Cours 1.- Le développement biologique et cognitif à l adolescence Dans ce cours, vous allez Comprendre que les changements pubertaires transforment le corps de l adolescent au point qu il va devoir le redécouvrir, se l approprier et l accepter, avec plus ou moins grande difficulté. Comprendre comment le refus du corps qui se transforme et la pression sociale peuvent entraîner des troubles alimentaires, de type anorexique ou boulimique. Connaître l organisation circadienne du sommeil et son évolution à l adolescence, appréhender la diversité des difficultés associées au sommeil et au rythme veille-sommeil et comprendre pourquoi des troubles peuvent apparaitre si facilement à cette période. Comprendre le développement de la pensée à l adolescence : l accès à la pensée formelle permet notamment à l adolescent de raisonner et de voir le monde qui l entoure autrement.
Puberté = restructuration totale du Moi!!! PHYSIQUE et ENDOCRINIEN : développement statural, développement des caractères sexuels secondaires, développement hormonal PHYSIOLOGIQUE : des besoins nutritionnels et des besoins en sommeil importants à l adolescence. INTELLECTUEL : acquisition de la pensée formelle, qui permet à l adolescent de voir le monde autrement, et qui implique des changements dans ses rapports à la réalité. PSYCHIQUE : apparition de pulsions libidinales et de sentiments nouveaux. Découverte de l objet sexuel. Prise de distance parentale. SOCIAL : recherche de nouvelles relations en dehors de la famille. La conformité au groupe rassure et aide dans la construction identitaire. Le «nous» sert à dissimuler l angoisse du «je». Wallon disait : «si l'ado se relance à la découverte de soi, c'est qu'il est dépaysé devant sa propre personne».
Puberté et changements physiques Certains ont quelques difficultés à s'adapter aux transformations physiques de leur propre corps, et éprouvent une certaine inquiétude face à ses modifications. La peur d avoir un développement disharmonieux incite l adolescent à se fixer sur certaines parties de son corps. «En quelques mois la gamine que j étais devint une jeune femme. Ce fut une période de laideur sans cesse renouvelée. Tout d abord je grandis de 18 cm. Ma tête changea. Mon œil droit grossit, talonné par mon menton. Ma main droite devint énorme puis mon pied gauche. Mon nez tripla de volume. Ma poitrine se décupla, mes fesses apparurent rétablissant ainsi mon centre de gravité. Et pour finir, un énorme grain de beauté décora mon nez. Pffffffff» (Persépolis, livre et film de Marjane Satrapi, 2007). Ces modifications, qu elles soient précoces, " normales " ou tardives, modifient l image corporelle de l adolescent(e) et peuvent avoir des répercutions psychologiques et sociales lien entre apparence physique et valorisation sociale. Le corps est au cœur de l adolescence : un corps en transformation, un corps en identification, un corps en sexuation. Le corps occupe donc une place essentielle à la croisée de l'intime et du relationnel.
Les troubles alimentaires : l anorexie «son besoin d être aimée lui inspirait le désir de rester enfant, d être toujours une petite fille que l on câline et qui peut tout exiger ; En un mot, il lui inspirait une terreur à la pensée de grandir L arrivée précoce de la puberté aggrava singulièrement les choses» (extrait tiré de Mac Léod, S. (1981), Anorexique, cité par J. Dumas, 1999, «Psychopathologie de l enfant et de l adolescent. Deboeck Université) L anorexie s installe de manière assez stéréotypée. L amaigrissement est spectaculaire en 3 à 6 mois. La perte de poids, après un régime, est toujours jugée insuffisante, et les restrictions alimentaires se poursuivent bien au-delà du but fixé. Le refus du corps qui se transforme est au centre des conduites anorexiques : les privations alimentaires ont pour but de faire disparaître les formes différenciées du corps, en ce qu elles sont l évidence d une identité sexuée qui est consciemment refusée.
Les troubles alimentaires : la boulimie Elle est proche de l anorexie au sens où elle partage avec elle la préoccupation excessive à l égard de la nourriture. ingurgiter des quantités énormes de nourriture puis se faire vomir ou utiliser des laxatifs pour purger son corps des calories tant redoutées. consommation rapide et répétée forte dose de culpabilité, d où le besoin de cacher sa conduite et de vouloir en éliminer les effets par des vomissements. C est d un comportement compulsif face à la nourriture dont il est question. C'est l'expression manifeste d'un vide à combler et du mal-être qui ne trouve de solution immédiate que dans le fait de se remplir pour se sentir un bref instant en sécurité. Les accès de suralimentation, incontrôlables, s accompagnent de sentiments de solitude, d humeur dépressive, d anxiété ou de colère.
