Traumatismes crânio-encéphaliques Epidémiologie Caractéristiques sociologiques Mesures de prévention

Documents pareils
La sécurité routière en France Bilan de l année 2007

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

cyclomoteur Non autorisé En général non autorisé sinon

Savoirs de base en sécurité routière. Vitesse et mortalité

ÉVOLUTION DE L'ACCIDENTALITÉ ROUTIÈRE DANS LE DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE Valeurs cumulées sur les 12 derniers mois avec courbe de tendance

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

Présentation Macro-économique. Mai 2013

Transport des victimes d accidents par les taxis de Ho Chi Minh ville

LA SECURITE ROUTIERE et l ASSR

Canada-Inde Profil et perspective

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

L Épargne des chinois

DONNÉES DÉTAILLÉES DE L ACCIDENTALITÉ

- Les équipements. Route à accès réglementé. Autoroute

Traumatisme crânien ou traumatisme cranio-cérébral Trouble de santé neurologique Aide-mémoire

Les évolutions dans les services de l automobile. ) Éléments de cadrage et prospective

LES ESPACES CAMPUS FRANCE A PROCEDURES CEF. étrangers

Les touristes français et internationaux de la destination Paris Ile-de-France

Vous intervenez en équipage SMUR sur un accident de la voie publique : à votre arrivée sur les lieux, vous trouvez un homme d environ 30 ans au sol à

FORD C-MAX + FORD GRAND C-MAX CMAX_Main_Cover_2013_V3.indd /08/ :12

BEPECASER ÉPREUVE DE CONTRÔLE DES CONNAISSANCES. 16 mai 2012

TOPCHAI. Demandeur. Indications retenues : pour les. Comparateu retenu(s) : Amélioration. raison de. d autonomie. 5 ans - 1 -

Accidents à un seul véhicule sans piéton

Conducteurs et passagers: à chacun ses responsabilités

Enquête globale transport

La situation de la sécurité routière dans le monde

: un risque a chassé l autre

Professions indépendantes. Vos prestations maladie

Ouverture d'un point de vente L étude de la zone de chalandise.

RESPONSABILITÉ, SANCTION Introduction: Être responsable de ses actes ET ASSURANCE. Il existe deux types de responsabilité

À retenir Ce qu en disent les acteurs communautaires

Controverse UDM télésurveillée Pour. P. Simon Association Nationale de Télémédecine

L assurance des deux-roues à moteur. Fédération française des sociétés d assurances DEP MARS 2003

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

à Master professionnel Enquête sur le devenir au 1 er décembre 2013 des diplômés de Master professionnel promotion 2011

21 ème Observatoire des Taux meilleurtaux.com. C O N F É R E N C E D E P R E S S E 3 f é v r i e r

Projet d action de prévention routière. la société xxxxxx

Qui sont les enseignants?

OBSERVATOIRE DE L EPARGNE EUROPEENNE

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

Objectifs et Modalités. Présentation : Dr M. Hours, INRETS

Le Comité Consultatif du Secteur Financier. L accès aux services bancaires et au crédit: les outils du CCSF

La sécurité routière en France

Effectifs et taux de réponse par discipline

LES COLLISIONS FRONTALES ENTRE VÉHICULES

LA RESPONSABILITÉ DU RADIOLOGUE Point de vue de l avocat

Marc SAMAMA. Tél. : marc.samama@yahoo.fr PARCOURS PROFESSIONNEL

Des désensibilisations inhabituelles : le chat, Alternaria. Michel Miguéres AART, janvier 2011

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

LES BRIC: AU DELÀ DES TURBULENCES. Françoise Lemoine, Deniz Ünal Conférence-débat CEPII, L économie mondiale 2014, Paris, 11 septembre 2013

KIT SOLAIRE EVOLUTIF DE BASE

COMMISSION NATIONALE D EVALUATION DES DISPOSITIFS MEDICAUX ET DES TECHNOLOGIES DE SANTE. AVIS DE LA COMMISSION 08 février 2011 CONCLUSIONS

Plan mondial. pour la Décennie d action pour la sécurité routière DÉCENNIE D ACTION POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Quel est le temps de travail des enseignants?

