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Transcription:

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA FONCTION PUBLIQUE CONVENTIONS COLLECTIVES Accord national interprofessionnel STRESS AU TRAVAIL (Martinique) ACCORD DU 25 SEPTEMBRE 2009 RELATIF À LA PRÉVENTION DU STRESS AU TRAVAIL NOR : ASET1050588M Réunis dans le cadre de la commission paritaire régionale interprofessionnelle, les partenaires sociaux de la Martinique signataires décident de mettre en œuvre un accord territorial opérationnel sur la prévention du stress au travail. PRÉAMBULE L accord national interprofessionnel (1) relatif au stress au travail du 2 juillet 2008, signé par l ensemble des partenaires sociaux, précise 4 points essentiels. 1. Une description du stress «Un état de stress survient lorsqu il y a déséquilibre entre la perception qu une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu elle a de ses propres ressources pour y faire face... Le stress peut affecter potentiellement tout lieu de travail et tout travailleur, quels que soient la taille de l entreprise, le domaine d activité, le type de contrat... En pratique, tous les lieux de travail et tous les travailleurs ne sont pas nécessairement affectés... Le stress n est pas une maladie, mais une exposition prolongée au stress peut réduire l efficacité au travail et peut causer des problèmes de santé... (1) Texte intégral en annexe. CC 2010/18 175

Le stress d origine extérieure au milieu de travail peut entraîner des changements de comportement et une réduction de l efficacité au travail. Toute manifestation de stress ne doit pas être considérée comme stress lié au travail.» 2. Une description de la relation stress et travail «Le stress lié au travail peut être provoqué par différents facteurs tels que le contenu et l organisation du travail, l environnement de travail, une mauvaise communication, etc. Un certain nombre d indicateurs peut révéler la présence de stress dans l entreprise... par exemple un niveau élevé d absentéisme... des conflits personnels ou des plaintes fréquentes de la part des travailleurs... des passages à l acte violents...» 3. La nécessité d agir dans un cadre réglementé de responsabilité des employeurs et des travailleurs «... Les partenaires sociaux souhaitent concourir à la préservation de la santé des travailleurs par : la mise en place d une prévention efficace... l information et la formation de l ensemble des acteurs de l entreprise, la lutte contre les problèmes de stress au travail et la promotion de bonnes pratiques... la prise en compte de l équilibre entre vie professionnelle, vie familiale et personnelle... Dès qu un problème de stress au travail est identifié, une action doit être entreprise pour le prévenir, l éliminer ou à défaut le réduire. La responsabilité de déterminer les mesures appropriées incombe à l employeur. Les institutions représentatives du personnel et, à défaut, les travailleurs, sont associés à la mise en œuvre de ces mesures... En vertu de la directive-cadre n 89/391... et des articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail, les employeurs prennent les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs... tous les travailleurs ont l obligation générale de se conformer aux mesures de protection déterminées par l employeur... Les mesures sont mises en œuvre, sous la responsabilité de l employeur, avec la participation et la collaboration des travailleurs et/ou de leurs représentants...» 4. La mise en œuvre de moyens pour agir «Prévenir, éliminer ou, à défaut, réduire les problèmes de stress au travail inclut diverses mesures. Ces mesures peuvent êtres collectives, individuelles ou concomitantes... L identification d un problème de stress au travail doit passer par une analyse de facteurs tels que : l organisation et les processus de travail..., 176 CC 2010/18

