SOMMAIRE I STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL II ÉVOLUTION DU TERRITOIRE III - LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE



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I STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL I.1 Situation générale dans les paysages de l Oise I.2 Les caractéristiques paysagères de Mortefontaine au regard des motifs identitaires repérés pour le Plateau du Valois Multien forestier I.3 Principales composantes du territoire I.4 Topographie et hydrographie I.5 Le massif forestier (Domaine des Trois Forêts) I.6 Une diversité de milieux à protéger II ÉVOLUTION DU TERRITOIRE II.2 Les tracés de voies II.3 La variation des limites communales entre 1789 et 1810 II.4 Le plan d alignement de voirie urbaine 1844 II.5 Les transformations historiques du cours de la Thève SOMMAIRE III - LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE le territoire III.1 Les entités paysagères III.2 Montmélian III.3 La Thève III.4 Les séquences de la Thève III.5 Les formes végétales remarquables III.6 Les perspectives et points de vue emblématiques IIII.7 Un territoire partagé entre de grandes propriétés l agglomération III.9 Le village - rues et chemins III.10 La fontaine III.11 Une église dans le paysage III.12 La pépinière du Petit Parc III.13 Montaby III.14 L agglomération et ses limites III.15 Des espaces de développement pour l agglomération IV ANNEXES - REPÈRESDANSL HISTOIREDUDOMAINEDE MORTEFONTAINE Nota bene Pour écrire cette étude, nous avons eu souvent l opportunité de nous référer et de citer en totalité ou en partie des textes anciens, principalement du XIXème siècle, pour certains de nature poétique. Nous avons cru devoir conserver l orthographe de leur temps et respecter les majuscules IV.1 Les grands hommes de Mortefontaine IV.2 Les grandes heures de Mortefontaine IV.3 Promenade dans le domaine de Mortefontaine IV.4 Une étude urbaine des années 1970 D. Joseph-François, architecte (mandataire) + C. Leblanc, paysagiste et A. Vénacque, architecte Parc Naturel Régional Oise Pays de France 3

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL D. Joseph-François, architecte (mandataire) + C. Leblanc, paysagiste et A. Vénacque, architecte Parc Naturel Régional Oise Pays de France 5

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL Source : Entité paysagère du Valois Multien Atlas des paysages de l Oise, 2006 Plateau forestier Vallée de l Automne Source : Sous-entité du plateau forestier Atlas des paysages de l Oise, 2006 I.1 - Situation générale dans les paysages de l Oise Le territoire de Mortefontaine s inscrit dans l entité paysagère du Valois Multien, un vaste plateau bordé par les vallées de l Oise, de l Automne et de l Ourcq. De une grande diversité de paysages, sans pour autant effacer son identité forestière et agricole. L ouest du plateau est majoritairement occupé par de grands massifs quadrillés de larges allées, parsemés de villages-clairières. L est est plus agricole, couvert par des grandes cultures. Les villages y apparaissent dominés par un clocher ou un château d eau. On trouve un paysage de polycultures accompagné de pâtures dans les vallées humides. L urbanisation, plus dense à l ouest, reste concentrée le long des grands axes de communication. L ensemble du Valois Multien subit le rayonnement de la région parisienne. développement urbain mais aussi dans le développement du tourisme. 0 12 24 km N 0 12 24 km N Plateau agricole Mortefontaine s inscrit plus précisément dans la sous-entité du «Valois Multien forestier». Située à l extrémité ouest forestiers scindés par des petites vallées humides. C est la partie la plus urbanisée et la plus touristique du plateau, avec un patrimoine naturel et historique très riche. Paysage de boisements Paysage de polyculture Paysage de pâtures dans des vallées à versants doux Paysage urbain Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 6

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL I.2 - Les caractéristiques paysagères de Mortefontaine au regard des motifs identitaires repérés pour le Plateau du Valois Multien forestier Des forêts historiques et exploitées Un patrimoine historique lié à l eau motifs identitaires récurrents dont Mortefontaine semble l illustration parfaite. L Atlas des paysages de l Oise fait ainsi état de forêts historiques et exploitées, de patrimoine historique lié à l eau, de routes plantées et de paysages marqués par la présence du cheval. La forêt d Ermenonville, le domaine de Vallière et son chapelet d étangs sur la Thève, les routes bordées d alignements de poiriers, de noyers ou de peupliers, les écuries de Mortefontaine correspondent totalement à cette description. Pourtant, il serait réducteur de s en remettre à cette seule qui, situé en limite sud de la sous-entité du Valois Multien, s appuie sur la forêt et s ouvre sur un paysage de grandes cultures qui s étendent entre des petits bois. La cartographie de la sous-entité pourrait ici s enrichir son échelle mais marquante à l échelle du territoire de Mortefontaine. Les routes plantées La présence du cheval Les grandes cultures agricoles et petits bois Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 7

