#44. le journal qui ne s use que si l on s insère. : Cinéma, des images pour tous p. 2 / Garantie Jeunes, un nouveau dispositif p.



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Transcription:

le journal qui ne s use que si l on s insère #44 05-2015 / 2,5 : Cinéma, des images pour tous p. 2 / Garantie Jeunes, un nouveau dispositif p. 8 / Prime d activité p. 10 / Un guidon dans la tête p. 14 / Ailleurs : balade aux musées de moulins p. 16 dossier

au cinéma IMAGES pour tous ier tous dans la salle obscure, c est d abord un loisir, une promesse de moments drôles ou émouvants, à chacun ses goûts c est aussi un métier, et même toute une gamme de métiers pas toujours bien connus. dans la grande ville et jusque dans les plus petites communes du département, tout le monde peut profiter des joies du cinématographe, parfois même à des prix adaptés aux petits budgets! c est aussi un moyen d expression pour ceux qui veulent, derrière la caméra, raconter leur histoire, leur quartier dos s Tapis rouge ou pas? Découverte du Festival du court métrage de Clermont : que vaut-il aux yeux d une habituée de Cannes? 2 Marie-Thé Carnazza Rémi Boissau A u premier abord, il manquait le tapis rouge à l entrée, mais l affiche attirait le regard. Il faisait froid à l extérieur, en ce début février, mais chaud à l intérieur pour chaque court métrage que j ai vu. Ce festival est beaucoup plus populaire, moins snob et fantasque que celui de Cannes, moins grandiose, mais passionnant, émouvant, captivant, angoissant. On a suivi la file d attente pour enfin, pas à pas, arriver dans cette grande salle. Papotages et brouhaha, stylo, cahier, noir complet, l écran s éclaire, projection des films. Certains m émeuvent, me dérangent, m indiffèrent, d autres me captivent. Des applaudissements surgissent plus ou moins fort, je suis le mouvement, parfois à tout rompre. Je sors de chaque séance avec des films plein la tête. À trois copines un peu perdues dans la foule, on revient pour notre dernière séance, on s installe au 6e rang juste derrière nous, le jury. D après leurs résumés, deux de ces films devraient me plaire, une intuition me traverse l esprit : «On ne va pas le regretter, ce seront les meilleurs.» Les gens s agglutinent et nous encerclent peu à peu, il fait chaud, il fait bon, j ai le cœur un peu nostalgique. La projection se finit par un tonnerre d applaudissements, de rires, de chuchotements pour les deux derniers films, la séance est finie Dehors, le froid nous saisit, j ai chaud au cœur, est-ce qu on déroulera le tapis rouge pour un de ces films ou non? sur le web Six films vus Articles sur 6 courts métrages, dont 4 du festival 2015 : Perrault, la Fontaine, mon cul, de Ludovic et Zoran Boukherma et Hugo P. Thomas, Guy Moquet de Denis Heringer, Eût-elle été criminelle, de Jean-Gabriel Périot, et Onder ons (Parmi nous) de Guido Hendrikx ; et deux autres films : La Dérive, de Matthieu Salmon, 2011, et La femme du lac, animation de Mathilde Philippon-Aginski, 2010 par Sabine Carénou, Marité Carnazza et Rebecca Schmitt-Quenelet sélectionneur de courts phm à l association Sauve qui peut le court métrage, comment choisir les programmes du festival parmi 8000 films? sébastien raconte

Numériquement Viouze Fabrice Tarit «Même si je suis une inconditionnelle de la pellicule 35 mm, il faut reconnaître que la qualité visuelle et sonore du numérique est irréprochable. C est un énorme avantage pour nous», explique Janick Cordier, la jeune responsable du cinéma La Viouze, aux Ancizes (en photo avec Jean-Pierre, projectionniste). Depuis son rachat en 2013 et son exploitation en régie par Manzat Communauté, l ancienne salle créée par les aciéries Aubert & Duval en 1954 est passée à la pointe de la technologie. «On reçoit les films par Internet. Leur exportation sur notre serveur dure 4 à 5 h. C est un système très simple et révolutionnaire.» Finis les problèmes de pellicule, ni bruit, ni casse. De quoi ravir les 330 spectateurs que le cinéma peut accueillir, ou nourrir les regrets des puristes attachés aux bobines. Rénovation du chauffage, de la toiture, mise aux normes et accessibilité aux handicapés, le seul cinéma à 30 km à la ronde fait peau neuve. Fruits de la collaboration avec l association Plein champ, à laquelle le cinéma est adhérent (voir ci-dessous), de nouvelles initiatives ont vu le jour. «Nous développons des séances ciné-seniors en après-midi, des ciné-goûters dédiés au court métrage pour le jeune public et des ciné-débats en présence des réalisateurs.» Plusieurs festivals comme Les gamins de la Viouze, programmé lors des vacances scolaires ou Play it again, dédié aux films anciens, sont également à l affiche. «La Viouze fonctionne comme un complexe urbain, avec une programmation variée. Grosse production ou Art et Essai, le public est de plus en plus réceptif. Nous continuerons d innover, de surprendre», poursuit Janick. À 4,50 la séance (tarif abonnement), les portes sont ouvertes à presque toutes les bourses. Et au milieu... coule la Viouze. La bien nommée rivière qui jouxte le cinéma, ou l inverse... La Jetée : visionnage gratuit Unique en Europe et entièrement dédié au septième art, le Centre de documentation cinématographique de La Jetée, à Clermont, propose des séances gratuites pour tous. Sept postes vidéos individuels permettent de visionner sur place plus de 80 000 films courts et 3 000 longs. Un espace pour des séances en groupe est accessible sur réservation. Et en consultation libre, de nombreux ouvrages, scénarios, photos et magazines spécialisés. 6 place Michel-de-l Hospital, tél. 04 73 14 73 02, courriel bibliotheque.lajetee@ agglo-clermont.fr, site clermont-filmfest.com sur le web faire pousser les petits cinés L association Plein Champ, coordonnée par Fabienne Weidmann, est un outil de soutien au réseau du cinéma indépendant en Auvergne. par Sabine Carénou CINEPARC : écrans À l ouest Ciné-Parc est un circuit de cinéma itinérant sur 29 communes du Parc naturel régional du Livradois-Forez, ou toutes proches. L association, qui emploie 5 personnes, peut également fournir des prestations à l extérieur (voir sur son site, plein d informations). Depuis 1989, Cinéparc vise à favoriser l accès du plus grand nombre à un cinéma diversifié : près de 26 000 entrées et plus de 700 séances en 2014. Tarif plein : 5, réduit 3 ( de 18 ans, étudiant, demandeur d emploi, carte Cézam) ; abonnement (10 places non nominatives) : 38 ; scolaire/groupe : 2.50 /personne Cinéparc, Maison du Parc Livradois-Forez, 63880 St Gervais-sous-Meymont, tél. 04 73 95 58 00, courriel cineparc@parc-livradois-forez.org, Projectionniste à tout faire phm après son licenc i e m e n t, J e a n Pierre cherchait un job : il travaille au j o u r d h u i au cinéma La viouze par Jean-François Murol 3 La Viouze fait peau neuve : le cinéma entièrement rénové des Ancizes se projette dans l ère numérique. Grosses productions, Art et essai, ciné-débats et festivals au programme

