Item 232 : Dermatoses faciales : acné



Documents pareils
Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

TRAITEMENT DE L ACNÉ DERMOCORTICOIDES. Enseignement optionnel «Prescription et usage rationnel des médicaments» Dr Antoine FAUCONNEAU 10 Avril 2013

Crèmes, gels ou lotions? Les traitements topiques de l acné

Maladies et Grands Syndromes : Dermatoses faciales : acné, rosacée, dermatite séborrhéique (232) Professeur Jean Jacques Bonnerandi Juin 2005

Traitements topiques. Utiliser conformément aux instructions figurant sur l emballage. Aident à éliminer les squames. Soulagent les démangeaisons.

La maladie de Verneuil Hidrosadénite suppurée

Notice : ROACCUTANE. AcnéFight. Consultez :

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

Le psoriasis est une maladie qui touche environ 2 à 3 % de la population et qui se

La gestion à long terme du psoriasis : Traitement thérapeutique et flexible procurant des résultats efficaces et sans danger

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 10 mai 2006

NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR. Delphi 0,1 % crème Acétonide de triamcinolone

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

SOIXANTE-SEPTIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ A67/18 Point 13.5 de l ordre du jour provisoire 21 mars Psoriasis. Rapport du Secrétariat

DIAGNOSTIC SOLAIRE ÉVALUEZ VOTRE SENSIBILITÉ ET VOTRE RISQUE AU SOLEIL! INSTITUT FRANÇAIS SOLEIL & SANTÉ.

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 novembre 2009

Épilation au laser Fiche client (e) / Questionnaire. Nom du client : Adresse : Ville : Province : Code postal : Téléphone au domicile : Au travail :

La prise en charge des toxicités cutanées induites par les inhibiteurs des. des récepteurs du facteur de croissance épidermique

Tuméfaction douloureuse

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Les eczémas: l approche au cabinet

Psoriasis et travail dans le BTP. Pr E. Delaporte

Bien vous soigner. avec des médicaments disponibles sans ordonnance. juin Douleur. de l adulte

Dermatologie courante du sujet âgé. Printemps Médical de Bourgogne 31 Mars 2012 Dr Claude Plassard Gériatre CHI Châtillon/Montbard

Contraception après 40 ans

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

RÉFÉRENCES ET RECOMMANDATIONS MEDICALES

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ ANALYSE MÉDICO-ÉCONOMIQUE. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Accidents des anticoagulants

7- Les Antiépileptiques

Le VIH et votre foie

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

1 - Que faut-il retenir sur les anticoagulants oraux?

Comprendre. son Psoriasis du Cuir Chevelu

APRES VOTRE CHIRURGIE THORACIQUE OU VOTRE PNEUMOTHORAX

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

et l utilisation des traitements biologiques

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

La migraine : une maladie qui se traite

La maladie de Still de l adulte

GUICHET D ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE

Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

Loi 41. GUIDE D EXERCICE Les activités réservées aux pharmaciens

ALOPÉCIE ET MÉSOTHÉRAPIE EN Dr Bernadette Pasquini

Avis 17 octobre 2012

Le syndrome SAPHO Ostéomyélite multifocale chronique récidivante Spondylarthrite hyperostosante pustulo-psoriasique

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

Vivez votre féminité sans souffrir.

L ANGINE. A Epidémiologie :

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

Psoriasis & Sport. Pour un meilleur accès des personnes psoriasiques aux activités sportives. Qui le psoriasis touche-t-il?

Catherine Prost Squarcioni Centre de Références Maladies Rares NET-DBAI-IDF Hôpital Saint Louis et hôpital Avicenne

Migraine et mal de tête : des "casse-tête"

Les Arbres décisionnels

KARDEGIC 75 mg, poudre pour solution buvable en sachet-dose Acétylsalicylate de DL-Lysine

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

TECHNIQUES D AVENIR LASER DOPPLER IMAGING LASER DOPPLER IMAGING LASER DOPPLER IMAGING

L anémie hémolytique auto-immune

L été est arrivé et les vacances aussi.

Stelara (ustekinumab)

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

Le psoriasis est une dermatose

Mieux informé sur la maladie de reflux

Guide du parcours de soins Titre ACTES ET PRESTATIONS AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

Item 288 : Troubles des phanères : Onyxis

vaccin pneumococcique polyosidique conjugué (13-valent, adsorbé)

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde


NOTICE : INFORMATION DE L'UTILISATEUR. DAKTOZIN 2,5 mg/150 mg pommade Nitrate de miconazole et oxyde de zinc

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Rhume ou grippe? Pas d antibiotiques!

