Mémoire. présenté au Ministère du Développement durable, de l Environnement et des Parcs. par la Fédération des producteurs maraîchers du Québec

Documents pareils
Municipalité de la paroisse de Saint-Lazare

Table des matières. Sommaire exécutif... I 1.0 Introduction Constats et faits saillants... 2

Cadre légal des CLD. Au Canada le développement socioéconomique relève de la juridiction des provinces

Cintech 360. Présenté par Guillaume Boisvert Dans le cadre de la Semaine horticole 2015

Geoffroy Ménard, agr.

Devenez point de chute d une ferme du réseau québécois d agriculture soutenue par la communauté (ASC)

Le verger du parc national du Mont-Saint-Bruno

2. LES COMITÉS DE L UNION QUI TRAVAILLENT SUR CE DOSSIER

Portrait de la Montérégie Est Une région concertée et engagée! Portrait économique Une économie diversifiée et positionnée!

Les groupes de médecine familiale (GMF) Sondage Omniweb. Dossier septembre 2012

Rapport final. Présenté à : Par :

MODULE 6 LA MODERNISATION DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE (1ÈRE PARTIE) DANS LES ANNÉES 1920 (ANNÉES FOLLES) > ÉCONOMIE CANADIENNE = PROSPÈRE :

Fonds d action québécois pour le développement durable (FAQDD) Mai 2007 CRE-GIM

LA FINANCIÈRE AGRICOLE DU QUÉBEC PLAN D ACTION DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

CONGRES REGIONAL CTA/ ATPS DE LA JEUNESSE EN AFRIQUE

MONITOR 480 Insecticide Liquide À USAGE RESTREINT

Canada Province de Québec Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson

La lutte intégrée contre les ravageurs de sol en grandes cultures. Geneviève Labrie

12. À chacun son point de vue

Produire en grand tunnel multichapelle ou en serre froide individuelle Quelle structure choisir?

Trichogrammes. Les. dans le maïs sucré. Lutte contre la pyrale du maïs

Association des. Objectifs. convivialité, réunir les habitants autour du jardinage. action sociale, action environnementale,

Pesticides. agricoles Moins et Mieux. Cahier d auto- évaluation

Un peu d histoire. Lutte biologique. Que retirer de l expérience des producteurs de légumes de serre?

Petits fruits Bulletin d information No mai 2013 PUNAISE TERNE. Description. Identification

Quelles sont les conditions sociales favorisant les stratégies d'intensification écologique? Petit tour d'horizon international...

DOSSIER DE PRESSE. Organisateur. Contact. Carolina Cardoso life.eu Chargée de communication + 32 (0)

CONFIANCE DANS L INDUSTRIE AGRO-

GUIDE D UTILISATION DES PRODUITS DE MAÏS

Michel Fortin 1 er Vice-président FTPF 26 janvier 2011

Consultation publique

L expression. de la diversité. municipale au Québec.

Evaluation du projet Fonds pour la consolidation de la paix, Welthungerhilfe Butembo République Démocratique du Congo

Essence ordinaire PRIX MOYEN AFFICHÉ

Qualités nutritives des salades. DOSSIER SPéCIAL BIO F R C magazine FéVRIER 2010 N O 25. Quand la météo s en mêle

JEUNE CONSEIL DE MONTRÉAL

Stratégies gagnantes dans la lutte contre certains insectes ravageurs des cultures maraichères biologiques. Jean Duval, agronome

Conseil Spécialisé fruits et légumes

16. Si j étais agriculteur : histoire dont vous êtes le héros

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

«L énergie la moins chère et la moins polluante est celle qu on ne consomme pas»

Une planète. Six engagements.

GRAP. dans l émergence d entreprises d économie sociale en Estrie

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

Coûts des pratiques viticoles dans le Sud-Ouest en fonction de la typologie de production. Damien AMELINE, CER France Midi-Pyrénées

du Cadre de vie Secrétariat Permanent du Conseil National pour l Environnement et le Développement Durable Présenté par: Paul BOMBIRI

Rosemont- La Petite-Patrie. Îlots de chaleur urbains. Tout. savoir! ce qu il faut

Plan sectoriel en serriculture maraîchère

2. Identification de l'organisme de formation : Adresse BP 7

CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

Une nouvelle écologie des parcs et des jardins

CRAM Avril 2013 à janvier 2015 RAPPORT FINAL

Cadre stratégique pour l agriculture du Canada Programmes d intendance environnementale

Les objectifs du règlement sur l utilisation des engrais et des pesticides sont de :

RÉUSSITE TECHNOLOGIQUE ENVIRONNEMENTALE QUÉBÉCOISE QUI RAYONNE DANS LE MONDE

Plan stratégique

Ne laissez pas le mauvais temps détruire le fruit de votre travail!