Guichard soigne son image! Guichard, 36 ans, est devenu projec tionniste parce qu il n était pas projectionniste! «Mon patron cherchait quelqu un qui ne soit pas du métier, pour le former à sa main». Rebecca Schmitt-Quenelet 4 dos s ier tous au cinéma Projectionniste aux Ambiances A près des études d anglais, Guichard Wiss a touché à pas mal de petits boulots qui l ont conduit à Clermont-Ferrand. Il s y est fixé voilà quelques années dans un nouvel emploi, au cinéma les Ambiances. Il aime ce travail qui l accapare beaucoup, même s il regrette un peu le passage des films au format numérique, début 2012. Guichard, titulaire du CAP de projectionniste, préfère la pellicule argentique, «plus vivante, car il y avait un vrai travail de préparation, un contact physique avec la pellicule, plus fidèle à l image. Aujourd hui, ce n est plus la peine d être spécialisé : on appelle le service d assistance en ligne quand il y a un pro- blème. Avant, on pouvait bidouiller» Les apprentis projectionnistes ont encore une petite formation à l argentique, explique Guichard qui s occupe d eux en qualité de conseiller de l enseignement technologique. En moyenne, de 7 à 15 personnes, de 25 à 40 ans, s inscrivent chaque année au CAP en candidats libres, en suivant des cours à distance1. La formation prévoit qu ils aillent voir les machines au moins une fois, et c est là que Guichard intervient en permettant l accès aux cabines de projection. Le CAP n est exigé que pour les salles municipales (voir Projectionniste à tout faire, p. 3). Ailleurs, dans les complexes notamment, ces employés n ont plus besoin d être spécialisés. Guichard est lui aussi polyvalent. Il s occupe de la projection, de la lumière dans la salle, des entretiens réglementaires (extincteurs, alarmes ), de la ventilation, la climatisation. Il tient parfois la caisse aussi! En dehors de son emploi, Guichard donne encore un coup de main comme projectionniste à La Jetée lors du Festival du court métrage. Cinéphile? «Je sais parler des films que je projette! Je ne suis pas pour autant fanatique au point de les découvrir dès leur sortie. Je les vois en dehors de mon temps de travail, ce n est pas possible depuis la cabine.» 1. Le Centre national d éducation à distance (CNED) s occupe de la formation par correspondance des enfants hors l école (hospitalisés, etc.) et aussi des adultes au delà du bac. Infos sur cned.fr sur le web Photomotion Comment filmer pas cher grâce au Stop motion, qui consiste à photographier un décor en déplaçant légèrement les personnages et objets à chaque prise par Fabrice Tarit de vue. Les Invisibles Avec ce court métrage (visible à la jetée), Akihiro Hata signe une œuvre poignante entre fiction onirique et documentaire sur les décontamineurs du nucléaire. Entretien. par Sébastien Juillard et Fabrice Tarit

Souvenirs de tournage du film Uranus Figurez-vous 5 En cette belle journée de mai 1990, je suis à des années-lumière du cinéma. Mais mon amie Nicole me propose de l accompagner pour un casting Monique Bayol C laude Berri a choisi la région de Maringues pour tourner son film Uranus, une comédie dramatique. L action se déroule en 1945, après la fin de la guerre. Une famille héberge des victimes des bombardements, et les règlements de compte s annoncent A notre arrivée à Maringues, la salle de la mairie est déjà pleine. J apprends alors qu il faut des photos. Affolée, je cours chez le photographe et reviens juste à temps. Une technicienne me demande de marcher et de ne pas me couper les cheveux! De retour chez moi, j oublie et Intermittent ou pas? le choix de Marcial : le statut d intermittent du spectacle est une nécessité qu il refuse pour l instant. par Lætitia Oleotto et Sébastien Juillard je retrouve mon quotidien. Quelques jours plus tard le téléphone sonne : la production m annonce que je suis retenue comme figurante! Je suis folle de joie! Premier contact avec les coulisses pour l essayage des costumes d époque : une robe, des chaussures à talons (difficiles à trouver en pointure 34) et un petit sac à main où j ai caché mon appareil photo. Enfin arrive le jour du tournage. Sans voiture ni permis, je me débrouille pour les trajets, en stop ou avec des nouvelles amies rencontrées sur place. Pas question de rater ça! «Mais oui, mon p tit!» Pour quelques minutes où j ap- parais à l écran, je vais passer beaucoup de temps à attendre durant ces cinq jours de juin. Maquillée, coiffée, vêtue de ma robe jaune, je ne compte plus les cafés et les balades dans la ville où je me sens décalée dans ma tenue rétro. Mon rôle est celui d une bourgeoise qui se rend à l épicerie. Je dois marcher, pas trop vite, et arriver juste avant l actrice Danielle Lebrun. Silence, on tourne! Action! Trop vite! Trop lent! Coupez! On reprend, enfin c est la bonne prise. Tout me donne l impression d une grande pagaille. On a droit à une pause sous le barnum pour grignoter des sandwiches et se rafraîchir. Tout est faux sur la place en ruines. J ai failli écraser un rocher en m appuyant dessus! Devant une façade, assis sur un banc, l acteur Jean-Pierre Marielle se repose. Il porte des lunettes de soleil. Il me parait grand. J ose m approcher et lui dis : «Bonjour, puis-je m asseoir à côté de vous?» Il dit oui de la tête. Je lui demande une photo avec lui, et il me répond avec sa voix inimitable : «Oui mon p tit!» Au moment du cliché, j ajoute : «Pouvez-vous enlever vos lunettes pour que l on vous reconnaisse?» Il éclate de rire et les retire. Je le remercie de mon plus beau sourire, ainsi que la coiffeuse de bien vouloir prendre la photo. Un autre jour, j attends devant le bar où doit se dérouler une scène extérieure. Le vent agace ma coiffeuse. Devant moi, Gérard Depardieu, calme, imposant, me regarde à peine, étonné d être en avance. J en profite et lui demande la permission pour une photo : un pâle sourire, un oui et c est dans la boîte! J ai découvert ainsi l ambiance des coulisses du cinéma. Cette expérience me laisse des souvenirs heureux, des photos, un instant de rêve dans une vie ordinaire Et, bien sûr, les 250 francs en liquide par jour de présence!