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

GRANDS EXCÈS DE VITESSE : DES SANCTIONS PLUS SÉVÈRES

Dossier de presse. Création de l observatoire sanef 1 ère étude scientifique des comportements au volant sur autoroute JUILLET 2012

SOCIÉTÉ DE L ASSURANCE AUTOMOBILE DU QUÉBEC BILAN ROUTIER

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

In t r o d u c t i o n

Les perspectives mondiales, les déséquilibres internationaux et le Canada : un point de vue du FMI

Comment les pratiques en milieu scolaire agissent-elles au regard des inégalités sociales de santé? Regard sur trois continents

TOPCHAIR-S, fauteuil roulant électrique monte-marches

à la Consommation dans le monde à fin 2012

A C T I V Méningites à pneumocoque de l Enfant en 2007

La Réforme Je peux stationner dans une zone de rencontre uniquement sur des emplacements aménagés.

Document unique d évaluation des risques professionnels

SOIXANTE-SEPTIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ A67/18 Point 13.5 de l ordre du jour provisoire 21 mars Psoriasis. Rapport du Secrétariat

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

DERIVES SUR ACTIONS ET INDICES. Christophe Mianné, Luc François

PETIT LEXIQUE DE L ASSURANCE AUTOMOBILE

Orientations ministérielles pour le TRAUMATISME CRANIOCÉRÉBRAL LÉGER

PNEUS HIVER EN EUROPE

UNE OFFRE MODERNE DE BANQUE À DOMICILE

1. La production d électricité dans le monde : perspectives générales

LES OPERATIONS (outils pédagogiques, types d'interventions) Département du Morbihan

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

Sécurité des vélos dans les accidents entre vélos et voitures

Des indicateurs en santé travail Les accidents mortels d origine professionnelle en France

Revue des Marchés. Charles Gagné

En savoir plus?

Sommaire. Rentabilité du retour d une franchise de baseball de la Ligue majeure de baseball à Montréal (les «Expos»)

Modèle de budget mensuel

Un de vos proches devient inapte

ASPECTS MEDICO-LEGAUX DES TRAUMATISMES SEVERES NIMES 8 JANVIER Département de médecine légale Pôle URGENCES CHU de Montpellier

La baisse tendancielle des rentes réduitelle la demande d épargne retraite? Leçons tirées d une réforme des tables de mortalité

Le centre sera fermé du 20 au 31 juillet 2015

Fonds de secours des employés Demande de bourse

Cet article s attache tout d abord

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Conférence-débat Place des aides techniques et de l adaptation du logement dans le cadre de l assurance dépendance

Exemple 1: Entorse cheville. ÉVALUATION INITIALE: entorse cheville

TABLE DES MATIÈRES. Première partie DE LA SOCIÉTÉ DE PLANTATION À LA SOCIÉTÉ DE TRANSFERTS : UNE SOCIOLOGIE DE LA RÉUNION

Boussole. Divergence des indicateurs avancés. Actions - bon marché ou trop chères? Marchés boursiers - tout dépend du point de vue!

Guinée - Epidémie de la Maladie à virus Ebola Rapport de la Situation Epidémiologique Maladie a Virus Ebola en Guinée 07 Juin 2015

COMPRENDRE, EVALUER ET PREVENIR LE RISQUE DE CORRUPTION

Institut des comptes nationaux. Statistique du commerce extérieur. Bulletin mensuel

Transcription:

Traumatismes crânio-encéphaliques Epidémiologie Caractéristiques sociologiques Mesures de prévention DES Neurochirurgie Interrégion Nord Cap Hornu 24 et 25 mars 2011

Un traumatisme du corps Événement mécanique qui touche la tête: la dissipation de l énergie physique mise en jeu dans l accident provoque des altérations de l encéphale ou de ses enveloppes plus ou moins sévères, plus ou moins étendues, plus ou moins évolutives. Un traumatisme de la personne Un traumatisme crânien est une blessure portée au fondement même de la personne. Toute notre vie mentale, qui exprime ce que nous sommes, sera mise en cause par les désordres traumatiques Un traumatisme des liens Le cercle impliqué dans le traumatisme inclus la famille, les proches, le milieu du travail, le médecin, la société elle même. Chaque partenaire a été touché dans ses liens avec le blessé, dans l image qu il a de lui. F. Cohadon, JP Castel, E Richer, JM Mazaux, H Loiseau Les traumatismes crâniens Arnette 2000