les conditions et l environnement de travail... la communication... et les facteurs subjectifs... Lorsque l entreprise ne dispose pas de l expertise requise, elle fait appel à une expertise externe conformément aux législations, aux conventions collectives et aux pratiques européennes et nationales, sans obérer le rôle du CHSCT.» Article 1 er Objet Le présent accord a pour objet de traduire l accord national en mesures opérationnelles pour la Martinique, afin de prévenir, éliminer ou à défaut réduire le stress au travail. La volonté des partenaires sociaux de la Martinique, signataires du présent accord, est de favoriser des actions permettant de contribuer simultanément à une meilleure santé des travailleurs par la mise en place d une prévention efficace, et à une plus grande performance sociale et économique des entreprises. Article 2 Fondement des mesures opérationnelles Les mesures opérationnelles décrites dans cet accord sont basées sur les principes suivants : il n y a pas une solution universelle de lutte contre le stress mais des solutions à rechercher en fonction de chaque entreprise ; le stress se manifeste de façon différenciée au niveau individuel mais ses causes, ses effets et les moyens de traitement sont en grande partie collectifs. La frontière est poreuse entre le personnel et le professionnel. Une vision cloisonnée n est pas réaliste : il y a importation réciproque du personnel dans le professionnel et vice-versa. Pourtant cette frontière bien que poreuse, doit rester bien marquée car elle est protectrice, tant pour l intégrité et la santé du salarié que pour l entreprise qui n est pas responsable de toutes les tensions sociales ; si les méthodes de gestion individuelle du stress, souvent préconisées, peuvent permettre d aider des salariés en souffrances, elles ne permettent en aucun cas de traiter les causes de stress liées au travail et à ses conditions de réalisation. Elles peuvent même masquer et différer la nécessité d analyser les conditions de travail. Les initiatives visant à apprendre aux salariés à gérer leur stress ne dispensent donc pas d une réflexion plus générale au niveau de l entreprise. Elles ne peuvent remplacer une démarche de prévention collective (1). (1) «Et s il y avait du stress dans votre entreprise?», ED 973 - INRS 2007. «ELVIE : un outil de diagnostic et de prévention des risques psychosociaux», ARACT Martinique. CC 2010/18 177

Article 3 Mesures opérationnelles Les mesures opérationnelles doivent permettre de répondre de façon concrète aux engagements de l accord national : augmenter la prise de conscience et la compréhension du stress au travail, pour une meilleure prise en compte par les employeurs, les travailleurs et leurs représentants ; attirer leur attention sur les signes susceptibles d indiquer des problèmes de stress au travail, et ce le plus précocement possible ; fournir aux employeurs et aux travailleurs un cadre qui permette de détecter, de prévenir, d éviter et de faire face aux problèmes du stress au travail. Son but n est pas de culpabiliser l individu par rapport au stress ; mettre en place un plan d action permettant de réduire ou d éliminer le stress au travail. Les mesures opérationnelles se déclinent dans les actions suivantes : Action 1 : développer la compréhension du stress au travail Des séances de sensibilisation dans les organisations de travail (entreprises, collectivités, associations...) seront organisées à la demande des employeurs et des instances représentatives du personnel, ou des salariés s il n y a pas d IRP, afin de dépassionner la question du stress, de la placer dans le cadre professionnel et de présenter les outils de dépistage, de prévention et d action sur le stress au travail. Ces séances seront animées par des médecins du travail, des préventeurs de la CGSS, des intervenants de l ARACT ou des consultants dûment habilités par ces institutions. Action 2 : attirer l attention sur les signes précoces de stress au travail 1. Constitution d un collège d écoute des salariés en souffrance, constitué d experts sur la question : psycho-sociologues, assistantes sociales... permettant un parcours de prise en charge, garantissant les modalités de confidentialité et de protection des salariés. La possibilité de mise en place d un numéro vert devra être étudié en partenariat avec la DSDS et le conseil général. 2. Mise en œuvre dans les organisations de travail (entreprises, collectivités, associations...) d indicateurs de dépistage des situations potentiellement à risque : cette mise en œuvre peut s appuyer sur le document de l INRS : «Dépister les risques psychosociaux», ED 6012 (1). (1) Annexe III. 178 CC 2010/18

