Exposition A CONTRE COURANT, organisée par l association. mai-juin 2015 à la Bibliothèque de l Université de Rennes 2



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Transcription:

Exposition A CONTRE COURANT, organisée par l association mai-juin 2015 à la Bibliothèque de l Université de Rennes 2 http://lesamisdemagda.fr/ Contact : bertrandbernicot@hotmail.fr Des élèves de 8 lycées (de Rennes, Vitré, Guer et Fougères) ont traduit début 2015 l exposition GEGEN DEN STROM réalisée en 2012 par le Musée Juif de Francfort-sur-le-Main et l Institut Fritz Bauer. Cette exposition, visible à Rennes en mai et juin 2015 à l Université de Rennes 2, montre que des allemands de cette ville de Francfort qui était la capitale régionale du parti nazi sont venus en aide à des personnes d origine juive pendant la 2ème guerre mondiale. Ce projet trouve son origine dans l amitié entre Magda HOLLANDER LAFON (notre Présidente d Honneur qui intervient comme témoin de la Shoah depuis plus de 30 ans auprès de collégiens et de lycéens) et Ernst Knöß. Ernst a participé à l élaboration de cette exposition : son oncle, gardien de synagogue, a été un de ces allemands dont les actes de solidarité sont éclairés par cette exposition. L exposition sera visible en mai et juin 2015 dans le hall de la bibliothèque de Rennes 2 (métro Université) dans le cadre de la commémoration de la Libération des Camps ; elle sera ensuite visible dans les lycées partenaires et par le biais des réseaux de la Fédération des associations d Amitié Franco-Allemandes et des Centres Franco-Allemands. Elle est disponible pour toute association ou institution intéressée (l exposition n est pas réalisée sous la forme classique de panneaux mais de tissus imprimés, elle est donc facilement transportable). L AIDE APPORTEE AUX JUIFS L exposition présente différentes formes d aide et motivations de ces personnes qui, sans être engagées dans des mouvements de résistance visant à la chute du régime nazi, ont agi de manière solidaire, fraternelle envers des juifs pourchassés : amour, amitié, solidarité et dévouement, «amour du prochain», aide lors de l émigration dans le cadre de pogroms ou de persécutions, approvisionnement en denrées alimentaires, activité de faussaires, cachette, cachette, contacts avec les déportés, interventions pour sauver les personnes de la déportation de masse, aide dans les camps de concentration ou «dans l ombre». Ont été présentés des exemples d aide réussie tout comme d échec tragique.

UNE EXPOSITION UNIQUE EN Allemagne Une partie de l exposition est consacrée à la question de savoir pourquoi, après 1945, on est resté si longtemps muet sur ce sujet important au sein de la société de la République Fédérale. Il faut se rappeler qu Oskar Schindler a vécu, ignoré, après la seconde guerre mondiale, dans le quartier de la gare de Francfort et n obtint qu après sa mort en 1974 l estime qui lui était due grâce au film de Steven Spilberg en 1993. De même, jusqu à la publication de l autobiographie «Kaiserhofstraße 12» de Valentin Senger en 1978, pratiquement personne ne connaissait le chef de la police Otto Kaspar qui, en manipulant des dossiers de messages, rendit possible pour la famille Senger le «miracle de Francfort». Après la seconde guerre mondiale s est en réalité imposée en Allemagne de l Ouest une conception de la résistance que certains qualifieraient de «restreinte» : l action politique directement liée à la chute du national-socialisme. L engagement personnel, l aide apportée aux juifs pourchassés était à peine reconnue comme une résistance «sérieuse» et, par conséquent, n était pas une composante de la mémoire collective. Ajoutons ici qu il s agit d actes de résistance d une grande noblesse (que certains qualifieraient de solidaires, de fraternels, voire de compassionnels) mais pas de Résistance au sens politique, classique du terme. LA FORCE SYMBOLIQUE DU TRAVAIL DE MEMOIRE La Ville de Francfort est pour nous un des lieux symboliques du travail de mémoire dans lequel s est mobilisée notre Présidente d Honneur mais aussi de nombreux allemands que Magda a rencontrés il y a 20 ans précisément à Francfort! Fin des années 60, avec l aide d Ernst Knöß, quelques jeunes de Mörfelden-Walldorf, ville qui jouxte l aéroport de Francfort-sur-le-Main, ont découvert qu un camp de travail avait existé dans leur ville et que dans ce camp 1700 jeunes filles et femmes juives hongroises expédiées en août 1944 d Auschwitz (dont Magda) avaient construit une piste qui donna naissance à l aéroport international de Francfort. En 1982, Magda et 70 autres rescapées ont été invitées par ce groupe d allemands sur le lieu même de ce camp de travail qui avait été enfoui dans une mémoire collective de déni. LA CAPACITE DE CHACUN D ENTRE NOUS A DIRE NON Nous considérons aussi que cette exposition unique en Allemagne a une portée universelle : elle met en valeur des actes d individus qui ont agi individuellement en raison de valeurs personnelles qui les ont amenés à s engager au péril de leur vie. Ces actes de fraternité constituent le meilleur rempart à toute forme d oppression ou de dérive politique.