Données épidémiologiques

Etudes difficilement comparables variation des critères d inclusion Une seule étude française observatoire régional de la santé d aquitaine 1986

Incidence annuelle des traumatismes crâniens Europe Italie Angleterre Suède France USA Inde Af Sud 235/100000 (2008) 91/100000 435/100000 546/100000 281/100000 (1986) 98/100000 (1995) 160/100000 316/100000 (1986) USA: 1 500000 passages aux urgences pour TC (2004) 50000 décès

Incidence globale des Traumas Crâniens (1986) 281/100000 (H:384; F:185) 5400 TC / an en Picardie ou Normandie 11300 TC/ an en Nord Pas-de Calais 155000 TC/ an en France Incidence globale des TC en baisse constante dans les pays développés depuis 15 ans Cette baisse concerne surtout les TC légers (GCS 14-15) et les TC des enfants

Incidence des traumatismes crâniens selon sexe et age Taux/100000 Age

Mortalité et pronostic fonctionnel Taux mortalité global varie de 5 à 25/100000 TC (différences d inclusion: décès hospitaliers/décès pré-hospitaliers) France Angleterre San Diego JoBurg Espagne 281/100000 435/100000 295/100000 316/100000 91/100000 22,3/100000 7/100000 22,3/100000 81/100000 20/100000

Etiologies des traumatismes crâniens CONDUCTEURS VOITURE PASSAGERS PIETONS DEUX-ROUES ACCIDENTS TRAVAIL CHUTES ACCIDENTS SPORT BALLISTIQUES AGRESSION 21% 11% 12% 38% 4% 8% 1% <1% AVP: 82%

Incidence des morts par traumas crâniens Variabilité :5-25/100000 inclusion décès intra-hospitaliers J2-J28 inclusion décès pré-hospitaliers 22/100000 (H:33; F:12) 400 décès / an liés à TC en Picardie et Normandie 880 décès / an liés à TC en Nord Pas-de-calais 12000 décès / an liés à TC en France

Traumatismes crâniens graves TCG (GCS<8) entre 5 et 10 % des TC incidence en baisse constante en France 1986 : 24/100000; 1996 : 17/100000; 2007: 3/100000 cette baisse concerne les sujets <55 ans incidence TCG augmente chez >75 ans 99/100000 en 2001 Mortalité globale des TCG: 30 à 50%. 90% si mydriase aréactive Stratégie de prise en charge par Guidelines+++ 50% mortalité groupe «non respect Guidelines» 25% mortalité groupe «Guidelines OK» (Bulger, Crit Care Med, 2002) Entre 20 et 60% des survivants: GOS 4 ou 5

Traumatismes crâniens modérés (GCS 9 à 12) 10% des TC Pas de Guidelines Mortalité globale < 10% Mortalité identique GCS 8, 9 et 10 (Davis, J Trauma, 2006) proportion de lésions intra-crâniennes: 30% nécessité d un geste neurochirurgical: 8% (Stein, Bran Injury, 1995)

Traumatismes crâniens légers (GOS 13-15) 80% des TC Mortalité globale très faible GCS 13 14 15 % lésions cérébrales 20% 13,6% 5,5% % interventions neurochirurgicales 1,3% 0,9% 0,4% Syndrome post-commotionnel: 25-90%

Quels sont les facteurs pronostics? 1-sévérité du TC et des lésions (GCS) 2-âge Âge=facteur de risque d exposition à un TC (Thompson, Crit care Med,2008) Population générale 64-74 ans >75 ans 100/100000 125/100000 300/100000

Âge= augmentation risque de lésion intra-crânienne Âge= facteurs de comorbidités Âge= intensité de soins plus faible (Thompson, Crit care Med,2008) 3 Anticoagulants Prévalence 3,2% (47000 >60 ans, hospitalisés pour chute) 5%: lésions traumatiques intra crâniennes AC: 8% versus NonAC 5% mortalité AC 21% versus mortalité NonAC 15%

