through one or more countries in such a way that a saving in tax may result in one or the other Member State or in both; - there are grounds for supposing that a saving of tax may result from artificial transfers of profits within groups of enterprises; - information forwarded to the one Member State by the other Member State has enabled information to be obtained which may be relevant too in assessing liability to tax in the latter Member State. Scope The new instrument shall apply to direct taxes and indirect taxes that are not yet covered by other Community legislation: (1) This Directive shall apply to all taxes of any kind levied by or on behalf of a Member State or the Member State s territorial or administrative subdivisions, including the local authorities. (2.) Notwithstanding paragraph 1, the Directive shall not apply to value added tax and customs duties, or to excise duties covered by other Community legislation on administrative cooperation between Member States. The Directive shall also not apply to compulsory social security contributions (...) (article 2). It shall cover all legal and natural persons, taking into account the ever increasing range of legal arrangements, including not only traditional arrangements such as trusts, foundations and investment funds, but any new instrument which may be set up by taxpayers in the Member States (recital 7). Timing It is currently proposed that the Member States implement this new directive if it is adopted in due time by January 1 st 2013. With regard to the automatic information exchange, Members States shall bring into force the necessary laws, regulations and administrative provisions with effect from January 1 st, 2015. Conclusion If the revision of the Savings Directive is delayed, does 12

not succeed or, in the end, does not lead to the inclusion of life insurance products in its scope, all types of taxes related to such products will however be covered by the information exchange on request of this new directive as of 2013 and even be subject to automatic information exchange as of tax year 2014. Marc Gouden mgouden@philippe-law.eu Assurance vie La désignation des héritiers légaux comme bénéficiaires La désignation des héritiers légaux comme bénéficiaires de deuxième ou troisième rang est-elle révoquée par le fait que le preneur d assurance a, ultérieurement, signé un testament désignant comme héritier une personne qui n est pas héritier légal? Cette position est parfois défendue par les héritiers testamentaires, lorsque le testament a été signé après la conclusions d un contrat d assurance-vie (par exemple «branche 23»), dans lequel la clause de désignation bénéficiaire classique a été intégrée, qui prévoit les héritiers légaux comme bénéficiaires de troisième rang. L héritier testamentaire soutient aussi dans ce cas qu à tout le moins, le testateur a voulu assimiler l héritier testamentaire à l héritier légal. Une récente décision du tribunal de première instance de Bruxelles a confirmé que ces deux notions juridiques sont distinctes et que le bénéfice de l assurance-vie doit revenir aux héritiers légaux, en cas de prédécès des bénéficiaires de premier et deuxième rang. Cette affaire soumettait une deuxième question assez particulière à la sagacité du tribunal. Le légataire universel avait placé dans l assurance-vie souscrite par la testatrice-preneuse d assurance des fonds appartenant à celle-ci, après avoir été désignée comme administrateur provisoire des biens de celle-ci, par ordonnance de Justice de Paix. Il postulait l annulation de ce versement, qui n avait pas fait l objet de l autorisation judiciaire que doivent obtenir les administrateurs provisoires pour réaliser des libéralités pour le compte de l administré. Il prétendait que cette autorisation aurait dû être obtenue. Le tribunal de première instance de Bruxelles a constaté qu il ne s agissait pas d une libéralité, mais de En cas de prédécès des premiers bénéficiaires désignés, l indemnité d assurance vie revient aux héritiers légaux conformément à la désignation bénéficiaire, et non à un légataire universel qui n a pas cette qualité. placements, conformes aux placements antérieurs réalisés par la preneuse d assurance, et ceci d autant plus que la preneuse d assurance, qui n avait pas fait procéder à l acceptation des désignations bénéficiaires, avait procédé à de nombreux retraits. Hélène de Rode hderode@philippe-law.eu 13

