Décrochage scolaire : Nuance du portrait statistique

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Transcription:

ROCQLD Décrochage scolaire : Nuance du portrait statistique ROCQLD Mars 2014 Document produit par Lise Pélerin, agente de recherche et de liaison stagiaire, en mars 2014.

Table des matières Décrochage scolaire : quelles données retenir?...2 Taux de décrochage annuel... 2 Taux de décrochage des 20-24 ans... 3 Taux de diplomation et de qualification au secondaire à un moment donné, dans l ensemble de la population... 4 Taux de diplomation avant 20 ans par cohorte... 4 Récapitulatif... 4 Décrochage scolaire : le même phénomène pour tous?...6 Taux de décrochage scolaire selon le sexe... 6 Le décrochage de l École publique par rapport au secteur privé... 7 La situation particulière des autochtones... 7 Les disparités entre les régions et les commissions scolaires... 9 La situation à Montréal... 11 L obtention d un diplôme du secondaire selon l âge : décrochage évité ou raccrochage?... 13 Sources... 14 1

Décrochage scolaire : quelles données retenir? Le décrochage scolaire correspond au processus par lequel des jeunes quittent le système scolaire sans «diplôme qualifiant», le plus souvent défini comme diplôme du secondaire. Les façons de mesurer le décrochage scolaire varient en fonction des pays et des institutions, selon la tranche d'âge (sortants du système scolaire sans restriction, 18-24 ans, avant 20 ans, etc.), le groupe pris en référence pour établir le taux de décrocheurs (élèves inscrits en formation générale des jeunes, population globale, etc.), et le niveau de qualification pris en compte. En bref, on peut identifier un «décrocheur» comme un jeune ayant quitté le système scolaire classique sans avoir obtenu de diplôme du secondaire. Pour ce qui est des taux de décrochage, on retrouve au moins quatre données différentes, qui ne nous donnent pas le même portrait statistique du décrochage scolaire : le taux de décrochage annuel, le taux de décrochage scolaire des 20-24 ans, le taux de décrochage déduit du taux de diplomation 1 à un moment donné, et le taux de décrochage déduit du taux de diplomation par cohorte. Le ROCQLD propose ici quelques pistes pour mieux comprendre la signification de ces chiffres. Taux de décrochage annuel Le taux de sorties sans diplôme ni qualification (décrochage annuel) représente la proportion de jeunes sortant sans diplôme par rapport à tous les jeunes québécois sortant en formation générale des jeunes (nombres d inscrits au mois d août). C'est cette mesure du décrochage qui était présentée dans le Livre Blanc de la Politique québécoise de la Jeunesse, dévoilé en février 2014. Ce chiffre manque par ailleurs de précision. En effet, il indique la proportion de décrocheurs à un instant précis, sans tenir compte, a priori, des parcours différents de jeunes d une même génération. De plus, ce chiffre est peu précis sur l âge d obtention du diplôme secondaire. Enfin, il semblerait qu il prenne en compte toutes les causes d abandon (décrochage effectif, décès, déménagement à l étranger, maladie, etc.). Par ailleurs, seuls les jeunes étant inscrits en formation générale des jeunes sont comptés, sans considérer les décrocheurs de plus longue durée, qui ne se sont pas réinscrits en formation l année suivant leur départ de l École. Ce chiffre permet donc d avoir une bonne vision du taux de décrochage à l école secondaire, mais pas de la proportion effective de décrocheurs parmi les jeunes québécois. On précisera, par ailleurs, que le chiffre de près de 30% de décrocheurs, annoncé par le Rapport Ménard en 2009, ne correspond pas au taux de décrochage annuel, mais au taux de décrochage déduit du taux de diplomation avant 20 ans. L atteinte d un chiffre de 16,2% de 1 Le terme «taux de diplomation» ne semble pas exister en France et en Suisse, où il est plus courant d utiliser le terme «taux d obtention d un diplôme». En Belgique, les deux termes semblent être en usage. 2

