Evaluation de l impact sur l effet de serre de l action de lutte contre le gaspillage de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin



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Evaluation de l impact sur l effet de serre de l action de lutte contre le gaspillage de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin RAPPORT FINAL AVRIL 2011 SITA France 16, Place de l Iris 92040 Paris La Défense Tél. : 01.58.81.30.00 Banque Alimentaire du Bas-Rhin 98, rue Plaine des Bouchers 67100 Strasbourg Tél. : 03.88.40.30.40

SOMMAIRE TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX... 3 NOTE DE SYNTHESE... 4 1 OBJECTIFS ET CHAMP DE L ETUDE... 5 1.1 Contexte... 5 1.2 Objectifs... 5 1.3 Cadre méthodologique... 5 1.3.1 Méthodes de référence employées 5 1.3.2 Présentation de la méthode Bilan Carbone 6 1.4 Périmètre de l étude... 7 1.4.1 Fonctions des systèmes étudiés 7 1.4.2 Eléments exclus de l étude 7 1.4.3 Unité fonctionnelle 8 2 PRESENTATION DES DEUX SYSTEMES COMPARES... 8 2.1 Système avec action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin... 8 2.1.1 Frontières du système 8 2.1.2 Modélisation du système : données et hypothèses retenues 9 2.2 Système sans action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin...10 2.2.1 Frontières du système 10 2.2.2 Origine et niveau de fiabilité des données utilisées 11 2.2.3 Modélisation du système : données et hypothèses retenues 11 3 RESULTATS...16 4 CONCLUSION...18 BILIOGRAPHIE...18 ANNEXE...19 Page 2 sur 19

TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX Figure 1 - Postes d émission couverts par la méthode Bilan Carbone... 6 Figure 2 Répartition des quantités de denrées collectées par sources d approvisionnement... 7 Figure 3 Frontières du système «avec action de la BA»... 9 Figure 4 Frontières du système «sans action de la BA»... 11 Figure 5 Résultats globaux... 17 Tableau 1 - Pouvoirs de réchauffement globaux utilisés dans la méthode Bilan Carbone... 6 Tableau 2 Système avec action de la BA : données et hypothèses retenues... 10 Tableau 3 Origine et niveau de fiabilité de la donnée : modèle... 11 Tableau 4 Niveaux de fiabilité et fourchettes d incertitudes associées... 11 Tableau 5 Quantités et exutoires des denrées non sauvées à traiter des IAA, GMS et Producteurs... 12 Tableau 6 Calcul des tonne.km correspondant à la collecte des déchets des IAA, GMS et Producteurs... 12 Tableau 7 Rendements de transformation de l énergie primaire en énergie électrique et thermique de l incinérateur de Strasbourg... 14 Tableau 8 Rendements de transformation de l énergie primaire en énergie électrique et thermique de l incinérateur de Schweighouse... 14 Tableau 9 - Facteurs d émissions évitées par la valorisation énergétique des déchets Incinérateur de Strasbourg... 14 Tableau 10 - Facteurs d émissions évitées par la valorisation énergétique des déchets Incinérateur de Schweighouse... 14 Tableau 11 Résultats détaillés... 16 Page 3 sur 19

NOTE DE SYNTHESE Dans le cadre d un partenariat de compétences, la Fédération Française des Banques Alimentaires (FFBA) et SITA se sont associées afin de réaliser une évaluation de l impact environnemental de l action des Banques Alimentaires contre le gaspillage alimentaire. Afin de mener à bien cette étude, la FFBA et SITA ont décidé qu une démarche régionale pilote serait menée, associant la Banque Alimentaire du Bas-Rhin (BA67) et SITA Région EST. Cette étude, menée selon la méthode Bilan Carbone de l ADEME porte sur l évaluation et la comparaison des émissions de gaz à effet de serre engendrées de manière directe ou indirecte par deux systèmes : un système «avec action de la BA» et un système «sans action de la BA». Pour rendre la comparaison pertinente, les deux systèmes ont été définis de façon à remplir les deux mêmes fonctions : collecter les denrées et fournir aux personnes normalement bénéficiaires de la Banque Alimentaire une même quantité et qualité de denrées. Le système «sans action de la BA» couvre donc d une part, l ensemble des étapes du cycle de vie des denrées gérées en déchets (de leur collecte à leur traitement/valorisation), et d autre part, la production de denrées de substitution et leur consommation par les personnes qui auraient normalement bénéficié de l action de la Banque Alimentaire. En effet, d une manière ou d une autre, ces personnes devront, dans tous les cas, se nourrir. L étude se limite volontairement aux denrées collectées auprès des industries agro-alimentaires (IAA), des grandes et moyennes et surfaces (GMS) et des producteurs, à savoir les surplus de production, les produits consommables dont les écarts de conformité ne permettent pas la commercialisation et les invendus. Sur ce périmètre, en 2009, la Banque Alimentaire du Bas-Rhin a collecté 816 tonnes de denrées. Les résultats de cette étude révèlent que l action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin permet d économiser 1 770 téqco 2 par an, l équivalent des émissions générées par : 200 français chaque année, un véhicule parcourant 13 274 556 km, la production de 20 934 MWh d électricité, soit la consommation annuelle de 7 700 habitants. En l absence de celle-ci, 6 fois plus d émissions de gaz à effet de serre seraient générées, en raison principalement des émissions engendrées par la production de denrées en compensation de celles gaspillées. Ce qu il faut ressortir de cette étude, c est que sans l action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin et des autres organismes partenaires, les conséquences sociales et environnementales ne seraient pas soutenables : des milliers de personnes démunies ne pourraient pas se nourrir décemment, compte tenu de l actuel gaspillage alimentaire, l impact sur l effet de serre serait conséquent. En conclusion, l action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin, permet non seulement d éviter le gaspillage alimentaire et d assurer que des milliers de personnes puissent se nourrir quotidiennement, mais contribue également à réduire l impact environnemental de l ensemble des parties prenantes (IAA, GMS et producteurs). Page 4 sur 19