cinéma La Lutte, tournage local Micro-budget pour long métrage au Un film coûte trop cher. Il faut des partenaires, du matériel de pro, moins de liberté «Ah bon? Alors faisons le contraire!» Khalid et Nathaël relèvent le défi et tournent leur première œuvre : La lutte Le long métrage le moins cher du monde!» lancent avec fierté et dérision les deux jeunes réalisateurs amateurs clermontois, Khalid et Nathaël. «Nous n avons pas demandé de subvention. Nous voulions être libres et démontrer qu on pouvait le faire.» Au gré des rencontres, ils ont fédéré une trentaine de bénévoles et rassemblé du matériel vidéo. Largement inspirée par la méthode américaine One man army (homme 6 dos s ier tous «Fabrice Tarit orchestre), l équipe a fait des prouesses d ingéniosité. «On a fabriqué des décors, des accessoires vidéo et travaillé avec une association de recyclage pour rationaliser les coûts.» Total : 2 000, alors que le coût moyen est d un million... «Notre budget est celui d un micro métrage! C est une nouvelle façon de penser le cinéma. Tout le monde doit être libre de faire un film.» Entre autobiographie et fiction teintée d humour et d onirisme, La Lutte traite de la vie dans les quartiers, de double culture, de ruralité et des problèmes vécus par les femmes. «C est une tranche de vie où se croisent quatre destins de trentenaires galériens moyens. Ils ont en commun l oppression subie au quotidien, tout le monde peut s y retrouver», explique Nathaël. Et particulièrement les Puydômois puisque le film a été tourné entre Puy-Guillaume, Charbonnières-les-Vieilles et Clermont. Avec seulement six pages de scénario, le film repose sur l improvisation des comédiens. «Il n y a pas de dialogues écrits. Souvent, la première prise est la bonne car elle se fait à l instinct», poursuit Khalid. Soucieuse de partager sa façon de faire, l équipe travaille aussi sur le making-off. «Plus qu un film, c est une expérience sociale». Une expérience qu ils poursuivront sur le net : le film sera téléchargeable en échange d un don à une association humanitaire. Loin des strass et des paillettes, La Lutte innove, La Lutte fédère, la lutte continue... Projections à Clermont : le 1er juin au café-théâtre Défonce de rire, le 13 juin à la Maison du peuple, en septembre au cinéclub étudiant Cinéfac (voir page 7). D es s i n e - m oi un Cournon Depuis 2010, le lycée René Descartes, à Cournon, fait partie des cinq écoles françaises formant en deux ans les futurs pros du cinéma d animation. Virginie Maire et Fabrice Tarit «Nous sommes tous passionnés de cinéma d animation, d art et de dessin. En six mois, nous avons déjà réalisé deux films et une pièce de théâtre», explique une élève de première année du diplôme des métiers d art (DMA) en cinéma d animation de Cournon. Créé en 2010 au lycée Descartes par deux enseignantes en Arts appliqués, Sophie Gallo et Karine Paoli, rejointes depuis par Joan Guyonnet, ce bac + 2 forme les futurs professionnels de la réalisation de films d animation pour le cinéma, la télévision ou le web. Avec plus de 500 candidatures pour 15 places par an, l école est sélective. De bonnes bases en dessin et un bac en arts sont nécessaires (ou un bac général complété d une année de mise à niveau). «Le cinéma d animation est au croisement de nombreuses disciplines, ce n est pas que du dessin!» prévient Sophie. Sur 38 heures de cours, les arts appliqués en couvrent plus d une trentaine. Dessin, apprentissage des logiciels vidéo, expression plastique, fabrication de maquettes, prise de son et autres constructions de décors sont à l affiche. La réalisation de films courts occupe aussi une place importante : en première année, elle est collective, sur un thème imposé. En seconde année, l œuvre est personnelle et libre. Des professionnels prodiguent leurs conseils avi- sés, de l écriture du scénario jusqu à l évaluation en fin de cycle, où ils assurent aussi la fonction de jury de fin d études. Enfin, six semaines de stage permettent aux élèves de connaître l univers des maisons de production. «Notre spécificité, ce sont les ateliers créatifs expérimentaux, animés par des professionnels reconnus. Les étudiants adorent ça, il y a de vrais échanges, loin de l institutionnel habituel», explique Joan. Autre avantage, le DMA est accessible financièrement. La formation est gratuite alors qu une école privée équivalente peut coûter plusieurs milliers d euros. «Il y a énormément à apprendre, constate lucidement un étudiant. Beaucoup d entre nous poursuivrons nos études aux Arts déco, à Paris, aux Beaux-arts, au sein de filières cinéma ou dans de grandes écoles comme celle des Gobelins.» Tel est le destin des futurs talents qui redessineront, un jour, le monde très animé du cinéma. Infos sur http://lyc-rene-descartes.entauvergne.fr

7 Trois films à Herbet Immergé dans un quartier dénigré, Samuel et son équipe s emploient à le réhabiliter. Par l image. Laetitia Oleotto S amuel Deprez a une formation d éducateur spécialisé, métier qu il a exercé pendant 10 ans avec des ados. Voilà dix ans, la ville de Clermont lui propose un poste de responsable du centre Copernic, structure municipale d animation dans le quartier d Herbet. «Les débuts ont été difficiles, il a fallu montrer patte blanche! Le centre était à l origine plutôt fréquenté par les plus anciens, on est allé chercher les jeunes. Toute l équipe, cinq personnes au total, a fait un gros travail pour entrer en relation avec eux. La relation de confiance s est construite sur des années.» Le quartier d Herbet, premier lieu d accueil de l immigration familiale maghrébine à Clermont, a joui longtemps d une mauvaise réputation, justifiée ou non. Au total, Samuel et son équipe ont réalisé trois films : dans les deux premiers, Là-bas, c est ici et Je me souviens, ce sont les femmes du quartier, puis les hommes qui témoignent (voir Exclusif n 31 et 33). Puis France 3 a organisé un concours national, Filme ton quartier, qui fut l occasion d un troisième film, Herbet Les cités Saint-Jean. Travail de mémoire «L idée des films est venue naturellement. Il s agit tout simplement de faire exister les habitants, de leur donner la parole, de les présenter différemment par rapport aux préjugés, explique Samuel. A l époque, ça m avait mis la rage de voir leurs conditions d habitation et le dédain pour les populations immigrées. Ce sont des gens pudiques, mais j ai ressenti qu il y avait un réel besoin d expression. C est aussi et avant tout un travail de mémoire.» Car le quartier s est vidé progressivement de la plupart de ses habitants, avant sa démolition-reconstruction qui est en cours un grand lycée professionnel, notamment, doit y être réalisé. «Il reste 150 habitants sur les 1000 d il y a dix ans. J ai vu le quartier changer mais sans m en apercevoir. Les travaux me mettent devant le fait accompli.» Cinéfac : pas cher Le troisième film de Samuel, Herbet Les cités Saint-Jean (3 30), visible sur YouTube1, montre le quartier sous un angle différent des deux premiers. Plus abouti que les deux autres sur le plan technique, il ne contient pas de témoignages d habitants ; c est une voix off, celle de Samuel, qui fait le point sur l histoire du quartier, son passé, son vécu, son devenir. Le réalisateur a fait avec les moyens du bord, et il joue d ingéniosité pour offrir des plans en hauteur, passant d un toit d immeuble à l autre C est fini pour cette année mais notez-le pour 2016 : de janvier à avril, les mardis soirs à 20 h 30 (hors vacances scolaires et périodes d examens), le cinéclub étudiant Cinéfac, ouvert à tous, présente des (bons) films en version originale sous-titrée, précédés d un court métrage et d une présentation du film. Tarifs : 3, réduit 1,5 ; pour 10 séances : 25 et 12 Ça se passe au grand amphithéâtre de la fac de lettres, 29 boulevard Gergovia à Clermont, et il y a généralement une affiche pour guider. 1. à l adresse https://youtube.com/ watch?v=yahbfhto1ew Cinéfac, infos sur le site http://cinefac. o2switch.net/