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL I.3 - Principales composantes du territoire km2 comprend une enclave dans le territoire de Plailly : la butte de Montmélian, butte boisée au milieu des terres cultivées. Situé à 37 km de Paris, Mortefontaine est aussi desservi par les sorties 7 et 8 de l autoroute A1 et le terminus du RER qui arrive à Orry la-ville. Ce territoire situé au sud de l autoroute A1 est donc bien connecté aux grandes voies de communications sans pour autant être coupé par ces axes. Dans une lecture synthétique, le territoire peut se décomposer, du nord au sud, en trois grandes parties : - un boisement forestier occupé par les activités du Golf et du C.E.R.A.M. ; - un ensemble de pâturages et de propriétés boisées constituant l environnement du domaine de Vallière et Thève; - un couloir de grandes cultures agricoles limité par des façades boisées. Ce territoire progresse de la forêt aux grandes cultures suivant une diagonale nord/est - sud/ouest. La lisière est estompée par l implantation de grandes propriétés closes, essentiellement boisées. Les murs d enceinte marquent des limites très nettes parfois soulignées par une route, comme la RD 22 à l entrée est du village. Pourtant l épaisseur des domaines brouille la perception des différentes limites. 0 250 500 m N Cartes IGN 2412 OT et 2413 OT (2002) Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 8

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL I.4 - Topographie et hydrographie Le village de Mortefontaine s est structurée en s installant de part et d autre d une vallée sèche, entaillée dans le plateau, dont l axe correspond aux rues du Val et de Plailly. La rue principale (rue de l Église et rue Corot), perpendiculaire à cet axe, adopte ainsi naturellement un RD 922 au sud-est respectivement au point d intersection situé environ 20 mètres plus bas. L autre ligne déterminante du relief est la crête qui, venant de Plailly, s avance vers Charlepont et dont l extrémité nord marque l étranglement entre l étang de Vallière et l étang de la Grange. Le chemin qui relie Plailly et le château de Bertrandfosse au cimetière de Mortefontaine emprunte cette ligne haute en longeant le grand verger. Entre la rue du Val et cette hauteur, le versant exposé au était propice à l urbanisation. Historiquement, il semble que les implantations des châteaux marquent un mouvement d approches successives plus de la merveille des plans d eau et du Grand Parc. Du château de Bertrandfosse installé sur le haut du plateau (± 110 m), en passant par le château de Mortefontaine, sensiblement plus bas (100 m) mais surtout plus proche du réseau hydrographique et des vallées qui passent de d une position en terrasse surplombant l étang de l Épine et pratiquement dans l axe de la large vallée plate de cessé d inspirer les entreprises humaines. En plus de ces déplacements vers l eau et la beauté naturelle des milieux qui l accompagnent, l idéalisation du site a aussi conduit à d importants travaux de modelage du sol. De fait, le relief et l hydrographie que nous connaissons aujourd hui est le résultat, parfois indiscernable, du mélange entre les prédispositions favorables des lieux et les savants travaux paysagers commandés par les grands hommes de Mortefontaine au cours de l histoire. 0 250 500 m N Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 9