Action 3 : fournir aux employeurs et aux salariés un cadre d action et des moyens pour l action 1. Constitution d un réseau de consultants. Un parcours de formation spécifique sur le stress et les risques psychosociaux sera mis en œuvre par des institutions habilitées par la plate-forme interdisciplinaire prévue à l article 4 de l accord, afin d outiller les consultants pour agir en prévention et en correction des situations de stress au travail. 2. Pour les acteurs des organisations de travail : dirigeants, cadres de la fonction ressources humaines, représentants des salariés, organisations syndicales et patronales, des séminaires sous forme d ateliers seront mis en œuvre par l ARACT Martinique. Ces ateliers conçus par l ARACT Martinique visent à présenter une méthodologie de prévention et de réduction des risques psychosociaux dans les organisations de travail. L ARACT devra organiser plusieurs ateliers par année, afin de toucher le plus grand nombre d acteurs (1). 3. Mise en œuvre de manière concertée dans les organisations de travail des démarches d analyse des risques psychosociaux développés par les services qui participent à la prévention des risques professionnels. Article 4 Mise en œuvre et suivi A l initiative de la DTEFP de la Martinique, il sera créé une plateforme pluri et interdisciplinaire regroupant les services de santé au travail, l ARACT Martinique, le service prévention de la CGSS, la DSDS, la DTEFP, les organisations patronales et les organisations syndicales, afin de faire le point sur : les situations rencontrées sur le terrain ; les actions mises en œuvre ; les outils développés par les préventeurs. Afin de mutualiser et d optimiser les actions de prévention des risques psychosociaux en général et du stress en particulier sur le territoire de la Martinique. Des indicateurs seront créés afin d apprécier la réduction de ces risques dans les organisations de travail. Une évaluation régulière des actions sera faite par les organisations patronales et les organisations syndicales signataires du présent accord, et pourra donner lieu à des actions de valorisation, à déterminer au cas par cas. (1) Les modalités d organisation des ateliers : annexe IV. CC 2010/18 179

Article 5 Demande d extension Conformément aux articles L. 2261-15 et suivants du code du travail, les parties conviennent de demander l extension du présent accord. La procédure sera engagée par l organisation signataire la plus diligente. Fait à Fort-de-France, le 25 septembre 2009. Suivent les signatures des organisations ci-après : Organisations patronales : MEDEF ; CGPME. Syndicats de salariés : CDMT ; CFDT ; CFE-CGC ; CFTC ; CGTM ; CGTM-FSM ; CSTM ; CGT-FO ; UGTM ; UNSA. 180 CC 2010/18

ANNEXE ACCORD NATIONAL INTERPROFESSIONNEL SUR LE STRESS AU TRAVAIL 1. Introduction Le stress au travail est considéré sur le plan international, européen et national comme une préoccupation à la fois des employeurs et des travailleurs. Ayant identifié la nécessité d une action commune spécifique sur cette question et anticipant une consultation sur le stress par la commission, les partenaires sociaux européens ont signé, le 8 octobre 2004, un accord sur le stress au travail dans le cadre de l article 138 du traité CE. Le présent accord a pour objet de transposer l accord européen en droit français et de prendre en compte les évolutions de la société sur ce sujet. Le stress peut affecter potentiellement tout lieu de travail et tout travailleur, quels que soient la taille de l entreprise, le domaine d activité, le type de contrat ou de relation d emploi. En pratique, tous les lieux de travail et tous les travailleurs ne sont pas nécessairement affectés. La lutte contre le stress au travail doit conduire à une plus grande efficacité et une amélioration de la santé et de la sécurité au travail, avec les bénéfices économiques et sociaux qui en découlent pour les entreprises, les travailleurs et la société dans son ensemble. Il importe de tenir compte de la diversité des travailleurs, des situations de travail et de la responsabilité des employeurs dans la lutte contre les problèmes de stress au travail. 2. Objet L objet de l accord est : d augmenter la prise de conscience et la compréhension du stress au travail, par les employeurs, les travailleurs et leurs représentants ; d attirer leur attention sur les signes susceptibles d indiquer des problèmes de stress au travail, et ce le plus précocement possible ; de fournir aux employeurs et aux travailleurs un cadre qui permette de détecter, de prévenir, d éviter et de faire face aux problèmes de stress au travail. Son but n est pas de culpabiliser l individu par rapport au stress. Dans ce cadre, les partenaires sociaux souhaitent concourir à la préservation de la santé des travailleurs par : la mise en place d une prévention efficace contre les problèmes générés par les facteurs de stress liés au travail ; l information et la formation de l ensemble des acteurs de l entreprise ; CC 2010/18 181