L APS ET LE DIABETE. Le diabète se caractérise par un taux de glucose ( sucre ) trop élevé dans le sang : c est l hyperglycémie.

PIL Décembre Autres composants: acide tartrique, macrogol 4000, macrogol 1000, macrogol 400, butylhydroxyanisol.

Actualités thérapeutiques dans le VHC : les recommandations de l AFEF Vendredi 8 et samedi 9 avril 2011 à Paris

RAID PIEGES ANTI-FOURMIS x 2 1/5 Date de création/révision: 25/10/1998 FICHE DE DONNEES DE SECURITE NON CLASSE

Le Psoriasis Qui est touché?

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Pour un bronzage sage. Guide pour un utilisateur averti de banc solaire

Item 182 : Accidents des anticoagulants

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

Vous et votre traitement anticoagulant par AVK (antivitamine K)

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

Prépration cutanée de l opéré

DERMATOLOGIE ACNE VERRUES CUTANEES - MYCOSES

Module transdisciplinaire 8 : Immunopathologie. Réactions inflammatoires

Mon RECHERCHE EN DERMATOLOGIE

Traitement antibiotique probabiliste des urétrites et cervicites non compliquées

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

92% d ingrédients biologiques * 21 tests cliniques INFINIMENT PURE, INFINIMENT BELLE, COLOR CARE.

Transcription:

Item 232 : Dermatoses faciales : acné Collège National des Enseignants de Dermatologie Date de création du document 2010-2011

Table des matières I Diagnostic...4 I.1 Lésions élémentaires...4 I.1.1 Séborrhée...4 I.1.2 Lésions rétentionnelles...4 I.1.3 Lésions inflammatoires...4 I.1.4 Cicatrices... 6 I.2 Formes cliniques... 6 I.2.1 Formes communes... 6 I.2.2 Formes graves...6 I.3 Formes étiologiques particulières...6 I.3.1 Acnés néonatales... 6 I.3.2 Acné prépubertaire...7 I.3.3 Acnés exogènes... 7 I.3.4 Acné de la femme adulte...7 I.3.5 Acné révélant une endocrinopathie...7 I.4 Diagnostic différentiel... 8 II Traitement... 8 II.1 Moyens thérapeutiques...8 II.1.1 Traitement local...8 II.1.2 Traitement général...9 II.2 Indications...10 II.2.1 Acné rétentionnelle...11 II.2.2 Acné modérément inflammatoire... 11 II.2.3 Acné papulo-pustuleuse... 11 II.2.4 Acné nodulaire ou conglobata...11

II.2.5 Suivi... 12 Points essentiels... 12 OBJECTIFS Diagnostiquer l acné. Argumenter l attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient. Des recommandations de bonnes pratiques par l AFSSAPS ont été mises à jour en novembre 2007. L acné est une dermatose inflammatoire chronique du follicule pilosébacé. Elle est le plus souvent primitive et commence généralement à la puberté. Physiopathologie de l'acné Dans la genèse des lésions élémentaires de l acné interviennent essentiellement trois facteurs. Séborrhée (augmentation de production de sébum par la glande sébacée) La condition nécessaire à la formation de lésions d acné est l hypersécrétion sébacée. La sécrétion du sébum est déclenchée et entretenue par la dihydrotestostérone, produite dans les cellules sébacées par la 5 -réductase de type I à partir de la testostérone libre. Les androgènes circulants sont présents à des taux normaux et l acné résulte seulement d une sensibilité particulière de la glande sébacée aux androgènes. Kératinisation infundibulaire du follicule pilosébacé La formation du comédon est due à une hyperprolifération des kératinocytes du follicule pilosébacé associée à des anomalies de leur différentiation qui les empêche de desquamer dans le canal infundibulaire. Microbes et facteurs de l inflammation La flore anaérobie des follicules sébacés (Propionibacterium acnes ) est responsable du processus inflammatoire par deux mécanismes : infectieux lié au fait que Propionibacterium acnes est une bactérie ; inflammatoire par des substances libérées dans le follicule par la bactérie.