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL I.5 - Le massif forestier (Domaine des Trois Forêts) Des pins ont été plantés, d autres espèces colonisent naturellement les espaces inoccupés. Le paysage se referme aussi lorsque de grandes zones humides se transforment en peupleraie. La baisse de la biodiversité liée à une monoculture est souvent accentuée dans le cas de la populiculture, par le drainage des zones humides. Des fossés sont creusés pour rabattre la nappe phréatique et assécher le terrain. Domaine des Trois Forêts Carte routière et touristique Michelin Environs de Paris 1/100 000 e, 2006 0 2,5 5 km N e Emprise des boisements en 1724 Emprise des boisements en 2002 source: Cartes IGN 2412 OT et 2413 OT (2002) En arrivant par la RD 126, Mortefontaine apparaît dans la continuité de la forêt. Le village est rattaché à la forêt par le long mur du domaine de Vallière. Le Domaine des Trois Forêts, structuré par une trame viaire étoilée autour de grands carrefours présente une qualité paysagère exceptionnelle. Ce massif forestier rassemble une grande variété de substrats et de reliefs qui se traduit par de nombreux changements de la végétation. La forêt de Chantilly est une futaie plantée sur un plateau calcaire, composée de chênes, tilleuls, hêtres et charmes. Le territoire de Mortefontaine se rattache essentiellement à la forêt d Ermenonville, qui regroupe pinèdes et chênaies. La carte topographique de l IGN 2412 OT désigne le hameau de Charlepont mais note avec l orthographe Charlemont la prairie et la garenne voisine. Cette variation d orthographe semble une erreur typographique. En effet, toute la cartographie ancienne et notamment la carte dite de l Intendance de 1789 utilise le patronyme Charlepont pour désigner l ensemble de ces lieux-dits du territoire de Mortefontaine. Cette désignation renvoie à l histoire ancienne d un pont qui aurait été construit à cet endroit par le roi de France Charles VI (1368-1422), pour la facilité de ses chasses. Les textes du début du XIXX e siècle, tel L indicateur des vues de Mortefontaine, parlent de «la grande prairie de Charles- Pont Le terrain que ces eaux dominent est très bas et très marécageux : aussi Charles VI, qui venait fréquemment avec un pavillon pour rendez-vous de chasse. On y découvrit il y a peu de temps un vase en cuivre doré, sur lequel était écrit, d un côté : Caroli pontem ; de l autre : Caroli loco. C est dans ses chasses aux environs du hameau dit Charles- qu il était sûr de reprendre, le fameux collier portant : Hoc mihi Cœsar donavit» (voir la reproduction complète de ce texte page 97). Il conviendrait de proposer à l IGN de corriger cette erreur dans sa prochaine édition. Carte de la Capitainerie de Halate, septembre 1724 Cette forêt avance peu à peu vers le village. La garenne de Charlepont qui marquait autrefois une grande coupure déserte entre la forêt et le village se referme. Même si Louis de Peletier plantait déjà des bosquets de Pins ou d autres espèces exotiques pour orner son parc, l étalement du massif forestier a essentiellement démarré à partir du XXX e siècle. Le golf aujourd hui dans les bois, a ouvert en 1913 au milieu du désert des bruyères. Le changement de pratiques agricoles au cours du XXX e zones humides. Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 10

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL I.6 - Une diversité de milieux à protéger Mortefontaine présente une incroyable richesse faunistique naturels. Pour ne pas perdre cette richesse, différentes actions de protection ont été mises en oeuvre. Mortefontaine est concerné par: Une ZICO (Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux) «Massif des Trois Forêts et bois du Roi» due notamment à la présence de l Engoulevent d Europe Un site Natura 2000 : ZSC (Zone Spéciale de Conservation issue de la directive Habitat) «Massif forestier d Halatte, Chantilly, Ermenonville». Le programme d un site Natura 2000 doit selon le PNR Oise-Pays de France «concilier la préservation d un site exceptionnel avec la poursuite des activités humaines traditionnelles et avec le soutien État É et de l Europe». Deux zones d intérêt écologique répertoriées par le Parc naturel régional Oise - Pays de France : la butte de Montmélian, et la vallée de la Thève amont qui est caractérisée comme étant une unité paysagère d intervention prioritaire notamment la prairie de Charlepont et la Roche Pauvre, ainsi que les domaines de Vallière et de La Ramée. Trois ZNIEFF (Zone Naturelle d Intérêt Écologique, Floristique et Faunistique) : - deux ZNIEFF de type I, «Bois de Morrière» et «Massif forestier de Chantilly et Ermenonville» ; - une ZNIEFF de type II s, le «Bois de St-Laurent». À cela s ajoute des démarches plus ponctuelles: - le réseau «Landes» engagé par le PNR Oise-Pays de France, l ONF et le conservatoire des sites naturels de Picardie pour maintenir, gérer et restaurer des landes, intègre le golf de Mortfontaine, la prairie de Charlepont et la Roche Pauvre; - l autres sites comme le C.E.R.A.M. ont une démarche landes mis en place en partenariat avec le PNR Oise - Pays de France; - une large zone comprise entre la forêt d Ermenonville et le bois de Nerval, comprenant le hameau de Montaby, est inscrite comme corridor écologique. Ce secteur permet le déplacement de la grande faune et nécessite certaines précautions. Le site Natura 2000 du massif des Trois Forêts Carte routière et touristique Michelin Environs de Paris 1/100 000 e, 2006 0 2,5 5 km N Malgré ces différentes mesures, on note une perte de qualité des prairies due au changement des activités humaines. Les prairies de fauche diminuent et les bovins qui pâturaient ont été remplacés par des chevaux. Beaucoup de prairies deviennent des parcs où la qualité de l herbe importe moins car un fourrage complémentaire est apporté. Les d un boisement ordinaire. Site Natura 2000 0 250 500 m N Zone d interêt écologique du PNR Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 11