la lutte contre les problèmes de stress au travail et la promotion de bonnes pratiques, notamment de dialogue dans l entreprise et dans les modes organisationnels pour y faire face ; la prise en compte de l équilibre entre vie professionnelle, vie familiale et personnelle. Reconnaissant que le harcèlement et la violence au travail sont des facteurs de stress, les partenaires sociaux décident d engager, dans les 12 mois qui suivent la signature du présent accord, une négociation spécifique sur ces questions dans le cadre de la transposition de l accord européen sur le harcèlement et la violence au travail du 26 avril 2007. Le présent accord ne traite donc ni de la violence au travail, ni du harcèlement et du stress posttraumatique. 3. Description du stress et du stress au travail Un état de stress survient lorsqu il y a déséquilibre entre la perception qu une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu elle a de ses propres ressources pour y faire face. L individu est capable de gérer la pression à court terme mais il éprouve de grandes difficultés face à une exposition prolongée ou répétée à des pressions intenses. En outre, différents individus peuvent réagir de manière différente à des situations similaires et un même individu peut, à différents moments de sa vie, réagir différemment à des situations similaires. Le stress n est pas une maladie mais une exposition prolongée au stress peut réduire l efficacité au travail et peut causer des problèmes de santé. Le stress d origine extérieure au milieu de travail peut entraîner des changements de comportement et une réduction de l efficacité au travail. Toute manifestation de stress au travail ne doit pas être considérée comme stress lié au travail. Le stress lié au travail peut être provoqué par différents facteurs tels que le contenu et l organisation du travail, l environnement de travail, une mauvaise communication, etc. 4. Identification des problèmes de stress au travail Compte tenu de la complexité du phénomène de stress, le présent accord n entend pas fournir une liste exhaustive des indicateurs potentiels de stress. Toutefois, un certain nombre d indicateurs peuvent révéler la présence de stress dans l entreprise justifiant la prise de mesures adaptées pour lutter contre le phénomène. Par exemple un niveau élevé d absentéisme, notamment de courte durée, ou de rotation du personnel, en particulier fondée sur des démissions, des conflits personnels ou des plaintes fréquentes de la part des travailleurs, un taux de fréquence des accidents du travail élevé, des passages à l acte violents contre soi-même ou contre d autres, même peu nombreux, une augmentation significative des visites 182 CC 2010/18

spontanées au service médical sont quelques-uns des signes pouvant révéler la présence de stress au travail. L identification d un problème de stress au travail doit passer par une analyse de facteurs tels que : l organisation et les processus de travail (aménagement du temps de travail, dépassement excessifs et systématiques d horaires, degré d autonomie, mauvaise adéquation du travail à la capacité ou aux moyens mis à disposition des travailleurs, charge de travail réelle manifestement excessive, des objectifs disproportionnés ou mal définis, une mise sous pression systématique qui ne doit pas constituer un mode de management, etc.) ; les conditions et l environnement de travail (exposition à un environnement agressif, à un comportement abusif, au bruit, à une promiscuité trop importante pouvant nuire à l efficacité, à la chaleur, à des substances dangereuses, etc.) ; la communication (incertitude quant à ce qui est attendu au travail, perspectives d emploi, changement à venir, une mauvaise communication concernant les orientations et les objectifs de l entreprise, une communication difficile entre les acteurs, etc.) ; et les facteurs subjectifs (pressions émotionnelles et sociales, impression de ne pouvoir faire face à la situation, perception d un manque de soutien, difficulté de conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle, etc.). L existence des facteurs énumérés peut constituer des signes révélant un problème de stress au travail. Dès qu un problème de stress au travail est identifié, une action doit être entreprise pour le prévenir, l éliminer ou à défaut le réduire. La responsabilité de déterminer les mesures appropriées incombe à l employeur. Les institutions représentatives du personnel et, à défaut, les travailleurs sont associés à la mise en œuvre de ces mesures. L amélioration de la prévention du stress est un facteur positif qui contribue à une meilleure santé des travailleurs et à une plus grande efficacité de l entreprise. Le médecin du travail est une ressource en termes d identification du stress au travail. 5. Responsabilités des employeurs et des travailleurs En vertu de la directive-cadre n o 89/391 concernant la mise en œuvre des mesures visant à promouvoir l amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail, et des articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail, les employeurs prennent les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Cette obli- CC 2010/18 183

