QUELLES RESTRUCTURATIONS BANCAIRES DANS L ESPACE



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3 ème Forum International de la Finance 3 rd Finance International Forum Alger 7 9 mai 2007 QUELLES RESTRUCTURATIONS BANCAIRES DANS L ESPACE MAGHRÉBIN? Mehrez BEN SLAMA 1 et Dhafer SAIDANE 2 Abstract The Maghrebian banking structures knew deep changes during the four last decades. These were through several financial reforms aiming at the consolidation of the capital of the banks and the reinforcement of the stability of their activities. These changes are ensured through the multiplication of rapprochement between the financial institutions at the domestic level, as well as, the cross-border level. The aim of this paper is to give an outline on the current Maghrebian banking landscape, as well as, the various restructuring move. JEL Classification : G24, G34, O55 Keywords: Banking landscape, Restructuring, Banking Merger and Acquisition, Maghreb Résumé Les systèmes bancaires maghrébins ont connu de profondes mutations pendant les quatre dernières décennies du fait de plusieurs réformes financières visant la consolidation des capitaux des banques et le renforcement de la stabilité de leurs activités. Ces mutations sont en train de se traduire par des opérations de rapprochements entre les institutions financières aussi bien au niveau domestique qu au niveau international. L objet de ce papier est de donner un aperçu prospectif des stratégies bancaires maghrébines et la manière dont les restructurations se mettent en place. Classification JEL : G24, G34, O55 Mots clés : Paysage bancaire, restructuration, Fusions et acquisitions bancaire, Maghreb 1 Doctorant - Université Al-Manar, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis. Enseignant chercheur - Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et de Gestion de Jendouba - Tunisie. Email : mehrez.benslama@fsjegj.rnu.tn 2 Professeur associé à l Université de Jendouba et Maître de conférences Université Lille 3, chercheur au centre EQUIPPE - France. Email : dhafer.saidane@univ-lille3.fr Les auteurs remercient Monsieur Ezzeddine SAIDANE de Directway Consulting (Tunis) pour sa disponibilité lors de la préparation de cette étude. Seuls les auteurs restent naturellement responsables de l expertise développée dans ce document. 1

Sommaire QUELLES RESTRUCTURATIONS BANCAIRES DANS L ESPACE MAGHRÉBIN? I - Des stratégies bancaires identiques 1 - Des fondements similaires 2 - Des évolutions semblables 3 - Les stratégies de nationalisation : mettre les banques au service du développement 4 - Les stratégies de restructuration : la recomposition d un paysage bancaire émietté II - Des structures hétérogènes 1 Une architecture actuelle divergente 2 Des moyens et des pratiques différentes III - Quelques recommandations 1 Tirer les leçons des restructurations bancaires dans le monde 2 Assainir et rechercher l efficience 3 Ouvrir les banques locales aux capitaux étrangers mais avec prudence 4 L espace économique maghrébin se fera par les banques ou ne se fera pas 5 Consolider la coopération avec les partenaires historiques 6 - Constituer des champions nationaux Conclusion - La privatisation des banques au Maghreb a-t-elle du sens? 2

Introduction A partir des années 1990 les pays du Maghreb central 3 se sont engagés dans de profondes réformes bancaires. Les banques maghrébines commencent à sortir de leur léthargie. Elles sont plus dynamiques mais beaucoup reste encore à faire pour se rapprocher des normes internationales d efficacité et de stabilité. Le sujet suscite un regain d intérêt auprès des spécialistes bancaires pour plusieurs raisons. - Un système leader en Afrique. Le poids des systèmes bancaires maghrébins est important parmi les 53 pays du continent. Sur les 50 premières banques en Afrique 4, en termes de bilan figurent 18 banques maghrébines avec un montant de 121,4 milliards du dollar, soit 20,8 % du total (soit 75,3% si on ne compte pas les banques d Afrique de Sud). Dans ce classement, le Maroc vient en première place avec un total de bilan de l ordre de 69,6 milliards dollars (avec 9 banques), puis l Algérie avec un total de 40,4 milliards dollars (avec 5 banques) et enfin la Tunisie avec un total de 11,4 milliards dollars (avec 4 banques). - Un système qui évolue vers son benchmark. Le contexte est en mutation depuis que certaines banques algériennes sont sur la voie de la privatisation. La zone devient attractive depuis que les banques marocaines, fortes de leur assise locale, déploient une stratégie d expansion transfrontalière. Le Maghreb bancaire sera plus attractif encore lorsque les banques tunisiennes auront épongé leurs crédits accrochés. - Des défis techniques à relever. Avec la globalisation financière, les banques maghrébines doivent redéfinir leur rôle et leur mode de fonctionnement. Le secteur financier ne cesse de changer à l échelle internationale. La déréglementation a conduit à une industrialisation du processus de production bancaire. Chaque entité doit redéfinir son champ d action et ses méthodes de travail. Le coût du progrès technique et des nouveaux canaux de distribution doit être réparti désormais sur une base plus large. Des économies d échelle et des économies de variété doivent être générées par une concentration accrue. - Des stratégies de croissance à déployer. La croissance externe constitue aujourd hui la réponse permettant aux principaux acteurs d accroître de manière significative leurs parts de marché. Des rapprochements entre acteurs locaux, régionaux ou internationaux doivent être envisagés. Le processus est d ailleurs déjà en cours. Il a dépassé le stade de la réflexion au Maroc et en Tunisie. Il est en cours de concrétisation en Algérie. - Un projet industriel à développer en partenariat avec des établissements internationaux. Le marché bancaire maghrébin, aujourd hui mature, en sera certainement encore bouleversé. Ces opérations réduiront le nombre de banques. Elles permettront d améliorer leurs performances. Le retour progressif des établissements étrangers, notamment français, partis après les indépendances ne doit pas être une source d inquiétude. Il s agit d envisager une stratégie «gagnant-gagnant» et un projet industriel de long terme source de création de valeur. Dans cette étude nous montrons que les stratégies des banques maghrébines ont des fondements similaires et des évolutions semblables même si les structures présentent une hétérogénéité et une architecture divergente. En effet, les moyens et les pratiques sont différents. Nous formulons ensuite quelques recommandations en présentant les leçons des restructurations bancaires dans le monde. On insiste sur la recherche de l efficience et sur l ouverture prudente des banques locales aux capitaux étrangers. Il apparaît que l espace économique maghrébin se fera par les banques ou ne se fera pas. Cela suppose la mise en place de stratégies de privatisation cohérentes s appuyant sur la dynamique impulsée par des champions régionaux. 3 «Une distinction est établie entre le Petit Maghreb (ou Maghreb central), qui regroupe l Algérie, le Maroc et la Tunisie, et le Grand Maghreb (ou Union du Maghreb arabe), qui inclut aussi la Libye et la Mauritanie ; en ce qui concerne les relations des Communautés européennes avec le Maghreb, il s agit du Petit Maghreb». Source : Code de Rédaction Interinstitutionnelle - EU. 4 Source : «Les deux cents premières banques africaines, classement exclusif 2006», Jeune Afrique, Hors-série n 13, 2006. 3

