L EXPLOITATION DE L OR DANS LA REGION DE PERMA CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES MINES L'importance du secteur minier dans l'économie d'une nation n'est plus à démontrer. Quel est ce secteur de l'activité économique? La tentative de réponse à cette question nous permettra de préciser dans la section 1 les concepts, et dans la section 2 d'apprécier son rôle. Secteur 1 : Concepts Les concepts ont rapport à la notion de mine puis aux différentes étapes de la minéralisation. Paragraphe 1 : Notion de mine La connaissance de la notion de mine se lira à travers sa définition puis à ses variantes. Qu'est-ce donc une mine? Quelles en sont les variétés? A - Définition La recommandation N 124 OIT concernant l'âge minimum d'admission aux travaux souterrains dans les mines nous offre une définition de la mine. Aux fins de l'application de cette recommandation, le terme «mine» s'entend de toute entreprise, soit publique, soit privée, dont le but est l'extraction de substances situées en dessous du sol et qui génèrent l'emploi souterrain de personnes physiques. De cette définition, il ressort clairement que la mine est un lieu de travail situé dans le sous-sol. La mine selon -, LAROUSSE, est un fonds très riche, une ressource importante qui est située dans le sous-sol. La convention N 176 OIT explicite amplement cette notion. D'après cette convention, le terme «mine» comprend d'une part tout site à ciel ouvert ou souterrain où se déroulent notamment les activités suivantes l'exportation de minéraux, à l'exception du pétrole et du gaz, qui implique une altération mécanique du terrain, la préparation des matériaux extraits, notamment le concassage, le broyage, la concentration ou le lavage. 1
D'autre part, la mine désigne l'ensemble des machines, équipements, accessoires, installations, bâtiments et structures de génie civil utilisés en rapport avec les activités visées ci-dessus. B - Les variétés de mines Il n'existe pas de classification standard des mines. Toutefois, la loi n 83-003 du 17 Mai 1983 portant code minier de la République du Bénin dans son titre I, article 2 stipule que : «les gîtes naturels de substances minérales ou fossiles, autres que les hydrocarbures liquides ou gazeux, sont classés, relativement à leur régime légal, en carrières et en mines. En dehors des gîtes naturels de matériaux de construction, d'empierrement et de viabilité, de matériaux pour l'industrie céramique, de matériaux d'amendement pour la culture des terres et autres substances analogues, à l'exception des phosphates, nitrates, sels alcalins et autres sels associés dans les mêmes gisements, les tourbières et sablières, les autres substances minières sont dites minières». La différence entre les substances de carrière et celles minières réside dans l'attachement au sol. Les carrières sont réputées ne pas être séparées de la propriété du sol ou des droits de surface. Les mines peuvent être regroupées en plusieurs types. Nous avons : - les mines qui servent de matériaux de construction tels que : les pierres ornementales, le marbre, le gravier, l'argile, le sable siliceux, etc. -les substances minières en forme de métaux tels que : l'or qui fait l'objet de notre étude, le cuivre, le chrome, le jaspe, le diamant, etc. - les substances minières radioactives telles que l'uranium, le plomb, etc. Paragraphe 2 : Les différents types de minéralisation Les mécanismes de dépôts et de concentration de l'or ainsi que la nature des vecteurs qui le transportent permettent de distinguer les gisements dits primaires de ceux dits secondaires'. A - Les gisements primaires Il s'agit des couches profondes du sol qui contiennent des minerais. Il également appelés des exploitations de fonds c'est-à-dire des filons. Il existe deux variétés de filon 2
- Ceux de nature hydrothermale Ce sont les gisements de solution hypo et mésothermale où l'or retrouve des filons de quartz aurifère remplissant les fissures de roches et qui sont surtout localisés dans de grandes zones de cisaillement de la croûte d'une part ; et d'autre part on trouve les gisements de solution épithermale aqueuse. L'or s'y trouve disséminé ou concentré dans des veines de quartz et/ou carbonate dans des roches volcaniques ou volcano - sédimentaires. - Ceux liés aux ceintures de roches vertes (green stone belt). Ce sont des roches mafiques ou ultramafiques à intercalation de sédiments détritiques et volcano - clastiques. Ces formations peuvent renfermer d'importants gisements d'or, soit disséminé dans des volcanites, soit concentré dans des veines de quartz. B - Les gisements secondaires Ceux-ci résultent de l'érosion ou de l'altération supergène des filons dans lesquels l'or est fort dispersé. Cette transformation est due aux facteurs de transport et de dépôt de l'or. Qu'elle soit physique ou chimique, cette transformation permet de distinguer les gisements alluvionnaires ou détritiques des gisements alluvionnaires ou d'altération. Les gisements secondaires sont encore dits dès exploitations de surface. - Les gisements détritiques ou alluvionnaires Dans ce cas, le transport des particules d'or est fait soit par les eaux - superficielles soit par le vent ou encore par les glaciers : On parle alors des placers fluviaux, éoliens, marins. Ce transport aboutit au dépôt et à l'accumulation de l'or associé le plus souvent à des minéraux lourds dans des plaines alluvionnaires. - Les gisements d'altération L'altération supergène de roches primaires provoque le départ chimique de certains éléments en laissant en place les particules d'or inaltérables. Cette action conduit à une nouvelle mobilisation et à un enrichissement résiduel des produits de cette altération qui sont des dépôts peu déplacés par rapport à leur lieu de formation. Section 2 : Rôle du secteur minier Presque tous les pays développés, à un moment de leur histoire, se sont appuyés sur le secteur primaire qui se définit selon le "Petit Larousse" comme "l'ensemble des activités économiques productives de matières premières, notamment l'agriculture et les industries extractives". C'est le secteur en amont qui fournit des matières premières aux autres industries. 3