Garantie jeunes, un dispositif différent pour l i «I NEET a job» 8 quoi de neuf? NEET : Not in Education, Employment or Training : pas à l école, ni au travail ni en formation. Les anglophones ont trouvé cet acronyme pour désigner les jeunes en précarité, ceux qui need a job (ont besoin d un job), première cible du dispositif de la Garantie jeunes. Fabrice Tarit la demande de secteurs porteurs? Ne sont-ils pas parfois la variable d ajustement salariale d entreprises peu scrupuleuses? Selon le CESER 1, 96 % des jeunes sélectionnés étaient déjà en relation avec les Missions locales : la Garantie jeunes profite-elle vraiment aux plus éloignés de l emploi? Étant donnée la conjoncture actuelle, seul le chômage semble bénéficier de la meilleure garantie Nathalie Guillien entre ses collègues conseillères Marina Guerniou et Claire Garnier (de g. à droite) P ilotée par les Missions locales pour l emploi des jeunes, la Garantie jeunes est proposée aux NEET motivés. Contre une allocation mensuelle de 450 euros durant un an, le jeune s engage à suivre des formations collectives et à réaliser un maximum de stages professionnels non rémunérés. «La philosophie n est pas d avoir un projet professionnel, mais de se tester en entreprise pour mieux se connaître. Et acquérir ainsi cette première expérience qu on leur reproche de ne pas avoir», explique Mme Guillien, responsable de la Garantie jeunes qui a débuté en janvier 2015 à la Mission locale d Issoire. «Dialoguer avec les entreprises et les informer de ce programme est primordial pour créer un réseau.» Les quatre premières semaines (de 35 h) sont consacrées aux ateliers collectifs, chacun d une quinzaine de jeunes : au programme, CV, lettre de motivation, gestion du budget personnel, sport, surf sur la toile, formations au secourisme Il s agit de mettre en valeur des compétences, des savoir-faire et des savoir-être. «Les actions collectives apportent de la richesse au groupe. Les différences génèrent de la vigilance 1. CESER : Conseil économique social et environnemental régional et du respect entre eux. Cet esprit de solidarité est tout à fait nouveau.» Des professionnels leur prodiguent aussi des conseils ; certains, généralement chefs d entreprise, parrainent un groupe. Questions à l horizon Une fois initié aux codes de l entreprise, le jeune doit se lancer. «Après cette première phase de formation, 80 % de nos 17 jeunes sont en stage et 20 % sont en CDD». A Issoire, 120 jeunes intégreront le cursus en 2015. Reste à savoir si le territoire sera en mesure d absorber cette demande de stages sur le long terme. À Clermont, où le dispositif a été expérimenté dès 2014, la Mission locale reçoit 5 500 jeunes : la Garantie jeunes n est pas destinée à accueillir tous ceux-là. Y a-t-il une sélection? Les Missions locales étant jugées sur les chiffres d emplois et de stages obtenus par les jeunes, on peut se demander si elles les orientent suffisamment vers des formations qualifiantes. Les jeunes sont-ils contraints de trouver un travail ou un stage, quelle qu en soit la nature, sous peine de radiation? Doivent-ils oublier leurs aspirations pour obéir à Garantie Jeunes : quelques chiffres Le dispositif Garantie jeunes (GJ) concerne les 18-25 ans en situation de précarité, sans emploi ni formation, aux ressources inférieures à 513,88 euros/mois. Le gouvernement souhaite toucher 150 000 jeunes d ici 2017. Pour cet accompagnement renforcé vers l emploi (un conseiller pour 50 jeunes, au lieu du triple habituellement), un contrat est signé entre la Mission locale (ML) et le bénéficiaire : il accepte les propositions d emploi ou de formation et perçoit une allocation équivalente au RSA pendant ses périodes sans emploi ni formation. L âge et le niveau à l entrée : 1 % moins de 18 ans, 39 % de 18 à 20 ans, 60 % au delà ; 48 % sans diplôme, 28 % CAP/ BEP, 21 % Bac et 2 % au dessus. A Clermont-Ferrand, la ML a expérimenté la GJ dès 2014 : sur 373 jeunes admis au fil de l année (3 promotions par mois), 99 jeunes avaient terminé leur parcours au 31 mars : 89 ont fait au moins un stage en entreprise et 63 ont obtenu un emploi pendant le dispositif. A la fin de celui-ci, 33 avaient un emploi (25 contrats de travail : 16 CDD dont 10 précaires, 9 CDI dont 3 temps partiel) ou une formation (4 en alternance, 3 en formation et 2 ont réintégré la scolarité).

insertion des jeunes? Des infos et des avis Paroles sous Garantie De g. à droite : Maxime Fardoux, Jordan Eberlé, Nicolas Borel, Romain Marques Botelho, Linda Gondel, Anouck Meyret, Nelly Roubertou, Flavienne Chassagne, Even Gueham et Claire Mottin D epuis janvier 2015, la Mission locale d Issoire expérimente la Garantie jeunes. «On est les ambassadeurs du projet», confient les jeunes bénéficiaires, âgés de 18 à 24 ans. Déjà tous suivis individuellement par la Mission locale, ils ont désormais pour règle l action collective. «C est trop bien! Ensemble, on s entraide, on se Oui, mais soutient. Fini d être seul!» Mais l isolement n est pas la seule difficulté. «Les entreprises ont peur de recruter des jeunes. Les préjugés sont tenaces : fainéants, bons à rien... Les anciens considèrent que c est de notre faute si on ne trouve pas de boulot.» Pourtant, tous ou presque ont des diplômes, du CAP jusqu à bac + 3. «Pour nous recruter, on nous demande de l expérience. Mais personne ne veut nous A 24 ans et avec un niveau licence, Eva a intégré la Garantie jeunes après un contrat de professionnalisation sans perspective d emploi. «J étais désespérée. La Garantie jeunes m a aidée pour les entretiens, CV et lettres.» Elle a apprécié le travail collectif, «un moment d expression libre entre jeunes», et le «vrai donner notre chance! Il faudrait juste qu on puisse se lancer.» Se lancer dans leur secteur. Car de l expérience, ils en ont, un peu. 90 % ont travaillé, mais juste pour des jobs d été. Autres problèmes majeurs, le logement et la mobilité. «Les entreprises nous disent souvent pas de permis, pas d emplois. M ais il coûte cher!» Certains ont pu se le payer grâce à l allocation suivi» réalisé par la Mission locale. Deux CDD de 6 mois puis 6 semaines lui ont été proposés par la même entreprise durant son passage dans le dispositif. Eva y travaille toujours mais en CDD renouvelé toutes les semaines. Le CDI promis et rêvé n est pas au rendez-vous. Positive, Eva recommande la Garantie jeunes à tous : «Ça motive pour trouver du boulot, se faire un réseau. Un jour, j aurai ma chance.» de la Garantie jeunes. Quant aux formations dispensées à la Mission locale, l avis est unanime. «Ce sont des pros. Ils savent de quoi ils parlent. Avant, personne ne nous avait expliqué ces choseslà. On en avait besoin.» Tout comme l intervention de leur parrain. «C est un chef d entreprise. Il nous a parlé de son expérience, nous met en situation d entretien et corrige nos défauts. On a fait un gros travail sur nous-mêmes pour chercher et mettre en valeur nos compétences. C est génial pour retrouver confiance en soi.» Après la théorie, la pratique. «Les stages nous permettent de découvrir des métiers sur le terrain et de définir un projet professionnel. On veut juste un peu de stabilité!» Et de conclure : «Bien sûr qu on recommande la G arantie jeunes! On en parle déjà à nos amis.» Paroles d ambassadeurs. Pour Léo, 22 ans, en quête d un employeur pour intégrer une formation professionnelle d hôtellerie, le constat est amer. «J ai l impression de me faire exploiter. Mes cinq stages se sont bien passés, puis rien. La Garantie jeunes c est très bien, mais ils ne peuvent rien contre les employeurs et le manque d activité.» Oui à la Garantie jeunes, mais sur le web Fabrice Tarit Le parrain, deuxième saison Directeur de l entreprise André Volailles, à Combronde, Yannick SOL est aussi papa poule (mais pas trop) d une promo Garantie jeunes. Entretien. par Lætitia Oleotto 9 Lætitia Oleotto et Fabrice Tarit