I- Des stratégies bancaires identiques Les stratégies bancaires menées par les banques maghrébines depuis les indépendances sont identiques. Elles sont cependant plus ou moins avancées selon les pays. Les mouvements de restructurations bancaires au Maghreb ont débuté au lendemain des indépendances avec la nationalisation du secteur financier. L objectif est la mise en place d un appareil bancaire favorable au financement des entreprises nationales naissantes. 1 - Des fondements similaires Au lendemain de l indépendance des pays du Maghreb Central 5, les bases d un système bancaire national ont été mises en place. Au Maroc, Bank Al-Maghrib (BAM) s est vue confier, par le dahir n 1-59-233 du 30 juin 1959, outre le privilège de l émission de la monnaie, la mission de veiller à sa stabilité et à sa convertibilité et de s assurer du bon fonctionnement du système bancaire. C est ainsi que la loi du 6 juillet 1993 relative à l exercice de l activité des établissements de crédit en la dotant de larges prérogatives en la matière. En 1959, a été créée la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), le Fonds d'equipement Communal (FEC), la Caisse d'epargne Nationale (CEN), la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) et la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE). En Algérie la loi n 62-144 du 13 décembre 1962 a porté sur la création et la fixation les statuts de la Banque Centrale d Algérie. De la sorte, la période de l indépendance a permis à l Algérie de recouvrer tous les attributs de la souveraineté, notamment la souveraineté monétaire. Elle procéda à la mise en place d un système bancaire national. La première étape d édification correspond, à partir des institutions existantes, à la création des deux caisses ; l une est chargée du financement du développement, la Caisse Algérienne de Développement (CAD) et l autre, de la mobilisation de l épargne, la Caisse Nationale d Epargne et de Prévoyance (CNEP). Dans une seconde étape, à partir de 1966, on assiste à une transformation des banques privées étrangères en banques nationales, à savoir : la Banque Nationale d Algérie (BNA, 1966), le Crédit Populaire d Algérie (CPA, 1966) et la Banque Extérieure d Algérie (BEA, 1967). L ordonnance de 1995, relative à la privatisation des entreprises publiques, même si elle est limitée, a doté l Algérie d une dynamique nouvelle pour améliorer leurs performances et relancer leur croissance. La Tunisie a débuté la tunisification du secteur bancaire par la loi n 58-90 du 19 septembre 1958, portant création et organisation de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). La BCT a pour mission générale de préserver la stabilité des prix. Ainsi, furent créées la Société Tunisienne des Banques (STB, 1957), la Société Nationale d Investissement (SNI, 1958) et la Banque Nationale Agricole (BNA, 1959). L application de la loi n 2001-65 du 10 juillet 2001 a permis d assurer un environnement plus libéral pour l exercice des métiers bancaires. 2 Des évolutions semblables Suite aux différentes réformes financières entreprises par les autorités monétaires maghrébines depuis la veille de l indépendance de leurs pays, leurs systèmes bancaires ont connu plusieurs mutations. On distingue principalement trois phases de restructuration allant de l édification du système bancaire national, à la veille de l indépendance, vers une internationalisation et une concentration du capital bancaire, en réalisant des mouvements de consolidation, surtout pendant les années 70 et 80 (voir encadré 1). 5 En 1956, pour le Maroc et la Tunisie et en 1962, pour l Algérie. 4

Encadré 1 : Evolution des systèmes bancaires maghrébins Maroc 1956-1966 : libération de l héritage colonial et mise en place des structures fondamentales de base 1967-1985 : consolidation du secteur bancaire marocain Depuis 1988 : réformes bancaires et internationalisation du capital bancaire Algérie 1962-1967 : mise en place d un système bancaire national 1968-1987 : consolidation bancaire et planification financière Depuis 1988 : privatisation du secteur publique Tunisie 1956-1970 : tunisification et concentration du système bancaire 1971-1980 : consolidation des ressources et spécialisation des institutions financières Depuis 1980 : réformes financières et internationalisation du capital bancaire Sources : Smida (2003) i, Naas (2004) ii, BAM i Smida M., Système bancaire tunisien : historique et réglementation, Editions l Harmattan, 2003. ii Naas A., Système bancaire algérien : de la décolonisation à l économie de marché, Ed. Maisonneuve & Larose, 2004 3 - Les stratégies de nationalisation : mettre les banques au service du développement - En Tunisie, la Société Tunisienne des Banques (STB) a été constituée en 1957. Elle a absorbé la Caisse Mutuelle de Crédit Immobilier de Tunisie (CMCIT). La STB récupère l activité de la Coopérative Tunisienne de Crédit (CTC), de la Caisse Foncière et de la Banque Coopérative (BC). Elle achète les actions de la Société Franco-Tunisienne de Banque et de Crédit (SFT BC) et réalise l acquisition de la Banque Franco-Tunisienne (BFT). - En Algérie, la récupération de la souveraineté nationale est passée par la création de la Banque Nationale d Algérie (BNA), le Crédit Populaire d Algérie (CPA) et la Banque Extérieure d Algérie (BEA). Ces banques ont démarré leurs activités sur la base des structures des banques privées étrangères ayant cessé leurs activités en Algérie. Elles sont le résultat de vastes opérations de fusion-absoption (voir tableau 1). Tableau 1 : principales opérations d absorption réalisées à la veille de l indépendance Banques absorbantes Banques absorbées Banque Nationale d Algérie Crédit foncier d Algérie et de la Tunisie Banque Nationale pour le Commerce et l Industrie Crédit Industriel et Commercial Banque de Paris et des Pays bas Comptoir d Escompte de Mascara Crédit Populaire d Algérie Banque Populaire Commerciale et Industrielle d Alger Banque Populaire Commerciale et Industrielle d Oranie Banque Populaire Commerciale et Industrielle du Constantinois Banque Régionale Commerciale et Industrielle d Annaba Banque Régionale du Crédit Populaire d Alger Banque Mixte d Algérie- Misr Société marseillaise de Crédit Compagnie Française de crédit et de Banque Crédit Populaire Arabe Banque Extérieure d Algérie Crédit Lyonnais Société Générale Barclay s Bank Limited Crédit de Nord Banque Industrielle de l Algérie et de la Méditerranéen Source : Naas A., Système bancaire algérien : de la décolonisation à l économie de marché, Ed. Maisonneuve & Larose, 2004 - Au Maroc, la phase de nationalisation du secteur s est caractérisée par la réduction du nombre des banques. Il a été ramené de 69 à 16 entre 1954 et 1966 6, en raison des mouvements de fusions et de disparitions de certains établissements. 6 http://www.bkam.ma : site officiel de Bank Al-Maghrib. 5

4 - Les stratégies de restructuration : la recomposition d un paysage bancaire émietté Les opérations de fusion-acquisition (F&A), à caractère domestique se sont développées assez tôt dans les pays de Maghreb Central. Il s agit d un repositionnement des banques par rapport à leur espace économique. Les banques maghrébines sont à la recherche de leur taille critique. Hormis l Algérie, dont le système bancaire n a pas enregistré d opérations de F&A importantes pendant les quatre dernières décennies 7, les systèmes bancaires tunisien et marocain ont connu de profondes mutations. En Tunisie, on assiste à partir de 1960 à une vague d opérations de F&A (voir tableau 2). Tableau 2 : la vague des F&A intervenues en Tunisie pendant les années 60 Année Opérations de F&A 1961 Fusion de la Banque pour le Commerce et l Industrie Afrique (BNCIA) et l Union Financière et Technique de Tunisie (UFITEC) en un seul organisme : l Union Bancaire pour le Commerce et l Industrie (UBCI) 1963 Fusion de la SFTBC (Société Franco-tunisienne de Banque et de Crédit) et de la filiale tunisienne du crédit lyonnais. Naissance de l UIB qui se veut être une «banque universelle». 1968 Fusion de la Compagnie Française de Crédit et de Banque (CFCB) avec la Banque de Tunisie (BT) 1968 Absorption de la Banque du Peuple par la Banque de Sud (devenue en 2007, Attijari Bank) 1970 Absorption de la Banque d Escompte et de Crédit à l Industrie en Tunisie (BEIT) par l UBCI Source : D après les auteurs. Voir Mounir Smida, Système bancaire tunisien : historique et réglementation, Editions l Harmattan, 2003. Cette première vague a été suivie en 1989 par la création de la Banque Nationale Agricole (BNA) résultat de la fusion entre la Banque Nationale de Tunisie (BNT) et la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA). Cette opération a permis d unifier les structures d octroie des crédits agricoles. On assiste également en 2000 à l absorption par l Union internationale de banques (UIB) de la Banque de Tunisie et des Emirats d investissement (BTEI). La même année a lieu l absorption par la Société Tunisienne des Banques (STB) de la Banque Nationale de Développement Touristique (BNDT) et de la Banque de Développement Economique de Tunisie (BDET). La raison principale de ces rapprochements entre banques commerciales et de développement est d éviter l incidence de la fragilisation de la BTEI, de la BDET et de la BNDT sur l économie tunisienne. Ces principales opérations ont ramené la STB et la BNA en position de leader des banques tunisiennes en terme d actifs et de réseau, suivies par la BIAT. Au Maroc, le secteur bancaire était plus actif en matière de rapprochement domestique pendant ces dernières années (voir encadré 2). Les banques marocaines n ont pas encore gagné leur pari. Elles ont juste pris un peu d avance. Entre 2000 et 2005, le nombre de banques est passé de 21 à 16 suite aux opérations de F&A : ABN Amro BankMaroc et Banque Marocaine pour le Commerce et l Industrie (2001) BBVA et Wafabank (2001). Banque Centrale Populaire et Société Marocaine de Dépôt et de Crédit (2002), Banque Commerciale du Maroc (BCM) et Wafabank (2004), Crédit Agricole du Maroc et Banque Marocaine pour l Afrique (2005), De plus, la restructuration du Crédit Populaire, entamée en 1997 et achevée en 2004, a donné lieu à 9 opérations de fusion-absorption. 7 L ordonnance n 95-22 du 26 août 1995 relative à la privatisation des entreprises publiques a restreint l ouverture aux privés du capital de l ensemble des intermédiaires financiers bancaires (BADR, BDL, BEA ). 6

