Vous comprenez, si on me fouille, moi, c est le conseil de guerre. Cela vous est égal, à vous? (Il regarde encore la bague.) Ce que je peux, si vous voulez, c est écrire sur mon carnet ce que vous auriez voulu dire. Après, j arracherai la page. De mon écriture, ce n est pas pareil., a les yeux fermés : elle murmure avec un pauvre rictus. Ton écriture (Elle a un petit frisson.) C est trop laid, tout cela, tout est trop laid., vexé, fait mine de rendre la bague. Vous savez, si vous ne voulez pas, moi Si. Garde la bague et écris. Mais fais vite J ai peur que nous n ayons plus le temps Ecris : «Mon chéri», qui a pris son carnet et suce sa mine. C est pour votre bon ami? Mon chéri, j ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m aimer, répète lentement de sa grosse voix en écrivant. «Mon chéri, j ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m aimer» Et Créon avait raison, c est terrible, maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs. J ai peur, qui peine sur sa dictée. «Créon avait raison, c est terrible» Oh! Hémon, notre petit garçon. Je le comprends seulement maintenant combien c était simple de vivre, s arrête. Eh! Dites, vous allez trop vite. Comment voulez- vous que j écrive? Il faut le temps tout de même Où en étais-tu tu?, se relit. «C est terrible maintenant à côté de cet homme» Je ne sais plus pourquoi je meurs., écrit, suçant sa mine. «Je ne sais plus pourquoi je meurs» On ne sait jamais pourquoi on meurt., continue. J ai peur (Elle s arrête. Elle se dresse soudain.) Non. Raye tout cela. Il vaut mieux que jamais personne ne le sache. C est comme s ils devaient me voir nue et me toucher quand je serais morte. Mets seulement : «Pardon.» Alors, je raye la fin et je mets pardon à la place?
Oui. Pardon, mon chéri. Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t aime «Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t aime» C est tout? Oui, c'est tout. C est une drôle de lettre. Oui, c'est une drôle de lettre. Et c est à qui qu elle est adressée? I. Je lis plusieurs fois le texte pour le comprendre. II. Je dégage les idées essentielles du texte : - elle aimerait bien s'expliquer. - le garde ne veut pas l'écouter. - elle opte pour une lettre adressée à Hémon. - Elle comprend, en dictant sa lettre, qu'elle est incomprise. - Le garde est intéressé par l'argent, l'or - Les réflexions du garde sont comiques - la scène mélange les genres : elle est tragique et comique en même temps - elle se rend compte qu'elle a eu tort de défier Créon : elle est faible - etc. - III. Je trouve une problématique : en quoi cette scène est-elle tragique? IV.Je propose un plan répondant à cette problématique : I. c'est une scène en apparence tragique = scène tragique II. Mais en réalité elle est comique par certains aspects = scène comique III. et surtout elle nous amène à nous interroger sur le sens de l'acte d'antigone = le sens de l'acte d'antigone V. Je cherche des «preuves» dans le texte : citations + outil d'analyse + explication. VI. Je classe mes «preuves» de la plus simple à la plus complexe. VII. Je vérifie que je n'ai rien oublié dans le texte, qu'aucune partie n'a été oubliée, que j'ai vraiment analysé (et ne me suis pas contenté d'évidences).
Axe Citations I a les yeux fermés : elle murmure avec un pauvre rictus. II ou III? (Elle a un petit frisson.) (Il regarde encore la bague.) fait mine de rendre la bague. II qui a pris son carnet et suce sa mine. répète lentement de sa grosse voix en écrivant. qui peine sur sa dictée. écrit, suçant sa mine. II Mine. Écrivant. Dictée. écrit mine Outils d'analyse champ lexical de la peur répétition du mot «bague» Champ lexical de l'école Interprétation, explications Antigone est apeurée. Elle se sent frustrée, incomprise : elle se demande si elle n'a pas agi inutilement. Elle est en décalage total par rapport au garde (il se plaint...). Le garde est intéressé par l'or, l'argent, alors qu'antigone, elle, n'a agi que pour des idées. Il y a un contraste entre les deux. Le garde se comporte comme un enfant, un écolier, qui note sous la dictée, sans comprendre. Il y a un décalage entre les deux. C'est à cause de cela qu'elle renoncera à développer sa lettre. Il a du mal à suivre. idem II I On ne sait jamais pourquoi on meurt. C est tout? C est une drôle de lettre. «Mon chéri, j ai voulu mourir et tu ne vas peut- être plus m aimer» «Créon avait raison, c est terrible» Commentaires généralités pronom indéfini présent de vérité générale «c'est» : présentatif Répétition Points de suspension guillemets Le garde se permet de commenter la lettre, qu'il ne comprend pas. A cause de cela, Antigone se dit que personne ne comprendra son geste. Le mot «drôle» est mal venu ici : il signifie «bizarre», mais aussi «amusant». La lettre d'antigone à Hémon n'est pas dictée en un seul morceau, mais en plusieurs : elle est obligée de dicter lentement, parce que le garde a du mal à écrire. Elle est interrompue tout le temps, si bien