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE D. Joseph-François, architecte (mandataire) + C. Leblanc, paysagiste et A. Vénacque, architecte Parc Naturel Régional Oise Pays de France 13

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE II.1 - Une histoire de jardiniers L histoire du domaine de Mortefontaine et de la commune sont bien illégalement occupées en première place par les propriétaires successifs du château. Louis Le Peletier de Mortefontaine, Joseph Bonaparte et le comte de Gramont la renommée de la commune à travers l exemplarité des jalonnée de fêtes splendides et de rencontres savantes entre les propriétaires, les philosophes et les artistes de leur temps, a laissé dans l ombre le travail plus quotidien et opiniâtre des jardiniers. Et c est sans doute aujourd hui de transformation apportées par l homme que l on pourrait trouver des éléments pertinents pour construire un projet urbain qui prenne en compte cette épaisseur mémorable Des pins et un platane dans le Petit Parc Plan général des jardins et environs de Mortefontaine levé par Le Rouge, Ingénieur Géo. du Roi, en Novembre 1776 Parc de Mortefontaine vers 1780 BN département des cartes et plans GE C-9606 L ombre de Monsieur de Buffon plane sur la création du Grand Parc : on raconte que Monsieur de Mortefontaine dédia à son ami une tour octogonale érigée sur l une des îles des étangs de la Grange. On pouvait y lire une glorieuse et savante dédicace au génie de la nature au-dessus de la porte d entrée : «Naturae genio, Buffoni sacer esto» ( G.E.M.O.B. p. 24). C est également la dédicace gravée sur un rocher de 10 mètres de long et 4 de haut, issue d un poème de l abbé Delille, autre familier du domaine de Mortefontaine : «Sa masse indestructible a fatigué le temps», qui nous invite de l ancienne salle de comédie, modernisée par Joseph Bonaparte, dont le fond de scène s ouvrait à volonté pour laisser découvrir la forêt, qui nous invite à renouer avec ce regard. «L horizon ne devait rien à l art de Cicéri : c était celui de la nature» écrivait en 1803 le Préfet Cambry, premier préfet de l Oise, dans son tableau administratif du département (cité par le G.E.M.O.B. p. 52). Le premier jardinier est bien évidemment l héritage de la nature, héritage constitué à Mortefontaine par le relief accidenté, de fantastiques éboulements rocheux et des sources généreuses. Au XVIII e siècle, un paysage ouvert de garennes et de bruyères, de champs sur le plateau et de prés conquis sur le marais apparaît dominant, ponctué par quelques massifs boisés. Les alentours de la tour Rochefort permettent aujourd hui d approcher une idée de cet état ancien. Dans leur désir vertueux de parfaire la nature, les jardiniers du XVIII e siècle vont planter des espèces indigènes puis exotiques, transformer le cours des rivières Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 14