Encadré 2 - Fusion domestiques au Maroc : quelques «success stories» Fusion ABN AMRO Bank Maroc et BMCI. Effective depuis le 2 novembre 2001, la fusion avec l'ex-abn AMRO Bank Maroc a marqué une nouvelle étape dans l'histoire de la BMCI qui se situe, désormais, parmi les premiers acteurs privés du marché bancaire marocain. Ce rapprochement a permis à la BMCI d'élargir son réseau, qui comporte 172 agences au Maroc à fin mai 2006 et deux bureaux de représentation, à Paris et à Amsterdam, mais aussi de renforcer ses équipes par l'intégration de 384 nouveaux collaborateurs expérimentés et spécialisés dans différents métiers. Grâce à cette fusion, la BMCI a développé son portefeuille de 25 000 nouveaux clients, particuliers, professionnels et entreprises. En outre Attijariwafa Bank issue de la fusion-absorption BCM/Wafabank en 2004, constitue le plus important rapprochement entre les banques au Maroc (220 millions de dollars). Cette entité pèse lourd aussi bien au niveau du paysage bancaire national que régional. Fin de 2005, elle contrôlait 26,5% du marché des dépôts et 22 % du marché des crédits. Sources : d après les auteurs. II Des structures hétérogènes Les trois systèmes bancaires présentent des spécificités et des différences assez nettes en termes de taille, de degré de privatisation, d innovation et de moyens techniques. 1 Une architecture actuelle divergente Maroc Le système bancaire marocain a été pour l essentiel privatisé (voir tableau 3). Les quelques banques publiques sont en train de l être. Au 30 juin 2006, outre les 32 sociétés de financement et les 6 banques offshores, le système bancaire au Maroc est constitué par 16 banques. 1. Arab Bank Plc, 2. Attijariwafa Bank, 3. Bank Al-Amal, 4. Crédit Populaire du Maroc (CPM) 8, 5. Banque Marocaine du Commerce extérieur (BMCE Bank), 6. Banque Marocaine pour le Commerce et l Industrie (BMCI filiale à 65% de BNP Paribas), 7. Casablanca Finance Markets (CFM), 8. CDG capital, 9. Citibank Maghreb, 10. Crédit Agricole du Maroc (CAM), 11. Crédit du Maroc (CDM), 12. Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), 13. Fond d Equipement Communale (FEC), 14. MEDIAFINANCE, 15. Société générale Marocaine de Banques (SGMB), 16. Union Marocaine de banques (UMB). Tableau 3 - Structure du capital des principales banques marocaine en 2005 en % A.wafa Bank BCP BMCE BMCI Crédit Maroc Public 45,37 Privé 78,51 54,63 83,07 34,97 47,36 Etranger 21,49 16,93 65,03 52,64 Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 Source : traitement d après les auteurs sur la base des rapports d activité Le nombre d établissements a baissé depuis 2001 suite aux mouvements de fusionabsorption et de rationalisation du secteur (voir tableau 4). 8 Le CPM comprend la Banque Centrale Populaire (BCP) et 11 Banques Populaires Régionales. 7

Tableau 4 : évolution du nombre d institutions financières au Maroc 2001 2002 2003 2004 2005 30/06/2006 Banques 19 18 18 17 16 16 dont : Banques à capital majoritairement étranger 5 5 5 5 5 5 Banques à capital majoritairement public 7 6 6 6 5 5 Sociétés de financement 49 49 44 40 36 32 dont : Sociétés de crédit à la consommation 28 28 24 22 19 16 Sociétés de crédit-bail 9 9 9 8 7 7 Sociétés de crédit immobilier 2 2 2 2 2 2 Sociétés de cautionnement 2 2 2 2 2 1 Sociétés d affacturage 3 2 2 2 2 2 Sociétés de gestion de moyens de paiement 4 5 4 4 4 4 Sociétés de warrantage 1 1 1 0 0 0 Total 68 67 62 57 52 48 Source : BAM - Rapport annuel sur le contrôle, l activité et les résultats des établissements de crédit (CAREC) et rapport annuel d activité, exercice 2005. La Banque centrale, la Bank Al-Maghrib, s efforce d améliorer la disponibilité, la fiabilité et la transparence des informations financières dont disposent les créanciers potentiels en développant la pratique de notation interne du risque. Algérie Le secteur financier algérien, relativement ouvert depuis 1998, est dominé essentiellement par les sept banques publiques qui représentent 91,4 % du total des actifs des banques du secteur. A la fin de 2005, elles collectaient 93,3% des dépôts et distribuaient 92,6% des crédits. Fin juin 2006, le système bancaire algérien se composait de 12 banques privées, 6 banques publiques, une Caisse d épargne, une banque mutuelle et 7 établissements financiers. Douze banques privées à capitaux totalement ou majoritairement étrangers. 1. CitiBank, 2. Arab Banking Corporation (ABC), 3. Natexis Algérie, 4. Société Générale Algérie (SG Algérie), 5. Arab Bank PLC Algérie, 6. BNPParibas El Djazaïr (filiale à 100% de BNP Paribas), 7. Trust Bank Algeria, 8. Housing Bank for Trade & Finance-Algeria, 9. Algeria Gulf Bank, 10. Calyon Algérie (filiale du Crédit agricole), 11. Al Salam Bank, 12. Al Baraka-Algérie. Six banques publiques. 1. Banques Extérieure d Algérie (BEA), 2. Banque Nationale d Algérie (BNA), 3. Crédit Populaire d Algérie (CPA), 4. Banque de Développement Local (BDL), 5. Banque de l Agriculture et du Développement Rural (BADR), 6. Banque Algérienne de Développement (BAD), Caisse Nationale d Epargne et de Prévoyance (CNEP-Bank)) Une banque mutuelle : Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA) Sept établissements financiers - dont trois à capitaux privés algériens : Sofinance, la Société de refinancement hypothécaire (SRH) et Salem (société de crédit bail), - et quatre à capitaux privés étrangers : Financière algéro-européenne de partenariat (Finalep), Arab Leasing Corporation (ALC), Cetelem France et Maghreb Leasing Algérie. 8

La situation financière difficile des banques publiques rend d'autant plus nécessaire l'adoption d'une stratégie cohérente en vue de réduire progressivement le rôle de l'état dans le secteur. Le programme de réforme des autorités est destiné à renforcer la gouvernance des banques publiques et à accélérer la privatisation. Les principales mesures sont les suivantes: Réussir la privatisation du CPA, la première des trois banques publiques. Préparer la privatisation des deux autres banques publiques (BEA et/ou BDL, BNA) dès que la privatisation du CPA sera terminée. Améliorer la gouvernance des banques publiques et moderniser le système des paiements. Promouvoir la concurrence dans le secteur bancaire afin d'assurer une intermédiation et un financement efficaces. Tunisie Au 30 juin 2006, outre les 15 établissements financiers, les 8 banques offshores et les 9 bureaux de représentation, le système bancaire tunisien se composait des 20 banques, dont 5 banques publiques : Banques publiques : 1. Banque Nationale Agricole (BNA), 2. Société Tunisienne des Banques (STB), 3. Banque de l Habitat (BH), 4. Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), 5. Banque des Financement des Petites et Moyenne Entreprises (BFPME) Banques privées : 1. Attijari bank, 2. Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), 3. Union Bancaire pour le Commerce et l Industrie (UBCI filiale à 50% de BNP Paribas), 4. Union Internationale des Banques (UIB filiale à 52% de la Société Générale), 5. Banque de Tunisie (BT), 6. Arab Tunisian Bank (ATB), 7. Amen Banque (AB), 8. Arab banking Corporation (ABC), 9. Tunisian Qatari Bank (TQB), 10. Banque Tuniso-Koweitienne (BTK), 11. Banque de Tunisie et des Emirates (BTE), 12. Citibank, 13. Banque Tuniso-Libyenne (BTL), 14. STUSID BANK, 15. Banque Franco-Tunisienne (BFT). Le poids de l Etat a diminué. Le capital des banques est réparti en trois tiers : un tiers détenu par l Etat, un autre tiers par des investisseurs privés tunisiens et le reste par des banques privées étrangères (voir tableau 5). Tableau 5 - Structure du capital des principales banques tunisienne en 2005% STB BNA BIAT BH Attij. Bank AB UIB TQB BTE Public 52,50 65,20 0,18 58,28 26,38 4,50 50,00 39,00 Privé 36,20 34,80 69,69 35,19 6,69 99,73 43,50 22,00 Etranger 11,30 30,13 6,53 66,93 0,27 52,00 50,00 39,00 Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 Source : traitement d après les auteurs sur la base des rapports d activité 9

