Rapport POL Réforme du mode de scrutin. Ce rapport relate les discussions tenues dans le cadre du cours POL 2050-Représentation

Documents pareils
Département intercommunalité et territoires 18 mars 2013 MCG-HG. Principales dispositions concernant les communes et les intercommunalités

Désignation de candidats pour l élection au sein de l Organe de contrôle de gestion commun

REGLEMENT INTERIEUR TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES

Déclaration d'un mandataire financier (personne physique)

FONDEMENTS JURIDIQUES

devant le Conseil de surveillance de la normalisation comptable

Compte rendu de la séance du 29 mars 2014

Le rôle du Tribunal fédéral suisse comme autorité de recours dans le processus électoral

STATUTS DE LA SECTION DE LANCY DU PARTI SOCIALISTE SUISSE

DECISION DCC DU 26 MAI 2015

L organisation du programme «Jeunes pousses» Rapport

DGE-5254-VF (14-03) Se porter candidat aux élections scolaires

REGLEMENT INTERIEUR Approuvé par l Assemblée Générale du 16 avril 2013

Service pédagogique Paris, le 23septembre 2014

Élections municipales de Communes de moins de 1000 habitants

DOUBLES DIPLÔMES APPEL A CANDIDATURES 2012 : AIDE À LA CRÉATION DE DOUBLES DIPLÔMES EURORÉGIONAUX

Mutuelle d Entreprises Schneider Electric

STATUTS DE L'ASSOCIATIONS DES AMIS DE BERNARD GARO

Commentaires formulés lors de la période de consultation officielle, du 15 mai au 1 ier juin 2015

Statuts de l Association des Médecins Suisses pour la Médecine Manuelle SAMM

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À RIMOUSKI

Conseil Municipal des Enfants à Thionville. Livret de l électeur et du candidat

«TE AHA O TE REO» Association pour la défense, la promotion, l enseignement et la diffusion de la culture et des langues polynésiennes

Statuts et règlement intérieur du PS

Recueil des délibérations du 10 avril COMITÉ DE BASSIN 98 ème séance (4 ème séance du 9 ème mandat)

AVIS DE SOLLICITATION DE MANIFESTATION D INTERET AUPRES DE CONSULTANT INDIVIDUEL

Commission de la défense nationale

Statuts asms Association suisse des recherches de marché et sociales

STATUTS BUT ET COMPOSITION DE L ASSOCIATION

Bilan de la situation des caisses de retraite au Québec

Statuts Swiss Young Pharmacists Group (swissypg)

Copropriété. Syndical en. Je veux entrer au Conseil Syndical

Statuts de l association i-net innovation networks switzerland

Accélérer les projets de géoservices des PME. Réunion d information Paris, le 17 juillet 2014

ELECTIONS MUNICIPALES ET COMMUNAUTAIRES DES 23 ET 30 MARS Dans les communes de moins de 1000 habitants

Protocole concernant l organisation des élections des délégués territoriaux au sein d Harmonie Mutuelle prévues au cours du 1er trimestre 2013

GUIDE DU CANDIDAT ET DU MANDATAIRE

ASSOCIATION SUISSE DES FEMMES DIPLOMEES DES UNIVERSITES

CIRCULAIRE CDG90 COMITE TECHNIQUE COMITE D HYGIENE, DE SECURITE ET DES CONDITIONS DE TRAVAIL COMMISSION ADMINISTRATIVE PARITAIRE

STATUT DU TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA MER. Article premier Dispositions générales SECTION 1. ORGANISATION DU TRIBUNAL. Article 2 Composition

FEDERATION FRANÇAISE DE PARACHUTISME

Admission de professionnels et d étudiants internationaux

GEP 360 Recherche terrain sur les sites de pouvoir (3 crédits) Été 2013

Statuts du Collectif des Plateformes d Affiliation

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,

MINISTÈRE DU BUDGET, DES COMPTES PUBLICS, DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA REFORME DE L ÉTAT

DIPLÔME APPROFONDI DE LANGUE FRANÇAISE

Diplôme Universitaire Avocat Généraliste

Cours VI : VIE POLITIQUE LOCALE, RELATIONS ENTRE SOCIETE CIVILE ET POUVOIR POLITIQUE

Compte-rendu REUNION DU CONSEIL DES ELUS. Mardi 8 juillet 2014


ASSOCIATION ROMANDE DES FOURRIERS SUISSES

DOSSIER D INSCRIPTION PÉDAGOGIQUE

S T A T U T S. Relevant du livre II SIREN mutami

Statuts. Les soussignés :