Assurance vie Précisions de la Cour constitutionnelle en ce qui concerne l article 124 de la loi sur le contrat d assurance terrestre La portée de l article 124 Rappelons tout d abord que le droit belge (comme le droit français) des assurances a, à l origine, voulu déroger aux possibilités des héritiers à agir en réduction ou en rapport de donations réalisées par une assurance-vie, en prévoyant à l article 124 de la loi belge sur le contrat d assurance terrestre que ces actions n étaient possibles que dans l hypothèse où les primes d assurance payées étaient manifestement exagérées au regard de la situation de fortune du preneur. L'objectif était donc clairement de permettre à toute personne qui souscrit une assurance vie de donner, par l intermédiaire de cette police, une partie plus importante que la quotité disponible à des personnes autres que les héritiers réservataires ou à privilégier certains héritiers, sous la condition que la situation ne soit pas manifestement exagérée. L arrêt de la Cour constitutionnelle du 26 juin 2008 Dans notre contribution à un séminaire qui s est tenu en novembre 2008, nous avions analysé les implications de l arrêt de la Cour constitutionnelle du 26 juin 2008, par lequel elle considérait que «L article 124 de la loi du 25 juin 1992 sur le contrat d assurance terrestre viole les articles 10 et 11 de la Constitution en ce que cette disposition a pour effet que la réserve ne peut être invoquée à l égard du capital en cas d opération d épargne par le de cujus sous la forme d une assurance-vie mixte». L article 124 est inconstitutionnel en ce qu il porterait atteinte à la réserve héréditaire, par contre il reste d application en matière de rapport et la dispense de rapport est présumée en matière d assurance vie. Pour rappel, les prémisses sur lesquelles la Cour avait fondé son raisonnement et devant dès lors, dans chaque cas d espèce, être rencontrées pour que l on puisse écarter l application de l article 124 étaient : - une assurance vie présentant les caractéristiques d une épargne (plutôt que d un contrat de prévoyance) ; - une police de type «mixte» (ou éventuellement «vie entière») ; - la présence d une stipulation pour autrui ; - cette stipulation constituant une donation (indirecte). Nous avions, à l époque, conclu que dans la mesure où seule la question de la protection de la réserve avait été soumise à la Cour, l on devait considérer que l article 124 dans son objectif initial (tel que rappelé ci-dessus) restait par contre d application pour tous les autres aspects et notamment en matière de rapport, de sorte que les preneurs d assurance pouvaient éventuellement en précisant expressément la dispense de rapport introduire par, la clause bénéficiaire de la police, un déséquilibre entre les prestations au profit de leurs héritiers. Une incertitude restait également sur le fait de savoir si, en cas d action en réduction, l objet de la réduction portait sur le capital attribué par l assureur en exécution de la police, ou seulement sur le montant des primes payées par le de cujus. L arrêt de la Cour constitutionnelle du 16 décembre 2010 Dans son arrêt du 16 décembre 2010, la Cour constitutionnelle a précisé sa jurisprudence en confirmant expressément que l article 124 n est pas inconstitutionnel en ce qu il vise le rapport : «L article 124 de la loi du 25 juin 1992 sur le contrat d assurance terrestre ne viole pas les articles 10 et 11 de la Constitution en ce que cette disposition a pour effet que le rapport ne peut être invoqué à l égard du capital en cas d opération d épargne par le de cujus sous la forme d une assurance-vie mixte». Le Cour rappelle donc, dans ce nouvel arrêt, ses prémisses de 2008 : une assurance vie présentant les caractéristiques d une épargne et une police de type «mixte» et comportant une donation (par le mécanisme de la stipulation pour autrui). 14

La Cour énonce que l article 844 du Code civil permet au donateur de dispenser l héritier du rapport et considère, dès lors, qu il n y a pas de motifs de considérer que la règle devrait être différente en matière de donations par l intermédiaire d un contrat d assurance vie. La Cour semble même admettre que la volonté de favoriser certains héritiers (et donc de les dispenser du rapport) puisse être déduite de la simple existence de l attribution bénéficiaire à leur profit, à charge, pour les autres héritiers, de prouver que le de cujus n avait pas l intention de privilégier les héritiers bénéficiaires de la police d assurance par rapport aux autres. Pour éviter toutes discussions à ce sujet, il reste néanmoins toujours préférable de préciser expressément les intentions du preneur, quant à une dispense de rapport, dans la clause bénéficiaire du contrat d assurance. Par contre, la position de la Cour reste ambiguë sur la question de savoir si c est le capital ou alors le total des primes qui est visé dans les cas où il devait y avoir réduction ou rapport. En effet, d une part, la Cour fait expressément référence aux travaux préparatoires de la loi de 1992 qui précisent clairement que, dans la continuité de la loi de 1873, seules les primes versées peuvent être concernées, mais, d autre part, elle retient, notamment dans le dispositif de l arrêt, la notion de «capital». En conclusion A l heure actuelle, pour toutes les polices d assurance vie qui sont à assimiler à une opération d épargne, le souscripteur d une assurance vie ne peut faire bénéficier des personnes autres que ses héritiers réservataires de ce contrat que si le montant n excède pas la quotité disponible. Par contre, tant que la réserve héréditaire n est pas affectée, il est tout à fait possible de rompre l égalité entre les héritiers et de privilégier certains via une assurance vie au détriment d autres, à la condition cependant que les