ACTIVITES DE REECRITURE AU CYCLE 3 Améliorer les brouillons : Nous avons vu les limites de la démarche EVA pour les textes narratifs. Nous connaissons la possibilité d obtenir des productions avec un travail préalable ou au contraire, la possibilité de les faire produire de manière improvisée et spontanée. Le problème pédagogique qui se pose ensuite est celui de l amélioration de ces textes. Premièrement certains textes peuvent ne pas être l objet de réécritures, voire de corrections. Ce sont par exemple les textes qui peuvent être communiqués à l oral ou encore ceux qui ne sont destinés à être lus que par leur auteur (écrits de réactions, journal, etc.). La nécessité d une transmission, d une communication écrite, plus formelle, motive parfois davantage la réécriture et les corrections. Selon les programmes de 2007, en littérature, chaque élève apprend à donner un sens à ce qu il a lu, en particulier, en débattant avec les autres élèves, pour construire sa propre interprétation. En effet, le récit littéraire demande la coopération du lecteur. Chaque texte est interprété. Un sens est construit entre le projet de l auteur et l interprétation du lecteur. Par exemple les blancs laissés par l auteur sont remplis, en imagination, par le lecteur. Cette nouvelle façon d enseigner la lecture littéraire des récits, nous autorise à concevoir autrement l approche de l écriture. Ainsi la lecture que fait l enseignant, du texte de l élève, serait aussi à considérer comme une interprétation de lecteur. Des dispositifs pédagogiques peuvent organiser la confrontation des interprétations à propos du texte d un élève. L interaction avec les pairs et les interventions de l enseignant renvoient à l élève les effets que produisent sur eux, son texte. (conf document sur la réécriture des textes). Dans les années 70, les élèves se livraient à des «corrections» de leur premier jet, souvent, sans trop le modifier car on avait tendance à sacraliser un jaillissement, une expression personnelle. A partir d EVA, on parle davantage de réécriture car il s agit de satisfaire aux critères d évaluation élaborés en commun. Aujourd hui, nous pouvons continuer à parler de réécriture car la démarche EVA n est pas remise en cause. Nous cherchons à en dépasser les limites et cela revient, en quelque sorte, à accompagner un élève qui serait considéré comme un auteur de ses textes. La difficulté que nous rencontrons, c est lorsque les élèves sont face à la nécessité de tout corriger à la fois. C est donc sur le brouillon que nous affrontons la complexité de l écriture littéraire. Nous devons donc faire, de ce qui se joue au brouillon, un élément didactique important pour l écriture d un récit littéraire. Nous vous engageons à considérer les brouillons comme des témoins de l évolution de l écriture. Et nous vous engageons donc à les conserver, en les collant, par exemple, dans le cahier de productions écrites. Le brouillon est le lieu où les élèves mènent des opérations de ré-écriture et de corrections. L attitude du maître est, pour ces opérations là, déterminante. Tout d abord, il paraît essentiel, pour faire dépasser à l élève les tensions éventuelles entre corrections ou ré-écriture, de mener un travail sur une mise à distance du texte pour qu il accepte de remanier, même lourdement son premier jet. Ensuite pour faire face à la complexité de la réécriture et des corrections, il est nécessaire de mettre en place des outils, au cours de séances spécifiques pour apprendre à réécrire et à corriger. Ce sont donc des séances qui sont faites en dehors des situations de production de texte. Ce travail décroché, au niveau de l amélioration structurelle des textes, porte sur les notions de grammaires de discours et de texte. Ce travail s appuie sur des activités de lecture littéraire : I
* plan, schéma narratif conf la démarche EVA ; * enchaînement des paragraphes, connecteurs : activités de textes en puzzle ; * reprise anaphorique des personnages. Exemple d anaphore : Charly et Réglisse se rencontrent au parc. Le petit garçon est triste car il a perdu son chien. Sa copine Réglisse décide de l aider à le retrouver. Les outils sont à rechercher dans les ateliers de lecture. Par exemple ceux du Réseau des Observatoires Locaux de la Lecture (ROLL) http://sip1.ac-mayotte.fr/rubrique.php3?id_rubrique=18 Choisir anaphore Puis le loup et le renard Au niveau de l amélioration stylistique, des procédés pourront être travaillés en s appuyant sur des exemples de réécriture d experts (les écrivains). Les principales opérations opérées sur les textes sont : ajout, remplacement, déplacement et suppression. Au niveau de l amélioration de la forme du texte, des outils qui font références aux règles de grammaire de phrase, de conjugaison et d orthographe sont à construire avec les élèves (exemple du fichier auto correctif) Rappel : Les grammaires : En grammaire du discours on attend de l élève qu il maîtrise la cohérence du système pronominal et la cohérence des temps ; En grammaire de texte on attend de l élève qu il maîtrise les indices spatiaux et temporels, la progression des informations, les substituts pronominaux, la ponctuation et l organisation en paragraphes ; En grammaire de phrase on attend de l élève qu il maîtrise la syntaxe et l orthographe lexicale et grammaticale. II