Étude sur la caractérisation des marchés publics du Québec. Sommaire exécutif

Bibliothèque Royale Albert 1er

Recettes maison contre les ravageurs et les maladies par M. Jean-Claude Vigor

Experts en économie de l'environnement et des ressources naturelles

Partie V Convention d assurance des cultures légumières

z ei hw c ld S tbi Luf

Endettement, insolvabilité et prêts hypothécaires en souffrance : la situation québécoise

ATELIER DE RESTITUTION DU 27 NOVEMBRE 2014 ETUDE SECTEUR AGROALIMENTAIRE PROGRAMME EDEC

Activité B.2.3. Activité B.2.3

Province de Québec. Municipalité Régionale de Comté de L Amiante. Règlement intitulé :

La crise écologique. Perspectives anticapitalistes pour la préservation de la vie sur Terre

PROTECTION DE PRODUITS EN IG

Annexe A : Tableau des exigences

Jeu de l ingénierie écologique. mémo du joueur

Micro-irrigation à Madagascar

POUR VENTE POUR UTILISATION DANS L EST DU CANADA ET EN COLOMBIE-BRITANNIQUE COMMERCIAL

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Proposition en vue de la préparation du budget fédéral 2015

CONFÉRENCE. Grande culture biologique et semis direct. Les essais Rodale. Conférence présentée au cégep de Victoriaville, le 28 février 2013

conservation volontaire : différence vous pouvez faire la Principales options de conservation légales pour les propriétaires de terrains privés

L eau c est la vie! À l origine était l eau... La planète bleue. Les propriétés de l eau. L homme et l eau. ... et l eau invita la vie.

Bilan Carbone des interventions viticoles

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMPs)

janvier 2010 Construire en zone agricole Ce qu il faut savoir PRÉFECTURE DU RHÔNE

ÉVALUATION DU TYPE DE DOMMAGE CAUSÉ PAR LA PUNAISE PENTATOMIDE VERTE, ACROSTERNUM HILARE (SAY) SELON LE DÉVELOPPEMENT DES FRUITS

Au Québec, les superficies en culture

Portrait statistique de la population de représentant en épargne collective au Québec

Élaboration de la planification stratégique du secteur agroalimentaire de la Gaspésie

mission Le conflit des «gars de Lapalme»,

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Conditions pour devenir un auditeur CanadaGAP

Veille stratégique au gouvernement du Québec - Une intelligence à partager

COMPTE RENDU SOMMAIRE DU CONSEIL MUNICIPAL

TABLE DES MATIÈRES Sommaire

PROGRAMME D ASSURANCE RÉCOLTE

PRODUITS MORTELS LES PESTICIDES DANS LE COTON

LA CHARTE REGIONALE D ACCES AUX AIDES AGRICOLES

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

Adaptation Aux changements climatiques. Agriculture et sécurité alimentaire: Cas du Burkina Faso

Rotations dans la culture de pomme de terre : bilans humiques et logiciel de calcul

BILAN 2001 DES TAXIS, DES AUTOBUS ET DES CAMIONS ET TRACTEURS ROUTIERS

Les pistes civiles, communautaires et internationales pour la réparation des dommages écologiques consécutifs à une marée noire

Transcription:

Mémoire présenté au Ministère du Développement durable, de l Environnement et des Parcs par la Fédération des producteurs maraîchers du Québec dans le cadre de la Consultation publique sur le Plan de développement durable du Québec Mars 2005

2 La Fédération des producteurs maraîchers du Québec Fondée en 1980, la Fédération des producteurs maraîchers du Québec (FPMQ) est une organisation démocratique qui représente et défend les intérêts des producteurs, appuie la recherche et le développement technologique, facilite l accès aux marchés et fait la promotion des productions maraîchères et de petits fruits afin d améliorer les revenus des entreprises maraîchères. La FPMQ est affiliée à l Union des producteurs agricoles (UPA). Composition de l organisme La Fédération des producteurs maraîchers du Québec représente près de 1 100 producteurs et productrices agricoles cultivant une superficie de 5 hectares et plus en productions maraîchères et petits fruits. La FPMQ est composée de huit syndicats régionaux affiliés et de deux syndicats provinciaux spécialisés. Elle représente l ensemble des régions du Québec : Association des producteurs de fraises et framboises du Québec Syndicat des producteurs d oignons du Québec Syndicat des producteurs horticoles de la région de Québec Syndicat des producteurs horticoles du Saguenay/Lac-Saint-Jean Syndicat des producteurs maraîchers de Lanaudière Syndicat des producteurs maraîchers de la Mauricie Syndicat des producteurs maraîchers de la région Montérégie Est Syndicat des producteurs maraîchers de Saint-Jean-Valleyfield Syndicat horticole Bas Saint-Laurent/Côte-du-Sud Syndicat horticole et fruitier Outaouais-Laurentides