1 OBJECTIFS ET CHAMP DE L ETUDE 1.1 Contexte Dans le cadre d un partenariat de compétences, la Fédération Française des Banques Alimentaires (FFBA) et SITA se sont associées afin de réaliser l évaluation de l impact environnemental de l action des Banques Alimentaires contre le gaspillage alimentaire. Afin de mener à bien cette étude, la FFBA et SITA ont décidé qu une démarche régionale pilote serait menée, associant la Banque Alimentaire du Bas-Rhin et SITA Région EST. L action des Banques Alimentaires (BA) consiste à collecter gratuitement des denrées auprès des industriels, des distributeurs et des particuliers, à les trier et stocker dans le respect des règles d hygiène afin de les distribuer aux associations partenaires et ainsi d aider l homme à se nourrir. En 2009, les BA ont distribué près de 88 400 tonnes de denrées ; environ 740 000 personnes ont bénéficié de cette aide alimentaire, l équivalent de 176 millions de repas. De nos jours, le «développement durable» est devenu un principe théorique de développement national, voire mondial. Un développement durable est un développement dans lequel croissances sociale, économique et environnementale sont menées de front et de manière équilibrée. Une étude anglaise menée en 2006 par Integrated Skills Limited en collaboration avec FareShare (affilié à la Fédération européenne des Banques Alimentaires) et commanditée par Evolve EB constate qu il y a un réel manque de conscience, de la part des professionnels comme du grand public, du coût à la fois social, économique et environnemental de la gestion des déchets du secteur alimentaire. Les auteurs concluent à l intérêt économique de la réduction de la quantité de déchets générés par le secteur alimentaire grâce à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Bien que les conclusions de cette étude ne soient pas directement transposables au contexte français (système de gestion des déchets différent notamment), cette étude apporte des éléments de réponse : d un point de vue social et économique, des organisations telles que les BA auraient une action «gagnant-gagnant». Qu en est-il de la dimension environnementale? Les aliments sauvés par les BA ont-ils un meilleur impact environnemental que s ils avaient été gérés en déchets? La FFBA souhaite connaître la réponse à cette question. La mise en évidence de l éventuel bénéfice environnemental de l action des BA constituerait un argument de poids, qui présenté conjointement à l argument social, pourrait inciter à une meilleure gestion des denrées alimentaires. 1.2 Objectifs Cette étude vise à évaluer et comparer les émissions de gaz à effet de serre engendrées de manière directe ou indirecte par deux systèmes : un système «avec action de la BA» et un système «sans action de la BA». Il est prévu que les résultats de l étude soient utilisés dans des affirmations comparatives destinées à être divulguées au public. 1.3 Cadre méthodologique 1.3.1 Méthodes de référence employées L étude est menée selon la méthode Bilan Carbone de l ADEME (version 6.1). Elle s appuie aussi sur le cadre méthodologique défini par les normes internationales ISO14040 :2006 Management Environnemental Analyse de Cycle de Vie Principes et cadres et ISO14044 Management Environnemental Analyse de Cycle de Vie Exigence et lignes directrices. Page 5 sur 19

1.3.2 Présentation de la méthode Bilan Carbone Le Bilan Carbone est une méthode développée par l ADEME qui permet de comptabiliser l ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) par une activité, qu elles soient directes ou induites par celle-ci. Les GES pris en compte sont : les six couverts par le Protocole de Kyoto (CO 2, CH 4, N 2 O, PFC, HFC et SF 6 ), certains gaz non couverts dans le Protocole de Kyoto, tels que certains CFC et gaz frigorigènes dépendant d autres protocoles. Parallèlement aux émissions de GES, l autre objectif de la méthode est d évaluer l importance de la dépendance aux énergies fossiles d une activité. Un Bilan Carbone se déroule en six phases : 1. Sensibilisation à l effet de serre, 2. Définition du champ de l étude, 3. Collecte des données, 4. Analyse des résultats, 5. Etablissement d un plan d actions de réduction, 6. Suivi du plan d actions. Les postes d émission couverts par la méthode Bilan Carbone sont illustrés dans la Figure suivante. Figure 1 - Postes d émission couverts par la méthode Bilan Carbone La méthode consiste à réaliser un inventaire des flux physiques (matière, personnes, énergie) intervenant dans chacun de ces postes et à leur faire correspondre des émissions de GES, au moyen de coefficients, appelés facteurs d émission. Ces facteurs sont pour la plupart fournis dans le Guide des facteurs d émission (version 6.1. Juin 2010) de l ADEME. Ils permettent de convertir des données d activités exprimées en litre, en tonne ou encore en kwh en émissions de GES. BilanCarbo ne = D n FE n n avec D n, la quantité associée au flux n et FE n, la quantité d émission de GES générée par unité de flux n Les résultats d un Bilan Carbone sont exprimés en kilogramme ou tonne équivalent carbone (kgéqc/téqc) ou kilogramme/tonne équivalent de dioxyde de carbone (kgéqco 2 /téqco 2 ). Le facteur de conversion des masses de carbone aux masses de CO 2 est le rapport de leurs masses molaires. Par exemple, pour passer de kgéqc à kgéqco 2, il faut appliquer le facteur multiplicateur 44/12. A quantité émise équivalente, tous les GES ne contribuent pas avec la même intensité à l effet de serre. Ils se distinguent par leur Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) qui quantifie l impact d un GES sur le climat au bout d un certain temps. Les PRG des différents GES sont définis relativement au PRG du CO 2 fixé par convention à 1. Plus le PRG d un GES est élevé, plus son émission aura d impact sur l effet de serre. La méthode Bilan Carbone s appuie sur les PRG à 100 ans qui figurent dans le rapport 2001 du GIEC : Climate Change 2001, The Scientific Basis. En pondérant les quantités émises de GES par leur PRG, il est ainsi possible de toutes les exprimer dans la même unité (l équivalent carbone ou équivalent CO 2 ) et ainsi de les sommer pour avoir un bilan global. GES PRG à 100 ans CO 2 1 CH 4 25 N 2 0 298 Tableau 1 - Pouvoirs de réchauffement globaux utilisés dans la méthode Bilan Carbone Page 6 sur 19

