CROISSANCE & DENDROCHRONOLOGIE

Documents pareils
Correction TP 7 : L organisation de la plante et ses relations avec le milieu

EPFL TP n 3 Essai oedomètrique. Moncef Radi Sehaqui Hamza - Nguyen Ha-Phong - Ilias Nafaï Weil Florian

Essais de charge sur plaque

Mesures de PAR. Densité de flux de photons utiles pour la photosynthèse

EXERCICES : MECANISMES DE L IMMUNITE : pages

ANNEXE J POTEAUX TESTÉS SELON UN CHARGEMENT STATIQUE ET TESTÉS SELON UN CHARGEMENT CYCLIQUE ET STATIQUE

GAMME DES PNEUS 2015 DE COMPÉTITION

L inégale répartition de l énergie solaire est à l origine des courants atmosphériques

IPL SHR MED-120C+ Super Hair Removal, dépilation permanente

enquête pour les fautes sur le fond, ce qui est graves pour une encyclopédie.

De La Terre Au Soleil

Monitoring et suivi du comportement des chaussées

1. L'été le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années.

Styrodur C, un XPS exempt de CFC, HCFC et HFC. De l air, tout simplement. Ecologique, tout simplement.

Solar Heating System Factsheet (SHSF) - Dossier guide

Le béton léger prêt à l emploi, la solution idéale pour les applications intérieures et extérieures

ne définition de l arbre.

Savoir lire une carte, se situer et s orienter en randonnée

Mesures de l état du réseau Domaine Voie Tendances, perspectives et innovations

avez-vous déjà pensé au liège?

Eau Sol. Air Eau Sol. Mes sources. Comment se fait la compaction? L impact de la compaction.

LUT QU EST-CE QUE C EST? Version 1.0 Mars 2010

FICHE N 8 Photodiversité, d une banque d images à un portail d activités en ligne Anne-Marie Michaud, académie de Versailles

Cours de Structures en béton

RELEVE D ETAT DU PONT DES GRANDS-CRÊTS. On a procédé une auscultation visuelle entre le 23 et le 29 mars 2007.

Grandes cultures Engrais liquides ou granulaires?

Correction ex feuille Etoiles-Spectres.

Bilan d activité 2013 de la surveillance des pollens en Poitou-Charentes

TEMPÉRATURE DE SURFACE D'UNE ÉTOILE

La fonte des glaces fait-elle monter le niveau de la mer?

CHAPITRE 6 : LE RENFORCEMENT DU MODELE PAR SON EFFICACITE PREDICTIVE

Prélèvement/préparation p des échantillons et analyse des reliquats d azote

ISOLER LA TOITURE INCLINÉE

1S9 Balances des blancs

COFFRES FORTS CSE, I, II & III E

Nouveau. TRIMAXX, le raccourcisseur qui en fait un MAXX.

NOUVEAU SITE INTERNET S O N D E À C O M P O S T

COMMENT CONSTRUIRE UN CRIB A MAÏS?

Cirrus Activ Cirrus Cirrus Ac A tiv cti

Rayonnements dans l univers

Biochimie I. Extraction et quantification de l hexokinase dans Saccharomyces cerevisiae 1. Assistants : Tatjana Schwabe Marcy Taylor Gisèle Dewhurst

CREATION DE FORAGE, PUITS, SONDAGE OU OUVRAGE SOUTERRAIN

Energie solaire

mesure des débits et des volumes dérivés par les canaux gravitaires

SOLUTIONS POUR LA PLOMBERIE. Système de canalisation pré-isolée Uponor

Eclairage artificiel

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

DISQUE DUR. Figure 1 Disque dur ouvert

SUIVI CINETIQUE PAR SPECTROPHOTOMETRIE (CORRECTION)

Salles de bains PMR *

MESURES DE FAIBLES PERMÉABILITÉS (in-situ et en laboratoire) liées aux projets de décharges: Principales techniques de mesure, normalisation

le chauffe-eau solaire individuel

ETUDE D UN BATIMENT EN BETON : LES BUREAUX E.D.F. A TALENCE

LES POILS ET LES CHEVEUX SONT-ILS PAREILS?