Pour le grand public, l invitation est ainsi faite de s interroger sur notre capacité individuelle à dire non, au cœur même de notre vie quotidienne. L exposition sera aussi une découverte qui appelle un changement de regard sur un peuple à partir d une période charnière de son histoire propice à des amalgames et à une approche historique réductionniste. L enjeu est de se défaire de représentations hâtives qui appellent une véritable mise à distance au regard des informations que nous pouvons recevoir par les média ou même des programmes officiels d Histoire (l exposition vise aussi à éveiller l esprit critique, un des socles de la citoyenneté et de la conscience politique). Pour les lycéens, ce pan de l histoire est peu présenté et étudié dans les manuels d Histoire. La traduction de cette exposition est aussi l occasion pour ces élèves de s interroger sur le sens actuel d une telle forme de résistance, elle interroge aussi fondamentalement la portée des préjugés qui peut être portée sur un groupe ou une nation entière, elle véhicule enfin les valeurs au cœur des idéaux de notre République et, au-delà, de la construction européenne qui a trouvé son origine dans la dynamique de réconciliation franco-allemande. LES LYCEES IMPLIQUES ET AUTRES PARTENAIRES 5 lycées de Rennes : Emile Zola, Chateaubriand, Bréquigny, Victor et Hélène Basch, St Vincent. 3 autres lycées d Ille-et-Vilaine : Jeanne d Arc (Vitré), Brocéliande (Guer), Guéhenno (Fougères) Ce projet est appuyé par le Musée Juif de Francfort, la Ville de Rennes, l Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, l Université de Rennes 2, la Maison de l Europe, le Conseil Général d Ille-et-Vilaine, le Conseil Régional de Bretagne, le Rectorat, le Centre Franco-Allemand de Rennes, la Fédération des associations d Amitié Franco-Allemandes de Bretagne. Cette exposition sera ensuite mise à disposition de tout acteur intéressé. «Le projet de traduction de la langue allemande dans la langue française de l exposition Gegen den Strom (A contre-courant), présentée au Musée juif de Francfort en 2012, est un projet-citoyen européen. Mais la proposition d Ernst Knöss via l association rennaise Vivre en paix ensemble va plus loin. En contribuant à la publication française de l exposition, dans leur langue natale à partir de la maîtrise de la langue allemande, les jeunes lycéennes et lycéens, accompagnés par leurs enseignants de langue allemande et d Histoire-Géographie, nous rappellent que la traduction n est pas un exercice technique mais culturel et sert de pont entre les uns et les autres. Il s agit de reconnaître la solidarité et l aide envers les Juifs persécutés à Francfort et dans le land de la Hesse pendant la période nazie ; de reconnaître des gestes et des actes de femmes et d hommes d Allemagne, au risque de leur vie. Voilà une ouverture : il y a eu des formes de résistance individuelles et collectives et des mains tendues alors même que le système totalitaire nazi contrôlait la société allemande. Plus encore, le projet est l opportunité pour les jeunes filles et garçons de comprendre que le lien à l autre est un aspect essentiel et constitutif de notre propre personne, de soi. Au-delà des lignes de force de l histoire enseignée, ces jeunes qui ont accepté la proposition de la traduction nous emmènent dans des plis mémoriels et nous font prendre conscience que, tout autant que la banalité du mal, la banalité du bien n est pas à sous-estimer. L humaine condition est ici mise en perspective à travers des lieux et des temps : notre fragilité est l essence même de notre respect de l autre. Nous avons toujours tous besoin, jeunes et moins jeunes, de nous souvenir de cet espoir. Pour nous enseignants, il s agit sans doute alors d enseigner à vivre, vivre dans ce que cela peut avoir de mieux.» Gilles OLLIVIER, Enseignant d Histoire-Géographie, Lycée Chateaubriand, Rennes

