N 4370 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Documents pareils
Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

N 2426 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

N 600 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Chaîne de production des médicaments

N 2535 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Un projet multi-établissements de territoire en Franche-Comté

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

HOPITECH BORDEAUX. L'informatisation de la fonction restauration pour une meilleure gestion

N 2807 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

La raison d être des systèmes d information

N 377 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

M&S Automation. Analyse Statistiques Qualité. Ingénierie de l information. acquisition et stockage des données. analyse des données

N 1189 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

ADDITIF AU RAPPORT DE CERTIFICATION V2010 CLINIQUE CHIRURGICALE DU LIBOURNAIS

N 3038 ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

xperthis, la nouvelle société spécialisée en ICT pour le secteur des soins, se positionne dès sa création comme le leader du marché belge

N 1619 ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

3 Guide pour développer un plan national de gestion des déchets de soins médicaux

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

Référentiels d Interopérabilité

N 2843 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

N 1179 ASSEMBLÉE NATIONALE

Règlement de la Consultation

Bilan de la démarche. de certification V Haute-Normandie

BRANCHE DU NÉGOCE ET PRESTATIONS DE SERVICES

Formation sur la sécurisation du circuit du médicament

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI ET DE LA SANTÉ MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA COHÉSION SOCIALE SANTÉ ETABLISSEMENTS DE SANTÉ.

N 2976 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

N 252 ASSEMBLÉE NATIONALE

De meilleurs soins :

LE PROJET QUALITE-GESTION DES RISQUES- DEVELOPPEMENT DURABLE

Activité des programmes de médicaments

ATELIER DROIT DES CONTRATS, DE LA CONSOMMATION ET DU COMMERCE ELECTRONIQUE

Les Cahiers du Conseil constitutionnel Cahier n 24

Certification ISO 9001 de la prise en charge médicamenteuse

ART. PREMIER N 28 ASSEMBLÉE NATIONALE 14 février 2014 COMPTES BANCAIRES INACTIFS ET CONTRATS D'ASSURANCE-VIE EN DÉSHÉRENCE - (N 1765) AMENDEMENT

N 711 ASSEMBLÉE NATIONALE

L accès aux soins dans l Union européenne. Information sur les droits des patients en Europe. Finances. Achats. e-commerce. Santé. Tourisme.

La formation dans tous ses états. Programme et méthode de formation continue sur la

Réformes socio-économiques

La politique pharmaceutique à l hôpital (PPH) : élémentaire pour la dispense globale de soins

ET DE LA STRATEGIE. Note de Synthèse. Domaine : Financement Version : 1 Mise à jour : 04/03/2012

L application doit être validée et l infrastructure informatique doit être qualifiée.

Depuis l'an 2000, le Ministère de la Santé Publique (MSP) a mis en place une procédure d accréditation pour améliorer la qualité des services

GUIDE POUR LA MISE SUR LE MARCHÉ DE DISPOSITIFS MÉDICAUX SUR MESURE APPLIQUE AU SECTEUR DENTAIRE

MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTE MINISTERE DES FINANCES ET DES COMPTES PUBLICS. Point presse

INAUGURATION DU CESU Centre d Enseignement des Soins d Urgence

N 3493 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

PROJET DE LOI. relatif à la modernisation du système des produits de santé EXPOSÉ DES MOTIFS

FORMATION CONTINUE RECHERCHE APPLIQUÉE OUTILS PÉDAGOGIQUES. Promouvoir les soins pharmaceutiques

N 2976 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

«Gestion de la pharmacie et organisation du circuit du médicament»

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

en toute simplicité!

MIEUX COMPRENDRE LE SYSTÈME DE SANTÉ POUR SE SOIGNER

3 e symposium international

DISPOSITIONS RELATIVES AUX ETABLISSEMENTS PHARMACEUTIQUES DE FABRICATION ET DE DISTRIBUTION DE GAZ MEDICINAL

La prise en charge de votre affection de longue durée. Comment cela se passe-t-il? Quels sont les bénéfices pour vous? À quoi vous engagez-vous?

droits des malades et fin de vie

Circuit du médicament informatisé

N 1500 ASSEMBLÉE NATIONALE

CE QU IL FAUT SAVOIR POUR GUIDER NOS INTERLOCUTEURS DANS LE DOMAINE DE LA SANTE

Médecine en Médecine en Exigences techniques

Révision des descriptions génériques Comment monter un dossier?

COOPÉRATION EUROPÉENNE EN MATIÈRE DE SANTÉ - VALEUR AJOUTEE POUR

«Politique des ARS pour les seniors»

MIEUX COMPRENDRE LE SYSTÈME DE SANTÉ POUR SE SOIGNER

Les frais d accès au réseau et de recours à la signature électronique sont à la charge de chaque candidat.