III «Créon avait raison, c est terrible» «Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t aime» «Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t aime» (Elle s arrête. Elle se dresse soudain.) Mon chéri, j ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m aimer Et Créon avait raison, c est terrible, maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs. J ai peur Oh! Hémon, notre petit garçon. Je le comprends seulement maintenant combien c était simple de vivre Oui. Pardon, mon chéri. Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t aime Didascalie verbes de mouvements, d'action Monologue? Lettre guillemets points de suspension temps du passé (regrets) qu'elle finit par ne plus savoir ce qu'elle veut dire : elle réfléchit en même temps. Elle est obligée de se répéter. Il y a un décalage entre ce qu'elle dit et la situation dans laquelle elle se trouve : elle dit «mon chéri» au garde. La discussion est creuse : ils n'échangent pas grand-chose. Elle prend conscience que ce qu'elle voulait laisser ne serait pas compris : le garde ne la comprend pas, donc Hémon non plus. Elle comprend mieux pourquoi ni Ismène ni hémon ne l'ont comprise, au début de la pièce. Elle dicte la lettre. En dictant la lettre, elle s'exprime à la première personne. Elle se rend compte de ce qu'elle a fait. Maintenant qu'elle sait qu'elle va mourir, elle se dit qu'elle avait tort. Si elle avait prononcé ces phrases les unes à la suite des autres, sans les interruptions du garde, elles auraient été plus tragiques ou dramatiques. L'effet est complètement annulé par la présence et par les répliques du garde. Elle n'a pas d'interlocuteur, elle est seule, elle parle seule. Elle ne parle pas véritablement au garde. Elle parle à des absents. La lettre qu'elle laisse est beaucoup plus pauvre que celle qu'elle voulait laisser initialement. Et c est à qui qu elle est adressée? Question langage familier Le garde interrompt à plusieurs reprises Antigone : celle-ci en perdra le fil de sa pensée, ses moyens. Il y a un contraste entre les deux
Et Créon avait raison Je le comprends seulement maintenant combien c était simple de vivre imparfait personnages : elle est un personnage tragique, lui est comique, populaire. Antigone regrette ses actes... Oui. Oui, c'est tout. Oui, c'est une drôle de lettre. s arrête. se relit. Ton écriture Où en étais-tu tu? Vous savez, si vous ne voulez pas, moi C est pour votre bon ami? Eh! Dites, vous allez trop vite. Comment voulezvous que j écrive? Si. Garde la bague et écris. Mais fais vite J ai peur que nous n ayons plus le temps Ecris : «Mon chéri» Anaphore répliques brèves répétition adverbe «oui» sticomythie? verbes d'action Pronoms personnels vouvoiement/ tutoiement Ordres impératifs injonctions Les trois dernières répliques d'antigone sont courtes : elle sait que cela ne sert à rien de faire de longs discours. La répétition de l'adverbe «oui» est l'aveu d'un échec : elle ne cherche pas à contredire le garde, elle va dans son sens, alors que précédeemment elle lui donnait des ordres. Le ton change, à la fin de la scène : cela va plus vite. Le garde l'interrompt. Antigone ne peut dicter intégralement sa lettre, parce qu'elle est ralentie par le garde, qui éprouve des difficultés : il a du mal à écrire et il ne comprend pas tout. Antigone tutoie le garde ; celui-ci la vouvoie. Elle cherche le contact avec lui, elle veut créer un lien entre eux : elle a besoin de lui ; il est le dernier être humain auquel elle pourra parler, donc à qui elle pourra laisser un message. Il est obligé de vouvoyer. De plus, il se met à l'écart, parce qu'il a peur des conséquences. Il ne peut pas dire des mots affectueux ou compatissants. Antigone donne des ordres au garde. Elle a inversé les rôles, elle a obtenu du garde qu'il lui rende une faveur.
Raye tout cela. Mets seulement : «Pardon.» Vous comprenez, si on me fouille, moi, c est le conseil de guerre. Cela vous est égal, à vous? Eh! Dites, vous allez trop vite. Comment voulezvous que j écrive? Il faut le temps tout de même Questions rhétoriques pronom personnel «moi» A la fin, elle ne donne plus d'ordre, elle a renoncé à laisser un message qui correspond à ce qu'elle voulait dire. Il ne pense qu'à lui, il ne s'inquiète pas pour Antigone : alors qu'elle va mourir, il dit avoir peur d'être traduit devant un tribunal. Il n'éprouve aucun sentiment. [si on n'arrive pas à nommer l'outil, on ajoute l'idée à une autre, dans un même paragraphe] INTRODUCTION. Je présente l'auteur. Je présente le livre. Je présente l'extrait. J'amène la problématique : pourquoi ce texte est-il important? C'est la dernière apparition d'antigone : elle aimerait bien s'expliquer. Or, ses proches ne sont pas là et le garde ne veut pas l'écouter. Donc elle opte pour une lettre adressée à Hémon. Elle comprend, en dictant sa lettre, qu'elle est incomprise. Problématique : Lecture expressive du texte. Annonce du plan. AXE 1 : J'énonce l'idée directrice : 1. 2. 3. Transition : AXE 2 : J'énonce l'idée directrice : les infos de cette pièce de théâtre 1. 2. 3.
. CONCLUSION. Rappel des axes. Idée nouvelle, non utilisée. Ouverture.