1.4 Périmètre de l étude 1.4.1 Fonctions des systèmes étudiés Par son action, la Banque Alimentaire du Bas-Rhin remplit deux fonctions, une fonction de collecte des denrées, et une fonction de distribution de ces denrées et de restauration de ses bénéficiaires. Les systèmes avec et sans action de la BA sont comparés de façon à ce qu ils remplissent ces deux fonctions : collecter des denrées pendant un an et fournir des repas pendant un an. L année 2009 est prise comme référence. 1.4.2 Eléments exclus de l étude La Banque Alimentaire du Bas-Rhin dispose de cinq sources d approvisionnement principales : Producteurs, Industries agroalimentaires (IAA) Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) Particuliers Union Européennes et Etat Français, au travers des programmes d aide alimentaire. L Union Européenne donne, par l intermédiaire du Programme Européen d Aide aux plus Démunis (PEAD) des produits céréaliers et laitiers. L Etat donne des produits carnés, des fruits et des légumes par l intermédiaire du Programme National d Aide Alimentaire (PNAA). En fonction de la source s approvisionnement, deux cas de figure se présentent : 1 er cas de figure : Les producteurs, les IAA et les GMS mettent à la disposition de la BA des surplus de production, des produits dont les écarts de conformité ne permettent pas toujours la commercialisation tout en étant consommables ou encore des aliments dont les durées de vie sont limitées (les invendus). Sans action de la BA, ces aliments seraient considérés comme des déchets et gérés comme tels. 2 ème cas de figure : La situation est différente dans le cas des denrées collectées auprès des particuliers, de l UE et de l Etat Français car celles-ci sont achetées spécifiquement à des fins d aide alimentaire. En l absence d action de la BA, soit une autre association/organisation récupérerait les denrées (cas des PEAD et PNAA), soit les denrées reprendraient le circuit de distribution classique, voire ne seraient pas produites. Dans ces trois cas, la comparaison de l impact environnemental avec/sans action de la BA ne présente pas d intérêt. En 2009, la BA67 a collecté 1 707 tonnes de denrées ayant les origines suivantes : Collecte 16,0% Programmes d'aide 34,0% Autres associations 0,4% Distributeurs 30,1% Banques alimentaires 1,0% Producteurs 3,5% Industriels 14,3% Autres fournisseurs 0,7% Figure 2 Répartition des quantités de denrées collectées par sources d approvisionnement Cette étude ne couvre que les trois sources d approvisionnement suivantes : les producteurs, les IAA et la GMS, qui représentent 48% des denrées collectées en 2009, soit 816 tonnes. Page 7 sur 19

En 2009, compte tenu des rebus et des variations de stock, la BA67 a distribué 1 554 tonnes de denrées, dont 429 tonnes issues des programmes d aides. On retient que 48% de denrées distribuées proviennent des IAA, GMA et producteurs, soit 746 tonnes. 1.4.3 Unité fonctionnelle L unité fonctionnelle sur la base de laquelle les deux systèmes sont comparés est donc la suivante : Collecter annuellement 816 tonnes de denrées auprès des producteurs, des industries agro-alimentaires et des grandes et moyennes surfaces, Fournir des denrées aux bénéficiaires, l équivalent de 746 tonnes de denrées alimentaires par an. Dans les deux systèmes, les produits alimentaires fournis sont les mêmes. Ils correspondent aux produits distribués par la Banque Alimentaire du Bas-Rhin en 2009. Ils sont listés en annexe 1. 2 PRESENTATION DES DEUX SYSTEMES COMPARES 2.1 Système avec action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin 2.1.1 Frontières du système Le système avec action de la Banque Alimentaire couvre l ensemble des étapes du cycle de vie des denrées alimentaires collectées puis distribuées par la BA67 : depuis leur collecte jusqu à leur consommation par les bénéficiaires et l élimination de la fraction non consommée. L action de la BA67 consiste tout d abord à collecter des denrées alimentaires auprès des particuliers (collecte nationale), auprès des producteurs, des industries agro-alimentaires et des grandes et moyennes surfaces (ramasse des refus de production et invendus). Une fois collectées, ces aliments sont triés et pesés. Ils sont ensuite stockés dans l entrepôt de la BA. Le temps de résidence dans l entrepôt est court (ex : maximum 1 journée pour les produits réfrigérés). Les aliments qui ne sont pas bons à la consommation humaine et animale constituent des déchets. Une partie de ces déchets est envoyée sur une unité de compostage, le reste est collecté par la Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS) avec les ordures ménagères. Les denrées propres à la consommation sont ensuite distribuées aux associations partenaires qui les mettent à disposition des bénéficiaires (consommateurs finaux). Certains aliments qui ne sont pas bons à la consommation humaine sont remis à la Société Protectrice des Animaux (SPA) à condition d avoir l accord de la Direction Départementale de Protection des Populations. Les aliments distribués sont consommés par les bénéficiaires, totalement ou partiellement auquel cas, une partie est éliminée en tant que déchets (résidus alimentaires et emballages). Le système avec action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin couvre l ensemble des ces étapes (voir Figure 3). Page 8 sur 19

COLLECTE PRODUCTEUR, IAA, GMS TRANSPORT déchets BANQUE ALIMENTAIRE BAS-RHIN denrées alimentaires RECEPTION, TRI déchets d'emballage et fermentescibles Autres déchets STOCKAGE TRANSPORT TRANSPORT PRISE EN CHARGE PAR LA CUS DISTRIBUTION AUX ASSOCIATIONS POUR L'HOMME DISTRIBUTION AUX ASSOCIATIONS POUR L'ANIMAL TRANSPORT TRANSPORT TRANSPORT TRANSPORT COMPOSTAGE/ DECHETTERIE TRAITEMENT/ VALORISATION CONSOMMATION PAR LES HOMMES CONSOMMATION PAR LES ANIMAUX TRANSPORT TRANSPORT TRAITEMENT/VALORISATION Figure 3 Frontières du système «avec action de la BA» 2.1.2 Modélisation du système : données et hypothèses retenues La Banque Alimentaire du Bas-Rhin a réalisé son Bilan Carbone, en prenant l année 2009 comme référence. Il couvre un périmètre plus large que celui de cette étude car l ensemble des sources d approvisionnement de la BA sont intégrées. Pour tous les détails liés au calcul du Bilan Carbone de la BA67, se référer au Rapport Banque Alimentaire du Bas-Rhin Bilan Carbone, Janvier 2010. Page 9 sur 19

