Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) LA MAISON DE SHERE ROM Une expérience de scolarisation en Espagne Bruno Hanse Champ social «Le Sociographe» 2009/1 n 28 pages 93 à 100 ISSN 1297-6628 ISBN 9782952890076 DOI 10.3917/graph.028.0093 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-le-sociographe-2009-1-page-93.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Champ social. Champ social. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Le sociographe, 28, 2009 / 93 Bruno Hanse La maison de Shere Rom Une expérience de scolarisation en Espagne Les Gitans se sont implantés dans la péninsule ibérique au XVème siècle, mais ce n est qu à partir du milieu et jusqu à la fin du XXème siècle que leur nombre a considérablement augmenté. Selon certaines études régionales, la population gitane vivant en Espagne représenterait environ 60.000 à 70.000 personnes dont la moitié vivrait dans le sud du pays, en Andalousie. > B. Hanse est éducateur spécialisé en Itep (59) Mail : brunohse@hotmail.fr
/ 94 Le peuple gitan en Espagne Une étude réalisée en 2000-2001 (Alfagueme y Martinez, 2004) estime à 120.000 le nombre d enfants gitans scolarisés dans le système scolaire espagnol. Même si ces dernières décennies la quasi totalité des enfants gitans sont scolarisés et que le taux d analphabétisme a considérablement reculé (jusqu à être inexistant chez les Gitans âgés de moins de 30 ans), il n en demeure pas moins que la scolarité des enfants gitans reste difficile. Elle est marquée par l échec et par un abandon prématuré du cycle scolaire (1). Les origines de cette minorité ethnique restent assez difficiles à définir. En effet, comme le fait remarquer Antonio Guzman (2005), ce qui caractérise un groupe ethnique c est son origine géographique. Or, dans le cas des Gitans, il est difficile de définir une localisation géographique précise même si la plupart des études montrent que ces personnes seraient originaires d Inde. Guzman affirme qu il existe trois traits internes et un trait externe qui caractérisent la culture gitane. Les trois traits internes sont : - une origine hypothétique commune (Inde), observable à partir de la couleur de la peau et du choix des vêtements ; - une langue commune ou dialectisée, le roman parlé par tous les Gitans du monde ; - des traditions culturelles basées sur la famille, une organisation patriarcale et un sens de l autonomie. Le trait externe est le rejet, la marginalisation de ces personnes par les autochtones, et le fait qu elles ont été l objet de persécutions et même d extermination. Rejet et intégration scolaire L étude des différents textes choisis montre que la population gitane a toujours été victime d un rejet en Espagne. (1) C est lors de la préparation d un master 2 en sciences de l éducation, dans le cadre de l unité de langue espagnole, que je me suis intéressé à l éducation des enfants gitans. Par ailleurs, certains éléments de mon parcours de vie m avaient valu de remarquer en Espagne des situations de rejet ou d entendre des propos dénigrants à l égard de personnes appartenant à la communauté gitane. Les quatre textes que j ai traduits en français à partir de l espagnol sont les suivants : - Antonio Garcia Guzman, «la educación con niños gitanos. Una propuesta para su inclusion en la escuela.» - Joaquina Cabello Hidalgo, «interculturalismo y éducación» - José Luis Lallueza, Cristina Palli y Maria José Luquel, Isabel Crespo, «una experiencia con nuevas technologias : la casa de Shere rom.» - Mariva Martinez Sancho, Ana Gimenez Adelantado y Alfredo Alfagemene Chao, «la situacion escolar de la infancia gitana y el absentismo.»