PPE + RSA = Prime d Activité? L ex-prime pour l emploi (PPE) et le RSA activité vont fusionner en Prime d activité, une nouvelle aide qui doit changer quoi, au juste? Didier Gouvignon et Sébastien Juillard D 10 quoi de neuf? ans le cadre d un énième plan quinquennal gouvernemental contre la pauvreté, la Prime d activité remplacera la PPE et le RSA activité dès le 1er janvier 2016. Annoncée dans une relative confusion, cette aide a comme objectif, selon M. Valls, d «encourager le retour à l emploi et simplifier l accès aux aides». C est-à-dire? Ça change pour qui? Pensée pour les revenus modestes, la prime d activité concernera tous ceux qui, à temps plein ou partiel, perçoivent moins de 1,2 smic mensuel. Grande nouveauté, les travailleurs de moins de 25 ans pourront en bénéficier. Ils étaient auparavant mis à l écart du RSA activité, sauf en cas d enfant(s) à charge, et pour une infime minorité seulement bénéficiaires du RSA jeune, difficile à obtenir : les plus jeunes sont donc les gagnants présumés de ce remaniement. En revanche, les travailleurs moins modestes, dirat-on, qui bénéficiaient de la défunte PPE devront en faire le deuil : l accès à la prime d activité est en effet plus restrictif. Après quelques atermoiements du gouvernement, la prime sera également ouverte aux jeunes en apprentissage et aux étudiants dès lors qu ils touchent au moins 0,8 fois le smic. Selon le gouvernement, la nouvelle aide concernera ainsi 5,6 millions de salariés, soit 4,5 millions de ménages. Mais il semble que ces prévisions aient été faites en comptant sur un taux de non-recours de l ordre de 50 % : en clair, on espère bien que la moitié des personnes y ayant droit ne la demanderont pas à leur Caf de la même façon que depuis des années, 68 % des personnes qui peuvent bénéficier du RSA activité ne le réclament pas. Ça change quoi? Les travailleurs qui percevaient auparavant la PPE verront normalement leur aide augmenter. Ainsi, un salarié au smic touchera 126 euros par mois au lieu de 68 (source : http://dossier-familial. com). Cependant, environ un million de travailleurs, sur les cinq à six millions qui touchent la PPE, seront exclus de la prime d activité : trop riches sans doute Actuellement versée aux salariés célibataires gagnant entre 311 et 1 454 euros, la prime d activité concernera ceux ne déclarant qu entre 575 et 1 360 euros. Pour les personnes au RSA activité (moins de 1 210 euros par mois), cette nouvelle disposition ne changera rien quant au montant. Mais elle devrait, en principe, en faciliter l accès. Elle ne sera désormais plus calculée tous les mois mais tous les trois mois, et prendra moins en compte la composition familiale, sauf pour les familles monoparentales. Néanmoins, s il réside chez ses parents, le demandeur verra ses droits calculés sur la base de l ensemble des revenus du foyer. Cette prime d activité ne concerne pas les titulaires du RSA socle ou de l ASS, mais une fusion de ces deux aides a aussi été annoncée par le gouvernement. Difficile pour l heure de dire qui seront les vrais gagnants de ce qui ressemble quand même à un bricolage budgétaire... sur le web l avis de l économiste Thomas Piketty Extraits : «Autrement dit, le gouvernement a choisi de généraliser un système dont le taux de recours est ridiculement faible. Il sait pertinemment que des millions de salariés modestes ne toucheront rien, l intègre dans ses calculs, et continue sa route.» ( ) «la vérité est que le gouvernement craint d être entraîné dans une réforme fiscale qu il avait promise mais qu il a choisi de repousser indéfiniment.» dans Libération du 19 mai 2015

L insertion et ses chantiers En 2011, à Thiers, grand succès pour le chantier des animateurs-monteurs de couteaux de l association Inserfac qui aidaient jeunes et touristes à monter leur propre couteau : 2000 pièces vendues dans l été. L État a baissé de façon importante ses dotations aux collectivités locales, dont le Conseil départemental du Puy-deDôme. De plus, les ressources de ce dernier sont grevées par la montée en charge du RSA, laquelle suit logiquement la courbe du chômage Cette situation affecte, entre autres, un acteur très important de l insertion : les Ateliers chantiers d insertion (ACI), chantiers sur lesquels Exclusif réalise souvent des reportages (voir p. 13, et ci-dessus). L association Chantier École Auvergne représente les ACI au niveau régional, soit 125 chantiers et environ 1200 postes salariés en contrats d insertion en Auvergne ; le Puy-de-Dôme en représente près de 40 % : 62 ACI et environ 490 postes. Objectifs : innovation et féminisation «Nos inquiétudes ont plusieurs causes,» explique Pascal Grand, délégué régional de Chantier École Auvergne, «dont les réformes en cours de l insertion et de la formation professionnelle. Ces réformes ont des conséquences économiques pour les structures et certaines sont en difficulté. L État et le Conseil départemental du Puyde-Dôme ne sont pas certains de réunir suffisamment de financement pour boucler l année 2015. D après les informations dont nous disposons, nous craignons que dans le Puy-de-Dôme, tout cela se traduise finalement par une baisse des financements correspondant à 25 emplois équivalents temps plein, soit environ 30 personnes.» Cela pour l année 2015 dans un premier temps. Outre cette contrainte financière liée à une enveloppe limitée, l État et le Conseil départemental souhaitent lancer une réflexion sur l offre des structures d insertion par l activité économique (IAE) dans le département et plus particulièrement sur les ACI. L État demande, entre autres, que les ACI soient davantage innovants dans les supports qu ils proposent, et aussi que les femmes y trouvent plus de place. Les ACI consacrés, par exemple, à l entretien d espaces verts et du petit patrimoine accueillent très peu de femmes, non par sélection mais par défaut de candidatures. Ces ACI sont assez nombreux et cofinancés par les collectivités (communes, communautés de communes). À l inverse, les chantiers plus innovants ont du mal à trouver un équilibre financier. «Il y a une réflexion à mener : qui doit financer l insertion, comment et pourquoi? Les collectivités locales gèrent et financent un ACI (et généralement un seul) si elles en reçoivent quelque chose, mais pas des actions basées sur le théâtre, par exemple, ou sur un atelier de montage de couteaux à Thiers (voir Exclusif n 33). Tout cela a des conséquences sur l équilibre économique des structures associatives qui portent plusieurs chantiers.» Justement celles qui peuvent innover et toucher un public plus large. Exclusif ne manquera pas de revenir sur ce sujet. Chantier École Auvergne, 17 rue Gaultier-de-Biauzat, 63000 Clermont-Fd, tél. 04 73 31 57 25 ; courriel: contact.auvergne@chantierecole.org ; site national :www.chantierecole.org À nos lecteurs Exclusif, dont vous constatez avec ce numéro qu il a réduit son format (de 22,5 x 31,5 mm à 21 x 29,7) pour cause d économies budgétaires, connaît lui aussi des difficultés dont nous avons parlé dans les deux numéros précédents. sans autres nouvelles à l heure actuelle, nous pouvons simplement annoncer que le n 45 paraîtra sur papier à l été prochain. Pour la suite, on ne sait pas 11 L insertion par l activité économique connaît des difficultés financières, mais nécessite aussi une réflexion en profondeur. Denis Couderc

