Rechercher l histoire d un «poilu»

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Transcription:

Page 1 / 22 Rechercher l histoire d un «poilu» Exemple de recherche (à partir d un article de l indépendant) : «Sur les cinq dépouilles de Poilus exhumées ce mois de mai en Meurthe-et-Moselle, celle du soldat catalan Henri Pajau a été identifiée. Il a été tué au combat à l'âge de 27 ans. Sa dépouille sera bientôt de retour au pays.» «Selon les auteurs de la découverte, ces cinq militaires auraient été tués à l'endroit exact où ils ont été trouvés, au lieu-dit "Bois de Gareth", près de la commune d'hériménil en Meurthe-et-Moselle, théâtre de violents combats au début de la guerre. L'un des Poilus a été retrouvé avec sa plaque d'identité. Et l'enquête a permis de déterminer que la plaque retrouvée sur la dépouille d'un des soldats correspond effectivement à Henri Pajau, né le 18 novembre 1887 à Eus. Selon les résultats de l'enquête menée par le pôle de sépulture de guerre et des hauts lieux de la mémoire nationale, Henri Pajau a été mobilisé début août 1914 avec son régiment du 143e RI, avant de quitter sa garnison huit jours plus tard vers les champs de bataille de la Lorraine. La petite vierge retrouvée appartient également au Poilu d'eus.»

Page 2 / 22 Première source à trouver : la fiche individuelle Site mémoire des hommes Première guerre mondiale Morts pour la France de la première guerre mondiale Base de données : «faire une recherche» Nom : Pajau prénom : Henri «rechercher» Résultat de la recherche (1 seul résultat) «détail»

Page 3 / 22 (Donne le document original de 1922) Résultat de la recherche (1 seul résultat) «image»

Page 4 / 22 Nous connaissons la date du décès 5 Septembre 1914 et le lieu Meurthe et Moselle / Hériménil / bois de Bareth Nous connaissons également le genre de mort : tué à l ennemi Nous pouvons remarquer la date tardive (ce qui n est pas exceptionnel) du jugement (21 Juillet 1920) par le tribunal de Prades, soit 6 ans après le décès (contre six mois environ habituellement pour un acte), ce qui peut laisser penser que l on n était pas sûr de la mort d Henri (prisonnier?), les Français réoccupant le terrain perdu (comme on le verra plus loin) peu de temps après, et, ne trouvant pas la dépouille. Nous savons également à quel régiment il appartenait : le 143 ième RI(Castelnaudary, Carcassonne) Avec le 15e RI (Albi) ces deux régiments forment la 64e brigade d'infanterie elle-même intégrée dans la 32 ième division d infanterie elle-même intégrée dans le 16 ième Corps d armée (région militaire de Montpellier). La date du 5 Septembre 1914 est connue, puisque c est le début de la bataille de la Marne (5 sept / 12 sept 1914) Par contre, géographiquement, la Meurthe et Moselle ne fait pas «partie»de la bataille de la Marne la prochaine ressource à explorer est «l historique» du 143 ième RI, petit fascicule édité vers 1920 que l on retrouve également dans le site «mémoire des hommes» Site mémoire des hommes Première guerre mondiale Historiques régimentaires des unités engagées dans la 1 re Guerre mondiale «Faire une recherche» «Consulter le catalogue» Infanterie Régiments d infanterie et là.. pas de chance : l historique du 143 ième n y est pas! Et on a presque l impression que c est le seul à ne pas y être!

Page 5 / 22 Bon. Allons voir du coté de son régiment «frère», le 15e RI (Celui là, il y est) http://argonnaute.u-paris10.fr/ark:/naan/085ac19d62 Page 9 on en apprend un peu plus sur le 143 ième et la journée du 5 Septembre Page 8

Page 6 / 22 On comprend que le 15 ième RI (et donc le 143 ième aussi) appartiennent à la II armée, commandée par le général de Castelnau et on cite la défense du Grand Couronné de Nancy Des éléments de «terrain», en plus du bois de Bareth sont nommés : une rivière, la «Mortagne» et un pont «de Fiscal». Il est temps de «situer» un peu tout çà Situation du bois de Bareth, on trouve Hériménil au nord du bois Recherche de cartes d état major. Site mémoire des hommes Première guerre mondiale Armées Françaises dans la Grande Guerre (AFGG) «Accéder aux volumes»

Page 7 / 22 Tome premier (avant 14 novembre 1914) Deuxième volume Cartes n 35 à 78 200. 000 e - situation des Ire et IIe Armées le 3 septembre 1914 au soir On retrouve la 32 e DI dont fait partie le 143 ième RI en face de Xermamenil

