Propositions concernant les milieux festifs pour le prochain plan MILDT



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Transcription:

s concernant les milieux festifs pour le prochain plan MILDT Les présentes propositions ont été élaborées par le Pôle Festif de l'association Française pour la Réduction des risques liés aux usages de drogues (AFR) représenté par Techno+. Préambule Le champ de l'intervention sanitaire relative aux produits psychoactifs consommés en milieux festifs est un enjeu majeur de la politique en matière de drogues. S'adressant essentiellement à des pré ou primo consommateurs, ces actions sont primordiales pour renforcer les capacités psycho-sociales des personnes vis à vis des risques liés à de telles consommations à un momentclef : celui de la fête. Plutôt que de proposer de nouvelles actions ou objectifs, le Pôle Festif a décidé de relayer des propositions de terrains qui n'ont toujours pas été mises en œuvre. Celles-ci ont pourtant soit reçu le soutien des représentants de l État, soit fait leurs preuves dans d'autres pays. Nous reprendrons donc ici les propositions émanant du rapport parlementaire de 2007 sur les grands rassemblement festifs techno, le rapport 2009 sur la déclinaison opérationnelle des missions du service civique en Éducation à la santé et promotion de la santé et celles issues du groupe de travail interministériel de 2010 sur les événements festifs organisés par les jeunes. En juillet 2007, M. le député Jean-Louis Dumont remettait son rapport, commandé par le Premier Ministre, visant à faire des recommandations sur l'organisation des grands rassemblements techno. Ce rapport, élaboré en consultation avec les ministères, les associations de santé, la préfecture et des organisateurs de soirée, se conclue par une liste de 9 propositions parmi lesquelles 3 portent sur la santé. Lors de son enquête parlementaire, Jean-Louis Dumont a consulté les associations de santé spécialisées. Techno+ y représentait l'association Nationale de Prévention et de Réduction des risques en Espaces Festifs. Avec les missions rave de Médecins du Monde nous nous sommes mis d'accord sur 3 propositions portant sur la structuration nationale des acteurs de santé, l élargissement de la palette d'outils et de services et la formation des personnels de l État et des collectivités territoriales. La MILDT qui dépend directement du Premier Ministre, devraient naturellement mettre en œuvre ces recommandations souhaitées par ce dernier. Action 1 : Renforcer les capacités d'intervention des acteurs sanitaires La promotion de la santé relative à la consommation de drogues dans les milieux festifs, incluant l'information, la RdR et la prise en charge des personnes concernées ne dispose ni d'une organisation nationale ni d'une couverture territoriale adaptées à la réalité du besoin. Les quelques programmes existants ne suffisent pas à couvrir l'ensemble de la population et des thèmes concernés. Bien qu'occupant nettement mieux le territoire, les structures médico-sociales existantes (CAARUD et CSAPA) n'ont pas les moyens d'investir avec efficience les espaces festifs : elles manquent d expérience, s'adressent à un public différent et sont davantage spécialisées dans le suivi au long cours et la prise en charge alors que les programmes existants ont fondé leur succès sur une approche ponctuelle et informative. Or, dans le champ des drogues,

il semble que seules les structures médico-sociales et hosptitalières pour le volet sanitaire ou policières et militaires pour le volet sécuritaire bénéficient d'une volonté politique de généralisation. Il en est de même pour certains secteurs spécifiques comme la prévention en milieu scolaire ou encore la prévention routière pour ce qui est de la conduite sous l'influence de produits psychoactifs. Tandis que les milieux professionnels commencent à se structurer sur ces sujets, l'institutionnalisation des actions en milieux festifs dans un but de généralisation et pérennisation serait souhaitable. Les programmes sans moyens financiers stables ne durent pas. Certes, ceux qui disparaissent sont le plus souvent remplacés. Mais à chaque fois, on constate une perte des réseaux, des compétences et des expériences individuelles et collectives. Cela passe par la structuration et la pérennisation des acteurs sanitaires. 1. Création d'un statut simple, pérenne, reconnu et adapté aux spécificités de ce genre d'intervention pour les dispositifs de promotion de la santé en milieux festifs y compris ceux agissant dans le cadre de la santé communautaire. Ce statut pourrait s'inspirer des systèmes d'agréments déjà existants des Comités d Éducation à la Santé du ministère de la santé ou bien des Centres d'information Jeunesse du ministère de la Jeunesse et des Sports. 2. Prévoir des financements pérennes relatifs au nouvel agrément sus-mentionné. 3. Créer à l intérieur du volet Santé du service civique un cadre spécifique visant à recruter et former des volontaires pour les interventions de promotion de la santé en milieux festifs. L'AFR pourrait porter l'aspect formation comme le préconisait le rapport Déclinaison opérationnelle des missions du service civique en Éducation à la santé et promotion de la santé. Le volontariat s effectuerait dans les structures elles-mêmes. 4. Création d'un sous groupe dédié aux interventions en milieux festifs au sein de la Commission Nationale Addiction. Action 2 : Développer les outils des associations de réduction des risques Sous-action 1 : Développer un dispositif global d'analyse des produits psychoactifs consommés. Depuis l'interdiction en 2005 de l'identification prédictive des substances par colorimétrie, aucun projet visant à permettre aux dispositifs sanitaires de terrain de proposer un service contribuant à améliorer la connaissance des consommateurs sur les substances consommées n'a été soutenu par les pouvoirs publics. Devant la dangerosité avérée de cette méconnaissance qui constitue cause majeure des incident sanitaires (surdose, intoxication, crises psychologiques...) ne s'appuie sur aucune étude, ni d'aucune évaluation. L'information sur la composition des produits issus du marché noir (concentration, produit de coupe, vérification du principe actif) mais aussi ceux vendus légalement sur internet (différentes études montrent des différences importantes entre ce qui est commandé et ce qui est reçu du fait de l'absence de contrôle de ce type d'activité) est essentielle. Par ailleurs, les acteurs sanitaires et de la réduction des risques considèrent que c'est un indispensable outil de dialogue avec les usagers, l'un des seuls susceptible d'intervenir juste avant la consommation. Ils n'ont jamais réussi à faire reconnaître cette pratique dans son modèle de "counselling", c'est-à-dire comme une entrée en matière ou un déclencheur d'un dialogue, libre et