A l intérieur de ce système, les banques commerciales dominent. Le paysage bancaire tunisien soit en pleine mutation. Il évolue en effet d un secteur réglementé spécialisé vers un système déréglementé de type banque universelle (loi du 10 Juillet 2001). Fin 2005, les cinq premières banques en termes d actifs - STB, BNA, BIAT, BH et Attijari bank - contrôlent plus de 50 % du marché des dépôts et des crédits. Elles réalisent près de 43% du produit net bancaire du secteur. Le problème le plus important auquel les banques tunisiennes font face est celui des créances litigieuses. Elles représentent 17,9% du total des créances pour les banques privées, 24,1% pour les banques publiques. Notons que selon le FMI la norme internationale est de 6%. 2 Des moyens et des pratiques différentes Les trois systèmes bancaires présentent des spécificités voir des différences assez nettes en termes de moyens techniques et de pratiques (voir tableau 6). Bancarisation Le taux de bancarisation exprime le pourcentage des ménages ayant au moins un compte dans une banque. La Tunisie, dotée d un système bancaire relativement complet et sophistiqué du point de vue institutionnel, son taux de bancarisation est parmi les plus élevés en Afrique avec 60%. Au Maroc, bien qu elle est en progression continue, la bancarisation demeure encore modeste, environ de 25% soit un guichet pour 15000 habitant (un pour 2400 en France). Principale bénéficiaire de cet accès aux services bancaires : la population urbaine, qui représente 60% des 31 millions de Marocains. Alors qu en Algérie le taux est plus faible, moins de 20%, ce qui est insuffisant pour les 31 millions d habitants et pour l étendue du territoire. Actuellement, il y a une agence pour 29000 algériens. Tableau 6 : taille, moyens et performance des secteurs bancaires maghrébins Maroc Algérie Tunisie Effectifs 24 288 30 000 16 015 Guichets (unité) 2 223 1 227 885 Nombre d habitants pour un guichet 15 000 29 000 10 000 Taux de bancarisation 25% 20% 60% Produit net bancaire (PNB) 2,34 Mrds USD ND 0,88 Mrds USD Sources : Rapports annuels de BAM, APBT, BCA, BCT (2006), exercice 2005. Télécompensation L année 2006 a été importante pour le secteur bancaire algérien. Outre les scandales financiers (principalement l affaire Khalifa) et les fermetures des banques pour incapacité d augmentation du capital, elle était marquée par la mise en application du système de télécompensation des chèques, implanté déjà en Tunisie et au Maroc, respectivement depuis mars 2001 et février 2002. Monétique Au terme de l année 2005, les indicateurs monétiques dans les pays de Maghreb Central se résument dans le tableau 7. Tableau 7 : Principaux indicateurs monétiques au Maghreb (en unité) Maroc Algérie Tunisie Cartes bancaires 2,5 millions 460 000* 952 000 Guichets automatiques bancaires (GAB) 1852 886* 726 Terminaux de paiement électronique (TPE) 10433 4000* 6577 Source : BAM rapport annuel CAREC (2006), APTBEF rapport annuel (2006), BCA RA (2006) - exercice 2005. * Données de 2006 Capital minimum 10

Au Maroc, suite à la décision réglementaire n 65 de BAM du 27 juillet 1990, la règle du capital minimum entièrement libéré est fixée à 12 millions dollars pour les banques. Pour l Algérie, le règlement 04-01 du 04 mars 2004, relatif au capital minimum des banques impose un minimum de 35 millions dollars. En Tunisie, l établissement de crédit doit justifier, par la loi 2006-19 du 2 mai 2006, un capital minimum de 19,2 millions dollars s il est agréé en tant que banque. Concours bancaire à l économie Au Maghreb, en raison de la faiblesse du recours des institutions non financières aux marchés des capitaux, l intermédiation bancaire demeure le principal instrument du financement des entreprises. Pour l Algérie, le concours bancaire à l économie reste loin derrière le Maroc et la Tunisie, avec moins de 30% de PIB. Il s élève à 25 milliards dollars en fin de 2005, soit une augmentation de 15,8% par rapport à 2004. Pour le Maroc, il s élève à 36 milliards dollars, soit une hausse de 12,8% par rapport à 2004, et présente 66% du PIB. Quant à la Tunisie, les concours à l économie ont enregistré une progression continue pendant 2005 pour atteindre 17,9 milliards dollars, soit avec une augmentation de 7,26% par rapport à l année 2004, et représentant 62,63% du PIB. III Quelques recommandations 1 Tirer les leçons des restructurations bancaires dans le monde Les restructurations bancaires dans le monde se sont traduites par deux formes de concentration. - Concentration par spécialisation ou concentration intra-sectorielle. Les banques se recentrent sur certaines activités et espèrent ainsi générer des économies d échelle. Il en est ainsi de l acquisition du Crédit du Nord par la Société Générale en 1997, d Indosuez en 1996 et de Sofinco en 1999 par le Crédit Agricole, de Natexis par les Banques Populaires en 1999, du CIC par le Crédit Mutuel en 1998, celle de Paribas par la BNP en 2000, du Crédit Foncier de France par la Caisse nationale des caisses d épargne et de prévoyance en 1999, de Artesia Banking Corporation par Dexia (groupe franco-belge) en 2002, de Banco Central Hispano par Banco Santander en 1999 avec la création du groupe BSCH (Espagne). - Concentration par diversification ou concentration inter-sectorielle. Elle conduit certaines banques à élargir leurs compétences dans d autres métiers pour servir une gamme complète de produits à moindre coût. Elles espèrent générer des économies de gamme, c est-à-dire une baisse des coûts moyens avec l élargissement de la gamme d activité. Les restructurations par diversification visent en général la prise de contrôle de sociétés comme les sociétés de bourse ou bien la création de filiales sous forme d entreprise d investissement exerçant dans des activités complémentaires comme la négociation, la compensation de contrats sur les marchés à terme, le financement de l immobilier, l assurance, le conseil en placement et en gestion de portefeuille. Il en est ainsi en 1998 avec la fusion entre la deuxième banque de dépôt américaine Citicorp et le groupe Travelers spécialisé dans les services financiers qui a donné naissance à un géant de la finance - Citigroup - présent dans l ensemble des métiers de la banque et de la finance. C est le cas aussi d AXA Banque créée à l issue du rachat par le Groupe AXA de Banque Directe en septembre 2002. D autres exemples sont à noter : création d'eulia en juin 2001 par le regroupement des activités concurrentielles de la CDC et des Caisses d'epargne pour les orienter vers les marchés financiers, fusion en juillet 2001 entre l assureur allemand Allianz et Dresdner Bank ou encore le rachat en 2002 par Natexis Banques Populaires, spécialisé dans la banque de gros, de la Coface présent dans l'assurance-crédit. Ces stratégies de concentration ont été d abord déployées au plan domestique. On assiste depuis quelques années au développement d une concentration résultant d opérations transfrontalières (voir tableau 8). 11