AD60, 1 Fi 1 91 13 Mortefontaine est le paradis et ses propriétaires successifs en furent à la fois les créateurs et les serviteurs. Pour ce faire, il faut planter, entretenir et exploiter le patrimoine végétal du domaine. Le plan du Petit Parc établi en 1776 par l ingénieur du roi le Rouge permet de constater qu un tiers des surfaces dans l enceinte du domaine est réservé à un massif d arbres en futaie, une pépinière d arbres fruitiers et un jardin potager. Ainsi, les méandres du jardin anglo-chinois, ponctués de statues et d obélisques, se trouvent sertis par le quadrillage régulier d allées desservant des rangées de jeunes pousses destinées à augmenter ou remplacer la végétation vieillissante, et approvisionner les cuisines du château. C est sans doute à l initiative de Le Peletier que l on doit également la plantation de poiriers le long des à tous, et que le jardin d Eden nourrisse tous les habitants du village. La variété plantée devait être particulièrement rustique pour permettre à quelques sujets de résister jusqu à nos jours, malgré les agressions de la circulation contemporaine. À Mortefontaine, une tradition ancienne de cueillette des poires et de production d un cidre commémorerait ce geste bienfaiteur. Cette importante dimension de l exploitation du domaine se lit également à travers les contrats passés entre Joseph Bonaparte et Antoine-Denis Lefèvre, jardinier au village. «Dès le mois de janvier 1800, Joseph Bonaparte signe un important marché de plantations avec Antoine-Denis Lefèvre ( 1775-1858), habitant à Mortefontaine. Ce dernier s engage à remettre en état le Petit Parc, il va fournir les plants, les semis et ceci pendant trois ans. Il assure deux binages annuels, aux époques qu il jugera convenables, de manière à détruire les herbes nuisibles. Ce projet est prévu pour l entretien d environ 120 arpents et il demande 115 francs l arpent pour trois ans, payables chaque année. C est un début pour parer au plus pressé. En septembre de la même année, un nouveau contrat est établi avec Antoine Lefèvre, mais cette fois il s engage à «planter». Il plantera des chênes, des bouleaux, des hêtres, des charmes. Il recevra 140 francs par arpent, et le contrat sera renouvelé pour l année suivante. Chez lui, il possède une «melonnière» avec 150 cloches où il fait pousser des melons pour les propriétaires du château» (G.E.M.O.B. p. 54). du paysage ouvert des bruyères, des prés et des garennes animaux qui deviendront aux XIXX e et XXX e siècles les principaux ornements et attraits des sous-bois pour les propriétaires et les locataires du château. L Eden des parcs de Mortefontaine fut resplendissant le temps d un demisiècle, entre les années 1770 et 1820. Si le domaine cessa d être depuis cette date une démonstration et une représentation vivante d un art des jardins, tous les sujets plantés poursuivirent leur croissance au milieu des vicissitudes de l histoire. Ce qui permet aux parcs et à leurs abords de présenter de nos jours des arbres séculaires, dont la quantité inhabituelle ferait presque oublier leur caractère exceptionnel. Il est une autre particularité de la commune : la présence continue de lignées de pépiniéristes et de forestiers qui ont poursuivi un travail de production et d exploitation des terres. Cela se remarque dans le paysage par les terres quadrillées des pépinières installées alentour des villages, à Plailly comme à Mortefontaine. La partie sud du Petit Parc, au-delà de la clôture et en deçà du Temple, tout comme l ancien tracé du chemin de fer, furent ainsi exploités puis abandonnés. Il reste un paysage singulier serré par le rythme des plantations et quadrillé par les allées de servitude d exploitation. Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 15

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE Les origines du tracé des voies II.2 - Les tracés de voies Nous classerons selon trois rubriques complémentaires et successives les origines des différents tracés de voirie qui se trouvent aujourd hui sur le territoire de la commune de Mortefontaine. Aucun document ne nous a permis de situer des tracés issus de la période gallo-romaine. Carte de Cassini VOIES ROYALES ET CHEMINS RURAUX Les voies royales et les chemins ruraux forment la première ossature du territoire du Valois, à partir de l ancienne route des Flandres de Paris à Senlis (aujourd hui route départementale 1017). La carte de Cassini atteste une bifurcation à partir de la commune de Survilliers en direction du massif de la forêt d Ermenonville et de l abbaye royale de Chaalis, route déjà dénommée pavé d Avesnes sur les cartes du XVIII e siècle (route départementale 126). Ces deux voies anciennes forment l ossature principale de l aménagement du territoire, sur laquelle viennent se greffer des chemins ruraux qui reliaient les villages entre eux, sans doute tracés aux origines plus anciennes qui restent aujourd hui une part essentielle des chemins communaux. À Mortefontaine, il s agit de la croisée des rues du vieux village, de toutes les rues du hameau de Montaby et des chemins au sud du territoire communal: chemins de Loisy à Mortefontaine (partie de l actuelle route départementale 922 vers Loisy, puis chemin rural bordé de jeunes et anciennes plantations), du chemin du Pont Saint- Louis sur le midi de Plailly, de Saint-Sulpice à l est, chemin de l Epinoy conduisant à Plailly, voirie des Rouillers. 0 250 500 m N Chemin rural, entre le calvaire des Uselles et le hameau de Montaby, dans la traversée du petit bois Voie royale Chemins ruraux Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 16