décrochage annuel en 2010-2011 ne peut donc pas être comparée avec les 30% de décrocheurs en 2009, traditionnellement pris en référence. Graphique présenté dans le Livre blanc sur la Politique québécoise de la Jeunesse dévoilé en février 2014 Taux de décrochage des 20-24 ans Statistique Canada définit le taux de décrochage comme le pourcentage des 20 à 24 ans qui ne fréquentent pas l'école et qui n'ont pas obtenu de diplôme d'études secondaires. La même définition s'applique aux données internationales de l'ocde, et c est donc traditionnellement ce chiffre qui est utilisé lors des comparaisons internationales. 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Can 15,7 14,8 14,0 13,4 12,7 12,3 11,9 11,7 11,2 11,1 10,9 10,4 10,1 9,5 9,4 9,3 9,2 8,9 8,5 8,1 Qué 17,4 17,0 17,2 16,5 16,2 14,9 14,9 14,5 14,4 14,3 13,8 13,0 11,9 11,4 11,4 11,7 11,8 11,7 11,2 10,6 Ont 14,8 13,5 12,1 11,1 10,4 10,4 10,0 9,7 9,1 9,1 9,4 9,3 9,1 8,4 8,2 8,1 8,2 7,8 7,2 6,6 Taux de décrochage calculés par Statistique Canada (%) Cependant, ce chiffre est peu précis sur l âge d obtention d un diplôme et intervient un certain temps après l âge de sortie classique du système scolaire québécois (17 ans). Il ne 3

permet donc pas de mettre distinctement en avant les processus de décrochage et de raccrochage au Québec, qui sont pourtant particulièrement importants. Taux de diplomation et de qualification au secondaire à un moment donné, dans l ensemble de la population Le taux de diplomation et de qualification au secondaire présente la proportion de la population qui détient un diplôme à un moment donné, selon l âge d obtention de leur diplôme. On distingue souvent taux d obtention d un diplôme avant et après l âge de 20 ans. Il s agit du chiffre présenté dans les Principales statistiques de l éducation publiée par le MELS chaque année. Ce chiffre est peu précis et ne permet pas de comparer les commissions scolaires entre elles. C est cette méthode de calcul qui est utilisée lors des comparaisons pancanadiennes ou internationales des taux de diplomation. Taux de diplomation avant 20 ans par cohorte Le taux de diplomation avant 20 ans, par cohorte indique la proportion des jeunes qui, avant l âge de 20 ans, ont obtenu un premier diplôme 7 ans après leur entrée au secondaire, soit à la formation générale des jeunes, soit à l éducation des adultes, soit en formation professionnelle. Le calcul par cohorte permet d avoir une vision plus précise sur le parcours des jeunes, et permet de décomposer année par année (diplôme obtenu après 5 ans [parcours traditionnel], après 6 ans, après 7 ans). De plus, il ne prend pas en compte les étudiants arrivés dans une commission scolaire en cours de secondaire, et permet donc de mesurer plus précisément la situation et l impact des stratégies de chaque commission scolaire. Cette méthode est propre au MELS et n existe pas dans les autres provinces canadiennes, elle ne peut donc pas être utilisé pour des comparaisons à l extérieur du Québec. C est ce chiffre qui a été utilisé dans le rapport Savoir pour pouvoir publié par le Groupe d action pour la persévérance scolaire dirigé par Jacques Ménard en 2009. Récapitulatif Au final, les différentes méthodes de calcul ont un impact assez important sur le taux de décrochage scolaire obtenu (voir tableau récapitulatif à la page suivante). Les quatre méthodes évaluent toutefois une tendance à la baisse ces dernières années, selon des proportions similaires. On précisera cependant que certaines commissions scolaires sont encore loin de l objectif d un taux de diplomation avant 20 ans de 80%, poursuivi par le MELS. La commission scolaire des Hauts-Bois-de-l Outaouais, par exemple, atteint seulement un taux de diplomation (par cohorte) de 56,9% en 2011-2012. Les deux commissions scolaires desservant les autochtones sont également loin derrière la moyenne du Québec. 4