sans jugement, pendant lequel l'usager peut exprimer sa situation et ses questions en matière de drogues et où, en retour, l'intervenant peut délivrer des messages de réduction des risques adaptés au degré de connaissance des produits, aux capacités d'écoute et de responsabilisation de l'usager. Aujourd'hui seul le dispostif Sintes de l'ofdt est officiellement soutenu. Or ni ce dernier ni ceux comme DRAMES, NOTS, Soumissions chimiques... ne peuvent efficacement éviter les incidents. En effet tous ces dispositifs agissent a posteriori puisqu'ils nécessitent qu'un incident soit déjà arrivé pour qu'une veille puis qu'une alerte soit transmise d'abord aux professionnels puis aux consommateurs. Ce système d'information pourrait être nettement amélioré en généralisant les possibilités d'analyse. En Belgique, Suisse, Autriche, Espagne, Etats-Unis, Pays-bas... des services anonymes ou confidentiels d'analyses des substances sont offertes aux consommateurs en compléments de ceux existants pour les professionnels du soins, de la recherche ou de la répression. Mettre en place un dispositif global d'analyse des drogues comprenant des méthodes mobiles utilisables sur le terrain, des méthodes sur site fixe dans les CAARUD et des partenariats avec des laboratoires pour les analyses les plus poussées. L'ensemble des analyses alimenteront une base de données nationale commune accessible par tous les intervenants en lien avec le public. Ce dispositif serait tout d'abord mis en place dans le cadre d'une démarche évaluative, dans différentes régions et dans différents contextes (festif / non festif) et ce sur une période de 3 ans. Une évaluation sera donc engagée et devra porter sur l'ensemble du dispositif et de ses composantes Nous proposons que cette évaluation soit pilotée par l'association Française de Réduction des risques (AFR) et l'observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) et réalisé par des chercheurs indépendants. Le résultat de l'évaluation indiquera si la législation actuelle devra être modifiée ou maintenue. Sous-action 2 : Accès aux outils de prévention routière dans un but préventif Alors que l'accès aux éthylotests à visée d'auto-évaluation des conducteurs se généralise, il faut encore renforcer leur diffusion dans les événements festifs. De même, les tests de dépistage de stupéfiants (salivaires ou autres) ne doivent pas être cantonnés à une utilisation répressive par les forces de l'ordre mais doivent également être proposés en amont des prises de risques de façon préventive. En effet de tels outils, comme l'éthylotest, ont un fort potentiel pédagogique auprès des (jeunes) conducteurs sur les effets et la durée d'action des produits consommés et leur dangerosité en cas de conduite d'un véhicule. 1. Mettre en vente libre en l'accompagnant d'une campagne d'information, les tests de dépistage de stupéfiants utilisés par les forces de l'ordre. 2. Comme les éthylotests dans les débits de boissons, rendre obligatoire leurs présences dans les lieux festifs. 3. Permettre aux dispositifs d'interventions en milieux festifs de se procurer ces tests et d'obtenir des subventions dans ce but.