L évolution du tracé des voies Extraits de la carte de l intendance de 1789 ALLÉES ET CHEMINS D EMBELLISSEMENT Au nord du territoire communal, les aménagements d embellissement du château de Mortefontaine vont complètement transformer le paysage et les tracés du domaine, à partir des années 1770, lorsque Louis Le Peletier en hérite. Magistrat, conseiller au Parlement, Maître des Requêtes, Intendant de Soissons de 1765 à 1784 puis Prévôt des marchands de Paris de 1784 à 1789, il dispose de la fortune, des relations et du goût nécessaires pour entreprendre de grands travaux. Ce furent tout d abord la réalisation des jardins du Petit Parc, puis le tracé d une allée plantée de quatre rangées d arbres, nouveau chemin de Loisy à Mortefontaine borné en limite communale par un poteau installé dans la perspective de la voie, allée d embellissement bordée également par des arbres (fruitiers?) plantés en quinconce jusqu au Bois du Deffay. Ce tracé ne subsiste que par quelques limites parcellaires. C est également le tracé de 8 chemins étoilés sur la Garenne de Charlepont, installant un carrefour au centre d un paysage alors ouvert, aujourd hui carrefour de Charlepont situé dans un paysage fermé entre le golf et le C.E.R.A.M. D après la carte I.G.N., ces chemins subsistent les allées structurantes de ces nouveaux domaines. Seule la route des Grès Sainte-Marguerite rejoint les allées forestières du domaine d Ermenonville. Le Clos Nerva et Gérard de Nerval 0 250 500 m N e disparus subsistants Voie royale Chemins ruraux La carte de l Intendance permet de repérer la situation du Clos Nerva, nom de plume choisi par Gérard Labrunie (1808-1855) à partir de 1830 pour présenter ses œuvres littéraires. Il vécut son enfance à Mortefontaine, élevé par son oncle maternel. Le Clos Nerva était une propriété de son grand-père, champ ceinturé de boisements à la limite du territoire de Mortefontaine vers Loisy, en bordure de l allée cavalière, de la «voirie des Rouillers» et adossé au Bois des Antelles. «Ce clos est la terre où ses parents maternels sont ensevelis» assure Sadafumi Muramatsu, Professeur de l Université Meijo au Japon. Le «clos» est aujourd hui complètement absorbé dans les horizons boisés d un massif justement dénommé «Bois de Nerval». renvoyait aussi à l image assombrie de l empereur romain. Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 17

L évolution du tracé des voies 0 250 500 m N Route de Mortefontaine vue depuis Montmelliant - vers 1850 Route de Mortefontaine vue depuis Montmelian - 2007 routes modernes XIX e et XX e disparues subsistantes tracé abandonné d une voie ferrée e disparus subsistants voie royale chemins ruraux ROUTES MODERNES Le réaménagement du Grand Parc à partir de 1806 puis la dislocation en 1892 du domaine de Mortefontaine en deux entités, le château et le Petit Parc d un côté et le domaine de Vallière se substituant au Grand Parc de l autre côté de la route, vont apporter de nouveaux tracés de liaisons, notamment un chemin pour Charlepont et la route vers Neufmoulin et Thiers-sur-Thève. Mais c est surtout la ligne droite d une nouvelle allée cavalière à travers la Garenne de Charlepont vers les forêts de Pontarmé et de Chantilly qui marquera le paysage du XIXX e siècle. Ce tracé subsiste par des limites parcellaires dans la prairie de Charlepont, des alignements d arbres au cœur du C.E.R.A.M. et un tronçon de voie et de chemin le long de la clôture du golf. On notera également la disparition des tracés des chemins de Charlepont à Senlis et de Charlepont à Neufmoulin à travers les aménagements du golf et du C.E.R.A.M. au cours du XXX e siècle. On notera toutefois que le cadastre actuel continue de représenter les occupations anciennes du sol, y compris le tracé d une Grande Mare aujourd hui disparue. - une section nouvelle à la route départementale de Loisy depuis le Pavé d Avesnes, à partir d un carrefour à l orée du bois; - quelques rues et impasses nouvelles de lotissements sur le plateau en haut du village, face à l église et autour du cimetière, desservant 90 pavillons. Le fait remarquable de cette importante extension de la commune, qui a capté la croissance des années 1970 à 1990, est la réalisation d une allée verte longeant le mur du cimetière et descendant le coteau jusqu à la route de Thiers, au droit de l étang de Vallière. Mais son utilité fonctionnelle semble réduite; - le bouclage de la rue du Val par une voie de statut privé de la commune de Mortefontaine sur le territoire de la commune de Plailly, voie longeant les pépinières Chantrier avant de rejoindre la départementale au droit du calvaire. Pour terminer ce chapitre, il est intéressant de mentionner une particularité parcellaire à l extrémité sud du Petit Parc, issue de l expropriation en 1912 d une emprise pour le passage d une voie ferrée d Aulnay à Rivecourt par la Compagnie des Chemins de Fer du Nord. Les travaux furent abandonnés à la veille de la première guerre mondiale. Mais le parcellaire reste en place, et le terrain fut utilisé comme pépinière. Elle semble aujourd hui délaissée, mais les arbres poursuivent leur croissance en rangs serrés. Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 18

