Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les officiers, attachés de défense et représentants des armées, Messieurs les anciens combattants, Chers élèves de Chateaubriand et de Saint-Dominique, Mesdames et Messieurs, chers amis, 1914-2014 : cent ans déjà Nous ne pouvions trouver lieu plus évocateur pour commémorer le centenaire de la première Guerre mondiale que le cimetière militaire français de Monte Mario. Avec solennité, émotion, et confiance dans l avenir, nous allons rendre hommage ensemble aux morts de toutes les guerres, à tous ceux qui ont répondu à l appel de notre pays à défendre sa liberté et qui l ont payé de leur vie. 1
Ici, à Monte Mario, reposent mille sept cents soldats, combattants du Corps expéditionnaire français qui participa victorieusement à la campagne d Italie, tandis que plus au nord de la Péninsule, près de Trévise, l ossuaire de PEDEROBBA recueille les restes de mille «Poilus», tombés en 1917-18 lors des combats de PIAVE ou du Mont TOMBA. Commémorer le Centenaire de 1914, c est saisir la force des générations qui nous ont précédés pour en tirer des leçons pour les générations suivantes. Commémorer, c est rappeler que la France a traversé des épreuves terribles et qu elle a toujours su s en relever. Commémorer, c est savoir d où l on vient, pour mieux appréhender ce que nous sommes, ce qui nous unit, ce qu est une Nation, la nôtre. 2
Commémorer, c est se souvenir du sens du beau mot de Patrie, qui n est pas un mot désuet mais un mot qui unit, qui n écarte personne du fait de son parcours, de ses origines, de sa couleur de peau, un mot qui rassemble. Commémorer, c est porter un message de confiance et d espérance dans notre pays. «Vieille France, écrivait le général de GAULLE, accablée d Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, mais redressée de siècle en siècle par le génie du renouveau!». Commémorer, c est parler la langue des anonymes d hier et d aujourd hui. C est parler du courage du Poilu qui rencontre l effroi au fond de la tranchée, c est vanter l audace du Français libre qui rejoint de GAULLE en juin 1940, c est souligner l héroïsme du Résistant qui rallie l Armée des ombres, c est saluer la dignité du Juste qui cache un Juif au péril de sa vie, 3
c est s incliner devant nos soldats qui, aujourd hui encore, offrent s il le faut leur vie pour la France. En 1918, c est après quatre années d un conflit terrible et meurtrier qu a pris fin ce qu on a appelé «la Grande Guerre». Neuf millions de morts. La Grande Guerre a vu combattre, côte à côte, des soldats venus de France et d autres pays d Europe, des soldats originaires d Afrique de l Ouest et du Maghreb, d autres soldats enfin venus de Russie et d Amérique du Nord. Nous n oublions pas leurs faits d armes. Ils sont à l origine des liens profonds qui, encore aujourd hui, unissent nos pays. La grande Guerre, on l appelait aussi «la der des der», la dernière des dernières «Plus jamais ça». Elle a été suivie, malheureusement, vingt ans plus tard, d une autre guerre mondiale, encore plus vaste et plus meurtrière, qui a causé entre cinquante et soixante millions de morts (songez-y, 4
c est la population totale d un pays comme la France ou l Italie). Cette deuxième guerre mondiale a impliqué un plus grand nombre de pays encore, alliés ou adversaires, pays dont certains représentants nous font l honneur d être présents ici, à Monte Mario, ce matin. Qu il me soit permis de leur exprimer ma plus vive gratitude. Dans un monde que menacent de grands désordres, dans un monde plein d incertitudes, alors que guette la dangereuse tentation du repli sur soi, il est essentiel de nous souvenir de l exemple des morts que nous honorons aujourd hui. La plupart des soldats qui reposent ici étaient jeunes. Ils étaient désireux de vivre, comme nous, dans la paix et la liberté. Leur courage nous rappelle le prix de cette paix et de cette liberté que nous devons, comme eux, défendre et chérir. Il doit nous inspirer, notamment vous, les plus jeunes, vous qui êtes déjà épris de vérité, de liberté, de solidarité. C était il y a cent 5
ans, ou soixante ans, ils étaient jeunes pour la plupart et ils vous ressemblaient. Depuis sa première commémoration en 1923, le 11 novembre a toujours été une date importante pour notre mémoire collective, notamment aux heures les plus difficiles : le 11 novembre 1940, des lycéens et étudiants se réunirent à Paris, place de l Etoile, bravant les troupes d occupation et appelant à la résistance. En 1943, c est dans l Ain, au monument aux morts de la ville d Oyonnax, que des résistants déposèrent, en rangs serrés, une gerbe portant ces mots : «Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18.». Aujourd hui, si la guerre ne menace plus nos pays, de nombreuses crises secouent le monde, comme au Moyen-Orient, au Mali, au cœur de l Afrique ou en Afghanistan, et nos soldats contribuent, au péril de leur vie, à 6
ramener la paix. Nous voulons aussi leur rendre hommage. Ils affrontent souvent des adversaires qui prétendent parler au nom d une religion mais qui ne parlent qu au nom du terrorisme et de la barbarie, qui trahissent ainsi le message universel de paix des religions. C est pourquoi j ai tenu à associer à cette cérémonie deux représentants du culte, chrétien et musulman, car ceux qui se sont battus pour la France et la liberté sur cette terre d Italie étaient des frères. Nicolas MONGE, mort le 16 juin 1944 Saïd BEN NACEUR, mort le 28 mai 1944 Hubert AMYOT d INVILLE, mort de 10 juin 1944 Benchabane KHELIFA, mort le 7 juillet 1944 7
Ici reposent ces quatre soldats, parmi tant d autres. Frères d armes. Unis au combat. Unis pour toujours sur cette terre. Unis dans la paix. Je vous remercie./. 8