MASTER DROIT DES AFFAIRES APPLIQUÉ AU MONDE DE LA SANTÉ FACULTÉ DE DROIT DE SAINT-ÉTIENNE

La Mutuelle. Réussir la mise la place au 1 er janvier Olivier SIMON Conseil en protection sociale

ECOLE SAINTE ANNE PROJET PEDAGOGIQUE ECOLE PRIMAIRE CATHOLIQUE HORS CONTRAT

N 787 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Sécurisation du circuit des médicaments et des dispositifs médicaux. Au Centre hospitalier de Valenciennes

La prise en charge. de votre affection de longue durée

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

TRAITER POUR MIEUX «RENDRE SERVICE»

Guide d auto-évaluation

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

Les soins infirmiers en oncologie : une carrière faite pour vous! Nom de la Présentatrice et section de l'acio

Hôpital performant et soins de qualité. La rencontre des extrêmes estelle

Dossier Patient Informatisé : L expérience Valaisanne

Conseils pour l exploitation des relevés de comptes reçus en télétransmission par les protocoles EDI WEB ou EBICS.

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

Après les années MEP, les années mis. Pour ma mutuelle, je sais où je vais

LA CMU COMPLÉMENTAIRE

GUIDE PRATIQUE. Droit d accès

TIERS PAYANT. des professionnels de santé GÉNÉRALISATION DU TIERS PAYANT : LA FRANCE A UN NET RETARD!

mis SANTÉ en toute simplicité, en toute liberté.

TRANSPORT EN AMBULANCE VSL - TAXI. Marché à procédure adaptée. Dossier S REGLEMENT DE LA CONSULTATION

N 2527 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

ASSEMBLÉE NATIONALE 17 mars 2015 AMENDEMENT

SÉNAT PROPOSITION DE LOI

Extrait du Guide d aide à la codification du BAAC. Document réalisé par l ONISR et le SETRA Avec la collaboration du CETE du Sud-Ouest

ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

FICHE DE DESCRIPTION DE POSTE SOUS DIRECTION DES PERSONNELS CONTRACTUELS BUREAU DES VOLONTAIRES INTERNATIONAUX RH3D DESCRIPTION DU POSTE

SPÉCIALISTE DE LA FORMATION

modifiant la loi sur la santé (révision partielle)

Décrets, arrêtés, circulaires

Transcription:

N 4370 ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l Assemblée nationale le 11 janvier 2017. PROPOSITION DE LOI visant à définir la certification des logiciels d aide à l administration, (Renvoyée à la commission des affaires sociales, à défaut de constitution d une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.) présentée par Mesdames et Messieurs Françoise GUÉGOT, Olivier DASSAULT, Damien ABAD, Marie-Louise FORT, Marc-Philippe DAUBRESSE, Laurent WAUQUIEZ, Philippe Armand MARTIN, Geneviève LEVY, Claude GREFF, Marianne DUBOIS, Nicole AMELINE, Jean-Pierre DOOR, députés.

MESDAMES, MESSIEURS, 2 EXPOSÉ DES MOTIFS En France et d après la Haute Autorité de santé (HAS), 30 000 décès sont causés chaque année par les erreurs médicales, c est-à-dire directement par le système censé soigner ces patients. Dans ce même rapport, il est stipulé que 12 000 à 15 000 de ces décès découlent d erreurs directement liées au médicament, malgré un circuit réglementé et un personnel soignant formé, professionnel et attentif. À l impact conséquent sur les citoyens français et l image du système de santé français s ajoute un constat alarmant dressé par les études ENEIS de la DREES : ces erreurs, qui représentent plus de quatre fois la mortalité routière, ne tendent pas à diminuer! Du point de vue des établissements de santé, lutter contre ces erreurs passe par la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse et repose sur le principe dit des «5B» : assurer que le bon médicament est administré au bon patient à la bonne dose au bon moment par la bonne voie d administration. Cette lutte contre les erreurs médicamenteuses a récemment progressé sous l impulsion, d une part, de l arrêté du 6 avril 2011, relatif au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé et, d autre part, de l article L. 161-38 du présent code, avec la certification des logiciels d aide à la prescription (LAP) et des logiciels d aide à la dispensation (LAD). Néanmoins, la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse ne s arrête pas aux seules étapes couvertes par ces deux travaux et tous les regards se tournent aujourd hui vers l administration des médicaments. Étape cruciale de la prise en charge médicamenteuse, cette administration reste un acte doublement isolé : dans l espace, car le personnel infirmier est seul auprès du patient, et dans l information, car la tâche en tant que telle est aujourd hui souvent dissociée des phases amont et aval de la prise en charge médicamenteuse. Conséquence directe de cet angle mort selon la HAS : 40 % des erreurs se produisent aujourd hui au moment de l administration du médicament, avec un personnel soignant privé de moyens technologiques adéquats. Pourtant, ces moyens existent et commencent à apparaître dans les établissements de santé français : les logiciels d aide à l administration (LAA) accompagnent le personnel infirmier au chevet du patient afin d assurer le respect des «5B» en temps réel et de manière informatisée.

