RAPPORT D EXAMEN & D INTERVENTION

RAPPORT D EXAMEN & D INTERVENTION «La Vierge au tonneau» Anonyme XVIII siècle Eglise Saint Jacques - Montauban C.R.P.A. Centre de Conservation et Restauration du Patrimoine Artistique Cité Guynemer Longueville 81600 Gaillac Tél. et Fax : 05.63.41.05.04 Sarl au capital de7774 RCS Albi B 390 195 931

Texte et photographies CRPA Gaillac Janvier 2007 C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 2

DOSSIER D'EXAMEN Examen et rapport réalisés en : janvier 2007 Interventions de conservation effectuées en : janvier 2007 Demandeur : Mairie de Montauban Adresse : Centre du Patrimoine Ancien collège des jésuites Rue du collège 82000 Montauban Tel : 05.63.66.04.49 Personne à contacter : Monsieur Roland Chabbert Conservateur, Mairie de Montauban et Monsieur Emmanuel Moureau CDAOA du Tarn et Garonne. N d'enregistrement : Rapport Centre du Patrimoine Vierge au tonneau.doc Lieu de conservation : Eglise Saint Jacques IDENTIFICATION DE L'OEUVRE Auteur : Anonyme Date : XVIIIème siècle1 Sujet : La Vierge au tonneau Dimensions : 214,8 X 174,4 cm Technique : Huile sur toile Avec ou sans cadre : Possède un cadre en résineux peint Mode de fixation du cadre : 7 clous de charpentier plantés en biais dans le cadre et retournés sur le châssis. Inscriptions et marques : Œuvre non signée et non datée Valeur déclarée d assurance : Non communiquée N INV : Pas de numéro d inventaire Pointe de maintien du cadre HISTOIRE MATERIELLE Provenance : Chapelle du pont vieux à Montauban. Cette œuvre a été installée dans l église St Jacques au XIXème siècle. Conditions climatiques de conservation : Non mesurées Interventions antérieures : * Transformation de format : Oui, agrandissement * Restaurations antérieures : Oui, rentoilage et présence de très larges repeints. 1 Selon les informations fournies par le demandeur. C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 3

INTERVENTION DEMANDEE But de l'examen : Examen pour évaluation de l état sanitaire Dossier scientifique demandé en vue de : * Prélèvements : Non * Photographies : Oui, dans le cadre du constat d état * Radiographies : Non NATURE DES MATERIAUX CONSTITUTIFS Le support : Le châssis : Châssis en feuillu, fixe et non chanfreiné. Il possède une traverse verticale et une traverse horizontale. Les assemblages sont à mibois et cloués. On observe, tant aux angles qu aux assemblages des traverses, des traces de trusquin (marquage des assemblages). Ce châssis présente également quatre écharpes angulaires. Plus récentes que le reste du châssis, ces écharpes sont clouées. Le montant gauche (vu du revers) est renforcé par un tasseau de 135 cm de long. Simplement scié sur un chant, ce tasseau présente encore des traces d écorce. Il est cloué au montant par 5 clous à tête plate. La toile : Détail d un bord de tension replié à l arrière (et clou de maintien du cadre) Cette œuvre est rentoilée. La toile originale est donc difficilement observable. La toile de rentoilage est de nature végétale. Elle est de couleur claire ce qui laisse supposer une fibre de coton ou de métisse (lin + coton). Cette toile présente une lisière sur les bords droit et gauche. Les bords de tension sont assez larges et en partie repliés à l arrière du châssis. Elle est d armure toile de type 1/1, de texture assez fine et de tissage plutôt serré. La toile originale a pu être observée dans des lacunes de couche picturale vierges de repeints. Comme la toile de rentoilage, elle est de nature végétale (lin?). Elle est d armure toile de type 1/1, de texture et de tissage moyen. Il est à noter que la texture de la toile originale est plus épaisse que celle de la toile de rentoilage et son tissage plus lâche. On observe à la face la présence d une couture verticale située à 49 cm du bord droit. La toile originale est d un format inférieur à la toile de rentoilage (et donc au châssis) de 3 cm en partie supérieure et sur le bord droit ; de 1 à 2 cm (selon les zones) en partie inférieure. L adhésif de scellage entre les deux toiles est difficile à définir. La rigidité de l ensemble et les traces présentes au revers nous laisse supposer l emploi d une colle protéique de type colle de peaux. La fixation au châssis du complexe toile originale / toile de rentoilage est assurée par des semences industrielles à tête estampée. C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 4