La maison de Shere Rom / 95 Ce rejet se retrouve à travers les mots utilisés dans le langage courant pour nombre d autochtones. Les propos tenus ne sont ni plus ni moins que des propos racistes. Il semble que la difficulté des enfants gitans à s'intégrer dans le système scolaire soit due à l'image négative dont ils sont porteurs. Au regard de ce niveau de déconsidération on ne peut même plus parler d'image négative mais d'une véritable stigmatisation. Cette stigmatisation se retrouve dans les analyses faites par les auteurs spécialistes de la question gitane. L importance de cette stigmatisation est telle qu un auteur comme Antonio Guzman, professeur à l'université de Madrid, va jusqu à la considérer comme «le trait externe» caractéristique de la culture gitane. Il appuie ses propos sur des études récentes dont celle de Gamella et Sanchez (1999) menée auprès de 2604 élèves de Grenade, âgés de onze à quinze ans, qui montre comment les jeunes interrogés perçoivent les Gitans. Les termes qui ressortent sont alarmants : voleurs, violents, distributeurs et consommateurs de drogue, pauvreté, saleté, mauvaise éducation Les seuls termes positifs concernent la création musicale et l expression artistique. Une seconde étude réalisée en 2003 dans la province d Almeria auprès de 105 personnes adultes fait ressortir le même genre de considérations. Cette stigmatisation a des conséquences directes sur l éducation des enfants et favorise des raccourcis qui peuvent être source d erreurs. Elle contribue à véhiculer des idées erronées, notamment celle de présenter l absentéisme scolaire des enfants gitans comme un absentéisme culturel laissant ainsi supposer que les enfants gitans sont culturellement récalcitrants aux apprentissages. Des auteurs comme Mariva Martinez Sancho (2001) ne nient pas l importance de l absentéisme scolaire chez les enfants gitans mais démontrent qu il n existe pas de lien direct entre la culture gitane et l absentéisme scolaire. Les résultats de l enquête montrent que ce qui est considéré comme un absentéisme culturel correspond en réalité à des absences temporaires à des moments bien précis de l année, justifiées par des nécessités économiques (ventes ambulantes, travaux agricoles) et invitent alors à une nouvelle conception de l absentéisme scolaire chez les enfants gitans. Cette stigmatisation est tellement généralisée et a un tel impact qu on la retrouve ancrée dans la mentalité de certains enseignants en Espagne qui assimilent enfants gitans et enfants à problèmes. Plus grave encore, elle influence directement la qualité de la prise en charge scolaire car les professeurs les plus expérimentés, donc théoriquement les plus à même de s occuper d enfants réclamant une attention particulière, ont recours
/ 96 à des stratégies d évitement pour finalement ne travailler qu avec des classes sans enfants gitans (Guzman, 2005). Serafin Aldéa Munoz (2001) souligne aussi l impact de la mentalité des enseignants sur la prise en charge des enfants gitans et les invite dans un esprit d ouverture «à considérer les cultures minoritaires comme différentes mais en aucun cas pires ou meilleures que la leur». Enfin, Antonio Guzman affirme que les médias jouent un rôle important dans la stigmatisation des minorités ethniques en ne relatant uniquement que des faits négatifs et en occultant les émissions qui permettraient de connaître, de partager et valoriser les différentes cultures. Il suggère la mise en place de campagnes médiatiques qui aident à prendre conscience et à montrer les aspects positifs d une société multiculturelle, comme celle lancée par le Secrétariat gitan et intitulée «Les connaître avant de juger». Etat de santé du peuple gitan La lecture des articles consacrés au peuple gitan a permis de constater que la santé de ce peuple est un véritable problème. Pour s en convaincre, il suffit de comparer l espérance de vie de la population gitane avec l espérance de vie du reste de la population espagnole. Les chiffres sont éloquents : 40 ans d espérance de vie pour les premiers, 70 ans pour les seconds! Cet état de fait est dû à trois causes : culturelle, socio-économique et éducative. Pour autant, ces trois causes n interviennent pas à parts égales dans le phénomène évoqué. Des auteurs comme Olivan Gonzalvo (2004) et F. Ferrer (2003) font remarquer que les causes socio-économiques et éducatives, donc les causes qui sont les plus injustes car créées de toutes pièces par le système, semblent prépondérantes dans le mauvais état de santé du peuple gitan. Les auteurs observent qu elles constituent une véritable barrière en termes d accès aux services de santé et empêchent ainsi une minorité ethnique de bénéficier des structures sanitaires d un pays moderne au même titre que le reste de la population. Une politique d éducation spécifique en faveur des minorités ethniques L Espagne, p o u r essayer de favoriser l intégration scolaire des enfants gitans et plus largement l intégration des enfants issus des minorités éthiques, a développé des programmes spécifiques dont les concepts fondamentaux sont : l interculturalisme, la tolérance et la solidarité.