LA REECRITURE DE TEXTES (Analyse de pratiques) Principes de départs : Les écrits ne nécessitent pas tous une correction. (Ecrits diffusables, visibles, scolaires ou écrits de transition, écrits intimes) Ce principe permet de ne pas bloquer l écriture et de donner une place plus importante à l acte d écriture) La démarche de réécriture est motivée par l usage fait du texte écrit. (Communication, exposition, lecture par d autres). L écriture est un projet personnel dont la réalisation dans le temps peut se faire à un rythme individualisé. (Ce qui est très pratique pour pouvoir mener des corrections différées). La pratique de réécriture est une activité qui implique une organisation globale. Disposition matérielle dans le temps (plages horaires,) l espace (mise à disposition d outils, affichages) mais aussi organisation du groupe classe (communications, différenciation de petits groupes) pour en faciliter le suivi. Le fait que tous les élèves ne soient pas en même temps sur une même activité peut permettre à l enseignant de répartir dans le temps ses interventions. (accompagnement, corrections) 1. L interaction : Essentielle dans la motivation à l écriture et dans une démarche de progression. Les remarques et questionnements des pairs permettent à l élève de se détacher de son texte et de prendre un recul suffisant pour pouvoir et vouloir l améliorer. 2. Les interventions de l enseignant : les pratiques diffèrent suivant l enjeu de l écrit, ses objectifs, mais aussi la volonté d un accompagnement très cadré ou celle de permettre une démarche plus autonome. Dans ce cas, l accent est mis sur l organisation matérielle encadrant l activité. (Outils, organisation du temps, de l espace). La correction en différé est perçue comme moins efficace que la pratique d une intervention plus directe, en cours de travail. 3. Les outils d aide à l écriture. Ils sont de deux types : a. Ceux liés à la nature des textes (types d écrit, cohérence d ensemble) qui sont définis lors d étude préalable avec les élèves. Ils peuvent avoir la forme de grilles de critères et d évaluation (EVA). b. Ceux liés à la maîtrise du code (lexiques, règles, liste d homophones, tables de conjugaison, etc.. cf. les sites correspondants). Leur utilisation est soumise à un apprentissage préalable. Ils doivent être accessibles, faciles à utiliser (autonomie) et fréquemment mis en service. Leur usage contribue à l apprentissage méthodologique. c. Résonance : des textes qui dialoguent avec des textes d auteur III
LE LABORATOIRE : démarche de (ré)écriture au cycle 3 Objectifs : - mettre son texte à distance - installer un autre rapport à l écriture - travailler la réécriture - s entraîner à modifier son texte Activité : Démarche d écriture à consignes, destinée à explorer les possibilités de la langue : maîtriser pour pouvoir choisir. «On fait une expérience comme dans un laboratoire, pour voir ce qui se passe quand on transforme.» Dispositif : Matériel : 4 feuilles et 1 stylo, ni gomme ni crayon Séquence : 1. Premier texte produit individuellement avec une consigne neutre : «Ecrire un texte de 10 phrases». 2. Réécriture avec des consignes de transformations précises «Nous allons voir ce qui se passe quand nous appliquons quelques règles, nous jugerons de l effet produit et vous aurez ensuite le droit de réécrire le «vrai» texte, celui qui vous plairait vraiment.» 3. Réécriture personnelle. 4. Temps d analyse en classe. Déroulement : 1 ère séance : Ecriture du texte initial : on écrit sur la 1 ère feuille avec toutes les ratures que l on veut, c est un brouillon Sur la 2 ème feuille, recopier ce texte, en faisant les changements qui conviennent pour obtenir seulement 10 phrases. Certains élèves peuvent saisir leur texte à l informatique pour bénéficier du correcteur orthographique. 2 ème séance : Sur la 3 ème feuille, on reprend le texte pour le réécrire en faisant les transformations suivantes : Phrase 1 : ajoutez 2 adjectifs Phrase 2 : supprimez 2mots Phrase 3 : employez un verbe à l infinitif Phrase 4 : employez au moins 3 noms Phrase 5 : employez un mot commençant par un d Phrase 6 : supprimez un nom et ajouter une virgule Phrase 7 : employez une négation Phrase 8 : déplacez un mot dans la phrase et ajoutez un verbe Phrase 9 : faites ce que vous voulez en sachant que sur la phrase 10 vous n aurez rien le droit de faire Toutes ces consignes sont données oralement, au fur et à mesure, la séance ne doit pas durer plus de 30 mn. 4
3 ème séance : Feuille 4 : à partir des feuilles 1, 2 et 3, réécrire le texte qui plait, toutes les modifications sont maintenant autorisées. 4 ème séance : Analyse de la situation vécue - Comment avez-vous trouvé ce travail? - Qu est ce qui vous a plu, déplu? - Qu est-ce que cela a provoqué? Qu est-ce que cela a fait à votre texte? - Comment vous en êtes-vous sortis? - Quelle est la consigne qui vous a paru la plus intéressante? pourquoi? - Est-ce que vous aimeriez recommencer? Un préalable : Avant de démarrer l expérience, s assurer de l état de connaissances des termes grammaticaux utilisés dans la séance 2 (éventuellement adapter les consignes aux connaissances) Conclusion : Les différentes opérations d écritures sont : - ajouter - supprimer - déplacer - remplacer D après Jeanne Dion et Marie Serpereau, Grammaire de texte des pratiques analysées, cycle 3, Bordas 2004 5