La couche picturale : La préparation : L observation de la préparation originale est sur cette œuvre fort mal aisée en raison du grand nombre de repeints présents. L observation des lacunes vierges d ajout (ni mastic ni repeint), nous laisse supposer que la préparation originale est de couleur sombre (peut-être brune). La nature de cette préparation n a pu être appréciée lors de ce premier examen. Détail de la robe de la Vierge Couche colorée : La couche colorée originale semble de nature lipidique. Elle semble plutôt fine et est travaillée en demi-pâtes pour l essentiel. Le vernis : L observation de la surface sous rayonnement U.V. indique que cette œuvre est vernie. En effet, on note une fluorescence verte caractéristique dans les zones épargnées par les repeints. ETAT DE CONSERVATION Le support Le châssis : Le châssis est assez fortement attaqué par des insectes xylophages. Cette attaque est active car de la sciure fraîche a été trouvée dans l angle supérieur droit (vu du revers). Les traverses du châssis sont bombées et la résistance mécanique de l ensemble est assez moyenne. C est probablement pour des raisons d affaiblissement que le montant gauche et les angles ont fait l objet d une consolidation locale par le clouage d un tasseau et d écharpes. Par ailleurs ce châssis semble avoir connu plusieurs usages. A l arrière et sur toute la périphérie, on note la présence de semences (actuellement oxydées). Ces semences s accompagnent parfois de restes de textiles. Elles passent pour les zones d écharpes sous ces dernières. Il semble donc qu antérieurement à la pose des écharpes, ce châssis ait reçu la tension d une autre toile. De plus, sur trois côtés, on note une bordure peinte (couleur brun sombre). On peut en déduire que la toile anciennement tendue sur ce châssis, était légèrement plus petite que le châssis. En conséquence, sa tension a été réalisée par la face. Une fois tendue, un raccord a été effectué par la pose de cette peinture sombre en périphérie. La toile : Le rentoilage présente de nombreuses zones de décollement avec la toile originale. Ces pertes locales d adhésion forment des cloques très rigides à la face. Le revers de l œuvre est très encrassé. Des toiles d araignées sont «collées» sur la toile. On note également des traces de coulées d eau anciennes principalement dans la partie basse. Il semble que cet apport massif et accidentel d humidité ait créé une adhérence entre la toile et le châssis. Détail des cloques C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 5

On note également au revers d assez nombreux restes de papier. Il est probable aient été utilisés lors du rentoilage. Zone d adhérence de la toile au châssis Les bords de la toile originale sont irréguliers. Le bord gauche semble volontairement amputé car il présente une coupe nette. On note également sur presque toute la périphérie de l œuvre, la présence de punaises récentes. Ces punaises sont, pour la plupart, recouvertes de repeints, et pour certaines d entre-elles, emprisonnées dans un épais mastic. Enfin, on observe des décollements périphériques entre la toile originale et la toile de rentoilage. Décollement local entre les deux toiles Reste de papier au revers de la toile Détails de punaises présentes en périphérie de la toile originale La couche picturale : La préparation : Présence de soulèvements locaux, parfois en toit, le plus souvent situés au somment de cloques ou de plis de la toile originale. Détail d un soulèvement La couche colorée : * apports extérieurs : Détails des mastics : couleur et aspect de surface Cette œuvre est très largement repeinte. On peut estimer à plus de 50 % la surface de l œuvre couverte par des repeints. Ces derniers sont épais et sont posés, pour la plupart, sur des mastics de couleur ocre (visibles notamment en partie inférieure de l œuvre). Ces mastics sont de nature aqueuse. Ils ont été appliqués au moyen d une spatule dont les traces sont visibles. Il est très probable qu ils soient largement débordants des lacunes qu ils intègrent. Les repeints qui les recouvrent sont également très large. Ils débordent généralement des mastics et recouvrent en partie de la couche colorée originale. On note également des repeints posés à même la toile. Les mastics et repeints ont été posés alors que l œuvre était vernie. Ils n ont pour leur part, pas reçu de vernissage. C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 6