Pour cette étude, les résultats sont donc adaptés de façon à ne prendre en compte que les trois sources d approvisionnement qui nous intéressent, sachant qu en 2009, la BA67 a collecté 1 707 217 kg de denrées en 2009, dont 816 775 kg en provenance des IAA, des producteurs et des GMS. Le tableau suivant présente les résultats du Bilan Carbone dans sa totalité, puis les résultats sur le périmètre retenu pour cette étude. Emissions en téqco 2 Perimètre total BA67 Périmètre Industriels, Producteurs et GMS Electricité & gaz 25 12 Collectes assurées par la BA 50 19 Froid 4 2 Intrants 12 6 Fret sortant 24 11 Déplacements 208 99 Déchets directs 4 2 Consommation des denrées distribuées 198 95 Fin de vie des denrées distribuées 235 112 TOTAL 760 358 Incertitudes (+/-) 487 téqco2 228 téqco2 Equivalent habitant par an 88 habitants 42 habitants Méthode employée pou rappporter le Bilan Carbone total de la BA au périmètre d'étude Prorata des tonnages Prise en compte de la collecte assurée par les véhicules de la BA et du transport sous-traité uniquement Prorata des tonnages Prorata des tonnages Prorata des tonnages Prorata des tonnages Prorata des tonnages Prorata des tonnages Prorata des tonnages Emissions évitées grâce à la valorisation des déchets -122-58 Prorata des tonnages 1 français génère chaque année : 8,6 téqco 2 Source : EpE, 2009 Tableau 2 Système avec action de la BA : données et hypothèses retenues Les émissions engendrées par le système avec action de la BA s élèvent donc à 358 téqco 2. 2.2 Système sans action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin 2.2.1 Frontières du système Le système sans action de la Banque Alimentaire est composé de deux sous-systèmes. Le premier répond à la fonction de collecte et modélise le devenir des denrées si elles n étaient pas collectées par la BA (denrées «non sauvées»). Il couvre l ensemble des étapes du cycle de vie de ces denrées gérées en déchets. Le point de départ est leur lieu de production, à savoir la GMS, le producteur et l industriel. Elles sont tout d abord collectées par un opérateur professionnel avant d être transportées vers leur lieu de traitement/valorisation. Le second sous-système tient compte du fait qu'en l absence d action de la Banque Alimentaire, le bénéficiaire doit toujours se nourrir et que des denrées supplémentaires doivent donc être produites pour remplacer celles gaspillées. En 2009, la BA67 a distribué 1 554 445 kg, toutes sources d approvisionnement confondues, soit 743 685 kg si l on se limite au périmètre de la présente étude. Ce second sous-système tient donc compte de la production de cette quantité de denrées, de leur distribution, de leur consommation et de l élimination de la fraction non consommée. Page 10 sur 19

TRI IN SITU DES DENREES NON SAUVEES PRODUCTION SUPPLEMENTAIRE DES DENREES POUR REMPLACER LES DENREES NON SAUVEES COLLECTE DISTRIBUTION TRAITEMENT/ VALORISATION CONSOMMATION PAR LES BENEFICIAIRES TRAITEMENT/ VALORISATION Figure 4 Frontières du système «sans action de la BA» 2.2.2 Origine et niveau de fiabilité des données utilisées Le calcul des émissions de GES comporte des incertitudes liées aux facteurs d émissions et aux données d activité utilisées. Les données retenues pour calculer les émissions de GES du système «sans action de la BA» sont associées à un niveau de fiabilité, lui-même associé à une fourchette d incertitudes définies de manière arbitraire. Dans ce système, les incertitudes sont difficilement quantifiables, en revanche, on peut tenter de les qualifier, d où la définition de ces niveaux de fiabilité. Origine de la donnée d activité Niveau de fiabilité de la donnée Tableau 3 Origine et niveau de fiabilité de la donnée : modèle Niveau de fiabilité Fourchette d incertitude associée Bas > 60% Moyen 30 60% Haut 0 30 % Tableau 4 Niveaux de fiabilité et fourchettes d incertitudes associées 2.2.3 Modélisation du système : données et hypothèses retenues 1 er sous-système : Gestion des aliments non sauvés en déchets Afin de déterminer de quelle manière seraient gérés les refus de production et invendus s ils n étaient pas collectés par la Banque, deux sources d information ont été privilégiées : le Plan Départemental d Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PDEDMA) du Bas-Rhin [1] et le service commercial de SITA Région Est. Page 11 sur 19

