Mr Said El Aidi, Ministre de la Santé Mr Ridha Gataa, Président Directeur Général de l Office National de la Famille et de la Population Mesdames, Messieurs les conférenciers, Mesdames, Messieurs, Notre pays traverse des turbulences et des difficultés de tous genres et en premier lieu la Tunisie affronte un terrorisme lâche et aveugle sans foi ni loi. C est pourquoi je voudrais commencer par présenter mes condoléances à toutes les familles qui ont été endeuillées par l acte ignoble et criminel du 18 mars dernier et qui a frappé un des lieux les plus symboliques de notre culture et de notre histoire plusieurs fois millénaire. Dans ce moment douloureux et difficile parler des problèmes de santé de la femme tunisienne peut paraître anachronique et superflu. Bien au contraire, la Tunisie n a plus d autre choix que de faire face au terrorisme de le combattre et de le vaincre. La Tunisie n a plus le droit d ignorer les problèmes d inégalité, de précarité et de souffrances chroniques que supportent stoïquement les femmes tunisiennes qui représentent un peu plus que la moitié de la population dans le dernier recensement de 2014. De la naissance à la fin de sa vie, la femme affronte des difficultés et des obstacles certes moins importants que jadis depuis la promulgation du code de statut personnel mais des difficultés et des obstacles inadmissibles demeurent et empêchent la femme de participer pleinement à la vie socio-économique, culturelle et politique de notre chère Tunisie. 1/ Violence envers les femmes, Le Ministère de la femme a mis en place une stratégie qui vise à lutter contre toutes les formes de violence fondée sur le genre et les dangers qui en découlent, son impact négatif sur les femmes en premier degré, sur la famille et la société en général. La stratégie présente quatre axes
d intervention à savoir : la production, utilisation des données, suivi et évaluation sur la violence à l égard des femmes. Le 2 ème axe porte sur l amélioration et créations des services appropriés et diversifiés en vue de la prise en charge et de l autonomisation des femmes victimes de violence. Egalement, la mobilisation sociale et sensibilisation communautaire pour les changements comportementaux et institutionnels, en vue de mettre fin à la violence à l égard des femmes. Le plaidoyer pour la revue et l application des lois, en vue de prévenir et lutter contre la violence à l égard des femmes avec bien sur la loi cadre de la violence domestique sur laquelle nous sommes entrain de travailler surtout que les chiffres sont alarmants en matière de violence envers les femmes, en effet plus de 47% des femmes âgées de 18 à 64 ans déclarent avoir subit une forme de violence durant leur vie. 2/ la mortalité maternelle : Chez la femme enceinte pendant l accouchement et le post-partum la mortalité reste élevée en Tunisie : elle est de 44.8 pour 100.000 nouvelles naissances (NV), avec des pointes de 68 pour 100.000 NV dans certaines régions. La principale cause de mortalité est représentée par des complications hémorragiques de l accouchement et du post-partum d étiologies diverses. Cette mortalité n est pas une fatalité. Un effort entre les deux ministères de la santé et de la femme est nécessaire. Il doit porter sur un ensemble de décisions urgentes dont : - la prolongation du délai de surveillance des femmes parturientes à 48heures obligatoires, mesure qui a montré son efficacité partout ou elle a été appliquée. - Une mise en place de moyens de transports médicalisés au niveau local et régional dans le cadre d un partenariat public-privé. - Une surveillance systématique des femmes enceintes par les centres de PMI des dispensaires et des hôpitaux sous peine de restriction d avantage sociaux. - Des campagnes de sensibilisations auprès des femmes avant et après le mariage. Un objectif quinquennal national doit être fixé par les deux ministères : il doit être aux alentours de 25 à 30 décès pour 100 000 accouchements par an à l échelle nationale.