I DIAGNOSTIC Le diagnostic est clinique. I.1 LÉSIONS ÉLÉMENTAIRES I.1.1 Séborrhée Elle réalise un aspect de peau grasse et luisante. Elle est constante et affecte la partie centrale du visage (nez, front, menton, joues), et la région thoracique supérieure (dos et face antérieure du thorax). I.1.2 Lésions rétentionnelles Les microkystes (ou comédons fermés) : correspondent à l accumulation du sébum et de la kératine mélangés dans le canal folliculaire dilaté par l obstruction de son orifice. Ce sont les véritables «bombes à retardement» de l acné ; sont de petites papules de 2 3mm, qui passent souvent inaperçues et nécessitent une traction sur la peau pour les révéler et qui peuvent secondairement s enflammer. Les comédons ouverts : sont les «points noirs» de 1 à 3mm correspondant à l accumulation des kératinocytes oxydés au sein de l orifice dilaté du canal infundibulaire (Figure 1) ; peuvent s expulser spontanément ou s enflammer. Figure 1. Acné : comédons et papules de la joue I.1.3 Lésions inflammatoires Lésions inflammatoires superficielles Les papules sont des lésions inflammatoires, d un diamètre inférieur à 5mm, généralement issues d un microkyste, se présentant comme des élevures rouges, fermes, quelquefois douloureuses, pouvant évoluer vers la résorption ou la formation de pustules.

Les pustules sont habituellement des papules au sommet desquelles apparaît un contenu purulent jaune (Figure 2 et Figure 3). Figure 2. Acné papulo-pustuleuse du tronc Figure 3. Acné papulo-pustuleuse du visage Lésions inflammatoires profondes Les nodules sont des lésions inflammatoires profondes ayant souvent une évolution vers l abcédation, la rupture et la formation de cicatrices (Figure 4). Leur diamètre est supérieur à 5mm. Figure 4. Acné nodulaire de la face

I.1.4 Cicatrices Elles sont fréquentes, essentiellement induites par les lésions inflammatoires et d autant plus importantes que l inflammation dure depuis longtemps et est sévère. I.2 FORMES CLINIQUES I.2.1 Formes communes Acné mixte juvénile C est la forme la plus commune de l acné survenant au moment de la puberté (en moyenne : 12 ans chez les filles, 14 ans chez les garçons). Les lésions rétentionnelles et inflammatoires superficielles sont présentes suivant un rapport variable. Acné rétentionnelle Elle est faite essentiellement de microkystes et comédons ouverts. Elle représente la forme la plus fréquente de l acné débutante. I.2.2 Formes graves Acné nodulaire ou acné conglobata Elle est caractérisée par la présence de nodules inflammatoires qui peuvent évoluer vers des abcès ou se fistuliser en profondeur ; l extension au tronc est fréquente. Son évolution est chronique avec la formation de cicatrices souvent importantes. Acné fulminante (acné nodulaire aiguë, fébrile et ulcéreuse) Elle est exceptionnelle, à début brutal, caractérisée par une altération de l état général avec hyperthermie à 39 40 C, des arthralgies et une hyperleucocytose, des nodules inflammatoires très nombreux et pouvant évoluer vers des ulcérations nécrotiques et hémorragiques. I.3 FORMES ÉTIOLOGIQUES PARTICULIÈRES I.3.1 Acnés néonatales Elles apparaissent sur le visage dès les premières semaines de vie et régressent spontanément en quelques semaines. Elles sont dues aux androgènes d origine maternelle.

I.3.2 Acné prépubertaire Elle est essentiellement faite de lésions rétentionnelles. Elle est caractérisée par son début avant la puberté. I.3.3 Acnés exogènes Contrairement aux formes précédentes, les lésions rétentionnelles (comédons ouverts) prédominent. Elles apparaissent après contact prolongé d huiles minérales : ce sont les «boutons d huile» des cuisses et des bras chez les garagistes, mécaniciens, fraiseurs Les acnés aux cosmétiques sont induites par les produits cosmétiques (crème hydratante contenant des huiles végétales, poudres de pigments) et sont essentiellement localisées au visage. I.3.4 Acné de la femme adulte Elle est présente chez une femme de 25 ans ou plus. Il s agit soit d acné juvénile se prolongeant à l âge adulte, soit d une rechute d une acné juvénile, soit d une forme d acné débutant à l âge adulte. Elle est caractérisée par des papules ou des nodules inflammatoires localisés à la partie basse du visage (mandibules). Les lésions rétentionnelles sont en général peu nombreuses. I.3.5 Acné révélant une endocrinopathie L acné n est qu un signe clinique de l endocrinopathie, à suspecter devant : une acné féminine grave et résistante aux traitements ; une acné accompagnée de signes d hyperandrogénie : hirsutisme, alopécie, troubles des règles. Des explorations hormonales sont alors justifiées : dosage de la testostérone, de la 17OHprogestérone, du sulfate de DHA et de la delta-4-androstènedione. La cause la plus fréquente est la maladie des ovaires polykystiques.