De victime à témoin du génocide juif : une bâtisseuse de paix Après des années de silence, la parole s est libérée dans un mouvement de révolte salvatrice face aux propos anti-humanistes de Darquier de Pellepoix («A Auschwitz, on n a gazé que des poux»). Magda HOLLANDER LAFON écrit alors en 1978 son premier texte Les chemins du temps et n a cessé depuis lors de témoigner auprès des adultes et de milliers de collégiens et lycéens sur le racisme et l antisémitisme, la peur et l indifférence, qu elle présente comme sources de la violence. Magda HOLLANDER LAFON, juive de Hongrie, avait 16 ans quand elle fut déportée avec sa mère et sa sœur à Auschwitz. Quelqu un lui souffle : «dis que tu as 18 ans». Elle échappe ainsi à la chambre à gaz, où sa mère et sa sœur disparaissent le jour même. Un jour, une femme mourante lui fait signe de s approcher. Elle lui tend les quatre petits bouts de pain qu elle tient dans la main : «Prends, tu es jeune, tu dois vivre pour dire au monde ce qui se passe ici». Ces paroles donneront naissance en mars 2012 à son troisième et dernier livre «Quatre petits bouts de pain». PASSER DE LA MORT A LA VIE : de victime à témoin Dans ses témoignages, Magda Hollander-Lafon a élaboré une pédagogie de transmission basée sur une préparation et un accompagnement de type oral et écrit ; le but est que chaque jeune puisse s approprier personnellement le temps d échanges et surtout que cet échange soit un tremplin de vie. «J ai conscience que ce serait destructeur d enfermer la nouvelle génération dans une mémoire uniquement douloureuse. La question qui m anime est : comment transmettre l incommunicable avec des mots de façon à mobiliser en chacun un appel à la responsabilité, à la vie». L écriture a été pour Magda Hollander Lafon un moyen pour «tourner une page», elle va permettre ce que chaque jeune s investisse, trouve sa place, se sente concerné individuellement, s engage par ses questionnements : quelques semaines avant la rencontre, un questionnaire anonyme est remis à chaque jeune pour permettre d oser plus facilement poser des questions mais aussi pour que s expriment des préjugés, des représentations sur l étranger, pour que se disent aussi des peurs ; une rencontre avec des représentants des jeunes permet ensuite de sélectionner quelques questions qui constitueront un levier pour un échange impliquant chacun ; un questionnaire sera aussi remis à chaque jeune après la rencontre pour prolonger le travail avec les professeurs, pour voir comment le témoignage a été «reçu» et «compris». Cette démarche éthique se fonde sur un accompagnement soucieux de chaque interlocuteur pour que la transmission soit à la fois la plus juste possible mais aussi la plus porteuse non de violence mais de sursaut créateur dans sa propre vie, au plus près de sa quotidienneté, de ses liens familiaux et sociaux. Les détails donnés, dans les échanges avec les jeunes comme dans ce livre, ne sont jamais crus mais porteurs d espoir : Magda Hollander Lafon privilégie les faits historiques qui mettent en lumière l Humanité qui persistait dans les Camps au milieu de l abominable, elle explique aussi la montée du Nazisme pour éveiller en chacun le sens de responsabilité individuel, pour que chacun se sente co-constructeur du présent et de l avenir : chaque jeune est ainsi restitué dans sa place d acteur citoyen responsable de ses actes comme de ses paroles et surtout capable d agir pour bâtir une société plus humaine, plus fraternelle : «Mon seul désir, en témoignant, c est que vous trouviez confiance en vous-mêmes, que vous soyez capables de vous engager en personnes libres ( ) Discernez, choisissez et devenez responsables de vos choix. Transformez l indifférence et l ignorance en solidarité. ( ) Il vous reste maintenant à imaginer, à œuvrer ensemble, à cultiver de vrais liens, avec moins de peur, pour retrouver l espérance en l humanité de l homme, pour être des témoins vigilants, aujourd hui, là où vous êtes. Vous êtes les bâtisseurs de votre vie et vous êtes responsables de votre devenir» (Quatre petits bouts de pain)