primes investies ne soient pas manifestement exagérées par rapport à la situation de fortune. Cette dispense de rapport devrait pouvoir être présumée par la seule attribution bénéficiaire au profit de certains héritiers, mais cela va encore mieux en le disant expressément. S il y a rapport ou réduction, la question reste ouverte s ils s exerceront sur le montant du capital payé par l assureur ou alors seulement sur le total des primes versées par le preneur d assurance. Marc Gouden mgouden@philippe-law.eu Assurance vie Homicide volontaire: le fait intentionnel est une déchéance et non une exclusion Par un arrêt du 3 mars 2011, la Cour de cassation se prononce, une fois encore, sur la dichotomie bien connue du droit des assurances et qui pousse à distinguer l exclusion de la déchéance, spécialement du point de vue de leurs effets et plus particulièrement à l occasion d un sinistre intentionnel. On sait qu une cause d exclusion est opposable à tous les bénéficiaires d un contrat tandis qu une cause de déchéance ne permet de priver du bénéfice du contrat que celui des bénéficiaires qui s est rendu coupable du manquement sanctionné par la clause de déchéance. Cette distinction a été au cœur d un débat d interprétation d une police d assurance-vie. Les faits peuvent se résumer de la façon suivante. Monsieur D., époux de Madame C.D., souscrit deux polices d assurance sur la vie auprès de la compagnie Zélia les 14 et 17 novembre 1986. Les polices prévoient un capital assuré en cas de décès, mais également de vie. Il est également prévu qu en cas de décès de D., le bénéfice des sommes assurées reviendra «à son conjoint». Enfin, par deux avenants établis le jour de la passation de l acte authentique d un crédit hypothécaire, Monsieur D. cède le bénéfice du contrat d'assurance au profit de la compagnie Zélia qui accepte, jusqu'à concurrence des sommes qu'il pourrait lui devoir lors de l'exigibilité du capital assuré, le surplus éventuel revenant aux bénéficiaires 15

désignés dans le contrat. L épouse C.D. assassine ensuite son mari. Par jugement du 24 juin 1999, le tribunal correctionnel déclare établie à charge de Madame C.D. la prévention d'homicide volontaire avec intention de donner la mort sur la personne de son époux. Les héritiers assignent la compagnie en paiement on peut le supposer du solde qui leur revient et celle-ci leur oppose une cause d exclusion prévue à l article 3, alinéa 4 des conditions générales. Suivant cette disposition : «N'est pas couvert, le décès de l'assuré survenu par le fait intentionnel ou à l'instigation du preneur d'assurance ou d'un des bénéficiaires, lequel de ce fait serait exclu du bénéfice du contrat». S agit-il d une clause de déchéance, excluant uniquement l épouse, du bénéfice du contrat ou d une clause d exclusion, à portée générale? La cour d appel de Liège, dans un arrêt du 24 novembre 2006, estime qu il s agit d une cause de déchéance, en appuyant son interprétation sur le terme «lequel» qui évoque les effets relatifs de cette sanction tout en relevant que «(...) Il n'est pas contraire à l'ordre public ni aux bonnes mœurs de prévoir contractuellement que la survenance d'un homicide de la tête assurée n'entraîne que la déchéance du bénéfice de la police dans le chef de cet auteur, à l'exclusion des autres bénéficiaires étrangers à l'homicide. Aucune disposition impérative ne s'oppose à cette stipulation. C'est d'ailleurs la solution adoptée par la loi du 25 juin 1992 en son article 8». La compagnie d assurance Swiss Life, venant aux droits de Zélia, a formé un pourvoi sur la base de la violation de l article 16 de la loi du 11 juin 1874 sur les assurances qui, selon elle, est d ordre public, et devait entraîner la nullité de la clause telle qu interprétée par la Cour d appel de Liège. La Cour de cassation rejette le pourvoi pour les motifs suivants : «En interprétant l'article 3, alinéa 4, des conditions générales de la police d'assurance-vie en ce sens qu'il déchoit du bénéfice de l'assurance le seul bénéficiaire impliqué dans le fait intentionnel et en considérant que cette clause de déchéance est valable, l'arrêt ne viole pas l'article 16 de la loi du 11 juin 1874 sur les assurances, suivant lequel n'est pas à la charge de l'assureur la perte ou le dommage causé par le fait ou par la faute grave de l'assuré, et ce, quel que soit le moment auquel il s'est placé pour apprécier la notion d'ordre public». Même s il faut être prudent à la lecture d un arrêt de rejet, arrêt qui de surcroît contrôle l interprétation d une clause faite par le premier juge, cette jurisprudence confirme la tendance à considérer le sinistre intentionnel comme une cause de déchéance, même sous l empire de l ancienne loi du 11 juin 1874 (où il était pourtant admis qu il s agissait d une exclusion). Cédric Eyben ceyben@philippe-law.eu Varia - Conférences et publication Conférences: 31 mars 2011 Droit des obligations Recyclage en droit Fucam: Cédric EYBEN et Jean ACOLTY: Conditions suspensives et résolutoires 7 avril 2011 La prescription Conférence Libre du Jeune Barreau de Mons: Cédric EYBEN et Jean ACOLTY: Prescription extinctive en droit civil et commercial. 26 mai 2011 L assurance incendie Ateliers des Fucam: Hélène de RODE: Risques spéciaux Cédric EYBEN: Le payement de l indemnité Publication: Les Codes commentés - Assurances privées Larcier, 2010 Cédric Eyben, Philippe Grégoire, Marijke Van Reybroeck 16