I.4 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL L absence de lésions rétentionnelles (comédons et microkystes) va à l encontre du diagnostic d acné. Le diagnostic différentiel doit se faire avec : les folliculites infectieuses (bactérie, Demodex, Candida ) ; les folliculites médicamenteuses : dont les lésions sont monomorphes, constituées de papulo-pustules et les comédons sont absents. L évolution est particulière avec un début brutal et une régression à l arrêt du médicament responsable. Les médicaments les plus fréquemment en cause sont les androgènes (sportifs, culturistes), les progestatifs de synthèse et les contraceptifs œstroprogestatifs, les corticoïdes, les antiépileptiques, les antituberculeux, la vitamine B12, les halogènes, les sels de lithium, les médicaments immunosuppresseurs (azathioprine, ciclosporine), les inhibiteurs de l epidermal growth factor ; la rosacée ; les syphilides acnéiformes ; l acné excoriée : - c est une forme presque exclusivement féminine ; - les lésions sont provoquées par des manipulations excessives de la peau du visage aboutissant à des érosions ; - elle témoigne de difficultés psychologiques. II TRAITEMENT II.1 MOYENS THÉRAPEUTIQUES II.1.1 Traitement local Il existe 3 grandes classes. Rétinoïdes topiques L acide rétinoïque tout-trans ou trétinoïne, l acide 13 cis-rétinoïque ou isotrétinoïne et l adapalène agissent principalement comme kératolytiques (comédolytiques) sur les comédons et les microkystes. L irritation est le principal facteur limitant, qui nécessite des adaptations de posologie et de rythme d application.

Peroxyde de benzoyle Utilisé aux doses de 2,5 ou 5 %, il est légèrement comédolytique et puissamment antibactérien (lésions inflammatoires superficielles). Il n y a pas de résistance bactérienne connue. Les effets secondaires sont l irritation et la photosensibilisation. Antibiotiques locaux Deux antibiotiques sont disponibles dans cette indication : l érythromycine 4 % et la clindamycine. Ils agissent sur la flore bactérienne et comme anti-inflammatoires non spécifiques. Leur activité est modeste, essentiellement sur les lésions inflammatoires superficielles. Ils sont partiellement remis en cause du fait de l émergence de résistances bactériennes. Il est conseillé de ce fait de les utiliser en association avec un peroxyde de benzoyle ou un rétinoïde topique plutôt que seuls. II.1.2 Traitement général Antibiotiques Ce sont les cyclines (doxycycline, lymécycline), la minocycline en cas d échec des cyclines précédentes, ou certains macrolides (érythromycine, roxithromycine, josamycine) quand les cyclines ne peuvent pas être prescrites (femme enceinte, jeune enfant). Les cyclines agissent dans l acné essentiellement par leurs activités antiséborrhéique et antiinflammatoire présentes à des doses inférieures de moitié à celle de l activité antibactérienne. Elles sont utilisées en moyenne 4 mois. Les effets secondaires principaux sont la photosensibilisation (surtout pour la doxycycline), les candidoses, les vertiges (minocycline). La minocycline induit dans 2 à 3 % des cas des effets secondaires rares mais sévères (hépatite, lupus). Gluconate de zinc Doté d une activité essentiellement anti-inflammatoire inférieure à celle des cyclines, il est utile en cas de contre-indication à celles-ci, l été (pas de photosensibilisation) et en cas de grossesse.