Page 8 / 22 Les «Armées Françaises dans la Grande Guerre (AFGG)» contiennent également tous les messages envoyés par les Etats Majors et le Grand Quartier Général. Voyons si on peut trouver quelque chose de la IIe Armée, noyé dans la préparation de la bataille de la Marne. Site mémoire des hommes Première guerre mondiale Armées Françaises dans la Grande Guerre (AFGG) «Accéder aux volumes» Tome premier (avant 14 novembre 1914) Deuxième volume Annexes, vol.2 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6305376n Et là, il faut chercher

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Page 10 / 22 Maintenant allons «surfer» pour en apprendre un peu plus sur le Grand Couronné de Nancy La bataille du Grand-Couronné. C est une série de hauteurs d'une altitude moyenne de 400 mètres qui, de Loisy au nord, sur la Moselle, à Dombasle, au sud sur la Meurthe, forment une demicirconférence qu'on a appelé le Grand-Couronné Le 5 septembre au matin, le Mont d'amance était bombardé avec de l'artillerie lourde, et, au nord, les observatoires signalaient des colonnes ennemies marchant par les deux rives de la Moselle sur Pont-à-Mousson. Vers 9 h30, deux bataillons du 212e régiment d'infanterie reprenaient le village de Champenoux ; la 70e division de réserve gardait les lisières-est de la forêt et Courbesseaux, se reliant à la 39e division d'infanterie, accrochée à l'ouest de Drouville. En même temps, l'attaque s'étendait au 16e Corps d'armée qui perdait Rehainviller, la cote 271, le bois Saint-Mansuy et Gerbéviller. Nos troupes étaient rejetées sur la rive gauche de la Mortagne, sauf devant Xermaménil. La situation devenait grave. La 2e Armée ne disposait comme réserves que de quelques éléments des 64e et 73e divisions de réserve. Si l'ennemi poussait l'attaque à fond, de Pont-à-Mousson à Gerbéviller, la résistance deviendrait impossible. Aussi, le général de Castelnau demandait-il des instructions au Grand Quartier Général : Était-il autorisé à évacuer Nancy et à se retirer sur la ligne de la forêt de Haye que prolongeraient au sud les hauteurs déjà organisées de Saffais-Belchamps? Mais, vers 14 heures, la situation toujours critique s'éclaircissait un peu. Si l'attaque à l'est de Nancy continuait et si des forces importantes étaient signalées au nord de la forêt de Facq et dans la forêt de Puvenelle, le 16e Corps réoccupait le terrain perdu. L'attaque au sud n'avait été qu'une diversion. Seul le Grand-Couronné était assailli par le nord et par l'est. Le général de Castelnau, avant même de recevoir du Grand Quartier Général pleine approbation pour les mesures qu'il serait amené à prendre, décidait de se cramponner au terrain. Il fallait tenir «jusqu'à la fin de la bataille générale», comme disait le Général en chef. Question de jours, question de volonté. On apprend donc ici que le 143 ième a dû faire face à l attaque de diversion au sud de Lunéville et que le terrain perdu a été repris par les Français Il est temps d aller voir plus en détail ce qu il s est passé. Pour cela une ressource très importante : le Journal des Marches et Opération (JMO) du régiment, qui, pour chaque unité de l armée, retrace au jour le jour les évènements.

Page 11 / 22 Site mémoire des hommes Première guerre mondiale Journaux des unités engagées dans la Première Guerre mondiale Faire une recherche Consulter l état des fonds Armée de terre 1914-1918 Journaux des marches et opérations des régiments et bataillons Consulter l instrument de recherche Régiments et Bataillons Infanterie Régiments d infanterie 143 e régiment d infanterie 143 e régiment d infanterie : JMO JMO 1 er août 1914 31 juillet 1915 Consulter les images Journal des marches et des opérations du 143 régiment extraits

