Mémoire présenté au Ministère du Développement durable, de l Environnement et des Parcs par la Fédération des producteurs maraîchers du Québec dans le cadre de la Consultation publique sur le Plan de développement durable du Québec Mars 2005
2 La Fédération des producteurs maraîchers du Québec Fondée en 1980, la Fédération des producteurs maraîchers du Québec (FPMQ) est une organisation démocratique qui représente et défend les intérêts des producteurs, appuie la recherche et le développement technologique, facilite l accès aux marchés et fait la promotion des productions maraîchères et de petits fruits afin d améliorer les revenus des entreprises maraîchères. La FPMQ est affiliée à l Union des producteurs agricoles (UPA). Composition de l organisme La Fédération des producteurs maraîchers du Québec représente près de 1 100 producteurs et productrices agricoles cultivant une superficie de 5 hectares et plus en productions maraîchères et petits fruits. La FPMQ est composée de huit syndicats régionaux affiliés et de deux syndicats provinciaux spécialisés. Elle représente l ensemble des régions du Québec : Association des producteurs de fraises et framboises du Québec Syndicat des producteurs d oignons du Québec Syndicat des producteurs horticoles de la région de Québec Syndicat des producteurs horticoles du Saguenay/Lac-Saint-Jean Syndicat des producteurs maraîchers de Lanaudière Syndicat des producteurs maraîchers de la Mauricie Syndicat des producteurs maraîchers de la région Montérégie Est Syndicat des producteurs maraîchers de Saint-Jean-Valleyfield Syndicat horticole Bas Saint-Laurent/Côte-du-Sud Syndicat horticole et fruitier Outaouais-Laurentides
3 Importance de la production maraîchère Au Québec, la superficie de la production maraîchère est de 22 400 hectares. Selon les données statistiques du secteur maraîcher pour l année 2003, il y a 1 918 entreprises en production de légumes frais. Selon le profil sectoriel de l industrie bio-alimentaire au Québec, les recettes monétaires pour les ventes à la ferme des légumes et petits fruits rapportent 210 millions de dollars pour l année 2003. Par ailleurs, les exportations de légumes frais se chiffrent à 73 millions de dollars. Malgré que l on puisse retrouver des entreprises agricoles sur l ensemble du territoire du Québec, la concentration des entreprises maraîchères se retrouve principalement dans un rayon de 100 kilomètres de Montréal. La nature des sols étant propice à la production maraîchère dans la région périphérique de Montréal, la proximité des consommateurs de la région métropolitaine de Montréal ainsi que la courte distance de la frontière américaine ont favorisé cette concentration. De plus, les produits récoltés en proportion de 40 % en valeur monétaire sont exportés sur les marchés nord-américains. Les principales productions de légumes exportés sont les suivantes : les brocolis les carottes les choux les laitues les oignons. La production maraîchère occupe donc une place importante dans l agriculture périphérique de Montréal. Puisque les retombées économiques de ce secteur sont en croissance continuelle, il est impensable de permettre de changer la fonction de la culture des sols à d autres fins que celles de l agriculture.
4 Toutefois, la porte-parole de Statistique Canada précise l importance de conserver les meilleures terres : «Historiquement, les gens se sont installés là où les terres agricoles étaient les plus belles et c est là où l étalement urbain est le plus intense aujourd hui». Elle ajoute que cela aurait même un effet pervers pour l environnement : «sur des terres de moins bonne qualité, on a plus recours aux engrais et aux pesticides chimiques pour obtenir les mêmes rendements» ( La Presse, édition du mardi 1er février 2005 ). Constatation Depuis toujours, l urbanisation est l impact négatif le plus important sur la pérennité pour le développement de la culture maraîchère. Les producteurs maraîchers ont formé depuis longtemps, et même depuis 28 ans dans certains cas, des Clubs d encadrement technique. Dans ces clubs, les producteurs membres ont créé un réseau de dépistage et de lutte intégrée dans le contrôle des insectes et maladies des cultures. Les clubs ont comme fonction de valider les interventions ponctuelles et à des seuils critiques dans la lutte des insectes et du contrôle des maladies. Les entreprises maraîchères québécoises sont de type familial. Les résidences des propriétaires sont établies directement sur l entreprise agricole. Ces agriculteurs ont un grand souci de ne pas modifier leur environnement, soit ne pas altérer la qualité de l eau dans les puits artésiens qui alimentent leur résidence familiale, soit ne pas appliquer des produits qui pourraient contaminer la faune et la flore environnant leurs champs en production. Par contre, ce ne sont pas nécessairement les mêmes préoccupations pour nos voisins américains qui sont nos compétiteurs directs. En effet, les propriétaires de ces entreprises américaines n ont pas leur résidence familiale sur leur exploitation agricole.
5 Nouvelles tendances liées aux méthodes culturales en production maraîchère On observe de nombreux changements dans les méthodes culturales, entre autres, en regard des aspects suivants : 1. Fertilisation application des engrais de synthèse en bandes au lieu de l épandre à la volée. 2. Lutte intégrée des cultures dépistage pour déterminer le seuil d intervention ; utilisation de plus en plus fréquente de produits insecticides biologiques, comme le Bioprotec dans le contrôle de la pyrale du maïs pour la production de maïs sucré et celui de la piéride du chou dans la production de chou; introduction de nouvelles générations de produits plus sécuritaires pour l environnement dans la lutte intégrée des ennemis des cultures; nouveaux produits phytosanitaires à caractère environnemental, moins nocifs pour la santé des consommateurs: délai plus court avant d entrer au champ après un traitement phytosanitaire; dose létale plus élevée afin de respecter la norme. 3. Irrigation des cultures utilisation de l eau d irrigation au moyen de goutteurs au lieu d asperseurs, soit une consommation de seulement de 20 % en utilisant le goutte-à-goutte.
6 L Ordre des agronomes du Québec a également invité le ministère du Développement durable, de l Environnement et des Parcs à faire preuve de cohérence en appliquant le principe de la réciprocité envers les produits importés. Claire Bolduc dénonce l importation de productions horticoles en provenance d Amérique du Sud, du Brésil et du Chili, entre autres, où l usage du DDT est toujours permis. Ce pesticide, fort nocif pour l environnement, a été banni au Canada au début des années 1970. ( La Terre de Chez Nous, édition du 17 mars 2005 ). Le règlement modifiant le Règlement sur les exploitations agricoles (RREA) cause présentement plusieurs remous dans le monde agricole maraîcher. Ces nouvelles exigences introduites par le RREA empêchent tout nouveau développement spécialement pour les sols organiques nommés «terres noires». Depuis toujours, les producteurs maraîchers ont développé des pratiques respectant les principes du développement durable, et ce, sans même les connaître. La disparition des superficies des terres en culture les plus fertiles est provoquée par l urbanisation plutôt que par un épuisement dû à une exploitation abusive des sols agricoles en production maraîchère. Nous, les producteurs agricoles, ne sommes toujours pas à l abri de cette menace. Recommandations La pérennité des entreprises maraîchères doit être au cœur du développement durable au lieu d être soumise à une réglementation restrictive. Une consultation auprès des producteurs agricoles doit obligatoirement être entreprise avant de décréter une modification réglementaire dans une démarche de développement durable.