Les variations des limites communales entre 1789 et 1810 Extrait de la carte de l Intendance - 1789 Cadastre Napoléonien - 1810 Limites communales inchangées depuis 1789 transformations du cours de la Thève et des lacs Limites communales en 1789 Territoire soustrait II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE II.3 - La variation des limites communales entre 1789 et 1810 La comparaison entre le «Plan du territoire de Mortefontaine, levé en vertu de l ordonnance de Monseigneur l Intendant, procès-verbal du 13 mai 1789 par moi, arpenteur soussigné et signé Delaître» et le cadastre Napoléonien de 1810, documents conservés aux archives départementales du département de l Oise, permettent d envisager les raisons qui ont procédé à deux importantes variations. En 1810, on observe d un côté la butte de Montmélian rattachée au territoire de Mortefontaine alors que le plateau dit «le fond de l alouette» est soustrait à la commune de Mortefontaine dans les domaines des châteaux de Mortefontaine et de Bertrandfosse. Louis-Joseph Bonaparte a acquis en plusieurs ventes les 78 hectares du bois et de la butte de Montmélian Parc ; les terrains du plateau qui se trouvent juste derrière le territoire du village de Mortefontaine appartiennent alors au château de Bertrandfosse, attaché à la commune de Plailly. En 1810, Louis-Joseph Bonaparte souhaitait acquérir le domaine de Bertrandfosse pour sa mère. Faute de Henri-Michel Paulmier, dont les héritiers conservèrent le domaine jusqu en 1905 (G.E.M.O.B., Les grandes heures du château de Mortefontaine, p. 53-54). Ainsi les châtelains ont vraisemblablement souhaité rattacher leur domaine nouvellement élus par les lois de la République et de l Empire. Deux siècles plus tard, cette situation issue de volontés d anciens grands propriétaires terriens apparaît dommageable pour la gestion des deux communes. D un côté un territoire propice au développement communal de Mortefontaine géré par Plailly, d un autre côté, un territoire éloigné de Mortefontaine mais enclavé dans Plailly qui ne présente plus d intérêt stratégique. Il conviendrait de territoires respectifs. 0 250 500 m N Territoire additionnel Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 19

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE Le carrefour du Village Détail du croisement entre la rue de l Église et la rue de Plailly C est l article 52 de la loi du 16 septembre 1807 qui ordonna la formation de plans généraux d alignements pour les les progrès de la circulation. Il s agissait, pour l autorité, de garantir en toutes circonstances sur la voirie urbaine le véhicules hippomobiles, c est-à-dire assurer des rayons de courbure et des emprises a minima. Si l administration impériale promulgua la loi, leur réalisation fut entreprise principalement dans les décennies 1830-1840. Le «Recueil méthodique et raisonné des lois et règlements sur la voirie, les alignements et la police des constructions», édité en 1836 par H. J-B Davenne, présente l état d esprit qui devait présider, dans cette première moitié du XIXX e siècle, à la réalisation des projets d alignement. Selon son auteur, les 3 raisons principales de l alignement sont : «1 de donner aux rues des villes, comme aux routes et chemins publics en général, la largeur nécessaire et la direction convenable ; 2 de faire disparaître les renfoncements qui favorisent malveillance, et nuisent à la propreté et à la salubrité dans l intérieur des villes ; 3 d obtenir, autant qu il est possible, par la régularité des lignes, un moyen d embellissement favorable aux progrès des arts». Si cet arrêté a donné satisfaction dans les centres villes des communes denses aux tracés anciens, son application dans effet, les voies publiques des villages anciens se trouvaient généralement dans des situations généreuses, avec de multiples élargissements et de vastes accotements. Au lieu de conserver ces tracés larges et irréguliers qui faisaient le charme du parcours au gré des implantations des bâtiments ruraux, on entreprit de revendre aux riverains les portions au-delà d une stricte emprise requise. Cela se constate partiellement sur le plan d alignement de Mortefontaine, Senlis, vu par le Maire le 4 août et arrêté par le Préfet le 14 septembre 1844, plan semblable à ceux observés dans d autres communes rurales de l Oise. En rose ont été pochées les parties de domaine public à céder aux riverains et en jaune les quelques portions de parcelles frappées d alignement. Le résultat est un II.4 - Le plan d alignement de voirie urbaine de 1844 appauvrissement de la poésie des lieux. Le paysage des rues du village devint plus étroit et linéaire, ce qui a peutêtre été ressenti dans la deuxième moitié du XIXX e siècle comme un progrès de l esthétique urbaine, mais dont nous garderons quelque nostalgie des tracés anciens. Heureusement pour Mortefontaine, les abords directs du château ne furent pas concernés par ces rétrécissements. De plus, cette offre de vente faite par l État aux riverains put ne pas être suivie d effet, comme au hameau de Montaby. Détail de la jonction de la rue de l Église avec la RD 26 Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 20