* altérations : La couche présente quelques pertes de matière situées en périphérie de l œuvre et au centre de la composition. On note également des griffures accidentelles ayant entraîné des pertes de la matière peinte. Le vernis : Le vernis de l œuvre est oxydé (jauni) et la surface est empoussiérée. Détail d une tête d ange entièrement repeinte QUELQUES REMARQUES SUR LE CADRE Le cadre mesure 230 X 190 cm. Il présente une moulure de 10 cm de large. La feuillure a une profondeur de 28 mm. Le cadre est en résineux. Il est assemblé à coupe d onglet avec de longues vis à bois à tête fraisée et fendue dans chaque angle. La finition de surface est peinte (trois couleurs). Détail de la robe de la Vierge sous U.V. : mise en évidence de repeints Nous n avons pas observé d attaque d insectes xylophages sur ce cadre. On note en revanche que les assemblages angulaires sont mobiles. L angle supérieur droit (vu du revers) est lacunaire. Les angles inférieurs, pour leur part, ont déjà fait l objet d une intervention. On observe en effet, deux incrustations en sifflet (en résineux également) dans l angle inférieur gauche. Ces incrustations sont teintées à la face. On note enfin, une incrustation et une lacune laissant voir la vis d assemblage dans l angle inférieur droit. Enfin on constate au revers la présence de deux gros pitons ronds vissés sur les montants à 55 cm du bord supérieur. Ces pitons sont rouillés. CONCLUSION Cette œuvre est aujourd hui dans un mauvais état de conservation. En ce qui concerne le support il faut noter que le rentoilage antérieurement pratiqué présente de nombreuses zones de décollement et que le châssis est aujourd hui mécaniquement faible. Pour la couche picturale, outre les soulèvements locaux (actuellement protégés par des facings), il est bien difficile de ce faire une idée de son état tant les repeints sont nombreux et les mastics épais. Envisager un simple traitement conservatoire sur cette œuvre semble une mission bien difficile dans la mesure où les problèmes du support et de la couche picturale sont liés. Il est impossible de traiter les problèmes de la toile (et notamment les déformations) sans, au préalable, avoir retiré à la fois les mastics et les repeints très largement débordants. Dans ces conditions proposer un traitement conservatoire ne peut être envisager qu en prenant en compte le traitement dans sa globalité. C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 7

INTERVENTIONS REALISEES 1.Pose de facing locaux Matériaux : papier japon Bib Tengujo 9 g / m² et hydroxypropylcellulose en gel à 5 % dans de l eau (Klucel G). 2.Traitement du cadre : Les clous de fixation du cadre ont été retirés. Le revers et la face ont été dépoussiérés par brossage doux et aspiration. Le cadre a ensuite été décrassé à l eau. Les amas de poussières agglomérées au revers ont été éliminés par action mécanique. Le cadre a ensuite été traité de façon préventive contre l attaque d insectes xylophages au moyen d une solution de cyperméthrine 1 g / l ; propiconazole 1,5 g / l ; Tébuconazole 0,5 g / l et IPBC 0,5 g / l en phase aqueuse. 3.Traitement du châssis : Le châssis a d abord été dépoussiéré (aspiration), il a ensuite été nettoyé à l eau au moyen d une éponge humide puis séché avec des papiers absorbants. Le châssis a ensuite été traité avec la même solution que le cadre. L application de la solution insecticide et fongicide a été appliquée au pinceau à 3 reprises (avec 24 H de séchage entre chaque couche). 4.Dépoussiérage du revers : Le revers a été dépoussiéré par brossage doux et aspiration. Remarque : l ensemble des toiles d araignées collées au revers n a pu être éliminé lors de ce dépoussiérage. 5.Dépoussiérage de la face : La face de l œuvre a été dépoussiérée au pinceau. 6.Test de décrassage : A la demande du propriétaire de l œuvre, des tests de décrassage ont été envisagés. Un premier test à l eau a été réalisé en périphérie de l œuvre au moyen d un bâtonnet muni de ouate imbibée d eau. Les cotons tests se sont révélés grisâtres et après évaporation de l eau en surface nous avons observé un léger blanchiment. Les tests n ont donc pas été poursuivis. C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 8

Vues générales après intervention C.R.P.A. Rapport d examen et d intervention - Page - 9