ORIGINE DE L ASSOCIATION Vivre en Paix ensemble Notre association est née d un collectif de rennais (dont notre Présidente d Honneur, Magda HOLLANDER LAFON, témoin de la Shoah) ayant participé en mai 2003 à un «voyage» unique à Auschwitz Birkenau organisé par le Père Emile SHOUFANI et pour lequel il obtint en 2003 le Prix Unesco de l Education à la Paix. Ce voyage, intitulé Mémoire pour la Paix, a rassemblé en mai 2003 plus de 500 personnes, venues d Israël, de France et de Belgique : juifs, musulmans, chrétiens, agnostiques, non-croyants, libres penseurs. Il s agissait de partager la mémoire de l extermination des juifs, dans un geste délibérément gratuit, sans demande de contrepartie de la part des arabes, seuls organisateurs de ce voyage. Une des consignes données était d y participer à titre strictement personnel, en ne revendiquant aucune appartenance politique ou religieuse. «Il ne s agit pas là d un rassemblement interreligieux mais d une démarche de personnes humaines en tant que telles» (Emile Shoufani). Les membres de ce collectif ont été sensibles à la singularité de cette démarche fondée sur une véritable écoute de l autre (y compris de sa souffrance, de son histoire ressentie), sur un dépassement de la position victimaire et des démarches fondées sur le seul échange d arguments. MISSIONS DE L ASSOCIATION et EXEMPLES D ACTIONS Notre association réunit des hommes et des femmes de BONNE VOLONTE cherchant à œuvrer pour le rapprochement des personnes dans une démarche d éducation à la paix. A-confessionnelle, notre association est attachée à la LIBERTE DE CONSCIENCE. Elle n est affiliée à aucun parti politique, aucun syndicat, aucun mouvement idéologique. Notre association se donne pour mission globale d initier, de faire connaître ou de soutenir des projets qui s inscrivent dans une démarche d EDUCATION A LA PAIX conforme à l esprit de l association (logique d écoute de l autre, position éthique se dégageant de parti-pris «pour ou contre», esprit de non-violence et d unité avec l autre, travail sur la Mémoire). Notre association privilégie les TEMOIGNAGES de «bâtisseurs de paix» qui ne se situent pas dans cette logique du «pour ou contre» mais dans une dynamique d écoute et donc de compréhension des représentations, des besoins, des peurs, des souffrances et espérances des acteurs concernés. Notre association soutient le travail d éveil des consciences et de l esprit critique réalisé depuis plus de 30 ans par Magda HOLLANDER LAFON auprès de scolaires. L association s est associée à la promotion de la sortie de son dernier livre Quatre petits bouts de pain par le biais de rencontres-débats. En 2005 et 2010, avec l aide de la Mairie de Rennes, notre association a invité Emile SHOUFANI à présenter sa démarche de fraternisation au cœur même de la société israélienne (entre citoyens d origine juive et arabes chrétiens ou musulmans). En mai 2009, l association a invité un couple de palestiniens de Bethléem à témoigner de ce qui se construit au sein des groupes de femmes palestiniennes et israéliennes initiées à une démarche singulière d Education à la Paix portée par Ruth BAR SHALEV. En parallèle de ces témoignages, nous souhaitons créer des liens entre les personnes pour dissiper les représentations et les possibles préjugés. C est ainsi qu en juin 2007 a été initiée une démarche aboutissant à un concert public à la salle de la Cité de Rennes. Ce concert qui a réuni des élèves des collèges rennais de Saint-Vincent et des Chalais devait permettre que des jeunes (et leurs familles) de quartiers et d origine (culturelle, sociale, etc.) différents se rencontrent et partagent un processus artistique et pédagogique. Déjà en 2005, l association avait favorisé, à l occasion de la 1 ère venue à Rennes d Emile Shoufani, des rencontres cette fois-ci interreligieuses entre juifs, chrétiens et musulmans. L association souhaite être à l origine de projets valorisant le travail de mémoire. Ainsi est né avec notre ami et membre de l association Ernst KNÖß le projet de traduire l exposition Gegen den Strom qui met en lumière ces allemands qui ont secouru des juifs en 39-45. Nous avions soutenu précédemment le travail de traduction du film La Piste par notre amie et membre de l association Annick PERRIGAULT retraçant la construction d une piste d atterrissage par des prisonnières d Auschwitz (parmi ces femmes, Magda).