Inrap / Les étapes de l archéologie préventive

FÊTE DE LA SCIENCE 2005 (Village des Sciences)

Latitude N Longitude E Altitude 376 m RÉSUMÉ MENSUEL DU TEMPS DE JANVIER 2014

Principe d assemblage Structure modulaire CAPENA bassin rectangulaire avec escalier Hauteur panneaux 1,2 ou 1,5 mètres Montage sur pieds

ÉTUDE DE L EFFICACITÉ DE GÉOGRILLES POUR PRÉVENIR L EFFONDREMENT LOCAL D UNE CHAUSSÉE

Ventilation : Mesure et réglage des débits

NOTICE TECHNIQUE SSC : Système Solaire Combiné eau chaude sanitaire / appui chauffage maison / appui eau chaude piscine

Fertiliser le maïs autrement

Calculs Computional fluide dynamiques (CFD) des serres à membrane de Van der Heide

Trait et ligne. La ligne avance, Elle indique une direction, Elle déroule une histoire, Le haut ou le bas, la gauche et la droite Une évolution.

COMMUNE DE PONT A MARCQ CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

Collimateur universel de réglage laser

Science et technologie : Le truc de Newton

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

Principes généraux de la modélisation de la dispersion atmosphérique

Les mesures à l'inclinomètre

Sertissage Aciers COMAP,

Nourrir les oiseaux en hiver

BILAN DE L EDUCATION PHYSIQUE A L ECOLE PRIMAIRE RAPPORT DE LA COMMISSION DES INSPECTEURS DU VALAIS ROMAND (CPI)

BROSSE DE DÉSHERBAGE GAUCHE/DROITE

TECHNIQUES: Principes de la chromatographie

Bâtiments bois à basse consommation d énergie. L étanchéité à l air. Auvergne Promobois Jean-Pierre Mathé chargé de mission construction bois

L HABITAT. Technologie 5ème

HERBIER NUMERIQUE COLLABORATIF DE MAURICE. enseignants des établissements à programme français de Maurice

Jean-Marc Schaffner Ateliers SCHAFFNER. Laure Delaporte ConstruirAcier. Jérémy Trouart Union des Métalliers

SOMMAIRE 1 INTRODUCTION 3 2 CONTACTER VOTRE SUPPORT 3 3 ESPACE DE GESTION DES CARTES 4 4 CONFIGURER UNE CARTE 5

un certain recouvrement Michaële Andrea Schatt Parc du palais de Compiègne

Le rapport de fin de séjour : Vienne (Autriche)

Le bac à graisses PRETRAITEMENT. Schéma de principe. Volume du bac à graisses. Pose

TCS, strip-till et semis direct

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

OUVERT02 - Maintien de l ouverture par élimination mécanique ou manuelle des rejets ligneux et autres végétaux indésirables Sous-mesure :

Que nous enseigne la base de données PAE?

Hospices cantonaux Centre Hospitalier Universitaire Vaudois DOSSIER DE PRESSE. Création du Centre romand hospitalo-universitaire de neurochirurgie

Salle de technologie

MACONNERIE/GROS OEUVRE

Niveau 2 nde THEME : L UNIVERS. Programme : BO spécial n 4 du 29/04/10 L UNIVERS

Principe de fonctionnement de la façade active Lucido. K:\15.Lucido \Dossier d'envoi\annexe\2011_12_explicatif du principe de la façade Lucido.

LIDAR LAUSANNE Nouvelles données altimétriques sur l agglomération lausannoise par technologie laser aéroporté et ses produits dérivés

Commune X. Quelles nouvelles exigences pour l accessibilité de la voirie? Les prescriptions techniques de l arrêté du 15 janvier 2007

LES LOIS PHYSIQUES APPLIQUÉES AUX DEUX-ROUES : 1. LA FORCE DE GUIDAGE

«Silva Cell Investir dans l infrastructure verte»

Généralités. Front froid

40% >> Economies d énergie garanties >> Eau chaude à volonté >> Très compacte. << easylife.dedietrich-thermique.fr >> 10 min.