Isotrétinoïne C est un inhibiteur non hormonal de la sécrétion sébacée et un traitement antirétentionnel et modérément anti-inflammatoire. C est le plus puissant des médicaments sébostatiques et des médicaments antiacnéiques. Ses effets secondaires doivent être connus : risque tératogène (règles de prescription) (cf. «Acné conglobata») ; sécheresse cutanéo-muqueuse dose-dépendante : chéilite, xérose cutanée, conjonctivite (pas de lentilles), rhinite sèche ; exacerbation de l acné pendant les quatre premières semaines de traitement ; risque d hypertension intracrânienne en association avec les cyclines (contre-indication) ; élévation des transaminases et hyperlipidémie. Hormonothérapie Elle est réservée au sexe féminin et comprend : soit l association d un œstrogène (éthinyl-œstradiol) à un antiandrogène (acétate de cyprotérone). Son efficacité est limitée et lente ; soit une pilule ayant une indication dans l acné (progestatif à activité androgénique peu marquée). II.2 INDICATIONS Le choix du traitement varie selon le degré de gravité de l acné. L observance est souvent médiocre chez les adolescents. Les acnés où prédominent les lésions rétentionnelles relèvent plutôt d un traitement local par rétinoïdes. Les acnés à prédominance inflammatoire, également traitées localement en première intention, (peroxyde de benzoyle et antibiotique topique) nécessitent un traitement systémique en cas de non-réponse ou réponse partielle au traitement topique seul ou en cas d extension des lésions au tronc. Le sujet acnéique a aussi besoin de conseils et d informations : il ne faut pas presser les comédons ; les «nettoyages de peau» ne peuvent être qu un complément éventuel au traitement ; il est inutile, voire préjudiciable de passer un antiseptique sur les lésions ou de faire une toilette «énergique».

Les soins d hygiènes sont indispensables, mais doivent être guidés de même que la cosmétologie : le soleil réduit transitoirement le caractère inflammatoire des lésions, mais il facilite la comédogenèse en épaississant la peau et l amélioration estivale est généralement suivie d une poussée d acné en automne ; il n y a pas de régime alimentaire à suivre ; les effets du traitement ne sont jamais rapides : il faut 2 à 3 mois en moyenne pour obtenir un résultat appréciable. Le patient doit en être prévenu ainsi que des effets secondaires. II.2.1 Acné rétentionnelle Les rétinoïdes topiques constituent le meilleur choix, à raison d une seule application le soir. II.2.2 Acné modérément inflammatoire Rétinoïdes topiques seuls ou associés au peroxyde de benzoyle ou à une antibiothérapie locale. S il y a peu de lésions rétentionnelles, on peut choisir une monothérapie : peroxyde de benzoyle ou antibiothérapie locale (jamais seule). II.2.3 Acné papulo-pustuleuse Antibiothérapie générale dont la durée ne devra pas excéder 4 mois. Il faut choisir de préférence une cycline en première intention aux posologies suivantes : doxycycline 100mg/j ; lymécycline 300mg/j ; minocycline 100mg/j (en seconde intention). En cas de contre-indication des cyclines, l érythromycine (1g/j) ou le gluconate de zinc peuvent être prescrits. L antibiothérapie devra être associée à un traitement local avec du peroxyde de benzoyle ou un rétinoïde topique type adapalène pour accélérer l effet thérapeutique. II.2.4 Acné nodulaire ou conglobata L isotrétinoïne est le traitement de choix, après échec d un traitement standard par antibiotiques oraux associés à un traitement local.

Elle doit être débutée à la dose de 0,5mg/kg et poursuivie jusqu à une dose cumulée optimale de 120 à 150mg/kg par cure. Ce médicament est tératogène et ne peut pas être prescrit à la femme en âge de procréer en dehors d une stricte contraception. Celle-ci doit débuter 1 mois avant le début du traitement et être poursuivie pendant toute la durée du traitement et 1 mois après son arrêt avec des contrôles mensuels du test de grossesse (β-human chorionic gonadotrophin [βhcg] plasmatiques), le dernier ayant lieu 5 semaines après l arrêt de l isotrétinoïne. La contraception ne peut utiliser l acétate de cyprotérone qui n a pas l indication «contraception» dans l AMM. Une information détaillée doit être fournie et un consentement doit être signé par la patiente ou le représentant légal dans le cas d un mineur. Ce traitement nécessite aussi un dosage initial et une surveillance périodique tous les 3 mois des transaminases (aspartate aminotransférase [ASAT], alanine aminotransférase [ALAT]), du cholestérol total et des triglycérides. L isotrétinoïne est en outre soumise à une réglementation spéciale concernant sa prescription par le médecin et sa délivrance par le pharmacien. II.2.5 Suivi L acné étant une maladie chronique, et la majorité des traitements topiques et systémiques étant suspensifs (rechute à l arrêt), un traitement d entretien par rétinoïde topique peut être proposé dans les formes d évolution récidivantes. POINTS ESSENTIELS L acné est une maladie inflammatoire du follicule pilosébacé. L acné est une maladie de l adolescence le plus souvent. Le diagnostic de l acné est clinique. Il existe 2 types de lésions folliculaires : rétentionnelles (comédons), et lésions inflammatoires superficielles (papules et pustules). Le traitement dépend de la prédominance de l un des 2 types de lésions.