SÉANCE ORDINAIRE DU 13 JANVIER 2014

Constitution d une Commission d Appel d Offres

ASSOCIATION CAMEROUNAISE DES DIPLOMES DE L INSTITUT TECHNIQUE DE BANQUE (ACD ITB) STATUTS

C est la rentrée! n 4. Toujours plus d infos sur

COMMISSION NATIONALE DES COMPTES DE CAMPAGNE

Le M.B.A. professionnel

Statuts de la Mutuelle Des Inspecteurs Et Officiers Des Douanes Du Cameroun TITRE I DISPOSITIONS GENERALES CHAPITRE I

Décrets, arrêtés, circulaires

QUE FAIRE? DOCUMENT V C F D T. Documents utiles CREATION REGROUPEMENT DECENTRALISATION DE SYNDICATS CFDT. Service Développement Organisation Formation

Fiche d animation n 1 : Pêle-mêle

Règlement intérieur de l Université Sorbonne Paris Cité

SIMULATION ELECTORALE

Sondage web sur la démocratie et la participation citoyenne

Nomination des membres du Comité consultatif indépendant d experts de la Surveillance

COMPTE RENDU de l Assemblée Générale annuelle du Jeudi 2 Avril Les personnalités présentes et excusées :

CHARGÉE DE COURS : Catherine Pelletier, MBA, chargée de communication, Service des communications et des relations avec le milieu, FSA

ELECTIONS DU PARLEMENT EUROPEEN, DE LA CHAMBRE ET DU PARLEMENT WALLON DU 25 MAI Procuration pour voter (*)

Forum du Conseil de l Europe pour l avenir de la démocratie. «Systèmes électoraux» Document d information à l attention des ONG intéressées

PROTOCOLE DE LA COUR DE JUSTICE DE L UNION AFRICAINE

DISPOSITIF D INTERVENTION REGIONALE AIDE À LA MOBILITE ETUDIANTE A L'ETRANGER Année universitaire 2015/2016

1 - ETATE L ICENCE PROFESSIONNELLE. à distance. Formation initiale. Formation continue CIVIL

Paris, le 7 avril Procès verbal de l Assemblée Générale Extraordinaire de l Association Française d Histoire Economique (AFHE)

STATUTS DE CONTACT PARIS ILE-DE-FRANCE

ENJEUX, PRATIQUES ET RÉGLEMENTATION EN ASSURANCE AUTOMOBILE : UNE COLLABORATION RÉUSSIE ENTRE L AUTORITÉ ET LE GAA

statuts Mutuelle substituée par la Mutuelle Nationale Territoriale Mutuelle régie par le livre II du code de la Mutualité - Numéro SIREN

STATUTS DE LA MUTUELLE DE FRANCE PREVOYANCE RATIFIES PAR L ASSEMBLEE GENERALE DU 17 DECEMBRE 2009

Article L52-4 Article L52-5 Article L52-6

Décision du Défenseur des droits MDE-MSP

VADE MECUM DEPARTEMENTALES 2015

Statuts de la. Communauté d universités et établissements. Université Sorbonne Paris Cité

MUTUELLE DES PERSONNELS DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ET DES ETABLISSEMENTS PUBLICS OU ASSOCIES STATUTS

Diplôme d études EN langue française DELF B1. Option professionnelle. Document du candidat Épreuves collectives

Mobilité de l enseignement supérieur

Guide du Parlement suédois

MASTER. Sciences du Management. Site d études : ESCE - Paris-La Défense. Formation continue et à distance (semi-présentiel)

«INNOVATION PEDAGOGIQUE PAR LA MISE EN PLACE D UNE UNITE DE PHARMACIE EXPERIMENTALE POUR AMELIORER LA QUALITE DE LA FORMATION PROFESSIONNALISANTE»

Arte Libera STATUTS DE L ASSOCIATION. Une Charte, qui figure en annexe des statuts, précise les principes de l Association.

