LES FUSILLADES MASSIVES DE JUIFS EN UKRAINE,



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Transcription:

DOSSIER PEDAGOGIQUE EXPOSITION LA SHOAH PAR BALLES LES FUSILLADES MASSIVES DE JUIFS EN UKRAINE, 1941-1944

2 Table de matières Aux jeunes visiteurs...p.3 1. Qui?...p.4 2. Comment?...p.7 3. Comment le sait-on?...p.9 4. Pourquoi?...p.13 5. Comment cela a-t-il été possible?...p.16 6. Cela pourrait-il être encore possible?...p.22 7. Que faire pour l empêcher à l avenir?...p.26

3 Aux jeunes visiteurs L exposition que vous allez visiter, ou que vous avez peut-être déjà visitée, est un spectacle pénible. Son sujet est le massacre des Juifs d Ukraine, à l époque une république qui faisait partie de l Union soviétique. Il s agit donc d un chapitre de la Seconde Guerre mondiale, plus précisément du génocide des Juifs d Europe par les nazis. Entre 5 millions et demi et 6 millions de Juifs ont été exterminés entre 1941 et 1945, la plupart dans des camps de concentration et d extermination construits par le régime d occupation allemand en Pologne et dans d autres pays d Europe centrale et orientale. Environ un tiers ont été assassinés sur place, dans leurs villes et leurs villages. C est cette «méthode», par fusillades, dont traite notre exposition. Ce cahier va vous aider à comprendre cette exposition, autrement dit à comprendre comment des hommes en viennent à faire cela : débarquer dans une localité quelconque, rassembler des innocents, hommes, femmes et enfants, les entasser dans des camions, les emmener quelque part dans le voisinage et les tuer de sang froid, à bout portant. Voici donc sept questions qui nous semblent importantes et auxquelles nous voulons vous apporter des éléments de réponse. Avec vos professeurs, vos parents, vos amis, vous pouvez débattre ces questions et ces réponses, et en imaginer d autres. Cependant, quelle que soit la manière dont vous les aborderez, souvenez-vous qu il ne s agit pas d un simple exercice scolaire, mais d une leçon d humanité et de citoyenneté.

4 1. QUI? USHMM, courtesy of the Library of Congress. Regardez bien cette photo, prise par un témoin de la scène. Un homme s apprête à tuer d une balle dans la tête un autre homme, agenouillé au bord d une fosse où gisent déjà de nombreux cadavres. L assassin est en uniforme : c est un membre des Einsatzgruppen («groupes d intervention» en allemand). Ces unités mobiles suivaient les troupes de l envahisseur. Ce n étaient pas des combattants, mais des tueurs chargés de liquider des populations jugées dangereuses et nuisibles par les autorités allemandes : cadres de la nation polonaise, prisonniers politiques et militaires soviétiques, Tziganes. Et, surtout, les Juifs, qui étaient voués à l extermination totale.

5 Ces unités étaient composées de membres de la S.S. et de policiers, mais aussi d auxiliaires (aides) locaux ici, des volontaires ukrainiens. Imaginez maintenant que la population entière de Bruxelles et d Anvers combinées, hommes, femmes et enfants, ait été massacrée de cette manière. Impensable, n est-ce pas? C est pourtant ce qui s est passé avec les Juifs dans la seule Ukraine. Pour aller plus loin : La guerre à l Est ; les populations juives d Europe de l Est ; les Juifs d Ukraine. Texte à commenter : «Notre force tient à notre rapidité et à notre brutalité. [...] L'objectif de la guerre ne sera pas d'atteindre une ligne donnée, mais d'anéantir physiquement l'adversaire. C'est pourquoi j'ai disposé -pour l'instant seulement à l'est- mes unités à tête de mort ; elles ont reçu l'ordre de mettre à mort sans merci et sans pitié beaucoup d'hommes, de femmes et d'enfants d'ascendance et de langue polonaise. C'est la seule manière pour nous de conquérir l'espace vital dont nous aurons besoin.» Adolf Hitler à ses généraux, 22 août 1939, in La Wehrmacht dans la Shoah, Revue d'histoire de la Shoah, n 187, juillet/décembre 2007 À voir : Le film de Michaël Prazan, Einsatzgruppen. Les commandos de la mort, France, France2 éditions, 2009, 180 minutes