3 Ces logiciels reposent sur des lecteurs de code-barres portatifs détenus par le personnel infirmier servant à scanner les codes-barres ou datamatrix sur les médicaments disponibles à l hôpital et en établissement médico-social, à l image de ce qui se fait déjà pour les transfusions sanguines ou les chimiothérapies. Aux États-Unis d Amérique et suite à un constat similaire dressé il y a plus de 15 ans, cette technologie a démontré son efficacité en évitant jusqu à 90 % des erreurs et des événements indésirables graves qui peuvent en découler, à tel point que la présence d un code-barres sur chaque conditionnement primaire de médicaments destinés à l hôpital est devenue obligatoire. Le logiciel d aide à l administration (LAA) est d autant plus intéressant qu il potentialise l intérêt des autres logiciels hospitaliers comme le logiciel d aide à la prescription (LAP) et le dossier patient informatisé (DPI) en s y connectant en «boucle fermée», de sorte que l objectif «zéro papier» pour les données médicales critiques puisse être atteint avec une sécurité maximale. Ce système en boucle fermée était déployé dans 56,7 % des établissements de santé aux USA au premier trimestre 2015 et a apporté des résultats édifiants : sur la seule année 2013, 6 020 décès et 301 000 événements indésirables graves ont pu être évités grâce à cette solution, permettant d économiser chaque année plus d 1,5 milliard de dollars (1,34 milliard d euros) selon le rapport de l AHRQ, équivalent américain de la HAS. L utilisation de ces logiciels d aide à l administration en France se développe ainsi pour l ensemble des médicaments disposant d un code-barres ou d un datamatrix, à savoir aujourd hui les médicaments à risque comme les transfusions sanguines, les chimiothérapies ou encore certaines doses unitaires préparées en pharmacie, et sera extensible à l ensemble des médicaments hospitaliers au fil de l avancement des travaux sur un datamatrix harmonisé côté industriel. Néanmoins, afin d assurer que la sécurité offerte par ces solutions soit conforme et que ces logiciels soient cohérents avec la stratégie nationale définie pour les logiciels d aide à la prescription notamment, il est nécessaire que la Haute Autorité de santé soit chargée de définir les exigences attendues pour ces logiciels et d en proposer une certification comme cela a été fait pour les logiciels d aide à la prescription et à la dispensation. En conséquence, nous proposons d élargir le périmètre de la certification et les exigences attendues pour les logiciels hospitaliers d aide à la prescription (LAP) et à la dispensation (LAD) exposées dans l article L. 161-38, à l étape d administration des médicaments (LAA). Comme

4 pour le LAP et le LAD, la HAS serait parfaitement habilitée pour définir le référentiel des LAA permettant d améliorer la qualité et la sécurité de l administration des médicaments et ainsi d aider le personnel infirmier dans ses missions au service des patients. Du point de vue réglementaire, ce texte concernerait dans un premier temps les seuls médicaments à risque disposant déjà de codes-barres, assurant la faisabilité de la démarche, et pourra être étendu de manière graduelle aux autres médicaments hospitaliers selon l avancement des travaux d harmonisation des datamatrix.

5 PROPOSITION DE LOI Article 1 er Après le III de l article L. 161-38 du code de la sécurité sociale, il est inséré un III bis ainsi rédigé : «III bis La Haute Autorité de santé établit la procédure de certification des logiciels d aide à l administration des médicaments. Elle garantit que ces logiciels assurent la sécurisation de l administration des médicaments identifiés par un code-barres ou un datamatrix conformément à la prescription saisie dans le logiciel d aide à la prescription et qu ils assurent la traçabilité de l acte d administration dans le dossier patient informatisé. Cette procédure de certification participe à l amélioration des pratiques d administration dans les établissements de santé. Elle garantit la conformité des logiciels d aide à l administration à des exigences minimales en termes de sécurité et de conformité de l administration.» Article 2 Le IV de l article L. 161-38 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié : 1 À la première phrase du premier alinéa, la référence : «III» est remplacée par la référence : «III bis» ; 2 Au deuxième alinéa, les mots : «ou une aide» sont remplacés par les mots : «, à l administration ou» ; 3 Au troisième alinéa, après la première occurrence du mot : «à» sont insérés les mots : «l administration ou à».