On remarque même que quelques commissions scolaires ont tendance à voir leur taux de diplomation avant 20 ans diminuer : La commission scolaire du Lac-Abitibi (Abitibi- Témiscamingue), par exemple, est en constante diminution depuis 2008-2009. Elle est passée d un taux global de 72,6% en 2007-2008 à un taux de diplomation avant 20 de 61,6% en 2011-2012. De même, la CS de Saint-Hyacinthe (Montérégie) est passée de 71,2% à 64,6%. La commission scolaire des Grandes-Seigneuries, quant à elle, n a quasiment pas évolué par rapport à son taux de diplomation, tant chez les garçons que chez les filles. Années 2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012 Taux de diplomation dans l'ensemble de la population Ensemble du Québec - 94,1% 94,6% - Obtenu à 20 ans ou plus - 20,3% 20,2% - Taux de diplomation avant 20 ans Ensemble du Québec (dans la population) - 73,8% 74,3% - Ensemble du Québec (par cohorte) 71,9 72,3% 73,4% 75,0% Garçons (cohorte) 65,6 66,0% 67,6% 69,6% Filles (cohorte) 78,3 78,8% 79,5% 80,5% Montréal (par cohorte) 67,7% 67,8% 70,8% 72,5% Taux de décrochage scolaire donné par le MELS Ensemble du Québec 18,4% 17,4% 16,2% - Garçons 22,6% 21,5% 20,1% - Filles 14,3% 13,6% 12,6% - Taux de décrochage déduit par taux de diplomation avant 20 ans Dans la population - 26,2% 25,7% - Par cohorte 28,1 27,7% 26,6% 25,0% Tableau récapitulatif : Quatre manières de calculer le taux de décrochage au Québec. 5

Décrochage scolaire : le même phénomène pour tous? Les chiffres de cette section proviennent essentiellement du taux de diplomation avant 20 ans par cohorte, car ce sont les données qui permettent d obtenir la vision la plus précise du taux de décrochage au Québec. Taux de décrochage scolaire selon le sexe On observe une différence d environ 10 points de pourcentage entre le taux de décrochage des garçons et celui des filles. Par ailleurs, l écart de diplomation a tendance à se réduire entre 2007-2008 et 2011-2012. Cependant, le décrochage des filles n en reste pas moins un phénomène aux problématiques particulières et aux conséquences profondes. De plus, certaines commissions scolaires voient leur taux de diplomation avant 20 ans augmenter chez les garçons, alors que leur taux de diplomation chez les filles a tendance à diminuer. Par exemple, la commission scolaire des Rives-du-Saguenay, dans la région Saguenay-Lac-Saint-Jean, est passée de 83,9% en 2009-2010 à 76,4% et 76,2% les deux années suivantes (alors que le taux de diplomation des garçons a plutôt tendance à augmenter). On retrouve le même phénomène dans les CS de la Vallée-des-Tisserands (Montérégie), CS des Appalaches (chaudière-appalaches), la CS des Sommets (Estrie), la CS au Cœurs-des-Vallées (Outaouais) ainsi que dans la CS de la Capitale (Capitale-Nationale). Par ailleurs, si la plupart des commissions scolaires voient leur taux de diplomation avant 20 ans augmenter chez les garçons, certaines connaissent une tendance inverse, comme la CS des Chênes (Centre-du-Québec), qui est passé de 59,1% de diplomation chez les garçons de moins de 20 ans en 2010-2011 à un taux de 57,1% en 2011-2012. Les gains sont donc loin d être assurés. 6

Le décrochage de l École publique par rapport au secteur privé Le réseau public connait un taux de décrochage annuel près de trois fois supérieur à celui des établissements privés en 2010-2011 (18,6% contre 6,1%) selon les chiffres officiels 2. Un écart qui ne semble pas diminuer : si on prend en compte le taux de diplomation avant 20 ans par cohorte, on constate que l écart de diplomation entre le secteur privé et le secteur public est le même en 2011-2012 qu en 2007-2008 (20,8 pts de pourcentage). La situation particulière des autochtones Les autochtones sont particulièrement touchés par le phénomène du décrochage scolaire. Le Livre blanc sur la Politique québécoise de la Jeunesse (février 2014) annonce que «près de 35% des jeunes Autochtones n ont pas obtenu de diplôme d études secondaires ou l équivalent, au moment où ils mettent fin à leurs études. Cette proportion monte à 50% pour les jeunes Autochtones vivant en communauté» (p37). En réalité, d autres documents du MELS évaluent un taux de décrochage encore plus important. En effet, les commissions scolaires les plus touchées par le décrochage sont de loin les deux commissions scolaires qui desservent les autochtones. Ainsi, en 2010-2011, La CS Kativik (Nord-du-Québec), qui dessert les nations Inuites, enregistrait un taux de décrochage de près de 81,7%. La CS Crie (Nord-du-Québec), qui dessert les nations cries, enregistrait un taux similaire : 79,8% 2. 2 MELS, Taux de sorties sans diplôme ni qualification (décrochage annuel), parmi les sortants, en formation générale des jeunes, selon le sexe, par réseau d enseignement et par commission scolaire 2010-2011, tableaux, novembre 2012. 7