La maison de Shere Rom / 97 Ces valeurs sont reprises dans le «Programme d attention à la diversité». Celui-ci est basé sur l acceptation de l enfant dans sa globalité et repose sur l accueil et l insertion socio-éducative des élèves en difficulté, sur la mise en place d objectifs éducatifs et le soutien continu de l élève. Serafin Aldéa Munoz (2001) insiste sur l importance de la tolérance et de la solidarité qui doivent être abordées en tant que matière à part entière à l école afin d arriver à une éducation pour la paix et pour le développement. L auteur ajoute par ailleurs qu il est nécessaire de mettre en place des «pédagogies multiculturelles et des pédagogies interculturelles». Les premières reposent sur l adaptation des moyens d apprentissage tandis que les deuxièmes reposent sur une reconnaissance mutuelle et un échange entre les différentes cultures. Pour Serafin Aldéa Munoz, favoriser la cohabitation des différentes cultures est nécessaire pour la cohésion sociale et la stabilité politique du pays. Pédagogies et technologies de l intégration L expérience de la maison de Shere Rom une action éducative originale mise au point par des chercheurs de l Université autonome de Barcelone (UAB) dont la finalité est d apprendre à lire, par le biais de l ordinateur, à des enfants gitans en difficulté scolaire, âgés de cinq à douze ans. Cette expérience s est déroulée en 1998 à Badalona, une ville proche de Barcelone et, plus précisément, dans le quartier de San Roc, datant des années 70 et dans lequel la population gitane est majoritaire. Beaucoup des habitants de ce quartier vivaient auparavant dans des bidonvilles datant des années 50-60. Cette expérience s appuie à la fois sur une synthèse et sur une mise en pratique des valeurs défendues par les auteurs précédemment cités ; il s agit d une ouverture à la culture de l autre. On y favorise la mise en place de pédagogies multiculturelles et interculturelles. La pédagogie interculturelle, c est-à-dire la volonté de marquer une reconnaissance mutuelle et des échanges, est symboliquement affichée par le choix du désignateur Shere Rom puisque cela renvoie à un personnage mythique de la culture gitane. L expérience se déroule dans le local d une association gitane et la mise en œuvre du projet est co-dirigée par les chercheurs de l UAB et les membres de l Association gitane de Badalona. Le type de pédagogie mis en œuvre lors de cette expérience diffère des pédagogies traditionnelles et s inscrit dans le cadre des pédagogies acti-
/ 98 ves. Plus précisément, dans le cas de l expérience Shere Rom, la pédagogie adoptée relève des pédagogies de la médiation ; l outil de médiation étant l ordinateur. Le but est d arriver, par l intermédiaire de l informatique, à organiser sous un mode ludique des activités qui favorisent les développements cognitifs et sociaux nécessaires à la scolarité de l enfant. De plus, les enfants bénéficient d un accompagnement individualisé pour les aider à franchir pas à pas chacune des difficultés, et cela en référence au principe de Vygotski selon lequel «ce qu un enfant est en mesure de faire aujourd hui avec l aide des adultes, il pourra l accomplir seul demain» (Schneuwly et Bronckart, 1985). Les objectifs de l expérience Selon les chercheurs de l UAB, l expérience a permis : - d étudier le développement humain selon une perspective culturelle et d apporter de nouveaux éléments pour le développement de la psychologie évolutive ; - d étudier les processus mis en jeu dans la zone proximale de développement (2) à travers la collaboration d individus de niveaux d expérience différents. Le fonctionnement Concrètement, chaque enfant gitan bénéficie d un accueil personnalisé. Il rédige avec l aide d un éducateur un courrier électronique qu il envoie à Shere Rom (le personnage mythique) et dans lequel il définit ses centres d intérêts. En retour, il reçoit après une semaine une réponse lui indiquant les jours où il participera aux activités. A cette réponse sont joints le règlement de fonctionnement ainsi qu un passeport avec la photo de l enfant ou un logo confirmant qu il est membre de la maison Shere Rom. L activité est proposée sous la forme d un labyrinthe qui se compose de vingt «cases» correspondant chacune à un atelier. Les «cases» sont séparées entre elles par une porte et renferment un jeu éducatif informatique. L enfant démarre l activité par l atelier 1 où se trouve le jeu informatique de premier niveau puis, quand il maîtrise le jeu, il passe à l atelier 2. Il progresse de cette façon jusqu à l atelier 20. A chaque exercice l enfant se voit attribuer un niveau : débutant, intermédiaire, expert. Un éducateur accompagne un ou deux enfants et avant de démarrer lui (leur) explique les règles et le fonctionnement du jeu. Ce type d accom- (2) Vygotski définit la «zone proximale de développement» comme «la distance entre le niveau de développement actuel tel qu on peut la déterminer à travers la façon dont l enfant résout des problèmes seul et le niveau de développement potentiel tel qu on peut le déterminer à travers la façon dont l enfant résout des problèmes lorsqu il est assisté par l adulte ou collabore avec d autres enfants plus avancés» (B.Schneuwly et J.P. Bronckart,1985)