PHASE 1 - CONCENTRATIONS DOMESTIQUES Phase relativement achevée «Champions nationaux» CAUSES : - Economies de coût - Création de valeurs (Rendt>coût) - Pouvoir de marché - Pouvoir du Manager - Augmentation valeur actionnariale Tableau 8 - Les stratégies bancaires mondiales : la concentration DIVERSIFICATION Recherche d économies d envergure par les «One Stop Shopping» Banque et marché financier Citicorp+Travelers = Citigroup (1998) BNP+Paribas (1999) Bancassurance AXA+Banque Directe =Axa Banque (2002) Allianz+Dresdner (2002) BFI (Global Player ou Buldged Braket) Calyon (2003) IXIS (Cd E)+Natexis (Bq pop) = NATIXIS (2006) SPÉCIALISATION Recherche d économies d échelle par «recentrage» sur le cœur de métier Recentrage autour de la banque de détail CDN+SG (1997) CIC+Crédit Mut. (1998) Banco Centralo Hipano +Santander = BSCH (1999) Banca Intesa et San Paolo (27 milliards d euros) (2006) PHASE 2 - CONCENTRATIONS TRANSFRONTALIÈRES Phase encore inachevée Résistances locales - Commission européenne rapport Charlie Mc CREEVY pour atténuer ce «protectionnisme économique» (novembre 2006) LES FREINS : - Moindre rentabilité, coût élevé - Disparités UE à 25 : culture, langue, produits, mode d organisation, de consommation et travail - Protectionnisme - Règles de supervision Sources : d après les auteurs. Crédit Communal de Belgique+Crédit Local de France = Dexia (1996) HSBC+CCF (2000) Santader+Abbey (2004) Unicredito+HVB (2005) ABN Amro+AntonVeneta (2006) BNP-Paribas+BNL, 9 milliards (2006) BNP-Paribas+ City Commercial Bank (Chine), (2006) Quelles leçons tirer pour les banques maghrébines? Il semble que les séquences adoptées par les pays de l OCDE ne soient pas transposables au marché bancaire maghrébin. Il y a en effet une phase d assainissements préalable à respecter permettant d instaurer une discipline de marché. 2 Assainir et rechercher l efficience La stratégie d assainissement est un préalable indispensable aux restructurations. Il s agit d un ensemble de conditions nécessaires permettant d évoluer vers un système bancaire plus solide basé sur une meilleure gouvernance. La mise à niveau des structures de production et de coût L assainissement du système bancaire maghrébin passe par la mise à niveau du processus de production, des facteurs de production et des coûts. - La mise à niveau du processus de production vise d abord à assainir le portefeuille de crédits et à réduire le coût des créances douteuses par une consolidation du capital des banques. C est ensuite la modernisation du système de paiement afin d augmenter la vitesse d encaissement des chèques et la généralisation des équipements monétiques (DAB, images/chèques, ). Les procédures manuelles et les nombreux contrôles fondés sur des documents-papier accroissent considérablement les coûts et les délais de traitement. Il s agit aussi de lutter contre les surcapacités pour une meilleure efficacité factorielle (agences, DAB, GAB,, unification des systèmes informatiques). - La mise à niveau des modes de gestion des ressources humaines. Il s agit de gérer les ressources humaines selon des normes internationales et adapter les savoirs et les compétences aux savoir-faire en vigueur. Cela passe par la formation en vue d une meilleure affectation des ressources humaines et le renforcement des fonctions commerciales (relations avec la clientèle) et celles de gestion des risques (back-office et front-office). - La mise à niveau des coûts concerne l adoption de règles et de méthodes comptables transparentes permettant de mettre en évidence la productivité réelle de chaque centre de profit au sein de la banque. Cela est favorisé par la modernisation et mutualisation du 12

système d information et le développement de bases de données pour un meilleur suivi des risques. Il convient d encourager la création de solutions informatiques par mutualisation via des «Global Banking» regroupant un pool bancaire ou par des fusions et des regroupements bancaires (voir encadré 3). Encadré 3 - Regroupement bancaire : que faut-il mutualiser? Mutualisation de la technologie Plateformes informatiques - (produits monétiques, serveurs vidéotextes, automates bancaires web Mutualisation de la production Outils de production Marketing, qualité, Customer Relationship Management, Back Office Mutualisation de la distribution Outils de pilotage Audit, Compliance-déontologie Outils de distribution - Multicanal Mutualisation de l expertise Salles de Marchés, Analyses Gisement de données Services spécialisés dans l information financière Source : D après les auteurs. Le désenclavement par la discipline et le renforcement du capital des banques Les banques dans le monde fonctionnent selon un ensemble de règles prudentielles appelées «ratio Cooke». Ces règles ont été adaptées aux marchés bancaires et financiers. Les nouvelles règles, dites de «Bâle II» permettent aux banques de se prémunir contre trois types de risques : le risque de crédit (défaut du débiteur), les risques de marchés (volatilité des marchés), les risques opérationnels (lié à la gestion et à l environnement économique). Les Banques Centrales des pays du Maghreb préparent leurs banques à l application des normes de Bâle II. Ce passage est indispensable car il signale aux opérateurs internationaux la volonté de désenclavement des banques du Maghreb. La dynamisation du marché par l Etat L Etat doit favoriser une forme de concurrence salutaire pour les banques et leurs clients. Cette stratégie de l optimum collectif ou du «gagnant-gagnant» ne peut aboutir que si les banques sortent de leur statu quo actuel. Les collusions et les accords implicites de place créent une situation de rente qui fige le marché. De même, un nombre important de banques peut conduire à une concurrence destructrice et à une érosion des marges. Le rôle de l Etat est d éviter la collusion ainsi que la concurrence destructrice. L idée est que l Etat favorise les regroupements créateurs de valeur de sorte que les nouvelles entités résultant de fusions soient plus efficaces que les entités antérieurement séparées. Vers la banque universelle La recherche d une taille optimale par métier Retail Banking et Wholesale Banking - vise l amélioration des performances. Les banques maghrébines sont encore des «Small Shop» comparées aux «One Stop Shops» mondiales américaines et européennes. Elles sont encore de trop petite taille pour relever les nouveaux défis du XXIème siècle qui s imposent à la Nouvelle banque. Cette nouvelle banque exige des investissements dans : les ressources et les compétences humaines, dans les systèmes d information, dans la communication, dans le marketing et la conception de nouveaux produits et services. Des gisements d économies d échelle sont encore inexploités dans les divers métiers. Parmi les initiatives réglementaires visant la recherche de la taille optimale, on peut citer l exemple de la loi tunisienne du 10 juillet 2001 qui offre un nouveau cadre pour le système bancaire. Elle abandonne la distinction entre banques de dépôts, banques de développement, banques off-shore et banques d affaires. Elle adopte la notion de «banque universelle». Cette loi ouvre ainsi la voie à l assainissement par la diversification et la recherche d économie de variété. Ce fut le cas en 2000 de la fusion STB, la BDET et la BNDT. 13

3 Ouvrir les banques locales aux capitaux étrangers mais avec prudence Les autorités maghrébines cherchent à encourager les investissements directs étrangers et le transfert de savoir-faire par l implantation de banques étrangères sur leurs marchés domestiques. C est ce qui explique une participation étrangère importante (françaises, américaines, espagnoles, portugaises, arabes etc.) dans les capitaux des banques maghrébines. Face aux besoins de la clientèle (particulier et corporate), les pays du Maghreb représentent un marché attractif pour les banques étrangères. En Tunisie et au Maroc l architecture légale et réglementaire est très favorable aux banques étrangères d autant que ces pays sont dotés d une infrastructure moderne permettant la distribution de produits bancaires à travers différents nouveaux canaux 9. Les banques étrangères qui souhaiteraient investir dans ces pays et apporter une technologie moderne pourraient trouver des opportunités de partenariat avec les banques de la place. De même, le programme de privatisation et de modernisation du secteur industriel maghrébin procure des opportunités de croissance pour les banques étrangères dans les opérations d ingénierie financière, de montage financier de grands projets et de conseil et assistance en matière de gestion de trésorerie et de fusions - acquisitions. Cette internationalisation des banques maghrébines présente des avantages mais aussi des risques. Les gains générés par l entrée de banques étrangères sur un marché domestique ont été résumés dans plusieurs études de la Banque mondiale 10. Ils portent principalement sur les trois éléments suivants. - Accroissement de l efficience du secteur bancaire domestique. La rentabilité s améliore du fait d une concurrence accrue. En effet, l expérience montre que lorsqu on ouvre le système bancaire local à la concurrence étrangère, les premières à profiter de cette ouverture sont les banques locales. L entrée de ces banques favorise l introduction de nouvelles technologies de gestion et d innovations dans la conception des services. En conséquence, l offre des services financiers devient diversifiée ce qui réduit les coûts. - Meilleure allocation de crédits au secteur privé suite à une amélioration des techniques d évaluation du risque de crédit plus sophistiqué. Or selon une étude publiée en 1997 par Ross Levine 11, ces facteurs font accélérer la croissance. De la sorte les banques entrantes contribuent à un financement plus efficace de l économie domestique. - Constitution d un meilleur cadre légal et d une meilleure supervision du secteur bancaire domestique. L entrée de banques étrangères améliore la transparence et réduit le degré de vulnérabilité du secteur bancaire aux crises domestiques. La réduction de probabilité de crises bancaires dans un pays est l un des principaux arguments avancés en faveur d une ouverture du secteur bancaire local. Au total, la présence de banques étrangères permet de consolider le secteur bancaire du pays d accueil. Cette hypothèse justifie un degré d ouverture élevé du secteur bancaire national à une présence étrangère. Cependant, selon d autres études empiriques 12, l entrée des nouvelles banques dans le cadre d une opération transfrontalière peut, dans certains cas, être désavantageuse aux 9 Pour une présentation détaillée de la banque multicanal voir l ouvrage de Dhafer Saïdane, La nouvelle banque : métiers et stratégie, Revue Banque Edition, 2006. 10 Ross Levine (2003), Denying foreign bank entry: implications for bank interest margins, Central Bank of Chile Working Papers, No. 222. 11 Ross Levine, 1997. "Financial Development and Economic Growth: Views and Agenda," Journal of Economic Literature, American Economic Association, vol. 35(2), pages 688-726, June. 12 Robert Lensink et Niels Hermes (2004), The short-term effects of foreign bank entry on domestic bank behaviour: does economic development matter?, Journal of Banking & Finance 28, pp. 553-568. Voir aussi Stjin Claessens, Asli Demirgüç-Kunt et Harry Huizinga (2001), How does foreign entry affect domestic banking markets?, Journal of Banking & Finance, Volume 25, Issue 5, pp. 891-911. 14