IVG : paroles de médecin Gynécologue, le docteur M. est membre de l équipe du centre d orthogénie de l hôpital clermontois Estaing. Elle raconte Sabine Carénou quoi de n euf? 12 «La moitié de ma patientèle vient pour des consultations de suivi gynécologique et d obstétrique, et l autre pour des interruptions volontaires de grossesse,» explique le docteur M. qui se rappelle : «J ai passé ma thèse dans les années 1980. J étais pour la légalisation de l IVG, il m a semblé normal d aller au bout de mes idées, et j ai participé à la création du centre d orthogénie à la Polyclinique de Clermont-Ferrand. L IVG concernait alors surtout les femmes de 30-35 ans. Aujourd hui, avec l évolution de la maturité sexuelle, elle touche plus les femmes d environ 25 ans. Néanmoins, aujourd hui comme hier, les profils-types n existent pas : la demande peut venir d une quadragénaire à la grossesse surprise, d une adolescente qui a un accident de contraception, d une femme en post-partum». Suzy, l interne du service, complète : «Notre rôle est d écouter, de convenir avec ces femmes de ce qui est le mieux. Souvent, elles sont en souffrance et ont peur d être jugées. Nous devons les rassurer et leur expliquer posément les choix qui s offrent à elles.» C est pour cela que l une et l autre sont très attachées au délai de réflexion de sept jours récemment supprimé (voir ci-dessous) : «Qu est-ce que ça veut dire? s exclame le docteur M. Prendre le temps de réfléchir, ce n est pas manquer d autonomie! Il faut surtout que la peur ne paralyse pas la réflexion de ces femmes. Une fois qu on leur a expliqué les différentes étapes, elles peuvent sortir de la panique et profiter de ce délai pour se demander «Bon, maintenant, je fais quoi?» Un enfant qui n est pas que dans le corps «L enfant ne s installe pas seulement dans le corps des femmes, mais aussi dans leur tête» explique le docteur M. : après l IVG, certaines gardent en elles un enfant virtuel, qui peut mettre longtemps à les quitter. C est pourquoi le médecin insiste sur l accompagnement autour de l acte : le délai de réflexion, bien sûr, mais aussi le choix de l intervention, chirurgicale ou médicamenteuse, et l entretien avec un psychologue : «Il est obligatoire pour les mineures, mais facultatif pour les majeures. Cependant, nous le proposons systématiquement. Et souvent, les femmes qui le refusent sont celles qui en ont le plus besoin.» Il est essentiel qu elles se sentent épaulées par tous les professionnels qu elles rencontrent, et ne soient pas isolées. C est pourquoi le service d orthogénie est intégré au service de gynécologie. Il bénéficie même d un échographe, d un bloc et d un secrétariat dévolus, ce qui n est pas le cas partout en France. Et le médecin? La relève est là : «Je suis tranquille, explique le docteur M. Je sais qu à Clermont-Ferrand, d autres médecins, essentiellement des femmes, prennent la relève». Quant à ceux qui refusent de pratiquer des IVG, ils sont moins hostiles à leur égard que par le passé, soulagés que d autres s en chargent à leur place. L acte chirurgical lui-même a évolué : plus confortable pour le praticien, il reste néanmoins difficile : «Il faut que ça soit clair dans nos têtes à nous, médecins. Ici, nous sommes une petite équipe, nous échangeons beaucoup entre nous», expliquent le médecin et l interne. Elles sont satisfaites de faire ce qu elles font, pas pour elles mais pour ces femmes qu elles accompagnent dans des moments difficiles. Elles concluent : «Le plus important, c est la parole de nos patientes, c est elle qui doit guider tous les choix qui seront faits.» L IVG sur le Net : attention L interruption volontaire de grossesse n est pas un choix facile. Certaines femmes cherchent à s informer par Internet. Attention, sur la Toile peut-être plus qu ailleurs, certains discours sont habilement dissimulés : ainsi IVG.net apparaît en 2e ou 3e position sur Google. S il se présente comme un «organisme associatif» qui écoute et oriente gratuitement, son discours est fondamentalement anti-ivg. Il est néanmoins dans la légalité, et insiste habilement sur le fait que lors d une consultation IVG, le médecin est tenu de parler des risques liés à l intervention et des droits auxquels la potentielle future mère pourrait prétendre. Plus de délai de réflexion Début avril, les députés ont voté la suppression du délai de réflexion de 7 jours entre les deux consultations médicales de rigueur dans le cadre d une interruption volontaire de grossesse. Ils estiment que ce délai était inutile et imposait une semaine de doute ou de culpabilité aux femmes qui, pour certaines, étaient sûres de leur décision. Néanmoins, d autres voix rappellent que le délai permettait à d autres d appréhender plus sereinement la situation avant de faire leur choix, quel qu il soit. Pour tout renseignement, consulter le site officiel du gouvernement : http://sante.gouv.fr/ivg

Réparer sa voiture à moindres frais j ai Fait un "Détours" par Olliergues Avoir une voiture et le Rsa, pas facile! Assurance, carburant, entretien et gouffre financier voici une solution économique, le garage de l association Détours. Je vous emmène. 13 Lætitia Oleotto L association Détours, basée à Cunlhat, gère plusieurs ateliers-chantiers dans le Livradois, employant jusqu à 48 personnes en insertion : entretien de la voie ferrée à Arlanc, rénovation du patrimoine à Ambert, Cunlhat et à Olliergues, ce garage associatif accessible à ceux qui touchent moins de 700 euros par mois. «On répare une dizaine de véhicules chaque semaine, plus 12/13 vidanges», explique Didier Demaison, le chef de chantier. L avantage, c est le tarif. Seuls sont payantes les pièces de rechange, pas la main d œuvre : 32 euros pour des plaquettes, 300 pour une distribution, 90 le remorquage. «Je garde souvent les véhicules 24 heures, le temps d en faire le tour pour un bon diagnostic.» Le CCAS de Clermont propose une aide pour financer en partie, notamment le remorquage. J ai testé pour vous Je possède un Renault Espace 2, vingt ans d âge. L usure de certaines pièces se fait sentir, il y a urgence pour le parallélisme, un soufflet de cardan et un roulement de roue avant. D abord, quelques difficultés à nous joindre, avec le garage : j attends deux semaines une réponse à mon courrier, puis c est moi qui tarde à les recontacter par téléphone Enfin j ai un rendez-vous pour un diagnostic complet d une heure par Didier Demaison et son équipe. J en profite pour m inscrire à l association (conditions : carte grise à mon nom et dans le 63, cotisation de 15 euros, vérifications) et caler le rendez-vous pour les réparations, dans 15 jours sauf pour le roulement que j avais déjà acheté. La charte de l association précise que les pièces fournies par les clients eux-mêmes ne sont pas acceptées, pour des raisons de responsabilité et d assurance. Le jour dit, je laisse donc ma voiture en bonnes mains, pour 24 heures. La facture s élève à 30 euros (soufflet) + 67 (parallélisme) : moins de la moitié de la facture d un garage classique. Le hic pour les Clermontois, ce sont les 50 km jusqu à Olliergues. Pour les Ambertois, c est deux fois moins grave Didier évoque les projets de Détours : «Un garage à Billom, et peut-être un véhicule de dépannage qui ferait des diagnostics sur Clermont, évitant autant de trajets jusqu à Olliergues.» Dès qu il y aura des financements 27 avenue Mal de Lattre de Tassigny, 63880, tél. 04 73 95 37 72 ou 09 63 45 23 99 20 juin : fête champêtre avec Terre decorinneliens Dupasquier L association Terre de Liens Auvergne organise le samedi 20 juin une journée de réflexion et de fête, à la Grange de Mai de Saint-Saturnin, dès 9 h 30. Plusieurs objectifs à cette manifestation en partenariat avec Bio63 : promouvoir une agriculture saine et de proximité, sensibiliser aux thèmes du foncier agricole et de l installation des agriculteurs, aider à la collecte de dons. Il s agit aussi de soutenir la prochaine acquisition des dix hectares du Verger de l étoile, à Saint-Amant Tallende. Au programme, conférence, marché de producteurs, tables rondes et ateliers de création ouverts aux enfants. Covoiturage Auvergne contribuera au transport (contact par courriel : aurore.barrere@yahoo.fr).