Comme son nom l indique, le PDEDMA couvre les déchets ménagers et assimilés (DMA) et non les déchets industriels collectés séparément des DMA. Cependant, ce document est riche en informations sur les exutoires possibles dans le département du Bas-Rhin. Ils sont au nombre de huit : cinq installations de stockage de déchets non dangereux (Wintzenbach, Eschwiller, Weitbruch, Hochfelden et Chatenois), deux unités d incinération avec valorisation énergétique (Strasbourg et Schweighouse) et un centre de compostage d ordures ménagères (Scherwiller). Les échanges avec le service commercial de SITA Région Est ont permis de confirmer que, sur le département, les déchets produits par les IAA et les GSM sont majoritairement traités par incinération. Les producteurs font peu appel aux opérateurs professionnels pour la gestion de leurs déchets. Il semble qu ils gèrent leurs déchets eux-mêmes. Chaque IAA, GMS et producteur a été associé à un exutoire le plus probable en fonction de sa localisation dans le département. Plus précisément, en fonction de sa localisation, chaque fournisseur a été associé à un Etablissement Public de Coopération Intergouvernemental (EPCI). Le département du Bas-Rhin en compte 21. Ils assurent la gestion de la collecte et du traitement des déchets, pour le compte des communes ou de leur groupement. Le PDEDMA indique les exutoires des déchets produits sur le périmètre de chaque EPCI. Les mêmes exutoires ont été appliqués aux déchets des IAA, des GMS et producteurs. Lorsqu un industriel ou une GMS n a pas pu être associé à une EPCI, on admet que ses déchets sont traités sur l incinérateur de Strasbourg. Dans le cas d un producteur, on considère qu il traite ses déchets par compostage. Le tableau suivant récapitule les quantités de denrées non sauvées et les répartit en fonction de leur exutoire probable. IAA GMS Producteurs Quantité annuelle à traiter 513 219 kg 243 318 kg 60 234 kg Incinérateur de Strasbourg 75% 48% 15% % des tonnages traités Incinérateur de Schweighouse 15% 47% 0,5% ISDND de Wintzenbach 0 % 0,4% 11,1 % ISDND d Eschwiller 0 % 1,1% 0% Centre de compostage de Scherwiller 0 % 1% 53% Exutoire non identifié 10% 3% 21 % Tableau 5 Quantités et exutoires des denrées non sauvées à traiter des IAA, GMS et Producteurs La collecte des denrées non sauvées (déchets) Pour calculer les émissions liées à la collecte des denrées non sauvées, la méthode des tonne.km a été employée. Les déchets sont généralement stockés dans des bacs ou dans des bennes. Les premiers sont collectés avec des bennes type benne à ordures ménagères (PTAC de 19 à 26t) et les seconds avec des camions bras (PTAC 25t). La méthode des tonne.km tient compte du type de véhicule utilisé, de ses consommations à vide et à plein, de la capacité maximale de chargement et du poids réel du chargement. Les tonne.km sont calculées en multipliant la quantité annuelle de déchets collectés par la distance aller séparant leur lieu de production de leur exutoire, en tenant compte d un éventuel parcours à vide avant chargement des déchets sur le lieu de production et après déchargement sur le lieu de traitement. IAA GMS Producteurs tonne.km 9 200 6 721 864 Tableau 6 Calcul des tonne.km correspondant à la collecte des déchets des IAA, GMS et Producteurs Page 12 sur 19

Le calcul des émissions à partir des tonne.km a été effectué en prenant les hypothèses suivantes : Distance aller/retour, 50% du trajet effectué à vide, Véhicules de PTAC > 21t Pour mener à bien le calcul, un dernier paramètre doit être évalué : le taux de chargement en charge. Il s agit du rapport entre le poids d un chargement et la charge utile maximale du véhicule. Ce paramètre rend compte du fait que la consommation d un véhicule n est pas la même en fonction de la charge qu il transporte. Cet écart est observé pour des véhicules dont le PTAC est supérieur à 3,5T. Un taux de chargement de 50% a été retenu (valeur moyenne proposée par défaut dans la méthode Bilan Carbone pour les véhicules de PTAC>21t). Origine de la donnée Donnée estimée Niveau de fiabilité de la donnée Moyen (incertitude de 40%) Le détail des calculs des tonne.km est disponible sur le fichier attaché BA_Gestion des déchets des IAA GMS et Producteurs.xlsx. Le traitement Les émissions liées au traitement des aliments non sauvés ont été calculées : avec les facteurs d émission proposés par défaut dans l outil Bilan Carbone pour le stockage en ISDND et le compostage : Ces facteurs incluent par défaut les émissions de la collecte. Elles ont donc été déduites puisqu elles sont prises en compte par ailleurs. Les émissions couvertes concernent donc le fonctionnement de l installation et les émissions liées au traitement (émissions de méthane et de protoxyde d azote pour le compostage et émissions diffuses de méthane pour le stockage). Les incertitudes associées à ces facteurs ont été conservées. Les installations de stockage ne valorisent pas le biogaz. Le compost est quant à lui valorisé en substitution d engrais. avec des facteurs d émission calculés à partir de données opérationnelles réelles pour le traitement dans les unités d incinération de Strasbourg et de Schweighouse : 93% des aliments non sauvés seraient traités en incinération. Il est donc nécessaire d essayer de préciser au mieux les émissions générées par ce type de traitement. On considère que les déchets des IAA, GMS et producteurs envoyés en incinération se composent de 80% de déchets putrescibles et de 20% de déchets d emballage (1/2 carton, ¼ métallique, ¼ plastique). Pour calculer les émissions générées par l incinération de ces déchets, les facteurs d émissions proposés par défaut dans la méthode Bilan Carbone ont été utilisés, en déduisant les émissions liées à la collecte puisque celle-ci est déjà prise en compte par ailleurs. Les facteurs utilisés couvrent donc les émissions de dioxyde de carbone fossile (CO 2 ) et de protoxyde d azote (N 2 O) qui ont lieu au cours de l incinération, ainsi que les émissions liées au fonctionnement de l unité d incinération. Les fractions putrescibles et cartons ont été distinguées des fractions plastiques et métalliques. Pour la valorisation des métaux, on considère que la totalité des emballages métalliques contenus dans les déchets des IAA, GMS et producteurs (soit 5% du poids total) sont de type ferreux et sont récupérés et valorisés. Le calcul des émissions évitées par la valorisation matière des métaux est réalisé en utilisant le facteur d émission disponible dans l outil Bilan Carbone. Pour la valorisation énergétique, des facteurs d émissions évitées spécifiques aux incinérateurs de Strasbourg et de Schweighouse ont été calculés à partir de données réelles fournies respectivement dans un rapport annuel de la Communauté Urbaine de Strasbourg [2] et dans le PDEDMA [1]. Ces facteurs ont été calculés en fonction des rendements de transformation de l énergie primaire (fonction du pouvoir calorifique inférieur des déchets) en énergies électrique et thermique des incinérateurs et des types d énergies substituées. On considère que le pouvoir calorifique inférieur (PCI) moyen des déchets entrants sur ces incinérateurs est celui des ordures ménagères (OM). On admet que l électricité produite et vendue par les incinérateurs se substitue au mix moyen français et que l énergie thermique produite et vendue se substitue à du gaz naturel. Page 13 sur 19

