DE MOURIR? (LA SÉDATION PALLIATIVE) Dre Hélène Archibald Pneumologue Médecin en soins palliatifs CSSS de Chicoutimi

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Transcription:

CSSS de Chicoutimi

DORMIR AVANT DE MOURIR? (LA SÉDATION PALLIATIVE) Dre Hélène Archibald Pneumologue Médecin en soins palliatifs CSSS de Chicoutimi Congrès R.S.P.Q. 11 mai 2010, Québec

DORMIR AVANT DE MOURIR? (LA SÉDATION PALLIATIVE) Objectifs de la présentation: Situer la discussion dans son contexte actuel. Comprendre de quoi on parle. Réviser les standards internationaux. Distinguer la sédation palliative de l euthanasie.

Pourquoi aborder ce sujet? I. Sédation palliative souvent confondue avec euthanasie (FMSQ: 48 % des répondants) II. Débat sur euthanasie: Actualité 2009-2010 a) Projet de loi C-384 (Ottawa) b) Sondages - FMSQ - FMOQ c) Réflexion Collège des médecins du Québec d) Commission parlementaire (Québec)

À retenir : 75-80 % population POUR euthanasie Décriminaliser Permettre aux médecins de la pratiquer dans certaines conditions

Pourquoi? MOURIR DANS LA DIGNITÉ a) Entouré b) Personne entière, respectée, autonome, en contrôle c) douleur détresse d) Environnement approprié e) Soignants compétents / compatissants, etc. Donc: 75-80 % population pense que seule la légalisation de l euthanasie peut leur garantir une mort digne.

Voix discordantes (< 15-20 %) 1. Assemblée des évêques du Canada 2. Association canadienne soins palliatifs 3. RSPQ 4. AMQ 5. groupes religieux, sociaux 6. Individus

Pourquoi les soins palliatifs sont-ils CONTRE l euthanasie? 1. «Donner la mort»: contraire à la philosophie, aux valeurs des soins palliatifs. 2. Dans la plupart des situations cliniques: soins palliatifs «usuels», en évaluant la douleur totale, permettent une mort digne. 3. Dans les cas de souffrance réfractaire, la sédation palliative peut assurer une mort paisible et digne.

Important S entendre sur ce qu est la SÉDATION PALLIATIVE. S entendre sur des STANDARDS de pratique.

Pourquoi? 1. Garder la tête froide dans ces débats très émotifs. 2. Éviter de rajouter de la confusion. 3. Éviter les dérives morales et légales dans nos pratiques. 4. Éviter par ces dérives potentielles d entacher la réputation des médecins, des institutions et des soins palliatifs.

Définitions EUTHANASIE: Donner volontairement la mort par compassion. SUICIDE ASSISTÉ: Aider quelqu un à mourir par compassion en lui fournissant les informations, les moyens ou les deux pour parvenir à ses fins. SÉDATION PALLIATIVE: Patience!

Préoccupation de clarté En 2002, 29 experts internationaux ont commencé à travailler sur la sédation palliative dans le but: d adopter une définition commune; d établir des standards internationaux. Le tout publié en 2007 dans Journal of Palliative Medicine Le texte devrait faire consensus dans les milieux de soins palliatifs.

Il faut savoir 1. Concept de sédation en phase terminale date des années 90. 2. Différents termes employés: - Sédation profonde - Sédation de fin de vie - Sédation totale - Sédation pour détresse réfractaire chez - Sédation terminale les patients mourants - Sédation contrôlée - Etc. 3. Beaucoup de confusion (définitions, méthodes, etc.) dans la littérature.

4. Les opposants à ce type de traitement parlaient eux: - d euthanasie déguisée; - d euthanasie lente. Les plus modérés de «Belle euthanasie»!

29 experts internationaux Ont travaillé pendant 4-5 ans pour démêler tout cela. Ont proposé officiellement: Sédation palliative (terme maintenant employé).

Pour établir leur consensus Révision littérature bases de données 191 articles Expérience personnelle Groupes de travail pour étudier aspects Chaque groupe: 1 texte Tous les textes discutés, retravaillés ad consensus des 29 experts

Aspects révisés I. Terminologie, définition VI. Types de sédation II. But du Rx VII. Choix des médicaments, dosage, titrage III. Indications, conditions d emploi IV. Prise de décision / consentement éclairé VIII. IX. Nutrition, hydratation Aspects éthiques V. Considérations culturelles X. Résultats, monitoring Pour répondre à toutes ces questions: 17 recommandations

I. Terminologie + Définition 1 re recommandation: définition générale Sédation palliative: Emploi d une médication sédative spécifique, Pour soulager une souffrance intolérable due à des symptômes réfractaires, En diminuant l état de conscience des patients, La médication appropriée étant titrée adéquatement, Pour amener la cessation des symptômes.

