Mozambique un pays sous influence
Abordé en 1498 par Vasco de Gama, le Mozambique est colonisé par les Portugais à partir du XVI e s. Mais c est son voisinage qui a joué au long de son histoire un rôle déterminant, que ce soit dans le développement du pays, l aménagement du territoire et la guerre civile qu a connu le pays pendant plus de 15 ans. (d'après "le Dessous des Cartes" mai 2001)
le Mozambique, une escale sur la route des Indes En cette fin du XV e siècle, le Portugais Vasco de Gama, à la recherche de la route des Indes, est le premier européen à aborder les côtes du Mozambique pour se ravitailler en eau. Là vivent des populations bantoues, venues d'afrique centrale quelques 12 siècles plus tôt.
les Comptoirs portugais Une fois la route des Indes ouverte, les Portugais installent des comptoirs sur la côte du Mozambique, à Ilha de Mozambique, Quelimande, Sofala. Ces comptoirs permettent le commerce des épices, du poivre.
l'exploitation des ressources naturelles et des hommes En pénétrant l'intérieur du pays, les Portugais passent des accords avec le Royaume du Monomotapa au sud du Zambèze, pour exploiter les mines d'or, de cuivre, de fer, et développent aussi la traite des esclaves. Ils supplantent peu à peu les Arabes dans le commerce régional.
Rivalités coloniales anglo-portugaises À la fin du XIX e siècle, les Portugais ont le projet de relier le Mozambique à leur colonie de la côte atlantique, l'angola, afin d'unifier dans le sens Est-Ouest, leur Empire colonial en Afrique. Mais ils se heurtent à l'axe d'expansion britannique Nord-Sud qui vise à relier le Caire au Cap, c'est-à-dire toutes leurs possessions coloniales britanniques en Afrique.
Un pays tout en longueur Face à la puissance britannique, le Portugal doit s'incliner et signe en janvier 1891, un accord bilatéral fixant les frontières entre les deux Empires coloniaux. Cela explique pourquoi le Mozambique portugais se retrouve avec un territoire tout en longueur, avec une façade maritime d environ 2500 km, et qui ne s'élargit dans le sens Est-Ouest que dans la vallée du Zambèze.
Un aménagement Est-Ouest À partir de 1894, des voies ferrés sont construites, selon un axe Est-Ouest, entre la côte et l'intérieur des terres comme : du port de Lourenço Marques vers les Républiques Boers du Transvaal et d'orange qui veulent éviter le transit par les ports anglais du Cap et de Durban ;
Un aménagement Est-Ouest ou du port de Beira vers le Nyassaland, l'actuel Malawi, et la Rhodésie, l actuel Zimbabwe, ou encore du port de Nacala, vers le Nyassaland. Sur les 3000 km de voies ferrées construites, 2200 ont pour fonctions de désenclaver les voisins, et de permettre leurs exportations.
le Mozambique, pays de transit Le Mozambique sert de voie de transit pour les ressources naturelles des colonies anglaises, comme le fer du Swaziland ou l'or des mines du Transvaal...
le Changement de capitale La polarisation économique est telle que les Portugais transfèrent en 1907 leur capitale de l'île de Mozambique à Lourenço Marques, c'est-à-dire l'actuelle Maputo, afin de mettre en relation l'économie mozambicaine avec celles de l'afrique du Sud et de la Rhodésie.
le Changement de capitale La capitale voit alors transiter 48 % du trafic maritime des mines du Transvaal sud-africain. Située au sud, elle devient totalement excentrée par rapport aux centres de gravité démographiques et économiques, situés plutôt au nord.
Un déséquilibre Nord-Sud L aménagement du territoire accentue l'organisation Ouest-Est du pays, déjà marquée par la géographie, puisque les fleuves sont eux aussi orientés dans ce sens, et constituent des obstacles naturels aux communications Nord-Sud.
Un déséquilibre Nord-Sud Le fleuve Zambèze par exemple, n'est traversé que par 3 ponts et un barrage. Et il n'y a pas de voie ferrée reliant le nord et le sud du pays, où se trouve pourtant la capitale Lourenço Marques. Tout cela accentue les déséquilibres à l'intérieur du pays.