6 Institut für Zeitgeschichte, Munich

7 2. COMMENT? Le génocide des Juifs d Europe n est pas un massacre spontané comme il y en eut tant dans l histoire de l humanité. C est un meurtre de masse prémédité, soigneusement planifié et méthodiquement exécuté. Mettre à mort tout un peuple est une entreprise difficile, qui exige une organisation complexe et minutieuse. À cet effet, le régime allemand a mis en œuvre toutes ses branches politiques, militaires et policières. L exposition met en scène un volet de cette entreprise de mort - le meurtre par fusillades massives, dont vous avez pu voir les étapes successives : - Le rassemblement des victimes en un lieu central, à l aide des autorités locales. Afin de ne pas affoler les Juifs, l ordre de rassemblement, selon les cas par mégaphone, affiches ou autrement, leur demande d apporter des vêtements et de la nourriture pour plusieurs jours, en vue de leur transfert vers des camps de travail. Des battues sont organisées dans les forêts et les champs avoisinants pour traquer les fuyards ; - le transport par convois ou camions jusqu à proximité du site l exécution, assez loin pour que les victimes ne voient pas ce qui s y passe. Mais elles peuvent entendre les coups de feu et les cris des victimes, et peu se font des illusions à ce stade ; - le déshabillage et le tri des vêtements et des objets de valeur ; - le transfert par petits groupes jusqu au lieu de l exécution, ravin naturel ou fosse creusée par les victimes elles-mêmes avant leur mise à mort ; - l exécution par balles tirées à bout portant ; - le recouvrement des corps, certains encore vivants, avec de la chaux et de la terre. Cette méthode s est révélée efficace, puisqu elle a tué près de 1 million et demi de personnes, soit plus de la moitié de la communauté juive ukrainienne d avantguerre. Cependant, elle n était pas sans inconvénients : elle affectait le moral des tueurs ; était trop lente pour liquider les immenses ghettos où les Juifs se trouvaient concentrés en Pologne ; et était impossible à appliquer dans l ensemble de l Europe occupée. Aussi bien, à partir de la fin de 1941, on passa à la phase industrielle de la Shoah : la liquidation par chambres à gaz dans des camps aménagés à cet effet. Les fusillades continuèrent pourtant, en parallèle, jusqu à la fin de la guerre, là où la proximité de la ligne de front et les difficultés du transport ferroviaire rendaient impossible la solution industrielle. Tel fut le cas en Ukraine.

8 Pour aller plus loin : Témoignage : «Au bord de la fosse, il y avait un escalier sommaire, en terre. Les Juifs se déshabillaient, tabassés par les gardes. Complètement nus, famille après famille, les pères, les mères et les enfants descendaient calmement les marches et s'allongeaient, face contre terre, sur les corps de ceux qui venaient d'être fusillés. Un policier allemand, Humpel, avançait, debout, marchait sur les morts et assassinait chaque Juif d'une balle dans la nuque. [...] Régulièrement, il arrêtait les tirs, remontait, faisait une pause, buvait un petit verre d'alcool puis redescendait. Une autre famille juive, dénudée, descendait et s'allongeait dans la fosse. Le massacre a duré une journée entière. Humpel a tué tous les Juifs du village, seul.» Récit de Luba, témoin visuel du massacre de la population juive du village de Senkivishvka en juin 1941.. Témoignage recueilli par le père Patrick Desbois.

9 3. COMMENT LE SAIT-ON? Les tueurs étaient conscients de l énormité de leur crime. C est pourquoi ils se servaient d un vocabulaire détourné : «solution finale», «traitement spécial», etc. C est pourquoi, aussi, devant l avance alliée, ils ont tenté de faire disparaître les preuves matérielles du génocide : destruction des archives, incinération des corps et incendie des sites. Cependant, masquer un crime de cette ampleur s avéra une tâche impossible. Les sites des tueries étaient trop nombreux, de même que les rapports des unités des tueurs et les témoins. Les Alliés en avaient eu connaissance dès 1941, et, vers la fin de la guerre, des commissions soviétiques en ont rendu compte. Dans les années 1950, des procès instruits en Allemagne fédérale contre les assassins ont contribué à éclaircir ce chapitre de la Shoah. Enfin, en 2004, un prêtre catholique français, le Père Patrick Desbois, a entamé avec l association Yahad-In Unum dont il est président une recherche systématique sur les sites des tueries. Grâce à ses travaux, on connaît désormais avec précision les conditions dans lesquelles s est déroulée la «Shoah par balles» en Ukraine occupée. Pour aller plus loin : La question du négationnisme : pourquoi certains s obstinent-ils à nier la réalité du génocide? raisons idéologiques : sympathies nazies, antisémitisme ; raisons psychologiques : méfiance à l égard de toute vérité «officielle», «nonconformisme» À mettre en parallèle avec d autres formes de déni, par exemple du génocide rwandais, mais aussi de faits comme la conquête de la Lune ou l attaque terroriste du 11 septembre 2001. Un principe : en histoire comme dans toutes les sciences, on ne débat pas des faits, mais de l interprétation des faits!

