APRES UNE ANNEE D EXPERIMENTION DES PLAQUETTES DE BOIS EN LITIERE AUX BOVINS (octobre 2012). Durant L hiver 2011-2012, au Lycée Agricole de Montluçon-Larequille, nous avons expérimenté la litière de plaquettes de bois pour des bovins. Notre exploitation de 180 ha et de 100 vaches charolaises inscrites et leur suite utilise une grande quantité de paille que nous ne pouvons pas produire sur notre exploitation. Il nous a paru intéressant de tester un nouveau produit : les plaquettes de bois en complément de la paille. Pourquoi utiliser cette technique? La conjoncture économique de 2011 est favorable à la recherche d un complément à la paille. Le prix très élevé de la paille suite aux faibles récoltes pousse les éleveurs à rechercher de nouvelles solutions pour faire la litière des animaux. L entretien des haies, des arbres, des différentes zones boisées procure une grande quantité de bois de biomasse, difficile à valoriser ; ces branchages sont le plus souvent brûlés. La litière plaquettes est déjà utilisée dans des départements voisins, de nombreux agriculteurs sont prêts à s en servir et ont fabriqué des plaquettes. Toutes ces raisons nous ont confortés dans le lancement de l expérimentation. Comment produire des plaquettes? Les bois broyés ont différentes origines : branches d arbres de haies, arbres et arbustes de haie gênants, billots de pins et de peuplier abimé, etc En fait, tout type de bois peut être utilisé. Les bois blancs difficilement utilisables en bois d œuvre ou en chauffage (saules, vergnes, bouleaux, noisetiers) sont particulièrement intéressants pour leur capacité d absorption des jus. Les mélanges d essences correspondent aux attentes des éleveurs en limitant les risques de mauvaise dégradation des plaquettes des bois tanniques ou résineux après utilisation et épandage. JF.CANAUD Page 2/2
Le chantier de coupe et de broyage est complexe, son organisation demande à être soignée. Les arbres et branches coupées à la tronçonneuse ou à l aide de pinces sont mis en andains accessibles d une hauteur maximale de 2.5m de haut. L utilisation de pinces sur pelle simplifie et accélère le travail tout en restant à un coût raisonnable. Le broyage se fait par des broyeurs de forte puissance ayant un débit important de 25 à 50 m3 /h pour un coût de 150 à 180. Ce type de matériel permet d obtenir des plaquettes régulières, le bois n étant pas déchiqueté mais broyé. Le transport des plaquettes utilise les mêmes remorques que l ensilage. Le séchage se fait en tas ou silos intérieurs ou extérieurs. Pour un bon séchage, le tas doit être le plus haut possible : 3 à 4 m. La fermentation provoque la montée en température dans le tas jusqu à 70 entrainant une évaporation très importante: le séchage est en route. On ne doit pas toucher au tas tant que le séchage n est pas terminé, c'est-à-dire durant 6 à 8 semaines. Comment faire la litière? Plusieurs techniques peuvent être utilisées vis-à-vis du mode d apport, de la fréquence des apports et de l épaisseur des couches, ceci en fonction de la mécanisation disponible, de l agencement des bâtiments, de la mécanisation disponible et de l importance des lots d animaux. La pratique qui nous a paru la plus intéressante est l apport de couches peu épaisses de 6 à 8 cm tous les 10 jours, cela réduit le travail et la litière reste propre. L apport se fait au tracteur équipé d un godet, l étalement est très facile. Le passage des plaquettes en pailleuse est possible, dans les apports peuvent être plus fréquents. JF.CANAUD Page 3/3
L apport d une couche épaisse de plus de 10 cm, pouvant aller jusqu à 20 cm réduit l efficacité de la litière et entraîne une surconsommation de plaquettes. Génisses sur litière plaquettes de bois. Existe-t-il des risques pour les animaux? Les plaquettes en litière s assombrissent, elles paraissent sales mais en fait, ce n est pas le cas. La litière reste longtemps propre et confortable, elle respecte parfaitement le bien-être animal. Aucune blessure, égratignure ou marque d échauffement n est constatée. Les animaux se couchent aussi bien sur les plaquettes que sur la paille et restent propres. La température faible de la litière limite le développement des bactéries. Les bovins ne cherchent pas à consommer les plaquettes contrairement à la paille, ce qui permet de mieux contrôler l alimentation. Quelle quantité de plaquettes utilise-t-on? Comme on l a déjà mentionné, la pratique la plus économe en plaquettes est l apport de couches fines successives. Dans ce cas, on utilise 4 à 5 m3 de plaquettes à la place d une tonne de paille. La consommation peut être bien supérieure lorsqu on apporte des couches épaisses (20 à 25 cm) et atteindre 8 m3 de plaquettes. JF.CANAUD Page 4/4
Quel est le coût des plaquettes? L évaluation du coût reste aléatoire, en effet, doit-on prendre en compte toutes les charges d abatage et d élagage qui existeraient sans fabrication de plaquettes ou simplement leur coût de production? Le coût du broyage est de150 à 190 l heure. En une heure on produit de 25 à 50 m3 de plaquettes. Le coût de production des plaquettes se situe entre 5 et 9 le m3.en comparaison avec la paille, cela correspondrait à une valeur comprise entre 30 et 50 la tonne. Lorsque toutes les charges sont prises en compte, nous arrivons à une valeur de 18 à 20 le m3. La valeur des plaquettes sur le marché est de l ordre de 22. Que fait-on de la litière après utilisation? L utilisation du fumier de plaquettes se fait de la même manière que le fumier pailleux. Le curage nécessite l utilisation d un godet plutôt qu une fourche car la litière est moins liée. Le compostage est conseillé pour améliorer la décomposition de ce fumier. Le fumier doit être épandu composté ou non en surface sans enfouissement,sur prairies par exemple, car la décomposition comme celle du fumier pailleux, demande un milieu aérobie. Actuellement, nous réalisons des analyses et menons des essais sur la valeur agronomique du compost de plaquettes et poursuivons l utilisation de plaquettes en litière (300 m3). JF.CANAUD Page 5/5