Qu est-ce que le hallux valgus? Le Hallux Valgus Un peu d étymologie pour commencer : hallux valgus vient du latin, où hallux signifie «gros orteil» et valgus signifie «dévié vers le dehors» Il s agit de la déformation la plus fréquente rencontrée à l avant du pied. On constate une déviation progressive du gros orteil vers le bord latéral du pied, tandis qu apparaît une bosse sur son bord médial («l oignon»). Cette déformation peut occasionner une gêne, voire des douleurs, des difficultés au chaussage avec une adaptation des chaussures, et même une limitation des activités de la vie (sportive, ou même une limitation de la simple marche, avec des difficultés même pour des déplacements courts). Les difficultés au chaussage viennent le plus souvent du gros orteil lui-même, mais dans certains cas surviennent des déformations des petits orteils, avec même des luxations.
Pourquoi développe-t-on un hallux valgus? Si la cause précise de l apparition d un hallux valgus n est pas identifiée, on a remarqué certains facteurs prédisposants : - le sexe féminin est le principal, puisque les femmes sont neuf fois plus atteintes que les hommes (9 femmes pour un homme). - l excès de longueur du gros orteil («pied égyptien»), que l on retrouve dans certaines familles : on rencontre des «familles à hallux valgus» ; - la rétraction des muscles jumeaux (mollets) est fréquemment retrouvée ; - certains types de pieds plats peuvent également favoriser le hallux valgus. A côté de ces facteurs prédisposants constitutionnels, on identifie des facteurs de risque dus à certaines modes ou habitudes, et en particulier les chaussures à talon haut et bout pointu, c est-à-dire offrant manifestement trop peu de place aux orteils qui se retrouvent recroquevillés les uns sur les autres. Quand faut-il se faire opérer? Un motif purement esthétique n est absolument pas suffisant : un chirurgien ne peut prendre le risque de transformer un pied dysharmonieux non douloureux fonctionnant parfaitement en un pied plus joli mais devenu douloureux, raide, etc. D ailleurs, une patiente raisonnable ou bien informée ne le prendra pas non plus! La gêne voire la douleur au chaussage par frottements sur le bord médial du pied est un premier motif sérieux qui peut indiquer une correction chirurgicale ; La limitation des activités en est un autre. Cette limitation peut ne concerner que certaines activités intenses (course à pied, ski, escalade, etc) en début d évolution, puis, avec l aggravation de la déformation, elle peut aboutir à un véritable handicap dans la vie quotidienne, comme simplement faire ses courses. L hallux valgus est-il «seul au monde»? Et bien non! La déformation du gros orteil, avec le temps, va provoquer d autres problèmes au niveau de l avant du pied et notamment des articulations voisines et des orteils voisins, avec des douleurs et des répercussions fonctionnelles :
- apparition de griffes d orteils, avec des cors douloureux surtout au chaussage - apparition de durillons sous la plante du pied, responsables d échauffements à la marche, de douleurs, et même d une impossibilité de marcher à pieds nus dans des cas avancés - chevauchements d orteils, le gros passant le plus souvent sous le deuxième et même sous le troisième. Quelles sont les techniques utilisées dans la chirurgie du hallux valgus? La technique que le chirurgien va proposer dépend de nombreux facteurs : - la sévérité de la déformation, la possibilité de la réduire manuellement lors de l examen clinique (importance des rétractions) ; - l importance de la perte de mobilité du gros orteil («raideur») ; - la présence ou non de douleurs à la mobilisation ; - le degré d usure de l articulation (arthrose) ; - l âge de la patiente, ses habitudes de chaussage (talons hauts!) sont également des facteurs dont il faut tenir compte ; - la notion d une chirurgie ancienne est importante - En gros, retenons que l on distingue les techniques qui conservent la mobilité du gros orteil («conservatrices») et les techniques qui ne la conservent pas («arthrodèse» ou blocage articulaire)
1 ) LES TECHNIQUES CONSERVATRICES La technique la plus communément utilisée en France consiste à réaliser une ostéotomie du premier métatarsien après avoir libéré le gros orteil de ses rétractions. Il s agit de l ostéotomie dite «SCARF». Nous avons progressivement évolué de la technique «classique», qui faisait appel à une ou deux vis de fixation en métal (figure 3) vers une technique qui nous permet dans 90% des cas de nous en passer, les deux images suivantes montrant une vue avant et après l opération (figure 4 et figure 5). Figure 3 Figure 4 Figure 5 J ai présenté aux journées de Printemps de l AFCP (lien) les résultats radiologiques d une série comparant une technique avec vis et la technique sans vis (lien vers diaporama scarfvisornot) Cette technique est réalisée 8 fois sur 10, dans des cas où le gros orteil est bien mobile, sans arthrose, plutôt chez des patient(e)s peu âgées et actives (moins de 65-70 ans) Les techniques qui conservent la mobilité conduiront un patient sur 10 à être réopéré au cours de sa vie, pour différentes raisons : la récidive (le gros orteil repart dans le même sens (3 à 5 %), l hypercorrection (le gros orteil part dans l autre sens) (1 %), une gêne due au matériel (rare chez nous qui n en n utilisons que dans certains cas), une infection (un risque sur 170 pour un patient sans facteurs de risque, faire un lien vers facteurs de risque de la chirurgie de l avant-pied. A plus long terme (plusieurs années, souvent 10 à 30 ans), l articulation peut s user («arthrose»), redevenir douloureuse, et mener à une reprise par arthrodèse
2 ) L ARTHRODÈSE, LE «BLOCAGE «DU GROS ORTEIL Cette technique s adresse principalement aux hallux valgus avec arthrose, aux échecs d autres techniques, aux maladies inflammatoires (goutte, polyarthrite), etc. Elle est décrite dans le chapitre du hallux rigidus (lien) Exemple de hallux valgus avec arthrose, «hallux valgo-rigidus» Avant opération Après opération