La Thève en 1789 La Thève en 2002 II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE II.5- Les transformations historiques du cours de la Thève 1 Dommartin-en-Goële même si elle reste temporaire jusqu à St-Sulpice-la-Ramée. hève mée Les étangs de la Ramée et de L Épine sont alimentés par la Thève, les autres par de nombreuses sources notamment «la fontaine morte» qui donne son nom au village et qui n apparaît pas à la surface. Ces étangs ont été créés par les moines de l abbaye de Chaalis au cours du XII e siècle. À son époque, Louis Le Peletier fait peu de transformations sur les cours d eaux, il crée cependant quelques canaux pour mieux circuler d un étang à l autre. Le paysage «naturel» devient le support du parc ; des fabriques viennent orner les chapelets d étangs, des belvédères et points de vue sont travaillés. En 1806, Molton devient une île, à la demande de Joseph Bonaparte. Un canal d une douzaine de mètres est creusé autour de la butte. Un deuxième canal relie les étangs de Vallière et de l Épine. Les promenades en bateaux, sur ce circuit d étangs, y sont tellement appréciées qu elles nécessitent un «garde de la marine». 0 250 500 m N Aquarelle anonyme - photo de M Jean Mazel Au premier plan, les bateaux de promenade ammarés sur les berges du canal de la Thève sous l étang de Vallière, entre le pavillon de Vallière et l escalier d eau. 1 Description du Département de l Oise par le citoyen Cambry (premier préfet de l Oise ) ; à Paris de l imprimerie de P. Didot L aîné, au Louvre, Galeries, N 3, An XI MDCCCIII (1803) pages 89-90 Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 21

III - LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE D. Joseph-François, architecte (mandataire) + C. Leblanc, paysagiste et A. Vénacque, architecte Parc Naturel Régional Oise Pays de France 23

III LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE III.1 - Les entités paysagères Évidemment parce que la fabrication du paysage a été une préoccupation manifeste des hommes qui ont façonné le territoire de Mortefontaine, la commune présente pour ses de formes paysagères. parties d agglomérations sont présentes dans cette composition. Dans le détail, certains ensembles du paysage bâti du village ancien, les châteaux ou les longs murs de clôtures constituent à eux seuls des «moments» de paysage et des liens d une entité à l autre, quand ils n en 1 La subtilité des dispositifs paysagers du XVIII e et XIXX e siècle où s exerçait la «dégradation des perspectives» est aujourd hui brouillée par les effets d une désaffection où de certaines limites entre entités en est de fait, ici plus qu ailleurs, sujette à caution. La forêt La forêt peut se décomposer en trois sous-entités suivant l ancienneté, le type ou de la densité des boisements. La première, que l on peut rencontrer au niveau du golf et du C.E.R.A.M. est la plus récente. La seconde, le bois de Nerval, est un bois exploité depuis plusieurs siècles. La troisième est sur la butte de Montmélian, forêt résiduelle protégée par sa situation sur un relief. 1 René-Louis de Girardin (1735-1808), De la composition des paysages 1777, De l ensemble. Légende 0 250 500 m N Forêt Bois habité Parcs et jardins Pépinière Vergers Peupleraie Agglomération Prairie Ripisylve Marais Landes Grandes cultures Le bois habité Les habitations le long de la RD 607 se sont implantées dans un des rares boisements apparaissant sur les cartes du XIXX e XXX e sont venues s insérer entre de hauts sujets subsistant de ce boisement. Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 24