10 Document officiel : Rédigé par le SS Karl Jäger, commandant de l'einsatzkommando 3 de l'einsatzgruppe A, ce rapport fournit une comptabilité des meurtres de ces «unités spéciales». Les Juifs assassinés sont divisés en trois catégories : «les hommes juifs», «les femmes juives», et «les enfants juifs». Pendant les cinq mois couverts par ce rapport, l'e.k.3 a assassiné 137 346 personnes. Le rapport conclut ainsi : «Aujourd'hui, je peux confirmer que notre objectif de

11 résoudre le problème juif en Lituanie, a été accompli par EK 3. En Lituanie, il n'y a plus de Juifs, à part les travailleurs juifs et leurs familles.» Témoignage : Au Procès de Nuremberg, le SS-Hauptsturmführer (capitaine) Dieter Wisliceny a fourni ce témoignage : "En novembre 1942, dans le bureau d Eichmann à Berlin, j'ai rencontré le Standartenführer [colonel] Blobel, qui dirigeait le Kommando 1005, spécifiquement chargé de supprimer toute trace de la solution finale (extermination) du problème juif par les Einsatzgruppen ainsi que toutes les autres exécutions. Le Kommando 1005 a opéré de l'automne 1942 à septembre 1944 au moins et a été pendant toute cette période sous l'autorité d'eichmann. Cette mission a été organisée lorsqu'il était devenu évident que l'allemagne ne pourrait conserver les territoires occupés à l'est et qu'il a été alors jugé nécessaire d'effacer toutes les traces des exécutions criminelles qui avaient été commises. À Berlin en novembre 1942, Blobel a fait un rapport devant l'équipe de spécialistes de la question juive d'eichmann dans les territoires occupés. Il a parlé d'incinérateurs spéciaux qu'il avait construit pour être utilisés par le Kommando 1005. Celui-ci devait exhumer les corps des personnes précédemment exécutées et les incinérer. Le Kommando 1005 a opéré en Russie, en Pologne et autour de la mer Baltique. J'ai revu Blobel en Hongrie en 1944 et il a certifié en ma présence à Eichmann que la mission du Kommando 1005 avait été menée à bien." Nazi Conspiracy and Aggression. Volume VIII. USGPO, Washington, 1946.

12 Document visuel : Photo prise au cours des exhumations de charniers menées en Ukraine par le père Desbois et son équipe.

13 4. POURQUOI? Pour comprendre pourquoi des hommes ont tué ainsi d autres hommes, il faut comprendre la nature du régime national-socialiste (nazi) et son idéologie. Le nazisme n est pas une simple dictature : - C est un régime totalitaire, c est-à-dire un régime qui aspire à embrasser la totalité des aspects de la vie de l individu et de la société. Dans un régime de cette nature, l individu n existe pas en soi : il est un rouage dans une machine, et au service de cette machine. - C est un régime qui est dévoué à un chef (Führer en allemand), Adolf Hitler, qui l incarne. - C est, enfin et surtout, un régime fondé sur une idéologie raciste. Selon sa vision du monde, les humains sont inégaux par nature. Chacun de nous appartient par le sang à une race définie par les lois de la biologie. Ces races se font une guerre perpétuelle pour la domination du monde. Tout en haut de la hiérarchie des races, il y a les Aryens, dont les Allemands sont le type le plus pur. Les Aryens ont le droit de soumettre les races inférieures à leur domination. Les Slaves, dont ils doivent coloniser les territoires pour avoir «l espace vital» dont ils ont besoin, seront réduits en esclavage. Les Juifs occupent dans cette vision du monde une place centrale. Ils se trouvent tout en bas de la hiérarchie des races. Mais en même temps, ils sont dangereux car ils aspirent à la domination mondiale. Les Aryens doivent donc mener contre eux une guerre impitoyable et les éliminer jusqu au dernier. Avec Hitler et son Parti national-socialiste, c est cette idéologie qui arrive au pouvoir en Allemagne en janvier 1933. Pour aller plus loin : Les conditions du triomphe d Hitler : La défaite dans la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles et la crise des années 1930 ; la faiblesse du régime démocratique de Weimar et l aveuglement des démocrates et des conservateurs ; la prise de pouvoir d Hitler, d abord par les élections, ensuite par une série de coups de force.