I. Terminologie + Définition 2 e recommandation Souffrance intolérable: Symptôme ou état que le patient ne désire plus endurer. (* Se fier au patient / à ses proches)

I. Terminologie + Définition 3 e recommandation Symptômes réfractaires Symptômes difficiles à contrôler. = Symptômes pour lesquels tous les traitements possibles ont échoué ou pour lesquels aucun traitement ne peut être bénéfique compte tenu du stade très avancé de la maladie. La sédation palliative est donc une option de Rx pour les symptômes réfractaires.

I. Terminologie + Définition Précisions 1. Certains Rx utilisés en soins palliatifs peuvent induire une sédation temporaire comme effet secondaire. Ceci n est pas de la sédation palliative. 2. Une perfusion d opioïdes pour un meilleur contrôle des douleurs, ce n est pas non plus de la sédation palliative.

II. But du traitement 4 e recommandation But du traitement Faire mourir le malade. = Faire disparaître un ou des symptômes réfractaires. = Soulager la souffrance.

II. But du traitement (suite) Exprimé autrement: Induire état de relaxation physique et mentale Induire le sommeil Diminuer la conscience d événements déplaisants IMPORTANT Évaluer, réévaluer la condition du patient et continuer de rechercher des alternatives non sédatives de R x.

II. But du traitement (suite) DOSES EMPLOYÉES Doivent être suffisantes Mais ne doivent pas dépasser les besoins ** «C est à la proportionnalité des gestes et à l emploi approprié de la médication qu on juge l intention.»

II. But du traitement (suite) Emploi inapproprié sédation palliative peut révéler : Manque de connaissance / Expérience soins palliatifs ou Fatigue, épuisement, impatience des médecins ou Intention malveillante Les médecins doivent résister aux pressions des familles ou du personnel pour augmenter des doses de façon inappropriée.

III.Indications et conditions d emploi 5 e recommandation Pour évaluer si symptômes vraiment réfractaires: Évaluer la douleur totale. Évaluer en équipe multidisciplinaire. Évaluer par équipe de soins palliatifs. (ou collègue plus expérimenté)

III.Indications et conditions d emploi (suite) Sélection des patients Maladie irréversible, terminale Symptômes vraiment réfractaires Mort imminente (heures ou jours) Pas de réanimation au dossier

III.Indications et conditions d emploi (suite) 6 e recommandation Différents degrés de sédation sont possibles. La sédation profonde ne doit être employée que si la maladie est irréversible, avancée et que l espérance de vie du patient est en heures ou en jours. Sédation palliative R x Fatigue Détresse Médecin ou Famille

III.Indications et conditions d emploi (suite) Sédation palliative Peut être transitoire si symptômes réfractaires temporairement. Peut aussi être urgente. (Ex. hémorragie massive, asphyxie) Important: Rédiger ordonnance anticipée

III.Indications et conditions d emploi (suite) Symptômes réfractaires les plus fréquents: (22 études / 936 cas) 1. Agitation terminale / Délirium 55 % * 2. Dyspnée 27 % 3. Douleur 18 % 4. Nausées / Vomissements 4 %

Détresse psychologique, existentielle, spirituelle SÉDATION PALLIATIVE Emploi plus délicat, plus controversé Néanmoins appropriée dans certains cas bien sélectionnés

Détresse psychologique, existentielle, spirituelle (suite) Pourquoi? Symptômes plus complexes Tolérance individuelle variable Étiologie multifactorielle Détresse plus précoce dans la «terminalité» Parfois, peu de symptômes physiques État général du patient mieux conservé Symptômes fluctuants dans le temps

Détresse psychologique, existentielle, spirituelle (suite) Vérifier : Souffrance évaluée dans toutes ses dimensions? Symptômes vraiment réfractaires? Experts consultés? Autres Rx ou interventions tentées? Équipe multi. mise à profit? Sédation appropriée? Proportionnée?

Détresse psychologique, existentielle, spirituelle (suite) Recommandations : Réservée aux patients très terminaux Évaluation répétée par médecin ayant bon contact avec patient et famille Évaluation par équipe multi. Rx usuel anxiété, dépression déjà tenté Essayer d abord sédation transitoire (de répit) Si appropriée : sédation continue

Détresse psychologique, existentielle, spirituelle (suite) Tenter de trouver un équilibre entre : Médicalisation outrancière de la souffrance et Abandon du patient à sa souffrance * Toujours privilégier l accompagnement

IV. Prises de décision / Consentement éclairé 7 e recommandation IMPORTANT: Évaluation rigoureuse en équipe Les symptômes sont-ils vraiment réfractaires? La sédation est-elle indiquée, appropriée? Qui va prescrire? Qui va donner la médication? Comment va-t-on monitorer son effet? Quels critères seront utilisés pour vérifier l efficacité ou le besoin d ajuster le R x?