c r e a c t i f Un guidon dans la tête d u La vélonomie, qu est-ce que c est? L autonomie dans l entretien et la réparation de son vélo. De ce néologisme, les fondateurs du Guidon dans la tête ont fait leur devise. Sabine Carénou 14 créactif t i t r e Pas de coup de pompe pour les bénévoles! A près avoir animé un atelier vélo pendant quatre ans, Manu et Jean ont décidé à l automne 2014 de fonder l association Tous deux roues. Créée sans subvention, elle a contracté un emprunt auprès de particuliers afin de lancer au plus tôt son activité. Celle-ci a démarré en janvier 2015 et Tous deux roues compte déjà 300 adhérents. S appuyant sur l expérience d un réseau national d une centaine d associations, les fondateurs ont installé à Clermont-Ferrand leur atelier d autoréparation de vélos, baptisé Un guidon dans la tête. Moyennant une cotisation de 10 à 30 euros, les adhérents viennent pour réparer eux- mêmes leur biclou, acheter à prix libre des pièces d occasion, bénéficier de conseils Ceux qui le souhaitent peuvent même trouver des vélos d occasion entièrement réparés, pour 40 à 80 euros. Un guidon dans la tête se veut un lieu de partage où circulent des idées chères aux fondateurs : «Le vélo, c est la liberté, l autonomie, mais aussi une façon de vivre, de ne pas polluer, de recycler, expliquent Manu et Jean. Avec quatre vélos défaillants, on peut en moyenne en retaper trois et récupérer sur le dernier des pièces qui serviront à d autres.» Les projets ne manquent pas : apéro-démontage une fois par semaine, mise en place d un atelier mobile de réparation pour intervenir sur les festivals ou dans différents quartiers Ils espèrent également obtenir le financement d un emploi aidé et un local à plus faible loyer. Le lieu actuel, joyeux bazar hétéroclite, a de quoi séduire : outils, accessoires, conseils et livres sont mis à disposition de tous ceux qui en pincent pour la petite reine. Un guidon dans la tête, 7 rue Barillot-veuve-Coupelon, 63000 Clermont-Ferrand, tél. 06 64 09 19 34 (Manu), http://unguidondanslatete.fr, ouvert du mardi au samedi de 14 h à 20 h et le dimanche de 11 h à 17 h. sur le web librairies clermontoises : hauts et bas Huit mois après sa réouverture sous forme de société coopérative, la librairie Les Volcans semble en bonne voie de renouveau. Mais Papageno, dédiée depuis trente ans à la littérature jeunesse, a fermé ses portes. Ça vous a plu? abonnez-vous Abonnement simple : 1 an, 4 numéros = 10 Abonnement multiple : 5 exemplaires des 4 numéros = 20 Règlement à Exclusif, 3 rue de la Treille, 63000 Clermont-Ferrand Nom Adresse Diffusion gratuite pour certains allocataires du RSA, financée par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme Exclusif est édité par l association Exclusif avec le soutien du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, de l État et de ses abonnés. 3, rue de la Treille, 63000 Clermont-Ferrand, tél. 04 73 91 34 16 - Courriel : exclusif63@wanadoo.fr Site : journal.exclusif.org Directeur de publication : Yves Armandet Webmaster : Christophe Blaize Rédaction en chef : agence Par écrit : Michel Bresson, Denis Couderc, Corinne Dupasquier, Sébastien Juillard, Florence Plane ; photographie : Rémi Boissau Rédaction et photos : François Delègue et Fabrice Tarit, avec Monique Bayol, Sabine Carénou, Marité Carnazza, Marie de Oliveira, Didier Gouvignon, Jean-François Murol, Lætitia Oleotto, Mickaël Peauger, Anaïs Pommier, Gina Raibaut et Rebecca Schmitt-Quenelet. Illustrations : Pierre-Henri Malartre Impression et routage : De Bussac, groupe Drouin Tirage : 12 500 ex. - Dépôt légal : mai 2015 Commission paritaire : en cours - N ISSN : 1762-4568