14 Document officiel : Quelques clauses concernant l Allemagne vaincue dans le Traité de Versailles : Article 160. 1. A dater du 31 mars 1920, au plus tard, l'armée allemande ne devra pas comprendre plus de sept divisions d'infanterie et trois divisions de cavalerie. Dès ce moment, la totalité des effectifs de l'armée des États qui constituent l'allemagne ne devra pas dépasser cent mille hommes, officiers et dépôts compris, et sera exclusivement destinée au maintien de l'ordre sur le territoire et à la police des frontières. L'effectif total des officiers, y compris le personnel des états-majors, quelle qu'en soit la composition, ne devra pas dépasser quatre mille. Partie V du Traité de Versailles : Clauses militaires, navales et aériennes Section I, Clauses militaires, chapitre premier : Effectifs et encadrement de l'armée allemande. Documents visuels : Hulton Deutsch Collection/CORBIS Enfants allemands jouant dans la rue avec des marks sans valeur, 1923.

15 Jésus avec un masque à gaz, G. Grosz, 1924 Le dessinateur Grosz a osé représenter le Christ crucifié avec des bottes allemandes et un masque à gaz sur une croix menaçant de tomber, avec la légende suivante : «Taire sa gueule et continuer à servir». Deutsches Bundesarchiv National Archives «Un peuple, un Chef, un oui» : affiche de propagande nazie publiée à l occasion du plébiscite de novembre 1933.

16 Sources : wikipédia. Question : peut-on mettre en relation les deux graphiques?. Débat : Connaissez-vous d autres régimes totalitaires?. Un livre à lire : George Orwell, La ferme des animaux. 5. COMMENT CELA A-T-IL ETE POSSIBLE? L idéologie n explique pas seule le génocide des Juifs. Il faut savoir que des théories raciales et antisémites fleurissent aux XIXe et au XXe siècles dans toute l Europe. Par ailleurs, les nazis eux-mêmes ont envisagé d autres solutions au «problème juif», notamment leur déportation massive vers l Afrique ou ailleurs. Comment expliquer dès lors le passage à l acte? Voici cinq éléments de réponse : l attitude des Allemands ; l attitude des États démocratiques ; l attitude des Églises ; la guerre ; et la complicité des populations locales. - L attitude des Allemands : Si, au moment de l arrivée d Hitler au pouvoir, on avait demandé aux Allemands s ils seraient d accord avec le massacre systématique des Juifs d Europe par leur armée et leur police, ils auraient très probablement répondu non. Mais ils se sont habitués à vivre avec la bestialité du régime, lui ont trouvé des justifications, et ont préféré regarder ailleurs. Hitler a pu ainsi persécuter ses opposants communistes, socialistes, syndicalistes, démocrates -, mettre en œuvre un plan d élimination des handicapés physiques et

