La culture de l igname sur la côte Est de Madagascar Diagnostic dans la région de Brickaville Mémoire présenté par Aurélien PENCHE, Octobre 2008 EN VUE DE L OBTENTION DU DIPLÔME D AGRONOMIE TROPICALE DE L IRC- SUPAGRO ET DU DIPLÔME D INGÉNIEUR DE L INHP, SPECIALITE HORTICULTURE Maîtres de stage : Philippe Vernier et Vololoniaina Jeannoda
Objectifs de l étude : Mieux connaître les systèmes de culture actuels de l igname sur la côte Est Comprendre quelle est la place de cette culture dans les exploitations agricoles Évaluer les possibilités de développement de l igname dans la région
Méthodologie utilisée Diagnostic agraire centré sur l igname Démarche systématique basée sur : L observation du milieu agro-écologique Une analyse de la dynamique agraire Des entretiens avec les paysans Permet de comprendre de manière précise quelle est la place de l igname dans le contexte agricole plus large et de réfléchir sur les perspectives de relance de cette culture
La zone d étude Source : US Army (1968) Source : FTM
Milieu agro-écologique 15 Km 10 Km 5 Km 0 Km Distance à la route Végétation naturelle Jachère à ravenala Jachère à graminée Jachère buissonante à Rubus et Aframomum Riz pluvial/ Riz irrigué Manioc Caféier Bananier Igname cultivée Habitations Collecteur Route nationale Paysage actuel de la région d'antongobato
L igname: entre culture et cueillette
Dynamique de l igname dans la zone Dans un passé lointain: Une culture majeure sur la côte Est (Flacourt, 1665) Jusqu aux années 1980 : Ignames qui persistent à l état semi-sauvage dans les jachères comme ressource communautaire, encadrée par une «Dina» Entre 1980 et 2000 : Croissance démographique, crises alimentaires répétées, dégradation du milieu diminution de la ressource en igname A partir de 2000 : Développement de la commercialisation «privatisation» de l igname et «intensification» de sa culture.
Utilisation de l igname Une culture alimentaire d appoint : Fait partie des «Remby»: aliments autres que le riz (manioc, maïs, patate douce ), mais plus apprécié que les autres Consommé au petit déjeuné/goûté pour économiser du riz Période récolte normale de avril à août Mais étendu jusqu en décembre pour couvrir le début de la période de soudure. Une culture commerciale - Récent, vendue le long de la RN2 ou collectée pour Tamatave - Quantité vendue à la quantité consommée localement
Les variétés rencontrées Seulement l espèce D. alata est cultivée dans la zone La variété «Ovibe» est prépondérante Le «Ovy lalaina» représente moins de 5% des ignames de la zone.
Une plante de milieu buissonnant Aframomum angustifolium (longoza) Rubus moluccanus (Takoaka)
Des techniques de culture simplifiées Igname poussant sur un terrain en pente. La terre devant l'igname est dégagée à l'aide de l'angady. La tête de l'igname est replantée au dessus du trou de récolte. Accès à la parcelle à l aide du kalaza. Déterrage du tubercule sur la pente Vue d un trou de récolte
Différents systèmes de culture Les ignames «communautaires» Le long des cours d eau Pas de propriétaire Têtes non replantées Multiplication spontanée par les bulbilles prépondérante
Différents systèmes de culture Les ignames «hérités» Dans les jachères de bonne qualité Appartiennent au propriétaire du champs mais font souvent l objet de vol Replantation des têtes mais multiplication par les bulbilles importante Non prises en compte dans la gestion des jachères
Vers de nouveaux systèmes de culture Ignames plantées autour des plantations Dans des petites parcelles de 50 à 200m² par lot de 5-10 pieds Quelques améliorations des pratiques culturales Culture en voie d intensification
La culture en jardin de case (inexistante à Antongobato) Liée à la raréfaction des ignames dans les jachères et aux problèmes de vol Bénéficie de meilleures conditions de culture (concurrence réduite) Pieds d igname peu nombreux Grande diversité variétale (culture plus facile des variétés moins rustiques que Ovibe)
Intérêt et contrainte de la culture de l igname Des performances agronomiques faibles Faible densité Estimations : 1,2 Kg de tubercule consommable pour 1 an de culture 2,7 Kg pour 2 an de culture Mais un faible investissement en travail! intérêt pour «cette plante qui pousse toute seule» Une saison de récolte peu adapté au calendrier alimentaire : pas disponible en période de soudure