Quantité vendue en 2009 [2] Energie primaire fournie par les déchets (PCI OM = 2,58 MWh/t [3]) Rendement de transformation Electricité 58 888 MWh 662 671 MWh 8% Chaleur 172 049 MWh 662 671 MWh 26% Tableau 7 Rendements de transformation de l énergie primaire en énergie électrique et thermique de l incinérateur de Strasbourg Quantité vendue en 2009 [1] Energie primaire fournie par les déchets (PCI OM = 2,58 MWh/t [3]) Rendement de transformation Electricité 10 220 MWh 662 671 MWh 2% Chaleur 64 218 MWh 662 671 MWh 10% Tableau 8 Rendements de transformation de l énergie primaire en énergie électrique et thermique de l incinérateur de Schweighouse Les facteurs d émissions évitées obtenus sont les suivants : PCI Facteurs d émissions évitées correspondants Electricité Chaleur Déchets (fraction putrescibles + 1,68 MWh/t - 3 kgéqc/t - 28 kgéqc/t cartons) Déchets (fraction plastique) 6,56 MWh/t - 12 kgéqc/t - 111 kgéqc/t Tableau 9 - Facteurs d émissions évitées par la valorisation énergétique des déchets Incinérateur de Strasbourg PCI Facteurs d émissions évitées correspondants Electricité Chaleur Déchets (fraction putrescibles + 1,68 MWh/t - 1 kgéqc/t - 11 kgéqc/t cartons) Déchets (fraction plastique) 6,56 MWh/t - 2 kgéqc/t - 41 kgéqc/t Tableau 10 - Facteurs d émissions évitées par la valorisation énergétique des déchets Incinérateur de Schweighouse Le détail des calculs des facteurs d émissions évitées est disponible dans le fichier BA_Gestion des déchets des IAA GMS et Producteurs.xlsx. On associe par défaut une incertitude de 50% à ces facteurs. Origine de la donnée (quantités de déchets traitées) Donnée estimée Niveau de fiabilité de la donnée Moyen (incertitude de 50%) 2 nd sous-système : Production supplémentaire d aliments en remplacement des aliments non sauvés Ce sous-système comprend les étapes suivantes : la production des aliments, leur transport du lieu de production jusqu au lieu de distribution, leur transport du lieu de distribution jusqu au domicile des bénéficiaires, leur consommation et la fin de vie de la fraction non consommée (résidus alimentaires et emballages). Production et transport lieu de production > lieu de distribution La quantité d aliments non sauvés à produire s élève à 746 tonnes. Cela correspond aux denrées distribuées en 2009 par la BA67, en provenance des IAA, des producteurs et des GMS. Deux bases de données ont été utilisées pour déterminer l impact de la production de ces aliments : Le Guide des facteurs d émissions de l ADEME (version 6.1) e Guide ne précise pas de manière claire le périmètre couvert par ces facteurs. On admet qu ils couvrent a minima les étapes agricoles, la fabrication du produit, et le transport jusqu aux lieux de distribution. En revanche, on considère qu ils ne prennent pas en compte l impact de l emballage. Page 14 sur 19

L Indice Carbone Casino Le groupe Casino indique sur certains de ses produits, les émissions de gaz à effet de serre générées au cours des étapes de la vie de ce produit : les étapes agricoles, la fabrication du produit, le transport depuis le champ de culture jusqu aux entrepôts Casino, l emballage, depuis l'extraction des matières premières jusqu'au recyclage, la distribution, depuis l entrepôt Casino jusqu au domicile du consommateur. Cet indice est exprimé en gramme équivalent CO 2 pour 100 grammes de produit. A noter qu utiliser l indice Carbone Casino entraîne un double comptage de l étape transport des aliments jusqu aux domiciles des consommateurs Pour chaque article, le choix du facteur adéquat s est appuyé sur les règles suivantes : si les deux bases de données proposent un facteur pour un même produit, la source ADEME a été privilégiée ; si, au sein d une même base, plusieurs facteurs d émission existent pour un même produit, le facteur retenu est la moyenne de ces facteurs ; les facteurs de l ADEME sont appliqués sur les quantités d aliments hors emballages ; on considère que l emballage représente en moyenne 20% du poids du produit. En toute rigueur, l impact de l emballage devrait être pris en compte mais cela n est pas fait ici ; les facteurs de Casino sont appliqués sur les quantités d aliments avec emballage ; les modes de conservation des produits ne sont pas pris en compte : par exemple, pour les légumes secs et surgelés, le facteur d émission utilisé est celui qui correspond aux légumes frais. L annexe 1 récapitule les facteurs d émission retenus pour évaluer l impact GES de la production des aliments non sauvés. Pour 13 types d articles, aucun facteur d émission n a pu être identifié : cela représente 20% des types d articles et 16% en poids des denrées distribuées. Transport lieu de distribution > Domicile, Consommation et Fin de vie de la fraction non consommée Que la Banque Alimentaire soit là ou non, les bénéficiaires doivent se déplacer pour aller chercher des aliments, doivent les préparer et génèrent des déchets. Dans cette étude, on considère qu avec ou sans action de la Banque Alimentaire, 746 tonnes de denrées par an sont nécessaires pour nourrir les bénéficiaires. On peut donc considérer que cela engendre dans les deux systèmes le même nombre de déplacements sur des distances équivalentes, les mêmes consommations énergétiques pour la préparation des aliments et la même quantité de déchets à gérer. Pour ces trois étapes, on considère que donc que l impact est le même avec ou sans action de la Banque Alimentaire, toujours sur le périmètre producteurs, IAA et GMS. Page 15 sur 19