3/ le plan cancer : cancers gynécologiques et cancer du sein Les cancers gynécologiques sont représentés principalement par le cancer du col utérin véritable maladie sexuellement transmissible du à un virus (HPV). La précocité des rapports sexuels, leurs fréquences et le nombre de partenaires sont les facteurs épidémiologiques essentiels de la survenue de ce cancer. La prévention est simple et efficace : elle se base sur une éducation sexuelle scolaire de haute qualité et la généralisation des rapports protégés. La collaboration entre nos deux ministères ainsi que l intervention du ministère de l éducation seront nécessaires pour diminuer drastiquement la fréquence de ce cancer qui coûte encore cher à la collectivité nationale : une perte certaine, en plus de la souffrance et de la mortalité dont il est responsable. Nous proposons des campagnes récurrentes d informations et de sensibilisation dans les milieux scolaires et extra scolaires et la mise à la disposition des adultes jeunes entre 18 et 25 ans, des moyens de prévention gratuitement, en attendant la généralisation d une vaccination qui éradiquerait la maladie à son origine. Le cancer du sein quand à lui, véritable épidémie mondiale,n épargne pas la femme tunisienne à des âges de plus en plus jeunes et de toutes catégories socio-économiques une incidence de 27.5 pour 100000 en 2004 contre 15.4 pour 100000 en 1994. la mortalité par cancer du sein reste significativement élevée du fait d une taille encore excessive de l ordre de 30 mm, d un diagnostic encore tardif et d une prise en charge inégale selon les régions et les catégories soioéconomiques. L effort de nos deux ministères doit permettre l amélioration surtout par le dépistage individuel, une meilleure prise en charge médicale et psychosociale pour une maladie qui se soigne et se guérit. Un plan cancer national doit permettre de faire bénéficier la femme d une attention particulière et mettre en place les différents protocoles thérapeutiques pour de meilleurs résultats en matière de cancer. 3/ la couverture maladie universelle ou CMU : plus de deux millions de citoyens ne bénéficient pas de couverture sociale dont une proportion importante de femmes et surtout femmes rurales. La situation socioéconomiques dans le milieu rural fait partie des préoccupations premières de notre gouvernement, il n en reste pas moins que la situation de la femme rurale est précaire et difficile, c est pourquoi il nous
semble urgent d instaurer une couverture maladie universelle pour la femme en milieu rural à l instar de ce qui a été fait dans d autres pays. Cette couverture maladie universelle doit couvrir un certain nombre de risques tel que ceux sus-cités et permettre l accès à des soins dans des conditions honorables. Les modalités d instauration de cette CMU restent à définir par les pouvoirs publics soit sous l égide de la CNAM ou dans le cadre d un système mutualiste. D autres axes de coopération peuvent être encouragés entre nos deux ministères pour servir les intérêts de la femme tels que la santé mentale, la tabagisme et les addictions, les maladies chroniques et surtout les ischémies cardiovasculaires, la vieillesse et la fin de vie de la femme. Je voudrai remercier l Office national de la famille et de la population pour son invitation, pour les efforts fournis en faveur de la femme et de la famille et je leur souhaite la pleine réussite de leurs travaux et notre détermination pour un partenariat entre les différents intervenants pour la santé de la femme en Tunisie. Le ministère de la femme représenté en la personne de Madame Samira Marai, Ministre de la Femme, de la Famille et de l Enfance, est déterminé à impulser une nouvelle dynamique incisive et efficace en faveur d une situation meilleure pour les femmes dans tous les domaines dont celui de la santé en particulier. Le ministère est animé d une volonté inébranlable pour chercher et proposer les solutions aux différents problèmes que nous venons de passer en revue ensemble. Monsieur le Ministre de la Santé, la coopération étroite et active entre votre honorable ministère et le ministère de la Femme et de la Famille et de l Enfance est un gage de réussite qui va permettre la réalisation de nos objectifs communs dans les délais et avec des moyens raisonnables, dans l intérêt de la femme tunisienne surtout pour œuvrer à faire entrer la Tunisie dans son temps avec une inégalité parfaite entre les sexes égalité des droits mais aussi égalité des devoirs. En travaillant ensemble pour faire sauter les derniers obstacles et les discriminations qui restent entre autres dans le domaine de la santé et de la sécurité sociale la femme va s impliquer pleinement dans l œuvre du développement et du progrès.
La loi doit redevenir l expression de la volonté générale des femmes et des hommes d une même nation ou l égalité n est plus un vœu mais un vécu.