La maison de Shere Rom / 99 pagnement est intéressant car il a une double visée : aider l enfant à démarrer l activité et recueillir des informations sur les processus d apprentissages individuels (stratégies, erreurs, verbalisations ). De plus, en cas de difficulté, l enfant a la possibilité de s adresser à une autre personne ressource qu il peut choisir parmi les éducateurs ou parmi les membres de la communauté gitane. Dans le cas d une difficulté trop grande, il peut même, selon une procédure exceptionnelle, obtenir une explication par le personnage virtuel Shere Rom via internet. L enfant devient lui-même personne ressource auprès de ses pairs quand il est capable d accomplir au minimum dix jeux au niveau intermédiaire et dix jeux au niveau expert. De plus, il est invité, lorsqu il a terminé chaque jeu, à donner son avis pour améliorer les explications permettant d accomplir le jeu. Résultats Les résultats de l expérience ne sont pas tous exploitables mais les analyses permettent tout de même de dégager plusieurs aspects positifs. Ainsi, le fait qu il n y ait plus une seule place disponible pour accueillir un enfant dans ce dispositif révèle le haut degré d attractivité du processus éducatif mis en place à Shere Rom. Par ailleurs, les enfants ont intégré jeux et apprentissages et viennent indistinctement pour «jouer avec l ordinateur» et pour «apprendre à écrire des choses», et cela, pour la plupart, de leur propre initiative. Les familles accordent une grande confiance à la maison Shere Rom, à tel point qu elles laissent les plus petits (3-4 ans) accompagner leurs frères et sœurs, ce qui a obligé les éducateurs de Shere Rom à créer dans le même local une section éducative (sans ordinateur) pour les enfants de trois et quatre ans. Enfin, malgré un niveau scolaire de départ bas, les enfants montrent une grande motivation pour achever les exercices commencés, que ce soient les jeux ou les exercices écrits. Les auteurs rappellent que la maison Shere Rom n est pas une alternative à l école mais que les activités qui s y déroulent doivent aider les enfants gitans à acquérir des outils, à développer des processus d apprentissage qui leur permettront une meilleure intégration scolaire. Ils soulignent, en outre, que ce modèle peut être source d idées pour l école. Ils insistent également sur le fait que dans cette expérience, la donnée culturelle n est plus une simple variable mais une véritable base de rencontre à partir de laquelle les différentes cultures entrent en dialectique. Il reste à noter que l expérience qui est relatée ici se déroule en dehors de l école mais que les auteurs ont mis en place le même type d expérience à l intérieur d un collège. Les résultats sont attendus avec impatience
/ 100 Conclusion Nous pouvons dire que le peuple gitan, plus que d une image négative, souffre d une véritable stigmatisation en Espagne. Cette stigmatisation rejaillit sur l école et contribue à rendre difficile l intégration des enfants gitans dans le milieu scolaire. Pour autant, l Etat espagnol, en mettant en place des politiques d éducation spécifiques, montre une volonté de favoriser l intégration des enfants issus des minorités. Il reste maintenant à évaluer l efficacité de ces politiques dans le temps. Une expérience comme la maison Shere Rom fait émerger des pistes intéressantes et permet de déconstruire des idées erronées, notamment celles qui consistent à dire que les enfants gitans sont réfractaires aux apprentissages. Il reste cependant à noter que l acceptation du peuple gitan repose sur un changement de mentalité à l échelle de la société toute entière. Ce changement de mentalité est impulsé par les politiques éducatives mais la réussite de celles-ci semble largement dépendre de l implication des enseignants. et il semble important, comme le soulignait Guzman, de faire en sorte que ce changement soit appuyé et accompagné par les médias qui devraient favoriser l acceptation des cultures plutôt que leur opposition Bibliographie Aldea Munoz S., «Transfondo de las differencias en la escuela:un estudio de caso en Soria,Espana», Education policy analysis archives, vol 9, 20, 2001. Cabello Hidalgo J., «Interculturalismo y educación», Gazeta de anthropologia, 10, 1993 texto 10 Ferrer F., «El estado de salud del pueblo gitano en España. Una revision de la bibliografia», Gaceta Sanitaria, v.17 supl. 3, Barcelona, 2003 Garcia Guzman A., «La educación con niños gitanos. Una propuesta para su inclusion en la escuela.», REicE, vol 3, n 1,2005 (especial Red Iberoamericana de investigacion sobre Cambio, Efficacia Escolar Madrid, España), pp 437-448 Gonzalvo O., «Niños gitanos maltratados: factores de riesgo sociosanitarios y necesidades sanitarias prioritarias», An pediatr(barc), 60 (1), 2004, pp. 28-34 Lallueza JL., Palli C., Luquel MJ. y Crespo I., Una experiencia con nuevas technologias: la casa de Shere Rom, Universitat Autonoma de Barcelona, 1999 Martinez Sancho M., Gimenez Adelantado A. y Alfagemene Chao A., «La situación escolar de la infancia gitana y el absentismo.», Grupo de trabajo/conjuto (estratificacion social y sociologia de la educación), Vii congreso Espagnol de sociologia, 2001 Sanchez P., y Gamella JF, «Nuevos y viejos estereotipos sobre los gitanos en los discursos de los escolares andaluces», Revista de cultura traditional de andalucia, 30, 1999, pp.133-158 Schneuwly B. et Bronckart JP, Vygotski aujourd hui, Delachaux et Niestlé, 1985