STATUTS de l'association Bureau des Doctorants de Paris 3

Après la Grèce, l Italie doit désigner son nouveau président de la République

I. Dénomination, siege social et objectifs. Article 1 (Dénomination et cadre légal)

ARRANGEMENT EN VUE DE LA RECONNAISSANCE MUTUELLE DES QUALIFICATIONS PROFESSIONNELLES ENTRE LE BARREAU DU QUÉBEC LE CONSEIL NATIONAL DES BARREAUX

Consultation publique PARL OMPI EXPERTS PRESENTATION ET ETAT D AVANCEMENT DU PROJET PARL OMPI EXPERTS

LES EUROPEENS ET LA QUALITE DE VIE

Statuts du Parti vert libéral vaudois

Transcription:

Rapport POL 2050 Réforme du mode de scrutin Ce rapport relate les discussions tenues dans le cadre du cours POL 2050-Représentation politique. Ce cours de niveau baccalauréat fut offert pour la toute première fois cet automne au département de science politique de l Université de Montréal. Il a pris la forme d un séminaire, c est-à-dire que le nombre d élèves était relativement petit et que l accent était mis sur la discussion et le débat. L objectif du cours était que les étudiants acquièrent une solide connaissance des modes de scrutin et de leurs effets et qu ils se forment une opinion éclairée sur le mode de scrutin qu ils préfèrent. Plus précisément, ce cours tentait de déterminer quel mode de scrutin nous devrions choisir pour les élections fédérales au Canada. Cette démarche se faisait de façon concomitante aux consultations du Comité spécial sur la réforme électorale (CSRÉ). Ce rapport précise et justifie la décision prise dans le cadre du cours; cette dernière est basée sur une importante littérature scientifique. En effet, les études scientifiques étaient au cœur de notre réflexion afin de sélectionner le meilleur mode de scrutin possible pour les élections fédérales. Le cours fut construit autour des présentations orales et écrites faites par les étudiants, ainsi que par le professeur André Blais. Toutes les présentations abordaient les thèmes centraux qui sont au cœur du débat sur les modes de scrutin. Ces questions couvraient des enjeux primordiaux liés aux effets des modes de scrutin, sur le système de partis, le type de gouvernement, l efficacité et la stabilité des gouvernements, les comportements électoraux et la représentation des groupes marginalisés (femmes et minorités ). Au total, 22 questions portant sur différents effets possibles des modes de scrutin ont fait l objet de rapports par les étudiants; de façon typique ces rapports présentaient trois études scientifiques portant sur une question donnée. Nous avons également étudié des cas concrets d élections dans 6 pays différents (Canada, Suède, Finlande, Allemagne, Espagne et Australie) utilisant des modes de scrutins distincts.

Nous avons également reçu la visite de plusieurs invités au cours de la session. Tout d abord, mentionnons la présence du président du CSRÉ et député de Lac-Saint-Louis, monsieur Francis Scarpaleggia et de monsieur Alexandre Boulerice, également membre du CSRÉ et député de Rosemont-La Petite-Patrie. Ces deux intervenants nous ont fait part de leur opinion respective quant à la réforme du mode de scrutin, tout en prenant part à la discussion amorcée par les études scientifiques présentées par les étudiants. Nous avons également accueilli madame Chantal Hébert, journaliste au Toronto Star et chroniqueuse à l émission Gravel le matin. Elle s est jointe au groupe lors d une des séances délibératives et elle a soulevé des points intéressants qui ont guidé nos discussions. Nous avons aussi reçu la visite de Benjamin Ferland, post doctorant à l Université Pennsylvania State, qui est venu nous présenter les résultats d une de ses recherches. Finalement, le directeur du département de science politique, monsieur Éric Montpetit, nous a fait part de ses réflexions lors d une séance délibérative. Afin de créer une liste courte de modes de scrutins parmi lesquels le groupe choisirait, des discussions sur des aspects particuliers des modes de scrutin ont eu lieu. Le premier mode de scrutin abordé a été le mode de scrutin actuel (vote uninominal pluralitaire à un tour). Un vote a ensuite été pris pour savoir si ce mode de scrutin (sous sa forme actuelle) devrait être inclus dans la liste courte. Ultimement, le scrutin pluralitaire a été inclus dans la liste courte. Suite à des débats et un vote concernant les mêmes éléments, le vote alternatif a aussi été inclus dans la liste courte. Dans la deuxième journée de débats, les modes de scrutin proportionnel ont été discutés. Le principal enjeu de cette journée était de déterminer quel serait le type de mode de scrutin priorisé (liste fermée, liste ouverte ou vote unique transférable) et la taille des circonscriptions. Le système à vote unique transférable a été choisi et a rejoint les scrutins pluralitaire et alternatif sur la liste courte. Plus spécifiquement, le groupe a exprimé son appui