Un pays agricole Jusque dans les années 1920, l exploitation du pays est tenue par des capitaux étrangers : au nord, la compagnie du Nyassa, qui fait du trafic d'hommes sous couvert de travail contractuel vers l'angola et Sao Tomé ; la compagnie du Zambèze qui développe l'agriculture de plantation (sisal, sucre, cocotiers)
Un pays agricole et au sud du Zambèze, la compagnie du Mozambique, qui se consacre à la construction du chemin de fer de Beira, et à la production de coton, canne à sucre et sisal.
Une province d outre-mer Le morcellement du territoire mozambicain va durer jusqu'à ce que le dictateur portugais Salazar mette fin au monopole des compagnies, et transforme en 1951 le Mozambique en "province d'outre-mer".
Un pays sous influence La dépendance vis-à-vis de l'extérieur, c'est-à-dire les voisins, comme l'afrique du Sud, reste prépondérante. Même lorsque le pays devient indépendant en 1975, après la révolution des œillets à Lisbonne qui mettra fin à la dictature portugaise, et quand le pays sombre dans la guerre.
la Guerre civile Dès l'indépendance, le front de libération du pays, le FRELIMO nouvellement au pouvoir à Maputo, met en œuvre son projet de "nouvelle société" d'inspiration marxiste : les terres sont collectivisées et il se rapproche de l'urss et de Cuba.
la Guerre civile Ce qui a le don d'exaspérer, et d'inquiéter les voisins du Mozambique, l'afrique du Sud et la Rhodésie du sud, 2 pays dirigés par des minorités blanches anti-soviétiques et inquiets pour leur stabilité.
la Création de la RENAMO Les opposants mozambicains vont donc bénéficier du soutien militaire d'abord de la Rhodésie, qui va les aider à former le mouvement d'opposition, le RENAMO, puis de l'afrique du Sud, quand cette Rhodésie devient le Zimbabwe, ceci afin de combattre le gouvernement mozambicain du FRELIMO.
l'intervention du Zimbabwe Le Mozambique s'enlise dans une guerre civile. Pour protéger ses axes stratégiques (voies ferrées, oléoducs), Maputo fait appel à des troupes zimbabwéennes qui prennent position dans le corridor de Beira à partir de 1982.
17 ans de guerre La guerre entre RENAMO et FRELIMO va durer 17 ans. En octobre 1992, RENAMO et FRELIMO signent à Rome un accord de paix.
Bilan de 17 ans de guerre Sur une population de 12 millions de Mozambicains en 1980, il y aurait eu 1 million de morts ; une dizaine de milliers de personnes torturées ou amputées ; 1,5 millions de réfugiés, chassés de leurs terres par la guerre ; 4,5 millions de déplacés à l'intérieur du pays, qui sont venus gonfler la population des villes et des banlieues ;
Bilan de 17 ans de guerre et près de 2 millions de mines anti-personnelles dispersées dans le pays. Le Mozambique est donc un pays entièrement à reconstruire.
Comment passe-t-on de la guerre à la paix? Avec la fin de la guerre froide, le FRELIMO renonce au marxisme, et introduit l'économie de marché dans le pays. Ensuite, de nombreux acteurs extérieurs ont joué les conciliations : le Kenya et le Zimbabwe, évidemment intéressés par la stabilité régionale, et aussi les États-Unis et l'italie ; La C ie britannique LONRHO, propriétaire de l'oléoduc de Beira, a favorisé des rencontres entre les leaders Dhlakama et Chissano. Les Églises mozambicaines, mais aussi la communauté catholique de St Egidio (organisation catholique italienne, spécialisée dans la diplomatie et les bons offices), qui accueille à partir de 1990 les négociations directes entre RENAMO et FRELIMO.
Au total 14 acteurs différents (8 États, 6 ONG) ont été impliqués dans ce processus de paix. A tous ces efforts succèderont la démobilisation des deux forces en présence, le retrait des forces étrangères, la tenue d'élections libres pluri-partites, le tout sous l'égide des Nations Unies, chargées de surveiller le désarmement, et l'application de ces accords.