La céramique. La céramique est fabriquée par le potier, soit dans un atelier de taille modeste, comme c est le cas à Jublains, soit dans des grands centres de production, tels ceux de Lezoux (Puy-de- Dôme) ou de la Graufesenque (Aveyron) pour la céramique sigillée. Les ateliers de potiers comme ceux des autres artisans, sont rarement situés à l intérieur de la ville. Ils sont généralement installés en dehors de la ville pour plusieurs raisons : - nécessité de disposer d un espace assez vaste pour installer les différentes structures (cave pour le stockage de l argile, fosse de préparation de l argile, emplacement des bâtiments d habitation, de tournage et de stockage ) - éloignement de la ville pour des raisons de sécurité (risque d incendie lié à l utilisation du feu pour la cuisson des céramiques) - proximité des matières premières (argile, bois, sable) indispensables pour la fabrication d une céramique. Trois ateliers de potier ont été découverts à Jublains, mais seuls deux ont fait l objet d une fouille. Ils ne sont pas tous situés en dehors des limites de la ville comme cela devrait être le cas, mais ils sont néanmoins situés en dehors de la zone habitée. 1
Les matières premières. L argile. Il n existe pas une seule argile mais plusieurs, présentant des couleurs différentes (rouge, blanche, verte ) en fonction de l endroit où elles ont été extraites et des minéraux qui les composent. Le potier utilise l argile pour confectionner des objets car mélangée à l eau, elle devient malléable. L argile en séchant durcit mais garde la forme que le potier lui a donnée. Un vase uniquement séché à l air libre peut redevenir une pâte argileuse s il est trempé dans l eau puis pétri. L eau. L eau est utilisée pour rendre l argile molle, souple. Le bois. Le bois sert pour la cuisson des objets. Un vase qui sèche à l air libre est dur mais ses parois restent poreuses. Il est donc nécessaire de le cuire pour lui apporter une certaine étanchéité. Il faut parfois également enduire l intérieur du récipient avec de la résine pour améliorer son imperméabilité. Les étapes du travail. Préparation de l argile Une fois extraite, l argile est foulée au pied et malaxée jusqu à ce qu elle devienne molle, plastique. Le potier doit ensuite la débarrasser de ses impuretés (cailloux ) ; pour cela il utilise des grands bacs de décantation et de l eau. Parfois après cette étape, et avant la fabrication proprement dite, le potier ajoute un dégraissant à l argile (sable, paille, chamotte) dans le but de : - rendre la pâte plus solide et éviter que les céramiques ne se cassent en séchant - rendre les parois de l objet rugueuses, en vue de son utilisation (mortier, gobelet) 2
Fabrication. Il existe plusieurs méthodes pour fabriquer une céramique : modelage, tournage, moulage. Modelage. La plus ancienne technique de fabrication d une céramique est le modelage. Elle est utilisée dès le néolithique (vers 6000 ans avant J.-C.), puis à l époque gauloise, durant la période gallo-romaine et même encore aujourd hui. Ce mode de façonnage, consistant à n utiliser que les mains pour mette en forme l objet, peut faire appel à différentes méthodes : - montage au colombin - pincement de l argile montage au colombin pincement de l argile Cette technique donne souvent des formes aux parois irrégulières et épaisses. céramiques modelées exposées dans le musée de Jublains 3
Tournage. Le tournage, autre méthode de fabrication des céramiques, apparaît dès l époque gauloise (800 avant J.-C.) et se développe largement à l époque galloromaine. Cette technique permet au potier de travailler plus rapidement et de faire des pots avec des parois plus fines et plus régulières. Les tours à l époque gallo-romaine sont actionnés à la main ou aux pieds. Aujourd hui, les tours sont électriques. Moulage. Cette technique du moulage est surtout utilisée pour la réalisation de formes décorées. Le potier applique l argile contre les parois d un moule en terre cuite sur lequel des décors ont été réalisés en creux, à l aide de poinçons. Le vase, une fois démoulé, portera sur sa face externe les décors en relief. Le démoulage se fait facilement grâce à la rétractation de l argile lors du séchage. Moule et poinçon Décoration Démoulage d une céramique Après avoir fabriqué les céramiques et avant de les faire sécher, le potier peut les décorer en utilisant différents procédés : - en lissant l argile, pour lui donner une surface lisse et brillante, - en appliquant une fine couche d argile (un engobe) avec un pinceau sur la surface, 4