banques locales. La rentabilité des banques locales diminue suite à l entrée de banques étrangères. Les marges des banques étrangères sont en général supérieures à celles des banques domestiques dans les pays en développement. Par contre, l inverse est valable dans les pays industrialisés. Ceci dit, les banques étrangères constituent une menace sérieuse pour les banques locales si elles n arrivent pas à se mettre à niveau car leur entrée peut engendrer des coûts par les comportements suivants. - Prise de risque excessive par les banques locales du fait de la baisse de leur valeur de franchise suite à l entrée de banques étrangères. Les banques locales financent alors des secteurs plus risqués. Les marchés les plus rentables sont écrémés par les banques étrangères proposant des services et produits plus avancés. Les principales menaces auxquelles doivent faire face les banques locales proviennent des banques étrangères dont la plupart disposent d un personnel formé et habitué à évoluer en économie libérale avec des capacités de management importantes. - Exclusion des financements ayant un caractère domestiques prioritaire par les banques étrangères car leurs profils d activités sont différents. 4 L espace économique maghrébin se fera par les banques ou ne se fera pas Le «Maghreb bancaire» semble se mettre en place. Il y a une tendance aujourd hui aux rapprochements voire à la construction d entités financières maghrébines. Cette coopération bancaire inter maghrébines est à encourager. Voici quelques exemples. - Les établissements marocains se sont montrés particulièrement agressifs, voire conquérants. L opération la plus significative a eu lieu en octobre 2005 lorsque Attijariwafa Bank associée avec son actionnaire Banco Santander a racheté 53,5 % - la part de l Etat tunisien était 33,54 % - du capital de la banque tunisienne Banque du Sud, devenue Attijari Bank. - En 2000, la banque d affaires BMCE Capital a racheté 50 % du capital d Axis, entreprise tunisienne spécialisée dans les métiers de conseil financier, de gestion d actifs et d intermédiation financière. Cette opération a donné naissance à une nouvelle banque d affaire tuniso-marocaine «Axis Capital». - Du coté tunisien, «Maghreb Leasing Algérie», société de leasing offshore, a été créée à Alger par le groupe «Tunisie Leasing» en partenariat avec Amen Bank, troisième banque privée en Tunisie. La nouvelle entité se donne comme priorité de devenir un partenaire privilégié des PME et des professions libérales en finançant leurs équipements et les matières nécessaires à leurs activités. - En juin 2005 Maghreb Titrisation a décroché un mandat d arrangement et de gestion des opérations de titrisation de la BIAT. Le Maghreb financier est-il sur le point de devenir une réalité? Va-t-il précéder le Maghreb économique constitué des entreprises du secteur industriel? Si l on adopte un point de vue Schumpétérien, on peut affirmer que l espace économique maghrébin se fera par les banques ou ne se fera pas 13. Pour exporter et investir les entreprises maghrébines ont en effet besoin de partenaires bancaires maghrébins capables de les accompagner en matière d ingénierie spécialisée dans la clientèle corporate. Ce constat a d ailleurs été établi par le Conseil des ministres maghrébins des finances. Ce dernier a convenu de la création de la «Banque Maghrébine d Investissement et de Commerce Extérieur» (BMICE). Un des objectifs de cette institution est l'édification d'une économie maghrébine compétitive et intégrée. Cette banque devra opérer à l échelle de 13 Joseph Schumpeter (1911) considère que les services financiers sont à l origine de la promotion de la croissance économique. La mise en œuvre d un processus de production nécessite du crédit. L idée est que l on ne peut devenir entrepreneur qu en devenant d abord débiteur. Dans la société capitaliste, l entrepreneur veut d abord du crédit, c est-à-dire un pouvoir d achat. Le banquier apparaît comme l intermédiaire contribuant à la production des biens et comme pilier de l économie d échange. Joseph Schumpeter (1911 traduction de 1961), The theory of economic development : an inquiry into profits, capital, credit, interest, and the business cycle, traduit de l'allemand par Redvers Opie. Cambridge, Mass. : Harvard University Press 15

toute l union du Maghreb. Cela ouvre la voie à un nouveau partenariat et à une coopération plus étroite entre les pays de la région. Le marché bancaire maghrébin est donc de plus en plus contestable. En effet, les systèmes bancaires maghrébins se sont engagés dans la privatisation, la modernisation et l amélioration de la transparence. Les autorités monétaires dans les pays du Maghreb Central ont donc augmenté la contestabilité de leur marché domestique (voir encadré 4). Encadré 4 - Qu est-ce qu un marché contestable? La concurrence parfaite a toujours été présentée comme une situation référentielle vers laquelle doivent évoluer les firmes. Or, il ne s'agit, comme le souligne William Baumol 14 que d'une référence hypothétique. Dans la réalité, on rencontre souvent des situations pour lesquelles les contraintes d'efficacité requièrent la présence d'un nombre très limité de firmes contrairement à la situation de concurrence parfaite. C'est pourquoi cette référence manquante a été trouvée dans le concept du marché contestable qui élargit le paradigme de concurrence parfaite. Un marché est dit parfaitement contestable s'il n'est pas nécessairement atomistique et si les entrées et les sorties sont libres et peuvent s'opérer sans coûts fixes irrécupérables (sunk costs). Le déterminant du degré de concurrence et du comportement des firmes présentes sur le marché, est moins le nombre de concurrents que la possibilité, plus ou moins grande, qu'ont des firmes extérieures au marché d'y entrer et de contester la position acquise par les firmes en place. Source : d après les auteurs L entrée en vigueur imminente des accords de libre-échange notamment avec l Union européenne va exacerber la concurrence par la présence de nouveaux entrants. Les banques devront faire face à ces «outsiders». Les Etats ne pourront plus jouer un rôle de «bouclier» et ne pourront plus non plus leur imposer une quelconque politique. C est aux banques elles mêmes qu il incombe d assurer leur pérennité et de construire de vrais projets industriels en tenant compte du nouveau contexte concurrentiel et des nouveaux entrants sur le marché. L arrivée imminente de puissants concurrents étrangers invite à des restructurations domestiques par fusions entre «insiders». A défaut, la dynamique concurrentielle conduira à des F&A transfrontalières initiés par les «outsiders». 5 Consolider la coopération avec les partenaires historiques Les stratégies des banques françaises au Maghreb s appui sur un «come back» en raison de la proximité historique, géographique et culturelle (voir encadré 5). Les banques françaises sont en effet de retour. Elles sont les plus actives sur les places maghrébines. Encadré 5 - Les banques françaises : une présence séculaires au Maroc L'ouverture des premiers guichets bancaires au Maroc date de la deuxième moitié du 19ème siècle. L'Acte d'algésiras, signé en 1906 par les délégués de douze pays européens, des Etats-Unis d'amérique et du Maroc, a institué la Banque d'etat du Maroc qui sera effectivement créée, à Tanger, en 1907 sous forme de société anonyme, dont le capital était réparti entre les pays signataires, à l'exception des Etats Unis. Outre les opérations à caractère commercial, la Banque d'etat du Maroc disposait du privilège de l'émission de la monnaie fiduciaire sur tout le territoire du Royaume et assumait le rôle d'agent financier du gouvernement marocain. Avec l'avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales de grandes banques commerciales européennes, notamment françaises, de banques d'affaires et de groupes financiers étrangers se sont installées au Maroc. Sources : d après Bank Al-Maghrib Direction du contrôle des établissements de crédit En fait, les marchés bancaires maghrébins ont été pour longtemps un relais de croissance pour les grands groupes bancaires français. Il s agit d un marché caractérisé par un taux de bancarisation relativement faible, représentant un potentiel d exploitation important. Les atouts dont disposent les banques françaises dans la région constituent des avantages concurrentiels importants pour exploiter les gisements de rentabilité. Les stratégies des banques françaises sur les marchés maghrébins se résument en deux alternatives : soit une acquisition minoritaire dans une banque locale sans prise de contrôle (Calyon, Natexis Banque Populaire, CIC-Crédit Mutuel et les caisses d épargne), soit une participation majoritaire ou totale dans une entité acquise ou créée (BNP Paribas, Société Générale). 14 William J. Baumol, 1982, "Contestable Markets: An Uprising in the Theory of Industry Structure," American Economic Review, vol. 72(1), pages 1-15, mars. 16