3 RESULTATS Le tableau et la figure suivants présentent les résultats du calcul des émissions de GES générées par les systèmes avec et sans action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin. Electricité & gaz Collectes & livraisons assurées par la BA Froid Intrants Système avec action de la BA 12 téqco2 19 téqco2 2 téqco2 6 téqco2 Fret sortant 11 téqco2 5 téqco2 Collecte des aliments non sauvés des IAA, GMS et producteurs Déplacements 99 téqco2 82 téqco2 Déplacement GMS/Domicile des bénéficiaires Déchets directs 2 téqco2 118 téqco2 Traitement des aliments non sauvés Consommation des denrées distribuées 95 téqco2 95 téqco2 Consommation des denrées Fin de vie des denrées distribuées 112 téqco2 112 téqco2 Fin de vie des denrées 1712 téqco2 Production des denrées non sauvées TOTAL 358 téqco2 2 124 téqco2 Incertitudes (+/-) 228 téqco2 1263 téqco2 Equivalent habitant par an 42 habitants 247 habitants Equivalent kilomètre 2695369 km 15969925 km Equivalent kwh électrique 4250800 kwh 25185771 kwh Système sans action de la BA Emissions évitées grâce à la valorisation des déchets -58 téqco2-220 téqco2 1 français génère chaque année : 8,6 téqco 2 Source : EpE, 2009 En France, 1 véhicule génère en moyenne : 133 gco2/km En France, la production d'électricité génère en moyenne : 0,084 kgco2/kwh Source : ADEME V6.1 Tableau 11 Résultats détaillés Les résultats obtenus révèlent que la prise en charge des refus de production, des produits consommables présentant un écart de conformité et des invendus des IAA, GMS et Producteurs par la Banque Alimentaire du Bas-Rhin permet d économiser 1 766 téqco2, l équivalent des émissions générées par : - 200 français chaque année, - une voiture parcourant 13 275 000 km - de la production de 20 920 MWh d électricité. En l absence d action de la BA67, la gestion des aliments non sauvés génèrerait près de 6 fois plus d émissions de GES. L impact du système «sans action de la BA» vient majoritairement de la production des denrées supplémentaire pour compenser les denrées «non sauvées» et nourrir les personnes qui auraient bénéficié normalement de l action de la Banque Alimentaire. Cette production représente en effet 80% du bilan des émissions du système. Page 16 sur 19

2 124 téqco2 Emissions GES annuelles x 6 358 téqco2 Système avec action de la BA Système sans action de la BA Figure 5 Résultats globaux Dans le domaine des bilans GES, dès qu il s agit de comparer deux systèmes, il faut prendre des précautions et s assurer que les deux systèmes sont comparés de manière équitable. L incertitude sur les résultats de cette étude n est pas négligeable (de l ordre de 60%). Dans le système «avec action de la BA» l incertitude porte sur le déplacement des bénéficiaires et la fin de vie des denrées consommées. Dans le système «sans action de la BA», elle porte principalement sur l impact de la production des denrées en remplacement de celles gaspillées. Les données réelles disponibles pour le calcul des émissions engendrées par le système «sans action de la BA» sont peu nombreuses. Les émissions générées par ces postes ont été évaluées en s appuyant sur les meilleures données disponibles mais une incertitude sécuritaire leur a été attribuée de façon à ne pas risquer une analyse erronée des résultats. Cependant, compte tenu du facteur 6 qui sépare les émissions générées par les deux systèmes, cette incertitude n est pas de nature à inverser la tendance entre les deux systèmes. Page 17 sur 19

4 CONCLUSION L action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin permet d économiser chaque année près de 1 770 téqco 2. Cette étude met en évidence le bénéfice, en termes d émissions de gaz à effet, de la lutte des Banques Alimentaires contre le gaspillage alimentaire. La comparaison des deux systèmes est basée sur l hypothèse suivante : les personnes démunies qui bénéficient de l aide alimentaire, consommeraient, en l absence des Banques Alimentaires, des denrées équivalentes provenant, par exemple, des grandes ou moyennes surfaces. D un point de vue méthodologique, cette hypothèse est indispensable pour comparer les deux systèmes de manière équitable. Cependant, dans les faits, il est probable que ces personnes n auraient pas les moyens d acheter des denrées en même quantité et de même qualité que celles des aliments distribués par les Banques Alimentaires. Dans ce cas, les résultats de la comparaison avec/sans action de la Banque Alimentaire pourraient en être modifiés, mais les deux systèmes ne seraient plus comparés à services rendus équivalents. Ce qu il faut retenir de cette étude, c est que sans l action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin, des Banques Alimentaires en général et des autres associations menant une action équivalente, les conséquences sociales et environnementales ne seraient pas soutenables. En effet : des milliers de personnes démunies ne pourraient pas se nourrir décemment, dans cette hypothèse de travail où toutes ces personnes démunies pourraient bénéficier de denrées en quantité et de qualité satisfaisantes (système sans action de la BA), compte tenu de l actuel gaspillage alimentaire, l impact sur l effet de serre serait conséquent. Comme le montre les résultats de cette étude : 6 fois plus d émissions de gaz à effet de serre seraient générées. En conclusion, l action de la Banque Alimentaire du Bas-Rhin, permet non seulement d éviter le gaspillage alimentaire et de s assurer que des milliers de personnes puissent se nourrir quotidiennement, mais contribue également à réduire l impact environnemental de l ensemble des parties prenantes (IAA, GMS et producteurs). BILIOGRAPHIE [1] CONSEIL GENERAL DU BAS-RHIN, 2008. La gestion des déchets ménagers et assimilés dans le Bas-Rhin, Rapport annuel 2008 [2] COMMUNAUTE URBAINE DE STRASBOURG, 2010. Rapport sur la qualité et le prix du service d élimination des déchets, Année 2009, Edition 2010 [3] MODECOM, 2010. La composition des ordures ménagères et assimilées en France Campagne nationale de caractérisation 2007, ADEME, ADEME Editions, 2010 [4] ADEME, 2010. Guide des facteurs d émission Bilan Carbone Entreprises et Collectivités, ADEME, Version 6.1, Juin 2010 [5] Indice Carbone Casino : http://www.produits-casino.fr/developpement-durable/dd_indice-carbonedemarche.html, dernière consultation : 18/12/2010 [6] LCA Food : http://www.lcafood.dk/, dernière consultation : 18/12/2010 Page 18 sur 19