4 facteurs socio-économiques Surexposition des classes socio-économiques défavorisées A l échelle mondiale

Mortalité par AVP dans quelques pays (Données 2003) 70% des décès liés aux AVP sont en rapport avec un TC Pays Brésil Décès par AVP 30000 Population 190 000 000 Vietnam 12864 90 000 000 Thaïlande 13000 65 000 000 France 5732 60 000 000 Kenya 3000 39 000 000 Manque la donnée: Décès par Nbre de km parcourus

4 facteurs socio-économiques Surexposition des classes socio-économiques défavorisées A l échelle nationale ACTIFS 48,4% CHEFS ENTREPRISE PROF LIB 12,4% CHOMEURS 17% CADRES 7,2% RETRAITES INVALIDITE SCOLARISES 0,6% 3% 31% EXPLOITANTS ARTISANS EMPLOYES OUVRIERS 17,6% 26,5% AUTRES 2% MANOEUVRES 36,3%

Aux USA surexposition des populations noires et hispaniques 33% des TC 50% des TC graves Pronostic court et long terme plus défavorables que la population blanche à gravité de TC égale 66% minorités ethniques sans assurance santé 31% population blanche

Le coût socio-économique des traumatismes crâniens (Transport research laboratory Rapport mondial OMS 2004) 1% du PNB pays à faible revenu 1,5% du PNB pays à revenu intermédiaire 2% du PNB pays à revenu élevé 1997: 518 000 000 000 US $ coût mondial 453 000 000 000 US $ pays haut revenu 230 600 000 000 US $ USA 65 000 000 000 US $ pays revenus inter ou faible (> aide reçue au titre de l aide au développement)

Prévention des AVP Prévention primaire: éviter l accident Prévention secondaire: limiter les conséquences de l accident Prévention tertiaire: optimiser la prise en charge des victimes

Prévention primaire Alcoolémie Risque relatif Facteurs liés au conducteur Alcool: 30% Fatigue: 18% Inaptitude: 15,5% Facteurs liés au comportement Vitesse: 48,5% Infraction importante:13% Conduite dangereuse: 17% 0-0,49 0,5-0,79 0,8-1,19 1,2-1,79 >2 Facteurs liés au véhicule ou infrastructure routière 1 1,9 10 35 75

Prévention secondaire Accidentologie et biomécanique Port du casque Ceinture de sécurité Airbag Taux de mortalité et de lésions fatales en choc frontal

5000 nombre de tués 4500 4000 3500 3000 2500 2000 1500 3640-4% 3512 2568 1978 2000-42% 1494 1000 500 0 conducteurs voitures passagers voitures

18000 16000 16212-53% nombre de tués 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 12137 7643-38% 8073 6208 5006 1971 1978 2000-50% 3953 2971 1572-77% 3339 2118 783 0 tous usagers voitures 2 roues piétons

Nov. 1974 90 km/h routes 110 km/h voies express 130 km/h autoroutes Juin 1973 110 km/h routes à grande circulation 100 km/h autres routes ceinture avant obligatoire hors agglo. casque obligatoire Déc. 1973 90 km/h routes 120 km/h autoroutes Oct. 1979 Ceintures avant obligatoires en agglomération Juil. 1978 Loi sur la prévention de l alcoolémie Août 1983 Limiteurs de vitesse PL Déc. 1983 0,8 g/l alcool Evolution des Tués chez les usagers de la route Oct. 1990 Contrôles alcoolémie à l initiative des forces de l ordre Nov. 1990 50 Km/h en ville. Ceintures obligatoires à l arrière Juil. 1992 Permis à points Juil. 1994 0,7 g/l alcool Sept. 1995 0,5 g/l alcool Juil. 2002 Intervention du Président de la République sur la politique sécurité routière Indice de circulation X3,5 en 35 ans Nov. 2003 Radars automatiques Déc. 2005 Objectif < 5000 Tués (Résultat provisoire à +/- 0,5%: 4990 tués) (Sources ONISR)

Prévention tertiaire Optimisation de la prise en charge initiale du blessé Ramassage Conditionnement Intubation neurosédation des TC graves