PHILIPPE & PARTNERS Insurance & Liability Team Hélène DE RODE is one of the partners of the firm, member of the Liège Bar. She was professor of insurance law at the UCL untill 2003 and is currently professor of insurance law at the FUCaM (Mons). She has developed since more than 25 years a practice whose essential activities are focused on insurance law (liability insurances, technical insurances, life insurances) by providing legal advice and assisting in judicial proceedings and arbitration. She published numerous papers and 4 books, a new book (Traité des assurances terrestres) is in preparation. Denis PHILIPPE is one of the founding partners of the firm, member of the Brussels and Luxembourg Bars. He is professor at the Université catholique de Louvain, at the graduate school ICHEC and at the University of Paris X Nanterre. His academic duties cover obligation law (liabilities), English and German contract law, public and private contract law, banking law and international contract law. He is appointed as arbitrator with CEPANI and CCI on a regular basis and benefits from more than 30 years professional experience in various matters amongst which liability and insurance. Marc GOUDEN is one of the partners of the firm, member of the Brussels and Luxembourg Bars. His law studies were followed by a special degree in tax law (ESSF) and a degree in SME management (Ichec). He is part of the business law department where he is in charge of the insurance and energy sectors. In insurance law he has developed special expertise in advice to insurance companies (freedom of establishment and free movement of services, money laundering, relation with intermediaries, (captive) reinsurance, winding up or transfer of business, drafting of general terms and conditions,...), advice to policyholders (risk prevention, handling of claims, ) and litigation (arbitration) in all types of insurance (life insurance, liability, ). Pierre MOREAU is one of the partners of the firm. He graduated in law from the Université catholique de Louvain (UCL) in 1998. In 2001, he obtained a diploma in Insurance Law (DES en droit et économie des assurances) at the UCL. He is lawyer and member of the Brussels Bar since 1999 and joined Philippe & Partners in 2008. His practice is focused on insurance, torts and liabilities and he has also extensive experience in commercial contract law. He is the author of various publications in the field of insurance, torts and liabilities and is member of the editorial board of the «Revue Générale des Assurances et des Responsabilités» (RGAR). Cédric EYBEN is a partner with Philippe & Partners. He is member of the Bar since 2001 and is specialised in IARD insurances (advice and prevention of litigation; drafting of agreements; negotiation, mediation, arbitration and judicial proceedings). He is also a lecturer at the Facultés universitaires Saint-Louis (FUSL) since 2005 and co-director of the special degree in insurance law at the FUCaM (Mons) since 2007. He is co-author of the Commented Insurance Code to be published soon. Sophie LOUTERMAN is an associate with Philippe & Partners (or previously Bullman & Bossard in Charleroi) since 2003 and member of the Bar since 1998. She is specialised in IARD Insurances [traffic accidents, commercial risks (exploitation, product liability, construction, ) and mass risks (motor insurance, family insurance, )], insurance and liability [all forms of contractual (fire insurance, renter liability, ) and quasi-liability, physical injury assessment]. Her essential activities are legal advice and judicial proceedings. Jean ACOLTY is an associate with Philippe & Partners and member of the Liège Bar since 2007. After having obtained his law degree at the Université catholique de Louvain (U.C.L.), he obtained a master degree in economic and tax law, at the Université de Liège (ULg). His main professional activities are related to insurance law. Insurance & Liabilities is edited and published by Hélène de RODE Marc GOUDEN Pierre MOREAU Cédric EYBEN Jean ACOLTY Naomi GLIBERT The content published in Insurance & Liabilities is given as mere information and is not intended to be legal advice for specific situations. The recipients of this newsletter are informed that information related to them is kept in a database for the means of publishing the newsletter. You can request access to and change of personal data, in accordance with the Belgian and Luxembourg privacy legislations. Reproduction is authorized, except for commercial purposes, with indication of the source. Visit Philippe & Partners website: www.philippe-law.eu Follow us on Linkedin and join the Group Les spécialistes de l assurance vie Next edition : June 2011 Responsible editor : Hélène de Rode Boulevard d Avroy 280, 4000 Liège 17 Nr 8 - January 2011 - March 2011