Typologie des agriculteurs et perspectives de développement de l igname
Les exploitations mixtes a dominante riz sur brûlis (type 1) Moyens de production: Outils manuels: kalaza, angady, houe Terres disponibles: Un talweg avec concession et terres pour le tavy 0,1 ha de rizières Manioc Ignames Communautaires et hérités Riz irrigué 0,1 ha Famille: 2 parents actifs 4 enfants Riz de tavy 1 ha Achats: Riz (4 mois) PPN Concession mixte 300 Bananiers 150 caféiers Vente Situation loin de la route accès au marché limité Riz sur brûlis dominant faible déficit en riz Plantation Café/Banane source de revenu monétaire Igname : une culture accessoire Difficile à commercialiser Faibles besoins en aliment d appoint comblés par le manioc Faible intérêt pour un développement de la culture d igname
Les exploitations mixtes a dominante riz irrigué (type 2) Moyens de production: Outils manuels: kalaza, angady, houe Manioc Ignames 100 pieds à proximité de la concession. Quelques autres dans les jachères Terres disponibles: Un talweg avec concession, peu de terres pour le tavy 0,3 ha de rizières dans les bas fonds communautaires. Main d œuvre salariée Famille: occasionnelle 2 parents actifs 4 enfants Achats: Riz ( 8 mois) PPN Riz de tavy 0,3 ha Riz irrigué 0,3 ha Concession: 500 bananiers Vente Situation à proximité de la route Bon accès au marché Riz irrigué dominant mais insuffisant Déficit en riz important Plantation de Banane source de revenu monétaire indispensable Igname : une culture d appoint et de rente «Intensification» de la culture 50-200 pieds Aliment d appoint ou culture commerciale selon les besoins Intérêt pour la culture d igname mais limité par un manque de ressources
Les riziculteurs «investisseurs» (type 3) Moyens de production: Outils manuels: kalaza, angady, houe Manioc Ignames 100 pieds à proximité de la concession. Quelques autres dans les jachères Terres disponibles: Un talweg avec concession, peu de terres pour le tavy 0,3 ha de rizières dans les bas fonds communautaires. Main d œuvre salariée Famille: occasionnelle 2 parents actifs 4 enfants Achats: Riz ( 8 mois) PPN Riz de tavy 0,3 ha Riz irrigué 0,3 ha Concession: 500 bananiers Vente Surface de rizières importante autosuffisance en riz Plantation de Banane source de revenu monétaire importante Igname : une nouveau débouché? «Intensification» de la culture 100-250 pieds Investissement dans cette culture envisagée en vue de sa commercialisation Perspectives intéressantes de développement de la culture d igname
Les riziculteurs «héritiers» (type 4) Moyens de production: Outils manuels: kalaza, angady, houe, (zébus) Terres disponibles: Un ou plusieurs talweg avec concession, beaucoup de terres pour le tavy 1,3 ha de rizières dans les bas fonds communautaires. Possibilité de louer ou vendre des terres Manioc Ignames Dans les jachères Famille: 2 parents actifs 4 enfants Achats: PPN Main d œuvre salariée occasionnelle Riz de tavy 0,3 ha Riz irrigué 1,3 ha Concession: 500 bananiers Vente Chef traditionnel privilèges pour l accès à la main d œuvre Grands propriétaires terrien Excédents en riz Igname : peu d intérêt Pas de déficit alimentaire Peu de besoins financier Moyens disponibles mais faible intérêt pour cette culture
Les paysans «sans terres» (type 5) Moyens de production: Outils manuels: kalaza, angady, houe Terres disponibles: Pas de terres en propriété Terres louées chaque année Activités annexes : Travailleurs agricoles Petit commerce Manioc Famille: 2 parents actifs 4 enfants Achats: Riz (11 mois) PPN Riz de tavy 0,1 ha Gingembre 0,1 ha Vente Peu de terres Principalement ouvriers agricole Production sur brûlis prédominante (Gingembre, manioc) Grand déficit alimentaire besoin en aliment d appoint Igname : une culture difficilement accessible Grand consommateurs d ignames Pas de terres pour les cultiver Intérêt pour le développement de l igname sur des surface limités?
Conclusion Un réel regain d intérêt pour l igname dans la zone Mais perspectives de développement qui semblent limitées : Supplanté par le manioc comme culture alimentaire d appoint Moins intéressante commercialement que la banane Comment rendre la culture de l igname attractive pour les producteurs?
Merci de votre attention