pour de petites circonscriptions (entre 3 et 5 élus par circonscription, comme en Irlande), sans seuil national. Finalement, le système mixte compensatoire a été abordé, lors d une troisième séance délibérative. Le groupe s est d abord intéressé au nombre de circonscriptions locales à retenir. Après discussions et vote, nous avons retenu une distribution ⅔ de sièges locaux et ⅓ de sièges régionaux compensatoires. Sur la façon dont les électeurs exprimeraient leur vote local, le choix été fait entre un vote pluralitaire et un vote alternatif, nous avons choisi le bulletin alternatif. Pour l aspect compensatoire du système, le groupe s est prononcé en faveur de la représentation régionale plutôt que nationale. De plus, nous avons priorisé les listes compensatoires ouvertes, sans seuil national. Le groupe a aussi préféré un nombre fixe de sièges sans surnombre et a décidé de permettre la double candidature des personnes sur les listes locales et régionales. La forme ultimement choisie ressemble beaucoup au modèle en vigueur en Écosse. Pour plus de détails sur chacun des modes de scrutin retenus sur la courte liste, veuillez vous référer à l annexe. Afin d effectuer le choix final du mode de scrutin, chaque étudiant a eu quelques minutes pour présenter et/ou justifier sa position. Après la dernière discussion, nous avons procédé à trois votes: vote unique pour l option préférée, vote par approbation de chaque option séparément et votes de premier, second et troisième choix. Sous chacun de ces trois votes, le scrutin mixte compensatoire a rassemblé le plus de soutien. On peut observer la tendance inverse chez le mode de scrutin pluralitaire. Le statu quo a, sous chacun des votes, obtenu le moins de soutien. Il est important de mentionner que le vote alternatif et le vote unique transférable ont tout de même obtenu des appuis appréciables, avec une légère préférence pour ce dernier. Finalement, le choix du mode de scrutin mixte compensatoire, selon la modalité énoncée plus haut, a été approuvé avec 21 appuis et 4 oppositions. Pour plus de détails sur les

résultats des différents votes, voir le Tableau 1. Ce choix repose sur la volonté de concilier plusieurs objectifs, dont certains sont en partie contradictoires. Il y a d abord la volonté de faire en sorte qu il n y ait pas une grande distorsion entre la distribution des votes et des sièges (tout en n insistant pas sur une forte correspondance). Il y a ensuite le souci d assurer une forte représentation locale en conservant le plus grand nombre possible de circonscriptions représentées par un député local. Il y a finalement le désir de permettre aux électeurs d exprimer leurs préférences de la façon la plus précise et nuancée possible, ce qui se traduit par la possibilité d exprimer un ordre de préférence dans le vote local et d appuyer un candidat de liste dans le vote régional. Eva Krejcova Christophe Davis Ibrahim Ahmed

Annexe : Les 4 options retenues pour la décision finale 1. Le vote pluralitaire dans 338 circonscriptions avec un élu 1. Le vote alternatif -338 circonscriptions avec un élu -les électeurs rangent les candidats -un candidat doit avoir une majorité d appuis (premier, second ou même troisième choix) pour être élu 1. Le vote unique transférable -circonscriptions de 3 à 5 élus -les électeurs rangent les candidats -un candidat doit obtenir le quota Droop d appuis -les 3 territoires conservent le mode de scrutin actuel 1. Le vote mixte compensatoire -des régions avec en moyenne 15 élus au total (entre 10 et 20) -dans chaque région, les deux tiers des élus (en moyenne 10) le sont dans des circonscriptions locales et l autre tiers (en moyenne 5) le sont de façon compensatoire au niveau régional -les doubles candidatures sont permises -les électeurs ont deux votes, un pour leur circonscription locale et un pour la région -le vote retenu pour le niveau local est le vote alternatif -le vote pour le niveau régional est un vote de liste ouverte -les sièges en surnombre ne sont pas permis -la répartition des sièges compensatoires se fait selon la méthode écossaise -il n y a pas de seuil national légal -les 3 territoires conservent le mode de scrutin actuel -l Ile du Prince Édouard a 3 sièges locaux et 1 siège compensatoire régional; Terre-Neuve a 5 sièges locaux et 2 sièges compensatoires régionaux