Si on prend comme référence le taux de diplomation avant 20 ans (par cohorte) 3, les taux de décrochage obtenus sont du même ordre : 82,4% de décrochage pour la CS Kativik, et 80,2% de décrochage pour la CS Crie, en 2011-2012. On constate cependant une tendance à la baisse dans ces deux commissions scolaires entre 2007-2008 et 2011-2012, particulièrement visible pour la commission scolaire Kativik. La commission scolaire Crie avait tendance à voir son taux de diplomation diminuer depuis 2007-2008, pour finalement connaître une remontée importante en 2011-2012. Reste à voir si cette dynamique va se poursuivre dans les prochaines années, puisqu au final, le taux de diplomation dans la CS Crie n a quasiment pas augmenté en 4 ans. Le MELS semble faire preuve d une certaine volonté de lutter contre ce phénomène, avec la tenue du premier Colloque sur la Persévérance scolaire chez les Premières Nations, en mars 2014. Il reste cependant beaucoup à faire. 3 Voir les documents Diplomation et qualification par commission scolaire au secondaire, éditions 2010, 2012 et 2013. 8

Les disparités entre les régions et les commissions scolaires Si le taux de décrochage scolaire est à la baisse pour l ensemble du Québec, de très grandes disparités subsistent entre les régions (voir carte ci-dessous). Ainsi, les régions Nord-du- Québec et Côte-Nord sont les régions les plus touchées par le décrochage scolaire. À l inverse, le Bas-Saint-Laurent est la région la moins touchée. Source : Perron, Michel, Le Québec et ses régions en mouvement pour la persévérance scolaire : faits et tendances, 2014. Outre les disparités dans les taux de décrochage entre les régions du Québec, on constate également une disparité dans les dynamiques à l œuvre dans chacune des régions. Aussi, si la tendance globale du taux de diplomation avant 20 ans est à la hausse dans l ensemble du Québec, on peut distinguer deux groupes de régions : celles qui ont connu une augmentation importante de leur taux de diplomation avant 20 ans, et celles qui ont connu une augmentation faible, voire une diminution de leur taux de diplomation avant 20 ans, entre 2007-2008 et 2011-2012. Les disparités observées ne correspondent par ailleurs pas systématiquement à un rattrapage des régions les plus en retard. 9

Neuf régions ont connu une amélioration significative de leur taux de diplomation avant 20 ans (par cohorte, en %), en 4 ans. Ces régions ont en moyenne connu une hausse de 3 à 10% de leur taux de diplomation avant 20 ans de 2008-2009 à 2011-2012 4 : Le Bas-Saint-Laurent (+9,3 pts de pourcentage) Les Laurentides (+8,9, bon progrès : une des régions au taux de diplomation parmi les plus faible en 2007-2008) La Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (+7,3, progression importante) La Côte-Nord (+6,4) Le Nord-du-Québec (+5,3, exclu du graphique car taux de décrochage nettement plus bas que les autres, mais représenté par une courbe de même tendance. Région au taux de diplomation avant 20 ans le moins élevé) La région de Montréal (+4,8) La région de Laval (+4,3) L Estrie (+4,2) La Mauricie (+3,8) Les 8 régions dont le taux de diplomation a connu la plus faible augmentation (inférieure à 3 points de pourcentage) sur la même période sont : 4 Presque toutes les régions enregistrent une baisse importante de leur taux de diplomation entre 2007-2008 et 2008-2009, cette année n a donc pas été prise en compte ici. De plus, la plupart des initiatives gouvernementales en matière de lutte au décrochage ont été lancées à partir de 2009. 10

L Abitibi-Témiscamingue (+2,7, dans la moyenne) La région Chaudière-Appalaches (+2,5, parmi les régions au taux le plus élevé) L Outaouais (+2,4, pourtant déjà une des régions au taux de diplomation le moins élevé en 2007-2008) Le Saguenay-Lac-Saint-Jean (+2,3, parmi les régions au taux le plus élevé) La Montérégie (+1,7, dans la moyenne) La région Capitale-Nationale (+1,0, parmi les régions au taux le plus élevé) Le Centre-du-Québec (+0,6, dans la moyenne) La région Lanaudière (+0,1, pourtant dans la région au taux de diplomation le moins élevé, après le Nord-du-Québec, dès 2007-2008). La situation à Montréal De grandes disparités existent également entre les quartiers et les commissions scolaires de Montréal (voir carte). Cependant, toutes les commissions scolaires de l île connaissent la même tendance à la baisse (assez faible - voir graphique). 11