Le sommeil de l adolescent Les rythmes veille sommeil de l adolescent sont soumis à de nouvelles contraintes environnementales qui s associent à des modifications psychologiques et physiologiques Environnementales 1) sorties tardives 2) travail scolaire 3) musique forte 4) café, coca, alcool 5) cigarettes 6) Télé, ordi Psychosociales 7) opposition aux parents 8) développement des relations sociales 9) accès à l abstraction 10) pression scolaire 11) image de soi 12) idéal du moi Neurophysiologiques 13) besoin important de sommeil 14) allégement du sommeil lent 15) réapparition des siestes 16) insomnie d endormissement 17) éveils nocturnes 18) modification hormonale (puberté)
Le manque de sommeil Il faut savoir que : - La quantité de sommeil lent profond est indépendante de la durée totale du sommeil, mais est liée à la durée de l'éveil qui précède le sommeil et à la qualité de cet éveil. - La durée du sommeil paradoxal est en revanche directement liée à la durée totale de notre nuit de sommeil : "Plus on dort, plus on rêve". Une enquête de l INSERM auprès d adolescents a confirmé leur manque de sommeil.
Quelles sont les conséquences d un mauvais sommeil? 1/ Lien significatif entre un temps sommeil raccourci et tous les comportements à risque Pk? Parce qu un sommeil insuffisant diminue le jugement cognitif et le contrôle de soi, augmente l irritabilité, diminue la maîtrise des émotions négatives et augmente les problèmes somatiques. 2/ Lien très fort entre qualité du sommeil et abus de substance : caféine et autres stimulants pour combattre la somnolence diurne et abus de drogue et d alcool pour aider à s endormir et combattre les insomnies. 3/ Lien entre une pauvre qualité de sommeil, un sommeil insuffisant et une somnolence diurne et les pires performances scolaires. 4/ Lien entre usage abusif des médias avant de se coucher et mauvaise qualité du sommeil et consolidation de la mémoire la performance dans des tâches complexes, exigeant des fonctions cérébrales de haut niveau, décline plus fortement après une privation de sommeil que la performance dans des tâches de mémorisation simple.
Les troubles du sommeil Les parasomnies : manifestations d éveil dans les périodes de sommeil lent (bruxisme, somniloquie, terreur nocturne, etc). Les insomnies : diminution de la durée habituelle du sommeil et/ou de la qualité du sommeil avec retentissement sur la qualité de l état de veille du lendemain Les hypersomnies : somnolence excessive se manifestant par des endormissements involontaires au cours de la journée, plus ou moins contrôlables. Les décalages de phase : déplacement de la phase de sommeil normal et correspondant soit à des réveils précoces soit à des couchers extrêmement tardifs.
Le dvp cognitif : la pensée opératoire formelle piagétienne L adolescent parvient à se dégager du concret pour situer le réel dans un ensemble de transformations possibles et non plus dans l'ensemble des transformations réalisées. Piaget dit qu il fait l inventaire de tous les possibles, et le réel devient alors un cas particulier de tous les possibles. C est parce que la pensée se construit en interaction directe avec les objets et le milieu, qu elle parvient progressivement à s en détacher et à s exercer sur le possible et le discours hypothétique (pensée formelle = pensée hypothético-déductive).
Influence de la socialisation sur la pensée opératoire Lautrey (1980) a mis en évidence combien les conduites éducatives parentales contribuent au dvp intellectuel de l'enfant selon que la structuration du milieu peut-être considérée comme aléatoire, souple ou rigide. En effet, - s'il n'y a que des régularités (structuration rigide), il n'y a pas d'événements nouveaux qui puissent provoquer des déséquilibres, - s'il n'y a que des perturbations sans régularité (structuration aléatoire ou faible), les événements ne sont pas prévisibles. - Le "milieu familial à structuration souple" est milieu où les événements réguliers sont prévisibles, mais où d'autres événements non prévus vont obliger le sujet à changer de stratégie pour intégrer ces perturbations.
Conclusion Un ado qui change sous tout rapport du fait du bouleversement pubertaire. Certaines adolescentes vont refuser les modifications pubertaires par des troubles alimentaires (anorexie, boulimie). Tous ces changements font aussi que l ado va se mettre en manque de sommeil total en semaine scolaire, jusqu à chez certains provoquer des troubles du sommeil. Sa vision du monde change, il défend des valeurs et des principes personnelles, en conflit parfois avec ceux de ses proches. Il va faire sa minirévolution pour découvrir la société dans laquelle il vit. La désobéissance et la prise de risque sont constructives lorsqu elles ne deviennent pas délinquance et marginalisation.