BNP Paribas Société Générale Crédit Agricole - Calyon Natexis Banque Populaire Toutefois, il semble que la première alternative n est qu une phase transitoire vers la deuxième. Dans le tableau 9, ci-dessous, on note les principales participations françaises dans les capitaux des banques maghrébines. CIC-Crédit Mutuel Caisse nationale des caisses d épargne Tableau 9 : participations françaises dans les banques maghrébines Maroc Algérie Tunisie Détient 63% de BMCI. Détient 100% de BNP Paribas El Détient 50% de l UBCI, 10ème Cetelem (filiale de BNP) détient 100% de Attijari Djazaïr avec un capital investi de banque. Cetelem. Elle a également 5 millions d euros. réalisé une joint-venture avec BMCI (BMCI Salaf). Détient 52% de Société Générale Marocaine de Banques (SGMB), 5 ème banque du pays. SG contrôle Eqdom (n 1 du crédit à la consommation au Maroc) Sogelease Maroc (leasing) et La Marocaine Vie Détient 51% de Crédit du Maroc (CDM), 6 ème banque. Calyon conserve 1,44% de Banque Commerciale du Maroc (BCM), après l acquisition par ce dernier de Wafabank. Calyon détient encore d importantes participations dans les filiales spécialisées de BCM-Wafa. Détient 10% de Chaabi Leasing, contrôlé par Crédit Populaire du Maroc (CPM). Détient 10% de BMCE et dispose d un bureau de représentation.. 25% de CIH (Crédit Immobilier et Hôtelier) - banque de détail marocaine Détient 100% de Société Générale Algérie. Calyon - Bureau de représentation pour les activités de corporate banking. Sources : Standard & Poor s, Jeune Afrique Hors série n 13 (2006) et rapports d activité Détient 52% de l UIB, 6 ème banque. Calyon - Bureau de représentation pour les activités de corporate banking Détient 100 % de Natexis Algérie Participation minoritaire dans «Assurance BIAT», filiale de la BIAT, 3 ème banque. Bureau de représentation Détient 20% de la Banque de Tunisie, 8 ème banque. - - BNP Paribas et Société Générale essaient d imposer leur modèle de banque universelle de proximité. Ce sont deux acteurs majeurs de la région qui ont réussi à développer des filiales locales de taille significative. Pour ces deux banques, près de 25% de leurs revenus - hors France métropolitaine et États-Unis - proviennent d Afrique du Nord. 6 - Constituer des champions nationaux La stratégie de constitution de champions bancaires nationaux place les banques marocaines en position de leader aussi bien par la taille, par la capitalisation que par les résultats (voir tableau 10). Tableau 10 Les premières banques du Maghreb 2005 en million de dollar TUNISIE MAROC ALGÉRIE STB BNA BIAT BH AB AWB CPM BMCE BMCI BEA BNA CPA BDL Bilan 3 382,1 3 209,4 2 819,3 2 527,3 1 790,1 14 096,0 14 331,2 8 155,6 4 321,7 14678,8 5 829,7 4 399,4 1785,8 PNB 110,4 113,7 137,2 94,8 60,6 553,8 689,4 306,8 202,1 221,6 204,7 161,3 45,5 Résultat net 95,5 104,3 131,0 80,6 62,2 386,5 202,8 291,8 181,7 22,0 10,8 0,0 0,0 Capitaux propres 328,9 270,7 218,4 174,4 106,4 1 473,9 1 460,5 743,3 353,6 445,6 62,6 392,0 25,9 Effectifs 2 619 2 767 2 191 1 920 1 381 4 615 7620 3 157 1751 4400 5 609 4 683 3364 Nb agences 132 144 104 79 93 522 538 283 166 100 170 128 152 Sources : données établies par les auteurs d après Bankscope et les rapports d activité. Les données en italique porte sur l année 2002 pour l Algérie STB : Société Tunisienne de Banque BNA : Banque Nationale Agricole BIAT : Banque Internationale Arabe de Tunisie BH : Banque de l Habitat AB - Attijari Bank AWB - AttijariWafa Bank CPM - Crédit Populaire de Maroc BMCE - Banque Marocaine du Commerce Extérieur BMCI- Banque Marocaine pour le Commerce et l Industrie BEA - Banques Extérieure d Algérie BNA - Banque Nationale d Algérie CPA - Crédit Populaire d Algérie BDL - Banque de Développement Local Maroc : une présence notable de «champions nationaux» L appareil bancaire marocain est caractérisé par une forte concentration. En 2005, la part des trois grandes banques en termes d actifs (Attijariwafa Bank, Crédit Populaire de Maroc (CPM) et Banque Marocaine du Commerce extérieur (BMCE)) sur un total de situation nette comptable cumulée des 16 banques agréées représente 64,1%. Ces banques contrôlaient 66,8% du marché des dépôts et 54,1% du marché des crédits. Il existe déjà une dynamique impulsée par des banques leader capitalisées et performantes. 17

Attijariwafa Bank (AwB) issue de la fusion BCM/Wafabank en 2004 est désormais la première banque du Maghreb. Elle détient entre 28 et 30% de parts de marché national avec 4615 collaborateurs, 522 agences, 35 points de vente à l'étranger et 1,5 millions de clients. AwB affiche les meilleurs résultats des banques de la région. Son produit net bancaire dépasse les 550 millions de dollars, le total du bilan est d environ 14 milliards de dollars, le résultat net de plus de 380 millions de dollars. Le groupe est présent dans tous les métiers de la finance. Premier acteur dans le crédit à la consommation, la gestion d actifs, troisième compagnie d assurance au Maroc. La banque occupe une place non négligeable dans la quasi-totalité des autres domaines tels que la location longue durée, le leasing, le factoring. Elle est également une banque d affaires majeure. Ses principaux actionnaires sont le groupe ONA pour 33,13%, des institutionnels marocains pour 29,34% et Santander pour 14,55%. La Banque Marocaine du Commerce extérieur (BMCE) constitue le deuxième acteur performant au Maroc. Pour 2005, la banque affiche un total du bilan de 8 milliards de dollars, un produit net bancaire de 306 millions de dollars (57% activité particuliers et PME et 43% activité corporate et activité de marché et autres), un résultat net de 291 millions de dollars et un ROE de 9,7%. Le capital de la banque est composé à 83,07% d actionnaires marocains et 16,93% étrangers (CIC 10%, Morgan Stanley I.M. 3%, Banco Espirito Santo 2,77%, Union Bancaire Privée 1,16%). Elle gère plus de 1 million de comptes et est présente dans 8 pays et trois continents. Elle occupe 3157 collaborateurs dans 283 agences, 252 GAB et offre plus de 120 produits et services. Algérie : ouvrir d abord le capital pour assainir et exploiter le potentiel existant Comment donner un nouvel élan aux banques algériennes? - Moins d Etat. Il s agit d abord de réduire les 70% de l actif des banques constitué d encours en créances sur le Trésor public et les entreprises publiques. A titre de comparaison, en Tunisie, 85 % des actifs bancaires financent le secteur privé. Le problème principal rencontré par les banques publiques est lié à leur mode de gouvernance. L Etat y est à la fois actionnaire, administrateur, dirigeant, emprunteur, déposant et régulateur. Cette absence de séparation des responsabilités ne peut que conduire à des dysfonctionnements. - Favoriser plus de concurrence et d ouverture. Les six banques publiques totalisent plus de 90% de l activité de crédit et de dépôt du secteur bancaire. Le paysage bancaire algérien est amené à évoluer vers la privatisation de la première banque publique, en l occurrence le Crédit Populaire d Algérie (CPA). Les premières expériences de privatisation bancaire ont échoué (Khalifa et BCIA). Il semble que les banques étrangères n acceptent plus de se limiter à des participations minoritaires. Leur stratégie est plutôt de développer leur propre réseau dans le pays. L entrée d un leader bancaire international dans ce marché devrait servir de catalyseur de progrès. - Améliorer la qualité des services et combler la sous-bancarisation. Tunisie : une discipline nécessaire par le marché et par les banques étrangères En Tunisie, les restructurations bancaires sont ralenties par les créances improductives d environ 5 milliards de dollars de créances douteuses. Les bilans ont encore besoin d être assainis, et les crédits distribués de manière plus sélective. Les banques tunisiennes sont de taille plus modeste comparées aux leaders des deux autres pays. Le bilan de chacune des trois premières banques tunisiennes (STB, BNA et BIAT) avoisine les 3 milliards de dollars pour un PNB d environ 100 millions de dollars. Les 18