IV.Prises de décision / Consentement éclairé (suite) Souvent beaucoup d émotions Patient Famille Soignants Communication primordiale pour bien expliquer: But du Rx : Soulager les symptômes réfractaires et NON provoquer la mort. Si papiers à signer: le faire AVANT la sédation (si patient apte à signer)

V. Considérations culturelles Culture: Prisme à travers lequel on voit le monde Les médecins doivent: 8 e recommandation 1. Avoir des convictions morales solides. 2. Bien connaître leurs responsabilités professionnelles. 3. Être conscients des biais religieux, culturels pouvant teinter leurs opinions et décisions. 4. Faire preuve d ouverture et de respect. 5. Placer le patient au centre de leurs décisions.

VI. Types de sédation 9 e recommandation À moins d une situation d urgence (hémorragie, asphyxie, etc.) débuter la sédation à petites doses et l ajuster en fonction des besoins et désirs du patient. 3 niveaux de sédation possibles 1. Légère (somnolence) 2. Intermédiaire (stupeur) 3. Profonde (coma) 2 modes d administration possibles 1. Intermittent 2. Continu

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage 10 e recommandation Médicament de choix: Benzodiazépines (*Midazolam) Si délirium : pas premier choix SC ou IV Intermittent ou continu

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage (suite) 11 e recommandation Si délirium: Halopéridol ou autres antipsychotiques Si délirium réfractaire: Halopéridol + Midazolam ou Méthotriméprazine + Midazolam Si échec : Phénobarbital ou Propofol

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage (suite) 12 e recommandation Titrer la médication en fonction du soulagement des symptômes. Donc 4 classes de R x utilisées 1. Anxiolytiques sédatifs 2. Antipsychotiques sédatifs 3. Barbituriques 4. Agents anesthésiques généraux

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage (suite) Avantages du Midazolam/Versed md Demi-vie courte Administration parentérale Peu d effets secondaires Sédatif, anxiolytique, antiépileptique, relaxant musculaire, amnésiant Compatible avec autres R x * Attention à la tolérance (jeunes, emploi prolongé)

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage (suite) Avantages du Méthotriméprazine / Nozinan md Analgésique Anxiolytique sédatif Antipsychotique Antinauséeux Compatible avec autres R x Le plus souvent: Midazolam + Méthotriméprazine (Versed md ) (Nozinan md )

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage (suite) À NOTER: OPIOÏDES NON RECOMMANDÉS 1. Peu sédatifs 2. À doses sédatives: effets secondaires (dépression resp.) * Exception: dyspnée terminale * Contrôle de la douleur: à part Important: Ne pas cesser ou les OPIOÏDES Ne pas cesser les soins de confort

VII. Choix des médicaments, dosage, titrage (suite) Doses usuelles moyennes par 24 heures: Écarts Midazolam 22-70 mg (3-1 200) Méthotriméprazine 64 mg (25-250) Phénobarbital [60-360 mg] (200-2 500) Propofol 1100 mg (400-9 600) *Halopéridol 5 à 10 mg (Voir guide des soins palliatifs des pharmaciens)

VIII. Nutrition / Hydratation 13 e recommandation La décision de procéder à une sédation palliative doit se prendre indépendamment de celle de l alimentation et de l hydratation. 14 e recommandation L alimentation et l hydratation ne devraient pas être offertes aux patients dont la mort est imminente à moins que les bénéfices escomptés dépassent les dommages potentiels. Besoins en nutrition et hydratation avec l évolution des maladies terminales.

VIII. Nutrition / Hydratation (suite) Consensus: L alimentation parentérale ne prolonge pas la survie chez les patients très terminaux sous sédation palliative. Il serait donc approprié de recommander son arrêt.

VIII. Nutrition / Hydratation (suite) Le comité d experts pense aussi que: À quelques heures ou jours de la mort, chez les patients presque comateux, les liquides parentéraux n améliorent ni le confort ni l espérance de vie. Cependant, le comité d experts reconnaît que le débat sur l hydratation «terminale» n est pas encore réglé. Chaque groupe (CONTRE et POUR l hydratation) énonce ses propres arguments.