gation couvre également les problèmes de stress au travail dans la mesure où ils présentent un risque pour la santé et la sécurité. Tous les travailleurs ont l obligation générale de se conformer aux mesures de protection déterminées par l employeur. La lutte contre les causes et les conséquences du stress au travail peut être menée dans le cadre d une procédure globale d évaluation des risques, par une politique distincte en matière de stress et/ou par des mesures spécifiques visant les facteurs de stress identifiés. Les mesures sont mises en œuvre, sous la responsabilité de l employeur, avec la participation et la collaboration des travailleurs et/ou de leurs représentants. 6. Prévenir, éliminer et, à défaut, réduire les problèmes de stress au travail Prévenir, éliminer et, à défaut, réduire les problèmes de stress au travail inclut diverses mesures. Ces mesures peuvent être collectives, individuelles ou concomitantes. Elles peuvent être mises en œuvre sous la forme de mesures spécifiques visant les facteurs de stress identifiés ou dans le cadre d une politique intégrée qui implique des actions de prévention et des actions correctives. A ce titre, les partenaires sociaux souhaitent réaffirmer le rôle pivot du médecin du travail soumis au secret médical, ce qui garantit au travailleur de préserver son anonymat, dans un environnement pluridisciplinaire. Lorsque l entreprise ne dispose pas de l expertise requise, elle fait appel à une expertise externe conformément aux législations, aux conventions collectives et aux pratiques européennes et nationales, sans obérer le rôle du CHSCT. Les mesures de lutte contre le stress sont régulièrement réexaminées afin d évaluer leur efficacité ainsi que leur impact sur le stress tel qu il ressort des indicateurs. Dans ce cadre, il conviendra de déterminer s il a été fait un usage optimal des ressources et si les mesures définies sont encore appropriées ou nécessaires. Ces mesures incluent par exemple : des mesures visant à améliorer l organisation, les processus, les conditions et l environnement de travail, à assurer un soutien adéquat de la direction aux personnes et aux équipes, à donner à tous les acteurs de l entreprise des possibilités d échanger à propos de leur travail, à assurer une bonne adéquation entre responsabilité et contrôle sur le travail, et des mesures de gestion et de communication visant à clarifier les objectifs de l entreprise et le rôle de chaque travailleur ; la formation de l ensemble des acteurs de l entreprise et en particulier de l encadrement et de la direction afin de développer la prise de 184 CC 2010/18

conscience et la compréhension du stress, de ses causes possibles et de la manière de le prévenir et d y faire face ; l information et la consultation des travailleurs et/ou leurs représentants, conformément à la législation, aux conventions collectives et aux pratiques européennes et nationales. 7. Mise en œuvre et suivi Les organisations professionnelles d employeurs et les organisations syndicales de salariés, représentatives au niveau national et interprofessionnel, invitent l Etat à prendre, dans les meilleurs délais, les mesures d extension du présent accord. Les accords de branche et les accords d entreprise ne peuvent déroger aux dispositions du présent accord que dans un sens plus favorable aux travailleurs. Fait à Paris, le 2 juillet 2008. Suivent les signatures des organisations ci-après : Organisations patronales : MEDEF ; CGPME ; UPA. Syndicats de salariés : CFDT ; CFE-CGC ; CFTC ; CGT-FO ; CGT. CC 2010/18 185