3 Importance de la production maraîchère Au Québec, la superficie de la production maraîchère est de 22 400 hectares. Selon les données statistiques du secteur maraîcher pour l année 2003, il y a 1 918 entreprises en production de légumes frais. Selon le profil sectoriel de l industrie bio-alimentaire au Québec, les recettes monétaires pour les ventes à la ferme des légumes et petits fruits rapportent 210 millions de dollars pour l année 2003. Par ailleurs, les exportations de légumes frais se chiffrent à 73 millions de dollars. Malgré que l on puisse retrouver des entreprises agricoles sur l ensemble du territoire du Québec, la concentration des entreprises maraîchères se retrouve principalement dans un rayon de 100 kilomètres de Montréal. La nature des sols étant propice à la production maraîchère dans la région périphérique de Montréal, la proximité des consommateurs de la région métropolitaine de Montréal ainsi que la courte distance de la frontière américaine ont favorisé cette concentration. De plus, les produits récoltés en proportion de 40 % en valeur monétaire sont exportés sur les marchés nord-américains. Les principales productions de légumes exportés sont les suivantes : les brocolis les carottes les choux les laitues les oignons. La production maraîchère occupe donc une place importante dans l agriculture périphérique de Montréal. Puisque les retombées économiques de ce secteur sont en croissance continuelle, il est impensable de permettre de changer la fonction de la culture des sols à d autres fins que celles de l agriculture.

4 Toutefois, la porte-parole de Statistique Canada précise l importance de conserver les meilleures terres : «Historiquement, les gens se sont installés là où les terres agricoles étaient les plus belles et c est là où l étalement urbain est le plus intense aujourd hui». Elle ajoute que cela aurait même un effet pervers pour l environnement : «sur des terres de moins bonne qualité, on a plus recours aux engrais et aux pesticides chimiques pour obtenir les mêmes rendements» ( La Presse, édition du mardi 1er février 2005 ). Constatation Depuis toujours, l urbanisation est l impact négatif le plus important sur la pérennité pour le développement de la culture maraîchère. Les producteurs maraîchers ont formé depuis longtemps, et même depuis 28 ans dans certains cas, des Clubs d encadrement technique. Dans ces clubs, les producteurs membres ont créé un réseau de dépistage et de lutte intégrée dans le contrôle des insectes et maladies des cultures. Les clubs ont comme fonction de valider les interventions ponctuelles et à des seuils critiques dans la lutte des insectes et du contrôle des maladies. Les entreprises maraîchères québécoises sont de type familial. Les résidences des propriétaires sont établies directement sur l entreprise agricole. Ces agriculteurs ont un grand souci de ne pas modifier leur environnement, soit ne pas altérer la qualité de l eau dans les puits artésiens qui alimentent leur résidence familiale, soit ne pas appliquer des produits qui pourraient contaminer la faune et la flore environnant leurs champs en production. Par contre, ce ne sont pas nécessairement les mêmes préoccupations pour nos voisins américains qui sont nos compétiteurs directs. En effet, les propriétaires de ces entreprises américaines n ont pas leur résidence familiale sur leur exploitation agricole.

5 Nouvelles tendances liées aux méthodes culturales en production maraîchère On observe de nombreux changements dans les méthodes culturales, entre autres, en regard des aspects suivants : 1. Fertilisation application des engrais de synthèse en bandes au lieu de l épandre à la volée. 2. Lutte intégrée des cultures dépistage pour déterminer le seuil d intervention ; utilisation de plus en plus fréquente de produits insecticides biologiques, comme le Bioprotec dans le contrôle de la pyrale du maïs pour la production de maïs sucré et celui de la piéride du chou dans la production de chou; introduction de nouvelles générations de produits plus sécuritaires pour l environnement dans la lutte intégrée des ennemis des cultures; nouveaux produits phytosanitaires à caractère environnemental, moins nocifs pour la santé des consommateurs: délai plus court avant d entrer au champ après un traitement phytosanitaire; dose létale plus élevée afin de respecter la norme. 3. Irrigation des cultures utilisation de l eau d irrigation au moyen de goutteurs au lieu d asperseurs, soit une consommation de seulement de 20 % en utilisant le goutte-à-goutte.

6 L Ordre des agronomes du Québec a également invité le ministère du Développement durable, de l Environnement et des Parcs à faire preuve de cohérence en appliquant le principe de la réciprocité envers les produits importés. Claire Bolduc dénonce l importation de productions horticoles en provenance d Amérique du Sud, du Brésil et du Chili, entre autres, où l usage du DDT est toujours permis. Ce pesticide, fort nocif pour l environnement, a été banni au Canada au début des années 1970. ( La Terre de Chez Nous, édition du 17 mars 2005 ). Le règlement modifiant le Règlement sur les exploitations agricoles (RREA) cause présentement plusieurs remous dans le monde agricole maraîcher. Ces nouvelles exigences introduites par le RREA empêchent tout nouveau développement spécialement pour les sols organiques nommés «terres noires». Depuis toujours, les producteurs maraîchers ont développé des pratiques respectant les principes du développement durable, et ce, sans même les connaître. La disparition des superficies des terres en culture les plus fertiles est provoquée par l urbanisation plutôt que par un épuisement dû à une exploitation abusive des sols agricoles en production maraîchère. Nous, les producteurs agricoles, ne sommes toujours pas à l abri de cette menace. Recommandations La pérennité des entreprises maraîchères doit être au cœur du développement durable au lieu d être soumise à une réglementation restrictive. Une consultation auprès des producteurs agricoles doit obligatoirement être entreprise avant de décréter une modification réglementaire dans une démarche de développement durable.