Le rôle du secteur minier se lira à travers son importance et le panorama actuel du secteur minier du Bénin. Paragraphe 1 : Importance du secteur minier Le prestige du secteur minier est le fait qu'il joue un rôle déterminant dans le développement économique d'un pays'. La compréhension de cette importance ne peut se faire sans la place de choix accordée à ce secteur. A - La place de choix Le secteur minier tient une place de choix dans le secteur primaire. Malgré l'effet dépressif de la crise asiatique de 1997 sur le marché des métaux de base en matière d'investissement minier, les dépenses d'exploration et d'exploitation ont progressé de 11% par rapport à 1996, pour atteindre environ 5,1 milliards de dollars. L'Afrique a bénéficié de 17% de ces investissements. Pour le Maroc, la part du secteur minier dans le commerce extérieur global est de 34,8% en 1997. En Afrique du Sud, pour la même année, l'industrie minière a contribué pour 7,8% à la formation du PIB, et a fourni 55% des recettes d'exportation. La République du Bénin est l'un des pays qui a choisi de baser son développement économique sur la deuxième branche du secteur primaire c'est-à dire l'agriculture. Mais avec les aléas climatiques et les fluctuations intempestives des prix des produits agricoles, il serait peut-être temps pour notre Etat de faire l'effort nécessaire ensemble avec le secteur privé pour que s'amorce le développement minier dans notre pays. A cet effet, le cas du Mali est édifiant en ce sens qu'il a connu les mêmes périodes que le Bénin. B - Le cas du Mali Comme le Bénin, le Mali a connu trois périodes dans son développement : Première Période: de 1960 à 1969 Deuxième Période: De 1970 à 1990 Troisième Période: De 1991 à nos jours. 4
Le développement du secteur minier a suivi les mêmes périodes. Durant la première période, les investissements dans le secteur minier se sont élevés à 14 milliards de F CFA, et ont permis de faire l'inventaire minier et la reconnaissance géologique de tout le territoire, et de démarrer l'exploitation de certains matériaux de construction. Durant la deuxième période, le coût total des investissements s'est élevé à près de 70 milliards de F CFA et a permis de poursuivre les travaux de recherches géologiques et minières, travaux qui ont abouti à l'édition d'un certain nombre de cartes géologiques et au démarrage de l'exploitation de gisements d'or, de phosphate et de gypse. De 1990 à nos jours, plus de 247 milliards de F CFA ont été investis et ont permis la découverte d'autres gisements de substances utiles et le démarrage de leur exploitation. Avec une production totale de 18,2 tonnes d'or en 1997, le secteur minier a fourni environ 39% des recettes d'exportation de l'année. Ce qui plaçait l'or au deuxième rang de production d'exportation après le coton. Qu'en est-il du Bénin? Paragraphe 2 : Panorama actuel du secteur minier du Bénin La situation du secteur minier au Bénin est critique. Cependant, ce panorama nous offre un double plan : plan physique et institutionnel. A - Le cadre physique Après 39 ans d'indépendance, le paysage minier du Bénin n'est pas très encourageant. On peut signaler : - Les travaux de recherche et de prospection dans la zone aurifère du Nord- Ouest du Bénin par des sociétés étrangères. - Une trentaine de gisements de substances minérales très peu connus, une centaine d'indices de minéralisation, une trentaine de petits indices et une soixantaine d'anomalies géochimiques. - L'exploitation artisanale (orpaillage) de l'or alluvionnaire dans la zone de Perma et ses environs dont le contrôle est plutôt difficile. - L'exploitation d'un complexe cimentier d'une capacité annuelle de 500 mille tonnes de ciment qui n'a jamais pu produire plus de 200 mille tonnes par an, sur la 5
basé d'un gisement de calcaire avec un recouvrement d'argile. Ce complexe est la propriété commune du Bénin et du Nigeria à ONIGBOLO. - Des exploitations artisanales de graviers dans les départements du Mono et du Couffo par les autochtones. - Des exploitations pilotes de marbre dans le département du Couffo par l'office Béninois de Recherches Géologiques et Minières (OBRGM) et une société privée pour la fabrication à petite échelle de granite. - Des exploitations de matériaux d'empierrement par les sociétés de construction de routes. Ces matériaux servent aussi au ballastage des voies ferrées de l'organisation Commune Bénin - Niger (OCBN). - Des exploitations de sable marin pour les constructions. - Des exploitations de sable siliceux et de terre jaune pour divers travaux de remblai. - Les différents travaux dé recherche et les différentes exploitations ont montré que le potentiel minier est faible mais non négligeable. B - Le cadre institutionnel Avant 1991, le secteur n'était pas géré par un département ministériel propre. Ce qui dénote du peu d'intérêt accordé à ce secteur par l'etat. La création du ministère chargé des mines est donc relativement récente. Elle date de 1991. Avant 1996, les activités minières étaient réglementées et contrôlées par une seule structure l'office Béninois des Mines (OBEMINES) qui en même temps qu'il légiférait, devait s'occuper de l'exécution des programmes de recherches géologiques et minières et des exploitations pilotes. En 1996, l'obemines a été restructuré, donnant naissance à la Direction des Mines chargé de la législation et de la promotion du secteur minier et à l'obrgm chargé de l'exécution des programmes de recherches géologiques et minières. Pour assurer une présence active du secteur minier, la Direction des Mines est doté d'antennes régionales. Il faut noter enfin, la création tout récemment en 1997 de la Commission Nationale d'attribution de Permis (CANP) et en 1998 du Fonds de Promotion et de Développement Minier (FPDM). 6
Faisons remarquer que depuis sa création ce Fonds n'est pas alimenté et n'est donc pas opérationnel. 7