VIII. Nutrition / Hydratation (suite) Arguments contre hydratation «terminale» Sécrétions bronchiques salivaires gastriques toux, dyspnée, embarras bronchique, V o Débit urinaire besoin de sonde Œdème péritumoral douleur Ascite, œdème inconfort * Pas de corrélation entre soif et apports liquidiens

VIII. Nutrition / Hydratation (suite) Arguments pour hydratation «terminale» délirium, IRA, toxicité opioïdes (ceci contredit par 2 études randomisées) sédation ( mais effet recherché ici ) myoclonies ( Midazolam ) constipation, plaies, bouche sèche, etc.

VIII. Nutrition / Hydratation (suite) Le panel d experts pense que: Ni l hydratation parentérale, ni l alimentation parentérale ne sont pertinentes chez les patients dont le décès est imminent. En général, ces 2 interventions sont FUTILES chez les patients sous sédation palliative, mais dans certains cas particuliers, elles pourraient avoir des bénéfices psychologiques dont on doit tenir compte. En cas de sédation transitoire, l hydratation parentérale pourrait être indiquée.

IX. Aspects éthiques 15 e recommandation La décision d offrir une sédation palliative pour soulager une souffrance intolérable durant les dernières semaines de vie ne représente pas un problème éthique, son but n étant pas de provoquer la mort. La sédation palliative est différente de l euthanasie parce que: 1. Son but est de soulager les symptômes. 2. C est une intervention proportionnée. 3. La mort du patient n est pas un critère de succès du traitement.

IX. Aspects éthiques (suite) Soulager les symptômes intolérables chez les patients avec une maladie terminale: DEVOIR MÉDICAL et DEVOIR MORAL La sédation palliative est donc une option de traitement et non un problème éthique. Comme pour tout traitement: BÉNÉFICES ET RISQUES doivent être ÉVALUÉS

IX. Aspects éthiques (suite) Principes éthiques d autonomie de bienfaisance de non-malfaisance sont respectés Cependant: Sédation palliative peut faire l objet d ABUS ( avec fatigue des médecins) Parfois: Désir réel d accélérer la mort, ceci adéquat = euthanasie en douce Dans ce cas: - Pas de symptômes réfractaires - Doses élevées sans égard aux symptômes - Pas de titrage - Augmentation injustifiée des doses - Pas de surveillance / monitoring / paramètres

IX. Aspects éthiques (suite) Lorsque faite dans les règles de l art, la sédation palliative se distingue de l euthanasie: par son but: soulager les symptômes réfractaires; par sa proportionnalité p/r aux symptômes; par le fait que la mort n est pas un critère de succès. Les études ont démontré que: La sédation palliative bien dosée, bien faite, n accélère pas la mort. SURVIE MOYENNE DES PATIENTS 1 à 4 jours (quelques heures à 14 jours)

X. Résultats / Monitoring 16 e recommandation Le panel recommande d évaluer l efficacité du R x par le confort des malades et par l obtention du niveau de conscience souhaité. La communication avec la famille et le personnel (et le patient lorsque possible) est PRIMORDIALE. Peu utiles Signes vitaux Échelles (Ramsay, Glasgow, etc.)

X. Résultats / Monitoring (suite) MONITORER: 1. Détresse 2. Degré de sédation 3. Effets secondaires 4. Besoins de la famille * (+ soignants)

X. Résultats / Monitoring (suite) 17 e recommandation Les notes d évolution doivent très bien documenter l indication et le but de la sédation palliative, les médicaments employés, les doses, etc. Visites : Pendant le titrage : q 15-20 minutes De suivi : 1 à 3 fois par jour

RÉSUMÉ La sédation palliative est une option thérapeutique valable dans certains cas bien sélectionnés de souffrance intolérable chez des patients en phase terminale de leur maladie. Elle ne doit pas être une alternative aux efforts de soulagement des symptômes et elle ne doit être envisagée que lorsque tous les traitements disponibles ont échoué à contrôler la détresse du patient. La sédation palliative ne doit pas non plus être une réponse facile à toutes les formes de souffrance.

RÉSUMÉ (suite) Lorsqu elle est faite selon des standards reconnus, la sédation palliative respecte les exigences morales et légales qui balisent notre pratique médicale. L expertise des soins palliatifs devrait être sollicitée quand un traitement par sédation palliative est envisagé.

RÉSUMÉ (suite) Les familles et le personnel soignant sont davantage perturbés par l inconfort et la détresse des patients que par une sédation palliative bien faite et bien expliquée. Une attitude compatissante et des habiletés de communication sont parfois plus importantes qu un soulagement complet de la souffrance.

EN CONCLUSION La sédation palliative n est pas facile et ne doit pas le devenir. «L utilisation de la sédation palliative peut parfois combler cet hiatus qui fait que l âme et le corps ne trouvent plus de répit.» Anne-Marie Huot, pharmacienne

MERCI DE VOTRE ATTENTION HÉLÈNE ARCHIBALD, MD

Fjord du Saguenay