Lætitia Oleotto & Michel Bresson m o l La lumière baisse. Un chauffeur de salle présente les artistes : ce soir-là, cinq humoristes se partagent la scène du café-théâtre clermontois Défonce de rire. é Poilade obligée! M é l i - est plutôt décontractée. Dans la salle, Yoann Combronde jubile. Originaire de Thiers, le gérant du lieu a fait des études de photographie à Lyon puis exercé son métier dans le milieu du théâtre, où il s est créé un solide carnet d adresses. Merlin l enchanteur L es artistes sont plutôt jeunes. Surtout des garçons qui plaisantent sur leurs déboires avec les filles. Ils parlent de Mac Do, de leurs parents, de leurs doutes, de leurs rêves Ils jouent avec le public. Ils vannent aussi parfois. Un humour énergique et culotté. Un quart d heure chacun en stand up. Un exercice difficile et rythmé où les comédiens défilent seuls face aux spectateurs. C est une fille qui clôture la soirée. Un petit bout de bonne femme pétillante et très drôle. Dans la salle le public réagit. Il rit, hue, applaudit... Certains montent sur scène. L ambiance 1 2 3 4 5 6 7 8 «Un soir, j étais venu à Clermont rendre visite à mes parents et j ai eu envie d un spectacle comique. Je n ai rien trouvé. D où l idée d ouvrir mon propre café-théâtre!». Dès lors, tout va très vite. La mairie de Clermont l aide à dénicher un local, mais le financement du projet reste privé. C est compliqué mais il finit par ouvrir une salle accueillante de 75 places. Le succès est immédiat. Il est vrai que Yoann tape d entrée dans le haut de gamme! Le comédien Jacques Chambon (Merlin dans Kaamelott ) parraine le lieu : avec ses copains de la série-culte, ils enchantent le public le soir de l inauguration, en octobre dernier. Depuis, la salle ne désemplit pas. L affiche proposée se veut toujours de qualité : «Je regarde les shows avant de les programmer, explique Yoann, ou j envoie quelqu un le faire.» Il reçoit jusqu à quatre ou cinq candidatures par jour et propose un spectacle différent chaque semaine, avec des scènes ouvertes un mardi par mois (entrée gratuite). Peu d artistes locaux se produisent, beaucoup viennent de Lyon ou Paris, mais pourtant, ce soir-là, un Riomois et un Clermontois se font les dents et croquent un public ravi. Défonce de rire, 34, rue Saint-Dominique, 09 67 00 78 82, http://defoncederire.com Tarifs : 14 l entrée, 11 en tarif réduit (RSA, chômeurs..). On peut, en plus, boire un verre, grignoter HORIZONTALEMENT A- Ceux qui l ont été avec Marielle et Depardieu se la pètent parfois B- Prenait le parti de se moquer. C- Pas une brève de journal, pourtant c est un article tout court - Fit de brillantes pompes. D- Pote en vrac Masculin et démonstratif - Début d erreur. E- Parfois troublantes au cinéma mais pas que! F- Jolies sur un veston. G- Elle sort d un four à pain angevin. H- Demi-merde - On aimerait bien se faire tailler un costard dans celui de Moulins. I - On y tombe plus vite qu on en sort, hélas. 9 a b c d e f g h i sur le web livres Les rédacteurs d Exclusif se sont penchés sur trois ouvrages dont le point commun est d avoir été rédigés par des auteurs de notre région. Marie-Hélène Lafon publie aux éditions Buchet/Chastel son treizième ouvrage, Joseph, un roman inspiré de la vie rurale dans son Cantal natal. Cécile Coulon présente Le Cœur du pélican, l entrecroisement des histoires de trois adolescents, jusqu à l heure du bilan Enfin, Sébastien Juillard publie aux éditions Scylla une nouvelle d une soixantaine de pages, Il faudrait pour grandir oublier la frontière : la frontière, c est celle qui sépare Palestiniens et Juifs à Gaza. Bonne lecture de ces articles sur notre site! VERTICALEMENT 1- Pour le faire pas cher, voyez page 6 - Pas la grande classe. 2- Se déplacerait - Breton mais n éclaire pas. 3- Signal de départ - Film de Ben Affleck. 4- Sans nuance - En trois lettres elle coule, en une elle fit toute une histoire au cinéma. 5- Si on l a fait on est gai, avec un Z en plus c est complet! - On en a plein le dos sier. 6- Pas souvent social, au cinéma il peut faire perdre la tête 7- Trois quarts de nain - À toi -.. tu vas à Rio 8- Les photos ne le sont plus, ou alors dans les vieux films - Il pédale dans les nuages depuis 1982. 9- Parfois filantes, même au cinéma Permet de jouer au golf et de finir ces mots croisés! Proposés par Monique Bayol SOLUTIONS DES MOTS CROISÉS : ici se cachent les mots employés dans la grille ci-dessus 15 Défonce de rire rie Figurants as fade tirees vair nai ascenseur ri musee tu eau ca precarite Mia adieu contras ce fouee go PIECES uni irait cira stars tee er remuant Etreintes dopa sec ganses taper si nervure cp ovin ET ecot argo mente La far clave filmer laine cinema AIRE Ironisait te bisous

Gerda Muller, Georges Lemoine, Solotareff, Philippe Corentin... On peut admirer au MIJ des planches originales de ces artistes, archivées dans de petits tiroirs verticaux que l on ouvre comme des boites à trésor. O moulins, allier planches et tiroirs au musée de l illustration 16 ailleurs À uvert en 2005, le Centre de l illustration devient Musée de l illustration jeunesse en 2011. Son objectif premier est de conserver et présenter au public environ 3 500 planches originales, essentiellement des œuvres françaises d illustrateurs pour la jeunesse, cédées pour la plupart dans le cadre d une donation par l illustratrice italienne Letizia Galli. Le musée constitue également une collection permanente qui retrace l historique de l illustration jeunesse. Emmanuelle Martinat-Dupré, la responsable scientifique, en fait remonter l origine au changement du statut de l enfant au XVIIIe siècle. Elle note un inté- rêt récent : «Aujourd hui, l illustration jeunesse connaît un véritable essor, et les cotes des originaux ont grimpé.» Malgré cet engouement, il n est pas toujours facile de faire venir le public sur le seul nom d un auteur. Les médiateurs du musée travaillent donc les titres des expositions, afin de trouver ce qui peut faire accroche : «D où l intitulé de celle sur Benjamin Rabier, Il n y a pas que la vache qui rit, pour interpeller sur son personnage le plus fameux», précise la responsable. Le musée pratique la médiation culturelle de diverses façons : en instaurant des ateliers et des tarifs accessibles au plus grand nombre, en recevant des auteurs en résidence et en travaillant Sabine Carénou avec les établissements scolaires. Il fêtera bientôt ses dix années d existence, avec une exposition spéciale 10 ans-10 personnages de l illustration jeunesse. Mais avant cela, il participera les 24 et 25 septembre au Festival des Illustrateurs : plusieurs expositions présenteront des dessins dans toute la cité moulinoise, notamment de Claude Ponti ou Sempé. Un véritable voyage dans le livre pour enfants, à l échelle d une ville! Musée de l Illustration Jeunesse, 26 rue Voltaire, 03000 Moulins, tél. 04 70 35 72 58, http://www.mij.allier.fr En période d exposition temporaire, plein tarif 5 / réduit 3 Hors période d exposition temporaire, plein tarif 4 / réduit 2 Centre national du costume de scène Vieux costards que j aimais Près de 20 000 costumes de théâtre, d opéra et de ballet, du XIXe siècle à nos jours, mis en scène comme une suite de pas chassés : le Centre du costume de scène dépoussière le patrimoine. Monique Bayol et Michel Bresson I Sarah Bernhardt, chaque pièce nous invite à un voyage dans le temps. La magie fait le reste : les costumes s animent et les artistes apparaissent à qui sait se laisser emporter par la rêverie. Vingt mille costumes, provenant de l Opéra national de Paris, de la Comédie française et de la Bibliothèque nationale de France, composent les collections du CNCS. La fragilité des pièces nécessite une méthode de conservation rigoureuse et scientifique. Des armoires appelées compactus offrent un rangement optimal en termes de volume et de protection. De cette contrainte de ne pouvoir exposer les costumes en permanence, le CNCS a fait un atout : il propose des expositions temporaires, comme celle sur l Opéra comique et ses trésors, prolongée jusqu au 6 septembre. Une exception cependant : Rudolf Noureev, auquel est consacré un espace permanent qui fait revivre le danseur et chorégraphe dans toute sa carrière et son cadre de vie (article à lire sur notre site). Ateliers, conférences, animations, centre de documentation Au delà des expositions, le CNCS est un lieu vivant, qui s attache à transmettre une mémoire et démocratiser un patrimoine exceptionnel. l fallait oser et les habitants de la capitale bourbonnaise disent encore merci à la décentralisation! L implantation, en 2006 à Moulins, de cette structure unique en France, entièrement consacrée au patrimoine matériel des théâtres, était une gageure : 600 000 visiteurs en ont fait un pari gagnant! Le Centre national du costume de scène (CNCS) a trouvé son écrin dans le quartier Villars, une ancienne caserne de cavalerie du XVIIIe sauvée de la destruction grâce à ses trois escaliers remarquables en pierre blonde. Centre national du costume de scène, route de Montilly, 03000 De l habit de velours rouge du XVIIIe, encore imprégné d envolées Moulins, tél. 04 70 20 76 20, site www.cncs.fr/ ; ouvert 7 jours sur marivaudesques, à la robe de satin broché portée en 1872 par 7, de 10 à 18 h (18 h 30 en juillet et août) Tarifs : 6 / réduit : 3. sur le web Rudolf Noureev star du XXe siècle : AU CNCS, ses costumes, son logis et même son tombeau info l aller-re- tour en train clermont-moulins pour 9,30 euros.