banque tunisiennes, même si elles sont mieux capitalisées que les banque algériennes mais moins que les banques marocaines, demeurent moins rentables que ces dernières. La concentration demeure importante. Les cinq premières banques (STB, BNA, BIAT, BH, AB) détiennent encore plus de 50% du marché. Le marché bancaire tunisien tarde à devenir concurrentiel. La part de marché des établissements contrôlés, directement ou indirectement par des intérêts publics est encore de l'ordre de 55%. Nous sommes loin d'une libéralisation du marché. En principe, à l'exception de la STB qui a absorbé en 2000 deux banques de développement (BDET et BNDT) devenue ainsi le premier établissement du pays, la BNA et la Banque de l'habitat sont des établissements de crédit, chargés d'exécuter la politique de l'etat. En octobre 2005, l'etat a cédé ses parts (33,54 %) de la Banque du Sud à la jointventure constiuée par l espagnol Santander et le marocain Attijariwafa bank. L'apport des investisseurs étrangers est vivement sollicité par la Tunisie. En novembre 2002, la Société Générale détient 52% du capital de l'uib. D autres banques dépendent d'établissements étrangers : l'arab Tunisian Bank (filiale de l'arab Bank Plc), l'union Bancaire pour le Commerce et l'industrie (filiale de BNP-Paribas) ainsi que Citibank et l'arab Banking Corporation. On note également des participations étrangères minoritaires, notamment françaises, dans le capital de trois autres banques de dépôts : le CIC de Paris et Proparco (filiale de l'agence Française de Développement) dans le capital de la Banque de Tunisie (BT), ainsi que la Société Marseillaise de Crédit et Natexis Banques Populaires dans celui de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT). Une seule banque, Amen, relève à 99,73% d actionnaires tunisiens privés avec un partenariat étranger à son capital de 0,27%. Conclusion - La privatisation des banques au Maghreb a-t-elle du sens? Les Etats maghrébins ont fait le choix plus ou moins affirmé selon les pays de se désengager de tous les secteurs concurrentiels dont le secteur bancaire. La stratégie doit être la réduction de la part de l Etat dans le capital des banques. La privatisation apparaît nécessaire et non démunie de sens mais il faut d abord assainir. Cependant cette démarche subit des lenteurs en Tunisie et en Algérie. Ces ajournements sont alimentés par des craintes de transformer un monopole public en monopole privé et aussi par les efforts qui restent à réaliser pour épurer le portefeuille des banques. En Tunisie : les privatisables Les privatisables potentiels - Banque tuniso-koweïtienne (BTK) ouverture du capital et privatisation. Les deux États actionnaires de la BTK veulent céder 60 % du capital à un partenaire stratégique. Ainsi 600000 actions sur 1 million seraient à vendre pour un nominal de 100 dinars soit un montant total d environ 459 millions de dollars. - Privatisation de la Banque de Tunisie et des Emirats BTE. Le capital de la BTE est détenu à hauteur de 50% par l Etat tunisien et les 50% restant par les Emirats Arabes Unis. Les privatisables conditionnels La STB, la BH et la BNA resteront encore sous le contrôle de l Etat pour quelques années. Pourquoi? - La STB a pour vocation de venir en aide aux PME. Elle doit encore renforcer son nouveau rôle de «banque universelle» par une meilleure intégration des deux entités absorbées en 2000 - la BDET et la BNDT. Elle doit réduire son taux de créances classées d environ 40% et améliorer le ratio de couverture des créances par les provisions. 19

- La BH joue un rôle prépondérant dans l habitat et le logement. Aucune autre banque ne peut actuellement offrir les facilités offertes par la BH. - La BNA joue un rôle fondamental dans le financement de l agriculture. Aucune autre institution en Tunisie ne peut à l heure actuelle se substituer à la BNA dont la mission relève de l intérêt public. En Algérie : les conditions de la privatisation Les mesures d accompagnements des privatisations. - Améliorer la diversification du portefeuille des banques publiques. Le secteur bancaire algérien doit se défaire de la domination monopolistique des grandes banques publiques qui gèrent plus de 80 % des dépôts et des actifs. A titre d exemple, la BEA dépend d un seul client, la Sonatrach (Société Nationale pour la recherche, le Transport et de la Commercialisation des Hydrocarbures en Algérie) qui représente plus de 75% de son produit net bancaire. - Réduire les coûts du risque de défaut. Depuis plus de 10 ans, le gouvernement y a injecté près de 45% du PIB pour couvrir leur déficit des banques. Dans ces conditions, les banques publiques se trouvent dans l incapacité de répondre aux demandes de ressources du secteur productif solvable. Lorsqu elles le font, principalement pour du crédit à court terme à plus de 50%, les taux d intérêt proposés sont très élevés. - Réduire l aléa moral des banques. Assurées de l intervention de l Etat, les banques peuvent être tentées d octroyer des financements pour les activités de court terme sans être trop regardantes sur la solvabilité de leurs clients. Le résultat est que les banques publiques disposent d un portefeuille d environ 2 milliards d euros de créances douteuses soit un ratio de pertes sur prêts de plus de 60%. - Améliorer la confiance des clients et des investisseurs étrangers. Eviter que certains scénarios catastrophes ne se répètent comme la liquidation de banque du groupe Khalifa et de la BCIA qui ont défrayé la chronique tout au long de l année 2003. Leur faillite a entamé la confiance des clients dans les institutions bancaires privées. Ils ont alors retiré leurs dépôts pour les placer soit dans les banques publiques soit les banques étrangères. - Améliorer le système de paiement et de communication. Le système actuel repose sur des procédés et des techniques obsolètes qui rallongent les délais de traitement des demandes de financement. Réduire les délais de traitement des chèques et des transferts de fonds interbancaires. - Améliorer la traçabilité et la gestion des produits. Le secteur informel représente un risque pour la pérennité des banques notamment publiques. Il importe donc de réduire la lourdeur dans la procédure d évaluation des crédits, améliorer le management et l analyse des risques. - Eviter l effet d éviction des banques publiques par les banques privées. L inertie des banques publiques peut aggraver leur situation et les retarder dans leur développement face au redéploiement des banques privées étrangères. Celles-ci disposent d un personnel formé et habitué à évoluer en économie libérale avec des modes de management efficaces. Encadré 6 - La privatisation du CPA : une opération à vertu pédagogique Le CPA est la première des trois banques d Etat privatisables avec la Banque de Développement Locale (BDL) et la Banque Nationale d Algérie (BNA). L Etat doit céder 51% du capital la banque qui peut rapporter 1,5 milliard de dollars au Trésor algérien. L opération du CPA aura une vertu pédagogique. Elle permettra de voir comment se déroule la vente du CPA avant d entamer celle des deux autres. Les candidats sont BNP Paribas, Société Générale, le Crédit agricole, Natixis (France), Santander (Espagne) et City Bank (Etats-Unis). La nouvelle entité devra relever un double défi : développer une stratégie lui permettant de devenir une banque régionale de premier ordre et mener une politique de gestion du personnel lui permettant de maintenir momentanément le personnel actuel, plus de 4600 collaborateur. Parmi les prochaines «privatisables» on trouve la Banque Extérieure d Algérie (BEA) constitue le fer de lance du système bancaire algérien. Avec son bilan de plus de 14 milliards de dollars, elle se situe loin devant la Banque nationale d Algérie (BNA) le Crédit populaire d Algérie (CPA) la Banque du Développement local (BDL). Avec 220 millions de dollars de produit net bancaire la BEA se situe parmi les leaders de la région y compris pour ses capitaux propres de plus de 400 millions de 20