Notions de base sur l énergie solaire photovoltaïque

ACTIV HOME. Confort et bien-être, naturellement, tout simplement, toute l année. LAMES ORIENTABLES ACTIV HOME /LAMES ORIENTABLES

Transcription:

CROISSANCE & DENDROCHRONOLOGIE

LA CROISSANCE DES ARBRES Comme la plus part des végétaux, la croissance des arbres dépend de nombreux facteurs environnementaux dont l élément déterminant est le climat. La croissance de l arbre d effectue de manière concentrique, c est à dire de l extérieur vers l intérieur. Elle est assurée par le cambium, fine couche de cellules primitives, située sous l écorce. Dès sa première année de vie, l arbre produit autour de sa moelle un anneau de cellules, appelé cerne de croissance. Cette anneau, constitué de cellules vivantes qui stocke la nourriture et transporte la sève, s appelle le bois d aubier ou bois vivant. L année suivante, lors de la phase de croissance, les cellules se divisent et forment un nouvel anneau de bois d aubier autour du précédent et ainsi de suite. Au bout de quelques années, le bois d aubier le plus ancien meurt et devient le bois de cœur ou duramen (bois mort). A mesure que l arbre grandit, le nombre de cernes correspondant au bois mort augmente alors que le nombre de cernes d aubier reste à peu près constant. Chaque fois que l arbre se développe, la couche externe ou écorce se fend et une nouvelle couche se constitue. De manière générale le duramen est plus dur et plus dense, donc plus résistant aux attaques de parasites que le bois d aubier. Les artisans du bois, menuisiers, charpentiers et ébénistes retirent l aubier pour ne travailler que le bois mort. Schéma d une coupe transversale de tronc De l extérieur vers l intérieur on distingue : L écorce : formée de l écorce externe (cellules mortes), une enveloppe protectrice, étanche et imperméable et de l écorce interne (cellules vivantes ou liber) Le cambium : zone extensible entourant le bois et qui chaque année ajoute un cerne, un anneau de cellules. Vers l extérieur, il génère le liber (permet à la sève élaborée de descendre des feuilles vers les racines). Vers l intérieur, il génère l aubier. L aubier (bois vivant) : formé du xylème (vaisseaux par lesquels monte la sève brute des racines vers les feuilles) et de rayons ligneux qui assurent l alimentation entre le bois et l écorce et qui jouent le rôle de rôle de réserves. Composé de cellules vivantes, l aubier participe activement à la croissance de l arbre. Le duramen (bois mort au cœur): constitué de cellules mortes à paroi rigide, il assure l armature et le soutien de l arbre. En Suisse, ou le climat est tempéré (alternance entre une saison froide et une saison chaude), la croissance végétale est cyclique et directement liée aux saisons. Chaque année la croissance débute au printemps et se poursuit en été. Elle est inexistante en hiver, l arbre se repose. Ce développement en deux temps explique pourquoi chaque cerne comporte deux parties distinctes : le bois de printemps apparait comme une large bande de bois tendre et de couleur claire. A la reprise de la croissance, les besoins en eau sont importants pour assurer le développement des feuilles et des fleurs et les conditions climatiques sont en général les plus favorables ce qui permet une croissance plus rapide. le bois d été a la forme d un anneau plus étroit et dure car plus compacte et plus foncé. Les conditions climatiques sont moins favorables dues fortes chaleurs ou à la sécheresse et la croissance devient plus lente. La distinction entre bois de printemps et d été est souvent difficile à l œil nu mais apparait 2

nettement lors de l observation à la loupe. Le bois de printemps présente de grosses cellules alors que le bois d été est constitué de plus petites cellules. Comme les conditions climatiques peuvent varier d une année à l autre, la largeur des cernes annuels est également variable. La largeur globale d un cerne annuel est un indicateur, une signature, des conditions climatiques. Un cerne large indique de bonnes conditions de croissance alors qu un cerne étroit révèle des conditions de croissance plus ardues comme des périodes de forte sécheresse ou encore de gel intense et/ou tardif. En haut : photographie d une partie de l échantillon obtenu sur le vieux chêne de Dorigny. A gauche : observation à la loupe de l échantillon prélevé sur le vieux chêne de l Unil à Dorigny par le professeur Philippe Reymond. Stramatakis - UNIL Lors de conditions de croissance très difficiles, les conséquences sont visibles sur le cerne correspondant mais également sur les cernes suivantes et ce parfois jusqu à 10 ou 15 ans, le temps que l arbre se rétablisse. Cette succession de microcernes est révélatrice de fortes variations climatiques. Les microcernes peuvent aussi s expliquer par l âge avancé de l arbre. Dans le cas exemple du chêne, la croissance se déroule différemment selon son âge. De 1 à 15 ans, la croissance est très rapide et est dite croissance de jeunesse. A à partir de la 15ème année, la vitesse de croissance diminue et le chêne devient plus sensible aux variations climatiques. Après 150-200 ans, l éventuel ralentissement de croissance va entraîner l apparition de microcernes. C est sur cette variabilité que repose l utilisation des cernes de croissance à des fins scientifiques et que se fonde tout particulièrement la dendrochronologie. 3