Action 3 : Former les personnels de l État aux stratégies d'accompagnement des fêtes techno et de la réduction des risques Le choix fait par l État de légitimer les actions de réduction des risques liés aux drogues est le bon. Ceci posé, après des années de stigmatisation, ce choix ne rencontre pas l'adhésion profonde de tous les acteurs ayant à leur charge sa mise en oeuvre. On peut par exemple penser que l'hostilité des gendarmes à l'égard du test de reconnaissance présomptive de produits a par exemple joué dans son interdiction en 2006. De la même façon, nous regrettons que l'accès à des fêtes illégales soit régulièrement interdit aux structures de RDR venues en intervention. Bien que les stratégies de réduction des risques soient entrées dans la loi depuis 2004, un travail de sensibilisation et d'explication de ces politiques et de leurs outils à destination des acteurs administratifs semble aujourd'hui encore nécessaire. Très en amont, les séminaires du réseau des Écoles de Service Public (dont font partie: Centre d'enseignement supérieur de la gendarmerie, École des hautes études en santé publique, École des officiers de la gendarmerie nationale, Écoles nationales d'application des cadres territoriaux, École nationale de la magistrature, École nationale supérieure de la police) pourraient être un socle à cette formation, sur un plan général, historique et sociologique. Mais puisqu'on sait que tous les départements ont vocation à recevoir des fêtes pourquoi ne pas imaginer une demijournée ou une journée sur ces stratégies innovantes et donc assez déstabilisatrices par rapport aux mentalités et aux habitudes, pour les présenter, pour les expliquer, cette fois de façon beaucoup plus pratique et concrète. Pourraient y participer les associations de RDR et de santé communautaire. On pourrait ainsi créer un temps/lieu d'échanges d'expériences. Action 4 : Réalisation d un référentiel national des interventions de réduction des risques en milieux festifs En France à la fin des années 80, les premières actions de réduction des risques se sont développées en réponse à l épidémie du SIDA chez les injecteurs. Des actions innovantes ont été créées initiant des nouveaux dispositifs d accueil (PES, boutiques), qui deviendront les CAARUD. Ayant intégré le concept de réduction des risques, les acteurs du mouvement techno ont mené des actions en direction des usagers de produits psychoactifs sur les lieux festifs depuis le milieu des années 90. Des actions spécifiques de réduction des risques en milieux festifs se sont développées principalement au sein d'associations communautaires et d'auto-support. Outre la création et la diffusion d'informations relatives aux types d'usages (gober, sniffer, fumer), cette nouvelle orientation fut à l'origine de pratiques et d'outils innovants tels l'animation de chill out, les services d'analyse de produits, le roule ta paille, la gestion des «bad trip», etc. Consciente de la spécificité des actions en milieux festifs centrées sur les usages et les comportements de consommation, la MILDT, en 2001, sous la présidence de Nicole Maestracci, voulu leur donner une formalisation et une reconnaissance institutionnelle par la création du cahier des charges de l Association Française de Réduction des risques sur les interventions liées aux usages de produits psycho-actifs en milieux et lieux festifs. Depuis 2004, la réduction des risques liés aux usages de drogues est inscrite dans le code de Santé Publique. La loi redéfinit le cadre des missions portées par les PES et les boutiques en instituant les CAARUD.

Son décret d application (n 2005-347 du 14/04/05), cible les interventions en milieux festifs à l article VI «lieux d interventions». Cette activité est décrite dans l annexe 2 de la circulaire n DGS/S6B/DSS/1A/DGAS/5C/2006/01 du 02 janvier 2006, relative à la structuration des dispositifs de RDR, à la mise en place des CAARUD et de leurs financements par l assurance maladie, au sein de laquelle les actions en milieux festifs apparaissent dans la mission «action de proximité à l extérieur». Historiquement, les actions en milieu festif ont été portées par des associations dont l objet principal est l intervention en milieux festifs. Ces associations constituent l'essentiel du dispositif hors médico-social. Les actions en milieux festifs se sont développées, comme les produits et leurs usages, hors des événements alternatifs (raves, free parties et teknival) pour rejoindre les clubs, les salles de concerts, les soirées étudiantes, les festivals, les manifestations sur l'espace publique, etc. En lien avec cette évolution des scènes festives, le paysage des intervenants s'est diversifié. s 1. Mettre à jour le cahier des charges des interventions liées aux usages de produits psychoactifs en milieux et lieux festifs sous la forme d'un référentiel national des interventions de réduction des risques en milieux festifs. 2. Rédiger et publier un décret référentiel le rendant officiel. Action 5 : Agir dans les lieux festifs sur les risques liés au VHC et au VHB Selon les experts, la mobilisation dans les milieux festifs a un intérêt en termes de prévention primaire et permettrait d'une part d'atteindre des populations jusque-là non ou insuffisamment sensibilisées aux complications des hépatites, et d'autre part de prévenir les risques de contamination. Par ailleurs, ces rassemblements sont souvent des lieux d'alcoolisation importante. Or, les études montrent de manière forte que l'alcoolisation est un facteur de comorbidité aggravant l'évolution et la mortalité des hépatites B et C. Il s'agit d'informer sur les risques inhérents aux différents modes d usage de drogues (notamment par voie intraveineuse) et à la consommation d'alcool. Il s agit également de faire passer les messages sur les risques que comporte la réalisation d'actes de tatouages sans application des «précautions standard». s Diffusion de messages de prévention spécifiques sur les risques liés : 1. à la consommation d alcool ; 2. aux rapports sexuels non protégés ; 3. à l'usage de drogues par injection ou voie nasale : partage ou réutilisation de la seringue et du petit matériel d'injection (coton, cuillère, eau de rinçage...), partage de la paille à sniff (articulation avec le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies) ; 4. aux pratiques de tatouage et au perçage avec effraction cutanée.