- en imprimant des décors dans l épaisseur de la pâte, à l aide de poinçons, de roulettes, et d outils pointus, ce qui donne des décors en creux. Exemples de poinçon utilisé à La Graufesenque (Aveyron) Séchage et cuisson Séchage. Les céramiques sont ensuite emportées sous des hangars où elles sont mises à sécher. Le séchage s effectue à l air libre. Il n y a pas de système de ventilation ou de soufflerie. L eau contenue dans l argile doit s évaporer lentement pour permettre à la terre de se rétracter, ce qui limite les risques de fissure ou d éclatement lors de la cuisson. Cuisson. La cuisson des céramiques se fait dans un four. Le type de four le plus répandu dans l antiquité est le four à alandier. Ce four se compose de différents éléments : - l aire de chauffe ou foyer : endroit où se trouve le feu - l alandier : tunnel conduisant la chaleur dégagée par le feu - la sole : lieu sur lequel sont empilées les pots (la sole est percée de trous afin de permettre la remontée de la chaleur à l intérieur de la chambre de cuisson) - le laboratoire ou chambre de cuisson : espace dans lequel se trouvent les pots au moment de la cuisson, couverte par une voûte - la cheminée : trou percée au sommet de la voûte pour permettre l évacuation de l air chaud et de la fumée. 5
Dessin du four à alandier reconstruit à Jublains (dessin CG53 service du patrimoine) Deux des potiers qui travaillaient à Jublains dans l Antiquité ont utilisé un four à alandier. En ce qui concerne le troisième artisan, son atelier n a pas été fouillé et donc on ne connaît pas le type du four qu il utilisait. vestiges du four de potier découvert en 2004 Jublains (site du Taillis des Boissières) au premier plan : aire de chauffe au centre : alandier à l arrière plan : les banquettes qui soutenaient la sole du four, qui a disparu. (photo CG53 service du patrimoine) 6
Vestiges du four découvert en Jublains, lotissement de la Poste La sole, qui a disparu, reposait sur des piliers centraux et sur des piliers installés tout autour de la structure. (photo CG53 service du patrimoine) La cuisson nécessite une température située entre 900 et 1100 degrés et peut durer plusieurs jours, si l épaisseur des pots est importante. Le type de cuisson permet d obtenir des objets de couleurs différentes. - la cuisson oxydante, qui se déroule avec alandier et cheminée ouverts, donnera plutôt des céramiques de couleur claire, - la cuisson réductrice aboutira à l obtention de vases de couleur sombre (grise/noire). Dans ce type de cuisson, le feu est poussé à l intérieur de l alandier, puis ce dernier ainsi que la cheminée sont rebouchés. Le feu s étouffe alors en produisant un énorme dégagement de fumée. Or cette fumée ne peut sortir du four et donc elle donnera sa coloration foncée à la pâte. Après refroidissement, la céramique est sortie du four. Elle est ensuite stockée avant d être vendue, soit dans une boutique ou sur le marché local, soit à l exportation, vers d autres régions. L utilisation de la céramique La céramique sert à la fabrication de lampes à huiles, de statuettes mais surtout de la vaisselle. 7
L essentiel de la vaisselle utilisée à l époque gallo-romaine est en céramique. Cette vaisselle est composée d une multitude de formes et de couleurs qui sont en rapport avec l utilisation des objets. La vaisselle de table (assiettes, coupes, gobelets ) est généralement plus décorée que la vaisselle culinaire (utilisée pour la préparation et la cuisson des aliments) ou que la vaisselle de stockage et de transport. Lampe à huile Statuette de la déesse-mère exposée au musée de Jublains Coupelle en sigillée 8
Reconstruction d un four de potier à Jublains. Depuis 2002, le service départemental du patrimoine organise un week-end d expérimentation archéologique pour faire découvrir au public les gestes et savoir-faire des artisans installés à Jublains dans l Antiquité. Dans ce cadre, un four de potier a été reconstitué sur le site et sert chaque année à une cuisson de céramiques fabriquées par Ulrike Lefebvre. Four de potier reconstitué (photos CG53 service du patrimoine) Poteries issues de l expérimentation 9
Fiche niveau 1 : le travail du potier Remets les étapes du travail du potier en plaçant les numéros de 1 à 6dans les cases. cuisson des pots tournage des pots préparation de l argile vente des pots Extraction de l argile Séchage de pots Colorie en rouge la zone du four où le potier dépose les pots et en vert celle où il allume le feu. 10
Fiche niveau 2 : le travail du potier Comment s appelle l artisan qui fabrique la céramique?. Quelles sont les matières premières qu il utilise? farine sable bois eau argile sel Mets une légende aux images représentant certaines étapes du travail du potier Dessine le feu, des pots et avec des flèches, indique la circulation de l air chaud dans le four. 11
Fiche niveau 3 : le travail du potier Comment s appelle l artisan qui fabrique la céramique?. Quelles sont les trois matières premières principales qu il utilise?... Comment sont placés les ateliers artisanaux par rapport aux villes antiques et pourquoi?.. Un four de potier a été reconstitué sur le site. Relie chaque photo à sa légende. Alandier Sole Aire de chauffe Laboratoire (photos CG53 service du patrimoine) 12