LA DENDROCHRONOLOGIE La dendrochronologie (du grec dendron, «arbre», chronos «temps» et logos «étude») est une méthode scientifique de datation du bois fondée sur l analyse de la morphologie des anneaux de croissance des arbres. Elle permet également de reconstituer les changements climatiques et environnementaux au cours du temps. Sous une latitude donnée, les arbres produisent chaque année un cerne de croissance dont la largeur varie en fonction des paramètres climatiques. Cette variation est aléatoire et unique. La mesure de ces variations donne donc des séquences graphiques caractéristiques et uniques. Courbe dendrochnonologique La largeur des cernes en milimètres est mesurée puis reportée sur un graphique depuis la moelle vers l écorse. La courbe obtenue consitue la signature de l arbre. Julien QUIRET - l arbre celtique Datation d un échantillon de bois : méthode de calage Les auteurs sont remontés de 1988 à la préhistoire. Pour dater une pièce de bois, on recherche par comparaison sa position dans la courbe générale. Fritz SCHWEINGRUBER 4

Dans une région climatique homogène, les arbres d une même espèce, vivant à la même période, ont une croissance similaire et donc variation similaire de la largeur de leurs cernes d une année à l autre. On dit qu ils sont synchrones. Par chevauchement de bois synchrones, il est possible de reconstituer les variations d année en année jusque loin dans le passé permettant ainsi de créer une courbe continue de référence pour une espèce donnée et de créer un véritable calendrier. Pour dater une pièce de bois, le travail du chercheur est consituté de 3 étapes : l élabotation de la courbe de référence (pour l espèce étudiée), l élaboration de la courbe spécifique de l échantillon de l arbre étudié, puis sa comparaison avec la courbe de référence. On parle de méthode de calage. EXPERTISE DU CHENE DE NAPOLEON Le chêne est situé sur le lieu-dit de Dorigny de la commune de Lausanne dans le canton de Vaud, en Suisse. Il est localisé à une altitude d environ 415 m (coordonnées: 534 045 / 152 655). Il s agit de l espèce végétale Quercus robur. Le chêne de Napoléon - Stramatakis - UNIL 5

Prélèvement de l échantillon Jean Tercier et Jean-Pierre Hurni du laboratoire romand de dendrochronologie. Ref LRD13R6854-23 avril 2013 Stramatakis - UNIL Une carotte de 5 mm de diamètre et d une longueur de 52,5 cm a été obtenue au moyen d une sonde finlandaise manuelle sur la partie Nord du tronc, à une hauteur de 130 cm du sol, afin d éviter les zones déformées proches de la souche. Le rythme de croissance est régulier et présente 154 cernes sur la carotte, soit une croissance moyenne annuelle de 3,41 mm. Estimation du diamètre du tronc à la hauteur de 130 cm Stramatakis - UNIL Le diamètre du tronc à la hauteur de 130 cm du sol est estimé à 160 cm (rayon 80 cm). Une estimation du nombre de cernes manquants depuis la carotte jusqu à la moelle pour un rayon de 80 cm est de 27,5 cm. Avec une croissance moyenne de 3,41 mm, le nombre de cernes manquants est de 80, soit un total de 154 + 80 = 234. Ce chêne serait donc agé de 234 ans. La séquence de croissance se situe entre les années 1779 et 2012. En 1800, ce chêne était agé de 22 ans, présentant à la hauteur de 130 cm du sol, un diamètre de 15 cm. 6

Notes 7

L Eprouvette Université de Lausanne Interface sciences-société Amphipôle - 303.1 1015 Lausanne eprouvette@unil.ch www.eprouvette.ch www.napoleome.ch