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Page 13 / 22 Voici le résumé de ce que nous apprend le JMO du 143 ième RI pour la journée du 5 septembre 1914 Déroulement de la journée du 5 septembre Situation générale : attaque allemande visant à percer les lignes française dans le secteur de Nancy avec une attaque de diversion au sud sur les positions du 16 corps Pour le 143 : il doit relever le 15 (son régiment «frère» de brigade) au bois de «Bareth» 2H : quitte le bivouac du «bois du château» 4H : franchit la rivière «Mortagne» 5H : arrivée au niveau du bataillon de réserve du 15. Le 1 bataillon du 143 part vers la corne nord- ouest du bois de «Bareth» en liaison à l ouest avec le 23 bataillon de chasseur Le 2 bataillon du 143 part vers l est du bois de «Bareth» en liaison à l est avec le 81 RI Jusqu à 7H : ces deux bataillons combattent avec les bataillons du 15 qu ils sont venu relever pour repousser les attaques allemandes. Nombreuses charges à la baïonnette 7H : fin de l attaque allemande. Le 15 se retire et laisse le 1 bataillon du 143 couvrir un vaste front avec les effectifs diminués de 3 compagnies Bombardement allemand (artillerie de campagne et obusiers). Nouvelle attaque repoussée 13H : repli à gauche du 23 bataillon de chasseur et à droite du 81 RI sans en informer le 143 Bombardement allemand jusqu à 14H Entre 14H et 15H : les bataillons 1 et 2 du 143 sont pratiquement encerclés 15H : ordre de repli. Le 1 bataillon du 143 (Cdt Séjourné) est encerclé, il se dégage sous la protection de la 9 compagnie qui se sacrifie pour sauver le régiment. 18H ce qu il reste de la 9 compagnie arrive au «gué du Fiscal» (sur la «Mortagne») sous le feu de l ennemi. Fin des combats.

Page 14 / 22 Sans connaitre le n du bataillon ni celui de la compagnie d Henri, il est difficile de savoir plus précisément ce qui lui est arrivé ce jour là. A-t-il été tué entre 5 et 7 H lors des premiers combats de la journée? (la 1 compagnie perd un quart de ses effectifs). Appartenait-il à la 9 compagnie? Son retrait précipité en combat d arrière garde, poursuivie par l ennemi, pourrait expliquer le fait qu on ne lui ait pas enlevé sa médaille d identification. Pourquoi n a-t-on pas retrouvé son corps? Le 16 corps d armée réoccupe par la suite le terrain perdu. A-t-il été enseveli lors des bombardements avec des pièces de gros calibre (obusiers)? Quelles ont été les pertes de la journée pour le 143 ième RI? Elles ne sont pas comptabilisées dans le JMO, ce qui n est pas courant! Vérifions pour celles du 15 ième RI dans son JMO Elles sont bien inscrites, à la bonne place : 1 officier tué (le capitaine Mouton) ainsi que 4 soldats. Pourquoi les pertes du 143 ième ne sont elles pas inscrites? L explication se trouve quelques pages plus loin dans le JMO, à la date du 1 er octobre

Page 15 / 22 : Engagement «non stop» du régiment et surtout décès des sous-officiers chargés de la comptabilisation ainsi que des commandants de compagnie. Suit : Liste nominative des officiers tués/ blessés / disparus. Page suivante : Totaux

Page 16 / 22 Pour avoir le détail des pertes il faudra donc se reporter au «registre spécial annexé au journal de marche», document qui n est pas dans le JMO Il existe un autre site qui permet de trouver les pertes à un moment donné d un régiment, réalisé à partir des fiches individuelles de chaque soldat. Site FranceGenWeb 1914 1918 Dans colonne recoupements 1914-1918 : état nominatif des pertes par régiments Infanterie Menu déroulant : 143 e RI Affichage du résultat à une date donnée choisir 05 /09 /1914 Afficher

Page 17 / 22 Il y a bien Henri Pajau. Pourrait-on trouver dans cette liste certains des quatre autres poilus retrouvés avec Henri et non identifiés? Au début de la guerre, les soldats n ont qu une seule médaille d identification. Lorsqu ils sont tués elle est enlevée par un sousofficier, puis remise plus tard au commandant de compagnie (par la suite les soldats auront 2 médailles, une restant sur le corps pour l identification ultérieure). Nous avons vu les problèmes rencontrés par le 143 ième à ce niveau. Mais si les médailles ont été enlevées sur les 4 autres soldats, c est qu ils ont été «vu» morts par d autres camarades, et considérés par la suite comme tel. Le cas d Henri, à qui la médaille n a pas été enlevée, a surement été différent (porté disparu), ce qui peut expliquer le jugement tardif de son décès (juillet 1920) Le premier postulat de cette recherche serait donc qu il n y aurait eu des combats dans le bois de Bareth que ce jour là. Difficile à vérifier mais pas impossible. Les 4 non-identifiés appartiendraient ainsi au 143 ième RI ou éventuellement au 15 ième RI. Commençons par vérifier les pertes de ces 2 régiments le 4 septembre et le 6 septembre sur le site FranceGenWeb : 0 pertes de part et d autre. Vérifions si les pertes données dans le JMO du 15 ième RI pour le 5 septembre correspondent avec celles données sur FranceGenWeb 4 hommes et un Capitaine, cela «colle», mis à part le nom du capitaine : Mouton dans le JMO, Montou ici tout comme page 9 de l historique du 15 ième RI (voir page 5)