17 mentaux («programme d euthanasie») et organiser systématiquement l isolement de la communauté juive allemande. Souvenez-vous : aucun régime, aussi puissant et dictatorial soit-il, ne peut se livrer à la persécution d une partie de sa population sans la complicité au moins passive de tous les autres! - L attitude des États démocratiques Les gouvernements des États démocratiques n ont pas aimé la façon dont Hitler traitait les Juifs, mais l ont laissé faire. Pourquoi?. Parce qu ils souhaitaient «apaiser» Hitler et prévenir ainsi la guerre ;. parce que leurs peuples voulaient préserver la paix à tout prix. Le pacifisme, une conséquence de la boucherie de la Première Guerre mondiale, est aussi l une des raisons principales du manque de réaction des démocraties face aux agissements du régime nazi, et pas seulement à l égard des Juifs ;. parce qu ils ont fait passer l intérêt national avant tout autre considération politique et morale. C est ainsi que, à la conférence d Évian convoquée en juillet 1938 par le Président des États-Unis, ils ont refusé d accueillir les réfugiés juifs d Allemagne et d Autriche, qui se sont trouvés pris au piège nazi. - L attitude des Églises Dans l ensemble, les chefs des Églises chrétiennes, luthérienne et catholique, sont restés silencieux ou ont collaboré avec le régime. Le pape Pie XII, surtout, n a pas condamné la politique antisémite nazie. Pourtant, la protestation des Églises aurait eu un poids considérable. En Allemagne, l opposition de Mgr. von Galen, évêque de Munster, a mis fin au programme d euthanasie des handicapés. En Grèce, la position résolue des chefs de l Église orthodoxe grecque a sauvé de la déportation le judaïsme bulgare. Ailleurs, des prélats audacieux ont fait entendre leur voix et ont organisé des réseaux de protection des Juifs. Mais ils étaient bien seuls. - La guerre En septembre 1939, le déclenchement de la guerre à l Est par l Allemagne hitlérienne met à sa merci les millions de Juifs de Pologne et d Union soviétique. C est la guerre qui permet la mise en œuvre de la Solution finale, autrement dit la mise à mort programmée du judaïsme européen. Or, la guerre a ses propres lois, qui n ont pas grand-chose à voir avec la loi. Elle brutalise les comportements, fait de la violence la norme et justifie des actes qui, en temps de paix, seraient tout bonnement inconcevables. Cela est vrai pour toute guerre ; c est d autant plus vrai pour une guerre menée par un régime inspiré par une idéologie telle que l idéologie nazie. - La complicité des populations locales Partout dans l Europe occupée, il y eut des exemples nombreux de solidarité avec les victimes, d autant plus remarquables que ces justes risquaient ainsi leur vie.

18 Ainsi, les trois quarts du judaïsme français et la moitié du judaïsme de Belgique ont pu survivre, largement grâce à ces réseaux de solidarité. Dans deux pays, au Danemark et, on l a vu, en Bulgarie, l opposition des autorités a sauvé leurs communautés juives. Au Danemark, l ensemble de la population s est mobilisée pour faire fuir la petite communauté juive vers la Suède voisine et neutre. Il est vrai que la Bulgarie était un pays allié de l Allemagne et le Danemark, peuplé d «Aryens», bénéficiait d un régime d occupation particulièrement clément. Ce furent des exceptions, et les Allemands seuls n auraient jamais pu mettre à exécution leur plan d extermination. Ils ont trouvé sur place des complices : régimes alliés comme en France (Vichy), en Italie (le régime fasciste de Mussolini) ou en Norvège à l Ouest, en Roumanie ou en Hongrie à l Est ; volontaires armés ; autorités locales prêtes à collaborer. Parmi les facteurs qui expliquent cette attitude, les plus importants sont la haine du communisme et l antisémitisme, particulièrement agressif dans les pays d Europe centrale et orientale. Pour aller plus loin : Sur l attitude des Allemands : Commentez ce poème du pasteur allemand Martin Niemöller : «Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n'ai rien dit, Je n'étais pas communiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, Je n'ai rien dit, Je n'étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les juifs, Je n'ai pas protesté, Je n'étais pas juif. Quand ils sont venus chercher les catholiques, Je n'ai pas protesté, Je n'étais pas catholique. Puis ils sont venus me chercher, Et il ne restait personne pour protester» Visionner la dernière scène du film «La Chute», d Oliver Hirschbiegel : l interview de Traudl Jung, secrétaire particulière d Hitler.