Source : Perron, Michel, Le Québec et ses régions en mouvement pour la persévérance scolaire : faits et tendances, 2014. 12

NB : Pour plus de précisions sur le taux de diplomation avant 20 ans (par cohorte) par région et par commission scolaire, voir le tableau récapitulatif Taux de diplomation et de qualification selon la cohorte, au bout de 7 ans après l entrée au secondaire (avant 20 ans), par région administrative et par commission scolaire, entre 2007-2008 et 2011-2012. (Document à usage interne produit par le ROCQLD en mars 2014). Ou consulter les tableaux du MELS intitulés Diplomation et qualification, par commission scolaire au secondaire (un document publié chaque année). L obtention d un diplôme du secondaire selon l âge : décrochage évité ou raccrochage? Les données établies sur le taux de décrochage ne permettent pas toujours de faire la distinction entre les phénomènes de décrochage et de raccrochage. Quelques chiffres en vrac pour y voir un peu plus clair : En 2008, près de 30% des jeunes sortis sans diplôme raccrochent au Québec, contre seulement 3% en France. En 2010-2011, 20,2% de la population québécoise avait obtenu son diplôme après 20 ans. Aucun chiffre plus précis n a cependant pu être trouvé. En 2011, un document questions/réponses a été produit par le ROCQLD en préparation de la 3 e Rencontre Nationale des OCLD, d où est tiré l extrait suivant : «Les chiffres et, surtout, leur interprétation varient quelque peu selon la façon dont on les présente. Selon les dernières études, pour les moins de 19 ans, le Québec se classe presque dernier au Canada avec 23% de décrochage. Mais passé 20 ans, le taux d obtention d un diplôme du secondaire pour les garçons au Québec, par exemple, est de 81%, soit 8% de plus que la moyenne canadienne. Et pour les plus 25-34 ans, le Québec atteignait en 2008 90% de diplômés. On voit donc qu au Québec le raccrochage fait une différence.» Si on prend les chiffres de décrochage de Statistiques Canada, on remarque que la France et le Québec ont des taux de décrochage similaires en 2002 : 14,3% pour le Québec, et 14,5% pour la France la même année. En revanche, il existe de fortes disparités entre les taux de diplomation avant 20 ans, où le taux français est proche de celui des 20-24 ans, alors que le taux québécois y est nettement supérieur. Cela semble indiquer une tendance notable de raccrochage au Québec. 13

Sources MELS, Principales statistiques de l éducation, édition 2011, 2011. MELS, Principales statistiques de l éducation, édition 2012, 2012. RRM, Rapport annuel abrégé 2012-2013, 2013. MELS, Diplomation et qualification, par commission scolaire au secondaire, édition 2012, 24 mai 2012. MELS, Taux de sorties sans diplôme ni qualification (décrochage annuel), selon le sexe, ensemble du Québec, de 1999-2000 à 2010-2011 (données officielles), graphique, novembre 2012. MELS, Taux de sorties sans diplôme ni qualification (décrochage annuel), parmi les sortants, en formation générale des jeunes, selon le sexe, par réseau d enseignement et par commission scolaire 2010-2011, tableaux, novembre 2012. RRM, Persévérance et réussite scolaires : la situation à Montréal, édition 2013. MELS, Diplomation et qualification, par commission scolaire au secondaire, édition 2013, mai 2013. MELS, Diplomation et qualification, par commission scolaire au secondaire, édition 2010. Marcotte, Julie, et Villate, Aude, Comparaison des dispositifs de raccrochage scolaire en France et au Québec et analyse du discours de jeunes adultes québécois «raccrocheurs», Séminaire international sur le décrochage/raccrochage scolaire, Toulouse, Université du Mirail, laboratoire PDPS, France, 10 février 2012. Perron, Michel, Le Québec et ses régions en mouvement pour la persévérance scolaire : faits et tendances, VISAJ, document réalisé à l occasion des GRPS, 4 novembre 2013 14