Page 18 / 22 Maintenant, vérifions si ces soldats ont une tombe militaire Site mémoire des hommes Première guerre mondiale Ressources complémentaires : base sépultures de guerre Faire une recherche Nom / prénom Aucun résultat pour Henri Pajau, ce qui est parfaitement normal. Exemple avec Pujol Jules : Nom / prénom rechercher détail Seul soldat à ne pas avoir de tombe avec Henri : Lacombe Paul Le cas du Capitaine Mouton ou Montou (sans prénom) est plus difficile : il n y a pas de fiche individuelle pour un capitaine Montou la bonne orthographe semble donc être Mouton : il y a 119 sépultures au nom de Mouton et 296 fiches individuelles Mais parfois la chance vous sourit il y a une seule fiche au nom de «Mouton ou Moutou!» et les «sans prénoms» ne sont que 4 dans la liste des sépultures

Page 19 / 22 Notre capitaine ne fait donc pas partie des 4 non-identifiés Il reste donc le cas de Lacombe Paul, né le 21 juin 1882 à Verdun sur Garonne, dans le Tarn et Garonne. Sa fiche individuelle porte la mention «tué à l ennemi» ce qui est logique par rapport à l absence de médaille. Plus intéressant, l acte de décès fait en juin 1916, presque 2 ans plus tard mais surtout à Paris, le seul pour nos 12 soldats tués ce jour là. Pas de sépulture. Un des 4 camarades d Henri Pajau?

Page 20 / 22 Cet exemple illustre bien les difficultés de ce type de recherche : documents manquants (historique du 143 ième, «registre spécial annexé au journal de marche»,) orthographe incertaine (Montou / Moutou / Mouton), nombre de fiches important en fonction du nom (7 078 fiches au nom de Martin!), décalage entre le nombre de tués «enregistrés» et la réalité : Ainsi le JMO du 143 ième annonce près de 2000 tués / blessés / portés disparus depuis le début de la guerre, mais, on ne retrouve «que»44 tués en août et 12 en septembre sur Francegenweb D ailleurs le JMO du 143 ième donne 15 tués pour le seul jour du 28 septembre 1914 Et puis au détour d une page, on peut trouver des choses surprenantes! Ainsi, dans le JMO du 143 ième du 2 octobre 1914 : Des «boucliers en acier chromé»!

Page 21 / 22 «ce chiffre de pertes peu élevé semble devoir être attribué à l emploi du bouclier.» Le 143 ième RI a-t-il été le premier à «tester» ces boucliers? S agissait-il d une attaque expérimentale? A quoi ressemblaient-ils? Etaient-ils peints? (le chrome, même de nuit, ce n est pas très discret).comment sont-ils arrivés entre les mains des soldats du 143 ième? Qui en a donné l ordre, à quel niveau? Malgré la conclusion plutôt positive sur l emploi des boucliers, son utilisation ne semble pas s être généralisée, la cuirasse pare-balle prenant le dessus. Difficile d en retrouver la trace, même sur internet «une brève apparition dans les tranchées de la première guerre mondiale, sous forme de plaque de blindage assez peu mobile» Pas vraiment la description de notre bouclier en acier chromé plutôt portatif et utilisé dans le cadre d une patrouille offensive Par contre on retrouve des «cuirasses», certaines avec des poignées pouvant être portées à la manière d un bouclier : CUIRASSES PARE-BALLES LOUPPE / HESLOUIN, CUIRASSES ADRIAN, CUIRASSE PARE-BALLES DAIGRE. Mais elles ne seront testées qu en 1915 Article internet : http://humanbonb.free.fr/indexprotegecorporel.html Extraits : Ce n'est qu'en 1904 que cette idée de protège thorax pour soldat fut reprise et améliorée par une entreprise portant comme raison sociale le nom de "Simmonnet, Heslouin et Cie". Cette démarche va permettre dès le mois d'octobre 1914 que soient livrés au front des protèges de ce type. Le Journal des Marches et Opérations du Génie du 5ème Corps d'armée confirme ceci puisqu'il nous indique que la place de Verdun doit livrer 300 cuirasses Heslouin à cette même période (certains documents d'époque nous parlent

Page 22 / 22 également de cuirasse pare-balles Louppe). A savoir que dès Décembre, ce sont 100 000 exemplaires de cette protection qui vont être envoyés aux différentes unités éparpillées sur le front, notamment en Argonne. S agit-il de nos boucliers en acier chromé? Dés le 2 Octobre 1914, le 143 ième RI, premier testeur au feu?