19 Sur l attitude des démocraties : Étudier l accord de Munich du 30 septembre 1938 ; commenter cette phrase de Churchill, prononcée à l adresse des gouvernements qui s apprêtent à capituler à Munich : «Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre.» Sur l attitude des Églises : Commenter la lettre pastorale sur la personne humaine de Mgr. Jules Saliège, archevêque de Toulouse, dont il ordonne la lecture dans toutes les paroisses de son diocèse : «Mes très chers Frères, Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n est au pouvoir d aucun mortel de les supprimer. Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle. Pourquoi le droit d asile dans nos églises n existe-t-il plus? Pourquoi sommes-nous des vaincus? Seigneur ayez pitié de nous. Notre Dame, priez pour la France. Dans notre diocèse, des scènes d épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d autres. Un chrétien ne peut l oublier. France, patrie bien aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n en doute pas, tu n es pas responsable de ces horreurs. Recevez mes chers Frères, l assurance de mon respectueux dévouement. Jules-Géraud Saliège Archevêque de Toulouse 13 août 1942» Un film : «Amen», de Costa-Gavras

20 Sur la guerre : Commenter cette citation de Voltaire : «Il est défendu de tuer. Tout meurtrier est puni à moins qu il n ait tué en grande compagnie et au son des trompettes.» (Voltaire, Questions sur l encyclopédie, 1771) Sur la complicité des populations locales : Le témoignage d un dénonciateur

21 (Archives privées Maxime Steinberg)

22 Le témoignage d une résistante : Françoise Siefridt, jeune catholique française emprisonnée pour avoir arboré l étoile jaune (Le Figaro du Jeudi 21 janvier 2010). 6. CELA POURRAIT-IL ETRE ENCORE POSSIBLE? Cela ne devait plus être possible. Après la guerre, les principaux responsables nazis ont été jugés à Nuremberg. Entre autres crimes, ils ont été condamnés pour «génocide» un mot inventé dès 1943 par le juriste américain d origine juive polonaise Raphaël Lemkin. Puis, trois ans après la fin de la guerre, le mot entra dans le droit international : le 9 décembre 1948, l Assemblée générale de la toute jeune Organisation des Nations unies, réunie à Paris, adoptait la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, dont Lemkin fut le principal rédacteur. Le lendemain, l Assemblée adoptait à l unanimité la Déclaration universelle des droits de l'homme. Pourtant, cela a été encore possible Pour aller plus loin : Documents officiels : Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, 9 décembre 1948, A/RES/260 A (III). 1948 Considérant que l'assemblée générale de l'organisation des Nations Unies par sa résolution 96 (I) en date du 11 décembre 1946, a déclaré que le génocide est un crime du droit des gens, en contradiction avec l'esprit et les fins des Nations Unies et que le monde civilisé condamne.

23 Reconnaissant qu'à toutes les périodes de l'histoire le génocide a infligé de grandes pertes à l'humanité, Convaincues que pour libérer l'humanité d'un fléau aussi odieux la coopération internationale est nécessaire, Conviennent de ce qui suit : Article premier Les Parties contractantes confirment que le génocide, qu'il soit commis en temps de paix ou en temps de guerre, est un crime du droit des gens, qu'elles s'engagent à prévenir et à punir. Article II Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : a) Meurtre de membres du groupe; b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe; e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe. Article III Seront punis les actes suivants : a) Le génocide; b) L'entente en vue de commettre le génocide; c) L'incitation directe et publique à commettre le génocide; d) La tentative de génocide; e) La complicité dans le génocide. Génocide au Rwanda Propagande : "Les 10 commandements du Hutu" (texte publié en décembre 1990 par le journal extrémiste Kangura.) À mettre en parallèle avec les lois raciales nazies de 1935. 1. Tout Hutu doit savoir que la femme tutsie, où qu'elle soit, travaille à la solde de son ethnie tutsi. Par conséquent, est traître tout Hutu - qui épouse une femme tutsie ; - qui fait d'une femme tutsie sa concubine ; - qui fait d'une femme tutsie sa secrétaire ou sa protégée.