ANNEXE Facteurs d émission retenus pour le calcul de l impact Gaz à Effet de Serre (GES) de la production des aliments non sauvés Poids avec emballage en kg Pain, Pain de mie 41378 27452 21962 0,125 ADEME V6 Viennoiseries 18702 12408 9926 0,784 Casino Biscuits 29396 19503 15602 0,684 ADEME V6 Biscottes 1583 1050 840 0,641 Casino Cafés et thés 11204 7433 5947 0,150 ADEME V6 (moyenne café/thé) Céréales 5231 3471 2776 1,091 Casino Cacao 8706 5776 4621 Confiserie 30505 20239 16191 0,852 Casino Desserts 3970 2634 2107 0,975 Casino Crème dessert 18744 12436 9949 0,975 Casino Lait frais et crème 11314 7506 6005 0,396 ADEME V6 Dons de lait 9504 6305 5044 0,330 ADEME V6 Lait concentré 739 490 392 lait en poudre 74 49 39 3,630 ADEME V6 Lait UHT 31457 20870 16696 0,330 ADEME V6 (lait de vache) Farines 24531 16275 13020 0,125 ADEME V6 Purée de pommes de terre 2137 1418 1134 Pommes frites 997 661 529 0,314 Casino Pommes de terre 44517 29535 23628 0,032 ADEME V6 Pâtes 43828 29078 23262 0,383 ADEME V6 Couscous 1036 687 550 0,120 ADEME V6 Riz 16555 10983 8787 0,120 ADEME V6 0,032 ADEME V6 (Assimilée à de la pomme de terre, la transformation en purée n'est pas prise en compte) ADEME V6 (considérés comme des légumes 0,064 Fruits secs 764 507 406 secs) Légumes secs 1916 1271 1017 0,064 ADEME V6 Potages poudre 2128 1412 1129 Potages liquide 16797 11144 8915 0,238 ADEME V6 Condiments, sauces, vinaigre 9374 6219 4975 Sauces tomates et tomates 8524 5655 4524 0,291 ADEME V6 (tomates moyenne) ADEME V6 (moyenne huiles de 0,900 Huile 28028 18595 14876 colza/tournesol) Beurre 1614 1071 857 2,700 ADEME V6 Sucre 12505 8296 6637 0,200 Confiture, miel, pâte à tartiner 12930 8578 6863 0,300 Casino (miel) Oreillons de pêche 711 472 377 0,122 ADEME V6 (moyenne fruits frais) Fruits en conserves 11538 7655 6124 0,122 ADEME V6 (moyenne fruits frais) Légumes en conserves 86981 57708 46166 0,122 ADEME V6 (moyenne légumes frais) Haricots verts en boîte 6907 4582 3666 0,122 ADEME V6 (moyenne légumes frais) Poissons en conserves 6839 4537 3630 0,500 ADEME V6 (poisson frais) ADEME V6 (viande avec os, mais sans 6,872 traitement de l'industrie agro-alimentaire Viandes en conserves-pâtés 2961 1964 1572 ni emballages ni transport) Plats cuisinés en conserves 26223 17398 13918 Lasagnes bolognaises indiv 2016 1338 1070 Emincé de volaille semoule 2862 1899 1519 0,469 ADEME V6 (50% volaille, 50% semoule) Petits pots bébés 5188 3442 2754 Aliments bébés (autres) 7042 4672 3738 Eaux 13711 9097 7277 0,082 Casino Jus de fruits 59281 39330 31464 0,064 ADEME V6 (jus de fruits et soda) Jus de fruits frais 739 490 392 0,064 ADEME V6 (jus de fruits et soda) Légumes surgelés 5109 3390 2712 0,122 ADEME V6 (moyenne légumes frais) Poissons surgelés 2588 1717 1374 0,500 ADEME V6 (poisson frais) ADEME V6 (viande avec os, mais sans 6,872 traitement de l'industrie agro-alimentaire Viandes surgelées 5169 3429 2744 ni emballages ni transport) Cuisse de poulet surgelée 2040 1353 1083 0,817 ADEME V6 (volaille et gibier) Plats cuisinés surgelés 16216 10759 8607 Spécialités surgelées 11703 7764 6212 Glace Sorbet 8432 5594 4475 Yaourts et fromages blancs 80074 53125 42500 0,660 ADEME V6 Fromage 12893 8554 6843 5,770 ADEME V6 (moyenne pâtes dure/molles) Fruits frais 43389 28787 23029 0,122 ADEME V6 (moyenne fruits frais) Pomme de retrait 19449 12904 10323 0,122 ADEME V6 (moyenne fruits frais) Légumes frais 65798 43654 34923 0,122 ADEME V6 (moyenne légumes frais) ADEME V6 (viande avec os, mais sans 6,872 traitement de l'industrie agro-alimentaire Viande-charcuterie 72782 48287 38630 ni emballages ni transport) Œufs 7851 5209 4167 0,870 ADEME V6 Plats cuisinés frais 76514 50763 40611 Choucroute fraîche 9823 6517 5214 Poisson frais 1104 732 586 0,500 ADEME V6 (poisson frais) Total hors programmes d'aide 1124621 Tout compris 1554445 Légende Périmètre de l'étude 746133,6 Poids avec emballage sur le périmètre de l'étude en kg Poids sans emballage sur le périmètre de l'étude en kg Facteur retenu kgéqc/kg Source Articles pour lesquels aucun facteur d'émission n'a pas être trouvé Page 19 sur 19