24 2. Tout Hutu doit savoir que nos filles hutues sont plus dignes et plus consciencieuses dans leur rôle de femme, d'épouse et de mère de famille. Ne sont-elles pas jolies, bonnes secrétaires et plus honnêtes! 3. Femmes hutues, soyez vigilantes et ramenez vos maris, vos frères et vos fils à la raison. 4. Tout Hutu doit savoir que tout Tutsi est malhonnête dans les affaires. Il ne vise que la suprématie de son ethnie. Par conséquent, est traître tout Hutu - qui fait alliance avec les Tutsis dans ses affaires ; - qui investit son argent ou l'argent de l'état dans une entreprise d'un Tutsi ; - qui prête ou emprunte de l'argent à un Tutsi ; - qui accorde aux Tutsis des faveurs dans les affaires (l'octroi des licences d'importation, des prêts bancaires, des parcelles de construction, des marchés publics...). 5. Les postes stratégiques tant politiques, administratifs, économiques, militaires et de sécurité doivent être confiés aux Hutus. 6. Le secteur de l'enseignement (élèves, étudiants, enseignants) doit être majoritairement hutu. 7. Les Forces armées rwandaises doivent être exclusivement hutues. L'expérience de la guerre d'octobre 1990 nous l'enseigne. Aucun militaire ne doit épouser une Tutsie. 8. Les Hutus doivent cesser d'avoir pitié des Tutsis. 9. Les Hutus, où qu'ils soient, doivent être unis, solidaires et préoccupés du sort de leurs frères Hutus. - Les Hutus de l'intérieur et de l'extérieur du Rwanda doivent rechercher constamment des amis et des alliés pour la Cause hutue, à commencer par leurs frères bantous. - Ils doivent constamment contrecarrer la propagande tutsie. - Les Hutus doivent être fermes et vigilants contre leur ennemi commun tutsi. 10. La Révolution sociale de 1959, le Référendum de 1961, et l'idéologie hutue doivent être enseignés à tout Hutu et à tous les niveaux. Tout Hutu doit

25 diffuser largement la présente idéologie. Est traître tout Hutu qui persécutera son frère hutu pour avoir lu, diffusé et enseigné cette idéologie. Entendu sur la Radio des Mille Collines, Kigali ( ) de toute façon nous vaincrons! Il est impensable qu un groupuscule de 10 % - d ailleurs ils [les Tutsis] ne sont plus que 8 % - l emporte sur 92 % de personnes. Donc, où que vous soyez, venez combattre ici à Kigali, c est là que la guerre est plus intense. C est là que les Inkotanyi [les Tutsis] se lèchent les babines... en disant : «On aimerait bien avoir la capitale du pays des Hutus.» On ne va pas la leur donner ; nous nous y entretuerons. J aimerais dire bonjour aux jeunes qui sont près de l abattoir [...] Hier je les ai trouvés en train de danser le zouk ; ils avaient même abattu un petit cochon. J aimerais vous dire que ce que vous m avez donné à fumer [du chanvre indien] a eu un mauvais effet sur moi. C est fort, mais il paraît que ça vous donne courage. Alors, gardez bien le caniveau pour que demain aucun cafard [Tutsi) n y passe. Fumez donc cette petite chose et réservez-lui un mauvais sort [...] Que les fournisseurs vous en approvisionnent en quantité pour que vous soyez durs, que vous soyez enragés et que nous puissions combattre pour notre ville. [...] Demain, espérons que les Forces armées rwandaises iront rencontrer les Ikotanyi [Tutsis], qu ils se présenteront tout dopés, après avoir eux-mêmes fumé un petit joint, pour bien les regarder en face, ces cafards, ces voyous qui se sont autorisés à marcher partout dans nos vallées, en volant les patates douces de nos champs, en mangeant tous nos produits.» Extrait de Rwanda, les médias du génocide, Karthala Film : «Hôtel Rwanda», de Terry George. Question à débattre : Connaissez-vous d autres entreprises d extermination contemporaines? Pour quels motifs?

26 7. QUE FAIRE POUR L EMPECHER A L AVENIR? Apprendre pour comprendre D abord, apprendre et comprendre, car l histoire contient des leçons utiles pour qui veut bien se mettre à son école. Souvenez-vous : sans la connaissance du passé, impossible de comprendre le présent, ni bâtir l avenir. Rester vigilant Ensuite, être vigilant, car la démocratie ne peut pas vivre sans l adhésion, la participation active et l esprit critique des citoyens. Respecter l Autre Enfin, respecter les hommes dans leurs différences, car si nous sommes tous différents, nous appartenons tous, quelles que soient notre appartenance, nos racines, notre religion ou notre couleur de peau, à la même espèce humaine. Mais en même temps, exiger de tous qu ils respectent ce même principe. Pour aller plus loin : Regardez autour de vous, dans votre classe, votre rue, votre quartier : la diversité est partout